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01 09 18/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Chers Visiteurs et Abonnés,

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www.CongoForum.be

Encore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra:

helene.madinda@gmail.com.

SOMMAIRE

En ce samedi 1er septembre 2018, on voir ressurgir un thème classique du mois de septembre : les problèmes sociaux de la rentrée scolaire. Toutefois, la presse parue ce matin à Kinshasa s’est focalisée sur l’examen, hier vendredi 31 août, à la Cour constitutionnelle des requêtes introduites par les candidats à la présidentielle du 23 décembre invalidés par la CENI.

Rentrée scolaire

Le Bulletin de l’ACP nous donne à savoir que « Le gouvernement se penche sur les recommandations des syndicats des enseignants »

« Le ministre d’Etat en charge de la Fonction publique, Michel Bongongo Ikoli, a tenu vendredi 31 août 2018 à Kinshasa, une réunion paritaire gouvernement-syndicats des enseignants axée sur l’examen des sept recommandations émises par les syndicats, en prélude de la rentrée scolaire 2018-2019, ce lundi 3 septembre 2018.

Parmi les recommandations examinées lors de cette rencontre figurent notamment la situation des enseignants non payés, le problème de la paie complémentaire des enseignants de la ville de Kinshasa, la prime des inspecteurs, la remise de la gestion de Mutuelle de santé de l’EPSP et du Fonds de promotion de l’éducation aux enseignants, la résolution du conflit opposant la Formation professionnelle, métier et artisanat à l’EPSP, la bancarisation de la paie des enseignants et le vieillissement du personnel enseignants.

A ce propos, le ministre d’Etat Bongo a répondu que certaines sont encours dont la prime des inspecteurs, et celle liée aux enseignants non payé, tandis que la paie complémentaire des enseignants de Kinshasa, sera faite en deux tranches dont la première en septembre et la seconde en octobre 2018.

Quant à la Mutuelle de sante de l’EPSP et le Fonds de promotion de l’Education, il a dit que les deux structures seront désormais gérées par les enseignants eux-mêmes".

Cour Constitutionnelle

7/7.cd écrit : « Présidentielle: Le procureur général suit la CENI et demande à la Cour constitutionnelle de déclarer JP Bemba ‘‘inéligible’’ ».

Pour ce média en ligne, le Procureur général près cette haute Cour a affirmé que la requête du MLC bien que recevable, est non fondée. « La Cour constitutionnelle rendra son arrêt dans le délai légal (8 jours maximum) a dit le juge constitutionnel », écrit ce site.

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Actualité.cd se penche sur le cas du dossier d’Antoine Gizenga à la même cour, et titre :

« RDC : Le ministère public demande aux juges de déclarer irrecevable la requête d'Antoine Gizenga ».

Le ministère public demande aux juges de confirmer la décision de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) déclarant irrecevable la candidature à la Présidence de la République d'Antoine Gizenga, écrit ce site d’information.

Avant d’ajouter que « le maître de l'action publique a estimé conforme à la loi les griefs reprochés au dossier de Gizenga par la CENI à savoir, défaut de qualité du signataire des formulaires de mandat et d'investiture. »

Le Potentiel titre à la Une : « Six recours des recalés devant la Cour Constitutionnelle : dernier virage pour des élections apaisées »

« La Cour constitutionnelle a ouvert vendredi les débats sur les six recours en invalidation des candidatures à la présidentielle du 23 décembre 2018 déposés devant elle. Les requérants ont jusqu’aujourd’hui samedi à midi pour déposer leurs notes de plaidoirie et d’autres éléments à annexer à leurs dossiers. La Cour constitutionnelle a promis de faire preuve de célérité dans le traitement des dossiers soumis à son arbitrage. Dans l’espoir des élections libres, équitables et crédibles, tous les regards sont tournés vers la Haute Cour dont les neuf juges ont entre leurs mains le destin de toute une nation.

C’est une journée marathon qui a démarré, vendredi 31 août, devant la Cour constitutionnelle de la RDC. Les candidats recalés à la présidentielle, représentés par leurs avocats respectifs, de même que les experts de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) s’y sont confrontés.

Après la décision de la Céni du 24 août 2018 invalidant, notamment Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Samy Badibanga, Marie-Josée Ifoku Mputa, Jean-Paul Moka Ngolo Mpati, Antoine Gizenga, à la présidentielle, l’heure est à la bataille juridique au niveau de la Cour constitutionnelle. Tous les six candidats invalidés ont, par leurs avocats interposés, soumis à la Cour leurs moyens de défense en vue d’être alignés au scrutin du 23 décembre 2018.

Mis en cause, en vertu de la décision le 24 août 2018 de la Céni, les experts de la Centrale électorale ont été présents en qualité de renseignant pour éclairer la religion de la Cour au regard de la loi électorale telle que révisée le 24 décembre 2017.

Sur le chemin qui mène vers les scrutins de cette fin d’année, c’est donc le dernier virage qui est engagé. Les neuf juges de la Cour constitutionnelle ont entre leurs mains le destin de tout un pays. De leur décision dépendra la crédibilité des scrutins tout en donnant une idée sur le contexte dans lequel se tiendront les élections de cette fin d’année.

Après la séance d’ouverture de ce vendredi, les candidats lésés ont jusqu’à aujourd’hui samedi à midi pour déposer leurs notes de plaidoyer à la Cour. Dans son réquisitoire, le ministère public n’a pas été tendre du tout envers les six recalés à la présidentielle du 23 décembre 2018. Pour l’essentiel, le procureur près la Cour constitutionnelle a réclamé à la Cour de valider la décision de la Céni en vue de la publication le 19 septembre prochain de la liste définitive des candidats à la présidentielle.

Dix jours pour trancher

Dans tous les cas, en vertu de l’article 27 de la loi électorale révisée du 24 décembre 2017, la Cour constitutionnelle qui connaît du contentieux à la présidentielle dispose de « dix jours ouvrables pour rendre leurs décisions à compter de la date de leur saisine ». Le même article précise que, « passé ce délai, le recours est réputé fondé sauf si la décision de la Commission électorale nationale indépendante est justifiée par les causes d’inéligibilité prévues par la loi. Le dispositif de l’arrêt ou du jugement est notifié à la Commission électorale nationale indépendante et aux parties concernées et n’est susceptible d’aucun recours. Le cas échéant, la Commission électorale nationale indépendante modifie les listes. Mention en est faite au procès-verbal. La Commission électorale nationale indépendante arrête et publie sans délai la liste définitive ».

C’est dire combien cette étape est cruciale, dans la mesure elle est supposée sceller pour toujours le sort de six recalés à la présidentielle du 23 décembre 2018. Pour autant que la décision de la Cour constitutionnelle ne fait l’objet d’aucun recours, les neuf juges de cette haute juridiction ont le devoir de bien dire le droit, en restant strictement dans le cadre

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régissant l’élection présidentielle, telle que tracé par les articles 21 et 104 de la loi électorale en vigueur.

Conscients de la grande responsabilité qui incombe à la Cour constitutionnelle, les Etats- Unis, par la voix de son ambassadeur aux Nations-Unies, et l’Union européenne, par l’entremise de son porte-parole à la politique étrangère, l’ont clairement rappelé, interpellant les neuf juges de la Cour sur le devoir de trancher en toute impartialité les contentieux en candidatures à la présidentielle, portés devant eux.

Dans ce dernier virage, qui sera déterminant pour se faire une idée du contexte dans lequel se tiendront les scrutins de décembre prochain, la Cour constitutionnelle n’a que 10 jours ouvrables, en vertu de la loi – le tout devant être bouclé le 19 septembre 2018 par la publication de la liste définitive des candidatures à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018 ».

Il est possible- quoiqu’on en doute – que la Rédaction du Potentiel croie encore à la possibilité d’une décision juste et honnêtede laCC. Mais ce n’est certainement pas l’avis de son caricaturiste, dont voici l’œuvre de ce jour

Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.

L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacun de ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable.

Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout le processus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:

1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernier recensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiser des élections .

2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutre et apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.

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3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en fin de mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personne consensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.

4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitement indépendant.

5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent être parfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats que des observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être, soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles ne concernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de « gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).

6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales et locales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours.

7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il ne saurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’on s’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple à l’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée.

L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectif de la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des pays africains eux-mêmes.

Presse et documents étrangers

Douarnenez a vécu au rythme des deux Congos Colette Braeckman (envoyée spéciale)– Le Soir - le 25 août 2018

Tout au bout du Finistère, Douarnenez, avec ses pêcheurs de sardine, sa mémoire ouvrière, ses combats féministes et une ouverture sur le monde née de siècles de navigation, a plongé tout entière dans les eaux vibrantes du fleuve Congo. A raison d’une quarantaine de films par jour, surtout des documentaires, de deux débats, de plusieurs concerts, d’animations multiples, toute la population de la ville et des alentours a vécu au rythme de la rumba ; les couleurs éclatantes des pagnes ont éclairé les devantures des boutiques pour touristes, les artistes locaux ont peint de couleurs éclatantes les bois flottés échoués sur les plages, des statues immenses créées par Lionel Ducos, évoquant des peuples disparus ou en migration ont été immergées dans la baie du Rosmeur. Lorsque la marée montait, ces silhouettes venues du fond des âges, provoquant une étrange émotion, semblaient rappeler que le genre humain, dans sa diversité, est un et solidaire. Solidaires…

Les habitants de Douarnenez, durant une dizaine de jours, l’ont pleinement été avec les Congolais des deux rives du fleuve : plus de 300 citoyens se sont portés volontaires pour faire vivre ce festival, hébergeant ou transportant les invités, se proposant comme guides, cuisiniers, échansons, s’occupant qui de l’accueil, qui de la billetterie, qui de la sono ou des projecteurs. L’addition de ces innombrables bonnes volontés a permis, grâce aux économies réalisées, de privilégier l’essentiel, faire venir au fin fond de la Bretagne un nombre impressionnant d’artistes des deux Congo : Emmanuel Bofatatala, le « ministre des poubelles », héros du film de Quentin Noirfalisse, a fait découvrir ses œuvres étranges réalisées au départ des détritus de Kinshasa, les rappeurs et écrivains Joëlle Sambi, Djenebou, Guer2mo ont fait éclater leur talent tout en expliquant, lors d’un débat, qu’ils travaillaient aussi avec les enfants de la rue, partageant le quotidien des shegue dans une sécurité et une confiance totales..L’écrivain Jean Bofane a présenté son dernier livre et rappelé les équations étranges de cette « mathématique congolaise » à laquelle chacun, durant de longues journées intensément suivies, a été invité à s’initier. L’une des

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particularités du festival de Douarnenez est aussi de réserver une large place aux sourds : partout, des volontaires ont assuré la traduction des débats et des entretiens..

Au rayon des documentaires, les organisateurs avaient ratissé large : s’ils présentèrent la quasi-totalité des films de Thierry Michel, ou quelques classiques comme « l’Afrique en morceaux », « la Françafrique, 50 ans sous le sceau du secret » ,« le roi, la vache et le bananier » de Mwenze Ngangura, « La vie est belle « de Benoît Lamy ou « Lumumba la mort d’un prophète » de Raoul Peck, ils firent aussi la part belle à des productions plus récentes, produites, avec talent et bouts de ficelles, par de jeunes cinéastes congolais s’intéressant aux Pygmées, aux enfants de la guerre, aux rappeurs de Kin. Du reste, que les films soient connus ou non, que les présentateurs soient novices ou bien rodés n’importait guère face à la curiosité du public : dès 10 heures du matin, de longues files se formaient devant les cinémas officiels ou les multiples lieux transformés en salles de projection.

Réunis par ce festival hors du commun, les citoyens de Douarnenez, ou les visiteurs occasionnels n’étaient pas poussés uniquement par la passion du cinéma, l’engouement pour les musiques d’ailleurs, la curiosité pour d’autres images, d’autres rythmes. Désireux de s’informer en profondeur, le public, dès le matin, se pressait nombreux pour qu’on lui rappelle les circonstances de la mort de Patrice Lumumba, la douloureuse construction du chemin de fer Congo Océan sur la rive d’en face ou les méfaits de la Françafrique. Au fil des jours, alors qu’étaient évoqués les deux guerres du Congo, l’assassinat de Laurent Désiré Kabila, les combats pour la démocratie et la tenue des élections, les questions s’affinaient, les témoignages venus de la base se multipliaient. Les militants mais aussi les artistes apportaient leur pierre, qu’il s’agisse du souvenir de la guerre des six jours à Kisangani, où Bofatalata fut pris au piège des bombardements, des années de prison subies par Marc Antoine Vumillia injustement accusé d’avoir participé à l’assassinat du président Kabila, des combats menés par les activistes de la Lucha, à Goma puis à Kinshasa et que Rebecca Kavugho ou Bienvenue Matumo payèrent par de longs emprisonnements…

Au fil des jours et des témoignages, les lignes de démarcation s’estompaient : il apparaissait que les artistes étaient aussi des citoyens engagés, que les plus talentueux d’entre eux délaissaient l’académie des Beaux Arts pour chercher dans la rue leurs sources d’inspiration et leurs alliés. In fine, il paraissait évident que la dictature, la violence de la guerre, de la répression, la multitude des combats avaient finalement renforcé l’unité du peuple congolais tandis que la rareté des moyens avait obligé chacun à faire preuve d’inventivité, de dynamisme.

Eux-mêmes soumis à de rudes conditions climatiques, encore empreints du souvenir de tragédies maritimes et de combats sociaux, les Bretons étaient avides d’entendre ces témoignages là et faisaient preuve d’une très sincère empathie. Mais la nuit venue, alors que les derniers spectateurs sortaient encore des salles de projection, une autre ambiance s’installait dans l’enceinte du festival et on assistait alors à de curieux mélanges de fanfares locales, de rumba, de fest noz, de rap et de slam, qui se terminaient jusque bien tard avec des danses et des rondeaux… A Douarnenez, on parle moins de « pays » ou de « nation »”

que de « peuples » et durant ces journées hors du temps, tous les peuples du Congo, sur les deux rives du fleuve, se sont trouvés des alliés, des amis tandis que les Bretons ont découvert, une année encore (le festival en est à sa 41 e édition !) d’autres rythmes, d’autres cultures, mais toujours la même humanité….

Bienvenu Matumo, porte-parole d’une jeunesse en lutte Colette Braeckman – Le Soir - le 26 août 2018

Diplômé de la première promotion de l’ENA (Ecole nationale d’administration) à Kinshasa, Bienvenu Matumo, originaire de Goma est surtout un militant de la première heure du

mouvement citoyen La Lucha, ce qui lui a valu d’être arrêté lors des premières manifestations contre l’éventualité d’un maintien au pouvoir du président Kabila. Invité

au festival de cinéma de Douarnenez consacré aux deux Congo, en compagnie d’une autre militante Rebecca Kavugho, il a longuement décrit les combats menés par la

jeunesse congolaise.

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Je suis originaire de Goma où le mouvement citoyen La Lucha existe depuis 2014. Lorsque je suis arrivé à Kinshasa j’ai constaté que la répression y était beaucoup plus forte, chacune des actions de la Lucha est surveillée de près par les services qui nous prennent très au sérieux. Cette vigilance freine un peu l’engagement des jeunes mais j’ai constaté depuis un an qu’inspirés par l’exemple de la Lucha, d’autres mouvements de jeunes citoyens apparaissaient dans la capitale. Notre objectif commun est d’imposer la bonne gouvernance.

Cela nous réjouit, et nous leur expliquons qu’eux aussi peuvent contribuer à un combat commun pour améliorer notre société. On met en place des passerelles entre tous ces mouvements, afin que nous puissions nous concerter.

Dans quels milieux recrutez-vous ?

Nous recrutons parmi de jeunes intellectuels, des étudiants ou des universitaires qui ont déjà un emploi, mais aussi parmi des jeunes qui ont un emploi précaire, ou pas de travail du tout. Certains jeunes préfèrent rester en dehors du mouvement car ils craignent d’être arrêtés ou de perdre leur emploi mais ils encouragent les autres et sont solidaires.

Actuellement nous ne recrutons pas encore parmi les jeunes qui gagnent leur vie en étant motocyclistes ou creuseurs, mais nous avons l’intention de le faire, progressivement, car nous ne voulons pas que l’on nous reproche d’être élitistes. Actuellement ceux qui n’ont pas un niveau d’éducation élémentaire peuvent se sentir dépaysés dans nos réunions, ne pas comprendre nos motivations, c’est pourquoi nous avons demandé à chacune de nos sections que l’on s’efforce de parler aussi dans la langue locale, comme le lingala à Kinshasa.

On pourrait nous croire élitistes mais nous avons des réseaux d’alerte, des sympathisants dans les milieux populaires : c’est ainsi que lors des manifestations, les motocyclistes nous préviennent de l’arrivée de la police, ils nous encadrent et nous transportent gratuitement en signe de solidarité, pour nous éloigner de la répression. Les mamans commerçantes elles aussi sont solidaires. A Kinshasa, on avait réprimé l’une de nos marches dans le quartier de Barumbu et toute la population a barré la route à la police pour nous protéger.

Notre combat est accepté

A Goma vous visez des objectifs concrets, comme l’accès à l’eau potable ou la construction de routes. Qu’en est-il à Kinshasa ?

Dans la capitale nous avons lancé campagne «Kin propre » et elle a donné des résultats.

Le gouverneur de la ville, pendant deux mois, a accepté d’assainir et il a envoyé des bennes pour ramasser les immondices. Chaque samedi à Kinshasa nous lançons le « salongo » (travail volontaire) avec l’autorité locale dans les communes. Nous voulons aussi influencer les politiques d’assainissement de la ville et rédigeons des memos en ce sens. Alors que j’étais en prison j’avais contribué à rédiger un tel memo et le gouverneur avait promis d’en tenir compte…Nous travaillons aussi sur la question de l’électricité dans la ville et nous avons été jusqu’à rencontrer le patron de l’électricité dans la ville, mais il a dit que c’est l’Etat qui ne payait pas ses factures. A propos de l’eau nous avons eu les mêmes réponses…

A Kinshasa, vos actions semblent surtout politiques…

Il est vrai que nos militants, à Kinshasa, veulent d’abord s’engager pour le départ de Kabila car le mouvement s’est implanté dans un contexte très politisé. Mais pour l’avenir nous voulons aller au-delà : le départ de Kabila représente un déblocage majeur et pour le moment, notre priorité c’est de mener des actions à caractère politique, pour obtenir l’alternance. Les membres de Lucha ont participé à toutes les grandes manifestations : le meeting de Felix Tshisekedi, les manifestations en faveur des prisonniers politiques.. Nous avons eu des réunions avec d’autres forces, nous avons marché depuis l’échangeur de Limete, au début tout le monde avait peur de la répression et nous, puisque nous étions déjà identifiés, nous avons décidé d’y aller, ce qui a donné une dynamique. Les autres ont suivi et les autres membres de l’opposition ont avancé…

En novembre 2016, c’est nous qui avons lançé la campagne « bye bye Kabila », devenue tout simplement le mouvement « bye bye » qui rappelait à l’opinion que Kabila avait terminé son mandat. Nous voulions faire pression sur Kabila et cela alors même que les

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partis politiques discutaient avec lui. Nous, la nuit, on distribuait des tracts, on affrontait la police…Après l’accord de la Saint Sylvestre, (ndlr. Conclu entre le pouvoir et l’opposition et prévoyant des élections dans un délai de deux ans maximum…) on s’est dit qu’on avait fait ce qu’on pouvait, qu’on allait se retirer, souffler un peu pour définir d’autres stratégies.

Par la suite nous avons rappelé la question du calendrier électoral, nous exigions qu’il soit publié mais devant la CENI, (Commission électorale) nous avons trouvé des milliers de policiers qui nous attendaient. Nous avons alors formé une délégation de 5 personnes et sommes allés discuter avec Corneille Nangaa, le président de la CENI. Il nous a même promis des élections en 2017. Nous voulions obtenir le calendrier électoral, pour savoir où on allait…

En avril mai, nos collègues de Goma réclamaient le calendrier, en juin nous l’exigions encore et nous avons été dispersés par l’ANR (les services de renseignement), certains manifestants ont été arrêtés. A Kinshasa, alors que le débat politique affectait les militants de toutes les organisations nous avons décidé d’activer le plan pour obtenir le départ de Kabila. Des réunions ont eu lieu à Bruxelles, des actions à Kinshasa, comme les marches des chrétiens ; ce sont les militants de Lucha qui distribuaient des tracts la nuit pour mobiliser et démontrer la gravité de la situation.

Le pouvoir avait adopté une stratégie de répression forte contre Lucha pour tenter de décourager les jeunes et les accuser d’être manipulés par les étrangers. Ils veulent réprimer sauvagement, plus fort que sur n’importe qui, pour décourager les jeunes de Kin de rejoindre Lucha.

Pourquoi Lucha dérange-t-elle tellement ?

Il faut savoir que les politiques congolais ne sont pas habitués à rendre des comptes. Ils veulent pouvoir piller, voler impunément, sont habitués à fonctionner dans une démarche autoritaire. Les hommes politiques de tout bord sont dérangés par Lucha qui exige la transparence, qui demande des comptes, qui refuse les propositions d’argent. Lucha n’a pas de leader avec qui on pourrait négocier, pas de bureau, tout cela déconcerte, dérange…Le discours des services de renseignements, c’est que Lucha est un mouvement créé par les néocolonialistes pour pouvoir chasser Kabila, ils croient cela, ce qui m’étonne tout de même…Moi je pense surtout que la classe politique congolaise, dans son ensemble, n’est pas habituée à des mouvements qui réclament surtout la bonne gouvernance, c’est quelque chose de nouveau surtout à Kin où on donne l’argent facilement. Si vous proposez de l’argent à un jeune de Lucha, il doit refuser. Il n’acceptera pas. Lorsqu’il était venu nous voir en prison, Kimbuta, le gouverneur de la ville voulait qu’on nous torture car nous avions refusé de prendre son argent.

Nous ayant trouvés assis par terre dans un cachot, il a tout de suite demandé si on avait mangé, si on avait bu. Sortant de sa poche 100 dollars il a ordonné qu’on aille chercher du coca pour ces enfants. Mais nous, nous avons répondu que nous préférions boire de l’eau pure et qu’il ferait mieux, avec cet argent, de mettre du carburant dans les camions chargés du ramassage des immondices. Il était fâché, étonné et, en guise de punition, voulait que, si nous étions libérés, nous abandonnions nos T-shirts portant les logos de Lucha. Ce que nous ne pouvions accepter car nous redoutions que plus tard on donne ces T-shirts à des shegues (enfants de la rue) qui auraient cassée ou pillé en nous faisant accuser. On nous a battus, nos polos ont été déchirés, mais c’était mieux ainsi : nous préférions être torturés, mais nous ne voulions pas céder ces polos…

Ce type de résistance, alors même que nous sommes pauvres et venons de famille modeste, cela gène énormément.

Le fait que Kabila ne se représente pas est –il considéré comme une victoire par Lucha ? Certes, mais nous restons prudents. Nous prenons acte du renoncement du président à ne pas se représenter car la pression du peuple a eu raison, il n’a jamais voulu quitter mais c’est le peuple qui l’a obligé…Cela dit, son renoncement n’est pas nécessairement la garantie d’élections crédibles.

Désormais nous devons concentrer la mobilisation sur les préalables à de bonnes élections et dès le 3 septembre nous allons manifester contre la machine à voter. Il y a des préalables : le retrait de cette machine, la libération des prisonniers politiques, l’ouverture de l’espace

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politique, le retour d’hommes comme Katumbi… Nous restons inquiets : il n’est pas sûr que le gouvernement aura les moyens de financer à lui tout seul tout le processus électoral…Il faut qu’on nous donne un plan de décaissement des fonds et il importe aussi de rétablir la confiance envers la Cour constitutionnelle et la Commission électorale. Nous voulons aussi qu’il y ait une sécurité électorale dans tout le pays. Si ces exigences ne sont pas rencontrées d’ici novembre nous allons réactiver notre exigence d’une transition citoyenne. Ce que nous voulons, ce sont de bonnes élections et si nous avions exigé des élections sans Kabila c’est parce que nous doutions de sa bonne foi, de sa réelle volonté d’organiser ce scrutin.

Pour nous, l’idéal reste une transition citoyenne qui organiserait de bonnes élections en apaisant la situation, qui empêcherait que l’on utilise les moyens de l’Etat pour faire campagne…

Pour cela, il faudrait que s’efface tout le système Kabila mais jusque là on n’a pas réussi à l’imposer…La collaboration avec le Comité des laïcs chrétiens a été plus facile qu’avec les partis politiques comme l’UDPS, ce sont les militants de la Lucha qui ont organisé le mobilisation…Si on nous frappe, si on nous réprime si fort, c’est parce que le pouvoir tente d’enrayer la contagion…

Congo: à vaincre sans péril…

Colette Braeckman – Le Soir - le 26 août 2018

L’apaisement n’a été que de courte durée. La Commission nationale indépendante en effet a ratissé large : elle a écarté, pour cause de nationalité douteuse ou d’autres motifs des candidats tels que les anciens premiers ministres Sammy Badibanga ou Muzito, en délicatesse avec leurs formations politiques respectives et qui avaient peu de chances de l’emporter, surtout dans une élection à un seul tour. Mais elle a surtout frappé un poids lourd, Jean-Pierre Bemba, au motif que ce dernier, acquitté et libéré par la Cour pénale internationale qui l’accusait de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par ses troupes en Centrafrique, avait cependant été condamné dans une autre affaire, où il avait été accusé de subornation de témoin, ce qui pour la CENI équivaut à un délit de corruption. Alors que le porte-parole du gouvernement Lambert Mende rappelle que la CENI est un organisme indépendant et que même un candidat proche du pouvoir comme le vieil Antoine Gizenga a été invalidé pour défaut de signature, l’opposition estime que la mise à l’écart de Jean-Pierre Bemba représente une manœuvre politique destinée à écarter

« un homme qui fait trembler la Kabilie », comme le dit Eve Bazaiba, numéro deux du mouvement pour la libération du Congo, le parti de Jean-Pierre Bemba.

De fait l’accueil triomphal que Kinshasa avait réservé à celui qui fut vice-président en 2002 puis candidat malheureux face à Joseph Kabila en 2006 a démontré que dix années de prison n’avaient pas réussi à faire oublier celui qui est souvent appelé « Igwe » l’enfant du pays, ou le « chairman » et qui, depuis sa prison de Scheveningen, était demeuré en contact permanent avec son parti et ses sympathisants mais aussi avec les réalités du pays.

Ces invalidations en cascade, à propos desquelles la Cour Constitutionnelle devra statuer d’ici le 19 septembre, ont immédiatement fait remonter la tension et alimenté les soupçons selon lesquels le président sortant mettrait tout en œuvre pour faire élire son dauphin Emmanuel Shadary, un homme peu connu encore et qui n’a pas le même charisme qu’un Jean-Pierre Bemba ou un Moïse Katumbi, deux hommes écartés de la course. En écho à la colère des partisans de ces deux personnalités exclues, de nouvelles manifestations sont annoncées, tant par le mouvement La Lucha, le 3 septembre que par le Comité laïc de coordination, le 19 septembre. Si les manifestations précédentes, placées sous le signe de la non violence ont été fortement réprimées par les services de sécurité, faisant plusieurs centaines de morts, les suivantes risquent d’être plus tendues encore car les jeunes de Lucha et les chrétiens seront rejoints par les partisans des deux « poids lourds » tenus à l’écart du scrutin.

Une absente de taille : la confiance

Plus que jamais, in ingrédient majeur manque aux élections à venir : la confiance. Non

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seulement l’opposition dans son ensemble soupçonne le président Kabila, qui a annoncé son retrait, de vouloir maintenir son emprise sur le pays via son dauphin Shadary, mais le Congo tout entier redoute des « élections sur mesure », un exercice coûteux et vain si les dés sont pipés et illusoires les espoirs de changement. C’est aussi le manque de confiance qui provoque le rejet de la « machine à voter » une imprimante qui permettrait, peut-être, de gagner du temps mais qui, faute d’observateurs et de garants crédibles, est irrémédiablement qualifiée de « machine à tricher ». C’est le manque de confiance qui hypothèque la crédibilité de la CENI, accusée d’être aux ordres du pouvoir en place, ou qui invalide d’office les jugements de la Cour constitutionnelle où trois nouveaux juges proches de la majorité viennent d’être nommés et sont considérés comme aux ordres. C’est parce que la confiance fait défaut que le refus de financement étranger et donc d‘observateurs impartiaux est considéré comme suspect et que le « souverainisme » ombrageux revendiqué par le régime et défendu par quelques intellectuels n’est pas considéré comme une marque de nationalisme, mais comme un désir de fabriquer, sans témoins gênants des élections sur mesure qui ne répondront guère au besoin de changement et de justice des Congolais. Rien ne dit que les candidats écartés, Katumbi, Bemba ou les autres, auraient été capables de relever un tel défi, mais leur mise hors jeu ravive tous les soupçons et confirme le vieil adage « à vaincre sans péril on triomphe sans gloire ».

Pourquoi Elikia M’Bokolo s’est rallié à Kabila: “en face de nous c’est la droite cléricale”

Colette Braeckman – Le Soir – le 25 août 2018

Douarnenez, - Invité de marque au festival du film de Douarnenez, consacré cette année aux deux Congo, Kinshasa et Brazzaville, l’historien Elikia M’Bokolo, professeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et à l’Unikin, chroniqueur sur RFI, a été longuement interrogé sur l’Afrique centrale avant les indépendances. Nous lui avons aussi demandé pourquoi lui, personnalité indépendante et intellectuel de renom avait, en juillet dernier, accepté de rallier le Front Commun pour le Congo, cette vaste plateforme constituée autour de la majorité présidentielle.

Durant l’été, alors que tout le monde pensait que le président Kabila, (dont le mandat a expiré en décembre 2016) se représenterait, j’avais reçu des informations crédibles assurant le contraire. Pour moi, cela semblait donc assez clair : du coté de Kabila et son entourage, il y aurait un large regroupement et un processus transparent de sélection de candidats à la présidence, alors qu’en face nous nous trouvions confrontés à des « chevaux de retour » et des candidats auto-proclamés, comme Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba, dont les partis respectifs étaient soit inexistants soit profondément fissurés par les récents développements de la vie politique. Face à de tels candidats on en était réduits aux applaudissements. L’opposition congolaise ayant longtemps cru que le président Kabila allait se présenter, elle ne s’est pas préparée à une autre hypothèse. En attendant le dernier jour, la dernière minute, pour afficher ses intentions, le président a été finalement très bien joué : il les a tous pris de court. Il était trop tard pour opposer d’autres candidatures, préparer d’autres stratégies, élaborer des programmes autres que des slogans creux, réunir les moyens financiers nécessaires à la campagne.

Si le président Kabila s’était représenté tout de même, qu’auriez vous fait ?

Mais alors j’aurais considéré, tout simplement, que le contrat était rompu. Si j’ai rejoint le Front dès juillet, c’est bien parce que j’étais convaincu qu’il ne se représenterait pas ! L’opposition congolaise avait-elle prévu un autre schéma que celui des élections du 23 décembre 2018 ?

Si Kabila avait choisi de se représenter, -ce dont l’opposition était convaincue- elle aurait pu négocier soit une sortie en douceur du chef de l’Etat soit exiger d’être associée au pouvoir ou alors générer une insurrection populaire qui aurait obligé le président à quitter la scène…

Existait-il un scénario de mouvement populaire, voire de situation insurrectionnelle menant à une « transition sans Kabila » sur lequel d’aucuns auraient pu miser ?

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Je ne le crois pas, c’aurait été trop risqué. Car lorsqu’un mouvement populaire l’emporte sur le pouvoir en place, nul ne peut être sûr que le peuple insurgé va vous suivre aveuglément.

Soutenir l’opposition appuyée par l’Eglise catholique, cela ne m’a pas paru une bonne chose. Le regroupement de l’opposition, soutenu par l’Eglise catholique, a oublié que la RDC est un Etat laïque, multiconfessionnel. Il y a au Congo des musulmans, des protestants, des membres des églises de réveil, des pentecôtistes, des kimbanguistes, des disciples de la prophétesse Kimpa Vita et autres, qui n’ont pas fait le même choix que l’Eglise catholique. Dans ce foisonnement, toutes sont des religions des pauvres, capables de mobiliser très largement. Je crois que la CENCO (conférence épiscopale du Congo ) a joué un jeu très dangereux et voué à l’échec en essayant de faire apparaître la religion catholique comme celle de tous les Congolais, ce qui, à l’évidence, n’est pas le cas. Un jour viendra où l’on posera la question de la discrimination qui joue en faveur de l’Eglise catholique, qui, aujourd’hui, continue de bénéficier du Concordat de 1908, toujours en vigueur.

Voulez-vous dire que depuis plus d’un siècle, l’Eglise catholique disposerait d’avantages particuliers par rapport aux autres cultes ?

C’est exactement cela : le Vatican dispose d’une ambassade au Congo, l’Eglise catholique reçoit de l’argent de l’Etat congolais, elle est subventionnée comme en Belgique. Depuis l’ère coloniale, elle représente ce que j’appellerais un « appareil idéologique d’Etat » : en échange de cette subvention, l’Eglise doit encadrer la population, prendre en charge l’éducation mais aussi informer le pouvoir. Les écoles gérées par l’Eglise catholique et quelques églises protestantes sont subventionnées par l’Etat, et cela au contraire des écoles fondées par d’autres dénominations religieuses ou par des laïcs. Ce sont les effets de ce concordat. Je ne pense pas que le pouvoir oserait poser la question de la laïcité, mais c’est l’un des débats à venir, car les petites églises se sentent traitées de manière discriminatoire et s’inquiètent, non sans raison, de cette différence de traitement…

Pourquoi la CENCO (Conférence épiscopale du Congo) s’est-elle lancée dans cette épreuve de force avec le pouvoir ?

Depuis le sommet de la Cité de l’Union Africaine, auquel j’ai participé en 2016, des rumeurs circulaient suivant lesquelles, en cas de blocage, Mgr Monsengwo, cardinal de Kinshasa, pourrait faire fonction, de manière intérimaire, de président de la République. Ce qui serait absolument inadmissible. L’Eglise a commencé à mobiliser sans réellement le dire…Ayant le sentiment d’être discriminés par rapport à l’Eglise catholique, les protestants, les kimbanguistes, les musulmans et d’autres dénominations chrétiennes ou laïques ont accepté de rejoindre le Front commun. Tout cela pouvait mener à une situation extrêmement dangereuse …Les laïcs catholiques se sont accrochés à la CENCO car ils étaient persuadés du schéma selon lequel, si Kabila se représentait, il y aurait du désordre puis une nouvelle transition de deux à trois ans dont ils seraient les principaux et heureux bénéficiaires. Les gens se montraient sourds et aveugles, comme s’ils ne voulaient pas croire que Kabila se retirerait ainsi qu’il l’avait annoncé dès 2007 en disant: «le pouvoir use. Je respecterai la Constitution. »

Avez-vous rencontré le président Kabila avant de signer et de rejoindre le Front commun ? Nous formions un groupe indépendant de la société civile composé de six personnes et il nous a reçus ensemble, durant trois heures, après la formation du FCC. Il nous a expliqué qu’il avait, lui-même, établi une liste de onze critères auxquels devrait répondre le futur candidat à sa succession. Certains des candidats que l’on pensait « naturels » ne répondaient pas à ces critères, parmi lesquels une moralité au dessus de tout soupçon, un attachement à la cause du Congo plutôt qu’à ses intérêts propres, une foi inébranlable dans la renaissance du Congo. C’étaient des critères d’ouverture, de tolérance et d’optimisme raisonné, car je crois que le président s’est préparé à élargir sa majorité. Dès lors que les portes de la CENCO se ferment, il va y avoir une redistribution des cartes et, probablement, un reflux de ce côté-là…C’est le président lui-même qui, loin de s’enfermer dans le secret de sa seule conscience, a défini le profil de notre meilleur candidat, sur la

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base d’abord de 8 puis de 11 critères : une manière de procéder unique dans l’histoire politique du Congo… Une méthode qui n’a rien à voir avec la foule disparate des « candidats autoproclamés »…

Chaque membre du Front commun ou chaque groupe devait présenter lui-même une liste de quatre candidats potentiels, deux hommes et deux femmes. Certains des noms cités comme des favoris n’ont pas été retenus à cause de ces critères de volonté, de moralité, de désintéressement, d’expérience et d’efficacité qui avaient été fixés par le président lui- même. La présentation de la personne choisie a été retardée jusqu’au dernier moment, afin de prendre tout le monde de court, face à la décision du « garant moral ». C’est une figure que l’on n’attendait pas qui été retenue, à sa propre surprise d’ailleurs : l’élu, Emmanuel Shadary, est pratiquement tombé à la renverse ! Ce choix va modifier beaucoup de certitudes et d’équilibres considérés comme acquis tant dans la majorité actuelle que dans l’opposition. Quant aux législatives, on constate l’apparition de beaucoup de nouveaux candidats, des jeunes, des animateurs de la société civile, des femmes. De fait, on était fatigués des caciques installés dans les réseaux du pouvoir depuis trop longtemps et qui, à l’évidence, n’ont pas fait une parcelle du boulot que l’on attendait d’eux…Le sentiment dominant est que l’on n’est pas mécontent du fait qu’Emmanuel Shadary ne fasse pas partie du quatuor de tête qui était généralement cité (dont Aubin Minaku président de l’Assemblée nationale et l’ancien Premier ministre Matata Mponyo). Content aussi que les éternels « donneurs de leçons » n’aient rien eu à dire. Il y a eu trop de commentaires, trop de pressions, venant de la Monusco, des Belges, des ONG et tutti quanti… Au Congo, on en a marre de tous ces conseils non sollicités, de ces rapports laborieux et répétitifs. Cela devient un harcèlement lassant…On finit par éprouver le sentiment d’être constamment fautifs, mais par rapport à quelle norme ? De quoi se mêlent, par exemple, les Belges ? Sans remonter à toutes les fautes liées à la colonisation du Congo, ils ont tout de même assassiné Lumumba, et ce crime continue de peser sur le devenir du Congo. Je crois que les Belges se trouvent aujourd’hui face à un scénario qu’ils n’avaient pas prévu…

Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous avez fait une erreur en ralliant le Front commun ?

Mais qui ose parler d’ « erreur » en politique ? »Erreur » par rapport à quelle norme ? Et qui, en dehors de moi, serait autorisé à fixer des normes auxquelles je devrais me soumettre et au nom de quoi ?

Pour moi, la situation est on ne peut plus claire et plus simple : en face de nous se dresse une coalition disparate, dominée par la droite et, plus précisément, par la droite cléricale.

Toute la gauche de l’Eglise catholique, comme le groupe Amos, qui soutenait la théologie de la libération, a été mise à l’écart. L’Eglise reçoit des subsides pour l’enseignement mais cela ne l‘empêche pas de faire payer les élèves…Et qu’en est il du contrôle des naissances, de la prévention du sida, de l’autorisation de l’avortement dans des cas extrêmes ? Dans les quartiers populaires de nos villes, on rencontre des gamines de 14 ans qui ont déjà un voire deux enfants, parfois avec le VIH en prime, parce que l’on interdit aux maîtres de parler de la sexualité dans les écoles. Face à cela, l’Eglise reste muette…

On entend, paraît il, des voix qui parlent de Coup d’Etat…

S’il devait y avoir un coup d’Etat, le Congo ne lui survivrait pas, il serait fini, éclaterait en lambeaux : chacun de nos peuples irait de son côté, créant ici une « républiquette », là bas une mini royauté, ailleurs une apparence de chefferie, dont aucune ne saurait résister un seul instant aux rapaces qui rodent autour de la RDC. Quel Congolais, quel Africain, peut envisager sans frémir une hypothèse aussi absurde, aussi criminelle ?

Passeport « falsifié » de Moïse Katumbi : la justice belge ouvre une information judiciaire

Olivier Liffran et Quentin Noirfalisse - Jeune Afrique – le 27 août 2018

Une information judiciaire visant Moïse Katumbi vient d’être ouverte en Belgique, suite à son interpellation en juin à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem en raison d’un passeport jugé

« falsifié » par la police belge.

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« Je vous confirme que le Parquet vient d’ouvrir une information judiciaire pour « faux en écriture publique » à l’encontre de Moïse Katumbi », affirme à Jeune Afrique Gilles Blondeau, substitut du procureur du Roi au Parquet de Halle-Vilvoorde. En cause : « Une partie de son passeport a été estimée comme faux. »

L’opposant congolais, qui vit en exil depuis plus de deux ans, avait été brièvement interpellé, le 14 juin 2018, par la police de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem. « La page d’identité de [son] passeport n’est pas authentique », avait alors précisé à Jeune Afrique Dominique Ernould, porte-parole de l’Office des étrangers– une administration placée sous la tutelle du ministère belge de l’Intérieur. « L’originale a été changée et remplacée par une autre. »

Un délai de quinze jours lui avait alors été accordé par les autorités belges afin de « produire un document de voyage officiel et authentique ». Contacté à l’issue de ce délai, l’Office des étrangers nous avait indiqué, le 6 juillet, n’avoir « enregistré jusqu’à présent aucune réaction ou démarche de sa part ». « On peut donc dire qu’il est actuellement en séjour illégal », concluait l’administration.

« Le passeport a été confisqué »

Suite à son interpellation, la police fédérale lui avait confisqué son passeport avant de le transmettre au Parquet de Halle-Vilvoorde. Ce que confirme à JA le substitut du procureur Gilles Blondeau : « Le passeport en question a été confisqué par mon office. Nous le détenons toujours. Vu qu’il a été falsifié, il ne sera pas rendu à l’intéressé ».

Cela n’a semble-t-il pas empêché Moïse Katumbi de voyager à l’étranger, notamment lors de la finale de la Coupe du monde, le 15 juillet dernier à Moscou, ou sur le continent africain au cours des dernières semaines.

Le 24 juillet, lors d’une conférence de presse, son porte-parole Olivier Kamitatu assurait que « Moïse Katumbi réside en toute légalité en Belgique ». « Il n’y a aucun problème de document ayant trait à sa résidence dans le royaume de Belgique, déclarait-il. Il n’est pas clandestin ou dans l’illégalité. » De son côté, son avocat français, Me Eric Dupont-Moretti, avait estimé « qu’on a déjà trois procédures (judiciaires) ; on ne va pas en rajouter une qui n’existe pas ».

Joint par Jeune Afrique, son porte-parole Olivier Kamitatu a indiqué ne pas être en mesure de livrer sa réaction dans l’immédiat : « Vous m’apprenez cette information », a-t-il déclaré.

L'ONU offre son aide logistique pour les scrutins de décembre en RDC VOA – le 27.08.2018,

Plusieurs membres du Conseil de sécurité, dont les Etats-Unis, la France ou les Pays-Bas, ont affirmé lundi la disponibilité de l'ONU à fournir une aide logistique pour les élections prévues en décembre en République démocratique du Congo, refusée par le gouvernement.

"Est-ce qu'il y aura suffisamment de machines à voter? Ou est-ce que les autorités vont prolonger le vote sur des jours ou semaines supplémentaires? Est-ce qu'il est possible de recharger les machines de vote dont les batteries tiennent 12 heures? Est-ce que les machines ont été dûment testées?", a égrené l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley.

Lors d'une réunion de suivi du processus électoral, la diplomate, hostile depuis plus d'un an au recours inédit en RDC à des machines électroniques pour voter, a aussi demandé si des bulletins de vote papier ont été prévus au cas où ces machines ne fonctionneraient pas."Pour la Ceni (Commission électorale), accepter un soutien logistique de la Monusco ne revient pas à rogner la souveraineté de la RDCongo", a-t-elle ajouté, en regrettant que ce pays "gaspille des ressources précieuses à se doter de capacités mises à sa disposition".

"Les autorités congolaises devraient permettre à la Monusco (mission de l'ONU dans le pays) d'apporter un appui logistique et au transport", a insisté Nikki Haley.

Ambassadeur de la RDC, Ignace Gata Mavita a pris la défense de la Ceni. "Les résultats obtenus jusqu'ici par la Ceni doivent nous inciter à faire confiance à cette institution et à

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la laisser poursuivre sa mission jusqu'au bout en évitant d'interférer dans son travail par des considérations qui relèvent beaucoup plus de la spéculation que de la réalité".

La RDC "reste ouverte aux apports d'autres partenaires, pourvu que ceux-ci soient sans conditionnalités et se fassent dans le respect de sa souveraineté", a-t-il précisé, en rejetant les "nombreuses ingérences et interférences de l'extérieur" qui se poursuivent, selon lui, aujourd'hui.

"Le respect du calendrier électoral est indispensable", a estimé pour sa part l'ambassadrice française adjointe à l'ONU, Anne Gueguen, en affirmant aussi la disponibilité de la Monusco

"à fournir un appui logistique" à la tenue d'"élections libres, crédibles, transparentes et inclusives".

La diplomate a appelé à l'instauration d'un "climat de confiance et pacifique" pour les scrutins présidentiel, législatif et provincial programmés le 23 décembre.

"La crédibilité du processus électoral demeure une préoccupation majeure", a reconnu lors d'une liaison vidéo Leila Zerrougui, émissaire de l'ONU en RDC.

Ancienne colonie belge, la RDC n'a jamais connu de transition pacifique depuis son indépendance en 1960.

Un condamné à la prison à vie admis sur les listes électorales AFP – le 28 août 2018

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) congolaise a retenu la candidature aux législatives fixées au 23 décembre en République démocratique du Congo (RDC) d’un homme condamné à la prison à vie en décembre 2017 pour « crime contre l’humanité par viol » sur mineures âgées de un à 9 ans, assassinats et entretien d’une milice, rapportent mardi plusieurs médias locaux, citant une ONG. Ce candidat, Frédéric Batumike, porte le numéro 60 sur la liste de la Céni pour la circonscription de Kabare (Sud-Kivu, est de la RDC). Il fait partie du regroupement politique CCU et Alliés, la formation du ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende Omalanga.

La Nouvelle dynamique de la société civile (NDSCI) au Sud-Kivu s’est déclarée désagréablement surprise par cet acte et parle d’une « légèreté » dans le chef de la Céni, selon le site d’informations Actualité.cd.

« Pour la NDSCI, le fait de retenir sur les listes électorales un criminel de si grand chemin comme Batumike Rugimbanya, auteur et responsable de plusieurs meurtres dont celui du défenseur des droits de l’homme et un des animateurs de la NDSCI, Evariste Kasali, de l’Allemand Walter Muller (…) et de tant d’autres victimes de sa barbarie sanguinaire y compris de très nombreuses filles de un à 9 ans qui ont toutes perdu leur féminité à la suite de la mutilation violente de leurs organes génitaux pour des fins fétichistes, confirme la légèreté et la sélectivité qui caractérisent aujourd’hui cette institution (la Céni), censée pourtant être indépendante », a affirmé cette ONG dans un communiqué.

« Maintenir des criminels et écarter certains citoyens sur base des considérations et injonctions politiques vient d’enlever le peu de confiance et crédibilité qui restait à la Céni qui, aujourd’hui, confirme son inféodation à un camp politique, à savoir la Majorité Présidentielle », ajoute l’organisation.

Député provincial et chef milicien du Sud-Kivu, Frédéric Batumike a été condamné le 13 décembre 2017 à la prison à vie avec dix de ses miliciens, pour crimes contre l’humanité par viol.

Ebola en RDC: le bilan monte à 75 morts (ministère de la Santé) AFP – le 28 août 2018

Le bilan de l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola dans l’est de la République démocratique du Congo est monté à 75 morts, a indiqué lundi le ministère de la Santé. « Au total, 111 cas de fièvre hémorragique ont été signalés dans la région », indique le dernier bulletin du ministère sur la situation épidémiologique, arrêté au dimanche 26 août.

Le bilan était de 55 morts il y a une semaine.

Le ministère de la Santé compte 47 décès parmi les 83 cas confirmés par des tests en laboratoire, plus 28 décès probablement dus au virus Ebola, la plupart enregistrés avant la déclaration de l’épidémie le 1er août.

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« Depuis le 8 août 2018, 4.130 personnes ont été vaccinées », poursuit le ministère, qui fait aussi état de 2.445 « contacts » à suivre (des personnes ayant pu être en contact avec le virus).

Il y a aussi 18 guérisons, 18 patients hospitalisés, et dix cas suspects en cours d’investigation, d’après la Direction générale de lutte contre la maladie.

Aucun nouveau cas n’a été enregistré en date du 26 août, selon le bulletin.

Des représentants de la société civile ont demandé le report de la rentrée scolaire prévue le 3 septembre dans le territoire de Beni, à titre préventif.

La dixième épidémie sur le sol congolais depuis 1976 touche la région de Beni dans le Nord Kivu, zone d’activité de groupes armés qui menacent les civils. Dans Beni et ses environs, les exactions sont principalement attribuées aux Allied defense force (ADF) ougandais.

Le principal foyer de l’épidémie, la bourgade rurale de Mangina à 30 km sud-ouest de Beni, est épargnée par les ADF, qui menacent surtout l’axe nord Beni-Oicha.

L’actuelle épidémie a été déclarée une semaine après la fin d’une précédente à l’autre bout du pays dans la province de l’Equateur (nord-ouest), qui avait fait 33 morts.

Invalidation de Bemba: « la subornation des témoins entre dans la définition de la corruption », selon le professeur Nyabirungu

ACP / RFI / MCP – le 29.08.2018,

La subornation des témoins entre dans la définition de la corruption, affirmait à l’ACP à l’aéroport international de N’djili, le Pr Nyabirungu en réponse aux allégations faisant état d’une interprétation analogique de la loi électorale concernant la corruption.

Citant Georges Menier, auteur de l’ouvrage intitulé « Commentaire du code pénal congolais

», dans l’édition Larcier, Bruxelles, 1952, page 291, le Pr a précisé que « la subornation des témoins est la corruption exercée sur une personne pour la pousser à faire une déposition contraire à la vérité. C’est un acte de participation par provocation au faux témoignage », a ajouté le professeur de droit pénal, précisant que « l’on ne peut recourir à une analogie que lorsque le cas n’est pas prévu par la loi. Dans le cas d’espèce, la loi électorale est claire », a-t-il fait remarquer.

Le Pr Nyabirungu répond ainsi aux arguments de base du parti de Jean-Pierre Bamba qui lors d’une conférence de presse le 14 août dernier, Eve Bazaiba, la Secrétaire générale du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), avait expliqué l'éligible de la candidature à l'élection présidentielle du sénateur Bemba en se basant notamment par le fait que la subornation des témoins n’entrait pas dans l’énumération limitative de l’article 10 de la Loi électorale et que, de ce fait, sa candidature ne pouvait être invalidée ; élément que ne semble pas avoir retenu la Ceni puisque la centrale électorale a déclaré la candidature à la présidentielle de Jean-Pierre Bemba irrecevables pour fait de subordination des témoins.

Pourtant, lors de cette conférence, Mme Eve Bazaiba interprétait la subornation des témoins et la corruption comme deux infractions différentes. Qu’ainsi « il ne peut y avoir une quelconque confusion ni assimilation entre ces deux infractions », avant d’ajouter que

« Deux infractions peuvent avoir le même fondement axiologique et demeurer distinctes l’une de l’autre. » Expliquant que la corruption est un fait relatif à l’ordre public tandis que la subordination vise à la bonne administration de la justice.

Par ailleurs, pour le sénateur Jacques Djoli, qui développe également certains des arguments qui seront au cœur de la défense de Bemba, « dire que Jean-Pierre Bemba est exclu parce qu’il est condamné pour subornation des témoins, c’est une évidence ». Mais il accuse la Céni d’avoir « caché de manière malveillante » le fait « que Jean-Pierre Bemba est condamné au premier degré », alors que la loi exige un jugement irrévocable.

Face à cette bataille juridique avec des implications majeures sur le déroulement d’un processus électoral qui fait déjà beaucoup parle de lui, il ne reste plus que l’interprétation et la décision de la Cour Constitutionnelle; saisie du recours contre cette invalidation, pour connaitre la suite de ce nouveau rebondissement dans la bataille à la présidentielle…

Les inquiétudes des Etats-Unis, de l'Eglise et HRW sur les élections en RDC VOA – le 29.08.2018,

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Les dernières étapes du processus électoral en République démocratique du Congo ont ravivé les inquiétudes des Etats-Unis, de l'Eglise catholique et de l'ONG Human Rights Watch (HRW), dernière à s'exprimer mardi.

"Nous sommes profondément inquiets de la décision prise par la commission électorale le 24 août de disqualifier certains candidats d'opposition à l'élection présidentielle pour ce qui apparaît être des raisons politiques", a déclaré lundi l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley.

Les dossiers de six candidats à la présidentielle sur 25, dont l'ex-chef de guerre Jean-Pierre Bemba, ont été jugés irrecevable. Les six ont saisi la Cour constitutionnelle.

L'ambassadrice des Etats-Unis a aussi jugé "troublant" le fait que le président Joseph Kabila et la commission électorale (Céni) refusent toute aide extérieure pour la logistique des élections prévues le 23 décembre.

"Nous respectons la RDC en tant qu'État membre souverain des Nations unies. Mais cela ne peut qu'éveiller des soupçons lorsque le gouvernement congolais refuse l'aide qui aiderait à matérialiser des élections libres, équitables et crédibles", a déclaré Mme Haley.

Elle s'exprimait lors d'une réunion de suivi du processus électoral en présence de plusieurs membres du Conseil de sécurité, dont la France.

Invitée à cette réunion, la conférence épiscopale nationale du Congo (Cengo) a recommandé au gouvernement congolais et à la commission électorale de faciliter

"l'observation des élections aux organisations nationales et internationales", "ce qui est une preuve que l'on a rien à cacher".

Dans un communiqué, l'influente Cenco a annoncé qu'elle comptait déployer elle-même jusqu'à "40.000 observateurs".

L'ambassadrice américaine et l'Eglise congolaise ont salué le retrait du président Joseph Kabila, qui n'avait pas le droit de se représenter.

De son côté, HRW a estimé mardi qu'"une pression permanente des partenaires régionaux et internationaux de la RD Congo est nécessaire pour éviter de nouvelles répressions et de nouveaux bains de sang, et pour que le pays connaisse une véritable transition démocratique".

HRW a accusé les autorités congolaises d'avoir "fermement réprimé l'opposition politique"

lors du retour de Jean-Pierre Bemba à Kinshasa le 1er août et lors de la tentative de retour par la Zambie de Moïse Katumbi les 3 et 4 août, au poste-frontière de Kasumbalesa.

HRW donne l'identité d'un jeune homme de 19 ans et affirme qu'il a été "tué par les forces de sécurité à Kasumbalesa le 3 août", et celle d'un enfant de 10 ans "tué par une balle perdue à Lubumbashi le 6 août", lors d'une autre manifestation des partisans de M.

Katumbi.

Le communiqué de HRW est signé par sa directrice Afrique, Ida Sawyer, persona non grata en RDC.

Katumbi doit pouvoir rentrer

Hubert Leclercq – La Libre – le 30 août 2018

Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme demande aux autorités

congolaises de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer le retour de Moïse Katumbi en RDC.

Dans sa lettre du 29 août, adressée à l’avocat de Moïse Katumbi, le Haut-Commissariat appelle aussi Kinshasa à protéger l’ancien gouverneur du Katanga contre toute forme d’arrestation.

« Conformément à la règle 92 de son règlement intérieur, il a été réitéré à l’Etat partie sa sollicitude du 13 juin 2018 de prendre toutes les mesures nécessaires de manière à prévenir tout risque de préjudice irréparable en lien avec l’exercice par l’auteur des droits garantis par le pacte. L’Etat partie est notamment tenu de prendre toutes les mesures nécessaires en vue d’assurer que l’auteur puisse rentrer en République démocratique du Congo. A cette fin, l’Etat est également tenu de prendre toutes les mesures pour garantir à l’auteur son droit à la liberté et à la sécurité en le protégeant contre toute forme

d’arrestation ou de détention arbitraire pendant toute la durée de l’examen de sa communication par le comité », rappelle le Conseil de l’Onu aux droits de l’homme.

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En avril dernier, lors d’une conférence de presse à Paris, Me Eric Dupond-Moretti, l’avocat de Moïse Katumbi, avait annoncé son intention de saisir à nouveau l’instance onusienne pour obtenir le retour de son client en toute sécurité

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Main tendue et mise en garde européennes Hubert Leclercq – La Libre / AFP – le 30 août 2018

L’Union européenne « reste disposée à appuyer le processus électoral en concertation avec les acteurs congolais concernés », a indiqué jeudi un porte-parole du service européen d’action extérieure, alors que Kinshasa a martelé ces derniers jours sa volonté de tenir les

« envoyés spéciaux » et autres « observateurs » à distance des élections.

En juillet, le président sortant Joseph Kabila affirmait déjà que le processus électoral serait

« entièrement financé par l’Etat congolais« , pour l’affranchir « des contingences du financement extérieur et, par conséquent, des chantages de tous genres« .

Les autorités congolaises ont ensuite rejeté plusieurs offres d’aide provenant d’organisations internationales et de pays voisins. La semaine dernière, Kinshasa a encore refusé la nomination de l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki comme « envoyé spécial

» en RDC.

« Je peux vous dire qu’il n’y aura plus d’envoyés spéciaux en RDC, fussent-ils Thabo Mbeki

», avait alors déclaré le conseiller diplomatique du président, Barnabé Kikaya Bin Karubi.

Ces envoyés « ont tendance à se comporter comme les proconsuls. Ils ne respectent pas l’autonomie de la RDC. Nous voulons marquer notre souveraineté« , avait pour sa part ajouté le ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende Omalanga.

En coullisses, à Kinshasa, certains aimaient rappeler que « Thabo Mbeki n’est pas plus grand et bien moins puissant qu’Antonio Guterres, le patron des Nations unies. Si Guterres n’est pas entré en RDC ,Mbeki n’entrera pas non plus ».

Quelques jours plus tôt, la commission électorale avait de son côté indiqué qu’elle se passerait des avions et des hélicoptères de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) pour le déploiement de ses « machines à voter » aux quatre coins du pays (2,3 millions de km2, quelque 40 millions d’inscrits).

Dans ce contexte, la main tendue ce jeudi par l’UE pourrait bien ne pas trouver preneur dans la capitale congolaise. L’envoi d’une éventuelle mission d’observation électorale de l’Union africaine ou de l’Union européenne apparaîtrait dès lors « compliqué« .

« On souhaite évidemment une observation de l’Union européenne. Mais pour cela, il faut une invitation de Kinshasa. Vu le climat ambiant, ça me paraît peu probable« , expliquait récemment un diplomate.

Cette proposition européenne s’accompagnait d’une piqûre de rappel aux autorités congolaises. Une fois de plus, l’UE félicite le présient Kabila pour ne pas s’être représenté à la présidentielle. Dans la foulée, elle a tenu à rappeler que ce retrait du président, hors mandat depuis près de 2 ans, n’était pas une fin en soi et que d’autres obstacles subsistaient encore pour aboutir à un scrutin apaisé et réellement ouvert seule garantie pour un avenir serein dans ce pays. Et de rappeler le contenu de l’Accord de la Saint- Sylvestre, loin d’être une réalité, l’absence de consensus sur la machine à voter et la nécesité de revoir le fichier électoral suite aux critiques des experts de l’Organisation internationale de la francophonie.

Information judiciaire en Belgique: le camp de Moïse Katumbi se veut rassurant RFI, le 31.08.2018,

Pour Olivier Kamitatu, directeur de cabinet et porte-parole de Moïse Katumbi, l'information judiciaire ouverte contre l'opposant congolais en Belgique pour faux en écriture publique au sujet de son passeport est une simple procédure administrative « de routine ».

Une information judiciaire a été ouverte le 27 août en Belgique au sujet du passeport de Moïse Katumbi, l'homme d'affaires et candidat déclaré à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Pour Olivier Kamitatu, directeur de cabinet de Moïse Katumbi, il s'agit d'une procédure administrative et non pénale.

« Personne n’est au courant, ni même les avocats du Moïse Katumbi, s’il y a une information ou pas, déclare-t-il. Nous sommes là dans un dossier technique qui a été ouvert par le parquet de Hal-Vilevorde. Le passeport semi-biométrique avait été disqualifié par les autorités de Kinshasa. Nous sommes donc dans une procédure de routine, administrative. Si information juridique il devait y avoir, il est clair que Moïse Katumbi respecte la justice et se présenterait. Aujourd’hui, il n’y a aucune trace d’une quelconque

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La candidature de Louise Mushikiwabo, actuelle ministre rwandaise des Affaires étrangères, au poste de secrétaire générale de l’OIF, officialisée en mai à Paris

Dans une déclaration datée hier jeudi 11 octobre, lue à la presse par Martin Fayulu, écrit le journal, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), le Mouvement de Libération du

Lambert Mende, porte-parole du Gouvernement congolais: « Nous félicitons Dénis Mukwege pour cette reconnaissance par l’académie Nobel de Suède du travail remarquable qu’il fait

Pour les sociétaires d’Ensemble, comme ce fut le cas avec feu Étienne Tshisekedi wa Mulumba qui, à un moment de l’histoire de la RDC a symbolisé le retour

D’autant que dans l’opposition, certains membres comme Moïse Katumbi continuent toujours d’espérer d’être repris pour la course à la présidentielle malgré le fait que le

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Accusé de vouloir passer outre la Constitution pour se représenter à la présidentielle de décembre, le président Joseph Kabila a finalement décidé de passer la main en

Joseph Kabila n’a pas l’éloquence d’un tribun, et lorsqu’il invoque sa « passion pour le Congo », il préfère aligner des chiffres : 23.000 km de routes et pistes