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www.CongoForum.be

Encore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra:

helene.madinda@gmail.com.

SOMMAIRE

En ce samedi 13 octobre 2018, la presse parue à Kinshasa continue à débattre du processus électoral et des élucubrations de la CENI, du meeting de l’Opposition prévu pour aujourd’hui à L’shi, de la désignation de Louise Mushikiwabo au SG de l’OIF et de quelques autres sujets divers.

C’est bien sûr l’OIF qui retient l’attention de la presse internationale. Enfin, l’on trouvera aussi en annexe un document d’IRDH sur le secteur minier.

Opposition

« Lubumbashi: L'opposition maintient son meeting » nous apprend un document publié par Mediacongo.net.

« L'opposition maintient son meeting programmé pour ce samedi 13octobre à la cité des jeunes dans la commune de Kampemba à Lubumbashi en dépit de son interdiction décrétée par la maire adjointe de la capitale du cuivre.

Réunis dans la soirée dans la résidence de Gabriel Kyungu, les ténors de l'opposition, Delly Sesanga, Martin Fayulu, Christophe Lutundula, José Endundu rappellent que dans sa lettre du 9 octobre, la mairie a pris acte et a marqué son accord pour la tenue de cette matinée politique.

« L'opposition informe l'opinion qu'elle n'est pas officiellement saisie d'une lettre portant annulation de la manifestation et lance par conséquent un appel aux Lushois et Lushoise de ne pas céder à cette campagne d'intoxication ourdie pour décourager la population » fait savoir un communiqué signé par le président du Rassemblement, Gabriel Kyungu.

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Processus électoral et MAV

DigitalCongo nous explique, sans perdre son temps en fioritures « Pour couper court aux élucubrations dans le chef de certains prétendants à la magistrature suprême, du moins, de ceux se disant de l’Opposition qui ne cessent pratiquement de mettre l’opinion sur les nerfs et n’arrêtent d’anticiper sur les événements par rapport au processus électoral, la

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Centrale électorale se résout à élucider certaines questions brûlantes relatives au processus de vote par la machine à voter,

Le Bulletin de l’ACP rapporte que « la CENI est disposée à des concertations sur le processus électoral et la machine à voter ».

Ce bulletin note que le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante, Ceni, a déclaré vendredi que son organe reste disponible pour des concertations permanentes autour du processus électoral avec les parties prenantes en vue de la tenue de bonnes élections le 23 décembre 2018.

Selon le même média, le président de la Ceni l’a fait savoir à l’issue de la réunion technique tenue dans la salle Abée Apollinaire Malumalu entre son institution et le candidat président de la République, Tshiani Kabamba accompagné d’une délégation d’experts informaticiens.

Il ressort de l’ACP que Corneille Nangaa a été convié à renforcer sa communication avant d’inviter les candidats, au besoin, individuellement ou par petits groupes, pour échanger sans préjugé ni tabou sur toutes les questions pertinentes en rapport avec la tenue des élections.

Le Courrier de Kinshasa voit « la Céni invitée à étendre sa commission technique au Csac ».

Selon ce journal, la proposition a été émise par l’Institut de recherche en droits humains (IRDH), estimant que la concertation entre les deux institutions d’appui à la démocratie se ferait mieux avec le concours d’autres parties prenantes réunies au sein de la structure qui a la mission d’analyser les questions relatives à l'organisation des prochains scrutins.

Les chercheurs du projet d’application des droits civils et politiques de l'IRDH, dans leur bulletin électronique du 10 octobre, ont recommandé à la Commission électorale nationale indépendante (Céni) d’étendre au Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (Csac), « la commission technique d’experts chargée d’examiner certaines questions techniques liées au processus électoral ». Cela permettra, se convainc l'IRDH, de mieux étudier, outre la problématique de la machine à voter et du nettoyage du fichier électoral, les questions relatives au principe d’égalité des candidats dans les médias ; à la campagne précoce ; et à l’usage des moyens publics au profit de certains candidats.

Sommet de la Francophonie :

A ce propos, TV5, Malijet et Mediacongo.net publient le même article, sous le titre

« Emmanuel Macron impose Louise Mushikiwabo comme secrétaire générale de l'OIF »

« Les protestations énergiques de Michaëlle Jean n’y auront rien fait. Ce vendredi 12 octobre 2018, Louise Mushikiwabo a été désignée secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en lieu et place de l’ancienne gouverneure générale du Canada, qui n’aura fait qu’un mandat de quatre ans. En raison de l’activisme de la France – Paris a fortement poussé la candidature de l’actuelle ministre des Affaires étrangères du Rwanda -, la consécration de cette proche du président Kagame est perçue comme un retour de l’OIF dans son giron d’origine, l’Afrique.

C'est la candidate que personne n'attendait. Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères, officiellement adoubée, un peu à la surprise générale, par le président Macron en mars 2018, prend les rênes de l'Organisation internationale de la Francophonie, lors du XVIIème sommet de l'Organisation, les 11 et 12 octobre 2018 à Erevan, capitale de l'Arménie. Portrait et revue de presse de la nouvelle secrétaire générale de l'OIF.

L'atout majeur de la ministre de Paul Kagame pour briguer la direction de l'instance francophone, se trouverait tout d'abord dans le simple fait qu'elle est ... africaine. C'est bien ce qui ferait la différence entre elle et l'actuelle tenante du titre Michaëlle Jean, qui fait figure d'exception à une sorte de règle tacite voulant que depuis sa création, l'OIF a toujours été entre les mains d'une personnalité née sur le continent. Une règle contredite par la Canado-haïtienne, en direct également sur l'antenne de Tv5monde.

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C'est donc sans grande surprise cette fois que l'Union africaine lui apporte son soutien lors du sommet de Nouakchott en juin 2018. L'Union "dirigée par le Rwanda cette année - a appelé solennellement les 29 pays du continent qui font aussi partie de l’organisation francophone à voter pour la candidate africaine [...] La candidate du Rwanda pour diriger la Francophonie compte sur le soutien de ses pairs africains pour emporter la mise. Le président du Rwanda Paul Kagame a écrit aux chefs d'Etat concernés pour les appeler à soutenir la candidature de sa ministre", nous précise l'article de RFI.

Instrument d'une espérée réconciliation franco-rwandaise

Mais pour certains, la candidate rwandaise à l'OIF ne serait que l'instrument diplomatique et politique d'une espérée réconciliation franco-rwandaise, qui permettrait de sonner le glas d'une longue période de grand froid, en raison du rôle présumé de la France et de son armée lors des débuts sanglants du génocide. Comme le présente Jeune Afrique, "L’affaire est donc entendue : malgré les ruptures, les phrases au vitriol et autres flèches qui empoisonnent depuis 1994 les relations entre leurs deux pays, les présidents Paul Kagame et Emmanuel Macron viennent d’officialiser un armistice improbable dans la guerre froide franco-rwandaise".

Pour l'écrivaine franco-ivoirienne Véronique Tadjo, ce choix laisse "perplexe". Comme elle l'écrit dans un article du Monde.fr, "l’Organisation internationale de la francophonie [OIF]

est dans une crise interne profonde qui menace de la faire imploser. La candidature de Louise Mushikiwabo, actuelle ministre rwandaise des Affaires étrangères, au poste de secrétaire générale de l’OIF, officialisée en mai à Paris à l’occasion d’une visite du président rwandais Paul Kagame à son homologue français, a été approuvée officiellement par le conseil exécutif de l'Union africaine lors de son 31e sommet, ceci avec l'appui de Paul Kagame, président en exercice de l'UA depuis janvier 2018 et pour une durée d'un an".

Véronique Tadjo défendait plutôt l'idée d'une 3ème candidature, et s'en explique : "D’abord à cause des relations très tendues entre la France et le Rwanda depuis le génocide de 1994, les autorités de Kigali accusant le gouvernement de François Mitterrand d’avoir été proche des génocidaires hutus – ce que la France a toujours démenti. Ensuite parce qu’au Rwanda, en 2008, le français a été remplacé par l’anglais comme langue d’enseignement".

(Un proche de Louise Mushikawabo nous confiait pourtant que la tendance actuelle était de réintroduire le français dans les écoles rwandaises ainsi que lors des échanges commerciaux pour favoriser certains secteurs de l'économie, comme c'est le cas dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, ndlr).

Le Rwanda pas un exemple en matière des droits humains

Néammoins voilà l'un des arguments à charge repris par quatres anciens ministres français chargés de la Francophonie, Charles Josselin, Pierre-André Wiltzer, Hélène Conway-Mouret et André Vallini, qui publient une lettre ouverte dans le même quotidien du soir.

"Louise Mushikiwabo n’a pas sa place à la tête de la francophonie", s'insurgent-ils, "Y a-t- il au monde un pays moins bien placé que le Rwanda pour prétendre présider aux destinées de la francophonie linguistique ?"

L'autre raison invoquée dans ce texte pour contester cette candidature, et pas de moindres : la défense des droits humains, valeur, s'il en est, inscrite dans l'ADN de la francophonie, et pourtant tellement mise à mal aussi bien en terres francophones qu'ailleurs.

"Comment imaginer un seul instant que, après avoir fidèlement servi dix années durant une politique étrangère au service d’un seul homme et d’un seul régime, Louise Mushikiwabo va du jour au lendemain se faire le chantre de la démocratie ?", questionnent les signataires de cette tribune, qui enchaînent par une réponse au vitriol : "La pratique du Rwanda en la matière pourra certes lui servir de référence, tant les violations des droits de l’homme dans son propre pays sont nombreuses, qu’il s’agisse des changements apportés à la Constitution pour maintenir à vie son président au pouvoir, ou de la répression des opposants emprisonnés à Kigali, ou exécutés à l’étranger".

On comprend en lisant entre les lignes alors la réponse qu'elle apporte à ces critiques, quand l'AFP, dans un entretien repris ici dans Libre Afrique lui pose la question de savoir si la Francophonie devrait aller plus loin dans la dénonciation des régimes autocratiques, Louise Mushikiwabo déclare : "Je ne crois pas aux donneurs de leçon. Je crois beaucoup

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dans un système d’accompagnement, où on écoute, où on pose des questions, où on prodigue des conseils. Pour moi, la meilleure manière de gérer notre mission par rapport à la démocratie et aux libertés, c’est de se tenir tout près des États, de leur donner conseil, quelques fois même de les aider".

La langue française a des atouts

Alors pourquoi quitter un fauteuil de ministre au Rwanda, pour celui de l'OIF ? Si sa candidature a surpris, selon Jeuneafrique.com, l'intéressée, elle, s'en explique : "Le principe de cette candidature a effectivement été d’abord discuté avec des pays amis, que je préfère ne pas citer, puis avec la France. J’ai pris le temps d’en parler avec le président Kagame et avec des collègues du gouvernement, et il nous a semblé que ce n’était pas une mauvaise idée".

Une "pas si mauvaise idée" qu'elle défend mi septembre sur le plateau de Tv5monde, "J'ai l'ambition de diriger une institution qui a beaucoup de pertinence sur le plan international".

"C'est un écosystème qui a besoin d'un ajustement au monde", ajoute la candidate.

A l'approche d'Erevan, la postulante a poursuivi son tour du monde, presque essentiellement francophone, de l'Asie en passant par l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre 2018 à New York. La ministre affiche aussi son aptitude aux voyages en 3.0 via les réseaux sociaux, et en bonne geek, elle a bien compris que sa campagne se jouait aussi sur les écrans numériques.

La décision du Canada et du Québec de lâcher Michaëlle Jean, à peine deux jours avant le coup d'envoi du sommet à Erevan n'a pu que la réjouir. C'est d'ailleurs sur twitter qu'elle a réagi.

Anglophone autant que francophone, Louise Mushikiwabo se veut la défenseure de la langue française, "L’omniprésence de l’anglais est peut-être inévitable, mais ça ne veut pas dire que la langue française ne peut pas faire valoir ses avantages, ses atouts. Je pense qu’il faut avoir une attitude beaucoup plus proactive".

"Proactive" tout-terrain, en français ou en anglais dans le texte, la candidate rwandaise n'hésite pas à semer elle-même les grains pour en récolter les fruits ».

Le Potentiel titre, sans mettre de gants « La France et sa Francophonie imposent Louise Mushikiwabo »

« C’est un choix politique de la France de Macron d’imposer la ministre rwandaise des Affaires étrangères à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

L’Hexagone veut se réconcilier avec le Rwanda de Kagame, en raison de son passé « sale

», affirme-t-on au Rwanda, pour son rôle joué dans le massacre de Tutsi en 1994.

En perte de vitesse en Afrique, à cause de la présence chinoise, le choix de Macron est tout aussi géopolitique, qu’on se le dise. Mais c’est une erreur de sa part lorsqu’il pense reconquérir l’Afrique en s’appuyant et faisant de cadeau contre nature au Rwanda. Ce pays de l’Afrique de l’est n’a rien de commun aux valeurs prônées par l’OIF, à savoir la promotion de la démocratie et le respect des droits de l’Homme.

Arrivé au pouvoir en 1994 à la suite d’un coup d’Etat militaire qui a coûté la vie à l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, Paul Kagame, 24 ans au pouvoir, tient sa longévité aux parodies électorales qui l’accréditent parfois de plus 90% de voix lors des élections. L’opposition rwandaise est réduite à sa plus faible expression, l’exercice de la liberté de l’opinion et de la presse est une denrée rare dans ce pays, plusieurs fois cités dans les rapports internationaux, comme bras déstabilisateur de la Régions de Grands Lacs, notamment dans ses ingérences en RDC et au Burundi. C’est à peu près l’image du pays qui va présider à la destinée de l’OIF.

Autant dire que l’œuvre humaine est toujours imparfaite quelles que soient les règles érigées en amont. Outre les valeurs démocratiques et humaines que la plupart des Organisations de défense de Droits de l’homme reprochent au Rwanda, Il est parfois bon de se rappeler que ce pays a cessé depuis plusieurs années d’être francophone. L’anglais a été adopté comme langue officielle. Depuis le Rwanda siège au Commonwealth. Si la raison de son basculement vers le monde anglophone était une décision politique, il va sans dire que son retour fracassant dans l’OIF relève également d’une décision politique.

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Reste que ce passage à force, à peine voilé de la France de Macron, jette le discrédit sur cette Organisation censée favoriser entre autres l’éclosion des régimes démocratiques fondés sur le respect des droits humains. Au finish, c’est la France et sa francophonie qui, pour des raisons arrangements particuliers, ont tout simplement fermé les yeux face à cet enjeu crucial ».

Au sujet de la Francophonie et du processus électoral en RDC, Le Potentiel titre encore en manchette « Mushikiwabo très attendue sur la crise congolaise ».

Ce quotidien écrit que la Rwandaise Louise Mushikiwabo a été finalement propulsée à la tête de l’OIF au détriment de la Canadienne Michaëlle-Jean. Au-delà de la polémique qui a opposé les deux prétendantes à ce poste, ce qui intéresse plus les Congolais c’est l’apport de l’OIF au processus électoral sinueux que pilote la Ceni, écrit Le Potentiel.

Il poursuit que la stabilité de la RDC et la sauvegarde de sa jeune démocratie sont un enjeu majeur tant pour l’OIF que pour le reste de la Communauté internationale.

Divers

« La vie et la diplomatie parlementaires entre la France et la RDC évoquées au Sénat », indique le Bulletin de l’ACP.

Selon l’Agence, les deux pays entendent explorer d’autres voies dans la cadre du développement durable où la France est déjà présente dans les services collectifs. Et le quotidien d’ajouter, le nouvel ambassadeur de France en RDC a pris ses fonctions au mois de mars dernier à Kinshasa où il a présenté ses lettres de créances au président de la République, Joseph Kabila Kabange.

« Appel à soutenir Emmanuel Shadary au Maniema », écrit encore le Bulletin de l’ACP.

Le secrétaire exécutif du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD/Maniema, Bushiri Makula, a appelé la population du Maniema à voter Emmanuel Shadary à l’élection présidentielle et au soutien des candidats de la circonscription électorale du territoire de Kibombo, aux législatives nationales et à la provinciale.

Pour l’ACP, Bushiri a lancé cet appel lors d’une matinée politique de la présentation des candidats auxdits scrutins. Il a demandé aux candidats d’être fidèles au parti et aux militants de rester attacher à ces candidats et au Chef de l’Etat, ajoute ACP.

Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.

L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacun de ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable.

Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout le processus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:

1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernier recensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiser des élections .

2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutre et apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.

3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en fin de mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personne consensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.

4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitement indépendant.

5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent être parfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats que des observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être,

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soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles ne concernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de « gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).

6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales et locales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours.

7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il ne saurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’on s’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple à l’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée.

L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectif de la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des pays africains eux-mêmes.

Presse et documents étrangers

Belgique-Congo: le “pas de deux” s’élargit à de nouveaux danseurs…

Colette Braeckman - Le Soir - le 4 octobre 2018

« Je t’aime, moi non plus… »Le «pas de deux » entre la Belgique et le Congo se poursuit, avec comme toile de fond les élections qui, officiellement, sont toujours prévues pour le 23 décembre prochain et que Bruxelles, plus que jamais souhaite « transparentes » et « inclusives ». Absence d’ambassadeurs dans les deux capitales, réduction des vols de Brussels Airlines, suspension de la coopération et surtout fermeture de la maison Schengen : officiellement, les relations entre Bruxelles et Kinshasa frôlent toujours le degré zéro.

Cependant, les « mouvements » se multiplient, qu’il s’agisse de l’activité diplomatique de Didier Reynders ou de l’irruption du Premier Ministre Charles Michel dans un dossier qu’il n’a en réalité jamais réellement quitté des yeux.

Dans cette « danse » quasi rituelle entre la Belgique et son ancienne colonie, de nouveaux partenaires ont été invités : avant l’Assemblée générale de l’ONU, Reynders s’était rendu en Angola, au Congo Brazzaville et en Afrique du Sud, dans l’espoir d’alerter les pays de la région sur les risques que présente la situation en RDC où les élections de décembre, mal préparées (budget insuffisant, machines à voter contestées…) et menées dans un climat plus répressif que jamais pourraient mener à une explosion. Il aurait été question de négocier un nouveau délai, à condition de « faire monter à bord » les deux célèbres exclus qui ont leur QG à Bruxelles, à savoir Jean Pierre Bemba et Moïse Katumbi…Pour contrecarrer l’offensive de Reynders auprès de l’ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, Emmanuel Shadary, le dauphin de Kabila et chef du parti présidentiel, s’est lui aussi rendu à Pretoria, avec pour mission de dénouer le noeud tressé par le ministre belge, qui veut écarter Kabila de toute nouvelle transition…

Dans les coulisses des Nations unies aussi, la danse s’est élargie : la « réunion de haut niveau » que souhaitait Reynders a été annulée, mais tenant compte de ses messages inquiétants, les membres du Conseil de Sécurité entament cette semaine une « descente

» sur le terrain congolais afin de prendre d’eux-mêmes la température. Glaciale, ici aussi : Kinshasa refuse tout soutien logistique de la Monusco au processus électoral et du matériel militaire destiné aux Casques bleus vient d’être bloqué.

Mais surtout, Charles Michel, à New York, s’est invité dans le débat. A vrai dire, il n’avait jamais été vraiment absent car, au niveau du Premier Ministre, le « canal du dialogue » était resté ouvert : par deux fois des conseillers diplomatiques s’étaient rendus au Congo afin d’éviter une rupture complète des relations et de prendre en compte l’intérêt des 3000 Belges vivant au Congo tandis que la ligne téléphonique entre Kabila et Michel a toujours été branchée. A New York, rencontrant Kabila durant une heure et demie, dont soixante minutes en tête à tête, Charles Michel a visiblement repris la main. Saluant les éléments

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neufs que représentent la perspective des élections et le retrait de Kabila au profit de son dauphin, il a évidemment souhaité que le scrutin soit « crédible » et « réaliste », mais il a aussi balisé la voie d’une désescalade.

Pour Charles Michel en effet, « la Belgique n’a pas vocation à s’immiscer dans les affaires intérieures du Congo », et veut jouer « un rôle positif » en matière de sécurité et de stabilité. A noter qu’au début de l’année, l’ambassadeur de Belgique à Kinshasa avait exprimé les mêmes intentions, pratiquement dans les mêmes termes, ce qui lui avait valu d’être d’abord désavoué par son ministre puis rappelé à Bruxelles, ayant « perdu la confiance » de Reynders….Pour Charles Michel, la désescalade passe aussi sur le plan verbal et il s’agît de mettre fin aux « déclarations outrancières » parfois diffusées depuis Kinshasa.

Mais surtout, le Premier Ministre entend prendre de la hauteur : en janvier prochain, la Belgique sera membre du Conseil de Sécurité et portera une attention particulière au dossier congolais tandis qu’aujourd’hui déjà, Bruxelles est sous pression car des partenaires européens, dont la France, s’impatientent de la fermeture de la maison Schengen. Alors que les citoyens congolais, privés de visa, sont les premiers pénalisés, le pouvoir de Kinshasa conditionne la réouverture de cette maison européenne mais gérée par des fonctionnaires belges, à un aval que Bruxelles donnerait au processus électoral…

La hauteur, Charles Michel la trouve aussi à l’international : il défend fortement le plan Juncker, qui entend, à terme, créer une sorte de zone de libre-échange entre l’Europe et l’Afrique et désamorcer la pression migratoire. Il multiplie aussi les contacts avec les chefs d’Etat de la région, qui passent fréquemment par Bruxelles, comme le président angolais Joao Lourenço ou Paul Kagame qui préside l’Union africaine. Le Rwanda, très concerné par l’évolution du Congo, représente une autre carte du Premier Ministre qui, indépendamment de la commémoration du génocide en avril prochain, entend se rendre à Kigali d’ici la fin de l’année.

En somme, il s’agît de maintenir la pression mais en y mettant les formes et en multipliant les partenaires régionaux, pour éviter l’embardée de trop…

L’avenir du Congo se joue sur trois terrains Colette Braeckman - Le Soir - le 4 octobre 2018

Sur le plan de la mobilisation, l’opposition a réussi, samedi après midi, à mobiliser sans incidents plusieurs milliers de personnes à Kinshasa. La défiance à l’égard des prochaines élections, toujours prévues pour le 23 décembre prochain, était générale. Les opposants ont rappelé leurs principaux griefs : une « machine à voter » contestée, un fichier électoral peu fiable, une Cour constitutionnelle qui serait « aux ordres ». Au-delà de ces griefs connus et largement partagés, et si l’on se rappelle que deux « poids lourds » Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi sont empêchés de se présenter, la seule question qui importe est celle de l’unité de l’opposition autour d’un candidat commun, rendue obligatoire par le scrutin à un tour. Le meeting de samedi a réussi à rassembler Felix Tshisekedi, le leader de l’UDPS, Vital Kamerhe ancien président de l’Assemblée nationale et leader de l’Union pour la nation congolaise, Martin Fayulu du parti ECIDE, l’ancien premier ministre Muzito en rupture avec le parti lumumbiste et recalé par la Cour constitutionnelle. Des messages des « invalidés » Bemba et Katumbi ont été lus, incitant à la fermeté. Cependant, aucun désistement en faveur d’un candidat unique n’a encore été annoncé. Cependant, l’idée d’un appel au boycott du scrutin fait son chemin. Mais elle n’a pas encore rallé tous les candidats surtout ceux qui, comme Félix Tshisekedi, croient encore avoir une chance de l’emporter contre Emmanuel Shadary, le dauphin de Kabila. Faut-il dire aussi que, parmi les ténors de l’opposition, la méfiance demeure extrême : certains ont déjà travaillé avec Kabila, d’autres ont négocié secrètement avec le pouvoir et tous soupçonnent leurs rivaux d’éventuels coups fourrés, comme, par exemple, participer à un gouvernement dit d’

«union nationale » qui gérerait un nouveau délai obtenu par consensus, une manœuvre qui permettrait au rusé Kabila d’encore gagner du temps… Lié à l’évolution de la situation politique, l’autre terrain sur lequel se joue l’avenir du Congo est le domaine sécuritaire. La révolte dite des Kamwina Nsapu dans le Kasaï, une lutte pour le pouvoir coutumier qui avait embrasé quatre provinces et fait plus de 3000 morts et 1,4 millions de déplacés semble sous contrôle, à l’issue d’une répression implacable, mais le feu pourrait reprendre.

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Par contre, à Beni, dans le Nord Kivu, la situation ne cesse d’empirer : des attaques attribuées au groupe ougandais ADF Nalu (de confession musulmane)ont fait plus de 20 morts le week end dernier et l’impuissance de la Monusco et de l’armée congolaise a été démontrée une fois de plus. Alors que des attaques se déroulaient dans des quartiers périphériques d’une ville déjà atteinte par l’épidémie Ebola- une grève générale a paralysé les activités durant 5 jours et les évêques ont exprimé leur indignation. Cette violence représente un autre élément de l’équation : l’existence d’une centaine de groupes armés, la composition hétérogène de l’armée congolaise où certaines unités sont dirigées par des officiers issus des diverses rébellions et demeurés fidèles à Kabila est, par elle-même, un facteur de risque important. C’est là que l’aspect diplomatique intervient : lorsqu’il est interrogé sur sa politique congolaise, le ministre Didier Reynders assure qu’il tente de prévenir le risque de guerre. Tous deux membres non permanents du Conseil de sécurité, la Belgique et l’Afrique du Sud seront donc aux manettes dans les temps à venir et à New York, Charles Michel a parlé de « désescalade »…

Tervuren: la réouverture du musée permet de revisiter les relations Europe Afrique

Colette Braeckman - Le Soir - le 4 octobre 2018

Voici quelques mois, le chorégraphe congolais Faustin Linyekula dansait sur la pelouse du Musée de Tervuren. Derrière lui, le bâtiment néo classique de Charles Girault, nimbé par le soleil couchant, brillait comme un écrin doré. Mais il était fermé, interdit au public pour rénovation. Des générations de Belges, durant les cinq ans que durèrent les travaux, furent ainsi privés de leurs souvenirs d’enfance, coupés de la silencieuse mémoire du passé colonial. Faustin Linyekula, lui, dansait son chagrin et devant les portes closes, les collections inaccessibles. Il clamait que la mémoire de son peuple dormait là, que l’une des statues fondatrices de son clan, jadis dérobée et emportée, reposait dans un tiroir ou une vitrine du musée et que cette perte ancienne avait coupé l’artiste de l’accès à son histoire….

Libyekula peut –être rassuré : le 8 décembre prochain, le musée, profondément transformé mais intact, rouvrira ses portes et plus de 500.000 pièces, ramenées du Congo et d’ailleurs en Afrique auront retrouvé leurs vitrines, leurs armoires bien classées, leurs collections mises à la disposition des chercheurs. Tout sera pareil mais tout aura changé : le vieux musée, inauguré en 1910 et dédié par Léopold II à la gloire de l’œuvre coloniale, aura fait peau neuve et profondément modifié son « récit ». Paradoxalement cependant, la narration de la « geste » coloniale sera plus lisible qu’avant, grâce au minutieux nettoyage des immenses fresques décorant les murs. C’est ainsi que l’on pourra à nouveau déchiffrer la longue liste des Belges morts au service de l’Etat indépendant du Congo, scruter (du côté du Rwanda…) la délimitation des frontières tracées par la guerre, la ruse, la négociation, relire quelques citations de Léopold II à propos de l’ « œuvre civilisatrice » que le temps et la poussière avaient rendues illisibles.

Face à ces témoignages de la pensée coloniale de l’époque, il y aura le présent : un long couloir reliant la nouvelle aile au musée proprement dit accueillera la grande pirogue au bois poli par des milliers de caresses, des œuvres d’artistes congolais contemporains comme Aimé Mpane répondront aux sculptures d’autrefois, tandis qu’une pièce close, ceinte de verre, accueillera côte à côte la célèbre statue de l’homme-léopard et, détrônés, les bustes des officiers qui menèrent la conquête coloniale.

Les blessures et les malentendus de l’histoire

Lorsque le musée rénové aura rouvert ses portes, une autre page s’ouvrira dans les relations entre la Belgique et le Congo mais plus largement entre l’Europe et l’Afrique. Un colloque organisé à Bruxelles par le Musée, l’Institut Egmont, la Fondation Roi Baudouin, qui a rassemblé plus de 150 orateurs et invités parmi lesquels 40% d’Africains, a cependant démontré les difficultés de cette gestation, où le monde ancien a de la peine à mourir tandis que le nouveau tarde à naître…Durant deux journées intenses, riches, émouvantes souvent, des historiens, des hommes de terrain, des acteurs du développement, des artistes, de nombreux représentants des diasporas africaines ont confronté leurs mémoires, rappelé les innombrables malentendus de l’histoire et les persistantes injustices du présent. Certes, un homme sage comme David Van Reybrouck, dans ses propos

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d’ouverture, a brillamment souligné qu’il fallait « élargir la focale », «zoomer autrement » et ne pas se concentrer uniquement sur le legs d’un 19 e siècle marqué par les conquêtes coloniales. Il a rappelé que l’histoire du monde est tissée d’empires qui se font et se défont, de guerres qui se succèdent, de spoliations et de rancunes que le temps finit toujours par dissoudre… Jean-François Bayart, invoquant Bergson et ses travaux sur la mémoire, a lui aussi évoqué les politiques d’oubli ou de contournement du passé, ou, au contraire, le ressassement de la rancune qui, en Afrique ou en Israël, imprègne certaines politiques nationales. De son côté, l’historien Pascal Blanchard, le premier à avoir monté des expositions sur les « zoos humains », a assuré qu’il ne fallait pas avoir peur du conflit, du choc des mémoires et des souffrances.

De fait, les deux jours de ce colloque ont démontré, au fil de nombreuses interventions, combien mal guéries, voire toujours purulentes, étaient les cicatrices du passé. L’actuelle

« crise migratoire » en est la dernière illustration, où ceux qui viennent du Sud sont des « migrants » tandis que ceux qui, venus du Nord, s’installent en Afrique demeurent des « expatriés »…Les difficultés rencontrées par les diasporas africaines en Europe sont tout aussi révélatrices tandis que les concepts même de « développement » , de pays « avancés

» ou « moins avancés » voire de croissance, doivent être remis en question…

En fait, tout a bougé : l’Europe des anciennes puissances coloniales n’est plus pareille, elle s’est ouverte sur les pays de l’Est du continent qui n’ont à l’égard de l’Afrique ni passé ni culpabilité. L’Afrique elle-même est entrée dans la mondialisation et à l’heure même où Tervuren s’interroge sur sa vocation et son avenir, on apprend, presque fortuitement, qu’à Kinshasa la Corée du Sud est en train de construire un musée qui accueillera les artistes congolais contemporains mais qui tentera aussi de récupérer des chefs d’œuvre du passé conservés dans les musées d’Europe et chez les collectionneurs privés et les marchands d’art.

Comment restituer le butin colonial

Au-delà des éternels débats sur l’inégalité des rapports Nord Sud, sur le racisme et les discriminations qui persistent dans les sociétés européennes, sur la nécessité de revisiter et d’enseigner le passé colonial, un sujet est apparu aussi conflictuel qu’inéluctable : ainsi que l’a exprimé Robert Mazozera, le directeur des musées du Rwanda, il faudra tôt ou tard penser à la restitution des œuvres emmenées comme butin colonial, souvenirs missionnaires ou objets de trafics en tous genre. Expéditif et peu soucieux des lois de la République qui garantissent l’incessibilité des biens publics, le président Macron a déclaré récemment que d’ici cinq ans la restitution des œuvres africaines devrait être terminée ! Les Hollandais, plus avisés, ont entrepris le dialoguer avec les Indonésiens, les Allemands, qui ont déjà géré la restitution des biens volés aux Juifs par les nazis, abordent la question avec sérénité.

A Tervuren, riche d’un demi-million d’œuvres venues d’Afrique et de 10 millions de spécimen de la flore et de la faune, la question est brûlante, mais Guido Gryseels le directeur du musée l’aborde avec sérénité et ouverture d’esprit : les contacts avec la diaspora africaine sont constants, il y a de nombreuses manières de rendre les œuvres accessibles au public du Congo (la restitution mais aussi des expositions itinérantes ou temporaires, la digitalisation…). Clôturant ces deux journées «hors format », le Ministre des Affaires étrangères Didier Reynders a appuyé, sur le principe, l’ « esprit » de la restitution, du partage, de la transmission. Mettant l’accent sur la nécessité d’une autocritique parfois absente des débats, il a cependant rappelé que s’il fallait sans aucun doute prendre ses distances avec le colonialisme et ses séquelles, il ne fallait pas pour autant justifier ou exonérer les exactions commises en Afrique après les indépendances.

Auparavant, Smokey, le rappeur du Burkina Faso qui, à la tête du mouvement « le Balai citoyen » avait mené au renversement de Blaise Compaoré, avait clairement posé la nouvelle équation des relations entre l’Afrique et l’Europe : « crise migratoire, problèmes de visas, histoire écrite par les vainqueurs blancs, non reconnaissance des crimes coloniaux, cela suffit : il faut avoir le courage de la rupture. » Tout en ajoutant aussitôt :

« s’il faut prononcer le divorce, c’est pour mieux pouvoir se remarier… » Aux cotés de Mukwege, les femmes du Kivu et de partout

Colette Braeckman - Le Soir - le 5 octobre 2018

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Lorsqu’il recevra à Oslo le Prix Nobel de la Paix, la plus haute haute distinction internationale, Denis Mukwege ne sera pas seul. A ses côtés peut-être et dans son cœur certainement, seront présentes des dizaines de milliers de femmes du Kivu. Ces femmes qu’il a passé sa vie à « réparer » physiquement et psychologiquement, à soutenir moralement, à défendre sur tous les fronts, toutes les tribunes, pour que leur souffrance ne demeure pas ignorée. Ces femmes de l’Est du Congo -et avec elles toutes les femmes du monde victimes de violences comparables- n’ont pas seulement été les bénéficiaires de l’engagement du médecin de Panzi. Elles ont été la source de son courage et de sa force.

Alors qu’il fut menacé, obligé de s’exiler provisoirement, qu’il fut ignoré par un pouvoir qui redoutait son franc parler et l’accusait même d’ « exagération », c’est pour une raison très simple que le docteur a refusé les offres d’asile à l’étranger et les postes prestigieux : les femmes du Congo avaient besoin de lui ! Mais en plus, l’enfant de Kaziba, le simple citoyen congolais qu’il est resté, avait besoin de demeurer proche des siens, de partager les combats de son peuple.

Car le peuple congolais ne s’est jamais résigné à l’injustice dont il était victime : c’est de l’Est que sont partis les mouvements de rébellion contre Mobutu, c’est au Kivu qu’est née la société civile qui fut le moteur de la conférence nationale, c’est là aussi que s’organisa la résistance à l’occupation étrangère et que l’on refusa la balkanisation du pays.

Aujourd’hui encore, c’est à Goma et à Bukavu que sont nés des mouvements citoyens tels que la Lucha, ainsi que les « Chemins de la paix » impulsés par le docteur Mukwege lui- même et tant d’autres associations.

Le médecin de Panzi est le produit de cette société là, d’un peuple fier qui, comme le dit l’hymne national congolais, a «eu longtemps le front courbé » mais sans jamais renoncer à se redresser. Joignant le témoignage et le plaidoyer du pasteur à l’action concrète sur le terrain, Mukwege est un digne fils du Congo et l’hommage qui lui est rendu rejaillit sur tous ses compatriotes, trop souvent caricaturés ou méconnus. La plus haute distinction que représente le Prix Nobel renforce aussi le combat pour la démocratie qui se mène en ce moment au Congo à quelques semaines des élections.

Mais la dimension du prix Nobel dépasse aussi les dimensions de l’Afrique centrale : si le docteur Mukwege est ainsi reconnu et salué, c’est aussi parce qu’il se bat pour toutes les femmes du monde. Un an après l’apparition du phénomène des « metoo », le viol n’est plus un sujet tabou et l’on s’aperçoit enfin du caractère universel de cette arme utilisée ici pour la domination et là pour la destruction massive…

La victoire de Mukwege, c’est aussi celle de toutes ces femmes qui, au Kivu et ailleurs dans le monde, ont osé parler à voix haute, nommer leurs tortionnaires ou leurs abuseurs et revendiquer leur dignité.

Mukwege Prix Nobel: la victoire d’un Congolais de base Colette Braeckman - Le Soir - le 5 octobre 2018

Même si depuis quelques années il parcourt le monde et est écouté par les plus grands, Denis Mukwege est d’abord un enfant du village, un fils des montagnes de l’Est du Congo.

Sa famille est originaire de Kaziba, au sud de Bukavu et son père sera l’un des premiers pasteurs protestants à être autorisé par le colonisateur belge à s’installer dans la périphérie de Bukavu. Lorsqu’il accompagne son père dans ses tournées pastorales, je jeune Denis estime que, face aux malades, aux mourants, les prières ne suffisent pas et il décide de devenir médecin. Puisqu’il adore les enfants, il sera pédiatre et obtiendra son diplôme de médecine à l’Université de Bujumbura. Mais lorsqu’il regagne le Sud Kivu pour effectuer son stage de jeune médecin, une autre réalité le frappe : mal nourries, épuisées par le travail des champs, enchaînant les grossesses, les jeunes mères arrivent souvent trop tard à l’hôpital, transportées sur des brancards le long des sentiers escarpés. Le jeune stagiaire décide de changer de cap et, au vu de la détresse des femmes, il reprend des études de gynécologue obstétricien à l’Université d’Angers. Il s’y révèle exceptionnellement doué pour les opérations les plus délicates et malgré la situation difficile qui prévaut dans son pays où s’achève le long règne du président Mobutu, il refuse les offres d’emploi en Europe et décide de s’installer à Lemera, dans un hôpital construit par les églises protestantes. Sa famille vit à Bukavu et chaque week end, le jeune médecin quitte sa brousse pour rejoindre

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le siens, en bus ou à pied à travers les collines.

Dès le début de sa carrière, Denis Mukwege est un homme qui côtoie la détresse la plus profonde tout en réussissant, sur le plan personnel, à déjouer tous les obstacles et à bénéficier de circonstances exceptionnelles, que certains appellent la chance et où lui, croyant fervent, voit la main de Dieu. C’est ainsi qu’en 1996 déjà, alors qu’il vient de quitter son hôpital de Lemera, appelé à Bukavu par une urgence, il apprend que les rebelles venus du Rwanda ont attaqué l’établissement, massacré les malades et le personnel soignant ! Son hôpital ayant été détruit, le gynécologue, durant quelque temps devient médecin de guerre. On le retrouve à Goma, et même à Kisangani où affluent les fuyards de la première guerre du Congo.

Mukwege est ainsi l’un des premiers témoins de ces immenses massacres qui se déroulent dans le secret des forêts congolaises et qui seront consignées dans le « rapport Mapping » soigneusement tenu secret dans les armoires de l’ONU. . Alors déjà il tente de rompre le silence, mais le temps d’être écouté n’est pas venu. Lorsque les églises protestantes construisent un nouvel hôpital à Panzi, qui n’est alors qu’un village au sud de Bukavu, les femmes affluent et, au début des années 2000, le gynécologue s’alarme d’un phénomène nouveau dans la région : ses patientes ne souffrent pas seulement de grossesses difficiles, elles présentent des lésions dues à des violences sexuelles qui s’apparentent à des actes de torture.

Grand, de longues mains habiles qui pourraient être celles d’un pianiste, Mukwege est un homme qui sait soigner, recoudre, panser les plaies. Il est aussi un homme qui, durant des heures, avec émotion et empathie, est capable d’écouter et de compatir. Longtemps enfermées dans le silence et la honte, les femmes, enfin, se confient.

Durant ces années de guerre et de terreur, Mukwege, dans le secret de sa salle de consultations, est l’un des seuls à recueillir des récits horrifiants, à constater, de visu, les effets d’une barbarie inouïe. Les femmes qui se présentent à lui n’ont pas seulement été violées par des hommes agissant en bandes, elles ont été mutilées avec des armes de guerre, déchirées à la baïonnette ; leurs vagins ont été brûlés avec des produits chimiques, déchiquetés par des grenades. Sous les yeux impuissants du mari humilié, des enfants traumatisés à vie, les femmes ont subi des violences extrêmes et Panzi est le dernier havre où elles peuvent se réfugier. A longueur de journée, Mukwege soigne, répare, écoute. Il prie aussi, se demande comment une telle cruauté a pu déferler sur la région, mise en œuvre par des groupes armés venus du Rwanda mais aussi, gagnés par l’épidémie de violence, par des miliciens congolais. A la fin, le médecin de Panzi, qui est aussi un pasteur protestant, décide de mettre un autre de ses talents au service des femmes de son pays : il parle aux journalistes, il prend le monde à témoin et la colère aiguise son éloquence.

Inlassablement, Mukwege explique ce phénomène nouveau que représente le viol comme arme de guerre et il essaie d’en comprendre les causes, l’appétit que suscitent les ressources naturelles de l’Est du Congo et en particulier le désormais fameux « coltan », ce colombo tantalite utilisé dans la fabrication des portables et ordinateurs…

A force d’être répété, médiatisé, le témoignage du docteur finit par émouvoir le monde.

Grâce à Mukwege, plus personne ne peut dire qu’il ne savait pas, nul n’ignore plus qu’une sale guerre s’est longtemps menée dans l’Est du Congo pour le contrôle des ressources naturelles. Si les actions concrètes tardent à se manifester, si la traçabilité des minerais du Congo s’avère difficile à mettre en œuvre,en revanche les hommages commencent à se multiplier, saluant l’action du docteur qui, perplexe, se demande parfois si tant de louanges ne sont pas aussi un alibi pour ne rien faire de plus concret…

Le Prix Roi Baudouin, puis le Prix Sakharov, la plus haute distinction européenne, ouvrent la voix à cette reconnaissance internationale et, frôlant plusieurs fois le prix Nobel de la Paix, jusqu’à la consécration finale, Denis Mukwege devient, avec plus de 30 distinctions internationales, le plus connu, le plus honoré de tous les Congolais. Mais dans son pays, le médecin de Panzi, avec son franc parler, son prestige, son intransigeance d’homme d’action et de témoignage, en dérange plus d’un. Le docteur échappe à une tentative d’assassinat, les jaloux sont nombreux, les medias officiels de son pays se gardent bien de lui donner la parole, le pouvoir s’offusque de ses dénonciations et souligne les efforts déployés pour améliorer la situation.

Kinshasa comprend mal que Mukwege est aussi un citoyen. Il ne se contente pas de soigner

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les plaies du corps, de tenter de restaurer l’intégrité physique et psychique des femmes, il veut aussi s’attaquer aux causes du « mal congolais » et débouche, fatalement, sur le terrain politique, où il plaide pour une « transition sans Kabila » exprimant toute sa défiance à l’égard du pouvoir actuel…

Ce Prix Nobel qui couronne aujourd’hui toute une vie consacrée à la lutte contre les violences sexuelles et à la dénonciation de leurs causes, accorde enfin au fils du pasteur de Kaziba, au médecin de Panzi, la reconnaissance qu’il mérite. Puisse-t-il aussi raviver l’intérêt du monde pour le peuple congolais, qui attend depuis si longtemps que justice lui soit rendue, qu’il s’agisse de son droit à la démocratie ou du bénéfice des ressources naturelles du pays…

Mukwege, le Nobel qui embarrasse Kinshasa Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 07 Oct 2018

Le célèbre gynécologue congolais vient de recevoir, avec l’Irakienne Nadia Murad, le prix Nobel de la paix 2018. Un prix à connotation politique, qui remet en selle l’option d’une transition sans Joseph Kabila, prônée par Denis Mukwege, afin

’éviter des élections frauduleuses en décembre prochain.

« L’homme qui répare les femmes », « docteur miracle »… les surnoms ne manquent pour l’un des Congolais les plus connus et respectés de la planète. Il faut dire que cette distinction est amplement méritée. Denis Mukwege, a passé sa vie au service des femmes victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo (RDC). Depuis 1996, dans son hôpital de Panzi, installé dans l’Est du pays, le célèbre gynécologue opère chaque jour plusieurs femmes dont les organes génitaux ont été détruits dans des viols collectifs.

Depuis la fin du génocide rwandais en 1994, l’Est du Congo est le théâtre d’un conflit sans fin. Les combattants des nombreuses milices, qui pullulent encore dans la région, ne font aucune distinction, violant aussi bien les femmes âgées que les fillettes, parfois âgées d’à peine quelques mois.

« La région où je vis est l’une des plus riches de la planète (…) mais où le corps des femmes est devenu un véritable champ de bataille, et le viol est utilisé comme une arme de guerre », avait déclaré le docteur Mukwege en 2014, lors de réception du Prix Sakharov devant le Parlement européen. Plusieurs fois menacé de mort, Denis Mukwege avait fui la RDC en 2012 après une tentative d’assassinat. Depuis, il est revenu poursuivre son travail à Panzi sous protection de l’ONU.

Critique envers le pouvoir

Mais si la personnalité de Denis Mukwege fait l’unanimité à travers le monde, à Kinshasa, le pouvoir reste mesuré dans le concert de louanges. « Le gouvernement félicite Denis Mukwege du travail important et significatif qu’il fait en faveur de nos compatriotes, particulièrement des femmes victimes de violences sexuelles », a déclaré le porte-parole Lambert Mende sur la radio onusienne Okapi. Avant de nuancer : « Nous avons parfois des questions à nous poser sur la tendance qu’il a eu parfois à vouloir politiser cette action humanitaire et nous l’avons à chaque fois rappeler à l’ordre ». Et d’enfoncer le clou :

« Denis Mukwege est un fonctionnaire de l’hôpital de Panzi. Si nous avions des doutes sur le travail qu’il fait, cela fait longtemps qu’il aurait été dégagé de ses responsabilités ».

Le célèbre gynécologue a toujours été très engagé politiquement. Très critique, il n’a jamais mâché ses mots contre le pouvoir congolais qui l’accuse d’être instrumentalisé par l’opposition. Car même si le président Joseph Kabila a décidé de ne pas passer en force et de désigner un « dauphin » pour lui succéder, Denis Mukwege pense qu’il n’y aura pas d’élections crédibles et transparentes cette année. « Tout est mis en œuvre, soit pour ne pas organiser les élections, soit pour tricher » dénonçait déjà le médecin avant de recevoir son Nobel de paix. Une position partagée par la majorité de l’opposition, qui exige le retrait de la machine à voter (possible source de fraude), et le nettoyage du fichier électoral, dans lequel 10 millions d’électeurs seraient inscrits sans empreintes digitales.

Le retour de la transition sans Kabila

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Face au spectre d’élections chaotiques, le docteur Mukwege prône une période de transitoire, sans Joseph Kabila : « Ils doivent rendre le pouvoir à une transition qui va organiser des élections réellement libres, équitables et crédibles. Cette transition doit aussi poser les bases d’une démocratie solide. » Et face aux nombreux retards déjà pris dans l’organisation du scrutin et aux manques de moyens financiers, il paraît tout à fait possible que les élections de décembre soient reportées pour la troisième fois. Et en cas de nouveau

« glissement » du calendrier, la communauté internationale pourrait pousser une personnalité « neutre » à la tête de la transition.

Avec son nouveau statut de Nobel de la paix, Denis Mukwege ferait office de favori. Le médecin coche en effet toutes les cases : issu de la société civile, intègre, multi récompensé pour son action en faveur des droits de l’homme, reconnu internationalement, sans compromission avec le pouvoir… Denis Mukwege se positionne désormais en recours possible en cas de nouvelle transition politique en République démocratique du Congo. En septembre 2017, le gynécologue s’était déjà déclaré « disponible » pour servir son pays.

Avec son nouveau prix Nobel, Denis Mukwege remet sur le tapis l’option d’une nouvelle transition, un temps balayé pour l’opposition dans l’espoir de remporter les élections. Mais face au chaos électoral qui s’annonce, et à la disqualification de Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi, les deux principaux leaders de l’opposition, le scénario d’une transition sans Kabila revient sur la table.

Message de l’opposition à la mission de l’ONU « Ne cédez pas au chantage de Kabila »

La Libre Afrique - le 07.10.2018,

Les sept leaders de l’opposition en République démocratique du Congo (Matungulu, Fayulu, Tshisekedi, Katumbi, Kamerhe, Muzito et Bemba) ont adressé un mémo commun à la délégation du conseil de sécurité des Nations unies en visite à Kinshasa.

Quatre pages dans lesquelles ils dressent le bilan sans fard de la situation actuelle en RDC, tout en rappelant leur détermination à participer au processus électoral et à désigner un candidat unique de l’opposition si « les élections sont inclusives, libres, crédibles et transparentes » avant de reconnaître que ‘l’actuel processus conduit par la CENI et le pouvoir n’accorde aucune garantie (…) Des risques qui, à défaut d’être endigués, compromettent durablement la sécurité et la stabilité dans la sous-région ».

Les leaders de l’opposition passent ensuite en revue une série de points qui démontrent la volonté de l’Etat de ne pas permettre une organisation sereine et crédible de ce scrutin du 23 décembre prochain.

Un bilan bien sombre qui va du manque évident, par la mauvaise volonté de pouvoir, de restructuration de l’armée, à l’instrumentalisation des institutions (mobilisation des outils de l’Etat pour empêcher Moïse Katumbi de rentrer au pays) et de la CENI (disqualification des candidats Bemba et Muzito, imposition de la machine à voter refus de réviser le fichier électoral,…). Les leaders de l’opposition insistent aussi sur le fait que le régime illégitime de Joseph Kabila n’a pas les moyens de ses ambitions et est incapable d’organiser seul ce scrutin par manque de moyens. Autre élément qui va précipiter l’échec de ce rendez-vous électoral.

Fort de ces constat les 7 leaders de l’opposition proposent une série de solution : retrait de la machine à voter, réexamen du fichier électoral, mise en œuvre immédiate du chapitre

« décrispation » prévu dans l’Accord de la Saint Sylvestre, participation effective des candidats exclus, déploiement d’observateurs internationaux, d’une force régionale,…

Les sept recommandent aussi à la délégation du Conseil de sécurité d’exiger l’exécution des résolutions 2348 et 2409, de ne pas céder au chantage à la souveraineté d’un gouvernemnt sans légitimité de Joseph Kabila, de reconduire le mandat de la Monusco et de s’investir dans la prévention de la dégradation continue de la situation de la RDC pour éviter le chaos électoral orchestré par Kabila.

Néhémie Mwilanya: « on ne nous dit toujours pas exactement ce qu’on reproche à cette machine à voter »

Alain Diasso - Adiac-Congo (Brazza) – le 09-10-18

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Le directeur de cabinet du chef de l'Etat estime que toutes les critiques formulées jusque- là par l’opposition sont révélatrices de sa peur d'aller aux urnes.

Face à la délégation du Conseil de sécurité de l’ONU qu’il a reçue le 7 octobre en matinée, en sa qualité de l'une des personnalités influentes du Comité stratégique du Front commun pour le Congo (FCC), Néhémie Mwilanya a réaffirmé la volonté de sa plate-forme d’aller aux élections pour lesquelles elle s’est préparée de longue date.

Concernant le consensus que prône le Conseil de sécurité autour de la machine à voter, le directeur de cabinet de Joseph Kabila, s’exprimant devant la presse, a préféré responsabiliser la Commission électorale nationale indépendante (Céni) en tant qu'organisatrice des élections. Entendu qu’il s’agit là d’une matière technique, Néhémie Mwilanya a souigné que seule la voix de la Céni qui dispose d’une expertise à ce sujet mérite d’être écoutée.

« Nous avons la Céni qui est le pouvoir organisateur des élections, ce pouvoir il le tire de la Constitution et nous devons lui faire confiance. (…) Donc, nous n’avons pas d’avis particuliers à donner vis-à-vis de la machine à voter », a-t-il laissé entendre.

Quant au dialogue proposé par le Conseil de sécurité, il a allégué que sa famille politique

« a suffisamment dialogué en RDC mais aussi trouvé des consensus sur les questions essentielles qui permettraient l’organisation des élections ». D’où l’inopportunité de tenir un nouveau dialogue qui, d’après lui, n’apporterait rien de consistant en termes d’avancée du processus électoral.

Dans la foulée, il s'est interrogé sur les raisons qui justifieraient le rejet de la machine à voter. « Nous constatons que depuis qu’on parle d’elle, on ne nous dit pas toujours exactement ce qu’on reproche à cette machine à voter et nous commençons à nous convaincre de l’idée qu’il y a manifestement une équipe qui n’a pas envie de jouer mais nous si », s’est-il exprimé.

Le directeur de cabinet du chef de l’État considère, par ailleurs, que toutes les critiques formulées par l’opposition contre le processus électoral sont des faux-fuyants qui traduisent la peur de l’échec qui la gangrène, à quelques semaines des scrutins.

« Ce n’est pas de ce côté-ci qu’il faut chercher des préalables, cherchez-les du côté de ceux qui trouvent des raisons, des prétextes de ne pas aller aux élections. Parce que naturellement, ils sont convaincus quand même que le rouleau compresseur du FCC ne leur laissera aucune chance », a-t-il ironisé.

Réunion de la Conférence Interministérielle de Politique Etrangère COMMUNIQUE DE PRESSE du gouvernement belge – le 09-10-18

La Conférence Interministérielle de Politique Etrangère (CIPE) a décidé aujourd’hui, sous la présidence du Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères et européennes Didier Reynders, d’établir un groupe de travail technique pour se pencher sur les incertitudes concernant le statut de certaines écoles belges à l’étranger – en ce compris les écoles belges en République Démocratique du Congo. Ce groupe de travail sera composé de représentants du SPF Affaires étrangères et des communautés. D’autres départements de l’administration fédérale y seront également associés.

Les ministres ont également débattu de questions européennes, dont les négociations du Brexit. De l’avis de la CIPE, il est nécessaire de prendre les dispositions requises pour s’apprêter au départ prévu du Royaume-Uni de l’Union Européenne. La CIPE souhaite parvenir à une nouvelle relation ambitieuse avec le Royaume-Uni, fondée sur une collaboration poussée comprenant notamment une collaboration douanière efficace.

La CIPE se réunit sous la présidence du Ministre des Affaires étrangères et rassemble des représentants de l’Etat fédéral et des gouvernements des entités fédérées afin de discuter de sujets de politique étrangère.

RDC – Tryphon Kin-Kiey Mulumba : « Kabila a été victime d’un complot » Pierre Boisselet - Jeune Afrique – le 09 octobre 2018

Esquisse de leur programme, machine à voter, fichier électoral... Vingt-un candidats en lice pour la présidentielle du 23 décembre en RDC se livrent chaque semaine à Jeune

Afrique. Entretien du jour avec Tryphon Kin-Kiey Mulumba.

Difficile de comprendre le positionnement de Tryphon Kin-Kiey Mulumba. Il y a quelques années encore, cet ancien ministre des Postes, puis des Relations avec le Parlement, faisait

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figure de partisan zélé du président Joseph Kabila, appelant de ses vœux un troisième mandat avec son mouvement « Kabila désir ».

En août dernier, il n’a pourtant pas attendu de connaître le choix du président pour se porter candidat à la magistrature suprême. À 69 ans, ce natif de Masimanimba s’élance donc face à Emmanuel Ramazani Shadary, candidat désigné par son mentor, à qui il continue pourtant de se dire fidèle…

Jeune Afrique : Vous venez de la majorité. Mais vous vous êtes présenté avant que son candidat soit connu. Êtes-vous en rupture avec cette famille politique ? Tryphon Kin-Kiey Mulumba : Je me suis présenté en réaction au traitement que l’élite congolaise réservé au président Kabila, que je trouve injuste. Il a été l’objet d’un complot, qui a abouti avec la désignation d’un dauphin. J’ai vu les événements venir. Et je me suis présenté contre cela.

Le dauphin investi par le Front commun pour le Congo (FCC), Emmanuel Ramazani Shadary, a pourtant été désigné par Joseph Kabila lui-même…

Avant son arrivée au pouvoir, Kabila ne connaissait ni le jeu, ni les joueurs, ni même la langue de Kinshasa. C’est pourtant lui que l’élite a décidé de porter au pouvoir, pour le manipuler. Il a dépensé toute sa jeunesse au service du Congo et l’élite ne l’a pas aidé.

Lorsqu’il en a pris conscience, il était encore jeune, mais, déjà, on lui a montré la sortie.

Pourtant, dans notre région, l’Afrique centrale, des troisièmes ou quatrièmes mandats ont été accordés au nom de la stabilité et les questions de sécurité. Kabila a été sacrifié.

JE ME SUIS PRÉSENTÉ AVANT QUE L’ON CONNAISSE SON NOM. AVEC RAMAZANI SHADARY, JE PARTAGE DES VALEURS

Pour vous, Joseph Kabila est une victime ?

Bien sûr. On ne l’a pas aidé. Il a été détruit non seulement par l’opposition, mais surtout la majorité. Regardez qui se trouve aujourd’hui dans l’opposition : c’est la majorité ! Aujourd’hui, le seul vrai opposant est Félix Tshisekedi.

Vous même vous vous présentez contre le candidat du FCC. Où vous situez-vous : dans l’opposition ou la majorité ?

Je ne me présente pas contre le candidat du FCC. Je me suis présenté avant que l’on connaisse son nom. Avec Ramazani Shadary, je partage des valeurs. Nous avons été au bureau politique ensemble. Mais je ne suis pas au FCC.

Envisagez-vous de vous désister en faveur de Ramazani Shadary ? Pareille idée ne m’a jamais traversé l’esprit.

Réclamez-vous comme l’opposition des mesures pour assurer la transparence de cette élection ?

Bien entendu.

IL Y A UN ACCAPAREMENT DE LA RTNC, LE SEUL MÉDIA DISPONIBLE DANS TOUT LE PAYS

Lesquelles ?

Je déteste la façon dont la communication officielle est conduite, avec un accaparement de la RTNC, le seul média disponible dans tout le pays. Les meetings en province ne sont autorisés qu’aux proches du pouvoir. Je trouve cela déplorable.

Je note que personne ne veut de la machine à voter. Et qu’il y a un débat sérieux sur les fameux électeurs sans empreinte. Il faut de la transparence.

Emmanuel Ramazani Shadary a-t-il les qualités requises pour diriger ce pays ? Je crois que Ramazani a été choisi par le président de la République malgré lui. Le premier choix était [l’ancien Premier ministre] Matata Ponyo. Mais il n’a pas été aidé par les ténors de sa province.

Êtes-vous toujours en contact avec Joseph Kabila ?

Plus depuis quelques mois. La dernière fois que je l’ai vu, c’était à l’issue d’un bureau politique à Kingakati. Il m’a fait l’honneur de me prendre par la main et de faire un tour d’une quinzaine de minutes dans le jardin avec moi.

C’était avant la réunion des regroupements politiques du mois de mai. Depuis, il m’a envoyé plusieurs fois des messages très positifs par l’intermédiaire d’Aubin Minaku. Mais je n’ai pas eu de contact téléphonique.

J’AI UN FIEF. ET AUCUN CANDIDAT AUJOURD’HUI N’A CE PROFIL

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Pouvez-vous résumer en une phrase les dix-sept années de pouvoir de Joseph Kabila ?

Joseph Kabila est l’homme qui a entrepris de donner une image moderne du Congo, avec ses cinq chantiers et sa révolution de la modernité. Malheureusement, les fonds chinois ne sont pas venus et il a vu se déployer devant lui un déluge de mensonge de l’élite politique.

Pour quelle raison les Congolais doivent-ils voter pour vous ?

J’estime être le candidat le plus crédible. J’ai été élu député national indépendant à une époque où on disait qu’un candidat indépendant n’avait aucune chance.

Je viens d’une province, le Kwilu, au Bandundu, qui est un swing state, sans lequel aucun président ne peut être élu. J’ai un fief. Et aucun candidat aujourd’hui n’a ce profil. Je veux recréer le consensus et la cohésion perdue pour redonner du rêve à ce pays. Et puis, on parle d’alternance. Mais faisons l’alternance jusqu’au bout.

Que voulez-vous dire ?

Une élection est aussi une question sociologique…

Vous voulez dire qu’il faut une alternance Est-Ouest ? [il ne répond pas]

Affaire des « mercenaires » – Me Dupond-Moretti : « Je ne reconnais pas à ces juges le droit de juger Katumbi »

Trésor Kibangula - Jeune Afrique – le 09 octobre 2018

À la veille de la reprise du procès de Moïse Katumbi devant la Cour suprême de justice de la RDC, dans l'affaire dite du recrutement de présumés mercenaires, Me Éric Dupond-

Moretti a dénoncé le 9 octobre une « pitrerie » Il s'en explique à Jeune Afrique.

C’est un Éric Dupond-Moretti « exaspéré » qui a réagi, le 9 octobre, à la veille de la reprise du procès de son client Moïse Katumbi. Ce dernier est poursuivi devant la Cour suprême de justice de la RDC pour atteinte à la sûreté nationale dans une affaire de recrutement de présumés mercenaires étrangers.

Après la première brève audience de fin juin, le procès devrait reprendre le 10 octobre sans le principal accusé, toujours contraint à l’exil.

Jeune Afrique : Qu’attendez-vous de ce procès ?

Me Éric Dupond-Moretti : Le droit international, à Genève, a déjà tranché la question. À Kinshasa, ils ne cherchent qu’à instrumentaliser la justice et une partie de l’opinion publique. La mascarade continue. D’ailleurs n’y avait-il pas un autre degré de juridiction avant d’arriver à la Cour suprême de justice ? C’est scandaleux ! Que comptent-ils faire cette fois-ci ? Mettre de nouveau un pistolet sur la tempe des juges ? Ce qui se passe n’a rien à voir avec la justice.

Votre client, Moïse Katumbi, a-t-il été, cette fois-ci, régulièrement saisi ?

Il n’y a rien qui soit régulier dans cette affaire. Moïse Katumbi a écrit [le 20 juillet, ndlr] au ministre des Affaires étrangères pour demander son passeport afin de pouvoir rentrer au pays. On ne lui a même pas répondu.

Lettre de Moïse Katumbi à Léonard She Okitundu

J’en ai un peu marre de cette pitrerie, de cette bouffonnerie. Car je ne suis pas Monsieur Loyal dans un cirque, je suis un auxiliaire de la justice. Mais ils doivent savoir qu’on ne joue pas avec la justice, ça porte malheur.

TOUT LE MONDE SE MOQUE DU CONTRADICTOIRE, DE LA DÉFENSE DE MOÏSE KATUMBI

Moïse Katumbi reste tout de même poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’État.

Quelle sera sa ligne de défense ?

Voulez-vous que je fasse semblant qu’il s’agit d’un vrai procès ? Je n’en ai pas envie. Parce qu’au fond tout le monde se moque du contradictoire, de la défense de Moïse Katumbi. Le pouvoir ne veut qu’une chose : instrumentaliser la justice pour supprimer définitivement l’expression de certaines prétentions, que ce soit de Moïse Katumbi, à la présidence de la République. Telle est la vérité.

Cela voudrait-il dire que la défense ne va pas prendre part à l’audience ?

On verra. À chaque jour suffit sa peine. En fait, je ne reconnais pas à ces juges le droit de juger Moïse Katumbi. C’est ce que l’on appelle la rupture, parce qu’à un moment, il faut dire les choses.

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