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Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyezwww.CongoForum.beEncore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra:helene.madinda@gmail.com.

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24 11 18/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Chers Visiteurs et Abonnés,

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Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyez

www.CongoForum.be

Encore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra:

helene.madinda@gmail.com.

SOMMAIRE

La revue de la presse parue à Kinshasa en ce samedi 24 novembre 2018 prend, avec les rebondissements de la campagne électorale, des allures colossales. C’est en partie dû au fait que la presse internationale a elle aussi commenté les faits saillants de ces derniers jours, parmi lesquels il faut citer l’annonce d’une « Union de dernière minute » entre l’UDPS et l’UNC, une prise de position de la CENCO et une autre de de l’UE, adornés bien sûr de divers commentaires, ainsi que quelques interrogations sur les intentions précises de la diplomatie belge envers le Congo. Bref, il y du pain sur la planche et de la lecture pour le week-end.

Campagne électorale de la MP

Le Bulletin de l’ACP annonce que « La MP encourage Ramazani Shadary à poursuivre son combat jusqu’au 23 décembre 2018 »

« La Majorité présidentielle (MP) encourage le candidat Président de la République Emmanuel Ramazani Shadary à poursuivre son combat jusqu’au 23 décembre 2018, a déclaré, au cours d’un point de presse tenu vendredi à Kinshasa, le porte-parole de la MP, André-Alain Atundu Liongo.

Atundu Liongo a assuré que sa plate-forme lui apporte son soutien total qui ne lui fera défaut à aucun moment et sous aucun prétexte. Foi de l’engagement de loyauté envers son Autorité morale, Joseph Kabila Kabange.

Pour la MP, l’engagement euphorique et l’élan de sympathie populaire qui marquent chacun des déplacements du candidat Shadary sont une précieuse indication que le peuple à déjà compris qui de 21 candidats, est susceptible de jouer adéquatement le rôle constitutionnel de garant de la Nation dévolu au Chef de l’Etat.

D’après la MP, c’est le seul candidat démocratiquement crédible en qui se reconnaissent les Congolais face à des groupes d’intérêts obscurs, hésitants et incapables de s’exprimer d’une seule voie à travers un projet politique face au peuple congolais.

A propos de son budget pour les 5 prochaines années évalué à plus ou moins 86 milliards USD, le porte-parole de la MP a dit que cette somme est crédible car elle traduit non seulement une évaluation critique et pragmatique des besoins nationaux de gouvernance et de développement, mais part de la volonté d’associer à cet effort toutes les forces actives de la République.

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Il s’agit, a-t-il précisé, des opérateurs économiques, autres contribuables et commis ou mieux personnel de l’Etat pour intégrer les sommes perdues à la dynamique nationale de développement, de gouvernance et d’émergence en vue d’améliorer les conditions sociales des populations congolaises y compris de celles dont la situation est précaire, ce qu’il appelle dans son programme la lutte contre la pauvreté.

L’acte posé par les sept leaders de l’opposition à Genève, est immoral et anticonstitutionnel, selon MP.

Le porte-parole de la MP André-Alain Atundu Liongo a par ailleurs, indiqué que l’acte posé par les 7 leaders de l’opposition à Genève (Suisse), est immonde, immoral et anticonstitutionnel. Selon Atundu, cet acte mérite une explication à la nation congolaise de la part de ces sept compères qui ont été pris de cours par la détermination du chef de l’Etat, Joseph Kabila Karange de poursuivre le processus électoral jusqu’à son dénouement.

Il a également ajouté qu’ils sont dépassés par la tournure des évènements précisant qu’ils ont trouvé dans les termes de l’accord, l’astuce en vue de surprendre la bonne foi du peuple et détourner la constitution dans le but d’instituer une transition sans Kabila de deux ans. Et, a-t-il ajouté, d’organiser au bout de cette période transitoire une autre élection dont ils contrôleraient les tenants et les aboutissants pour réaliser « leur funeste et exécrable dessein ».« Triste fin pour ces personnages, ainsi démasqués, qui se présentent curieusement comme n’ayant pas les mains sales », a-t-il dit soulignant que la trahison de la souveraine volonté du peuple et de ses aspirations légitimes est donc le prix fort à payer pour accéder à la présidence de la République.

La MP garde malgré tout, sa sérénité car, au moment du vote, les populations congolaises sauront reconnaitre le leur à qui confier les rênes de l’Etat pour leur plus grand bien.« Aucun pays ne peut se développer en déconstruisant le passé, son passé. Bien au contraire, la succession des mandats ou même les alternances doivent s’appuyer sur le passé et consolider les acquis pour mener le peuple vers l’émergence et le pays vers le développement »,a-t-il souligné.

Il a, en outre, fait savoir que la grande majorité de Congolais adhère à l’ambition nationale portée par le candidat du FCC, Emmanuel Ramazani Shadary indiquant que le désaveu de l’acte ignominieux de Genève par la population congolaise est un bien meilleur test grandeur nature que les statistique aléatoires, fantaisistes, présentées à des fins de surprendre la bonne foi du peuple et justifier par avance leurs contestations des résultats des élections pour aboutir à une transition de 2 ans sans Kabila. Elle exhorte, enfin, le peuple congolais à la vigilance et à la veille et si besoin est, à faire usage de l’article 64 de la Constitution pour barrer la route à tous ces personnages douteux.

La MP déplore le décès de deux étudiants de l’UNIKIN

Par ailleurs, la Majorité présidentielle a déploré le décès, la semaine dernière, de deux étudiants lors des manifestations estudiantines de l’Université de Kinshasa (UNIKIN).

Le porte-parole Atundu a, au nom de la MP, présenté ses plus profondes condoléances aux familles, amis et connaissances des victimes tout en appelant au sens de responsabilité de toutes les personnes concernées afin de déterminer les responsabilités et les véritables auteurs de ces actes délictueux pour favoriser la manifestation de la vérité, de toute la vérité ».

L’Union « de dernière minute »

Jephté Kitsita annonçait hier, presque à minuit, sur 7sur7.cd, que « En cas de victoire de F. Tshisekedi, V. Kamerhe sera son premier ministre : Voici les détails de cet accord »

« Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ont signé ce vendredi 23 novembre 2018 à Nairobi au Kenya, un accord désignant le président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social,

« UDPS », comme candidat commun de l’opposition, au terme des discussions entre l’UDPS et l’UNC.

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Cependant, les termes de cet accord prévoient un certain nombre de choses notamment la primature.

En cas de victoire de Félix Tshisekedi à l’élection présidentielle, Vital Kamerhe président de l’Union pour la Nation Congolaise deviendra automatiquement son premier ministre.

Les deux opposants ont, outre la question relative à la primature, convenu ce qui suit : – Constituer une alliance stratégique entre l’UDPS et Alliés et l’UNC et Alliés pour gagner ensemble les différentes élections (présidentielle, législatives nationales et provinciales) ; – Créer à cet effet une plateforme électorale dénommée « Cap pour le Changement » ; – Doter ladite plateforme d’un mécanisme (ticket électoral) interne qui garantit après 5 ans l’alternance de la candidature unique à la présidence de la République et, en cas de victoire, à la Primature ; toutefois, le Parti qui assure la présidence de la République ne pourra pas diriger les institutions et ministères ci-après :

* La présidence du Sénat ;

* Le gouverneur de la Banque Centrale ;

* Le ministère des Finances ;

* Le ministère des infrastructures ;

* Défense

* Justice.

– Mutualiser nos moyens humains, politiques, diplomatiques, matériels, financiers et savoir-faire en vue de garantir l’alternance du pouvoir ;

– Élaborer un programme commun de gouvernance pour l’émergence de la RDC.

Les deux leaders de l’opposition ont également décidé que Vital Kamerhe soit désigné directeur national de campagne pour le compte de la plateforme Cap pour le Changement.

« Les deux leaders prennent l’engagement de respecter les termes de cet accord », conclut le document final ».

Mediacongo.net annonce que « Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe rentrent à Kinshasa le mardi 27 novembre »

« Après avoir scellé un mariage politique ce vendredi 23 novembre à Nairobi , le président de l'UDPS , Félix Tshisekedi, et celui de l'UNC, Vital Kamerhe, rentrent finalement à Kinshasa le mardi 27 novembre.

D’après Abraham Luakabwanga, un proche de Félix Tshisekedi , les deux leaders politiques prendront le même vol afin notamment de démontrer à leurs « bases » respectives qu'ils sont désormais unis pour gagner la bataille de l'alternance aux élections du 23 décembre.

Pour ce faire, Abraham Luakabwanga a appelé les militants et militantes de l'UDPS à se mobiliser pour réserver un accueil chaleureux au tandem Félix Tshisekedi-Vital Kamerhe.

Pour sa part, le porte-parole de l'UNC, Sele Yemba a a appelé les militants et militantes de l'UNC à faire de même. En outre, il a affirmé que la base de son parti a donné son aval pour soutenir la candidature de Félix Tshisekedi.

Rappelons que l'accord de Nairobi consacre Félix Tshisekedi comme candidat à l'élection présidentielle du 23 décembre. Vital Kamerhe, qui a désisté pour soutenir la candidature du président de l'UDPS, occupera la primature en cas de victoire de Félix Tshisekedi ».

MESSAGE DE L’ASSEMBLEE PLENIERE EXTRAORDINAIRE DE LA CENCO DU 20 AU 22 NOVEMBRE 2018

DES ELECTIONS CREDIBLES POUR UNE VERITABLE ALTERNANCE DEMOCRATIQUE

« Si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui peut te donner la paix ! » (Lc 19, 42)

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1. A un mois de la tenue des élections, nous Cardinal, Archevêques et Evêques, membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), sommes réunis en Assemblée Plénière extraordinaire à Kinshasa du 20 au 22 novembre 2018 pour une évaluation du processus électoral en cours.

2. Fidèles à notre mission prophétique, nous voulons, en tant que Pasteurs et Congolais, apporter notre contribution, pour la tenue des élections libres, transparentes, crédibles et apaisées.

3. Peuple congolais, nous avons cheminé ensemble depuis l’Accord de la Saint-Sylvestre en 2016 en vue de l’organisation des élections libres susceptibles d’aider notre pays à sortir de la crise. Evaluons ensemble ce processus électoral. Où en sommes-nous ? Que devons- nous faire pour atteindre une véritable alternance démocratique pour notre pays ?

I. CONSTATS

4. Nous constatons la détermination de plus en plus affichée du Gouvernement et de la CENI à tenir les élections le 23 décembre 2018, conformément au Calendrier électoral.

Malgré les divergences de vue sur certains points importants du processus, tous les partis et regroupements politiques semblent résolus d’aller aux élections.

5. Alors que la campagne électorale a démarré, le manque de consensus persiste notamment sur l’utilisation ou non de la machine à voter et sur la fiabilité du fichier électoral. Par ailleurs, d’autres compatriotes doutent encore de la possibilité d’organiser de bonnes élections à la date indiquée.

6. L’Accord de la Saint-Sylvestre avait arrêté les mesures de décrispation du climat politique sur lesquelles nous sommes souvent revenus. Vous le constatez : jusqu’à présent, certains opposants politiques sont toujours soit en prison soit en exil.

7. La liberté de manifestation n’est pas encore un acquis pour tous. La récente répression violente de la manifestation des étudiants de l’Université de Kinshasa qui a causé trois morts en est une illustration. Faut-il souligner aussi que l’accès aux médias publics n’est pas équitable.

8. Nous observons aussi que, contrairement aux dispositions légales, les Agents de la territoriale et les administratifs, des ministres aux chefs des villages, sont contraints de battre campagne pour une seule tendance politique ; et les moyens de l’Etat sont réquisitionnés, et mis à la disposition d’une seule plateforme politique. Ce qui consacre l’inégalité des chances, inadmissible dans une compétition démocratique (cf. Loi électorale, art. 36).

9. A plusieurs reprises nous avons demandé de sécuriser certaines régions déterminées et bien délimitées en proie à la violence récurrente, entre autres le Nord et le Sud Kivu, l’Ituri et le Tanganyika. Malheureusement, les massacres continuent à Djugu (Ituri) tout comme dans la Ville et Territoire de Beni où l’on compte aujourd’hui au moins 2000 morts et des nombreux déplacés depuis octobre 2013. L’insécurité persiste dans ces zones malgré l’arsenal militaire déployé. Cette insécurité, apparemment planifiée, fait planer sur notre pays le spectre de la balkanisation.

10. A cela s’ajoute, d’un côté, l’épidémie d’Ebola dans le Territoire déjà sinistré de Beni et, de l’autre, l’arrivée massive de nos compatriotes expulsés violemment de l’Angola, au mépris du droit international, dans les provinces de Kongo Central, Kasaï, Kasaï Central, Kwango et Lualaba.

11. Peuple congolais, nous vous prenons à témoin. Ce tableau nous permet-il d’aller aux élections sans que les résultats ne soient contestés ? Le climat socio-politique actuel est-il de nature à nous amener aux élections « inclusives où toutes les parties prenantes jouissent de l’égalité de chance et dont les résultats sont effectivement l’expression de la volonté du peuple » ? Dans ces conditions, notre pays connaîtra-t-il une alternance démocratique qui assure la légitimité de ceux qui seront appelés à nous gouverner ? Nous pensons que tout n’est pas encore perdu, si nous avons un esprit patriotique et la volonté politique.

II. L’ALTERNANCE QUE NOUS VOULONS

12. Filles et fils de la RD Congo, les élections ne sont pas une fin en soi. Elles ne nous seront utiles que si nous sommes conscients de ce qui doit être changé pour l’avènement

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d’un Congo plus beau qu’avant. Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est l’unité de notre pays, l’intégrité de notre territoire national, la justice, la paix et l’amélioration des conditions de vie de la population.

13. Comme nous l’avons souligné dans notre message de juin 2017, Le Pays va très mal.

Debout congolais : « La corruption, l’évasion fiscale, le détournement de fonds publics ont atteint des proportions inquiétantes à tous les niveaux. Un groupe de compatriotes, abusant manifestement de leur pouvoir, s’octroie des avantages économiques faramineux au détriment du bien-être collectif »[1]. La situation socio-économique a empiré.

14. Vous conviendrez avec nous que c’est seulement par des élections transparentes que nous pourrons nous choisir des dirigeants responsables, à même d’assurer un nouveau mode de gouvernement de notre pays et de nous aider à construire un Etat de droit.

15. C’est en vue de cette alternance que nous, vos Pasteurs, formulons les recommandations suivantes pour améliorer les conditions des élections que nous attendons le 23 décembre 2018.

III. RECOMMANDATIONS AU PEUPLE CONGOLAIS

16. Rappelons-nous que nous avons payé un lourd tribut au cours de ce processus électoral. Que le sang versé de nos compatriotes soit un ferment pour une alternance salutaire dans notre pays. Nous devons honorer leur mémoire.

17. C’est le moment d’exercer notre droit de souverain primaire en vue d’un nouveau leadership capable de mettre au centre de ses préoccupations le bien-être du Peuple congolais. L’heure est venue de procéder à un vote responsable, c’est-à-dire choisir des hommes et des femmes soucieux de défendre notre pays ; de promouvoir le bien commun

; de garantir les libertés fondamentales ; de défendre les droits humains. Il nous faut des dirigeants qui respectent la loi fondamentale et la parole donnée ; des personnes honnêtes et de bonne moralité qui ne s’approprient pas les ressources du pays. Attention aux corrompus et aux corrupteurs (cf. Ps 93,20).

18. Nous vous prévenons contre les beaux parleurs et les vendeurs d’illusions qui font des promesses séduisantes qu’ils ne pourront pas tenir. Méfiez-vous surtout de ceux qui distribuent l’argent et d’autres multiples cadeaux pour acheter vos voix.

19. La CENCO ne soutient aucun candidat, elle n’a pas un préféré à vous proposer. Libres de toute contrainte, en âme et conscience, que chacun donne sa voix à la personne jugée digne de confiance pour le bien-être de tous. Demeurons vigilants pour ne pas nous faire voler notre vote. Ne cédons pas au tribalisme, au régionalisme, au favoritisme, à toute forme de clientélisme. Evitons la violence pour résoudre d’éventuels différends électoraux (cf. Mt 5,9). Notre pays a plus que trop souffert des violences de tout genre, il a besoin d’une paix durable pour sa reconstruction.

20. Si nous avons compris d’où nous viendra la paix (cf. Lc 19, 42), alors prenons avec responsabilité ce rendez-vous de notre histoire.

21. A vous étudiants et jeunes compatriotes, la Nation a besoin de votre enthousiasme et de votre implication. Vous n’êtes pas seulement l’avenir du pays, vous en êtes le présent.

Un avenir radieux de la RD Congo ne se fera pas sans vous (cf. 1Tm 4, 12).

A LA CENI

22. Puisqu’elle a la responsabilité d’organiser les élections, nous lui demandons de ne pas se lasser d’œuvrer pour chercher le consensus sur les points de divergence ; de chercher à convaincre plutôt qu’à s’imposer.

23. Nous pensons qu’il est encore possible de trouver un consensus sur l’utilisation ou non de la machine à voter. Si l’usage de cette machine s’avérait inéluctable, nous demandons à la CENI de rassurer le Peuple congolais que la machine ne sera exclusivement utilisée que pour l’identification des candidats et l’impression des bulletins de vote ; de procéder uniquement au comptage manuel des voix et d’afficher les procès-verbaux (PV) dans tous les bureaux de vote et de dépouillement le même jour. Autrement, elle jetterait le discrédit sur les résultats des scrutins.

24. Pour la crédibilité des élections, il lui incombe de faciliter les accréditations et le travail des témoins, des journalistes ainsi que des observateurs nationaux et internationaux, dans

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les bureaux de vote et les centres de compilation. Ceci pourrait aussi mettre en confiance les électeurs et les candidats.

AU GOUVERNEMENT

25. Nous ne nous lasserons pas d’exiger le parachèvement des mesures de décrispation politique telles que prévues dans l’Accord de la Saint-Sylvestre.

26. Pour des élections apaisées, il lui incombe de sécuriser davantage le Nord et le Sud Kivu, l’Ituri, le Tanganyika et toutes les zones où sévissent les groupes armés pour que la population puisse participer aux élections en toute quiétude.

27. Nous demandons de ne pas utiliser les Agents et les moyens de l’Etat pour la campagne d’un candidat, d’un parti ou d’une plateforme politique.

28. Il est impérieux de garantir la liberté d’expression et de lever l’interdiction de manifestations publiques. C’est un facteur majeur pour la crédibilité des élections.

29. Nous demandons une prise en charge digne et effective des expulsés d’Angola, des déplacés internes et des victimes de l’épidémie d’Ebola en veillant à ce que leur présence n’impacte pas négativement sur le scrutin.

AUX INSTANCES JUDICIAIRES

30. Puisqu’elles ont la noble fonction de résoudre les contentieux électoraux, nous demandons qu’elles considèrent l’intérêt supérieur de la Nation et se laissent guider uniquement par la vérité objective et par la fidélité aux normes.

AUX PARTIS ET REGROUPEMENTS POLITIQUES

31. Nous les exhortons à faire preuve de sens de responsabilité en facilitant le consensus sur les points de divergence ; de prendre au sérieux l’enregistrement, la formation et la prise en charge des témoins.

32. Nous recommandons de dépasser l’esprit de positionnement personnel et de privilégier l’intérêt supérieur de la Nation et de bannir l’incitation à la violence.

AUX CANDIDATS

33. Nous recommandons de mener la campagne électorale dans le respect des règles établies, notamment celui des adversaires politiques qui ne sont pas à considérer comme des ennemis, mais plutôt des compatriotes; de convaincre les électeurs par la pertinence de programmes politiques et non par des cadeaux (cf. Ap 11, 18).

A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

34. Nous demandons de nous accompagner dans ce processus en privilégiant les intérêts du Peuple congolais et de ne prendre en considération que les résultats qui soient conformes à la vérité des urnes.

CONCLUSION

35. Nous avons rendez-vous avec l’Histoire. Les élections qui nous préoccupent aujourd’hui sont notre droit et notre devoir qui ne peut être confisqué par des acteurs politiques.

L’engagement de toute la Nation a un rôle décisif dans un processus électoral. Que chacun prenne conscience que seule la mobilisation générale de tout le Peuple peut conduire le pays à des élections crédibles et transparentes. Nous devons tout mettre en œuvre pour éviter une parodie d’élections dont les résultats ne seraient pas acceptés et qui, de surcroît, plongerait notre pays dans la violence.

36. Nous invitons les fidèles chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté à intensifier la prière pour l’unité et la paix dans notre pays. La prière de Saint François d’Assise, à la fin de chaque célébration ou rencontre de prière, est vivement recommandée pour obtenir la paix.

37. Par l’intercession de la Sainte Vierge Marie, Notre Dame du Congo, que le Seigneur, Roi de l’univers, « nous donne la clairvoyance de ce que nous devons faire et la force de l’accomplir » pour une alternance démocratique et pacifique dans notre pays.

Diplomatie

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Sur Alter Info, Samy Bosongo s’interroge « Crise diplomatique belgo-congolaise: Est-ce juste une question d'intérêt économique ? »

« La Belgique s’investit énormément dans le changement de régime en RDC parce qu’il y a des officiels et hommes d’affaires belges qui, pour des raisons d’intérêts dans un élan néocolonialiste, se sont sentis lésés par le pouvoir kinois dans son souci d’entrer dans ses droits et de privilégier les intérêts de Congolais.

Historiquement, la Belgique a troublé la RDC, y créant la sécession katangaise et celle de Bakwanga parce qu’alors les seules parties connues les plus riches du pays et que la métropole tenait à contrôler pour ses intérêts aux dépens de ceux des Congolais. Des sources affirment qu’ « Après un processus accéléré de décolonisation du Congo belge, la Belgique a continué à contrôler, à travers la Société générale de Belgique, approximativement 70% de l’économie congolaise. La partie du pays qui a connu le plus de contestation fut la province de Katanga où l’Union minière du Haut Katanga, appartenant à cette société, avait le contrôle sur cette province riche en minéraux et ressources…».

La Belgique a mené la vie dure aux Congolais à cause de ses intérêts, en communion avec les USA qui s’intéressaient également aux richesses et au contrôle de la RDC pour son grand poids géostratégique.

Très récemment, alors que Didier Reynders, le Ministre des Affaires étrangères belges, était connu comme favorable au régime Kabila, on a assisté à ses prises de position et à ses actions hostiles au régime du successeur de M’zee. Spécialiste de la région des Grands lacs, Tony Busselen donne les clés pour comprendre ce qui s’est passé, dans un entretien avec Olivier A. Ndenkop où l’auteur du livre « Congo, une historie populaire » révèle aussi les techniques utilisées par certains pays impérialistes occidentaux et leurs multinationales capitalistes pour affaiblir l’État congolais afin de piller ses ressources minières en toute tranquillité. Répondant à la question « Qu’est-ce qui explique le grand écart entre les richesses minières du Congo et la pauvreté des Congolais ?», Tony Busselen dit, entre autres choses, que « Didier Reynders est, à la demande des familles Lippens, Forrest, Vastapan et Damseaux, allé demander au président Kabila de faire retirer la loi agricole qui prévoit que plus que 50% des actions des sociétés agricoles doivent être dans des mains de nationaux congolais.». On comprend la haine de Didier Reynders et de ces familles belges dès lors qu’ils n’ont pas eu gain de cause.

De son côté, Colette Braeckman, dévoile aussi des faits qui expliquent cette haine belge envers le régime kinois et les efforts des hommes d’affaires et quelques officiels belges pour en finir au plus vite avec le régime Kabila.

Dans un article datant du 19 novembre au titre de « Congo : la Belgique est aux abonnés absents », la blogeuse écrit : «…Reste à savoir qui a influencé ainsi un homme froid et rationnel comme Didier Reynders. Le nom de son « directeur Afrique » Renier Nyskens, qui fut ambassadeur à Kinshasa et entretint des relations difficiles avec Kabila père, est fréquemment cité, et on le connaît comme un homme sûr de ses convictions, volontiers intransigeant sinon hautain. Revient également, aussi familier que le monstre du Loch Ness, le nom de George Forrest : proche des libéraux, et en particulier de la famille Michel, en bons termes avec l’ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, l’homme a le bras long, la rancune tenace. Il s’estime lésé par le régime qui l’a dépossédé de la STL, la Société du terril de Lubumbashi où il retraitait des déchets contenant du cuivre, des déchets, mais aussi du germanium, de l’or et autres métaux rares. Un litige financier, portant sur de lourdes créances impayées, l’oppose désormais à l’Etat congolais. Peut-on croire qu’un homme d’affaires, important certes, mais pas le seul sur le terrain, puisse ainsi influencer la politique d’un gouvernement via des ministres libéraux ? D’aucuns expliquent aussi l’intransigeance de Reynders par des calculs politiques : on connaît ses bonnes relations avec la NVA et son patron Bart de Wever bourgmestre d’Anvers, qui soutiendraient une ligne dure à l’égard de Kinshasa. Par ailleurs, le ministre de la Coopération, Alexander De Croo (Open VLD) est aussi le fils de son père Herman, qui fut jadis l’avocat de Mobutu et l’un des patrons d’Utex Africa et demeure un ami personnel de Moïse Katumbi. » Pour les hommes d’affaires belges qui influencent les positions de leurs officiels, l’obstacle à leurs intérêts aux dépens de ceux des Congolais reste le régime congolais actuel. Aussi

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lui vouent-ils une haine implacable et militent-ils pour sa déchéance, peu importe le scenario, afin de le remplacer par un régime des marionnettes belges.

Nombreux d’entre ces hommes d’affaires et officiels belges sont des amis de Moïse Katumbi de sorte que si ce dernier ou celui qu’il appuie Martin Fayulu brigue la magistrature suprême, ce sera la pagaille en RDC dans la mesure où ces Belges et autres Occidentaux visant les mêmes choses dans le pays de M’zee Kabila se verront offrir toutes sortes d’avantages pour profiter de la RDC comme bon leur semble au grand dam des Congolais.

Une situation qui contraste avec les affirmations trompe-l’œil des opposants de la coalition Lamuka qui œuvrent pour la pérennisation du joug néocolonialiste sur la RDC, taisant leurs scrupules, obnubilés par des intérêts égoïstes et les fantasmes de la gloire ».

Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.

L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacun de ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable.

Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout le processus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:

1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernier recensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiser des élections .

2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutre et apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.

3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en fin de mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personne consensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.

4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitement indépendant.

5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent être parfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats que des observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être, soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles ne concernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de « gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).

6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales et locales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours.

7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il ne saurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’on s’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple à l’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée.

L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectif de la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des pays africains eux-mêmes.

Presse et documents étrangers

Elections en RDC : l'opposition divisée affiche sa colère après la mort de deux étudiants

VOA – le 18.11.2018,

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Divisée, l'opposition congolaise a affiché la même colère après la mort cette semaine de deux étudiants tués par la police sur le campus de l'université de Kinshasa, samedi, à

cinq jours du lancement de la campagne électorale.

La coalition Lamuka, qui soutient le candidat de l'opposition Martin Fayulu à l'élection présidentielle du 23 décembre, a demandé une "enquête indépendante", d'après des médias congolais.

M. Fayulu a déploré sur Twitter "un usage excessif et disproportionné de la force" en dénonçant "les carences de l'appareil sécuritaire en RDC".

"Je tiens à rappeler aux forces de l'ordre leur mission régalienne", a conclu M. Fayulu, attendu mercredi à Kinshasa, à la veille de l'ouverture de la campagne électorale.

"Pourquoi une telle barbarie ?", s'est interrogé sur Twitter un autre opposant, Félix Tshisekedi, qui s'est retiré de la coalition lundi, 24 heures à peine après la signature d'un accord à sept à Genève.

"Un crime de plus à mettre au bilan de la +Kabilie+ et qui restera impuni. Non Congo, il est temps de dire ça suffit", a poursuivi M. Tshisekedi, toujours candidat à l'élection présidentielle d'après son entourage.

Deux étudiants congolais sont morts cette semaine après avoir été blessés par des tirs de la police pendant des manifestations sur le campus de l'Université de Kinshasa, ont déclaré vendredi les autorités.

Ils demandaient la reprise des cours et la fin de la grève de leurs enseignants.

"Le policier qui avait tiré a été arrêté, il sera jugé et condamné", a déclaré vendredi à l'AFP le ministre de l'Enseignement supérieur et universitaire Steve Mbikayi.

Béni : une équipe de l’OMS évacuée pour des raisons de sécurité RFI – le 18.11.2018,

En République démocratique du Congo (RDC), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui coordonne la lutte contre l’épidémie d’Ebola dans l’Est du pays, a été contrainte

d’évacuer, samedi 17 novembre, 16 de ses membres du personnel.

Ils ont dû être évacués de Béni vers Goma suite à la chute d’un obus tombé sur la villa qu'occupe l'OMS dans la ville. Il n’y a pas eu de blessés mais une grosse frayeur pour l'équipe qui a souhaité se mettre au calme à Goma interrompant de fait, le programme de lutte contre le virus Ebola.

Selon le médecin coordinateur de l'OMS sur place, Michel Yao, il ne s'agissait toutefois pas d'une attaque délibérée mais la conséquence des affrontements entre des casques bleus et des rebelles, dans ce secteur de la ville. Pour lui, cette situation est tout à fait regrettable.

« Pour nous, OMS, notre rôle est de faire en sorte que nous puissions rester pour

contrôler cette épidémie. Ces derniers temps, au niveau de Béni, on commence vraiment à détecter des cas qui étaient cachés et à mieux contrôler les contacts, la vaccination…

mais ce genre d’incidents pourrait, un peu, démoraliser le staff. Ce serait vraiment revenir en arrière que de se retirer et laisser l’épidémie se propager.

Présidentielle : Emmanuel Shadary, un choix parfaitement calculé par Kabila Analyse par Kristof Titeca & James Thamani - African Arguments – le 19.11.2018,

Le choix d’Emmanuel Shadary comme candidat du FCC à la présidence a surpris beaucoup de monde mais pas autant que Shadary lui-même.

Le 27 octobre, le candidat à la présidence, Emmanuel Ramazani Shadary, a été officiellement présenté à des milliers d'électeurs au stade Tata Raphaël de Kinshasa.

Étaient présents à la cérémonie un groupe hétéroclite de poids lourds de la politique et des affaires, tous prétendant appartenir à la toute nouvelle plateforme du Front Commun pour le Congo (FCC). La plupart d'entre eux s’étaient rendus sur le lieu avec des véhicules fournis par le gouvernement et étaient placés sous une forte protection policière de la police, ce qui à soulever des allégations selon lesquelles l'événement aurait bénéficié du financement de l'État.

À un moment donné, la haute direction de la FCC a, à tour de rôle, remercié le président sortant, Joseph Kabila, et félicité son digne successeur. Leurs discours étaient accompagnés des encouragements de leurs partisans, qui portaient des vêtements avec

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des images de Kabila et de Shadary, ainsi que des banderoles du parti. Selon certaines allégations, la plupart ont été payés pour être là.

L'événement avait l'air de se dérouler sous les bons auspices pour Shadary. Mais malgré l’image rose véhiculée, la plupart des analystes s’accordent à dire que les chances de l’ancien ministre de l’Intérieur aux prochaines élections du 23 décembre devraient être minces. Il dispose d'une base de pouvoir indépendante très limitée et n'est pas largement connu. Il est sous le coup de sanctions internationales pour son rôle présumé dans la répression des manifestations anti-Kabila en 2016. Dans un récent sondage d'opinion réalise par le BERCI et GEC ; seulement 16% des électeurs ont déclaré avoir l'intention de Tout cela pose donc la question de savoir pourquoi le président Kabila a choisi Emmanuel Shadary comme son successeur ? Sur la base de nos recherches à ce sujet, nous affirmons qu'une partie de la réponse réside dans la structure et le fonctionnement de l'espace politique de la République démocratique du Congo (RDC).

Comment fonctionne la politique congolaise

Pour comprendre pourquoi Kabila a choisi Shadary, nous devons d’abord comprendre le fonctionnement du système politique du pays. En RDC, le pouvoir est fortement concentré à la présidence. Les pouvoirs exécutif, judiciaire, législatif et parapublic sont totalement ou partiellement soumis au président Kabila, tandis que les institutions censées contrôler son pouvoir interviennent rarement.

Les membres de la « cour » ou du cercle restreint du président exercent quant à eux un pouvoir qui dépasse de loin leurs fonctions. Ce groupe - composé d’un groupe restreint d’alliés formels et informels, comprenant des conseillers juridiques, des officiers militaires et des hommes d’affaires - est souvent utilisé par Joseph Kabila pour contourner les structures formelles de la gouvernance et du contrôle.

Faire partie de la « cour » présidentielle, c'est obtenir une part du gâteau. Cependant, si les membres de ce groupe d’élite ont une influence, ils sont également éphémères. Cela signifie qu'ils doivent se faire concurrence. Beaucoup, en particulier ceux qui n'ont pas de base politique propre, le font donc en défendant les actions du président sans discernement.

Une partie du gâteau est également partagée avec les adversaires du président sous forme de cooptation. En effet, afin de maintenir la stabilité, les anciens alliés mécontents et les opposants opportunistes sont souvent apaisés par l’attribution de postes publics.

La culture politique de la RDC est donc hautement personnalisée, une caractéristique qui filtre également vers les niveaux inférieurs. Les personnes à la recherche d'un poste gouvernemental, par exemple, rechercheront un parrain politique ou un « parrainage ». A travers ce contact, ils essaieront d’établir ou de consolider des liens avec le président ou les membres de son entourage. Cela peut être fait en mettant l'accent sur des affinités provinciales ou tribales les reliant entre eux, leur influence au sein de leurs partis, ou en manifestant leur loyauté envers le président par le biais de flatteries et de louanges.

Une fois le poste attribué, son maintien nécessite également un entretien constant avec les « bienfaiteurs ». Les titulaires en charge doivent entretenir leur fidélité à la fois envers leurs chefs qu’envers leurs solliciteurs. Ils le font en partageant l'accès aux avantages financiers, en faisant preuve de loyauté et en veillant à ce qu'ils ne représentent aucune menace pour leurs supérieurs.

Point important, accéder à une position politique ne signifie pas nécessairement la contrôler. Les domaines stratégiques clés telles que les ressources naturelles et la sécurité sont étroitement contrôlés par la présidence et son cercle. Les ministres ou autres acteurs officiellement responsables de ces secteurs ne sont rien de plus que des ratifications des instructions présidentielles et prennent rarement des décisions clés de manière autonome

; dans de nombreux cas, les décisions sont prises par des canaux et des acteurs informels.

Les problèmes de sécurité, par exemple, sont souvent traités par l'ANR (Agence Nationale de Renseignement), la DGM (Direction Générale de Migration) et une foule de personnalités militaires, rendant compte seulement au président. Des personnalités telles que le Directeur du Cabinet, Néhémie Mwilanya (surnommée le « vice-président ») ; les conseillers juridiques Norbet Nkulu et Jean Mbuyu ; et le conseiller en matière économique

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et financière, le patron de la FEC et PCA de la Gécamines, Albert Yuma joue un rôle considérable dans toutes les questions politiques et du business.

Avant de se choisir un successeur

Pour le président Kabila, qui se prépare à se retirer après 17 ans au pouvoir, il a été essentiel de façonner le paysage politique avant les élections de décembre. Choisir Shadary comme son successeur faisait certainement partie de ce processus, mais en était la dernière étape.

Premièrement, il a dû veiller à sa sécurité personnelle et à ses vastes intérêts commerciaux.

Il l'a fait de plusieurs manières. Pour commencer, il a demandé au parlement d'adopter une loi donnant aux anciens chefs d'Etats divers avantages, tels que l'immunité de poursuites, un service de sécurité à vie et une maison d'État.

Deuxièmement, il a obtenu que le parti de la Majorité au pouvoir, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), modifie son statut et crée le poste de président.

Cela signifie que s'il choisissait d'occuper ce poste, il conserverait un pouvoir important sur l'orientation future du PPRD et sur ses députés. Son rôle dans la création de la FCC lui confère également une autorité sur cette coalition.

Troisièmement, en juillet, le président a remanié l'armée en nommant plusieurs loyalistes à des postes clés, dont plusieurs qui font toujours l'objet de sanctions pour leur rôle présumé dans des violations des droits de l'homme. Il a également placé des collaborateurs clés, dont Norbert Nkulu, à la Cour constitutionnelle ; qui jouera un rôle décisif en cas de contestation des résultats des élections.

Alors pourquoi Shadary ?

Se choisir un successeur - face à la pression nationale et internationale grandissante - a été la dernière pièce du puzzle. Le président Kabila a étroitement contrôlé ce processus, mais a dû prendre une décision difficile. De nombreux hommes politiques congolais oscillant entre le soutien du régime et celui de l'opposition. En fait, lors d'une interview, Kabila a affirmé qu'il ne pouvait pas trouver quinze personnes de confiance dans son propre cercle intime.

Néanmoins, dans le but de prouver leur loyauté, de nombreux candidats potentiels se sont engagés dans des batailles discrètes. Il n’a jamais été clair quels étaient les critères retenus par le chef de l’Etat pour choisir un successeur, ni même s’il allait définitivement se retirer pour longtemps. Mais différents individus ont essayé d'augmenter leurs chances en montrant leurs qualifications académiques, leur expérience politique et leurs origines ethniques et provinciales. Certains ont discrètement discrédité leurs rivaux, notamment en divulguant des enregistrements audios privés.

Par peur de paraître trop ambitieux, personne n’a osé lui demander s’il allait lui-même se présenter aux élections en dépit de son inéligibilité. En fait, lorsque le président leur a demandé de suggérer un candidat potentiel à la présidence, de nombreux membres du FCC ont inscrit le nom du président Kabila sur leurs listes respectives.

L'ensemble du processus semblait bloqué jusqu'au 8 août, date limite pour le dépôt des candidatures. Ce n'est qu'à ce moment que le choix du régime a finalement été annoncé.

Et beaucoup ont été surpris par le choix de Kabila, mais pas autant que Shadary lui-même.

L’ancien ministre de l’Intérieur n’était pas considéré comme l’un des candidats les plus influents ni une personne ayant des ambitions présidentielles imminentes. En fait, il s'était même déjà inscrit pour les élections provinciales.

Alors pourquoi Shadary ? En résumé, le fait pour le candidat du FCC de ne pas posséder de base ; d’avoir une influence relativement faible ; et des ressources maigres ce qui normalement seraient des énormes désavantages électoraux, ce ne fut pas le cas en l’espèce. En effet, au lieu de cela, ces mêmes facteurs - combinés avec la loyauté inconditionnelle de Shadary, aux affinités ethniques et provinciales avec la famille présidentielle et à la dépendance financière - font de lui le candidat idéal pour la continuité et le contrôle du pouvoir du président Kabila.

Martin Fayulu, ex- candidat unique et soldat du peuple

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Colette Braeckman – le Soir, le 19 novembre 2018

A la veille de son retour à Kinshasa où il est attendu le 22 novembre, jour de l’ouverture de la campagne électorale, c’est un Martin Fayulu plein d’allant qui nous a reçu à Bruxelles, avant d’enchaîner les rendez vous avec des représentants de l’Union européenne.

Visiblement l’homme n’a pas été échaudé par la défection, dans les heures ayant suivi leur signature, de deux « poids lourds » de l‘opposition, Vital Kamerhe, président de l’UNC (Union démocratique pour le Congo) et Felix Tshisekedi qui était le candidat désigné par l’UDPS, (Union pour la démocratie et le progrès social). Même s’il ne sera plus le « candidat unique » de l’opposition, Martin Fayulu croit en ses chances de battre dans les urnes Emmanuel Shadary Ramazani, le « dauphin » présenté par le président Joseph Kabila.

Mais avant tout, le président du parti Ecide a tenu à revenir, en termes mesurés, sur le processus de vote par lequel, à Genève, il a été élu comme le candidat représentant l’opposition.

« Alors que nous nous étions mis d’accord pour choisir un candidat commun, une ONG sud africaine, ITI (International Transformation Initiative) est venue à Kinshasa, a contacté les quatre candidats qui étaient en lice, afin de nous rassembler. A chacun la même question a été posée : êtes vous candidat, et si un autre que vous est choisi comme candidat commun êtres vous d’accord pour le soutenir ? Chacun d’entre nous a répondu positivement. Nous sommes ensuite allés à Pretoria puis à Genève. Il y avait avec nous une équipe d’experts chargés de peaufiner l’accord déjà intervenu à Pretoria, des modérateurs dont Alan Doss, ancien représentant de la MONUC à Kinshasa qui a organisé une rencontre en tête à tête avec chacun d’entre nous, posant à chacun la même question.

Une session a alors été organisée, réunissant les experts, la modération, les trois candidats exclus arbitrairement (Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito) ainsi que les candidats acceptés. A chacun il a été demandé d’exposer son programme et ses projets et nous avons discuté jusqu’ une heure du matin…

Pourquoi, in fine, alors que le vote était intervenu, vous désignant comme candidat unique, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe se sont ils rétractés ?

Voilà la question.. Je ne peux pas y répondre et c’est pour cela que je leur ai adressé un tweet leur demandant de respecter leur engagement. Le dimanche, la réunion s’était très bien passée et nous avons-nous même proposé que chacun d’entre nous signe un acte d’engagement. Mais ensuite, lorsque le modérateur a proposé la procédure à suivre j’avoue que j’ai été étonné : moi, j’étais parti avec l’idée de trouver un consensus… Mais j’ai compris par la suite que la majorité des candidats préférait le vote et c’est finalement ce qui a été décidé. J’ai cependant averti mes camarades que cette procédure là pouvait nous amener dans la discorde…Pour le vote, les trois candidats invalidés ont du quitter la pièce et nous quatre, qui étions restés dans la salle, avons fait des propositions. Chacun d’entre nous avait deux votes, son premier choix, la présidence évidemment, mais aussi sa deuxième préférence, qui était, pour Freddy Matungulu la Banque centrale, pour Félix Tshisekedi et pour moi le poste de Premier Ministre, pour Vital Kamerhe la présidence de l’Assemblée nationale. C’était en quelque sorte un accord de gouvernement, par lequel on se répartissait les postes suivant les différents cas de figure.…

Cela ne nous ligotait pas car nous avions déjà un programme commun et nous étions unis par le combat mené ensemble contre Kabila. Chacun de nous, individuellement, avait perdu ce combat pour l’alternance et c’est pour cela que nous avions choisi de nous mettre ensemble et de demander à des modérateurs, des ONG extérieures, de nous aider…Après Genval nous avons eu trois ou même quatre réunions à Bruxelles et c’est en dernière minute que la Fondation Kofi Annan est intervenue. Dans un premier temps nous avions choisi de nous réunir en Guinée Conakry, mais finalement l’ONG ITI n’étant plus libre, nous avons opté pour la Suisse, pour des raisons pratiques et parce que la Suisse est considérée comme un pays neutre et la Fondation Kofi Annan qui a pris le relais. Alan Doss s’est révélé un vrai facilitateur, très sérieux, avec tout le flegme britannique nécessaire…Je vous rappelle qu’il y avait un accord entre nous et qu’aucune personnalité extérieure n’a orienté le débat. Nous n’avons été ni brusqués ni maltraités, rassurez vous…

Revenons aux questions de fond. Vous avez toujours maintenu votre opposition à la machine à voter ?

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Absolument : je suis la personne qui a le plus étudié le fichier électoral, qui, dans le cadre de concertation avec la CENI (Commission électorale indépendante) a brandi le texte de la loi électorale et fait valoir le fait que le recours au vote électronique n’était pas prévu par le document. Dans le calendrier électoral, le recours à la machine à voter n’existe pas.

Contrairement à ce que l’on a pu croire, je répète que nous voulons aller aux élections, nous y sommes prêts. Mais nous voulons des élections crédibles, transparentes, apaisées, sans machine à voter, sans fichier électoral corrompu…Nous voulons aussi des témoins, des observateurs internationaux.

Sur ces points, vous êtes le plus dur, le plus radical…

Les gens m’ont collé cette étiquette, mais la réalité, c’est que je crois à la loi. Mon projet, c’est que le Congo soit un Etat de droit qui respecte les règles qu’il s’est données. J’ai toujours été cohérent : puisque j’estimais, comme les autres participants au « conclave » que le 31 décembre 2017 les institutions à mandat électif ne seraient plus légitimes, le 1er janvier 2018, logique avec moi-même, je suis sorti de l’Assemblée mais j’ai été le seul à le faire. Cette décision me privait de ressources importantes car les parlementaires congolais sont parmi les mieux payés du monde, à raison de 6000 dollars d’indemnités par mois, plus les participations à des travaux de commission, à des sessions budgétaires etc…

En tout, j’ai fait le sacrifice de plus de 100.000 dollars ! Mais je ne regarde pas l’argent, je regarde les valeurs que je défends, le travail, la justice, la solidarité, la liberté, l’intégrité ! Si vous récusez la machine à voter, cela signifie-t-il, presque automatiquement, que vous acceptez un report des élections puisque sans l’imprimante électronique, les délais prévus ne pourront plus être respectés ?

Comprenez moi bien : je veux les élections le 23 décembre prochain, mais avec des bulletins papier. Pour l’élection présidentielle une seule feuille de papier pourrait suffire et d’ici l’échéance il serait possible de l’imprimer. En 2011 aussi les bulletins sont arrivés en dernière minute… Si on met ensemble la logistique de la Monusco, l’aide de pays amis, il y aurait moyen d’y arriver. Mais les autorités refusent l’aide étrangère, comme s’ils cachaient quelque chose…

A la limite on pourrait tenir l’élection présidentielle le 23 décembre et les autres (législative, provinciale) un peu plus tard…Toutes les élections doivent se faire avec des bulletins papier, parce que c’est la loi. Point final. Autre objection c’est que les vieux, les gens du village ne peuvent utiliser ce type de machine sans se faire aider. Donc le vote n’est plus secret.

Il faut aussi savoir que l’imprimante est thermique et qu’au bout de quelques jours, sinon de quelques heures, tout ce qui se trouvera sur le papier sera effacé, ce qui empêchera d‘éventuels recomptages… Les bulletins seront comme un papier fax qui resterait au soleil…

L’acharnement du pouvoir à garder la machine révèle une intention de tricher. A cela s’ajoute les dix millions d’électeurs enregistrés sans empreintes biométriques, qui représentent une marge de manœuvre pour le pouvoir.

La défection de MM. Tshisekedi et Kamerhe pourrait-elle hypothéquer votre victoire ? Pas du tout. Je suis originaire du Bandundu mais je vis à Kinshasa et avec les gens du Congo central, nous formons le même peuple, soit plus de dix millions 700.000 électeurs.

Dans l’Equateur Jean- Pierre Bemba me soutient donc tout l’Ouest m’est gagné et à Kinshasa c’est Eve Bazaiba du MLC qui va faire campagne pour m’accueillir tandis que Moïse Katumbi mobilise le Katanga en ma faveur. Quant au Kivu, Vital Kamerhe est, certes, populaire à Bukavu, chez les Bashi, mais dans le Nord du Kivu, le patron c’est Mbusa Nyamwisi et il me soutient. Quand au Kasaï, il est divisé…Les gens ne sont pas idiots : ils savent que le changement, c’est Fayulu…

En reniant leur signature, MM. Kamerhe et Tshisekedi auraient-il conclu un accord, secret ou non, avec le pouvoir actuel ?

Je ne peux pas m’avancer sur ce point, je m ’interdis même d’y penser. Tout ce que je souhaite c’est qu’ils se ravisent et qu’ils reviennent. Lors d’une réunion avec Félix Tshisekedi, nous avions même été jusqu’à imaginer la possibilité d’un tirage au sort…

Ce n’est pas moi qui me suis donné le nom de « gardien du temple », « soldat du peuple

»… Les gens savent que je suis constant et c’est la population qui m’avait donné ces surnoms…

Je parle le lingala, le kikongo, je peux m’exprimer en tshiluba, je comprends un peu le

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swahili. Mais il faut dépasser ces différences : je suis présenté comme une alternative au pouvoir actuel et c’est cela qui compte…C’est pour cela que je suis populaire. Les gens savent aussi que je suis le député qui, au Kivu, a mis à nu la duplicité du M23 ce mouvement qui était soutenu par le Rwanda…

En janvier 2015, c’est moi qui ait mis les gens dans la rue pour protester contre la prolongation du mandat de Kabila. Je n’ai pas peur de prendre des risques car je suis un croyant…

Quel est le maître mot de votre programme, de votre campagne ? Ce que je vais dire, c’est que vingt ans du système Kabila, cela suffit. Le Congo, avec sa misère terrible, sa paupérisation, est devenu la risée du monde… Tel est le bilan du kabilisme, assorti des l’enrichissement terrible, en milliard de dollars, d’un petit groupe au pouvoir. Arrivés pauvres, Kabila et les siens sont devenus parmi les plus riches du monde.

Cela doit finir..Aux Congolais je dirai que je veux apporter un Etat de droit, la paix et la sécurité, que je veux ramener le sourire, dans un Congo libre et prospère…Je dirai aussi « tolérance zéro » pour la corruption…Tout magistrat qui sera pris en flagrant délit de corruption sera radié sur le champ, tout agent de l’Etat sera écarté…Je suis pour un changement radical…

Si le 23 décembre il n’y a pas d’élections, que se passera-t-il ?

Je dis non. S’il n’y a pas d’élection, la CENI sera fautive et devra se dédire, démissionner, et il y aura alors une transition sans Kabila. Il n’y aura pas 36 solutions : le président de la CENI, que je soupçonne de préparer un “chaos électoral”, portera toute la responsabilité de ce qui pourrait survenir…

Congo: la Belgique est aux abonnés absents Colette Braeckman – le Soir, le 19 novembre 2018

A quelques semaines d’élections générales qui, si tout se passe comme prévu, verront la fin du « règne » du président Joseph Kabila, le Congo est entré dans une nouvelle phase d’incertitudes. A Kinshasa, les ambassades étrangères, pour des raisons de sécurité et aussi de bonne compréhension du processus en cours, ont renforcé leurs effectifs et redoublent de vigilance. Au sein de l’Union européenne, on débat sur l’opportunité de renouveler les sanctions (gel des avoirs à l’étranger, interdiction de voyage) qui frappent certains dignitaires du régime depuis la répression violente des manifestations du début de l’année.

Quant à la diplomatie belge, elle s’efforce, plus que jamais, de pousser l’opposition à s’unir autour d’une candidature unique. Dans un scrutin qui é été réduit à un seul tour, seul un candidat fédérant toute l’opposition aura quelques chances de l’emporter face à la « machine » mise en œuvre par la majorité présidentielle, le Front Commun congolais, une vaste coalition rassemblant plus de 250 partis et associations. Après une antépénultième rencontre qui avait eu lieu en Afrique du Sud, à l’initiative d’une ONG locale activée par la diplomatie belge, c’est en Suisse que l’opposition s’est retrouvée cette semaine pour tenter de se mettre d’accord sur une candidature commune.

Mais si, à l’étranger, la diplomatie belge tente toujours de battre la mesure du « bal des egos » qui meut une opposition privée de ses principaux leaders Moïse Katumbi et Jean- Pierre Bemba, sur le terrain, à Kinshasa, l’ancienne puissance coloniale est spectaculairement absente. La nouvelle ambassade, au milieu du Boulevard du 30 juin, ressemble à un vaisseau fantôme, et les relations officielles entre Bruxelles et Kinshasa ont atteint leur niveau le plus bas depuis les grandes crises belgo zaïroises qui marquèrent la fin du règne de Mobutu au début des années 90. Qu’on en juge : depuis le début de cette année, l’ambassadeur en poste à Kinshasa Bertrand de Crombrugghe, rappelé puis déchargé de ses fonctions, n’a pas été remplacé, et à Bruxelles non plus la RDC n’a plus d’ambassadeur. Des mesures de rétorsion congolaises, que l’on croyait passagères, se sont installées durablement : réduction des fréquences de Brussels Airlines, progressivement remplacée par d’ autres compagnies comme Turkish ou Ethiopian Airlines et surtout fermeture de la Maison Schengen, où les pays membres de l’espace du même nom avaient accepté de déléguer à des fonctionnaires belges le soin de délivrer des visas vers l’Europe.

Au début, cette décision prise par les autorités congolaises ressemblait fort à « une balle

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dans le pied », car elle visait surtout des nationaux désireux de voyager vers le vieux continent. Aujourd’hui encore, des scientifiques, des artistes (invités par exemple par le musée de Tervuren, nos universités ou les milieux associatifs) sont les premières victimes de ces mesures. Mais au fil des mois, nombreux sont les Congolais, opérateurs économiques entre autres, qui ont découvert que l‘herbe était aussi verte ailleurs, en Turquie ou en Afrique du Sud par exemple et qu’il était possible de négocier certains visas séparés avec des pays comme la France et l’Espagne. Mais surtout, il apparaît que la Belgique est désormais privée d’un extraordinaire outil d’influence et d’une précieuse source d’informations et de contacts, car dans un pays comme le Congo, la délivrance de visas n’est jamais un simple acte technique. En outre, les partenaires européen qui avaient cédé à la Belgique la maîtrise du verrou Schengen commencent à s’agacer du blocage et à trouver des solutions alternatives.

Alors qu’avant la crise, la Belgique se réjouissait d’avoir placé ses diplomates à des postes clés, (Bart Ouvry comme représentant de l’Union européenne à Kinshasa, Koen Vervaeke comme directeur Afrique de l’UE) et que le siège au Conseil de Sécurité (obtenu entre autres en raison de l’ « expertise » africaine) semblait renforcer la capacité d’influence de notre pays, la réalité apparaît désormais bien différente : les liens se distendent durablement, les hommes d’affaires assurent que leur nationalité belge les déforce, et surtout, si elle est loin d’être muette à Bruxelles, à Kinshasa, la diplomatie belge semble aveugle sinon sourde.

« C’est une catastrophe » nous assure un homme d’affaires local, « nous essayons de faire oublier notre nationalité, de nous fondre dans le paysage… Et dans des domaines où l’expertise belge était reconnue, des contrats sont signés avec d’autres intervenants. Ainsi, c’est une association entre l’Espagne et la Chine qui a décroché le méga contrat d’ Inga 4»

A maintes reprises, le ministre des Affaires étrangères She Okitundu, souvent qualifié de souverainiste mais qui mène une diplomatie efficace (voir ses succès au Vatican, en Afrique du Sud, ou à la Commission des droits de l’homme de l’ONU) ou le porte parole du gouvernement Lambert Mende (qui a bénéficié, lui, d’un visa humanitaire…)ont rappelé les griefs congolais : ils accusent Bruxelles de s’être ingérée dans le processus politique depuis 2016, lorsque le président Kabila avait prolongé de deux ans un mandat qui arrivait à expiration et d’avoir, à différents niveaux, dressé la communauté internationale contre le régime. Mais un poids lourd de l’opposition, Jean-Pierre Bemba, libéré et acquitté cette année par la Cour pénale internationale et interdit de se présenter à l’élection présidentielle par la Cour Constitutionnelle, a lui aussi quelque raison d’en vouloir aux Belges qui n’ont rien fait pour lui permettre de rester en liberté surveillée auprès de sa famille au lieu de purger dix ans de prison à Scheveningen…

Comment expliquer ce qu’on observateur local appelle « un désastre absolu », un « échec total » ? Comment un homme intelligent, un diplomate avisé tel que Didier Reynders a-t- il pu s’enferrer dans le piège congolais, au point d’être « doublé » par le Premier Ministre Charles Michel lui-même, qui mène une sorte de diplomatie parallèle et, à New York, rencontre en tête à tête le président Kabila durant une heure trente alors que son Ministre des Affaires étrangères attend dans un couloir ?

Plusieurs explications sont avancées. La plus évidente est qu’en rappelant son ambassadeur, un homme censé parler avec tout le monde et entretenir des contacts multiples (ce qui lui fut reproché…) le ministre s’est bouché les yeux et les oreilles. La deuxième est un pari hâtif sur certains membres de l’opposition devenu des familiers de la rue des Quatre Bras, comme Moïse Katumbi et sa formation Ensemble. L’ancien gouverneur du Katanga, parti en campagne très tôt a, malgré sa popularité et ses moyens considérables, été rattrapé par des problèmes de passeport et de nationalité et finalement invalidé. Bruxelles a également oublié que les Congolais ont des solidarités multiples : depuis le temps de Mobutu, s’ils sont opposants de jour ou en terre étrangère, la nuit ou une fois rentrés au pays, les adversaires gardent contact avec le pouvoir, car des passerelles existent, au niveau de la région ou de l’origine ethnique, de la famille, des relations, des affaires…Ce n’est pas pour rien que l’opinion se gausse parfois de « Kamerheleon » (Vital Kamerhe) ou voit en Félix Tshisekedi, le seul qui a accepté la machine à voter, le futur Premier Ministre d’un « gouvernement de cohabitation »…Faut-il dire que

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c’est l’argent qui irrigue tous ces circuits parallèles ? Sans oublier les souvenirs communs:

bon nombre d’opposants sont d’anciens collaborateurs de Kabila…

Face à cet écheveau compliqué, Bruxelles a aussi caressé, officieusement, l’idée d’une « transition sans Kabila », soit une autorité transitoire qui préparerait, dans les règles, des élections jugées enfin transparentes et démocratiques. Des noms avaient même été cités, le cardinal Monsengwo, aujourd’hui mis à la retraite par le Pape François, voire le Docteur Mukwege, désormais prix Nobel de la paix. Cette hypothèse négligeait deux facteurs importants : la manière de faire partir un Kabila qui contrôle l’armée et la police, et le désaveu des voisins africains, peu désireux d’encourager chez le voisin un saut périlleux qui pourrait se reproduire chez eux…

Reste à savoir qui a influencé ainsi un homme froid et rationnel comme Didier Reynders.

Le nom de son « directeur Afrique » Renier Nyskens, qui fut ambassadeur à Kinshasa et entretint des relations difficiles avec Kabila père, est fréquemment cité, et on le connaît comme un homme sûr de ses convictions, volontiers intransigeant sinon hautain. Revient également, aussi familier que le monstre du Loch Ness, le nom de George Forrest : proche des libéraux, et en particulier de la famille Michel, en bons termes avec l ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, l’homme a le bras long, la rancune tenace. Il s’estime lésé par le régime qui l’a dépossédé de la STL, la Société du terril de Lubumbashi où il retraitait des déchets contenant du cuivre, des déchets mais aussi du germanium, de l’or et autres métaux rares. Un litige financier, portant sur de lourdes créances impayées, l’oppose désormais à l’Etat congolais. Peut-on croire qu’un homme d’affaires, important certes, mais pas le seul sur le terrain, puisse ainsi influencer la politique d’un gouvernement via des ministres libéraux ? D’aucuns expliquent aussi l’intransigeance de Reynders par des calculs politiques : on connaît ses bonnes relations avec la NVA et son patron Bart de Wever bourgmestre d’Anvers, qui soutiendraient une ligne dure à l’égard de Kinshasa. Par ailleurs, le ministre de la Coopération, Alexander De Croo (Open VLD) est aussi le fils de son père Herman, qui fut jadis l’avocat de Mobutu et l’un des patrons d’Utex Africa et demeure un ami personnel de Moïse Katumbi.

Reste à sortir de la crise, qui a des effets négatifs tant pour le Congo que pour la Belgique, pour les 3000 Belges résidant encore au Congo comme pour les dizaines de milliers de Belgo Congolais fidèles à leurs deux patries. D’ici le 23 décembre, qui est toujours la date fixée pour les élections, on ne doit guère s’attendre à des inflexions majeures. Mais si, ensuite, la passation des pouvoirs se déroule sans trop d’incidents, la réconciliation, inévitablement, sera la première priorité du nouveau « patron » du Congo, quel qu’il soit.

De part et d’autre, il y aura des prix à payer : au Congo, il s’agira, au minimum, de la décrispation politique, de la libération des opposants et autres « prisonniers emblématiques

», tandis que, du côté belge, il faudra envisager un allègement des sanctions et une normalisation des relations entre les deux pays. A la veille des élections en Belgique, Didier Reynders, déjà appelé « commun diviseur » par le dauphin Shadary, sera-t-il l’homme de ce réajustement politique ?

Martin Fayulu ou la fin du « candidat unique » de l’opposition congolaise ? Colette Braeckman - Le Soir - le 19.11.2018,

Depuis dimanche, les réseaux sociaux congolais explosent car à peine Martin Fayulu avait- il été désigné, à la suite d’un vote, comme candidat unique de l’opposition que deux des signataires, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe se retiraient de l’accord, invoquant la pression de leur base. Quant à la Fondation Kofi Annan, qui avait organisé la coûteuse rencontre de l’hôtel Warwick à Genève, (dont on ignore toujours la source de financement) elle a publié tous les actes d’engagement des protagonistes, qui avaient, entre autres promis de mettre fin à leur carrière politique et d’être soumis à l’« opprobre de la nation » et à « la sanction de leurs pairs » en cas de non respect de l’accord dit « Lamuka » (réveille toi en swahili…)

En lisant les documents qui avaient obtenu l’assentiment des sept prétendants à l’élection présidentielle, on découvre que le candidat commun s’était engagé à obtenir le rejet de la machine à voter, le nettoyage du fichier électoral, la décrispation, passant par la libération des prisonniers politiques. Or ces positions, fermement défendues par Martin Fayulu, réputé l’un des plus intraitables sur ces points, auraient immanquablement mené à un

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

Dans une déclaration datée hier jeudi 11 octobre, lue à la presse par Martin Fayulu, écrit le journal, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), le Mouvement de Libération du

Lambert Mende, porte-parole du Gouvernement congolais: « Nous félicitons Dénis Mukwege pour cette reconnaissance par l’académie Nobel de Suède du travail remarquable qu’il fait

Pour les sociétaires d’Ensemble, comme ce fut le cas avec feu Étienne Tshisekedi wa Mulumba qui, à un moment de l’histoire de la RDC a symbolisé le retour

Ces invalidations en cascade, à propos desquelles la Cour Constitutionnelle devra statuer d’ici le 19 septembre, ont immédiatement fait remonter la tension et alimenté les

D’autant que dans l’opposition, certains membres comme Moïse Katumbi continuent toujours d’espérer d’être repris pour la course à la présidentielle malgré le fait que le

Ce quotidien rappelle que l’évolution de la situation en République démocratique du Congo caractérisée par la désignation au dauphin du président Joseph Kabila Kabange, les

Accusé de vouloir passer outre la Constitution pour se représenter à la présidentielle de décembre, le président Joseph Kabila a finalement décidé de passer la main en

Joseph Kabila n’a pas l’éloquence d’un tribun, et lorsqu’il invoque sa « passion pour le Congo », il préfère aligner des chiffres : 23.000 km de routes et pistes