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08 12 18/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Chers Visiteurs et Abonnés,

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Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyez

www.CongoForum.be

Encore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra:

helene.madinda@gmail.com.

SOMMAIRE

La presse parue à Kinshasa en ce samedi 8 décembre 2018 reste essentiellement dominée par la campagne électorale des candidats à la présidentielle du 23 décembre 2018. Face aux propos de certains candidats de l’opposition, la MP réagit…

Le Bulletin de l’ACP titre,« Le chef de l’Etat sensibilise la notabilité du Tanganyika à l’élection de Ramazani Shadary ».

ILrapporte que le Président Joseph Kabila « en séjour de travail à Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika, a invité la notabilité de cette province, à l’élection du candidat du Front Commun pour le Congo (FCC), Ramazani Shadary, à la présidentielle du 23 décembre 2018. »

Joseph Kabila qui s’exprimait vendredi, au chapiteau du gouvernorat de province, au cours d’une rencontre avec toute la notabilité du Tanganyika, a axé son message sur l’appel à cette dernière pour son choix porté sur la personne d’Emmanuel Ramazani Shadary, à la présidentielle du 23 décembre prochain, poursuit l’ACP.

Le Potentiel titre à la Une : « Fayulu en Ituri : la consécration ».

Martin Fayulu a du vent en poupe, commente ce journal. « Telles des mangues mûres, les provinces tombent les unes après les autres après son passage. », ajoute Le Potentiel qui affirme d’ores et déjà que le Nord-Kivu et l’Ituri ont basculé dans le camp de Lamuka.

« Les marées humaines observées traduisent la soif populaire de vivre l’alternance au 23 décembre 2018. A Bunia, chef-lieu de l’Ituri, l’accueil réservé au candidat n°4 à la présidentielle est la consécration qui symbolise la rupture avec le passé et l’espoir pour un Congo de l’excellence, plus beau qu’avant. », résume ce tabloïd.

Par contre, Actualité.cd qui relaye les inquiétudes de la Majorité présidentielle titre : « Présidentielle en RDC : La MP accuse Martin Fayulu de vouloir saboter les élections et infantiliser les électeurs ». Dans un point de presse ce vendredi 7 décembre, le camp au pouvoir a accusé l'opposant Martin Fayulu, candidat de la coalition "LAMUKA" à la présidentielle du 23 décembre, de vouloir "saboter" les élections et infantiliser les électeurs en leur demandant de le voter via des bulletins de vote non prévus par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

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« Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe font leur entrée à Uvira », rapporte 7/7.cd. Ce média signale que « sous une pluie qui a duré une vingtaine de minutes, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe sont arrivés à Uvira, dans la province du Sud-Kivu, où ils ont été accueillis par une foule immense. » Avant leur arrivée dans cette ville, poursuit ce site, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, respectivement candidat président de la République et directeur de campagne, ont animé quelques meetings dans plusieurs cités dont Nyangezi, Kamanyola, Luvungi…

Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.

L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacun de ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable.

Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout le processus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:

1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernier recensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiser des élections .

2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutre et apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.

3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en fin de mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personne consensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.

4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitement indépendant.

5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent être parfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats que des observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être, soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles ne concernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de « gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).

6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales et locales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours.

7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il ne saurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’on s’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple à l’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée.

L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectif de la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des pays africains eux-mêmes.

Presse et documents étrangers –

Global Witness s’inquiète de la présence de personnes soupçonnées de détournements dans l’équipe de Shadary

Global Witness / PPLAAF - le 19 novembre 2018

Global Witness et la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF) notent que certains membres de l’équipe de la cellule « finance » de l’équipe de campagne d’Emmanuel Ramazani Shadary comprend des personnalités ayant supervisé

des agences, départements ou projets dans lesquels des fonds publics importants ont disparu, au cours de la dernière décennie. Les deux organisations citent notamment

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Moïse Ekanga Lushyma et Albert Yuma, qui sont tous les deux « à la tête d’agences publiques dotées d’un bilan douteux en matière de gestion des ressources ».

" Lorsqu’un candidat à la présidence de la République, soumis à des sanctions européennes, s’allie avec des personnes qui dirigent des institutions clés dans un régime déjà accusé de corruption généralisée, il existe un risque réel que la frontière entre l’argent public et les intérêts politiques privés devienne floue pendant cette campagne électorale ", a déclaré Peter Jones de Global Witness. "Nous avons appelé à lancer des enquêtes sur ces personnes et les institutions qu’elles dirigent, mais Shadary semble plutôt les récompenser par des positions de pouvoir », font remarquer Global Witness et la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF.

Les deux organisations rappellent que Moïse Ekanga Lushyma est le chef du Bureau de coordination et de suivi du programme sino-congolais (BCPSC), qui gère les principales relations d’affaires de la RDC avec la Chine. Elles notent que le Centre Carter a découvert que des centaines de millions de dollars de prêts chinois, gérés par le BCPSC sous la gérance d’Ekanga, n’ont pas été dépensés pour les projets auxquels ils étaient alloués entre 2008 et 2014. Le BCPSC n’a pas été en mesure de justifier cet argent manquant, ajoutent-elles.

PPLAAF avait aussi révéléque Ekanga avait représenté l’Etat congolais dans ses négociations avec un opérateur portuaire, qui seraient entachées de graves soupçons de détournement. Le contrat en question était censé créer une structure de sociétés permettant l’enrichissement personnel d’individus, politiquement exposés, dont Joseph Kabila.

Albert Yuma, gère la société minière publique la Gécamines (Société Générale des Carrières et Mines), depuis 2010.Global Witness et leCentre Carter ont, tous les deux, signalé la disparition des centaines de millions de dollars de recettes publiques qui avaient été versés à la Gécamines pendant le mandat de Yuma. La Gécamines, sous la présidence de Yuma, a vendu des concessions minières à Dan Gertler, un homme d’affaires israélien. Après avoir acquis des actifs et des sources de revenus clés pour la RDC auprès de ou via la Gécamines, Gertler a étésanctionné en décembre 2017 en vertu de la loi américaine Magnitsky, par le président américain Donald Trump pour corruption dans les transactions minières menées en RDC.

C’est inquiétant de voir que les mêmes noms apparaissent encore et encore dans ces rapports, a déclaré Henri Thulliez, co-fondateur de PPLAAF. Le candidat Shadary a décidé de fermer les yeux sur les graves allégations de mauvaise gestion des fonds publics par ceux qu’il a recrutés pour l’aider à se faire élire.

« Global Witness et PPLAAF affirment qu’Ekanga et Yuma doivent assumer la responsabilité de détournements inexpliqués de fonds publics d’institutions étatiques sous leur surveillance, et que tant que ces questions ne sont pas résolues, ces personnes restent des choix inappropriés pour gérer les finances de la campagne. Ni Global Witness ni PPLAAF ne suggèrent l’existence de preuve d’implication personnelle dans des actes répréhensibles commis par Ekanga ou Yuma », dit un communiqué de deux organisations.

Du côté du Front Commun pour le Congo (FCC), on parle d'accusations gratuites et on demande des preuves.

(Rien que sur CongoForum, on trouve de telles preuves par dizaines de pages. Mais peut- être ne sait-on pas lire, à la FCC. NdlR)

Interview de Joseph Kabila

COLETTE BRAECKMAN -Le Soir* - 01 Dec. 2018

D’ici trois semaines, des élections présidentielles, législatives et provinciales auront lieu au Congo. Joseph Kabila a décidé de ne pas se représenter, mettant en piste un « dauphin », Emmanuel Shadary Ramazani. Le chef de l’Etat, généralement discret, a

accepté de répondre aux questions du « Soir ».

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Entretien Kinshasa

De notre envoyée spéciale

En place depuis 2001, Joseph Kabila n’a jamais été prolixe. Ses interventions publiques étaient millimétrées, ses interviews rares, ses silences étaient parfois plus éloquents que ses discours. Mais au moment de quitter le pouvoir après 18 ans de « règne », est venu le temps des bilans, des réflexions et l’un des chefs d’Etat les plus réservés d’Afrique a accepté de baisser la garde.

L’entretien de près de deux heures qui nous a été accordé en exclusivité avait été préparé par Albert Yuma, le PDG de la Gecamines, qui avait, lui, décidé de répondre à ce qu’il appelle les « calomnies » visant son entreprise, le principal employeur du pays.

Il est certain que celui que ses collaborateurs appellent le « Raïs » (chef en swahili) a suivi et approuvé l’offensive menée par l’ancien « patron des patrons ».

Tenue saharienne, manches retroussées, poil dru et barbe poivre et sel, Joseph Kabila, qui nous reçoit dans un bureau sans apprêt, a depuis longtemps abandonné son allure de « bon garçon » rasé de près pour un look de freedom fighter ou, à 47 ans déjà, de « père de la nation ».

« Ce n’est pas un look, précise-t-il d’emblée, cela traduit plutôt un état d’esprit. »

Il constate : « Nous sommes dans la dernière ligne droite avant les élections, nous avons eu l’enrôlement des électeurs, puis le dépôt des candidatures et, à 90 %, tout s’est passé normalement. La campagne a commencé dans le calme et cette absence d’incidents traduit aussi la maturité politique de la population…

Reste le défi de la sécurisation le jour même du vote.

Après le 23 décembre, il n’y aura plus qu’à attendre les résultats. Je crois que tout va bien se passer. »

A l’étranger, on s’interroge sur la volonté du Congo d’organiser seul ces élections, de se passer de la Monusco – la mission de l’ONU –, qui avait déjà mobilisé des avions pour vous aider.

Tout simplement parce que nous ne sommes pas des mendiants. Le Congo, certes, a des problèmes, mais c’est aussi un pays d’hommes et de femmes dignes. Les pays voisins, eux non plus, ne sollicitent pas l’appui de la Monusco… Si celle-ci a des avions disponibles, elle peut certainement en faire bon usage. Je l’ai expliqué à la représentante du secrétaire général de l’ONU. Nous avons pris l’option d’organiser les élections nous-mêmes, ce qui nous coûte cher, mais c’est une question d’indépendance, de souveraineté…

Cependant, l’absence d’observateurs internationaux peut poser problème. Leur présence est un aussi gage de crédibilité…

Les observateurs seront là : il y aura plus de 40.000 observateurs nationaux, qui ont déjà été formés dans ce but, et aussi les témoins des partis politiques. En plus, il y aura des observateurs de la région, de la SADC (Communauté de développement des Etats d’Afrique australe), de l’Union africaine, de la Communauté des Etats d’Afrique centrale (CCEAC), de l’Organisation internationale de la Francophonie…

Il est vrai aussi qu’il n’y aura pas d’observateurs envoyés par l’Union européenne ou les Etats-Unis.

Pourquoi devrait-on les inviter ? Je considère que ces pays ont déjà préparé leur rapport avant même le jour du vote ! L’important, ce sera surtout l’observation par les Congolais eux-mêmes.

Que de temps passé depuis notre première rencontre, peu de temps après l’assassinat de votre père… Quel est le bilan de toutes ces années ?

Je m’en souviens, nous nous étions rencontrés à la Cité de l’Union africaine… La période écoulée peut se diviser en trois étapes. Durant la première, de 2001 à 2006, la priorité des priorités était la stabilisation du pays, sa pacification et l’organisation d’élections libres.

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C’était la promesse, le défi… Nous avions réussi à stabiliser la situation politique et sécuritaire, mais aussi économique.

La deuxième phase, c’est la période qui va de 2006 à 2011. Nous avions pour objectif de stabiliser davantage et d’amorcer la reconstruction et la plupart des nouvelles infrastructures ont été construites alors. A cette période, nous avons aussi été confrontés à diverses rébellions, dans l’Equateur, au Kivu…

De 2012 jusqu’aujourd’hui, nous avons tenté de poursuivre la modernisation, la stabilisation, d’engager des réformes. Des nouvelles lois ont été adoptées concernant l’organisation du territoire, le découpage nous a fait passer de 11 à 26 provinces. Le challenge, c’est aussi d’organiser le troisième cycle des élections…

On a connu des hauts et des bas, mais l’essentiel, c’est d’être à la veille des élections. On pourrait écrire plusieurs livres sur ce long, ce si long voyage, qui n’est d’ailleurs pas fini.

Puisque le chemin est encore long, n’est-il pas difficile de céder la place ?

Ce qui me surprend, c’est que ma décision ait pu surprendre : j’ai fait ce que j’avais toujours dit. Jamais, ni en privé ni en public ou en aparté avec un autre chef d’Etat, je n’ai exprimé autre chose. J’ai toujours été constant. Rappelez-vous qu’un jour, à Matadi, je vous avais dit que j’étais au service de mon pays et que j’allais le rester toujours.

L’œuvre de reconstruction de ce pays, de consolidation de la paix, c’est un travail de longue haleine, proposé à 80 millions de Congolais et pas seulement à M. Kabila…

Même si Dieu devait nous donner deux ou trois vies, il y aurait de quoi les remplir.

D’ici quelques semaines, redevenu simple citoyen, vous allez donc rester au service de votre pays ? Que pensez-vous faire ?

En tout cas, je ne songe pas à aller en vacances aux Bahamas, ni même en Espagne, à

Dubaï ou ailleurs.

Ce que je pense faire ? J’avoue que je ne me suis pas encore posé la question. Blague à part : je resterai certainement dans mon pays où je vais m’occuper de beaucoup de choses.

Vous avez la réputation d’aimer la nature.

Je suis passionné par la nature, mais surtout par la protection de l’environnement. Je vais continuer, en tant que citoyen. Il y a tellement de travail dans ce domaine. Je vais aussi m’occuper de mes fermes – au début, il n’y avait que quelques paillotes et il reste beaucoup à faire.

Quel que soit votre successeur, vous allez certainement lui donner des conseils…

Cela dépend. S’il a besoin de mes conseils, je serai toujours là, volontiers. Mon successeur, quel qu’il soit, aura non seulement besoin de l’ancien président, mais surtout besoin de dignité. Besoin de la participation des 80 millions de Congolais au pays et de tous ceux qui sont dans la diaspora, afin d’aller de l’avant dans la reconstruction du Congo.

Est-ce dans cet esprit que vous avez créé le grand rassemblement appelé FCC, Front commun congolais ?

Le FCC, c’est une idée qui date du lendemain des élections de 2006, j’étais conscient du fait que tous les Congolais devaient cheminer ensemble. A l’époque, j’avais fait appel à Jean-Pierre (Bemba), mon ancien vice-président, et même nos amis de l’UDPS, pour que nous travaillions ensemble. Pour relever les défis de la paix, de la reconstruction, de la sécurité, de la stabilité, je pense qu’il faut que tout le monde s’implique.

C’est pourquoi, l’an dernier, après les accords de la Saint-Sylvestre (31 décembre 2016), où plusieurs partis d’opposition étaient entrés dans le gouvernement, je leur avais posé la question : après avoir travaillé ensemble depuis une année, allons-nous aller aux élections en tant que frères et sœurs ou en tant qu’ennemis ? Cette réflexion a abouti à la création des FCC, on y soutient un même candidat, un même programme de reconstruction économique…

Cette vaste plateforme ressemblerait-elle à un début de parti unique ?

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Je ne crois pas, il y a plusieurs tendances au sein des FCC, les libéraux, les socialistes, d’autres…

D’ailleurs, au lieu d’avoir 600 partis politiques, je crois préférable d’avoir de grands ensembles, avec un total de quatre à cinq partis politiques qui transcendent les régions, les ethnies…Si les autres se regroupent aussi, c’est une bonne tendance.

C’est ce qui avait été tenté lors de la réunion de l’opposition à Genève, même si la tentative a échoué.

La question n’est pas l’échec, mais ce qui était à la base de cette initiative et avec quel objectif… On peut espérer que, d’ici le 23 décembre, ils soient toujours ensemble. Qu’après cette date, le gagnant fasse appel à tout le monde et que le perdant accepte d’avoir perdu.

D’aucuns estiment que les promesses de décrispation du climat politique n’ont pas été tenues et rappellent qu’il y a toujours des prisonniers politiques.

Je ne veux pas discuter des affaires qui relèvent strictement de la justice mais, à ma connaissance, il n’y a pas de détenu strictement « politique ». S’il y a des problèmes au niveau de la justice, c’est là qu’il faut intervenir, mais moi je ne le peux pas… Nous avons un ex-gouverneur arrêté pour viol, des généraux en prison pour la même raison. Etre en politique ne permet pas d’être libéré face à ce type de charges.

Il y a aussi d’autres détenus, comme Carbone Beni, un militant activiste de Lucha, ou des prisonniers plus anciens, accusés d’avoir été impliqués dans l’assassinat de votre père en 2001. Tout cela n’est pas clair.

A propos de ceux qui ont été arrêtés après la mort de mon père, je ne ferai pas de commentaire car cela me concerne personnellement. Pour les autres, la situation doit être traitée au cas par cas, mais on ne peut pas exiger qu’on libère tout le monde.« Il faut investir dans son pays »

Où serez-vous l’année prochaine ? Serez-vous mué en « gentleman farmer » ? Mes fermes, à Kingakati ou au Katanga, sont le résultat d’années de travail, j’ai construit petit à petit… C’est aussi une leçon que je voudrais donner aux Congolais : il faut qu’ils soient les premiers investisseurs dans leur pays. Qu’au lieu de créer 600 partis politiques ils créent 600 entreprises. C’est un devoir patriotique.

A ceux qui, depuis l’étranger, nous critiquent, je leur dis de revenir, d’investir au Congo, de créer des entreprises. Je lance un appel à la diaspora…

A l’époque du maréchal Mobutu, on parlait de ses propriétés en Suisse, en France. Moi, je pense qu’il faut investir au Congo. C’est ce que j’ai dit aux membres de ma famille. Je souligne qu’aucun d’entre eux n’est employé dans un ministère, dans une fonction publique

; ils n’ont pas de sinécure, ils doivent tous travailler dans le pays. C’est cela le message, l’exemple que je voudrais donner…

Terroristes « Le Congo représente une cible

Dans la région de Beni, l’armée est-elle confrontée à des attaques qualifiées de

« terroristes » ?

Qualifiées ? Mais c’est bien de terroristes qu’il s’agit ! Nos amis en Occident devraient se réveiller : c’est en 2012 déjà que j’ai commencé à parler du terrorisme des ADF (Allied Democratic Forces, rebelles d’origine ougandaise opérant dans la région du Ruwenzori, NDLR).

A l’époque, je disais aux chefs d’Etat que ces ADF étaient les mêmes que les « shebabs » de Somalie, que Boko Haram en Afrique de l’Ouest, que l’Etat islamique lui-même…

Aujourd’hui, les Ougandais s’agitent, mais aussi les Tanzaniens. Voici une semaine, à Cabo Delgado, au Mozambique, des inconnus ont égorgé des civils, brûlé les maisons avant de prendre la fuite.

De la même manière qu’à Beni, où on a arrêté des groupes radicaux dans lesquels se trouvaient des Somaliens, des Kényans, des Ougandais, des Mozambicains…

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Cette menace inédite exige une très bonne coopération des services de sécurité de la région. Il ne s’agit plus d’une guerre classique, mais de groupes qui veulent tuer un maximum de gens puis disparaître.

Pour nous, c’est un grand défi, une menace pour l’avenir.

Les Mai-Mai qui restent, nous sommes capables de les affronter. Par contre, cette menace terroriste requiert une stratégie particulière.

Le Congo ne représente pas un nouveau front mais une cible. Des assaillants, arrêtés au Mozambique, ont dit qu’ils avaient été entraînés dans les forêts du Congo !

Du temps du Mzee, votre père, vous étiez déjà militaire. Allez-vous rester lié à l’armée ? Est-ce dans votre ADN ?

Mon ADN ? Je ne dirais pas. J’ai beaucoup de camarades qui sont devenus aujourd’hui de très bons officiers et je les encourage à continuer à encadrer les jeunes en formation.

Evidemment, en cas de besoin, je suis dans ce qu’on appelle la réserve…

Vous êtes trop jeune pour être mis à la retraite…

La retraite, non, j’ai bien dit la réserve. En cas de besoin, on peut toujours faire appel à nous, à moi, pour servir la nation.

« On a tenu bon sur le Code minier »

En début d’année, vous avez reçu les patrons des multinationales minières, ils voulaient vous dissuader de revoir le Code minier.

Oui, c’était tendu. Ils m’ont dit qu’ils étaient prêts à faire des concessions, mais que le nouveau Code ne devait pas être promulgué. Je leur ai répondu qu’eux n’avaient à gérer que leur société, tenter de réaliser quelques millions de dollars à la Bourse.

Alors que moi, je devais veiller aux intérêts de 80 millions de Congolais.. Ces derniers sont mes actionnaires à moi. La loi a donc été promulguée. On a tenu bon dans l’intérêt de notre peuple.

Autre chantier : celui de la lutte contre la corruption.

Quand on est arrivé ici avec Laurent-Désiré Kabila (son père, NDLR), notre désir, c’était de transformer le Congo. De changer l’homme, sa façon de voir. Le Zaïre est devenu la RDC mais, côté mentalité, on a connu quelques difficultés. L’essentiel, c’est que la société ne nous a pas transformés, nous.

« Certains, en Belgique, croient que le Congo est encore une colonie »

Vous avez déjà connu des moments de froid avec la Belgique lorsque Karel De Gucht était ministre des Affaires étrangères. L’histoire est-elle appelée à se répéter ?

Pour mieux comprendre les relations entre la Belgique et le Congo, il faut remonter à 1960.

C’est alors que le Congo a perdu son Premier ministre, Patrice Lumumba, assassiné en 1961. La Belgique était très impliquée dans la disparition de Lumumba.

Ensuite, on a fait du maréchal Mobutu l’homme fort du Congo, mais même avec lui, il y avait des frictions, des hauts et des bas. Avec le Mzee, mon père, c’était pareil.

Lorsque Karel De Gucht est venu ici, je lui ai dit que je considérais que, sur le plan politique, il était finalement un petit raciste. Et moi, je n’aime pas les racistes.D’accord, de tels propos n’étaient pas diplomatiques mais c’était la vérité.

Le problème avec les Belges, c’est ce que j’appelle l’état d’esprit. Il y a des gens qui, en Belgique, croient que le Congo est encore une colonie, que les Belges doivent toujours avoir de l’ascendant sur les Congolais.

Cela fonctionnait peut-être avec nos pères – qui ne sont plus là – mais avec nous, les enfants de ceux qui ont combattu le colonialisme dans ce pays, c’est inadmissible, cela ne marche pas. Le peuple congolais n’acceptera jamais.

Certes, les Belges peuvent recruter dix, vingt Congolais pour qu’ils soient leurs pions, mais ils n’auront pas le soutien des autres.

Vous me donnez l’occasion de le dire : ce qui ne va pas avec les Belges, c’est ce que j’appelle une certaine animosité vis-à-vis de notre peuple, cette tendance qu’ils ont

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d’humilier le peuple congolais à travers ses dirigeants. Et cela, nous ne l’accepterons plus jamais.

Qu’est-ce qui nous divise avec la Belgique ? Je considère que nous sommes des hommes libres, que le Congo est un pays indépendant et que nous n’avons pas de comptes à rendre à un ministre des Affaires étrangères qui se trouve en Belgique.

Vous a-t-il jamais demandé des comptes ?

Directement ou indirectement ; il disait, entre autres, que M. Kabila doit se prononcer à propos des élections. A cela, je répondais : « Mais cela ne vous regarde pas, ce ne sont pas vos affaires, occupez-vous de vos problèmes chez vous et nous allons nous occuper de notre peuple, de notre pays. Ne vous ingérez pas dans la politique interne du Congo. » Il n’appartient pas à la Belgique de faire le choix des dirigeants de ce pays, d’inviter des opposants à Genval, de leur offrir des chocolats…

Cela ne m’a pas choqué, non, mais surpris, oui : ce sont des tendances néo-colonialistes.

Si on ne peut pas accepter cela de la Chine, de la Russie ou des Américains, on ne l’acceptera pas non plus des Belges…

Inviter ainsi des gens à Bruxelles, à Genève et ailleurs, c’est une façon d’essayer d’imposer des dirigeants à ce pays alors que c’est à notre peuple qu’il appartient de choisir, que cela dépend de lui.

La maison Schengen reste fermée. C’est tout de même une mesure qui frappe en premier lieu les Congolais eux-mêmes…

Ils peuvent aussi aller ailleurs dans le monde, il y a plus de 150 pays où ils pourraient aller.

Il y a un prix à payer pour tout, y compris pour la dignité.

De toute façon, je ne crois pas que cette situation va durer. Il faudra trouver une solution, qui soit en faveur du respect, envers nos deux peuples.. Entre le peuple belge et le peuple congolais, il ne peut pas y avoir de problèmes.

« Des sanctions illégales, arbitraires »

Quel est votre sentiment face aux sanctions décrétées par l’Union européenne qui visent des responsables congolais, y compris votre dauphin, M. Shadary ? Si Shadary est élu, il sera le président de la RDC, en Belgique, il ne possède rien. Certains ont regretté que les individus visés n’aient pas eu l’occasion de se défendre. Moi, je demande pourquoi nous devrions aller nous justifier. Ces sanctions sont tout à fait illégales, injustes, arbitraires, orientées politiquement. Quelques pays d’Europe ne peuvent s’arroger le droit de nous sanctionner ainsi.

Dans quel monde vivons-nous, où ceux qui ont la force ou croient l’avoir peuvent s’arroger un tel droit ? Moi, je fais pleinement confiance à tous ceux qui ont été sanctionnés, et surtout les officiers ; je sais qu’ils défendent l’Etat de droit.

On me dit que si tout se passe bien lors des élections, les sanctions pourraient être levées.

Mais moi, je m’en fous. Pour les élections, tout va très bien se passer et cela ne dépendra pas des sanctions. Ce seront les meilleures élections que ce pays aura connues depuis 1959. Je crois que nous aurons été du bon côté de l’histoire. Le Congo ne sera jamais à genoux, il sera toujours debout.

Qu’avez-vous dit au docteur Mukwege, qui a reçu le prix Nobel de la paix ?

C’est un compatriote, je l’ai félicité. A un moment, on disait que Bukavu était la capitale du viol. Ce n’est plus le cas et il ne faut pas propager des images qui ne sont plus justifiées.

Les maladies tropicales pas si négligées: "La Belgique veut passer à la vitesse supérieure"

Laurence Dardenne – La Libre - Belga - le 02 décembre 2018 BelgiqueDans les deux ans à venir, notre pays investira 4,4 millions d’euros.

La Belgique va investir, dans les deux années à venir, 4,4 millions d’euros (5 millions de dollars US) dans la lutte contre les maladies tropicales négligées, a annoncé dimanche le

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ministre chargé de la Coopération au développement, Alexander De Croo (Open Vld), en marge du concert de charité Global Citizen Festival organisé à Johannesbourg.

La fondation Bill&Melinda Gates doublera la mise belge. Cet investissement conjoint, qui sera versé au Projet spécial élargi pour l’Élimination des maladies tropicales négligées de l’OMS, est un levier pour mettre 300 millions de dollars de médicaments à la disposition de 20 millions de personnes touchées par une maladie tropicale négligée, selon le ministre.

Organisations philanthropiques

Malgré l’existence de traitements, 170 000 personnes meurent chaque année des suites de ces maladies. D’autres en supportent toute leur vie les conséquences. Face à cette situation, un groupe d’organisations philanthropiques, de pays bailleurs, de

gouvernements de pays touchés par des maladies tropicales et d’industries pharmaceutiques ont signé, il y a 5 ans, la déclaration de Londres, s’engageant à

focaliser leurs efforts sur cinq maladies tropicales négligées, qui peuvent être maîtrisées ou éradiquées grâce à l’administration massive de médicaments.

"La Belgique veut passer à la vitesse supérieure dans la lutte contre ces maladies tropicales négligées et briser le cercle vicieux pauvreté-maladie-pauvreté. Chaque euro investi représente deux traitements. En unissant nos forces à la Fondation Bill&Melinda Gates, nous pourrons améliorer la vie de vingt millions de personnes au cours des deux prochaines années", a souligné M. De Croo.

Cet investissement vient renforcer le partenariat existant entre la Belgique et la

Fondation Gates sur la maladie du sommeil qui menace 50 millions de personnes, dont 85 % habitent la RDC. Entre 2017 et 2025, le gouvernement belge investira au total 27 millions d’euros pour y éradiquer la maladie.

Martin Fayulu, candidat à l'élection présidentielle RFI – le 02.12.2018,

Rfi continue de donner la parole à tous les candidats à la présidentielle en RDC.

Ce dimanche nous recevons Martin Fayulu, candidat surprise de l'accord de Genève soutenu notamment par Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi, mais qui devra affronter au sein de l'opposition l'alliance Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, les deux dissidents de

l'accord de Genève.

A 61 ans, le député Martin Fayulu n’est sans doute pas le plus connu des opposants congolais. Mais cet ancien directeur d’Exxon Mobile, président de l’Ecidé (Engagement pour la Citoyenneté et le Développement), a été de toutes les grandes manifestations depuis 2015 et le début du combat contre le troisième mandat de Joseph Kabila.

RFI : Martin Fayulu, on a dit que vous étiez le plus petit dénominateur commun choisi, parce que vous ne ferez pas trop d’ombre à Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba en cas d’élection. Que répondez-vous ?

Martin Fayulu : Je ne le considère pas comme une insulte, mais ceux qui le disent, ils savent eux-mêmes qui je suis. Si les Congolais m’appellent « le gardien du temple », pourquoi gardien du temple ? Cela veut dire que Tshisekedi Etienne est parti et je garde le temple. Et je fais le travail qui doit être fait.

Est-ce que vous n’êtes pas, finalement, le candidat des exclus au service de Moïse Katumbi et de Jean-Pierre Bemba, qui vous ont désigné et qui n’acceptent pas que cette élection se tienne sans eux ?

Non. Mais il faut que les gens se regardent ! Qui est à la tête de toutes les manifestations

? Jusqu’à recevoir une balle ? Moi, j’ai fait le travail. Le peuple congolais reconnaît ce travail et mes pairs de l’opposition ont reconnu ce travail. Ils m’ont choisi. Je ne suis pas le candidat de ceux qui ont été exclus.

Vous n’avez que trois sièges à l’Assemblée nationale. Vous êtres très loin derrière Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe dans le sondage de l’Institut BERCI. Est-ce que ce n’est pas un handicap sérieux, tout de même ?

Le sondage de l’Institution BERCI est un sondage commandité. Et c’est un sondage dangereux. J’ai eu trois députés, parce que j’ai commencé le parti très tard. Et nous nous sommes présentés à la première élection, paf ! Trois députés. J’ai travaillé dans une

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société, je me suis expérimenté, j’ai des compétences aujourd’hui que je peux mettre au service de mon pays. Ça, c’est la différence ! Les élections c’est une photographie de la situation à un moment donné. Attendons les élections et vous verrez qui je suis.

Que rendez-vous à Lambert Mende qui vous traite, je le cite : de « poids-plume » et de « souris naine » ?

Lambert Mende me connait. Si je suis poids-plume… Et qu’est-ce qu’il dit de son candidat dauphin ? Il est poids, quoi ? Mouche ?

Et même à Kinshasa, où l’on dit que vous êtes le plus connu et le plus populaire, des milliers de Congolais étaient, certes, à l’aéroport pour vous accueillir à votre retour d’Europe, mais ils étaient des dizaines de milliers pour accueillir Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ! Cela ne vous inquiète pas ?

Est-ce la complicité avec la police ? C’est ça, la question que l’on doit se poser. La police, depuis l’aéroport jusqu’à Limete, n’a fait que tirer des gaz lacrymogènes pour disperser les gens. Moi, je n’ai pas bénéficié de bus de transport, mais il y avait des dizaines et des dizaines de milliers de Congolais qui m’ont accueilli à l’aéroport et cela s’est vu.

Est-ce que vous pouvez clarifier votre position au sujet de la machine à voter ? Vous refusez le boycott, mais vous refusez aussi la machine à voter.

Concrètement, qu’allez-vous demander à vos électeurs le jour du scrutin ?

J’ai dit au peuple congolais : ne permettez pas à quiconque d’organiser des élections avec la machine à voter, parce que c’est illégal ! La fraude est préparée. Nous devons, à partir de ces élections, commencer à établir un Etat des droits.

Donc, vous demandez à vos électeurs d’aller réclamer des bulletins de vote dans les bureaux, le 23 décembre ?

Nous demandons à nos électeurs qu’on n’installe même pas la machine à voter dans les bureaux de vote. Que personne ne puisse organiser les élections en utilisant la machine à voter !

Vous vous préparez à contester l’élection et à une journée de vote entravée ? Non. Nous disons simplement qu’on doit être sérieux, qu’on doit être responsable. On doit penser à ce peuple. Monsieur Shadary a dit qu’il va continuer l’œuvre de Kabila. C’est-à- dire qu’il va continuer à enfoncer le Congo. Je dois arrêter cela.

Vous ne craignez pas qu’on vous accuse d’organiser le chaos ce jour-là ?

Ce n’est pas nous qui organisons le chaos ! C’est Nangaa, président de la Céni, qui se croit tout puissant, qui veut organiser le chaos. Et nous lui disons qu’il sera le seul responsable de ce chaos. Donc, nous demandons au Conseil de sécurité des Nations unies et à tous les partenaires internationaux de nous venir en aide pour régler ces problèmes que Nangaa est en train de créer. Parce que Nangaa obéit aux ordres de Monsieur Kabila. Il y a la Monusco qui est là, madame Zerrougui a une mission de bons offices. Jusque-là on ne voit absolument rien. Donc, nous disons au Conseil de sécurité : Ecoutez. Ne restez pas bras croisés, parce que demain, ce qui peut arriver au Congo - cette escalade-là, personne ne pourra l’arrêter. Nous avons des pays limitrophes. Nous ne voulons pas l’escalade ! Mais si, comme le dit la Commission électorale, la machine ne sert qu’à identifier les candidats, imprimer les bulletins de vote, sans comptage électronique de voix, est-ce que cela ne vous rassure pas ?

Mais la Céni dit : vous aurez les résultats avant Noël. Mais c’est irréaliste. On ne peut pas compter les voix le même jour. On a déjà eu des élections présidentielles ici !

Donc, il ment, selon vous ?

Il ment. Nangaa est un grand menteur ! Mais il ment comme il respire ! Et ça, c’est grave ! Parlons un peu de votre programme. Vous faites également de la lutte contre l’insécurité l’une de vos priorités. Vous promettez notamment d’exiger une réunion au Conseil de sécurité des Nations unies pour demander des comptes à la Monusco au sujet de son inaction face aux groupes armés. Est-ce que cela signifie que, contrairement au président Kabila, vous n’êtes pas favorable à un désengagement de la Monusco ?

Non. La Monusco doit rester. Et la Monusco doit être plus efficace. La Monusco ne doit pas être gênée par un gouvernement quelconque.

Pour vous c’est le gouvernement actuel qui l’empêche d’agir ?

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Tout à fait. Le gouvernement a porté beaucoup d’entraves ! Moi, je collaborerai avec la Monusco. Nous avons besoin de la paix !

Vers un chaos électoral pire qu’en 2011 » Christophe RIGAUD – Afrikarabia - 02 Déc 2018

Une machine à voter très contestée et un fichier électoral truffé d’électeurs fictifs font craindre que les élections du 23 décembre soient immédiatement contestées. Pour Paul Nsapu, président de la Ligue des électeurs et secrétaire général adjoint de la FIDH, la surveillance du scrutin doit être renforcée et la pression internationale maintenue sur le pouvoir de Kinshasa.

Afrikarabia : En 2011, un fichier électoral corrompu et de nombreuses irrégularités avaient rendu les résultats des élections « non crédibles » pour les observateurs internationaux. A 20 jours de la prochaine présidentielle, dans quelles conditions se déroulera le vote ?

Paul Nsapu : Cette fois-ci, ce sera pire qu’en 2011 ! Après la réélection contestée de Joseph Kabila en 2011, le régime a continué a mal géré le pays sur fond de violations continuelles des droits de l’Homme, de massacres de population et de restrictions des libertés fondamentales. Ce sont sur ces bases qu’un processus électoral en trompe l’oeil s’est mis en place, avec une Commission électorale (CENI) politisée, qui n’est pas indépendante.

Afrikarabia : En 2011, il y avait déjà un problème de fichier électoral, mais cette année vient se rajouter l’utilisation de la machine à voter.

Paul Nsapu : On redoute en effet une fraude massive. Ce qu’il y a sous le capot de cette machine et les logiciels utilisés n’ont jamais été examinés de manière indépendante. Ce qui nous fait croire que la CENI a la volonté d’utiliser cette machine pour tricher. Si on ajoute à cela plusieurs millions d’électeurs fictifs sans empreintes digitales, on peut penser que la CENI souhaite utiliser ce « réservoir » d’électeurs pour bourrer les urnes. Ces élections seront donc contestées.

Afrikarabia : Dans ces conditions, appelez-vous à boycotter le scrutin ?

Paul Nsapu : Non, nous n’allons pas boycotter les élections. Nous allons nous organiser pour que la population se réapproprie et surveille le scrutin. Et si le régime réprime, comme à son habitude, ce sera une preuve que le pouvoir n’a pas respecté ses engagements.

Boycotter serait donner la victoire au régime et conforter le pouvoir du président Kabila et de la Kabilie.

Afrikarabia : On s’achemine vers des élections à huis clos puisque l’Union européenne ne pourra pas envoyer d’observateurs électoraux, tout comme le Centre Carter, comment allez-vous vous organiser ?

Paul Nsapu : La société civile, dans son ensemble, a décidé de former des observateurs locaux. La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) va déployer 40.000 observateurs, et la société civile et les mouvements citoyens, au sein de la Symocel, va en former 20.000. Mais c’est encore insuffisant. Avec ce nombre, nous couvrirons à peine 30.000 bureaux de vote sur les 90.000. Pendant les deux semaines qui restent, nous demandons à tous les acteurs nationaux et internationaux à venir nous aider.

Afrikarabia : Que peut-il se passer en RD Congo si le scrutin du 23 décembre est contesté, ce qui est fort probable ?

Paul Nsapu : Dans les grandes villes, la population risque de descendre dans la rue pour prendre possession de tous les symboles du pouvoir, en commençant par les bureaux de vote. Ce qui pourrait arriver également, c’est que les groupes armés, qui menacent régulièrement de prendre les armes, trouvent une occasion pour semer le chaos.

Afrikarabia : Et sur le plan politique ?

Paul Nsapu : Il faudra exiger une nouvelle transition afin de demander des élections transparentes et crédibles. Et pour cela, il faudra une transition sans Kabila et ses collaborateurs. Cela est possible, mais les acteurs internationaux devront nous accompagner.

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Afrikarabia : On a l’impression qu’en annonçant sa décision de quitter le pouvoir et d’organiser les élections dans les temps, le 23 décembre prochain, Joseph Kabila a réussi à faire baisser la pression internationale sur Kinshasa ?

Paul Nsapu : Joseph Kabila a voulu surprendre la communauté internationale en disant :

« okay, si vous ne voulez plus de moi, je me retire, mais accepter mon dauphin », Emmanuel Ramazani Shadary. Mais attention, Joseph Kabila continue de garder la main.

Afrikarabia : Le candidat du FCC, Emmanuel Ramazani Shadary, est sous le coup de sanctions européennes. Ces sanctions sont en renégociation dans les semaines à venir, doivent-elles être reconduites ?

Paul Nsapu : Emmanuel Ramazani Shadary était ministre de l’Intérieur lorsqu’il a ordonné la répression sanglante des manifestations pacifiques de 2018. Shadary est arrivé au moment où les deux experts de l’ONU ont été assassinés dans les Kasaï (un conflit qui a fait au moins 3.000 morts selon l’Eglise catholique – ndlr). Nous avons de nombreuses preuves qui démontrent la responsabilité de monsieur Shadary et de Joseph Kabila dans les massacres du Kasaï. Nous savons exactement ce qu’Emmanuel Ramazani Shadary a fait dans les Kasaï, les primes qu’il a accordé à certains donneurs d’ordre dans le meurtre des deux experts onusiens. Shadary fait partie des 16 personnalités sous sanctions européennes et nous demandons à ce qu’elles soient reconduites. Lever ces sanctions seraient un très mauvais signal que l’Union européenne donnerait aux victimes.

Afrikarabia : Si Emmanuel Ramazani Shadary venait à être élu président de la République, qu’est-ce-que cela changerait pour les Congolais ?

Paul Nsapu : La mauvais gestion va continuer. Pour nous, il n’y aura pas changement majeur et nous continuerons à exiger que justice soit faite et que monsieur Shadary soit un jour déféré devant les tribunaux.

Campagne électorale: premier meeting pour le ticket "FatshiVit"

RTBF / RFI - le 03.12.2018,

A trois semaines du scrutin, les trois principaux candidats à l'élection présidentielle cruciale prévue pour le 23 décembre en République démocratique du Congo mènent une campagne souvent semée d'embûches, avec de nombreux faux départs pour l'un des deux représentants de l'opposition.

Dimanche, le "ticket" d'opposants Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe a lancé sa campagne à Kinshasa sous une pluie incessante, devant quelques centaines de sympathisants dans le quartier populaire du Camp Luka à Kinshasa.

Dès 12 heures, les militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de Félix Tshisekedi et de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe se rassemblent au Camp Luka. Sous une pluie battante, ils chantent les noms des deux opposants, mais ce n’est finalement qu’à 17 heures que le meeting débute, pour des raisons de météo.

Dans leur bref message, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi évoquent la pauvreté de ce quartier et s’attaquent au pouvoir : « C’est la désolation totale, ce que nous venons de voir ici. Et il faut le faire, il ne faut pas faire seulement des meetings dans des endroits où on est sous la protection des lumières ou on a le macadam. Il faut venir ici, à Camp Luka, pour voir la misère du peuple congolais. »

À côté des militants de l’UNC et de l’UDPS, plusieurs jeunes supporteurs de l’opposant Martin Fayulu ont également donné de la voix. Et cela n’a pas dérangé Vital Kamerhe, selon ses propos : « Il y a plusieurs candidats, c’est ça la démocratie. Ce n’est pas mal, ça signifie que c’est le bastion de l’opposition. C’est une très bonne chose. Il n’y a pas de rivalité entre factions de l’opposition, il faut que les gens le sachent, nous sommes tous en train de nous battre pour le changement dans le pays. »

Le duo Tshisekedi-Kamerhe doivent partir mardi à la conquête de l'Est en débutant par Goma, dans le Nord-Kivu, dans cette campagne où bien des rendez-vous peuvent toujours être annulés ou reportés à la dernière minute.

C'est le cas pour l'autre candidat de l'opposition, Martin Fayulu, qui a finalement reporté à mercredi le lancement de sa campagne dans la ville de Beni, également dans le Nord-Kivu, où il voulait initialement arriver dimanche.

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Martin Fayulu tient à mettre l'accent sur les questions de sécurité à Beni, cible des attaques du groupe armé ADF et d'une épidémie d'Ebola.

Il a accusé cette semaine le gouvernement de l'empêcher de faire campagne en retardant la réponse à sa demande d'utilisation d'un avion privé.

Le candidat de la majorité Emmanuel Ramazani Shadary a pour sa part fait campagne toute la semaine dans l'ex-Katanga minier (sud-est). "Au cours de notre mandat, un agent de l'Etat qui se livre à la corruption sera jeté dans la prison", a-t-il promis vendredi à Kalemie, la capitale du Tanganyika (sud-est), dans des propos rapportés par le site internet de la radio Okapi.

Au total, 21 candidats ont été retenus pour la succession du président Kabila, au pouvoir depuis janvier 2001. Deux d'entre eux se sont désistés respectivement en faveur de Félix Tshisekedi (Vital Kamerhe) et de Martin Fayulu (Freddy Matungulu).

Inga 3 : coup d’arrêt du parlement sud-africain aux ambitions de Kabila François Misser – La Libre – le 3 décembre 2018

La commission de l’énergie du parlement sud-africain recommande au gouvernement de préparer des alternatives à l’approvisionnement en énergie en provenance d’Inga.

La décision ne traduit pas forcément un désintérêt pour le projet Inga en tant que tel, susceptible de fournir l’énergie propre la moins chère au monde à l’Afrique du Sud. Mais elle reflète le sentiment d’incertitude dans la classe politique sud-africaine envers un projet porté à bout de bras par l’ex-président Jacob Zuma et l’actuel ministre de l’Energie, Jeff Radebe, dont la maturité laisse à désirer.

Le 26 octobre, la Commission de l’énergie du parlement sud-africain a demandé au gouvernement de conduire une étude d’impact des différents scénarios à envisager concernant le futur mix énergétique du pays. Dans ce contexte, les députés ont prié l’exécutif de considérer des alternatives à l’approvisionnement en énergie à partir du barrage d’Inga, au cas où il ne pourrait pas fournir les 2500 MW, prévus dans le traité international sur Inga signé entre les deux pays en 2013.

Pareille recommandation pourrait contraindre le gouvernement de Pretoria à opérer un virage à 180°. A la mi-octobre, lors de la Commission mixte RDC-Afrique du Sud, avait été discutée la possibilité de doubler à 5000 MW, la quote-part de la puissance à fournir à la société sud-africaine ESKOM, dans l’optique du redimensionnement à la hausse du projet Inga 3 (de 4800 MW à 11 000 MW) annoncé l’an dernier par l’Agence pour le développement et la promotion du projet Grand Inga (ADPI) qui dépend de la présidence congolaise..

Mais contrairement à Jacob Zuma dont le neveu, Khulubuse, a reçu des participations dans des permis pétroliers dans la région du Lac Albert, le nouveau chef de l’Etat sud-africain, Cyril Ramaphosa n’a pas d’intérêt personnel au Congo et donc de raison de renvoyer l’ascenseur à Kabila. Partant, son gouvernement, a de bonnes chances de suivre l’avis des parlementaires.

En tout cas, cette recommandation apparaît comme un vote de défiance de la part de l’unique client étranger qui s’était engagé à acheter plus de la moitié de l’énergie d’Inga 3 dans le schéma initial. Cela, tombe mal pour Kabila. Le 16 octobre dernier, la présidence avait annoncé la signature du contrat pour la construction du barrage et de la centrale entre la RDC avec un consortium sino-espagnol dont les chefs de file sont la firme Actividades de Construcción y Servicios du président du Real Madrid, Florentino Pérez, et la Three Gorges Corporation chinoise pour financer les études et les travaux.

Enlisement

L’attitude sud-africaine risque de contribuer à l’enlisement du projet car l’autre grand client potentiel, le Nigeria, n’a plus confirmé depuis des années sa volonté de se porter acquéreur d’une puissance de plusieurs mégawatts qui aurait achevé de rendre le projet bancable. La raison tient à la nouvelle priorité du Président Muhammadu Buhari de construire, grâce à un financement de l’Export-Import Bank of China, la centrale hydroélectrique de Mambila (3050 MW) sur le fleuve Niger au coût estimé à 5,8 milliards de dollars. Plus le temps passe, et plus la viabilité financière du projet Inga 3 est sujette à caution. Chiffré à 14 milliards de dollars contre 8 milliards pour la première mouture concernant la seule

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construction du barrage et de la centrale d’Inga 3, le projet redimensionné est plus difficile à financer. Les modalités de remboursement de la dette ne sont pas encore arrêtées. Pour corser le tout, le dossier devient polémique. L’Espagne qui soutient le projet en raison de l’implication dans celui-ci de la firme ACS se voit reprocher par la société civile congolaise d’avoir tenté de retirer de la liste des responsables congolais frappés de sanctions européennes, le candidat du camp Kabila à la présidentielle du 23 décembre, Emmanuel Ramazani Shadary, en raison de sa responsabilité présumée dans la répression qu’il a fait subir en tant que ministre de l’Intérieur aux manifestants hostiles à un troisième mandat de Kabila.

Critique congolaise

Dernier clou dans le cercueil : le 23 novembre dernier, une pétition signées par 10 000 personnes dont des riverains a été remise par le Collectif d’Actions de la Société Civile (CASC) à l’ADEPI. Celle-ci exprime son opposition au projet en l’état. Il concerne moins le projet comme tel que la manière dont il est géré. La société civile exige en effet d’être consultée sur toutes les étapes du projet. Elle exige aussi une révision de la clé de répartition de l’énergie qui avantage les compagnies minières du Katanga et l’Afrique Sud, au détriment des autres usagers de la Société nationale d’électricité congolaise (Snel) et davantage de transparence sur les études d’impact environnemental et social ainsi que sur les projets de délocalisation des communautés locales.

Congo Files: « Il peut exister des "brebis galeuses" au sein de l'appareil étatique » (Lambert Mende)

RFI - le 04.12.2018,

Les Nations unies rencontrent des entraves pour enquêter sur l’assassinat de deux experts de l’ONU au Congo Kinshasa en mars 2017. C’est ce que révèlent des documents

confidentiels de l’ONU « Congo Files ». Pour le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, il ne faut cependant pas monter en épingle ce dossier du « Congo Files »

car rien ne prouve que l'Etat congolais en soit le commanditaire.

S’exprimant sur RFI, Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement de la République démocratique du Congo, a appelé la Communauté internationale à ne pas monter en épingle ce dossier.

« La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que la justice congolaise fait son travail sur ces faits graves qui sont constitutifs d’infraction pénale, elle le fait suivant des règles, c’est-à-dire de manière contradictoire, ce qui n’est pas le cas pour ceux qu’on appelle pompeusement les enquêteurs de l’ONU qui ont beau jeu d’étaler leurs états d’âme, surtout que ces pauvres victimes, monsieur Sharp et madame Catalan, sont leurs collègues. Il faut donc qu’on arrête de monter en épingle les commentaires de leurs collègues qui n’ont en l’espèce aucun statut juridique, aucune autorité de la chose jugée, parce qu’on peut comprendre humainement leur impatience de voir la justice être dite, mais on ne devrait pas s’en servir pour incriminer qui que ce soit, que ce soit des militaires ou des membres des services de sécurité », a-t-il dit déclaré.

Quant à une probable implication de l'État congolais dans cet assassinat, comme l'indique ce rapport d'enquête de l'ONU, le porte-parole du gouvernement considère plutôt qu'il peut exister des « brebis galeuses » au sein de l'appareil étatique mais cela ne peut en aucun cas signifier que l'État congolais soit directement impliqué dans ces meurtres.

« A aucun moment, nous n’avons pensé que notre État était constitué d’anges, de gens qui se comportent toujours correctement. Si nous pensions cela, nous n’aurions jamais créé dans ce pays la justice militaire, nous savons très bien que dans notre armée comme dans toute autre armée du monde, dans notre police également, il peut y avoir des brebis galeuses. [...] C’est au juge de décider si le comportement répréhensible a été perpétré par des personnes agissant avec une mission de l’Etat, au cours de laquelle ils se sont compromis. Dans ce cas, il y a une responsabilité civile de l’Etat, mais dire que l’Etat congolais pourrait être responsable pénalement, je pense qu’il y a un fossé qu’il ne faut pas trop vite traverser à mon avis. »

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Néanmoins, il considère que le gouvernement congolais serait prêt à utiliser toute information, y compris certaines révélations faites dans l'enquête du « Congo Files », afin de faire « avancer la recherche de la vérité » dans cette affaire.

« C’est l’appel que nous voulons lancer aux auteurs de "Congo Files". Toute information susceptible de faire avancer la recherche de la vérité sera hautement appréciée et par le gouvernement congolais, et par les autorités judiciaires congolaises compétentes, pour que justice soit faite. La justice, ce n’est pas la publication dans les médias. Il n’y a que les juges qui peuvent décider qui est coupable et qui ne l’est pas. Et utiliser cela pour politiser un peu l’affaire, le gouvernement congolais, patati, patata, je pense que ce n’est pas ce que l’on recherche. On recherche les vrais coupables, si c’est le gouvernement congolais, eh bien que cela soit clairement établi, mais que l’on remette toutes les informations à ceux qui ont la charge de désigner les coupables dans tout Etat de droit, ce sont les juges, pas les journalistes. »

Le « Congo Files » est une fuite sans précédent de milliers de pages de documents confidentiels de l’ONU relatifs à l’assassinat de deux experts mandatés par le Conseil de sécurité. Michaël Sharp et Zaida Catalan avaient été chargés d’enquêter sur les violences en RDC.

Ce dossier documente les démarches entreprises par le système des Nations Unies entre mars 2017 et septembre 2018 afin d'établir la véracité des faits ainsi que de déterminer les commanditaires de ces meurtres.

Shadary, un candidat dans l’ombre de Kabila Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 04 Déc 2018

A moins de deux semaines d’une présidentielle que le pouvoir espère bien remporter, le président Joseph Kabila compte sur son “dauphin” pour rester aux commandes.

Une bien étrange campagne électorale pour un bien étrange candidat. Emmanuel Ramazani Shadary, candidat de la majorité présidentielle désigné pour succéder à Joseph Kabila, a entamé un grand tour du Congo à quelques semaines des élections générales du 23 décembre. Après avoir rempli le stade Tata Raphaël de Kinshasa, l’accueil du candidat a été plus timide dans les Kasaï, fief de l’UDPS et dans l’ex-Katanga, encore sous l’influence de l’opposant Moïse Katumbi. Poids plume de la Kabilie et peu connu des Congolais, Emmanuel Ramazani Shadary a créé la surprise jusque dans les rangs dans la majorité.

Recréer un nouvel espace politique

Les poids lourds du camp présidentiel, comme Aubin Minaku (président de l’Assemblée nationale), Augustin Matata Ponyo (ancien Premier ministre) ou Henri Mova (Ministre de l’Intérieur) pensaient tenir la corde, mais Joseph Kabila, en fin stratège, en a décidé tout autrement. En renonçant à passer en force pour briguer un nouveau mandat, interdit par la Constitution, Joseph Kabila se devait de recomposer un nouvel espace politique et institutionnel à sa main. Avant de désigner Emmanuel Ramazani Shadary comme

“dauphin”, le président congolais a d’abord verrouillé son propre statut, ainsi que l’ensemble de l’appareil d’Etat pour continuer à le piloter à distance, même après avoir quitté le pouvoir.

Une loi donnant aux anciens chefs d’Etats l’immunité face à des poursuites, un service de sécurité et un poste de sénateur à vie, a été votée par les deux chambres cet été. Deux nouveaux juges proches du pouvoir ont été nommés à la Cour constitutionnelle, dont Norbert Nkulu, et l’armée congolaise a été récemment remaniée, récompensant les sécurocrates les plus fidèles du pouvoir comme John Numbi. Restait à trouver le “dauphin”

idéal pour pérenniser son pouvoir.

Un “dauphin” malléable

La première priorité de Joseph Kabila a d’abord été d’affaiblir les caciques du PPRD, susceptibles de s’accaparer les rênes de l’Etat une fois Kabila dehors. L’arrivée de nouveaux présidents africains, très critiques envers leur prédécesseurs, à la tête de l’Angola, du Zimbabwe ou de l’Afrique du Sud, a quelque peu refroidi Joseph Kabila. En choisissant un

“dauphin” plutôt faible, débiteur de l’actuel président et donc malléable à souhait, Joseph

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Kabila pense s’assurer un successeur “loyal” à la tête de la RDC. Sans base électorale forte et sans moyen financier, Emmanuel Ramazani Shadary était donc le candidat idéal. Et pour s’assurer du contrôle “à distance” du candidat Shadary, Joseph Kabila l’a flanqué de son propre directeur de cabinet, Néhémie Mwilanya, pour coordonner la campagne électorale sur le terrain.

Une fois élu, ce qui ne fait guère de doute, Emmanuel Ramazani Shadary sera chargé d’une double mission. Il devra tout d’abord sécuriser financièrement le “système Kabila”, dont la famille et les proches sont aux commandes de plus de 80 sociétés. Un empire à plusieurs millions de dollars qui explique, en partie, la volonté de Joseph Kabila de s’accrocher au pouvoir. Certains pensent également que l’actuel président congolais pourrait être tenté de revenir au pouvoir assez rapidement. Après l’élection d’Emmanuel Ramazani Shadary, le mode de scrutin pourrait être modifié afin de désigner le futur président par un vote des grands électeurs. Joseph Kabila, sénateur à vie, pourrait donc être de nouveau candidat à la présidence sans passer par le suffrage universel.

Vers une future cohabitation ?

En attendant de savoir par quel tour de passe-passe Joseph Kabila reviendra au pouvoir après la parenthèse Shadary, reste à savoir comment va gouverner le nouveau président dont l’élection sera très probablement contestée. Après un scrutin qui sera vraisemblablement entaché de nombreuses irrégularités à cause de l’utilisation de la machine à voter et d’un fichier électoral corrompus, le “dauphin” de Joseph Kabila pourrait s’inspirer de son mentor pour s’extirper d’une énième crise politique. La recette est éculée : il suffira au nouveau président congolais de débaucher un opposant pour le bombarder Premier ministre et faire ainsi baisser la tension. Et les noms ne manquent pas. Le futur locataire de la Primature sera sans doute le candidat qui arrivera second à la présidentielle, derrière Emmanuel Ramazani Shadary… Félix Tshisekedi ou Martin Fayulu ?

La République Démocratique du Congo, un pays qui n’a jamais connu de transition démocratique

La République Démocratique du Congo (RDC), le plus grand pays d’Afrique subsaharienne (2,3 millions de km2) aborde une étape cruciale de son processus électoral, avec le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle qui doit se tenir le 23 décembre.

Parmi les candidats pressentis figurent Jean-Pierre Bemba, un opposant en exil, et Moïse Katumbi Chapwé, président du prestigieux club de Footbal Mazembé. Le retour de ces deux figures de l’opposition congolaise a fait l’effet d’un séisme politique pour le président en fonction, Joseph Kabila, hors mandat depuis la fin de son second mandat le 20 décembre 2016.

Fils du principal gestionnaire financier de l’ancien président Mobutu, dont il est apparenté par alliance, Jean Pierre Bemba (56 ans), fondateur du Mouvement de Libération du Congo, a été incarcéré par la Cour Pénale internationale pendant près de dix ans pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité avant d’être acquitté en 2018. Le retour au pays natal, le 1 er Aout 2018, de cette figure emblématique de l’opposition en RD Congo devrait considérablement rebattre les cartes politiques dans le pays à cinq mois des élections générales.

Moïsé Katumbi Chapwé : Ancien gouverneur de la riche province du Katanga, président du tout puissant Mazembe, club de football congolais, sacré cinq fois champion d’Afrique et finaliste de la Coupe du monde des clubs en 2010, Moisé Katumbi Chapwé (54 ans), a été désigné candidat à la présidence par les opposants du G7, une coalition de sept partis de l’opposition politique congolaise.

Retour sur ce pays qui n’a jamais connu de transition démocratique depuis l’eviction de son chef charismatique et père de son indépendance, Patrice Lumumba, éjecté du pouvoir par le sergent Mobutu agissant pour le compte des services occidentaux.

.Le Clan Kabila

Le Clan Kabila n’a rien à envier à celui de son prédécesseur Joseph Désiré Mobutu et rivalise avec lui pour figurer comme l’un des grands kléptocrates d’Afrique, à l’instar des grands pilleurs du continent notamment Omar Bongo (Gabon), Hissène Habre (Tchad), Sani Abacha (Nigeria) ou encore Théodore Obiang (Guinée équatoriale).

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Joseph Kabila aurait du quitter le pouvoir en décembre 2016, soit depuis dix huit mois.

Mais l’héritier s’accroche, suscitant une fronde populaire ayant conduit le pouvoir congolais à s’attaquer aux églises, alors que le désordre ambiant a fait résurgir le sceptre de la recrudescence de l’épidémie EBOLA et que l’espérance de vie des Congolais a chuté de 10 ans, passant de 59 ans à 49 ans, en un quart de siècle (1990-2014).

2e pays par l’importance de sa superficie en Afrique, regorgeant de richesses, la République Démocratique du Congo est, paradoxalement, l’un des pays les plus pauvres de la planète.

Le Congo Kinshasa produit 60 % de la production mondiale du cobalt, métal qui entre dans la fabrication des smartphones et des voitures électriques. Il figure à ce titre comme un marché prometteur pour l’avenir. Essentiellement produit dans l’ex province sécessionniste du Katanga, son exploitation est assurée par deux entreprises chinoises et par l’anglo suisse GLENCORE et ses 107 sociétés off shore, dont le principal interlocuteur n’est autre que le clan Kabila.

Le clan Kabila a en effet bâti un réseau d’entreprises qui s’étend à tous les secteurs de l’économie congolaise. Selon l’agence économique américaine Bloomberg News, ce trafic rapporte des millions de dollars à la famille, alors qu’en contrechamps, 90 % des Congolais vivent sous le seuil de la pauvreté et que 50 % n’ont pas accès à l’eau potable.

.Kabila en République Démocratique du Congo, c’est «Razzia sur la chnouff», la version argotique de «Main basse sur la ville»

La fortune du clan s’élève à 15 milliards de dollars contre 4,5 milliards pour le budget national. L’épouse de Joseph Kabila, ses deux enfants et 8 de ses frères disposent de 120 permis d’exploitation des gisements : Or, Diamant, Cobalt, Cuivre, ainsi que d’autres minerais de la République Démocratique du Congo.

Outre les minerais, le clan Kabila s’impose dans les banques, l’agriculture, la distribution des carburants, le transport aérien, l’hôtellerie, la fourniture de produits pharmaceutiques et des boites de nuit.

Des entreprises du clan Kabila sont installées en outre aux Etats Unis et en Tanzanie et leurs avoirs sont placés dans deux paradis fiscaux : Panama et l’Ile de Nuie, selon l’agence d’Eva Lacoste intitulée «Le Clan Kabila : Un empire économique parue dans Golias Hebdo N° 513 Semaine du 1 er au 7 Février 2018.

À l’arrière plan des troubles, l’épidémie de l’Ebola a fait son apparition en RDC. Kinshasa a officiellement annoncé mardi 30 juillet la fin de la neuvième épidémie de la maladie à virus Ebola sur le sol congolais qui a tué 33 personnes pour 54 cas dans le nord-ouest du pays.

Mais une mystérieuse fièvre a fait, parallèlement, son apparition dans la région de Béni (Nord Kivu), où 43 cas de fièvre hémorragique ont été détectés, dont 13 confirmés, une semaine seulement après la fin annoncée de la précédente épidémie dans le pays.

.Un parapluie juridique pour Joseph Kabila

Prudent, Joseph Kabila a voulu se mettre à l’abri du besoin alors qu’il a pillé le pays et s’assurer en même temps d’une impunité qui lui épargnerait des poursuites pour sa forfaiture. Pour ce faire, il a fait voter par le Sénat de la République démocratique du Congo (RDC), le 25 juillet 2018, une loi sur «le statut et la protection d’anciens présidents élus du pays,» dont il sera le principal et premier bénéficiaire. Indépendante depuis 1960, la RDC a connu quatre chefs d’État (Joseph Kasavubu, Joseph Désiré Mobutu, Desiré Kabila enfin Joseph Kabila, dont trois «non élus» déjà décédés.

Outre un statut de sénateur à vie, cette loi donne droit à un ancien président élu des honneurs dans toutes les cérémonies, un personnel de protection et de domestique, une logistique nécessaire pour se mouvoir, une pension spéciale à un taux d’au moins 50 % de son ancien salaire mensuel, enfin la garantie de sa jouissance de ses droits politiques et civils. Selon le sénateur d’opposition Jacques Djoli, «cette loi va réduire le taux de délinquance constitutionnelle et dissuader ceux qui seraient tenté par un troisième mandat». Autrement dit, Joseph Kabila va troquer son impunité et son immunité en contrepartie de sa renonciation à un 3e mandat. Drôle de mœurs.

Ce texte a été adopté à six mois de la présidentielle censée élire le successeur au président Joseph Kabila au pouvoir depuis 2001 et dont le dernier mandat a expiré le 19 décembre 2016.

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