• No results found

Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyezwww.CongoForum.beEncore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra:helene.madinda@gmail.com.

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Share "Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyezwww.CongoForum.beEncore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra:helene.madinda@gmail.com."

Copied!
28
0
0

Bezig met laden.... (Bekijk nu de volledige tekst)

Hele tekst

(1)

11 08 18/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Chers Visiteurs et Abonnés,

Si vous désirez vous INSCRIRE (ou inscrire un ami) à notre Revue de la Presse, afin de la recevoir quotidiennement par courriel dans votre boîte, rien de plus simple !

Envoyez un courriel à l’adresseyigdrya@gmail.com en mentionnant simplement « Revue de presse » (et l’adresse, si ce n’est pas celle d’où vous écrivez). C’est tout !!!

Nous avons vraiment besoin de votre soutien financier. Comme vous le savez, nous avons failli devoir renoncer à la gratuité des envois. Ce serait regrettable, alors qu’il suffirait que chaque abonné verse 1€ par an pour perpétuer ce service de CongoForum, un site web unique qui existe

depuis octobre 2005. Nous préférons donc faire appel à vous pour que vous cotisiez librement. Merci de verser votre soutien sur le compte BE53 7380 1810 3353 EUR de l’asbl

CongoForum, ou d’utiliser sur notre site le bouton « Donate » et ses options « crédit » ou

« Paypal ».

Si au contraire vous souhaitez vous DESINSCRIRE, c’est encore plus simple. Cliquez sur le lien « ad hoc » ci-dessous,en fin de document.

Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyez

www.CongoForum.be

Encore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra:

helene.madinda@gmail.com.

SOMMAIRE

La revue de la presse de ce samedi 11 août 2018 comporte surtout une colossale section consacrée aux réactions de la presse étrangère au sujet de la non-candidature de JKK, sujet-vedette incontestable de cette semaine et dont on n’a pas fini de voir les retombées.

La presse kinoise parue ce matin est dominée par la visite du Président sud-africain auprès de Joseph Kabila. Une visite commentée diversement par les médias congolais en ligne.

RDC / RSA

Radio Okapi annonce « Elections en RDC : Cyril Ramaphosa félicite Joseph Kabila d’avoir respecté la constitution »

« Dans un communiqué conjoint publié vendredi 10 août à Kinshasa, le président de la république d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa a félicité Joseph Kabila d’avoir honoré sa parole pour le respect de la Constitution de la République. Il a fait allusion au choix du dauphin du président congolais, qui a de ce fait renoncé à un troisième mandant.

Le président en exercice de la SADC a séjourné à Kinshasa où il était en visite de travail.

Avec son homologue congolais, ils ont échangé sur l’évolution de la situation politique, électorale et sécuritaire en RDC et des renforcements des relations entre les deux pays.

Dans le communiqué conjoint, Cyril Ramaphosa et Joseph Kabila ont pris note des progrès importants accomplis dans le processus électoral en cours en République démocratique du Congo. Ils ont notamment apprécié le respect du calendrier électoral publié par la CENI le 5 novembre dernier.

Ils ont salué la poursuite du financement du processus électoral par le gouvernement congolais qui vient de clôturer l’étape de dépôt des candidatures.

Sur le plan sécuritaire, les deux chefs d’Etat disent avoir constaté que la situation sécuritaire est calme à travers toute l’étendue du territoire national congolais.

Les deux chefs d’Etat ont également pris note des avancées positives dans les négociations en vue de finalisation du projet Grand Inga, censé améliorer la fourniture en électricité en RDC.Ils ont convenu de se rencontrer très prochainement, à une date et un lieu qui seront déterminés de commun accord par voie diplomatique ».

Le Bulletin de l’ACP titre : « Le Président Sud-africain félicite son homologue congolais pour le respect de la Constitution de son pays ».

L’agence qui reprend un extrait du communiqué final de cet entretien note dans son bulletin du jour que le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, président en exercice de la

(2)

Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), en visite de travail vendredi à Kinshasa, a félicité son homologue congolais, Joseph Kabila Kabange, pour avoir tenu parole en respectant la Constitution.

CasInfo.ca titre : « Cyril Ramaphosa rencontre Emmanuel Shadary au pavillon présidentiel de l’aéroport international de N’djili ».

Ce site d’informations et d’analyse commente que que « c’est un message plein de symboles », le fait que le président sud-africain Cyril Ramaphosa ait rencontré vendredi, le candidat du FCC, Emmanuel Shadary. Même si CasInfo.ca reconnait que rien n’a filtré ni du côté sud-africain, ni de celui du candidat de la Majorité. Mais il perçoit à travers « la photo diffusée à l’issue de ce tête-à-tête, les deux personnalités, sourire aux lèvres, afficher leur complicité. », analyse déjà ce média.

Actualité.cd va plus loin et titre : « Ramaphosa considère Ramazani Shadary comme son interlocuteur dans un futur proche ».

Reprenant le commentaire du ministre Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, ce site note ceci : « Cyril Ramaphosa considère Ramazani Shadary comme son interlocuteur dans un futur proche. Ils se sont vus, ils se sont parlés. Je ne peux pas vous donner le contenu de ces échanges parce que des personnalités de cette trempe peuvent se dire des choses sans que cela soit exposé sur la place publique. Mais cela montre seulement le sérieux qui est accordé au processus qui est en train de se mettre en place dans ce pays par nos partenaires et notamment par la SADC dont Cyril Ramaphosa est le président”.

Processus électoral

Le Potentiel titre à la Une : « Machine à voter : Washington renouvelle ses inquiétudes ».

Ce quotidien pense que le 3ème mandat du Président Joseph Kabila n’étant plus à l’ordre du jour, « c’est sur l’abandon de la machine à voter et le nettoyage du fichier électoral que se concentre maintenant Washington. » Inquiets, écrit le journal, « les USA appellent au bon sens de la CENI et l’invitent à recourir ‘‘à une méthode de vote qui bénéficie de la confiance de l’électorat congolais.’’ »

Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.

L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacun de ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable.

Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout le processus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:

1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernier recensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiser des élections .

2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutre et apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.

3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en fin de mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personne consensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.

4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitement indépendant.

5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent être parfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats que des observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être, soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles ne concernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de « gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).

6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales et locales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours.

(3)

7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il ne saurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’on s’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple à l’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée.

L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectif de la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des pays africains eux-mêmes.

Presse et documents étrangers

« Dans l’intérêt de la démocratie au Congo, Kabila doit changer de cap » Cindy McCain (Républicaine) et Tom Perriello (Democrate) - Washington Post - le 31

juillet 2018

Alors que le jeune activiste Fred Bauma quittait le culte du dimanche avec sa famille dans une église de Goma, en République démocratique du Congo, plus tôt cette année, la police a ouvert le feu avec des gaz lacrymogènes – et, dans d’autres villes, de vraies balles. « Rien n’est sacré pour ce gouvernement », a déclaré Bauma par la suite. « Mais ils ne vont pas ébranler notre foi en Dieu ou dans l’avenir démocratique du Congo ». Des mots extraordinaires de la pârt d’un homme qui a perdu des collègues et des amis à cause de la violence du gouvernement congolais.

Le secrétaire général des Nations Unies, le pape, les archevêques de Canterberry et du Cap, ainsi que d’autres dirigeants du monde entier, réclament tous le droit pour la jeunesse congolaise de pouvoir manifester pacifiquement. Les Congolais persistent dans leur soif de changement, malgré un héritage lourd de massacres de masse et de brutalités allant du colonialisme belge jusqu’à nos jours à travers des guerres par procuration régionales, des milices internes et des régimes kleptocratiques.

Étonnamment, malgré ce tableau très sombre, le peuple de la République démocratique du Congo se trouve aujourd’hui à la portée du premier transfert démocratique et pacifique du pouvoir dans le pays.

L’homme le mieux placé pour organiser les élections, le président Joseph Kabila, a pris une série de mesures dangereuses et déstabilisatrices pour s’accrocher au pouvoir. Pourtant, il n’est pas trop tard pour changer de cap. Dans le passé, Joseph Kabila a déjà présidé des pourparlers de paix qui ont mis fin à des guerres civiles meurtrières – il peut donc encore entrer dans l’histoire en tant que leader qui a soutenu la démocratisation au Congo.

Selon la Constitution congolaise, le président devait quitter ses fonctions en 2016 après avoir effectué deux mandats de cinq ans. Avec une cote de popularité à un chiffre, ses efforts pour orchestrer un troisième mandat ont produit des protestations massives qui ont été écrasées brutalement dans le sang. Un accord de partage de pouvoir, signé le 31 décembre 2016, négocié par l’Eglise catholique, a donné à Kabila une prolongation de 12 mois. Malheureusement, le président n’a pas respecté cet accord. Il reste au pouvoir et a attisé les tensions en permettant à ses forces de sécurité de franchir une ligne sacrée – elles ont ouvert le feu dans les églises catholiques pour perturber les cultes pacifiques et les marches de protestation convoquées par le Comité des laïcs coordination après la messe dominicale. Les élections sont à présent prévues pour le 23 décembre prochain, mais sans signe clair que Kabila envisage de se retirer pour permettre un vote crédible.

Au fil des ans, au cours de nombreuses visites au Congo, nous avons tous deux été témoins, chaque fois, d’une population qui demeure fermement optimiste dans le fait que son pays peut devenir une grande réussite, mais seulement si un processus transparent et démocratique est autorisé à se consolider.

Au cours des dernières années, à travers les Administrations présidentielles américaines et les chambres du Congrès, la politique américaine a découragé la violence et l’instabilité.

(4)

Les dirigeants du Congrès se sont fait les champions des sanctions visant des membres corrompus et brutaux du gouvernement de Kabila, des sanctions qui ont toujours contribué à libérer des prisonniers politiques et à inciter certaines forces de sécurité à abandonner l’usage de la force létale dans leur répression. L’administration Obama a contribué à galvaniser la pression mondiale et régionale pour empêcher un troisième mandat pour Kabila, et l’ambassadeur du président Donald Trump aux Nations Unies, Nikki Haley, s’est rendue en RDC en octobre dernier avec un message clair indiquant que les élections crédibles au Congo d’ici fin 2018 sont non négociables.

Alors que la pression des acteurs internationaux et régionaux a aidé à empêcher la violence de masse, Kabila continue à faire tirer à balles réelles, à empêcher un climat propice à des élections justes et crédibles et à entretenir le doute sur ses intentions, tandis que certains membres du parti présidentiel font ouvertement campagne pour qu’il se présente à nouveau, en violation manifeste de la Constitution. Les diplomates parlent désormais ouvertement de Kabila comme d’un homme qui a opté pour une politique de la terre brûlée via des élections bâclées, dans laquelle la violence et la répression sont utilisées pour dicter un résultat non seulement antidémocratique mais aussi presque assuré pour déclencher une guerre civile.

Selon un récent sondage du Congo Research Group, 74% des Congolais soutiennent l’appel d’organisations de la société civile et de certains partis de l’opposition pour que Kabila démissionne immédiatement et permette à un gouvernement intérimaire de superviser l’organisation d’élections crédibles. Certains observateurs ont interprété cette affirmation comme une simple déclaration morale selon laquelle Kabila n’aurait pas mérité plus de temps après trois tentatives pour rattraper son retard – il a manqué l’échéance constitutionnelle de 2016, l’échéance de l’Église catholique pour 2017 et maintenant les conditions minimales pour des élections crédibles de cette année. Mais de nombreux Congolais ont clairement indiqué qu’ils considéraient cela comme la seule voie à suivre pour éviter un bain de sang généralisé, car ils pensent que Kabila, qui est profondément impopulaire, serait obligé d’utiliser une violence maximale pour rester au pouvoir ou imposer les résultats qu’il attend.

Si la communauté internationale est sérieuse quant à son engagement en faveur d’élections pacifiques et crédibles, il serait prudent de ne pas ignorer la sagesse du peuple congolais quant aux conditions nécessaires pour des élections légitimes. Les Etats-Unis ont un rôle clé à jouer pour assurer que ces conditions soient remplies. Premièrement, les États-Unis devraient intensifier leurs pressions économiques contre le président Kabila et ses alliés pour montrer qu’il y a des conséquences réelles à une poursuite de la violence et de la répression. Bénéficiant du soutien bipartisan du Congrès (pour sa politique en RDC), l’Administration Trump devrait prévoir suffisamment de personnel pour élaborer des sanctions ciblées supplémentaires. Deuxièmement, les États-Unis et les autres acteurs internationaux ne devraient pas croire à plus de fausses promesses ou accepter de mauvaises élections qui ne mettront pas fin aux problèmes sous-jacents de violence, d’abus et de corruption. Ils devraient clairement signaler que si les conditions minimales pour un vote crédible ne sont pas remplies dans les prochaines semaines, ils soutiendront les appels croissants du Congo pour une « transition sans Kabila », où le président se retirerait pour permettre à des dirigeants indépendants de restaurer l’ordre constitutionnel et d’organiser des élections libres et justes. Depuis plus d’une décennie, la communauté internationale a investi des milliards de dollars au Congo, et le peuple congolais s’est beaucoup sacrifié pour tenter de briser les cycles de la violence et de la corruption. En dépit de ceux qui s’opposent à la paix et au progrès, les prochaines semaines pourraient être notre meilleure opportunité depuis des années pour transformer cet espoir en réalité.

Les évêques congolais plaident la cause de Katumbi Hubert Leclercq – La Libre – le 6 août 2018

A 48 heures de la clôture des insciptions des candidats pour la présidentielle en République démocratique du Congo, les évêques congolais de la Cenco viennent de publier un nouveau courrier dans lequel, comme à leur habitude, tout en félicitant la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour son travail, ils insistent sur la nécessité absolue d’avoir

(5)

des élections libres et inclusives, sur les acquis de l’Accord de la Saint Sylvetsre remis en cause par le pouvoir.

Ils se disent « vivement préoccupés par la volonté affichée par ceux qui sont au pouvoir d’exclure certains candidats de la présidence de la République ». Et les évêques de citer le cas de Moïse Katimbi, « sujet congolais, auquel les autorités refusent le droit de rentrer dans notre pays, et l’obligent de rester à l’étranger. »

Les évêques mettent en garde la majorité sur les conséquences de cette attitude qui remet clairement en cause l’Accord de la Saint-Sylvestre qui fonde tout le processus en cours actuellement en RDC.

La Cenco appelle don le pouvoir en place à revoir sa position à l’égard de Moïse Katumbi et déplore encore les morts du week-end dernier à Kasumbalesa.

Ebola en RDC: début mercredi des vaccinations ciblées AFP -le 7 août 2018

Les autorités sanitaires congolaises ont annoncé lundi que la vaccination contre la fièvre hémorragique à virus Ebola commencerait mercredi dans l’est de la République démocratique du Congo, touchée par une nouvelle épidémie qui a fait 33 décès probables ou confirmés. « La vaccination commence mercredi. Les équipes sont sur le terrain pour identifier les contacts autour des cas confirmés et les contacts des contacts », a déclaré le Dr Bathe Ndjokolo, directeur général de la lutte contre la maladie au ministère de la Santé.

« Le stock des vaccins disponibles à Kinshasa au dépôt central est de 3.220 doses », selon le ministère de la Santé.

Le vaccin sera aussi administré aux membres du personnel médical en première ligne dans la lutte contre l’épidémie, a-t-il indiqué.

Le 1er août, le ministre de la Santé a annoncé qu’une nouvelle épidémie touchait Mangina, une bourgade située à 30 km de la ville de Beni, dans la province du Nord-Kivu.

Une semaine avant, le même ministre avait annoncé la fin d’une précédente épidémie à l’autre extrémité du pays, dans le nord-ouest, qui a tué 33 personnes.

Aucun nouveau cas n’a été enregistré depuis samedi. A cette date, le ministère avait fait état de 43 cas dont 13 confirmés, et de 33 décès, dont trois parmi les cas confirmés.

La nouvelle épidémie est signalé dans le Nord-Kivu, l’une des provinces les plus peuplées de la RDC avec huit millions d’habitants, frontalière de l’Ouganda et du Rwanda.

Des cas probables ont également été enregistrés dans la province voisine de l’Ituri.

Le Nord-Kivu, comme toute la façade orientale de la RDC, est infesté par des groupes armés étrangers et locaux accusés par les autorités et la Mission des Nations unies (Monusco) d’être auteurs de graves crimes contre des civils.

Le ministère de la Santé a identifié deux défis: « une réponse dans une zone à haute insécurité avec présence des mouvements rebelles » et « le dispositif de surveillance des points d’entrée compte tenu des mouvements importants des populations vers les provinces voisines » de l’Ituri, de la Tshopo, du Maniema et du Sud-Kivu.

Hubert Leclercq – La Libre – le 7 août 2018

La majorité présidentielle devrait annoncer le nom de son candidat ce mardi après-midi.

Tous les cadres de la majorité présidentielle commencent à se réunir dans la ferme présidentielle de Kingakati, dans la périphérie de Kinshasa. Deux noms sont sur la table : Antoine Gizenga, le patriarche (92 ans), et Martin Kabwelulu, inoxydable ministre des Mines depuis son entrée au gouvernement Gizenga I en 2007.

La pression régionale et internationale est énorme sur le président hors mandat Joseph Kabila pour qu’il ne se représente pas. Sa famille politique n’a tenu aucun congrès pour chercher à désigner un dauphin. Si un candidat, autre que Kabila devait sortir du chapeau de la présidence (outre peut-être celui de Mme Kabila), il ne fait aucun doute qu’une guerre des clans éclaterait immédiatement au sein du parti.

En désignant un membre du Palu, le PPRD respecterait l’alliance passée en 2006 avec Gizenga et peut espérer éviter au maximum les dissensions en interne.

Il enverrait également un message rassurant à la communauté internationale.

(6)

Reste que le Palu de Gizenga a perdu de son aura au fil des ans, des exclusions (Muzito) et des compromissions avec le régime en place.

Antoine Gizenga, à la santé chancelante (il a passé quelques semaines à Bruxelles au printemps pour se faire soigner), ne peut envisager sérieusement de mener campagne.

Martin Kabwelulu, en nettement meilleure forme, est pratiquement inconnu de la part du grand public. Les deux hommes ne peuvent prétendre faire le poids face à des candidats de la trempe de Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba ou même Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi. A moins évidemment d’un miracle venu de la « Machine à voter ».

Neuf corps sans vie découverts à Béni

Esther Nsapu, correspondante dans l’Est de la RDC - La Libre – le 7 août 2018 Neuf corps sans vie ont été découverts ce mardi 7 août au matin à Tubameme, en territoire de Béni, dans la province du Nord-Kivu (RD Congo). Cette nouvelle intervient après le kidnapping de 16 personnes dans la journée de jeudi 02 août à Béni. Les civils kidnappés étaient en train de cultiver leurs champs à Tubameme, dans la zone de Mayangose, zone située entre la limite de la ville et territoire de Béni. Parmi ces personnes, on compte deux femmes. La société civile sur place pointe du doigt les rebelles de l’ADF.

« Nous pensons que ces corps sans vie découverts à Tubameme sont ceux de ces civils kidnappés par des présumés ADF la semaine dernière. Seuls, neuf corps ont été découverts sur les 16 personnes disparues. La semaine dernière, nous avons alerté les autorités pour essayer de mener des enquêtes et libérer les otages », rapporte Jean-Paul Ngahangon, coordonateur de l’organisation de défense de droits de l’homme Convention pour le respect des droits de l’homme (CRDH) à Béni.

D’après la société civile sur place, 13 personnes ont été enlevées jeudi dernier et 3 autres le dimanche. « Nous avons rapporté l’enlèvement de 13 personnes à Tubameme jeudi dernier. Ces civils avaient été surpris par les présumés ADF pendant qu’ils etaient en train de récolter des bananes dans leurs champs. Dimanche dernier, trois autres personnes ont été enlevées lorsqu’ils s’apprêtaient à se rendre aux champs. Nous vous ferons part des détails lorsque nous aurons la confirmation », explique Kizito Hangi, président adjoint de la société civile à Béni.

Depuis le début de l’année 2018, l’organisation de défense de droits de l’homme Convention pour le respect des droits de l’homme (CRDH) a rapporté 64 cas de kidnapping en territoire de Béni.

La candidature de Kin Kiey à la présidentielle fait grincer des dents Hubert Leclercq – La Libre – le 7 août 2018

L’Alliance des Bâtisseurs pour un Congo émergents (ABCE), plateforme politique de la majorité présidentielle, conduite par Athanase Matenda (pésident) et Tryphon Kin-Key Mulumba (Premier vice-président), n’était pas à prendre avec des pincettes ce mardi 7 août en fin de journée.

Et pour cause, l’ABCE, plateforme vieille de deux mois, apparaissait déjà bien chancelante et se désolidarisait de la candidature à la présidence de… son premier vice-président Tryphon Kin Kiey Mulumba. Visiblement surpris, le second vice-président (le président étant retenu dans la ferme présidentielle de Kinkagati) explique que la plateforme n’était pas au courant de cette démarche personnelle, qu’elle la condamne et qu’elle entend réunir les cadres du mouvement pour prendre position sur le sort qui attend l’élu de Masimanimba.

Kin Kiey, l’homme du mouvement Kabila Désir, structure créée sur mesure pour entretenir le culte de Joseph Kabila a-t-il réellement pu prendre cette initiative sans en référer à son patron ? Difficile à imaginer, en tout cas, qu’il puisse prendre le risque de se fâcher avec le « raïs ». Cette candidature doit être regardée comme un petit jeu de positionnement ou une stratégie pour exister ? L’initiative doit être à classer dans un de ces deux tiroirs…

avant d’être définitivement oubliée.

(7)

Présidentielle : en nommant Shadary, Joseph Kabila renonce à briguer un 3ème mandat présidentiel

AFP – le 08.08.2018,

Le président de la République, Joseph Kabila, ne sera pas candidat lors de l'élection présidentielle prévue au mois de décembre.

L’annonce d’Emmanuel Ramazani Shadary comme candidat du FCC à la présidentielle de décembre, met fin à toute les hypothèses et supputation sur un probable 3ème mandat du président Kabila.

Le président de la République, Joseph Kabila, a renoncé à se présenter à la présidentielle prévue au mois de décembre. C'est l'ancien ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary qui sera le candidat de la coalition au pouvoir, a indiqué mercredi 8 août devant la presse le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende.

L'annonce met fin à des années de spéculations : Joseph Kabila ne briguera pas un troisième mandat, conformément à la Constitution, qui fixe un maximum de deux mandats.

Parmi les possibles dauphins circulaient les noms de l'ex-Premier ministre Augustin Matata Ponyo, du directeur de cabinet de Joseph Kabila, Néhémie Mwilanya Wilonja, et du président de l'Assemblée nationale, Aubin Minaku.

C'est la première fois dans l'histoire politique de la République démocratique du Congo, qu'un président choisi un "dauphin''. Les transitions y ont souvent été violentes en 1965, en 1997 et en 2001, année où Joseph Kabila a succédé à son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné.

L'opposant Félix Tshisekedi a déposé sa candidature mardi. Deux autres adversaires du président Kabila ont fait de même les jours précédents : l'ex-chef rebelle Jean-Pierre Bemba et l'ex-président de l'Assemblée nationale Vital Kamerhe. Tous trois envisagent à terme une candidature unique de l'opposition pour cette élection présidentielle à un tour.

Kabila s’en va… pour mieux rester ! Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 08 Août 2018

Le président Joseph Kabila ne sera pas candidat aux prochaines élections et a désigné l’ancien ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, un faucon du pouvoir congolais, qui devrait permettre à Joseph Kabila de garder la haute main sur l’appareil

d’Etat.

Jusqu’à la dernière minute, Joseph Kabila aura maintenu tout Kinshasa en haleine sur son avenir politique. Même les proches du chef de l’Etat et les membres de sa plateforme politique n’ont pas été tenus informés du choix du président congolais. Deux petites heures avant la clôture des candidatures à la présidentielle, Joseph Kabila a annoncé qu’il renonçait à se présenter aux élections et a désigné le candidat qui porterait les couleurs de la majorité présidentielle aux élections.

Rassurer la communauté internationale

C’est le numéro deux du parti présidentiel (PPRD) qui aura la lourde tâche d’être le candidat du Front commun pour le Congo (FCC), la plateforme électorale créée par Joseph Kabila.

Emmanuel Ramazani Shadary sera donc le « dauphin » tant attendu du camp présidentiel.

A 57 ans, ce haut cadre du PPRD n’est pas un poids lourd du parti, comme Aubin Minaku, lui aussi pressenti, ou comme l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, lui aussi sur la short-list du président congolais.

En faisant le choix de ne pas passer en force et de ne pas briguer de nouveau mandat, ce que lui interdisait la Constitution, Joseph Kabila joue tout d’abord l’apaisement avec la communauté internationale qui demandait une alternance pacifique à la tête de la République démocratique du Congo (RDC). Joseph Kabila aura donc tenu parole et « respecté la Constitution ». Mais le choix de Ramazani Shadary est étonnant. Quitte à caresser la communauté internationale dans le sens du poil, le chef de l’Etat aurait pu porter son choix vers Augustin Matata Ponyo, un technocrate bon genre, très introduit dans les institutions économiques internationales et « sécurisant » pour les investisseurs étrangers.

(8)

Un sécurocrate très exposé

Joseph Kabila a plutôt fait le choix d’un cacique du parti, tournant le dos aux ralliés de la dernière heure du FCC, préférant un sécurocrate à un « politique ». Car le candidat du camp présidentiel n’a pas laissé que des bons souvenirs aux opposants congolais. Ministre inflexible de l’Intérieur de décembre 2016 à février 2018, il a coordonné la répression sanglante lors des manifestations anti Kabila, qui ont fait plus d’une centaine de morts. Un poste très exposé, qui lui a valu des sanctions de l’Union européenne pour « violation des droits de l’homme et entraves au processus électoral ». C’est donc un faucon du régime qu’a propulsé sur le devant la scène Joseph Kabila.

Des élections… pour les gagner

Si un « dauphin » est maintenant sur les rangs des candidats à la prochaines présidentielle, pas sûre que celle-ci se tiennent dans les délais. Joseph Kabila restant président jusqu’à l’élection de son successeur, certains observateurs à Kinshasa redoutent un nouveau glissement du calendrier, alors que l’organisation du scrutin reste encore très incertaine.

Mais si élections ont bien lieu fin 2018, il y a de forte chance que Joseph Kabila souhaite avant tout les gagner. Et pour cela, le président congolais a tout prévu. Avec une Commission électorale (CENI) à sa main et une Cour constitutionnelle dont il a récemment changé plusieurs membres, la majorité présidentielle peut donc décider à sa guise du choix des candidats et statuer sur de possibles litiges pré ou post-électoraux. En mettant hors- jeu l’opposant Moïse Katumbi, en l’empêchant de déposer sa candidature, tout en facilitant celle de Jean-Pierre Bemba, un opposant plus clivant pouvant diviser un peu plus l’opposition, le candidat du FCC maximise ses chances de virer en tête dans une présidentielle à un seul tour.

Des élections qui manquent de transparence

Enfin, si besoin, Emmanuel Emmanuel Ramazani Shadary peut compter sur un possible « tripatouillage » du scrutin, comme ce fût le cas en 2011 pour la réélection très contestée de Joseph Kabila. Il y a 7 ans, l’Union européenne et les Nations unies avaient dénoncé des résultats « non crédibles et entachées de fraudes massives ». Cette fois-ci, le pouvoir peut compter sur « les machines à voter » dont la fiabilité (jamais testée) inquiète les experts internationaux et surtout sur un fichier électoral des plus douteux. L’actuel fichier contiendrait près de 10 millions « d’enrôlés fictifs, représentants près d’un quart des électeurs ». Et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a détecté 16 % d’électeurs sans empreintes digitales.

Grand ménage dans l’armée

Après avoir verrouillé le scrutin, Joseph Kabila a également remis de l’ordre dans ses forces de sécurité. Deux vagues de nominations au mois de juillet ont réorganisé intégralement le commandement des FARDC (armée régulière congolaise), remettant en selle deux généraux très controversés et accusés de nombreuses violations des droits de l’homme – voir notre article. Au cas où le scrutin tournerait mal, le président Kabila a voulu s’assurer de pouvoir compter sur ses soldats les plus fidèles.

Kabila part, mais le système reste

Sur le plan économique, Joseph Kabila garde la main sur les principales entreprises congolaises. La Gécamines, le géant minier, est dirigée par un proche, Albert Yuma, un moment pressenti pour succéder à l’actuel chef de l’Etat. L’ONG Global Witness, qui a épluché les comptes du géant des mines, affirme que le Trésor national congolais a perdu plus de 750 millions de dollars en revenus miniers entre 2013 et 2015. Des millions évaporés, dont une partie au moins « a été répartie entre plusieurs réseaux de corruption liés au régime du président Joseph Kabila » estime Global Witness. Selon le Groupe d’Étude sur le Congo (GEC), Joseph Kabila et ses proches sont propriétaires, partiellement ou en totalité, de plus de 80 sociétés. L’immense fortune du président congolais et de ses proches, jumelé à un important réseau d’affaires international pourrait expliquer les raisons pour lesquelles Joseph Kabila a refusé de quitter le pouvoir, alors que son dernier mandat s’est achevé le 19 décembre 2016 – voir notre article.

(9)

En ne se représentant pas, Joseph Kabila donne quelques gages à la communauté internationale et entend ainsi faire baisser la pression diplomatique qui pèse sur Kinshasa, notamment au niveau de ses voisins les plus proches. Mais Joseph Kabila entend bien rester aux manettes. L’actuel chef de l’Etat garde la haute main sur la justice, l’appareil sécuritaire et l’économie. Et la récente loi sur le statut des anciens chefs d’Etat, dont il est le seul à bénéficier, devrait le faire rentrer au Sénat et lui permettre également de garder un oeil sur la politique congolaise. Une position qui pourrait ainsi le faire patienter cinq petites années avant de retenter sa chance pour la présidentielle de 2023.

Choix de Ramazani: l'opposition crie victoire AFP – le 09.08.2018,

Le président Joseph Kabila a désigné mercredi un candidat à sa succession à l'élection présidentielle prévue en décembre, une première dans ce pays qui n'a jamais connu de transition pacifique.

Le choix de Joseph Kabila s'est porté sur un fidèle, le patron du parti présidentiel PPRD et ex-ministre de l'Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, originaire comme lui de l'est du pays swahilophone.

Ramazani Shadary, 57 ans, figure parmi les personnalités congolaises sanctionnées par l'Union européenne (UE) en 2017 pour violations des droits de l'homme. L'UE le considérait alors responsable d'un "recours disproportionné à la force et à la répression".

"Le peuple a besoin de la paix, le peuple a besoin de la reconstruction, il a besoin du social, c'est ce que nous allons faire", a-t-il déclaré dans ses premières déclarations de candidat.

Kabila président...de son parti

M. Ramazani avait été nommé en février "secrétaire permanent" du PPRD au terme d'une réforme des statuts qui prévoit la création d'un poste de président devant revenir à M.

Kabila.

"Ramazani Shadary a très peu, voire aucun soutien au niveau national. Sa base politique se trouve dans la province du Maniema (...) qui représente moins de 5% de l'électorat congolais", analyse la société d'études des risques pour investisseurs Verisk Maplecroft.

Les adversaires de M. Kabila ont qualifié de "victoire" le fait que M. Kabila s'engage finalement "à quitter le pouvoir".

"Pour la première fois, un peuple d’Afrique centrale est parvenu à empêcher un chef d’Etat puissamment soutenu par les forces armées de modifier la Constitution et l’a forcé à quitter le pouvoir", avance Christophe Lutundula, porte-parole d'Ensemble, la coalition de l'opposant Moïse Katumbi.

"Nous avons gagné une bataille importante mais la lutte continue: celle pour une vraie alternance", a réagi le mouvement citoyen pro-démocratie Lutte pour le changement (Lucha).

Le Peuple Congolais vient de marquer ce soir une grande et belle victoire. Notre lutte, notre détermination se nos sacrifices pour faire respecter la limite constitutionnelle des mandats aura eu raison de tous les efforts et toutes les manœuvres de l’apprentis-dictateur

#Kabila. — LUCHA

Joseph Kabila pas candidat en RDC: il y avait des signes avant-coureurs RFI – le 09.08.2018,

En RDC, c'est donc Emmanuel Ramazani Shadari qui représentera la majorité lors de la présidentielle de décembre prochain. Le chef de l'Etat Joseph Kabila en a décidé ainsi. Ce choix, celui de Joseph Kabila de passer la main, pas grand monde y croyait mais il y avait des signes avant-coureurs.

La dernière fois que Joseph Kabila s'est exprimé clairement sur son avenir politique, c'est en 2007, dans les colonnes du magazine Jeune Afrique. Le tout jeune président élu l'avait assuré : «Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter».

Des confidences distillées

(10)

Depuis, le chef de l'Etat congolais a toujours dit qu'il respectait la Constitution qui prévoit la limite du nombre de mandats présidentiels mais il entretenait le flou sur sa propre candidature, surtout avec ses proches collaborateurs. Notamment avec les leaders du parti au pouvoir, le PPRD, qui ont pour certains ces derniers mois appelé à voter pour Joseph Kabila ou même promis que Joseph Kabila resterait président après les élections le 23 décembre prochain.

Pourtant, depuis le début de l'année, Joseph Kabila l'aurait dit à différentes occasions, mais plutôt en dehors de son cercle: au G7 minier, les sociétés qui s'opposaient au code minier, selon certaines confidences, le chef de l'Etat congolais leur aurait assuré qu'il serait un homme d'affaires l'an prochain ; au cardinal Monseigneur Monsengwo qu'il ne serait pas candidat ; le président Kabila l'aurait fait comprendre également à son homologue angolais João Lourenço la semaine dernière ; ou encore tout récemment devant des proches, Joseph Kabila aurait reconnu qu'il s'agissait d'un moment difficile pour lui. Mais il n'était pas allé jusqu'à donner sa décision finale. Il avait quand même fait voter une loi portant sur le statut des anciens chefs d'Etat au cours d'une session

parlementaire extraordinaire, qui lui accordera l'amnistie.

Un homme secret et méfiant

Joseph Kabila n'a eu qu'une poignée d'hommes de confiance. Il a toujours été secret, méfiant, les commentateurs les plus gentils diront timide, reclus. Chez lui, ce n'est pas le pouvoir qui isole, c'est sa nature, dit un journaliste congolais. « Sa force c'est de savoir se taire ».

D'aucuns assurent que chaque 16 janvier, depuis dix-sept ans, il revit douloureusement l’assassinat de son père. D'autres n'y croient pas une seule seconde. Tous en tout cas voient en lui un animal politique, froid. Il n'a que 29 ans quand il prend la tête d'un pays de 80 millions d'habitants. Un peu par hasard mais il faut gérer l'héritage...

Homme politique et homme d'affaires, Joseph Kabila pilote la RDC pour un clan, le sien.

« Sa seule réussite ironise un opposant c'est d'avoir su faire fructifier son empire ». Le dimanche, c'est repos et réceptions dans son ranch à une centaine de kilomètres de Kinshasa. A la question d'un journaliste : y a t-il une vie après le pouvoir ? Joseph Kabila aurait répondu : « Ne vous inquiétez pas, je ne me suiciderai pas. »

Comment réagissent les congolais à la candidature de Ramazani Shadary?

propos recueillis par Denis Bouwen - CongoForum – le 09.08.18

KINSHASA / BRUXELLES / ANVERS – Comment réagissent les congolais à la candidature de Emmanuel Ramazani Shadary, qui va défendre les couleurs de la majorité présidentielle lors des élections du 23 décembre 2018? La rédaction de CongoForum a

demandé l’avis d’une série de congolais, répandus à travers le territoire congolais.

MATADI

Gloria, avocate et activiste du mouvement citoyen Lucha:

"La date du 8 août 2018 est une date historique puisque les congolais n'oublieront pas que la pression du peuple et de la communauté internationale a fait céder Joseph Kabila.

L'essentiel est que Kabila vient de dire qu'il ne sera pas candidat aux présidentielles du 23 décembre 2018."

"Pour moi le dauphin, Emmanuel Ramazani Shadary, est un choix de la médiocrité. Je le considère comme un voyou qui n'incarne pas les valeurs humaines sociales. N'oublions pas que Ramazani Shadary est frappé par des sanctions de l'Union Européenne. Si Kabila préfère ce monsieur, cela illustre qu'il ne s'est jamais soucié de l'avenir de la nation congolaise."

"Pour moi, la population vient de remporter une bataille. C'est une première étape après deux ans de glissement organisé par le pouvoir. Le peuple a su résister, mais la guerre n'est pas gagnée."

"En ce qui concerne les élections, il faudra se débarasser de la machine à voter, qui facilite une tricherie à grande échelle. Nous devons nous assurer de la crédibilité du processus électoral parce que le président de la commission éléctorale (CENI), Corneille Nangaa, n'inspire pas confiance."

(11)

"En ce moment je ne sais pas dire qui serait un candidat idéal de l'opposition pour les présidentielles. Il faut que l'opposition organise l'unité et que certains mettent leurs égos à côté pour privilégier les intérêts du peuple congolais. Ils ne doivent pas agir en ordre dispersé et surtout ils ne doivent pas accepter l'utilisation de la machine à voter."

MBUJI-MAYI

François, actif dans la société civile à Mbuji-Mayi:

"Moi j'ai connu Ramazani Shadary en 2000, quand il était nommé par le feu Laurent Désiré Kabila comme gouverneur de la province du Maniema, d'où il est originaire. Je sais qu'il a été le ministre de l'Intérieur sous Joseph Kabila et qu'il occupe une haute fonction au sein du PPRD. Le choix de cet homme me semble un énorme piège. Ramazani Shadary est un proche et fidel de la famille Kabila. S'il arrive à gagner les élections, le pouvoir ne changera pas et après cinq ans ils pourront faire rentrer Kabila."

"Pour les élections de décembre, il y aura des protestations de l'opposition: elle sera en face d'un 'Joseph Kabila en miniature' qui dispose de l'armée, de la police, de la justice.

Moi je trouve que l'opposition doit réussir à présenter un seul candidat à la présidence. Elle doit exiger le remplacement de la machine à voter et la révision du fichier électoral qui contient un grand nombre d'électeurs sans empreintes digitales."

LUBUMBASHI

Benjamin, un chauffeur à Lubumbashi qui a fait des études d'assistant social:

"Le choix de Ramazani Shadary est un choix millimetré par Kabila. Ramazani Shadary est un homme fort du PPRD: il dit non quand Kabila dit non, selon mes informations il a un lien familial avec Joseph Kabila, donc il est très bien placé pour protéger la famille Kabila.

C'est pas un grand politicien, il n'a pas un parcours impressionnant ou un grand image politique."

"Pour les élections, Corneille Nangaa (CENI) devrait trouver une solution pour les machines à voter. Sans ça, l'opposition va boycotter les élections. Je trouve que l'opposition doit s'unir et parler un même language afin d'obtenir la confiance du peuple. Il faudra mettre la pression sur la CENI pour trouver une solution pour la machine à voter."

MATADI

Robert, avocat à Matadi:

"Le choix de Ramazani Shadary me surprend un peu étant donné que dans le Front Commun pour le Congo (FCC) on trouve des candidats meilleurs comme Modeste Bahati ou Augustin Matata Ponyo. Je soupçonne un piège, les intentions cachées de Joseph Kabila restent un mystère. Kabila a mis du temps pour finalement porter son choix sur Ramazani Shadary, donc il faut se méfier."

"Certains croiront que ce monsieur est tombé de la dernière pluie, mais c'est pas vrai.

Ramazani Shadary est un politicien de la première heure, on le voyait déjà aux côtés du feu Laurent Désiré Kabila. Dans le Sankuru, il a été élu deux fois comme député national avant de devenir le secrétaire permanent du PPRD, le parti de Joseph Kabila. C'est un personnage mitigé, avec un langage volage."

"Avec le choix de ce dauphin, je crains que pour les élections le grand problème sera la machine à voter. L'opposition risque de tomber dans le piège de Kabila en sous-estimant son dauphin dont on croirait facilement qu'on peut le battre par les urnes. La machine à voter pourra donner une légère avance à Ramazani Shadary, puis l'opposition ira contester les résultats en s'adressant à la Cour constitutionnelle. Mais cette Cour est acquise pour Kabila. Si, par contre, elle annule les résultats, il faudra un budget pour organiser de nouvelles élections; cela prendra encore du temps, et comme ça Kabila restera encore au pouvoir. Personnellement je trouve qu'il faut favoriser un dépouillement manuel des votes."

"Quand je regarde l'opposition, je crois que Jean-Pierre Bemba (MLC) soit le candidat unique idéal. Dans les circonstances actuelles, le vent tourne en sa faveur."

GOMAFrédéric, un jeune journaliste à Goma, dans la province du Nord-Kivu:

(12)

"Pour moi le choix de Ramazani Shadary est un choix un peu bidon donc sans espoir. Les congolais attendaient un dauphin qui est intellectuel et qui maîtrise bien les problèmes du pays et son histoire depuis l'indépendance en 1960. Je suis d'avis que Ramazani Shadary n'est pas vraiment à la hauteur pour diriger un pays comme la RDC; son parcours politique ne m'impressionne pas trop. En plus il a l'air très arrogant et il n'a pas l'air d'un vrai homme politique. Peut-être c'est la raison pourquoi il a été choisi par Joseph Kabila. J'espère que le peuple va se libérer. Il est temps que les choses changent en RDC, quelle que soit la 'machine à voler' qu'ils veulent utiliser avec les élections."

"Je crains fortement que les élections seront truquées, mais la population doit avoir une vision à long terme. C'est notre dernière chance, nous ne pouvons pas nous tromper cette fois çi. La communauté internationale doit accompagner la RDC dans cette période très difficile en multipliant les observateurs électoraux: les gens de la majorité vont tout mettre en oeuvre pour rester au pouvoir."

"L'opposition doit s'unir et mener un combat d'ensemble. Le seul moyen pour changer le système en RDC. Il faut barrer la route à cette bande de vautours qui dirige le pays. Le numéro un de l'opposition, cela doit être quelqu'un qui appartient à la vraie opposition."

KISANGANI

Jean, journaliste politique et environnementaliste à Kisangani, il a fait des études en sciences commerciales et en langues et civilisations anglaises:

"Le personnage de Ramazani Shadary me paraît un compromis tardif et peut-être solide du FCC. Il est à la fois le dauphin du président Kabila et un pion d'avant garde du FCC.

Ramazani Shadary a été ministre de l'Intérieur et il est le secrétaire permanent du PPRD, on peut donc supposer qu'il maîtrise le dossier sécuritaire dans le triangle Nord-Sud Kivu, Ituri et Kasaï. En plus, comme le vote est largement sociologique en RDC, la personne pourrait jouer le contrepoids de Bemba à l’Ouest, dont largement Kinshasa et un tout petit peu l’ancien Equateur, et celui de Félix Tshisekedi au Centre du pays, dans la région du Kasaï. Bref, il pourrait avoir mieux maîtrisé les enjeux de l’heure."

"Les élections restent une surprise agréable pour les uns et désagréable pour les autres.

Certes, beaucoup de forces les avaient réclamées parfois au prix du sang. Mais la réalité montre que beaucoup de ceux qui les ont réclamées n’ont pas de moyens pécuniaires pour s’y engager. La dernière stratégie pour les pro élections serait de gagner impérativement.

En revanche, les anti élections pourraient tenter la théorie du chaos en remettant en cause les résultats. Ce ne sont que des scenarios politico-stratégiques sans compter avec la clairvoyance du peuple qui souvent se laisse prendre au piège."

"L’opposition congolaise devrait revoir ses stratégies taillées, à mon sens, sur un éventuel troisième mandat du raïs. Aux yeux d’une certaine opinion qui ne jurait que par le « non » au troisième mandat de Joseph, l’opposition n’aurait plus assez d’arguments pour se faire entendre d’autres plaintes. Bref, affûter de nouvelles stratégies et aller tout droit vers les élections."

La Belgique se contente de “prendre acte”

Colette Braeckman – Le Soir – le 9 août 2018

La Belgique réagit froidement à la désignation d’un dauphin

C’est le service minimum : par la voix de Didier Reynders, la Belgique s’est contentée de

« prendre acte » de la désignation d’un dauphin par Joseph Kabila à l’issue d’une consultation avec la majorité présidentielle. Les responsables congolais sont cependant invités à organiser les différents scrutins (présidentiel, législatif et provinciaux) dans un climat « apaisé » et « inclusif » afin que les résultats soient « crédibles ».

La réserve des Belges n’est pas seulement le résultat d’un climat politique demeuré glacial entre les deux pays, elle est surtout inspirée par des inquiétudes largement partagées, portant sur les mesures de décrispation, c’est-à-dire la libération de prisonniers politiques, sur la participation au scrutin de certains « poids lourds» dont l’exclusion pourrait assombrir le climat général et, plus largement, sur l’organisation de scrutins que le Congo entend prendre en charge seul, c’est-à-dire sans soutien financier extérieur ce qui signifie aussi sans observateurs du bon déroulement des observations. Mieux que personne, les

(13)

Belges savent que rien n’est encore joué et que si la présentation du dauphin de M. Kabila a permis de faire baisser la tension intérieure et de réduire la pression internationale, la bonne mise en œuvre du processus représente un travail de longue haleine. Il faut cependant noter qu’au contraire de la France, qui a salué la « décision courageuse » de Kabila, les Belges se sont même abstenus de féliciter le chef de l’Etat sortant, qui est cependant le premier dans l’histoire du pays à accepter de s’effacer volontairement ! Par la voix de l’ambassadrice à L’ONU Nikki Halley, les Etats Unis se sont réjouis de la non candidature de M. Kabila, mais en prévenant qu’il subsistait de nombreux problèmes à résoudre . On attend encore les réactions du côté africain, mais Cyril Ramaphosa, le président de l’Afrique du Sud, est attendu vendredi à Kinshasa.

Isidore Ndaywel salue la victoire du peuple congolais Colette Braeckman – Le Soir – le 9 août 2018

L’historien congolais Isidore Ndaywel, à l’origine de la Coordination des laïcs chrétiens (CLC) organisatrice des grandes marches pacifiques du début de cette année, se réjouit de ce qu’il appelle « une victoire d’étape». « Pour nous, l’identité du candidat présenté par la majorité présidentielle est une question secondaire. C’est de la « cuisine interne» et il ne nous appartient pas d’interférer dans le choix des partis politiques. Par contre, nous nous réjouissons du fait que le président Kabila ne sera pas candidat à sa propre succession, qu’il renonce à briguer un troisième mandat. Il s’agît là d’une victoire obtenue grâce à la mobilisation du peuple congolais, de la suite des efforts menés par les leaders religieux, des pressions exercées par la communauté internationale. Un tel résultat mérite d’être salué, car il est encore relativement rare sur le continent africain. »

Le professeur Ndaywel, qui travaille en ce moment sur les processus de résistance mis en œuvre par les Congolais depuis l’époque coloniale, assure qu’ « une fois de plus le peuple congolais a démontré sa capacité de résister. Je suis fier d’appartenir à ce peuple qui, par son courage, a obtenu un tel résultat… Cependant, la lutte continue, car nous voulons arriver à des élections crédibles et inclusives. Or des acteurs politiques importants demeurent exclus du processus électoral, et nous ne sommes pas d’accord avec l’exclusion de Moïse Katumbi, ni avec le maintien en prison de personnalités politiques comme Diomi Ndongala (leader de la démocratie chrétienne) ou l’avocat de Lubumbashi Jean-Claude Muyambo. Ceux qui sont toujours en prison auraient le droit de se porter candidats, y compris à d’autres scrutins que la présidentielle, et ils en sont empêchés.

Par ailleurs, le fichier électoral reste à nettoyer, conformément aux recommandations de l’Organisation internationale de la francophonie ; plus de dix millions de cartes d’électeurs sont contestables et nous ignorons quel usage on en fera…

Le dernier point litigieux, c’est la « machine à voter ». Il est clair que le peuple n’en veut pas, que cette « machine » n’est pas prévue par la loi et est rejetée par l’opinion. Il faudra résoudre au plus vite cette question. Le combat continue, nous devons demeurer vigilants…

»Au sujet d’une « transition citoyenne » qui passerait par la mise à l’écart du président Kabila, Isidore Ndaywel rappelle « qu’elle n’est pas prévue par la Constitution et ne possède donc pas de base juridique. Par contre, il est possible que des raisons techniques obligent à déplacer la date des élections, que le délai puisse être déplacé de six mois. Cela, nous pourrions le comprendre, à la rigueur. Ce qui compte pour nous, c’est la légitimité. Il faut que ces élections soient les meilleures possible, qu’on en finisse avec la corruption, que le peuple sorte enfin de la misère. Le peuple congolais mérite de bonnes élections. Les meilleures possible. »

Kabila, premier président du Congo à partir volontairement Colette Braeckman – Le Soir – le 9 août 2018

C’était peut-être à contre cœur, en jouant la montre, en maintenant le suspense jusqu’à la dernière minute… Mais l’essentiel, c’est tout de même que Joseph Kabila ait tenu parole et respecté la Constitution. Même si, durant deux ans il a joué les prolongations, le président sortant a fini par accepter de ne pas se porter candidat pour un troisième mandat.

(14)

Dans les eaux troubles de la politique congolaise, il a jeté un « dauphin » qui devra bientôt se transformer en requin s’il veut survivre… Cette décision n’a sans doute pas été facile à prendre : c’est la première fois, depuis l’indépendance du Congo, qu’un chef d’Etat se retire de son plein gré, sans être renversé ou assassiné, et bien des pays voisins sont encore dirigés par des présidents à vie. Si le statut d’ancien chef de l’Etat qui vient d’être voté lui permet de vivre dignement dans son pays et s’il respecte les règles du jeu, Joseph Kabila entrera dans l’histoire du Congo.

Les « félicitations du jury » ne devraient cependant pas occulter les réserves et les questions qui demeurent nombreuses. Car il est probable qu’Emmanuel Shadary, -s’il est élu-, sera le « Medvedev » d’un Kabila qui, devenu le chef incontesté de son parti, aura la capacité et les moyens d’influencer le pouvoir de son successeur. En outre le processus électoral lui-même suscite encore bien des inquiétudes : l’éviction de Moïse Katumbi, si elle se confirme, déçoit une large frange de l’opinion, il n’est pas certain que Jean-Pierre Bemba sera autorisé à concourir, les autres candidats sont désargentés, prêts à bien des compromis pour pouvoir demeurer dans la course. Quant à la Commission nationale indépendante, elle n’est alimentée que par le seul budget congolais, ce qui écarte les financements mais aussi les techniciens et les observateurs étrangers. Cette relative solitude conforte sans doute le nationalisme mais surtout, elle ouvre la voie à toutes les critiques. Qu’il s’agisse du nombre d’électeurs enregistrés ou de la désormais fameuse « machine à voter »une imprimante d’origine coréenne qui permettra de gagner du temps mais manquera toujours d’un carburant essentiel, c’est à dire la confiance de toutes les parties.

On peut déjà parier que les futures élections, avant même d’être organisées, seront frappées de suspicion tant par une communauté internationale sceptique et écartée de la surveillance des opérations que par les perdants ou les disqualifiés et il est à craindre que le maintien de l’ordre fera encore des victimes…Mais faut-il pour autant rejeter le bébé avec l’eau du bain, nier la validité du processus engagé dans l’hypothétique espoir d’une « transition sans Kabila » ? Dans l’absolu, une « transition citoyenne » menée par des individus et des institutions réellement neutres mènerait sans doute à un changement plus profond et permettrait à de nouvelles forces d’émerger. Mais au vu de l’appareil de sécurité mis en place, chacun sait aussi que le prix d’une éviction brutale du chef de l’Etat sortant serait élevé en termes de vies humaines, que les risques d’une nouvelle déstabilisation du pays seraient bien réels. Qui oserait tenir un tel pari ? La population congolaise est certainement fatiguée des dix-sept ans de règne de Kabila et elle aspire à un changement en profondeur. Mais le mieux, ambitieux et radical, peut aussi être l’ennemi du bien, modeste et progressif…

Le dauphin de Kabila est un homme de l’ombre et de réseaux Colette Braeckman – Le Soir – le 9 août 2018

La présentation d’Emmanuel ShadaryRamazani comme candidat du Front commun pour le Congo, la plate forme constituée autour de la majorité présidentielle, a commencé par surprendre, par susciter des commentaires en sens divers : « tout çà pour çà », « un homme de l’ombre », « Le Medvedev de Kabila/ Poutine » .. Il est vrai que le secret avait été bien gardé et la mise en scène opaque à souhait : à la veille du délai fixé pour le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle, les représentants de la majorité avaient été convoqués à Kingakati, la ferme du président Kabila, pour une ultime réunion dont rien ne filtra, les portables ayant été coupés et les réseaux sociaux désactivés. Alors que Kinshasa retenait son souffle, que le dispositif de sécurité avait été renforcé dans la ville, il fallut attendre l’extrême fin du délai fixé pour découvrir, d’un seul coup, les deux nouvelles du jour : Kabila avait respecté son engagement à ne pas se représenter et son dauphin était un homme relativement peu connu à l’extérieur du pays, mais ayant gravi méthodiquement tous les échelons du pouvoir.

Né en 1960, Emanuel ShadaryRamazani est originaire du territoire de Kabambare au Maniéma, une province centrale, enclavée, jouxtant à la fois le Kivu et le Katanga, et dont est originaire Maman Sifa, la mère du président sortant. Les liens entre Joseph Kabila et Emmanuel Shadari sont plus anciens qu’on ne le pense : membre de la société civile du

(15)

Maniéma du temps de Mobutu, Shadary fut élu, à deux reprises, député national et dès le début, il accompagna le développement du parti présidentiel, le PPRD (parti du peuple pour la reconstruction et le développement)dont il finit par devenir secrétaire général adjoint et coordinateur de la majorité présidentielle. A chacun de ses déplacements dans cette province parfois oubliée, c’est chez Shadary que logeait Joseph Kabila alors même qu’un autre fils du Maniéma, Augustin MatataPonyo occupait le devant de la scène comme Premier Ministre et qu’Aubin Minaku présidait l’Assemblée nationale.

Ayant étudié les sciences politiques à Kinshasa, s’exprimant aussi bien en lingala, la langue de Kinshasa et de l’ouest du Congo qu’en swahili, Emmanuel ShadaryRamazani fut longtemps considéré comme un disciple d’Evariste Boshab, auquel il succéda comme ministre de l’Intérieur en 2016. Un poste exposé, qui l’amena à être tenu pour responsable de la répression menée lors des manifestations anti-Kabila et à être frappé par des sanctions européennes.

Homme effacé, courtois, aussi peu flamboyant que Joseph Kabila lui-même, Emmanuel Shadaryest décrit comme un homme de l’ombre qui a méthodiquement assuré son emprise. « Comme ministre de l’Intérieur, il est devenu le maître de la « territoriale » nous assure l’un de ses proches «tous les responsables administratifs qu’il a nommés dans les provinces lui sont acquis et au moment des élections, il s’agira d’un atout essentiel. » Sur le terrain, le travail a été mené avec méthode : « durant des mois, doté d’un avion que le parti avait loué pour lui, Shadary a parcouru tout le pays et, si à l’étranger il est peu connu, il n’en va pas de même dans le Congo profond… »

Président du parti après en avoir été secrétaire national, le dauphin de Kabila est donc un homme de réseaux, qui se gardait bien d’apparaître au premier plan. Apparemment dépourvu de fortune personnelle (ce qui peut représenter un handicap mais n’est pas un défaut…)lecandidat surprise dépendra donc de son mentor, de la même manière qu’il devra compter sur ce dernier pour s’assurer le contrôle de l’armée où le général Amisi dit Tango Four (récemment promu chef d’état major adjoint chargé des opérations et du renseignement..) est le seul à être originaire du Maniéma. Pour le ministre des affaires étrangères SheOkitundu, « la nomination de Shadary est le fruit d’une réflexion mûrement réfléchie ; notre candidat répond aux onze critères qui avaient été fixés par notre plate forme et il a franchi toutes les étapes pouvant le mener au pouvoir suprême. Originaire d’une petite province, certes, il a vécu au Katanga et à Kinshasa et dans l’Equateur il s’est exprimé en lingala… »

Quant aux pays voisins, et en particulier le Rwanda et l’Angola, SheOkitundu estime qu’Emmanuel Shadari sera à même de les rassurer, tandis que le président sud africain Cyril Ramaphosa s’est annoncé pour vendredi à Kinshasa. En Europe, la quasi éviction de Moïse Katumbi, empêché de regagner son pays pour y déposer sa candidature, n’a pas fini de faire grincer des dents et on se demande si la candidature de Jean-Pierre Bemba (qui n’a pas vécu au Congo l’année écoulée car il était détenu à La Haye ) sera jugée recevable.

Ciblé par des sanctions européennes, le dauphin venu du « Congo de l’intérieur » devra apprendre à nager dans les eaux internationales. Il devra aussi faire face à la rancune des Français qui furent obligés de payer une rançon pour obtenir la libération d’otages qui, travaillant pour la société Banro, active au Maniéma et au Sud Kivu, avaient été capturés par les Mai Mai. Shadari, alors ministre de l’Intérieur, s’était révélé impuissant…

Kabila reste le maître du temps Colette Braeckman – Le Soir – le 9 août 2018

Jusqu’au bout, Joseph Kabila aura démontré qu’il n’avait pas d’autre agenda que le sien.

Qu’il était le maître du temps, le champion du silence et du secret. Qu’on en juge : alors qu’ils se dirigeaient vers la ferme appartenant au chef de l’Etat, à quelques dizaines de kilomètres de Kinshasa, les membres de la coalition politique appelée « Front commun pour le Congo » une vaste plate forme réunissant plusieurs partis ignoraient tout du choix qui leur serait présenté ! Ils avaient aussi été priés de couper leurs portables et de s’abstenir de communiquer avec le monde extérieur ! Certes, les formes avaient été respectées : les principaux responsables des FCC avaient été priés, voici deux jours, de remettre une liste de quatre noms, ceux de quatre candidats possibles pour l’élection

(16)

présidentielle, et certains d’entre eux, pressentant un piège, s’étaient empressés d’indiquer le nom de Kabila lui-même ! Flagorneurs ? Certainement. Mais aussi prudents car qui peut distinguer la soif de vérité et la capacité de représailles d’un homme qui ne se sentirait plus suffisamment suivi ? Un premier signe avait déjà inquiété : KinKieyMulumba avait décidé de faire cavalier seul et de présenter, à titre personnel, sa propre candidature. Or KInKIey n’est pas n’importe qui : le fondateur du magazine « le Soft » et excellent journaliste par ailleurs excelle à humer l’air du temps et à quitter le bateau avant la tempête. N’avait il pas été le dernier porte parole de Mobutu, avant de rallier les rebelles du RCD Goma puis de rejoindre Joseph Kabila avec un enthousiasme qui le mena à lancer, voici trois ans déjà, un mouvement d’adhésion au chef qui s’appelait « Kabila Désir » et…

qui ne rencontra que peu d’adhésions spontanées. Aujourd’hui l’ancien ministre des télécommunications a décidé de rouler pour lui-même… Que sait-il, que pressent-il que les autres ignorent encore ?

Quelle que soit l’issue de la réunion, la procédure a de quoi inquiéter : fallait-il réellement entretenir aussi longtemps le suspense, tenir en haleine une opinion qui ne demande qu’à pouvoir effectuer en décembre un choix démocratique et raisonné, discréditer ou tenir à l’écart des opposants comme Moïse Katumbi ? Une telle pratique du secret ne confirme-t- elle pas une préoccupante manière de gouverner : par défi sinon par arrogance ? La population congolaise mérite mieux.

Toute crise au Congo est internationale Colette Braeckman – Le Soir – le 9 août 2018

Une situation stratégique au cœur de l’Afrique… Des ressources telles que le cobalt, le coltan, l’uranium, indispensables aux technologies modernes, mais aussi l’eau et la forêt, essentiels en ces temps de réchauffement climatique… Le plus peuplé (85 millions d’habitants…des pays de la francophonie, neuf voisins qui comptent sur les ressources du Congo pour se développer ou qui redoutent la contagion du désordre… Les espoirs mais surtout les crises du Congo n’appartiennent pas aux seuls Congolais et, quel que soit le nationalisme voire le souverainisme des dirigeants du pays, les échéances à venir concernent les pays voisins, intéressent l’Afrique toute entière et ne laissent pas indifférentes les puissances membres du Conseil de sécurité.

Au cours des deux années qui ont suivi la fin officielle du mandat du président Kabila, la RDC a été placée sous haute surveillance. Si l’accord de la Saint Sylvestre, conclu après la médiation avortée de l’ancien président togolais EdemKodjo fut avalisé de toutes parts, c’est parce qu’il balisait le processus de sortie de crise et que le président Kabila avait réussi à convaincre l’opinion internationale de sa détermination à respecter le prescrit constitutionnel et les délais finalement consentis tandis que l’opinion congolaise demeurait, elle, plus circonspecte. Au fil des mois cependant, les Occidentaux ont durci leurs positions : la répression violente des marches pacifiques des chrétiens, s’ajoutant à des avalanches de rapports accablants sur la corruption et les avoirs de la famille Kabila, ont choqué l’opinion et déclenché des vagues de sanctions ciblées. Privation de visa, gels des avoirs, interdiction de voyager : des mesures ont commencé à frapper de hautes personnalités du régime, hauts gradés de l’armée, responsables des services de sécurité, proches de Kabila, même si lui-même a été épargné. Les Américains ont donné le là, mais la Belgique n’a pas été en reste et, après la première marche des chrétiens, un froid polaire s’est installé entre Bruxelles et Kinshasa, se traduisant par le rappel des ambassadeurs, la fermeture, demandée par Kinshasa… de la maison Schengen dispensatrice de visas, la réduction des fréquences de Brussels Airlines…De part et d’autre, les sanctions visaient à faire mal, à toucher aux intérêts économiques de la Belgique, à humilier des responsables congolais et, par ricochet, à priver d’accès à l’Europe d’importantes personnalités du régime mais aussi des citoyens lambda, désormais empêchés de venir étudier, commercer, participer à des conférences sur le Vieux Continent.

L’avenir dira si ces sanctions ont été efficaces, qui elles ont réellement affecté. Car durant des mois, grâce aux efforts du ministre des Affaires étrangères SheOkitundu, la RDC ne s’est pas mal défendue sur le plan international : elle a réussi à se faire élire au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, des pays comme la France ont discrètement octroyé des

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

La candidature de Louise Mushikiwabo, actuelle ministre rwandaise des Affaires étrangères, au poste de secrétaire générale de l’OIF, officialisée en mai à Paris

Dans une déclaration datée hier jeudi 11 octobre, lue à la presse par Martin Fayulu, écrit le journal, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), le Mouvement de Libération du

Lambert Mende, porte-parole du Gouvernement congolais: « Nous félicitons Dénis Mukwege pour cette reconnaissance par l’académie Nobel de Suède du travail remarquable qu’il fait

Pour les sociétaires d’Ensemble, comme ce fut le cas avec feu Étienne Tshisekedi wa Mulumba qui, à un moment de l’histoire de la RDC a symbolisé le retour

Ces invalidations en cascade, à propos desquelles la Cour Constitutionnelle devra statuer d’ici le 19 septembre, ont immédiatement fait remonter la tension et alimenté les

D’autant que dans l’opposition, certains membres comme Moïse Katumbi continuent toujours d’espérer d’être repris pour la course à la présidentielle malgré le fait que le

Ce quotidien rappelle que l’évolution de la situation en République démocratique du Congo caractérisée par la désignation au dauphin du président Joseph Kabila Kabange, les

Joseph Kabila n’a pas l’éloquence d’un tribun, et lorsqu’il invoque sa « passion pour le Congo », il préfère aligner des chiffres : 23.000 km de routes et pistes