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28-05-16/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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28-05-16/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Les Héros sont fatigués, après une semaine où la presse congolaise n’a pas chômé et où les médias internationaux lui ont emboîté le pas. Il en résulte une revue de la presse aux proportions éléphantesques, malgré la minceur de la presse congolaise. Deux thèmes ont été constamment au menu: la marche de l’opposition organisée le jeudi 26 mai pour protester contre le dernier arrêt de la Cour constitutionnelle et les massacres à Beni: succès pour l'opposition, échec selon la majorité et les innombrables péripéties du feuilleton électoral.

On reparle du M23

C’est la seule nouvelle du jour qui soit vraiment nouvelle. Le Potentiel, en collaboration avec RFI annonce « Mise en œuvre de la Déclaration de Nairobi - Kinshasa et le M23 se rapprochent »

« Il était temps. Les ennemis d’hier se sont enfin retrouvés autour d’une table pour évaluer la mise en œuvre de la Déclaration de Nairobi, document qui reste un appendice à l’Accord de paix signé à Addis-Abeba entre parties belligérantes congolaises de l’époque. La mort dans l’âme, Kinshasa a accepté de se rapprocher du M23 pour examiner avec lui le respect des engagements qu’ils avaient pris devant la communauté internationale dans la capitale kenyane il y a trois ans.

Le gouvernement et l’ex-Mouvement du 23 Mars évaluent depuis hier vendredi 27 mai à Kinshasa, l’avancement de la mise en œuvre de la Déclaration de Nairobi. Déclaration à travers laquelle le M23 s’était engagé à renoncer à la rébellion armée. Le gouvernement, lui, avait alors pris l’engagement de mettre en œuvre le programme de démobilisation, désarmement et réinsertion sociale des anciens rebelles et de proposer au Parlement un projet de loi d’amnistie.

Au cours d’une réunion tenue hier vendredi 27 mai au siège du Mécanisme national de suivi (MNS), les deux parties ont passé en revue les différents points de la Déclaration de Nairobi pour prendre acte des choses qui sont en train d’être faites et celles qui restent à faire. Les travaux qui se poursuivent ce samedi à Kinshasa se déroulent sous la médiation de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies dans les Grands Lacs, Said Djinnit.

A l’issue du premier jour, toutes les parties ont reconnu que les travaux se sont déroulés dans un esprit constructif. « A ce jour, nous avons fait beaucoup de progrès. Nous nous réjouissons du fait que cette réunion soit tenue dans le cadre du Mécanisme national de suivi, pour poursuivre la mise en œuvre de la Déclaration de Nairobi », s’est félicité Said Djinnit.

« Au niveau du gouvernement, nous avons évolué dans une logique de sincérité et de responsabilité. Nous avons considéré, en ce qui nous concerne, que tout était fait.

Aujourd’hui, nous saluons l’arrivée à Kinshasa du coordonnateur désigné par le M23. Nous avons programmé des réunions qui pourront nous permettre de décider de la suite des travaux », a déclaré le coordonnateur du MNS, François Muamba Tshishimbi.

Parmi les questions qui feront l’objet de prochaines réunions, l’on note la libération des membres de l’ex-mouvement rebelle faits prisonniers. La délégation du M23 espère que tout se passera dans le sens de faire avancer les choses.

En octobre 2015, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) avait désapprouvé le refus de l’ex-M23 de poursuivre le processus de Nairobi. Au cours de la conférence hebdomadaire tenue mercredi 28 octobre 2015 à Kinshasa, le porte-parole de la mission onusienne s’était dit « indigné » de cette position de l’ex-mouvement rebelle.

Depuis plusieurs mois, le M23 ne cesse d’accuser le gouvernement de mauvaise foi dans la mise en œuvre des engagements de la Déclaration de Nairobi. Sur les onze points retenus, seuls deux points auraient été respectés. De ce fait, l’ancienne rébellion du M23 menaçait même de se désengager du processus de Nairobi.

La Monusco a toujours rappelé que ces engagements devaient être respectés par toutes les parties. Dans un communiqué publié mardi 27 octobre à Bujumbura (Burundi), la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs a aussi invité les dirigeants de

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l’ex-M23 à « continuer à être engagés et à maintenir l’esprit des déclarations de Nairobi pour apporter la paix et la stabilité en RDC et dans la région ».

Une réunion sous tension entre le M23 et le gouvernement à Kinshasa

Une délégation du M23 est bel et bien arrivée à Kinshasa en vue d’une réunion avec le Mécanisme national de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, accord qui était censé amener la paix dans l’Est du Congo. Sont présents dans la capitale congolaise, les garants de cet accord : Saïd Djinnit et Ibrahima Fall, tous deux envoyés spéciaux pour les Grands Lacs respectivement de l’ONU et de l’Union africaine, ainsi que des représentants des organisations sous-régionales. Mais à son ouverture, la réunion a bien failli capoter.

Entre la partie gouvernementale et l’ex-rébellion, on est toujours à couteaux tirés. Dernier exemple en date, alors que la réunion devait commencer, les trois membres du M23 venus de Kampala refusent de participer aux discussions. Motif : ils attendent la libération de trois de leurs camarades qui sont en détention à Kinshasa. « On nous l’avait promis, ils font partie de notre délégation », assure l’un des membres de la délégation. « C’est faux, regardez cette lettre du secrétaire exécutif de la CIRGL », l’une des organisations sous- régionales, rétorque-t-on côté gouvernement.

Le Congolais Ntumba Luaba a écrit aujourd’hui même (Ndlr : vendredi 27 mai 2016) au président du M23, Bertrand Bisimwa, lui rappelant qu’il était convenu que le chef de leur délégation ne soit accompagné que de deux assistants. Cette libération des prisonniers figure dans les obligations du gouvernement dans les déclarations de Nairobi, insiste-t-on du côté du M23 alors que la partie gouvernementale estime avoir amnistié ceux qui étaient éligibles.

La libération des prisonniers figure justement à l’ordre du jour de cette réunion, de même que le rapatriement des ex-rebelles toujours réfugiés en Ouganda et au Rwanda. Tous les ultimatums posés l’année dernière par la communauté internationale n’avaient servi à rien.

En décembre, seuls 13 combattants avaient décidé de rentrer. « Ils sont de mauvaise foi

», dénoncent les représentants et du gouvernement et de l’ex-rébellion. Des représentants de la communauté internationale ne cachaient pas ce vendredi matin qu’ils s’arrachaient les cheveux.

Hommage aux casques bleus

Radio Okapi évoque la parade mixte MONUSCO-Police nationale congolaise (PNC) organisée vendredi 27 mai à la place de l’Indépendance à Kinshasa, à l'occasion de la Journée internationale des casques bleus célébrée le 29 mai de chaque année. A cette occasion, indique le site, Maman Sidikou, représentant du secrétaire général des Nations- Unies en RDC, a rendu hommage aux casques bleus de la MONUSCO. Il a aussi

«particulièrement la reprise des opérations coordonnées entre les FARDC et les forces de la MONUSCO» contre les groupes armés, comme les ADF et les FDLR. «Ce qui va certainement contribuer à améliorer la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC». Dans le même ordre d’idée, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab, a reconnu que la RDC avait bénéficié de la contribution des casques bleus dans sa quête de la paix.

Les marches à l’heure du bilan

Les plates formes de l’opposition notamment la Dynamique de l’opposition, le Front citoyen et une frange de la Société civile sont mobilisés à travers le pays, pour une marche pacifique. Objectif : dire non à l’arrêt de la cour constitutionnelle et réclamer la sécurité à Beni. Comme il est pratiquement de règle en de telles circonstances, les appréciations sont diamétralement opposées.

La Majorité parle de « flop », d’ »échec », de « ratage » et d’une opposition incapable de réunir plus de 2000 personnes dans une ville comme Kinshasa (12 millions d’habitants), insinue délicatement que s’insurger contre un arrêt de la CC est de l’incivisme, sinon du terrorisme et conclut un peu vite que tous ceux qui n’étaient pas à la Manif sont de son côté.

L’Opposition souligne la violence de la répression policière, pas mécontente de se poser en victime, et avance le chiffre de 5000 marcheurs pour Kinshasa.

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Il est fort courant que les chiffres des organisateurs d’une manifestation et ceux de la police soient dans la proportion du simple au double. Cette « guerre des chiffres » est cependant le seul point sur lequel la presse internationale, qu’on ne peut suspecter d’être partisane, peut apporter une lumière utile. Lorsqu’elle se hasarde à citer des chiffres (c’est assez rare, mais cela arrive, notamment dans Jeune Afrique), elle penche pour les 5000.

Affaires électorales

Le Potentiel fait le compte-rendu de la conférence de presse de l’ambassadeur allemand en RDC qui, selon lui, récuse toute accusation d’ingérence dans les affaires intérieures de la RDC. Wolfgang Manig justifie les déclarations notamment du Conseil de sécurité européen du 23 mai sur la RDC dans le cadre des rapports définis par l’Accord de Cotonou en ces termes : « Nous avons droit d’exprimer nos préoccupations ».

Radio Okapi annonce « Pour Thambwe Mwamba, l’arrêt de la Cour constitutionnelle ne donne pas un 3ème mandat à Kabila », et fait la restitution des échanges entre le ministre congolais de la Justice Alexis Thambwe Mwamba qui assure l’intérim de son collègue des Affaires étrangères avec les diplomates et chefs de missions accrédités en RDC. « Les ignorants disent : la Cour constitutionnelle a donné un nouveau mandat au président de la République. C’est faux. La Cour constitutionnelle a interprété l’article 70 et a conclu que tant que les élections ne sont pas organisées, le président de la République qui est là demeure en place». Alexis Thambwe Mwamba a recommandé aux diplomates de chercher de bonnes informations aux sources officielles afin de bien informer leurs pays qu’ils représentent en RDC. Le ministre a également déclaré que certains opposants veulent faire passer leurs problèmes judiciaires ou fiscaux pour des problèmes politiques.


Le président de la Ceni a annoncé, cette semaine, le début de la révision du fichier électoral pour la fin du mois de juillet. Cependant, selon Corneille Nangaa, le lancement de cette opération est lié à l’adoption, par le parlement, de la loi sur l’enrôlement des électeurs.

C’est en procédant ainsi, à coups de lois bâclées arrachées, dans la précipitation, à un Parlement sous pression, que l’on évite sans cesse d’avoir un débat sérieux sur des questions cruciales : la nécessité d’un recensement avant toute élection, la parité des genres, le vote de la Diaspora, la question de la double nationalité, etc…

De son côté, le « complicateur » Edem Kodjo a lancé son mini forum préparatoire au Dialogue sans plus attendre l’UDPS.

(L’UDPS persiste dans son attitude habituelle : répondre « Oui, Mais… » et développer le

« mais » en une suite successive de revendications. Tout cela ressemble à une valse- hésitation mais, en réalité, il s’agit d’un bras de fer entre deux conceptions du « dialogue ».

Ce que la MP veut par dessus tout c'est un Dialogue National similaire aux Concertations Nationales, un forum sévèrement surveillé, formaté à l’avance et dont les résolutions seront transmises au « Chef de l'Etat » qui a son tour les transmettra aux institutions nationales pour analyse, observation et exécution éventuelle. Dans ce cas, l'UDPS ne voit pas pourquoi elle participerait à un tel forum inutile.

L'UDPS veut obtenir la garantie que les Résolutions du Dialogue National seront impératives et opposables à tous et désire avoir, quant à la liberté des débats et la sécurité des participants, des garanties internationales. Dans un premier temps, il s’agissait d’en confier toute l’organisation à la MONUSCO et peut-être même de se réunir à l’étranger.

Plus récemment, il s’agit d’un « encadrement » par une brochette d’organisations qui devrait comprendre l’ONU, l’UE, l’UA, l’OIF et les USA.

En caricaturant à peine les choses, on pourrait dire que la MP a pour idéal une sorte de

« Congrès du PPRD et alliés + quelques invités », axé sur la perpétuation du régime actuel, et que l’UDPS verrait volontiers une sorte de Tribunal de la Communauté Internationale se charger enfin de « régler le contentieux électoral de 2011 », c’est-à-dire, dans l’imaginaire udepsien , de proclamer Tshisekedi président.

Si un tel Tribunal existait, il commencerait par mettre équitablement aux fers tant Kabila que Tshisekedi, pour avoir l’un et l’autre tenté de prendre le pouvoir après des élections NULLES. Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des

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enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus1. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire « autorité de droit ». Le fait que Malumalu, aujourd’hui démissionnaire, principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, ait été remis un temps à la Présidence de la CENI, était une promesse de beaux jours pour les fraudeurs !

Presse et documents étrangers

Il y eu cette semaine un numéro de Jeune Afrique ayant la RDC pour sujet vedette, une jolie photo de JKK en couverture et ce titre principal : « Kabila : Jusqu’où ? Jusqu’à quand ? ». Comme ces articles portent la date du jour où on les a écrits, non celle de leur publication, notre classement habituel par dates aurait dispersé ces textes conçus pour être lus ensemble. Nous avons donc choisi de les regrouper.

ARTICLES DE « Jeune Afrique »

Qui forme le « C6 », le conseil des six stratèges de Kabila ? Pierre Boisselet – Jeune Afrique - 23 mai 2016

Le chef de l'État congolais a chargé un « conseil des six » de mettre en œuvre certains éléments de sa stratégie, notamment le dialogue avec l’opposition. Qui en fait partie ? Le microcosme politique de Kinshasa raffole des sigles. Après le « G7 », le groupe des sept partis politiques passés de la majorité à l’opposition avec l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, voici venu le « C6 », ou « conseil des six ».

Il s’agit de six proches du président Joseph Kabila que ce dernier a chargé de mettre en œuvre certains éléments de stratégie pour son avenir, notamment le fameux dialogue avec l’opposition. On y trouve son directeur de cabinet, Néhémie Mwilanya, le chef de l’Agence nationale de renseignement (ANR), Kalev Mutond, Léonard She Okitundu, son ancien ministre des Affaires étrangères, l’actuel titulaire du portefeuille de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, le gouverneur de la ville-province de Kinshasa, André Kimbuta, et Norbert Nkulu, l’ambassadeur en poste à Kigali.

L’existence de ce C6 permet notamment de mieux comprendre les fréquents aller-retours de Léonard She Okitundu à Bruxelles – il y a rencontré l’opposant Etienne Tshisekedi à trois reprises – ou encore pourquoi Kalev Mutond, le chef de l’ANR, a été chargé de prendre langue avec divers chefs de l’opposition, il y a quelques mois, en vue d’organiser ce fameux

1Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2013 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après un délai de trois ans seulement, anormalement court pour ce genre d’affaires

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dialogue.

Quelles sont leurs intentions pour la fin de mandat de Joseph Kabila ?

L’opposant Étienne Tshisekedi tacle le facilitateur Edem Kodjo Trésor Kibangula – Jeune Afrique - 25 mai 2016

Pointé du doigt comme celui qui bloque la mise en place du comité préparatoire du dialogue politique en RDC, Étienne Tshisekedi a répondu mardi à Edem Kodjo, reprochant à la médiation menée par l'ancien Premier ministre togolais de n'avoir pas toujours satisfait à ses préalables.

Qu’il lève la main celui qui prétend savoir si Étienne Tshisekedi participera, ou non, au dialogue politique annoncé en RD Congo ! Alors que la médiation attend la liste des opposants participants au forum, le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a publié, le 24 mai au soir, un communiqué cinglant contre le facilitateur, Edem Kodjo, et les autorités du pays.

Pour Étienne Tshisekedi, le blocage du processus de dialogue politique en RD Congo incombe au facilitateur qui n’a pas toujours répondu aux préalables posés par l’UDPS.

Quiproquo entre Tshisekedi et Kodjo

L’opposant historique congolais, convalescent à Bruxelles, rappelle que sa formation politique et lui-même veulent avant tout « s’assurer de la concordance des vues entre la perception du dialogue politique par le facilitateur et la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies » qui souligne, entre autres, la nécessité d’organiser les élections dans les délais.

Étienne Tshisekedi attend également une réponse claire d’Edem Kodjo sur sa requête relative à « l’implication des autres membres de la communauté internationale », notamment l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Concrètement, l’UDPS sollicite la mise en place d’un panel de facilitateurs, Edem Kodjo ayant été « désigné sans avis préalable de différentes parties congolaises ».

Autre grief : le leader de l’UDPS dit n’avoir toujours pas réuni les garanties quant à « l’inclusivité du dialogue et la libération des détenus politiques ».

Tshisekedi s’en prend aussi à Kabila

Dans son communiqué, Tshisekedi s’attaque enfin au président Joseph Kabila qui « étale, selon lui, le vrai visage de son paradigme politique, en multipliant des actes de provocation, d’intimidation et de terrorisme d’État alors que le peuple congolais attendait [de lui] des signaux forts de détente et de décrispation ».

Et de dénoncer « le procédé anti-démocratique et le traitement ignoble dont Moïse Katumbi, Christopher Ngoyi, Eugène Diomi Ndongala et d’autres acteurs politiques ou de la société civile sont victimes de la part d’un pouvoir qui, dans le même temps, se complaît à claironner sans convaincre qu’il veut aller à un dialogue politique inclusif ».

Les conditions des pourparlers sereins en RD Congo sont encore loin d’être réunies…

Moïse Katumbi, que va-t-il faire maintenant ? Trésor Kibangula – Jeune Afrique - 24 mai 2016 à 16h52

Après son inculpation pour atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'État, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle en RD Congo, a été autorisé à quitter le territoire national pour suivre des soins médicaux appropriés en Afrique du Sud. Comment compte-t-il rebondir ?

« Pour l’instant, Moïse Katumbi est toujours sous observation médicale à Johannesburg », affirme un proche de l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga. À l’en croire, après des examens de santé et une fois rétabli, rien n’empêchera au candidat déclaré à la présidentielle congolaise de quitter l’Afrique du Sud. Que fera-t-il ? Regagnera-t-il immédiatement la RD Congo où le parquet l’a inculpé, jeudi 19 mai, d’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’État ou s’envolera-t-il vers d’autres cieux ?

Katumbi déjà hors course ?

« Peu importe sa décision, le scénario voulu par Kinshasa paraît irréversible : disqualifier

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de la course à la présidentielle un candidat populaire devenu le principal rival du camp présidentiel », confie à Jeune Afrique un magistrat de la capitale congolaise, qui dit avoir déjà traité des « dossiers similaires et sensibles ».

À l’en croire, il en a été ainsi de plusieurs autres opposants qui se sont retrouvés, avant Moïse Katumbi, dans le collimateur du pouvoir. « En exécutant des instructions venues d’en-haut sans réfléchir, des juges avaient récemment condamné l’ancien député Vano Kiboko, passé à l’opposition, à trois ans de prison alors que les faits infractionnels qui lui étaient reprochés ne pouvaient être punis d’une peine de plus de deux ans », rappelle-t-il.

Dans le cas Katumbi, les choses se sont précipitées. « L’audition a été suspendue le jour où notre client a été agressé par les forces de l’ordre. Le parquet a promis de la reprendre dès qu’il serait rétabli. Nous n’avons donc pas compris pourquoi le même parquet a finalement choisi de l’inculper sans l’entendre de nouveau », explique un avocat de la défense. Puis, au lendemain de son inculpation, l’opposant, soupçonné d’avoir recruté de supposés mercenaires étrangers, a été autorisé à quitter la RD Congo pour aller en Afrique du Sud recevoir des soins médicaux appropriés…

« Visiblement, ce n’est pas évident de mettre Moïse Katumbi en taule », admet un cadre de la Majorité présidentielle (MP, la coalition au pouvoir). « Le dossier est complexe et divise au sein même de l’entourage du chef de l’État : d’un côté le camp des durs qui veut poursuivre cette affaire jusqu’au bout – position défendue notamment par des responsables de l’Agence nationale de renseignement (ANR) et certains faucons de la MP -, et de l’autre, un camp plus modéré qui considère qu’il est trop risqué d’avoir les États- Unis à dos en cette période préélectorale déjà tendue », explique-t-il.

L’Américain Darryl Lewis enfin devant le parquet

Arrêtés le 24 avril à Lubumbashi lors du meeting de Katumbi dispersé à coups de gaz lacrymogène et transférés dès le lendemain à Kinshasa, l’Américain Darryl Lewis et trois Congolais (Idi Sefu, Yannick Kabinda et Franck Mwashila) proches de l’opposant sont considérés par les autorités congolaises comme des « mercenaires » au service de l’ancien gouverneur.

Détenus au secret depuis presqu’un mois, « tous les quatre ont été transférés aujourd’hui [24 mai] devant le parquet général de la République où une audition est prévue devant le même magistrat qui a entendu M. Katumbi », a indiqué Me Azarias Ruberwa, l’un des avocats du collectif de la défense. Une « bonne nouvelle, selon cet ancien vice-président de la République, car leur détention était très irrégulière ».

Hormis le citoyen américain, les trois suspects congolais n’ont jamais reçu de visite ni de leurs familles ni de leur conseil. Ce qui fait craindre une « extorsion de faux témoignages pour fabriquer des preuves contre Katumbi », relève un autre avocat du collectif.

Katumbi-Tshisekedi de nouveau à l’ordre du jour

Concernant le dossier principal, des avocats affirment toutefois continuer à travailler pour que l’inculpation de Moïse Katumbi soit retirée. « Contrairement à ce que le porte-parole du gouvernement a indiqué, l’affaire n’est pas passée en phase juridictionnelle, nous continuons à discuter avec le parquet parce que ce dernier n’a pas entendu notre client comme il était prévu », explique Me George Kapimba.

En attendant, Moïse Katumbi est « annoncé dans le courant de la semaine à Bruxelles », selon certaines indiscrétions au sein de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Une « rencontre autour d’Étienne Tshisekedi [leader historique de l’UDPS]

» est en effet en gestation dans la capitale belge. Elle connaîtrait la participation de Katumbi, ou du moins du G7, regroupement politique qui soutient la candidature de Katumbi à la présidentielle. « Les lignes bougent… », souffle un membre de la coalition.

Dans l’entourage de Katumbi, l’on ne confirme pas un imminent tête-à-tête entre ce dernier et Tshisekedi. Ses proches se contentent d’affirmer que des « négociations » sont en cours avec l’UDPS et le G7 pour « harmoniser les vues ». « Mais Moïse Katumbi demeure dans sa droite ligne, celle de rassembler toute l’opposition. Il avait déjà rencontré Étienne Tshisekedi et d’autres opposants dans cette optique. Naturellement, le G7, allié de Katumbi, s’inscrit aujourd’hui sur la même ligne », explique l’un d’eux.

Pourrait-on envisager de voir Katumbi sur la liste des opposants participant au dialogue politique, convoqué par le président Kabila, que Tshisekedi s’apprête à envoyer au

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facilitateur Edem Kodjo ? « Ce serait réducteur de résumer les tractations entre l’UDPS et G7 à une histoire de liste alors que les deux parties, malgré leurs différences d’approche, travaillent sur le respect de la Constitution et celui des délais qu’elle impose pour l’organisation des élections, l’alternance démocratique et la nécessité d’avoir une candidature commune de l’opposition », avance-t-on dans l’entourage de Katumbi.

Présidentielle en RD Congo : les cinq recommandations de l’UE au gouvernement congolais

Trésor Kibangula – Jeune Afrique - 24 mai 2016 à 09h30

Les 28 ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) ont adopté, le 23 mai, des "conclusions" sur la RD Congo dont voici les 5 principales recommandations.

1. L’organisation des élections, responsabilité première du gouvernement

Prenant acte de l’arrêt de la Cour constitutionnelle de la RD Congo, prononcé le 11 mai, lequel dispose que Joseph Kabila, le président congolais sortant, pourrait rester au pouvoir au-delà de son mandat, en attendant l’installation effective d’un nouveau président élu, l’Union européenne a rappelé en premier lieu au gouvernement congolais que « la préparation et l’organisation des élections dans le respect des dispositions congolaises pertinente » relève de sa « responsabilité première ».

C’est pourquoi « l’UE appelle le gouvernement [congolais] et toutes les parties parties concernées, en particulier la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), à créer urgemment les conditions nécessaires pour la tenue de scrutins libres, transparents, inclusifs et pacifiques », rappelant que « seul un exécutif constitutionnellement légitime et démocratiquement élu pourra apporter la stabilité et réunir les forces vices du pays indispensables pour consolider les avancées importantes des dernières années. »

2. Le processus électoral doit redémarrer au plus vite

Poursuivant sur la même ligne, les 28 ministres européens, membres du Conseil de l’UE et auteurs de ces conclusions, appellent les autorités congolaises « à redémarrer au plus vite le processus électoral en franchissant des étapes concrètes ». Allusion faite notamment à la publication dans les plus brefs délais d’un nouveau calendrier électoral, le précédent ayant été dépassé.

Pour eux, ce nouveau calendrier révisé doit être accompagné d’« options qui permettent aux divers acteurs politiques de se prononcer sur la situation ». Une recommandation est également faite au gouvernement pour qu’il élabore un « plan de déboursement » pour les élections et qu’il actualise les listes électorales. Une opération qui peut s’étendre sur 16 mois et un jour, selon les prévisions de la Ceni.

« Seul un engagement clair du gouvernement, tant politique que financier, permettra à l’UE d’apporter son soutien au processus électoral en particulier », rappellent les ministres de l’UE.

3. L’urgence d’un dialogue bref et précis

Pour débloquer la situation et sortir de l’impasse, l’UE considère qu’il est devenu urgent de tenir un « dialogue politique bref et précis entre tous les acteurs représentatifs afin d’arriver rapidement à un consensus sur une feuille de route claire, sur la base d’un calendrier et des besoins financiers crédibles à présenter à la Ceni, dans le respect de la Constitution, en particulier en ce qui concerne l’élection présidentielle. » Un scrutin qui ne pourrait plus, selon le camp présidentiel et la Ceni, être organisé dans les délais constitutionnels.

4. La préservation des libertés publiques

Alors que se multiplient à Kinshasa et dans d’autres grandes villes du pays des actes d’intimidation et d’arrestation d’opposants, de journalistes et de membres de la société civile, l’UE invite le gouvernement congolais à respecter les droits de l’homme, notamment les libertés publiques, et à préserver un espace politique ouvert.

Il s’agit là, selon elle, d’une « condition préalable à la tenue d’un dialogue réel et crédible

» en RD Congo.

5. La protection des civils dans l’Est par l’armée et la Monusco

Le Conseil de l’UE condamne enfin les attaques répétées contre les civils à Beni, dans le

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nord-est de la RD Congo et « demande aux forces armées de la RDC (FARDC), avec le soutien de la Monusco, d’assurer la protection des populations civiles.

L’armée congolaise a annoncé récemment le lancement d’une nouvelle « opération ponctuelle » destinée à traquer et à neutraliser les groupes armés soupçonnés d’être auteurs de la série des massacres dans l’Est.

Sur le terrain, la Monusco apporte son soutien logistique aux soldats congolais, mais l’UE appelle à une « reprise effective des opérations conjointes entre les FARDC et la Monusco pour neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), les Forces démocratiques alliées (ADF) et les autres groupes armés » qui pullulent dans l’Est.

Présidentielle en RD Congo : la Monusco plaide en faveur d’une « feuille de route consensuelle »

Trésor Kibangula – Jeune Afrique - 23 mai 2016

Alors qu'un rapport confidentiel des experts électoraux onusiens estime que, sous certaines conditions, la présidentielle est encore possible dans les délais constitutionnels en RDC, la Monusco, mission de l'ONU sur place, penche plutôt vers la mise en place d'une "feuille de route consensuelle" entre les protagonistes congolais.

Au siège de la Monusco à Kinshasa, l’on tente de minimiser l’ampleur du document. « C’est un rapport de routine comme il y en a souvent, rien d’exceptionnel », confie à Jeune Afrique, lundi 23 mai, une source onusienne qui se dit d’ailleurs « surpris[e] de voir des commentaires dans tous les sens sur les réseaux sociaux et certains médias ».

Depuis quelques jours, la twittosphère congolaise revient en effet sur un « rapport confidentiel » d’une équipe d’experts des Nations unies sur les questions électorales, qui a séjourné il y a quelques semaines en RD Congo.

Selon ce document déposé à New-York, la présidentielle pourrait encore se tenir dans les délais constitutionnels, soit d’ici le 27 novembre, mais à certaines conditions. Notamment la non-révision du fichier électoral actuel.

Une piste déjà évoquée en début d’année par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) mais qui ne serait « plus à l’ordre du jour tellement le processus électoral est resté longtemps au point mort », explique un expert électoral congolais. Alors, que faire ?

Entre délais constitutionnels et dialogue politique

Du côté de la Monusco, l’on mise désormais sur un « consensus politique » à l’issue du dialogue convoqué par le président Joseph Kabila.

« Nous estimons simplement que la résolution 2277 du Conseil de sécurité [adoptée le 30 mars 2016, NDLR] rappelle que les délais constitutionnels doivent être respectés. Ban Ki- mon, lors de son passage en RD Congo, a bien insisté dessus et il a insisté aussi sur la nécessité du dialogue national, qui doit déboucher sur une feuille de route politique consensuelle », a expliqué récemment Charles Bambara, directeur de l’information publique de la Monusco.

Maman Sambo Sidikou, patron de la mission onusienne en RD Congo, a abondé, dans le même sens dans un communiqué publié le 21 mai à Kinshasa. « Un dialogue politique véritablement inclusif et respectueux de la Constitution permettra aux acteurs congolais de relever avec succès les défis de l’heure, en particulier ceux liés au processus électoral

», a-t-il affirmé, dénonçant par ailleurs « la multiplication des procédures judiciaires ainsi que tous autres actes ayant pour effet de rétrécir l’espace politique (…)».

« C’est pourquoi Maman Sambo Sidikou rencontre régulièrement le facilitateur Edem Kodjo mais aussi des acteurs politiques congolais », ajoute Charles Bambara. Objectif : tenter de relancer le processus électoral.

Une mission bien délicate pour la Monusco face aux principaux partis et plateformes de l’opposition qui boudent toujours le dialogue politique, soupçonnant ces pourparlers à venir d’être une « astuce » pour maintenir indéfiniment le président Kabila au pouvoir.

Dr Joseph et Mister K

Trésor Kibangula – Jeune Afrique - 25-05-16

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Pour les diplomates occidentaux en poste à Kinshasa et les agents des services spéciaux étrangers, pour les chefs d’État de la région, le secrétaire général de l’ONU et tous ceux qu’intéresse au plus haut point l’avenir immédiat de cette nation majeure qu’est la RD Congo, prévoir de quoi demain sera fait est un exercice impossible.

Motif principal de cette navigation à vue, à laquelle se résument en cette année cruciale les rapports des experts en congologie : nul ne détient les clés du logiciel mental de Joseph Kabila Kabange, et personne ne sait comment ce président, âgé d’à peine 45 ans, compte modeler son propre destin. À leur décharge, aussi bien les opposants que les proches de celui que ses partisans appellent le raïs sont plongés dans la même expectative. À preuve, chaque fois qu’il m’arrive de croiser un ministre ou un conseiller de Joseph Kabila, la question qui m’est posée est la même que celle formulée par ses adversaires : « Vous, vous devez bien le savoir : qu’y a-t-il dans sa tête ? »

Soyons honnêtes : si j’ai rencontré à cinq ou six reprises le fils du Mzee depuis son accession au pouvoir – la dernière fois, en 2015 – ce qui fait de moi, avec ma consœur Colette Braeckman, du Soir, une quasi-exception dans le domaine médiatique, j’ignore toujours ce qu’il y a « dans sa tête ».

Certes, comme tous ceux qui l’ont fréquenté et suivi depuis quinze ans, j’ai remarqué la transformation de l’apprenti timide et imprévisible en chef d’État sûr de lui, à la voix adolescente à la fois douce et métallique. Mais sa personnalité, de plus en plus indéchiffrable, relève plus que jamais de cette « énigme enveloppée d’un mystère » qui intriguait déjà un certain Jacques Chirac.

À l’époque où il se « lâchait » encore et où il accordait des interviews, Joseph Kabila confiait à J.A. qu’il avait, en une décennie à la tête du Congo, « accumulé autant de travail, de stress et d’expérience qu’un homme ordinaire en trente années d’existence ». Avant d’ajouter : « Le pouvoir use, il faut savoir s’arrêter. »

S’arrêter oui, mais quand et pour faire quoi ? Alors que tout semble indiquer l’inéluctabilité d’un « glissement » au-delà de 2016 du calendrier électoral, rendu inévitable par l’impréparation d’un scrutin à un milliard de dollars, donc le risque, sauf dialogue miracle, d’un bras de fer dans la rue, tenter de cerner la psychologie quasi jésuitique de ce fidèle de l’Église du Christ au Congo peut être d’une certaine utilité.

À cet égard, un mot s’impose : celui de précarité. Précarité de la naissance dans le maquis de Fizi-Baraka, de la jeunesse à l’ombre d’un père au comportement éruptif et souvent erratique, qui mourra assassiné, précarité d’une filiation contestée par des rumeurs aussi infondées que tenaces, précarité de la guerre, précarité de l’arrivée au pouvoir comme une balle de ping-pong sur un jet d’eau, sous la houlette des tontons abusifs du « clan des Katangais », précarité de l’exercice du pouvoir face aux complots et aux trahisons des proches.

D’où la méfiance, développée comme une coquille autoprotectrice, le mutisme médiatique, la tendance à l’illisibilité et l’usage en politique des stratégies combinatoires d’un joueur de go, où il est question d’encercler l’ennemi pour mieux l’étouffer, plutôt que de l’écraser.

Joseph Kabila ne tient pas la classe politique congolaise en haute estime, n’accorde de crédit (réversible) qu’à la poignée de fidèles qui ne l’ont pas déçu, se méfie de ses pairs et encore plus de ces Occidentaux hypocrites dont les discours hostiles vont de pair avec la convoitise pour les richesses de son pays.

Difficile d’obtenir d’un homme – qui a puisé une bonne part de ses ressources dans le fait d’avoir été longtemps sous-estimé – qu’il aille jouer les gentlemen farmer en son ranch de Kingakati sans autres garanties que les assurances d’anciens consorts mués en détracteurs, sous la menace d’adversaires qui lui promettent le tribunal et sans que les uns ni les autres aient le moindre désir de faire justice d’un bilan qui, en matière de reconstruction et de performances macroéconomiques, est le meilleur (ou le moins déficitaire) depuis la fin des années 1970.

Qu’on le veuille ou non et même si, à en croire ses opposants, sa côte de popularité – tout au moins à Kinshasa – est équivalente à celle de François Hollande en France, cet admirateur de Sankara et de Che Guevara possède encore quelques atouts déterminants.

L’armée, la police, l’ANR (services de renseignements), l’administration, un parti puissant, l’accès aux ressources financières, le levier du nationalisme au pays de Lumumba, ce n’est pas rien. Autant dire que, sauf à privilégier le rapport de force et à souhaiter le pire pour

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ce peuple qui a déjà tant souffert et continue de saigner sur son flanc oriental, rien ne se fera contre Kabila, si ce n’est avec Kabila.

Il faut donc que quelqu’un le rassure, ce que ni Moïse Katumbi – avec qui les ponts sont désormais rompus -, ni Vital Kamerhe (idem), ni Étienne Tshisekedi, qui n’a jamais reconnu sa légitimité, ne peuvent, ou ne souhaitent faire. C’est pourtant une nécessité raisonnable.

Et c’est pour dénouer ce type de situation que la Grèce antique a inventé le dialogue.

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Dangereuse escalade

Colette Braeckman – le Soir - 20 mai 2016

Même si on ne connaît pas encore l’ensemble du dossier dont dispose le Procureur de la République à l’encontre de M. Katumbi, l’impression qui prévaut est celle d‘une escalade dangereuse, qui risque de transformer l’ancien homme d’affaires, au passé tortueux mais à la popularité indéniable, en martyr de la démocratie. Car les ennuis de M. Katumbi ont commencé le jour où il a osé dénoncer les « pénalties frauduleux » qui risquaient de marquer le troisième match électoral, rejoignant ainsi une opinion largement répandue.

De jour en jour les nouvelles qui nous parviennent du Congo sont de plus en plus alarmantes : des militants de mouvements citoyens comme ceux de Lucha (à Goma) croupissent en prison, à Beni dans le Nord Kivu il semblerait que les massacres accompagnés de décapitations seraient moins le fait des combattants ougandais ADF Nalu que de manipulations politiques locales… Partout, le pouvoir a la main dure, il frappe d’abord, réfléchit ensuite, détruisant la confiance et la foi dans le système. Et tout çà pour quoi ? Pour gagner quelques mois, quelques années, quelques milliards de plus ? Si le

« glissement » devait se transformer en culbute, tous les acquis des dernières années s’en trouveraient dilapidés. Pour rien.

Le chemin de croix de Moïse Katumbi Colette Braeckman – Le Soir - 20 mai 2016

Menacé, frappé, blessé, tentant de récupérer dans un hôpital de Lubumbashi, empêché de quitter le pays, l’ex gouverneur du Katanga Moïse Katumbi vient d’être inculpé « d’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ». C’est ce qu’a précisé jeudi après midi le parquet général de la République à Kinshasa. En RDC, l’inculpation équivaut à la fin de la phase d’instruction et, formellement, M. Katumbi est en attente de son procès.

Porte parole du gouvernement congolais, le ministre de l’Information Lambert Mende a précisé que « M. Katumbi est inculpé. Il ne jouit donc plus de sa liberté, ne peut plus faire n’importe quoi, il est sous le coup d’un mandat d’arrêt. » En outre, « suivant l’appréciation de la justice » il pourrait être mis en résidence surveillée ou tranféré à Kinshasa.

C’est le 4 mai dernier que les autorités congolaises avaient annoncé l’ouverture d’une enquête visant M. Katumbi après l’arrestation de quatre de ses gardes du corps, dont un citoyen américain.

D’après une source congolaise proche du Ministre de l’Information, les charges pesant sur M. Katumbi sont plus lourdes encore : « au lieu d’avoir simplement eu recours à une entreprise de gardiennage, l’ex gouverneur du Katanga aurait engagé du « personnel non conforme » pour constituer sa garde rapprochée. » Cette dernière, assure notre interlocuteur, « serait beaucoup plus importante que les 4 ou 5 individus déjà sous les verrous : le procureur estime qu’il pourrait s’agir de 300 à 400 personnes, parmi lesquels des Congolais, mais aussi quelques Américains et un assez grand nombre de ressortissants sud africains ».

Le mandat d’arrêt actuel est provisoire mais il prive M. Katumbi de sa liberté de mouvement. Or l’ancien gouverneur du Katanga, naguère un proche de M. Kabila, avait commencé à faire campagne comme candidat de l’opposition pour les prochaines élections présidentielles, s’opposant à l’hypothèse d’un « glissement » c’est à dire d’un report de la date du scrutin pour lequel rien n’est encore prêt.

M. Katumbi représentait pour le chef de l’Etat un adversaire de taille. Homme d’affaires

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avisé, à la tête d’une fortune importante constituée à l’occasion du boom minier au Katanga, l’ex gouverneur transformé en candidat à la présidence, ne manquait pas d’atouts : un bilan jugé positif à la tête d‘un Katanga aujourd’hui divisé en quatre provinces (ce qui suscite beaucoup de rancœur), une popularité certaine due à son charisme personnel, fruit d‘un mélange de populisme et de vraie générosité, des moyens lui permettant de mener campagne dans tout le pays et de susciter des soutiens, l’aura due aux succès remportés par son club de football le TP Mazembe.

Durant un certain temps, on aurait pu croire, sinon espérer, que M. Katumbi soit le successeur désigné d’un chef de l’Etat arrivé au bout de son deuxième et en principe dernier mandat, mais, en exigeant que la Constitution soit respectée à la lettre, l’ex- gouverneur bascula automatiquement dans le camp de l’opposition.

Lorsque nous l’avions rencontré à son domicile en janvier dernier, il nous avait laissé l’impression d’un homme en danger, qui venait d’échapper à un accident de la route ressemblant fort à une tentative d’intimidation. Il nous avait expliqué que, contrairement aux dispositions légales, les gardes du corpos dont il aurait pu disposer en tant qu’ancien gouverneur lui avaient été retirés et qu’il avait du, à la suite de son accident, recourir à des « privés ». Des inconnus musclés, de haute stature veillaient effectivement devant sa résidence et l’accompagnaient lors de ses déplacements. Sans doute s’agissait il là des « mercenaires » découverts par le Parquet. Mais si M. Katumbi avait eu comme le croit le Parquet, plusieurs centaines d’hommes à sa disposition, il n’aurait pas eu besoin, voici quelques jours, de se placer sous la protection de la Belgique…

L’inculpation de M. Katumbi risque de susciter de vives réactions au Katanga et même ailleurs dans le pays.

Elle traduit un net durcissement du pouvoir sinon une fuite en avant : récusant les critiques émises, aux Etats Unis principalement, contre la prolongation du mandat présidentiel, M.

Mova, le chef du parti présidentiel a accusé les « impérialistes occidentaux » de chercher à vouloir déstabiliser le Congo, lançant qu’il n’appartenait ni aux Belges ni aux Français ni à d’autres « d’interpréter les lois congolaises dans le but de détruire le pays »

Le problème, c’est que ce sont les Congolais eux-mêmes qui, en grand nombre, risquent d’interpréter les ennuis de plus en plus graves de M. Katumbi comme un déni de justice visant à mettre à l’écart le seul rival sérieux de M. Kabila…

Nouvelle vague de protestation jeudi 26 mai Christophe RIGAUD – Afrikarabia - 20 mai 2016

L’opposition congolaise sera dans la rue pour dénoncer l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui vient d’autoriser le président Kabila à rester au pouvoir en cas de report des élections.

Une mobilisation sous haute tension alors que la répression s’accroît sur les opposants au camp présidentiel.

L’opposition congolaise ne désarme pas. Alors que les élections générales prévues en fin d’année ont toutes les chances d’être reportées, les principaux partis d’opposition, réunis dans trois grandes plateformes (Dynamique, G7, Front Citoyen) restent mobilisés et demandent aux Congolais de descendre dans la rue. Principales revendications : la tenue des élections dans les délais et le départ du président Kabila fin 2016 comme l’exige la Constitution. Mais depuis plusieurs mois le scénario du « glissement » du calendrier électoral se met petit à petit en place pour permettre au Chef de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat. Dernier épisode en date, qui vient valider cette stratégie : l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui autorise Joseph Kabila à rester à son poste au-delà du terme de son mandat si les élections ne pouvaient se tenir dans les temps.

Un appel à l’article 64

En appelant la population à descendre dans la rue, l’opposition demande aux Congolais

« de n’accorder aucun crédit à l’arrêt de la Cour constitutionnel qui ne fait qu’enfoncer davantage le pays dans l’impasse électorale créée à dessein par le président Kabila » dénonce un communiqué signé des trois plateformes. Avant d’annoncer « le déclenchement d’actions d’envergure et de salut pour la Nation conformément aux prescrits de l’article 64 de la Constitution ». Un article qui stipule que « tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force

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ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ». Une consigne très explicite pour l’opposition congolaise.

Des opposants de plus en plus réprimés

Ce jeudi de protestation se déroulera dans un climat de haute tension en RDC. Les dernières grandes mobilisations de janvier 2015 à Kinshasa et Goma et d’avril 2016 à Lubumbashi ont été violemment réprimées par les forces de sécurité. La répression et les arrestations arbitraires sur les opposants se sont fortement intensifiées ces derniers mois.

Notamment autour de Moïse Katumbi, qui vient d’être accusé d’avoir recruté des mercenaires et dont 27 de ses proches ont été interpellés ; mais aussi pour l’opposant Martin Fayulu, arrêté brièvement en février et dont son hôtel a été fermé cette semaine par les autorités.

L’attitude de la police scrutée par la communauté internationale

Majorité et opposition auront donc les yeux rivés sur la rue congolaise jeudi 26 mai pour estimer la capacité de mobilisation des opposants au président Kabila. Les regards convergeront également vers Lubumbashi où la tension est extrême depuis l’inculpation de Moïse Katumbi dans l’affaire des mercenaires. La capitale du cuivre devient la principale caisse de résonance de l’ancien gouverneur de la province et futur candidat aux prochaines élections. La communauté internationale sera aussi très attentive au bon déroulement des manifestations et à l’attitude de la police congolaise et des services de renseignements.

Londres, Paris, Bruxelles et l’ONU menacent en effet les dirigeants congolais de sanctions en cas d’exactions des forces de l’ordre. Dans la ligne de mire des principaux bailleurs du Congo : Augustin Kanyama, le patron de la police, André Kimbuta, le gouverneur de Kinshasa et les principaux responsables des services de sécurité congolais et leurs ministres. Il sera donc intéressant de scruter la manière dont le pouvoir gérera cette journée de mobilisation alors que le président Joseph Kabila tente toujours de convaincre l’opposition de venir s’asseoir à sa table dans le cadre d’un dialogue politique.

Tram 25: un talent nouveau est sur les rails Colette Braeckman – le Soir - 22 mai 2016

Un talent nouveau est apparu à Bruxelles. Belle, assurée, inclassable, Gioia Kayaga est apparue sur la scène de l’Espace Maegh. Vingt cinq ans, tailleur pantalon tout simple, visage lisse, un trio de musiciens pour l’accompagner.

Mais quelle voix ! Quelle diction ! Quel talent de conteuse ! Durant une heure, Gioia Kayaga a tenu le public en haleine avec des textes déclinés sur le mode du slam. Des textes qui racontent la capitale parcourue à bord du tram 25, passant d’un quartier à l’autre, traversant les émotions, les populations si différentes, depuis les bourgeois des beaux quartiers jusqu’aux derniers arrivés qui doivent encore tout apprendre. La conteuse s’est inspirée de sa propre vie, encore bien courte pourtant, une enfance à la campagne, dans le paisible Namurois, des études où elle se sentait « à l’aise » (un mot qu’elle suce comme un bonbon parfumé…), des révoltes d’adolescente, puis l’arrivée dans la grande ville où, entre le béton et le goudron, les banquettes du tram et les embouteillages moutonniers, elle donne des cours d’alphabétisation ou plutôt délivre aux derniers venus le mode d’emploi de ce monde nouveau.

Ses textes, scandés, déclamés, mais toujours très audibles, sont le fruit de cette vie de rencontres et d’enthousiasmes. On y découvre aussi le chagrin de la jeunesse face à un monde aussi égoïste, aussi injuste, la révolte, les rêves encore intacts. La jeune artiste utilise tous les moyens à sa portée : la musique qui la nimbe d’un halo sonore, des photos projetées sur un grand panneau lumineux, la danse, le chant. Seule en scène avec ses musiciens, Gioia Kayaga propose un spectacle complet qui laisse, lorsqu’il se termine, une nuée d’étoiles dans le cœur…Et le désir de l’écouter à nouveau…

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En Afrique du Sud, Katumbi est-il hors jeu ? Christophe RIGAUD – Afrikarabia - 22 mai 2016

Accusé « d’atteinte à la sûreté de l’Etat » et menacé d’arrestation, l’opposant Moïse Katumbi a décidé de quitter la RDC pour se faire soigner en Afrique du Sud après des violences policières. Un départ risqué pour le candidat à la prochaine présidentielle, qui pourrait se transformer en exil politique de longue durée.

Si le président congolais Joseph Kabila comptait se débarrasser de Moïse Katumbi, c’est désormais chose faite. Du moins provisoirement. L’ancien gouverneur du Katanga s’est envolé vendredi 20 mai pour l’Afrique du Sud, où le candidat à la prochaine présidentielle congolaise se fera soigner à Johannesburg après avoir été victime de violences policières.

15 jours après s’être déclaré candidat pour la course à la magistrature suprême, le très populaire président du TP Mazembe, le premier club de football congolais, se retrouve dans une situation des plus délicates . En moins de deux semaines, les foudres de la justice congolaises se sont abattues sur ce rival sérieux au président Kabila. Katumbi s’est retrouvé accusé d’avoir recruté des mercenaires étrangers et placé sous le coup d’un mandat d’arrêt… avec seul nul doute un procès à la clé. L’ancien allié de Joseph Kabila, qui a rompu les amarres avec la majorité présidentielle en septembre 2015, risque gros dans cette affaire de mercenaires. Accusé « d’atteinte à la sûreté de l’Etat », l’ex-gouverneur pourrait être condamné à la peine capitale (qui n’est pas appliquée en RDC). Même si la justice pourrait ne pas aller jusqu’à cette peine maximale, une simple condamnation rendrait le candidat Katumbi inéligible pour de longues années.

Katumbi autorisé à se faire soigner à l’étranger

Mercredi 18 mai, Moïse Katumbi et ses nombreux supporters qui l’accompagnaient au Palais de justice de Lubumbashi, sont violemment dispersés par la police. Les proches de l’opposant dénoncent « des coups et des gaz lacrymogènes ». Le candidat lui-même est blessé et hospitalisé dans la capitale de l’ex-Katanga. Entre temps, l’étau de la justice se resserre : un mandat d’arrêt est émis par le Procureur, signifiant une arrestation imminente de Katumbi en vue d’un prochain procès. Les avocats de l’homme d’affaire demandent alors à la justice l’autorisation que leur client puisse se faire soigner à l’étranger. Une autorisation sitôt acceptée. Cette décision des plus étonnantes, lorsque l’on connait le degré répression et d’intimidation qui pèse sur les opposants au camp présidentiel, étonne les observateurs de la politique congolaise : « On accuse Katumbi d’atteinte à la sûreté de l’Etat et on le laisse partir en Afrique du Sud ? Plutôt étrange ». Pour certains, le départ de l’opposant pour l’Afrique du Sud a été négocié « parce que cela arrange tout le monde » : la majorité présidentielle se débarrasse d’un candidat encombrant et Katumbi évite la prison.

Hors course ?

Mais depuis son départ pour l’Afrique du Sud, le candidat Katumbi se retrouve dans une situation des plus inconfortables pour réaliser son dessein politique. Loin du Congo et de son fief de Lubumbashi, le candidat à la présidentielle est transformé en simple spectateur de la crise politique qui se joue à Kinshasa. Hors du pays, Katumbi se retrouve de facto hors course pour la suite du feuilleton politique. Le patron du TP Mazembe devra donc décidé rapidement de son sort : rester en Afrique du Sud le temps des soins et rentrer au Congo avec le risque de se faire arrêter à sa descente d’avion, ou rester en Afrique du Sud et perdre le contact avec ses soutiens en RDC. Pour ne pas perdre le crédit et la popularité qu’il vient d’acquérir ces dernières semaines dans la peau de « l’opposant n°1 au président Kabila », Katumbi ne doit pas s’éterniser en Afrique du Sud. Cette « pause » sud-africaine doit lui permettre de prendre le temps de peaufiner sa défense et d’établir sa stratégie de retour. Sans cela, l’épisode sud-africain pourrait se transformer en exil politique de longue durée, qui handicaperait fortement le candidat Katumbi pour la prochaine présidentielle.

Un élément pourrait peut-être changer la donne sur « l’affaire Katumbi » : la mobilisation populaire. Une journée de protestation est prévue jeudi 26 mai dans tout le pays pour protester contre l’arrêt de la Cour constitutionnel qui autorise le président Kabila à se maintenir au pouvoir au-delà des limites de son mandat. La mobilisation de Lubumbashi,

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base arrière de Katumbi, constituera un excellent test pour estimer le poids de ses soutiens.

L’incapacité de la MONUSCO sur terrain critiquée par un chercheur, spécialiste de la région des Grands Lacs africains

RFI - 25/05/2016

Dans une interview accordée à RFI, André Lagrange, chercheur sur les conflits dans les Grands Lacs, donne son point de vue sur l’incapacité de la Monusco malgré le déploiement de 20.000 casques bleus au Congo.

La MONUSCO est en place depuis 17 ans. Elle compte 20.000 hommes déployés et 1,2 milliards de dollars de budget par an. C’est une mission dont le mandat est de stabiliser le pays et d’asseoir la démocratie. Mais qui, dans les faits, n’arrive pas à faire cesser les tueries dans l’Est de la RDC notamment dans le territoire de Beni et qui peine également à peser sur le jeu politique congolais. Marc André Lagrange, chercheur sur les conflits dans les Grands Lacs africains et chercher associé à l’IFRI, institut français des relations internationales donne sont point de vue à ce sujet.

RFI : Est-ce qu’aujourd’hui cette mission des Nations unies, la plus importante et la plus chère de l’histoire de l’ONU est encore justifiée ?

Marc André Lagrange : La MONUSCO, depuis 17 ans, affiche un résultat très peu positif.

Effectivement, on peut vraiment se poser la question de savoir à quoi sert la MONUSCO d’autant plus qu’elle a failli à son mandat ; la protection de la population civile. Les dernières tueries qui ont eu lieu du côté de Beni là où la MONUSCO est militairement déployée sont vraiment les symboles de l’impuissance de la MONUSCO.

Quelles sont les raisons de cette impuissance ?

La MONUSCO souffre de deux maux principaux qui sont d’abord un terme de crédibilité populaire largement alimentée par sa faiblesse sur le plan militaire. Cela a commencé dès 2006 avec l’incapacité de la MONUSCO à réagir aux troubles qu’il y avait à l’époque autour de Goma et ça s’est cristallisée depuis 2012 avec la chute de Goma où maintenant les populations n’ont plus du tout confiance dans les capacités de la MONUSCO à les protéger.

La chute de Goma en 2012 aux mains du M23 alors que les Nations unies gardaient la ville et la présentait comme sécurisée.

Oui, tout-à-fait, dans son sursaut d’orgueil, la MONUSCO a essayé de redorer son image et mener des opérations militaires robustes qui ont permis de neutraliser le M23. Mais, depuis, on voit bien que la MONUSCO n’a pas réussi à neutraliser les autres groupes armés qui sont actuellement dans le Nord-Kivu. Et les dernières tueries, à quelques centaines de mètres, de sa base pousse à se poser la question de savoir pourquoi cette léthargie militaire.

C’est un problème de mandat, c’est un problème de formation ou de volonté ? Il y a deux conditions nécessaires pour que les missions de maintien de la paix puissent être efficaces. D’abord, une convergence d’intérêts de l’ensemble des acteurs pour obtenir un résultat et ensuite, il faut qu’il y ait une vraie volonté de la part de l’ensemble des acteurs et des pays contributeurs de troupes de mettre en application le chapitre 7 des Nations unies qui autorise les Nations unies à recourir à la force pour neutraliser réellement les menaces. Pour le M23, disons que pour cette menace là, il y avait la nécessité de la neutraliser à cet instant là. Donc, là on a le résultat. Mais, maintenant, il y a des divergences sur les menaces à neutraliser en priorité. On a une léthargie militaire et des casques bleus qui sont très en retrait du fait des obstacles majeurs que sont la volonté de ne pas exposer les soldats de pays contributeurs de troupes et une interprétation en minima du chapitre 7. Cela paralyse la machine MONUSCO.

Suite à la chute de Goma, des réformes ont été engagées et le centre de commandement de la mission a été déplacé de Kinshasa à Goma. Pour quelle conséquence ?


Le passage de Kinshasa à Goma pourrait paraître judicieux au moment où il a été fait d’un point de vue purement militaire parce qu’on était dans une dynamique positive et engagée

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de la part de la MONUSCO qu’il semblait relativement logique que l’Etat-major de la MONUSCO soit déployé au plus près du terrain d’activités. Par contre, ce moment aussi entrainait un écart entre la MONUSCO et ses interlocuteurs politiques qui sont à Kinshasa

; tous les groupes armés ont des représentants à Kinshasa qui reste le centre de la vie politique congolaise. Ce qui a tari complètement, en fait, le dialogue politique entre la MONUSCO et le gouvernement congolais ; un dialogue politique qui, lui-même, est fortement affecté par l’inefficacité militaire de la MONUSCO.

Les incertitudes pèsent sur l’organisation de la présidentielle avant 2016 conformément à la constitution. Quel rôle peuvent jouer les Nations unies sur le plan politique ?

Le gouvernement congolais a toujours une impression d’être soutenu par les Nations unies jusqu’au processus électoral de 2006. Puis, il y eu un début de mésententes entre les Nations unies et le gouvernement congolais. Ce qui a poussé les Nations unies à soutenir fortement l’élection présidentielle de 2011. A partir de ce moment-là, les Nations unies se trouvaient dans une position difficile pour pouvoir adresser des messages forts en termes de démocratie. Mais, n’ayant pas un poids militaire conséquent, les Nations unies se sont trouvées acculées dans une impasse politique qui n’a fait que se développer avec, justement, ce fossé entre le centre décisionnel politique de la MONUSCO et la pierre politique du gouvernement congolais. Ce manque de crédit tant politique que militaire fait qu’elle ne joue finalement qu’un rôle, pour l’instant, largement marginal. C’est l’impasse dans laquelle se trouve actuellement la MONUSCO.

La police disperse quelques milliers de manifestants anti-Kabila à Kinshasa Habibou Bangré Le Monde.fr avec AFP 26.05.2016

La marche était autorisée. Malgré tout, jeudi 26 mai, la crainte et la tension étaient palpables : routes moins fréquentées, boutiques fermées, enfants laissés à la maison, employés hésitant à mettre le nez dehors… Dans divers lieux du nord de Kinshasa, des hommes en bleu guettaient. Leur mission : « Encadrer les manifestants pour qu’ils ne débordent pas », explique le colonel Pierrot Mwanamputu, chef de l’information de la police.

Retour sur le 11 mai. Alors que la tenue en novembre de la présidentielle est compromise, la Cour constitutionnelle décide que Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et qui ne peut théoriquement plus se représenter, restera en poste jusqu’à l’élection et l’installation d’un nouveau président. Le Front citoyen, un collectif de partis d’opposition et d’associations, dénonce un « coup d’Etat constitutionnel » et appelle, le 26 mai, à une manifestation nationale.

« Que Dieu fasse que Kabila puisse mourir ! »

Dans la capitale, sur l’avenue Enseignement, où se trouve le siège de plusieurs partis de l’opposition, des militants se sont timidement réunis. Drapeaux en main, tee-shirt de leur parti sur le dos, pancarte en papier à la main, ils chantent : « Kabila, sache que ton mandat est fini ! », « Le peuple est derrière cette mobilisation, le peuple est d’accord pour le départ de Kabila ! », « Les Congolais n’aiment pas le combat, libère le pouvoir dans le calme ! » Beaucoup rendent aussi hommage aux quelque six cents personnes massacrées depuis octobre 2014 dans le territoire de Beni, dans la province troublée du Nord-Kivu (est). « Kabila, tu as eu à “pacifier le pays”, tu as eu à reconstruire le pays, oui ! Merci, merci ! », s’époumone Peguy parmi les coups de sifflet et les chants. Puis il enchaîne : « Le moment est venu de laisser le pouvoir aux autres ! C’est la volonté du peuple souverain que nous sommes. »

Vers 11 h 30, les militants sont quelques milliers, et se mettent en branle. Devant le Parlement, certains s’arrêtent face aux policiers, s’asseyent et prient : « Que Dieu fasse que Kabila puisse mourir ! » Un jeune passe et justifie cette incantation par la « souffrance

» et la « misère » du peuple, malgré les immenses ressources naturelles, dont des minerais, du pays. Les policiers, sans mot dire, regardent à peine les manifestants.

Puis, nombre de marcheurs se heurtent à un cordon policier. La tension s’accroît. Après quelques minutes, des policiers chargent la foule avec leurs boucliers. Les manifestants lancent des pierres, et reçoivent en réponse du gaz lacrymogène. « Ce n’est pas l’itinéraire

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prévu lors des séances. Ça, c’est de la provocation ! », dénonce le colonel Mwanamputu.

Les marcheurs se dispersent, puis se réunissent. Encore : pierres contre lacrymogène.

Le Monde Afrique a constaté l’interpellation de trois jeunes. Assis dans un pick-up, l’un d’eux sourit. Difficile de dire si c’est de nervosité… Dans un autre véhicule, un jeune supplie un policier : « Je suis étudiant », se défend-il. L’agent lui répond par trois coups violents sur la tête. Alors que les véhicules emmènent les suspects, le calme revient, la circulation reprend. Mais des tirs de gaz et de balles réelles sont signalés sur une artère prévue au programme.

Le colonel Mwanamputu dément toute utilisation d’armes létales, interdites lors du maintien de l’ordre depuis décembre 2015. Mais Eve Bazaïba, secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC), deuxième parti d’opposition, affirme que des policiers l’ont visée. « J’ai attrapé une balle tirée à bout portant, elle a traversé le mollet de la jambe gauche. (…) J’ai juste senti la chaleur, et j’ai commencé à beaucoup saigner ».

Retour à la case départ. Des militants dispersés se sont retrouvés sur Enseignement. Des policiers à pied et en jeep sont lapidés. Nouveaux tirs de gaz. Sur le boulevard Triomphal, parallèle à Enseignement et qui borde une partie du Parlement et du stade des Martyrs, des jeunes ont incendié des bouteilles en plastique. Près de la permanence de partis, deux pneus brûlent et des jeunes tentent d’arracher une caméra de surveillance.

Joseph Olenghankoy, chef des Forces novatrices pour l’union et la solidarité (Fonus), membre du Front citoyen, appelle au mégaphone les militants au calme. Il leur demande de ne pas fuir les policiers, de ne pas leur lancer de pierres et de ne pas dégrader les biens publics. Succès limité : certains veulent toujours la peau de la caméra, qui désormais tient à peine dans le sol. Finalement, après quelques tirs de pierres et de gaz, le rassemblement s’est terminé.

Si la marche a été autorisée à Kinshasa, elle a été interdite dans d’autres grandes villes, qui ont tout de même connu une activité ralentie. En fin de journée, le Bureau conjoint de l’ONU pour les droits humains (BCNUDH) — qui a surveillé la situation, de même que la police de la Mission de l’ONU (Monusco) — a dressé un bilan sur Twitter : « Au moins neuf manifestations interdites, cinquante-neuf personnes arrêtées, un civil et un policier tués, quatre personnes blessées. »

A Goma, capitale du Nord-Kivu, le colonel Mwanamputu annonce un « pillard » tué, cinq policiers et deux civils blessés, et une vingtaine de mineurs interpellés pour avoir « caillassé et brûlé des pneus » ; pour Kinshasa, « trente-cinq policiers grièvement blessés », des véhicules endommagés et cinq interpellations de personnes, « aussitôt relâchées ». A Kalemie et Moba (Sud-Est), trois manifestants ont été appréhendés, puis remis en liberté.

Marches de l'opposition en RDC: au moins 1 mort et des arrestations Deutsche Welle - 26-05-16

Une soixantaine de personnes arrêtées et au moins un mort: bilan provisoire des manifestations qui ont agité la République démocratique du Congo ce jeudi. L'opposition parle de succès, le pouvoir parle d'un échec.

La journée du jeudi 26 mai a été tendue en RDC. L'opposition congolaise et de nombreuses associations avaient appelé à manifester contre l'arrêt rendu le 11 mai par la plus haute juridiction du pays. Cette dernière a autorisé le président Joseph Kabila à se maintenir au- delà de la fin de son mandat si les élections de novembre ne peuvent pas avoir lieu.

Des milliers de personnes se sont rassemblées à plusieurs endroits du pays Echauffourées à Kinshasa

À Kinshasa la capitale, la police a dû disperser à coups de gaz lacrymogènes, la marche des opposants au niveau de la Maison Schenghen, sur le boulevard de la libération, après que des manifestants, qui lui faisaient face, ont essayé de franchir un barrage.

«Ce n'est pas l'itinéraire convenu, c'est de la provocation!», a dit le porte-parole de la police, ville de Kinshasa. Selon le commissaire supérieur principal Mwana-Mputu, «35 policiers ont été blessés et de nombreux engins ont été endommagés». Selon la police, l'itinéraire qui avait été convenu entre les autorités de la ville et les organisateurs de la marche, devait éviter la commune de la Gombe (Centre d'affaires). Le cortège, aux

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