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17-12-16/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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17-12-16/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) L'espoir de parvenir à un accord politique en vue d'une sortie de crise en République démocratique du Congo avant la fin du mandat du président Joseph Kabila le 20 décembre en a pris un coup vendredi à Kinshasa. Faute d’avancée sur les points de contentieux les plus difficiles comme l’avenir du président Kabila et la date des prochaines élections, la Cenco a annoncé vendredi soir une reprise des débats de samedi 17 décembre 2016, à 9 h du matin. Le temps en République démocratique du Congo reste donc suspendu aux négociations politiques en cours à Kinshasa, sous l’égide de l’Eglise catholique. Tous les journaux en parlent. Cependant, des signes de tension à l’appoche du 19 décembre persistent également, notamment du fait de l’annonce de mesures de « black-out » concernant les réseaux sociaux.

Black out

Radio Okapi annonce que « les autorités décident une restriction des réseaux sociaux ».

Les autorités congolaises ont ordonné un « blocage momentané de tous les échanges d’images, des vidéos et de la voix via réseaux ». Parmi les réseaux sociaux visés par cette décision, il y a notamment Facebook, WhatsApp, Twitter et Instagram. D’après une lettre de l'Autorité de régulation des postes et des télécommunications (ARPTC) envoyée aux fournisseurs d'accès à internet, « cette instruction devra entrer en application à dater du 18 décembre 2016 à partir de 23h59’ ». La même lettre précise que «dans la mesure où le blocage partiel des services suscités ne sera pas possible », il sera demandé aux fournisseurs « de bloquer tout accès intégral » à ces réseaux sociaux ».

Outre ces mesures annoncées pour l’ensemble du pays, des mesures complémentaires du même ordre pourront être prises par les autorités provinciales ou locales pour rendre le blocage encore plus drastique. Il semblerait que ce soit le cas à Kananga et Mbuji-Mayi et ce pourrait l’âtre aussi à L’shi.

L'Union nationale de la presse du Congo (UNPC) indique être inquiète après la décision de l’ARPTC. Son président, Kasonga Tshilunde, estime que cette mesure restreint encore davantage la liberté d’expression. «Nous avons accueilli cette décision avec beaucoup d’inquiétudes parce que nous sentons que c’est une restriction de la liberté d’expression et de la presse », déplore-t-il. Il regrette que cette mesure empêche de nombreux journalistes de travailler sur internet.

Il est bien clair que ces mesures ne cherchent pas en premier lieu à couillonner les journalistes, mais essentiellement à priver les éventuels protestataires post-19 décembre des ressources de réseaux sociaux.

Rappelons en passant que, dans le même ordre d’idées, le ministre des Sports a suspendu le championnat national de football de la RDC du 15 décembre 2016 au 14 janvier 2017.

Le ministre Denis Kambayi a justifié cette mesure, entre autres, par l’excès de violences dans les stades, l’absence de civisme sportif et de bonne conduite des supporters et le non-respect de la clé de répartition des recettes. Il n’est pas interdit de penser que les raisons réelles sont le répertoire de chansons anti-joséphistes des supporters et le désir de ne pas autoriser le rassemblement dans les stades de milliers de personnes qui pourraient avoir envie de passer ensuite du chant à des exercices plus violents. En 1959, c’est ainsi que tout avait commencé…

Nous invitons donc nos visiteurs et abonnés à ne pas s’étonner si, dans les jours à venir, le service de notre revue de presse venait lui aussi à être perturbé. Il va de soi que si la parution de la presse congolaise en ligne vient à être perturbée, cela aura sur CongoForum une répercussion non-négligeable. Nous ferons bien sûr tout ce que nous pouvons, mais les miracles sont encore, momentanément, hors de notre portée.

Négociations au centre interdiocésain

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Le Bulletin de l’ACP titre « Des églises appellent le Président Kabila à persévérer sur la voie du dialogue ».

Selon cette source officielle, les délégués des Eglises membres du COE (Conseil œcuménique des Eglises) et de la Conférence des églises de toute l’Afrique (CETA) qui ont participé, du 05 au 08 décembre 2016 à Addis-Abeba, à une réunion sur le rôle de l’église et les questions liées à la paix, à la sécurité, à la gouvernance démocratique et aux processus électoraux en Afrique, ont appelé jeudi à Kinshasa le Chef de l’Etat congolais Joseph Kabila Kabange à persévérer sur la voie du dialogue et à prendre de la hauteur pour ôter les obstacles à la réalisation du noble objectif de la cohésion nationale qu’il poursuit. Dans une déclaration, les membres des deux organisations religieuses exhortent le gouvernement congolais à faire des élections sa priorité, en donnant à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) les moyens de son action et en assurant la sécurisation de tout le processus électoral surtout dans les zones en conflit, renchérit l’ACP.

Le Potentiel titre en manchette « Mesures de décrispation politique : Joseph Kabila se montre ouvert ».

Alors que le blocage se profilait à l’horizon au Centre interdiocésain, écrit ce journal, la Cenco s’est hâtée d’aller à la rencontre des principaux protagonistes. C’est ainsi que les évêques ont vu jeudi le Président du comité des sages du Rassemblement, Etienne Tshisekedi et, vendredi, le Président Joseph Kabila. Selon les prélats, le Chef de l’Etat s’est montré ouvert concernant les mesures de décrispation politique.

La Prospérité en dit tout autant, mais de manière tout aussi vague, sous le titre « Grâce aux échanges Kabila-Tshisekedi via la CENCO. RDC : Enfin, une lueur d’espoir avant le délai buttoir ! ».

D’après ce journal, l’adoption du Rapport de la Commission chargée des mesures de décrispation rapide de la situation politique hier, au Centre Interdiocésain, à la Gombe, aura permis aux Evêques, après des échanges intermittents, jeudi soir, avec Etienne Tshisekedi, le leader du Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au changement, et, vendredi, dans la journée, avec le Président Joseph Kabila, de décanter les principaux points d’achoppement. Ce matin, indique ce journal, il est question d’entendre les conclusions de deux autres commissions chargées respectivement, du processus électoral ainsi que de la Gouvernance et des Institutions de Transition. A ce stade, même si la matrice de nouvel Accord supplétif à l’issue de ces pourparlers de dernière chance, n’a pas encore été finalisée, maints analystes n’hésitent pas de considérer qu’une lueur d’espoir se profile à l’horizon.

(Les Accords de Tshatshi sont extrêmement favorables au camp « joséphiste » et il faut donc, pense le camp du pouvoir en place, les maintenir coûte que coûte. En effet, maintenir JKK à la présidence, c’est lui laisser le bénéfice du « vote de précaution » lors des élections et le commandement des forces de répression pour en imposer les « résultats ». Pour souder les « dialoguistes », il y a la « Loi de l’Entrecôte ». Tous ceux qui espèrent un poste dans un éventuel gouvernement Badibanga voient dans les « nouveaux » interlocuteurs UDPS, MLC, etc… autant d’affamés aux dents si longues qu’elles rayent le parquet… Il est clair qu’une des dimensions de tout ce cirque, y compris le « second dialogue », est que JKK entend ne pas atteindre la date fatidique du 19 à minuit après un échec des négociations, donc en situation de blocage. Il faut que ceux qui entreprendraient quelque chose à cette date puissent être présentés comme « tentant un coup d’Etat alors que des négociations sont toujours en cours ».

Il aurait fallu qu’un vrai dialogue commence, mais le préalable à un vrai dialogue vraiment inclusif aurait été de considérer comme nul et non avenu tout ce qui a été fait par le « Cirque à Complicator Kodjo ». Or, le camp du pouvoir voulait faire de l’acceptation de ces

« conclusions » le préalable à toute discussion Le mini-sommet de Luanda a encore aggravé les choses, car il s’est terminé par un appel au Rassemblement et à la Dynamique afin qu’ils adhérent aux conclusions du Dialogue. Autrement dit ; l’idée d’un 2° dialogue, ou plus exactement d’avoir enfin un dialogue qui mérite ce nom, semble toujours enterrée.

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La partition jouée par le pouvoir est toujours la même depuis les « Concertations » de 2012 : on propose des discussions, on en réduit la représentativité et la portée en en faisant des Congrès de la MP, avec quelques figurants alléchés par l’annonce, également répétée à chaque fois, d’un « nouveau gouvernement ». Il est difficile de trouver mieux que le spectacle de la bousculade et du grenouillage en cours pour accéder à une Primature ou à un ministère, pour montrer que la loi fondamentale en RDC n’est pas la Constitution, mais la Loi de l’Entrecôte. On se souciait alors peu de perdre du temps, puisque cela permettrait d’attendre le 8 novembre, date à laquelle l’identité de la future administration américaine serait connue, et de disposer d’un « accord politique » signé, ce qui permettra de « clôturer le Dialogue », sans avoir touché, ni au manque de crédibilité d’élections sans recensement préalable de la population, ni au manque de légitimité du pouvoir issu de celles de 2011. On pourra alors se lancer dans le coup de force pour refuser l’ouverture d’un « second dialogue ». C’est à dire qu’on fera une fois de plus le coup de « Les chiens aboient, la caravane passe », étant entendu que la « caravane » sera une colonne de blindés !

Le « Dialogue » en soi n’était pas une mauvaise idée. Mais il aurait fallu tenir compte de quelques faits. Et, disons-le tout net : les « plans de sortie de crise » proposés jusqu’ici n’en tiennent souvent pas compte du tout

1° - Le « dialogue inclusif » n’a jamais commencé. Le mot « dialogue » suppose une sécurité physique et une liberté de parole dont on ne peut disposer dans le « bunker » de l’OUA à proximité des troupes de JKK. Le mot « inclusif » signifie que tout le monde doit y être. Or, la Majorité présidentielle, une frange (minoritaire) de l’opposition et de la société civile, cela n’est pas « inclusif ». C’est un congrès de la MP avec des invités. L’idée de ce « dialogue inclusif » n’était peut-être pas mauvaise, mais alors il fallait, avant de commencer la moindre discussion, y obtenir la présence de l’UDPS, du MLC et tutti quanti et ne pas perdre en route la Cenco, l’OR etc… Dans l’état actuel des choses, comme disait récemment Le Phare, on n’a encore eu qu’un « dialogue entre la Majorité présidentielle et une frange non représentative de l’opposition et de la société civile », c’est-à-dire rien.

2° - Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas violée, mais chiffonnée, jetée à terre et foulée aux pieds pour le maintenir au pouvoir en 2011 après des élections NULLES . Elles avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire « autorité de droit ». La réalité, c’est que l’usurpateur doit s’en aller. Si l’on a l’occasion de le faire partir « en douceur » en lui accordant un délai jusqu’en décembre pour faire ses malles, tant mieux. Sinon, qu’il subisse la violence qu’il a déjà infligée à tant d’autres !

3° - Il faut donc remettre à l’endroit les notions de légalité et d’illégalité qui, pour le moment sont cul par-dessus tête. La Constitution doit être remise en vigueur après une parenthèse pendant laquelle elle a été suspendue par un coup d’état. Il faut que les élections de novembre-décembre 2011 reçoivent la suite qu’elles méritaient : l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections.

4 – La remise en état de la maison « Congo » après le désordre causé par un cambriolage demandera certainement du temps, ce qui rend inévitable une période de transition. Cela posera sans doute moins de problème si l’on a la certitude du départ de Kabila. Il serait très souhaitable que l’on s’inspirât de l’expérience acquise ailleurs en Afrique dans ce

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domaine et que, comme au Burkina ou en RCA, on décrète que les animateurs de la Transition ne pourront pas être candidats aux prochaines élections qui auront lieu après recensement.

Il est essentiel de garder en mémoire que la RDC vit toujours sous un régime illégitime, depuis les élections de 2011. Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire

« officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire « autorité de droit ». NdlR)

Divers

« Autonomisation des femmes : la Rdc classée 6ème de dix meilleures performances africaines », note Le Potentiel. Puisqu’il y a des avancées enregistrées dans l’autonomisation des femmes dans le domaine économique, les Nations Unies encouragent la Rdc sur cette voie. Elles l’appellent à redoubler d’efforts en vue de gagner le pari de l’égalité des genres d’ici à 2030.(Mais l’ONU ne dit pas avec quel Président…)

Presse et documents internationaux

Présidence de Donald Trump : les enjeux pour l’Afrique Alexe Fridolin Kenfack Kitio - Libre Afrique - 9 décembre 2016

Dans son article, Alexe Fridolin Kenfack Kitio, analyse objectivement le contexte mondial et, à partir de là, souligne que l’insécurité liée au terrorisme ne permet pas un désintérêt de la part des Américains. De plus, Trump, chef d’entreprise, ne peut pas négliger les intérêts économiques américains sur un continent en plein essor comme l’Afrique. Certes les relations risquent changer par rapport à Obama qui avait pour combat l’avancée de la démocratie en Afrique, mais il ne faut pas être trop alarmiste. Il y a toujours des différences entre les déclarations et l’action.

Le 9 novembre 2016, dans une atmosphère de surprise générale, les Américains élisaient Donald Trump comme 45e président. Cette élection a généré de nombreuses craintes dans le monde, notamment en Afrique. Craintes d’autant plus justifiées que l’Afrique était absente de la quasi-totalité du débat électoral américain, n’étant souvent évoquée qu’au travers des clichés caricaturaux et grossiers dont le nouveau président élu avait seul le secret. Ce qui amène à s’interroger sur les relations à venir entre les Etats-Unis et l’Afrique.

L’Afrique doit-elle avoir des appréhensions suite à l’élection de Trump ?

Tout d’abord sur les plans politique et démocratique, il existe une réelle crainte que la posture isolationniste et de non-ingérence du prochain Commander in Chief soit perçue comme un blanc-seing par les régimes autoritaires africains. Ceci doit être pris au sérieux surtout lorsqu’on connait les pressions que l’administration d’Obama exerçait sur un certain nombre de dirigeants et leurs proches en vue de s’assurer de l’ouverture du jeu politique

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et du respect des valeurs démocratiques. Cette élection n’aura pourtant laissé indifférent aucun des dirigeants du continent qui se sont d’ailleurs empressés de lui adresser des félicitations soit par courtoisie traditionnelle, soit par opportunisme. Mais ces dirigeants africains ne doivent pas trop vite crier victoire lorsqu’on sait que dans l’entourage de Trump se trouve des élus Républicains tels Ed Royce et Chris Smith qui, sous Obama, apparaissaient comme les plus farouches partisans des sanctions à ces régimes et leurs alliés.

En matière sécuritaire, au-delà de l’éradication de la criminalité transfrontalière, la priorité africaine reste la lutte contre la nébuleuse issue de la triangulation terroriste bâtie autour d’Al Shabab, Aqmi et Boko Haram. On note à cet effet la décision du déploiement de quelques 300 soldats américains au Cameroun depuis le 12 octobre 2015 pour mener à bien cette lutte et garantir une meilleure sécurisation du Golfe de Guinée. Zone d’importance avérée pour les approvisionnements énergétiques américains, soit autour de 25% depuis 2015. Ainsi, en dépit des discours Trumpistes aux relents parfois volcaniques, il y a fort à croire que les questions sécuritaires, qui sont au cœur du dispositif de politique étrangère américaine autant que les enjeux économiques, soient peu sujets à un changement dégressif.

Concernant les enjeux économiques, les Etats-Unis ont pris conscience tardivement de l’intérêt économique de l’Afrique aussi bien en tant que gisement de ressources naturelles que marché très prometteur. Ils ont mis en place plusieurs mécanismes de coopération avec l’Afrique, notamment l’AGOA (Africa Growth and Opportunty Act), une loi permettant à 39 pays africains d’être exonérés de taxes à l’exportation vers le marché américain, ou encore du MCC (Millenium Challenge Corporation) qui dans ses 33 engagements passés, compte 20 pays africains représentant des projets à hauteur de 7,9 milliards de dollars soit 68% du portefeuille compact total du MCC. Il faudrait ajouter à cette liste le Forum économique Etats-Unis-Afrique initié en 2014 et qui en septembre 2016 était à sa deuxième édition. L’un des projets phares de ce forum est sans doute l’initiative Power Africa dotée de 26 milliards de dollars et qui devrait permettre l’implantation des industries ainsi que l’accès de plus de 60 millions de foyers africains à l’approvisionnement électrique.

Ce forum, construit sur le modèle des forums Chine-Afrique, vise justement à renforcer la présence des investissements et des intérêts américains en Afrique face à la forte concurrence chinoise et d’autres pays émergents.

Néanmoins, malgré les craintes, le fait que des programmes tels l’AGOA ou le MCC aient reçu l’onction préalable des élus américains, les rend un peu plus difficile à réformer, ceci en dépit même de la double majorité dont disposent les Républicains au Sénat et au Congrès dans la foulée de cette élection de Trump. De plus, de nombreux projets d’investissement sont en fait portés par le secteur privé limitant tout effet public. En réalité, dans une approche plus pragmatique, la rivalité avec la Chine pourrait jouer en faveur du maintien et même d’un renforcement des investissements en Afrique. Car si Trump n’est pas un philanthrope, en homme d’Etat ayant un sens aiguisé pour les affaires (businessman dans une peau de Chef d’Etat) il est loin d’être insensible à l’appât du gain. Quant à l’aide publique au développement, l’Amérique est un important pourvoyeur pour l’Afrique par le biais de nombreux programmes. Cette aide, qui est passée de 5 milliards de dollars en 2007 à plus de 8,5 milliards de dollars par an en 2016, couvrent divers secteurs : santé, éducation ou agriculture. La crainte dans ce domaine est de voir l’administration Trump remettre en question ces acquis d’importance cruciale pour de nombreux Etats africains.

Un autre point et non des moindres est celui relatif aux questions migratoires. Le candidat Trump pendant la campagne n’a eu de cesse de dire son engagement à bouter les immigrés hors des Etats-Unis. Il entrevoyait ainsi un arrêt complet de l’entrée des musulmans aux Etats-Unis, ce qui de facto fermerait les portes aux ressortissants de plus de 19 pays africains, soit près de 450 millions d’Africains musulmans pratiquants. Or, sachant que les transferts de fonds des diasporas africaines vers le continent constituent une source majeure de financement, une telle mesure serait un véritable danger. Selon la Banque mondiale, ces transferts de fonds se chiffrent à 60 milliards de dollars en 2014, soit plus que l’aide publique au développement qui, dans le même temps, ne représentait que 56 milliards de dollars, ou encore les investissements directs étrangers sur le continent évalués à 50 milliards de dollars. Mais il faut compter avec un recadrage entre le discours

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de campagne du « candidat Trump » et les contingences d’éthique de responsabilité du « président Trump » une fois aux affaires. A ce sujet, il semble d’ailleurs revenir sur certaines positions polémiques comme cette fermeture des frontières aux musulmans et même celle sur les changements climatiques.

En définitive, bien que la question de savoir si la méconnaissance de l’Afrique par le prochain « locataire » de la Maison Blanche pourrait entrainer un glissement du continent au bas des priorités américaines mérite que l’on s’y attarde, en revanche les enjeux de l’intérêt national des Etats-Unis qui dépassent largement les clivages politiques devraient nous apparaître comme les gages d’une stabilité de leur politique africaine. Car en tant que véritable « Opni » (Objet Politique Non Identifié), le président Trump, reste une énigme politique.

Un médiateur ne devrait pas dire ça

Propos recueillis par FRANÇOIS SOUDAN – Jeune Afrique

Après dix mois de facilitation chahutée, l’ancien secrétaire général de l’OUA et ex-Premier ministre du Togo a déposé (provisoirement ?) les armes. En exclusivité pour JA, et alors que les Congolais retiennent leur souffle dans la perspective de la fin du mandat du président Kabila, le 19 décembre, Edem Kodjo raconte ici son parcours du combattant.

Comment (et pourquoi) j’ai mis les pieds dans le « marigot »

Je n’ai rien sollicité, c’est venu à moi. Je me trouvais par hasard à Brazzaville un jour de janvier 2016, lorsque j’ai reçu un appel du commissaire Paix et Sécurité de l’Union africaine, l’Algérien Smaïl Chergui. « Mme Dlamini-Zuma souhaite savoir si vous accepteriez une mission de bons offices en RD Congo, me dit-il. Il s’agit de mettre en place un dialogue entre le pouvoir et l’opposition et de déboucher sur un accord politique en vue de l’élection présidentielle. » Rien de moins ! Réponse prudente de ma part: « Laissez-moi vingt-quatre heures de réflexion. » Cela tombe bien, un chef d’État d’expérience et qui connaît la RD Congo comme sa poche, le président Sassou Nguesso, loge à deux pas. Il me reçoit, je lui soumets la proposition, et il m’encourage aussitôt à dire oui : «Je connais tes convictions panafricaines, je ne vois donc pas comment tu pourrais te défiler. Je vais t’aider. » Ma décision est prise : j’accepte. Vous ne vous en doutiez pas, mais la deuxième personne à qui j’ai parlé de cette mission, c’était vous-même. Je me souviens de votre question: « Edem, qu’allez-vous faire dans ce marigot ? » Et de ma réplique : « Il faut bien que quelqu’un se sacrifie. »

Premiers pas encourageants

Muni du mandat de Mme Dlamini-Zuma, qui fait de moi un facilitateur du dialogue, je débarque à Kinshasa, résolu à entrer en contact avec toutes les parties. Paradoxal, au vu de ce qui allait advenir, mais vrai : c’est de la part du principal parti de l’opposition, l’UDPS d’Étienne Tshisekedi, que je reçois le meilleur accueil. Deux délégations viennent me voir pour me féliciter, se réjouir du choix d’« un grand médiateur africain » (je les cite) et me prier de me rendre au plus vite à Bruxelles pour y rencontrer le « líder máximo ». Ce qui, pour moi, allait de soi. Le 4 février, j’effectue mon premier déplacement dans la capitale belge, à la rencontre de celui que vous avez surnommé, à JA, « Monsieur Non ». Tshisekedi me reçoit, entouré de son fils Félix, de l’abbé Tshilumba, son directeur de cabinet, et de son inséparable assistant Gilbert Kankonde. Cette fois, il dit oui. Oui au dialogue, sans réserves apparentes. Bien qu’une partie de la mouvance de l’opposition s’obstine à me regarder avec suspicion, le fait d’être soutenu par l’UDPS m’encourage. Début mars, je tombe malade et me fais soigner à Paris. C’est là que le directeur de cabinet du président Kabila, Néhémie Wilondja, vient me rendre visite à mon appartement du XVIIe arrondissement pour m’annoncer qu’une délégation de la sensibilité présidentielle et une autre de l’UDPS se trouvent dans la capitale française pour y discuter du dialogue. Les deux parties, ajoute-t-il, demandent que je préside aux pourparlers. Convalescent, mais requinqué par la nouvelle, j’accepte et choisis le lieu: l’hôtel Raphael. Le 26 mars 2016, veille de Pâques, on s’installe : six côté mouvance, six côté UDPS, et moi au milieu.

Ce n’est pas la première fois que les uns et les autres discutent. Pour le pouvoir, rechercher un accord avec Tshisekedi est une constante, en fonction d’un calcul simple: mouvance

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présidentielle + UDPS = majorité absolue, plus besoin des autres. Ils se sont déjà vus à Venise, puis à Ibiza, sans résultats. Y parviendront-ils à Paris? La réunion dure deux heures, et je dois dire que nous faisons un excellent travail. Nous réglons tous les problèmes, ou presque, et nous signons un accord portant sur le comité préparatoire au dialogue, son règlement, son ordre du jour et surtout sa composition. Trente membres au total : douze pour la partie présidentielle, six pour la société civile et douze pour l’opposition. Certes, l’opposition, ce n’est pas que l’UDPS, mais il est clair que cette dernière entend garder la main.

Muni d’un mandat dûment signé de Tshisekedi lui-même, dont j’ai exigé et conservé copie (on n’est jamais trop prudent!), la délégation UDPS au Raphael est conduite par deux de ses proches, Floribert Tendayi et Papis Tshimpangila. Elle comprend aussi l’un des propres fils du Vieux, Christian Tshisekedi, et l’un de ses neveux, Bona Kabongo. Comme rien n’est simple dans cette famille, Félix Tshisekedi me dira plus tard, sur le ton du reproche, que son frère Christian n’y connaît rien en politique puisque c’est un homme d’affaires. Comme si j’avais moi-même composé cette délégation ! Toujours est-il qu’en ce 26 mars l’UDPS nous annonce qu’elle se réserve le droit de nommer elle-même les douze personnalités de l’opposition qui participeront au comité préparatoire. Explication : « On se connaît entre nous, hors de question de nous laisser infiltrer par de faux-vrais opposants ! » Après tout, c’est son affaire. On se sépare donc bons amis.

De retour à Kinshasa, je reçois le secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu, accompagné de Félix Tshisekedi. Félix joue les durs, et je m’aperçois rapidement qu’il a pris l’ascendant sur Mavungu, mais il ne remet rien en question. Il ne me reste plus qu’à recevoir la liste des opposants membres du comité préparatoire. On me l’annonce d’une heure à l’autre. Je suis confiant, presque euphorique. À tort.

Quand Tshisekedi tourne casquette

J’ai en main les listes de la mouvance présidentielle et de la société civile, mais, côté UDPS, rien ne vient. Une, deux, trois semaines, rien. Je me rends donc de nouveau à Bruxelles pour y rencontrer Étienne Tshisekedi. Il me reçoit le 5 mai dans un hôtel de la capitale belge, entouré, cette fois encore, de Félix, de l’abbé Tshilumba et de Gilbert Kankonde. Je les sens un peu crispés, exigeant notamment ce qu’ils appellent un renforcement de la facilitation. Mais comme ils ne me montrent aucune hostilité, je sors de l’entretien rassuré, même si je n’ai toujours pas obtenu la fameuse liste. Retour à Kinshasa. Au sein de la mouvance présidentielle et de l’opposition non UDPS, on s’impatiente et on me critique. À leurs yeux, je favorise l’UDPS, je fais tout pour ressusciter Tshisekedi et le remettre en selle. C’est alors que surgit cette étrange idée de panel de personnalités censées m’épauler et m’encadrer, afin de « remettre le dialogue sur les rails ». Puisque le facilitateur piétine, entend-on dire, aidons-le à s’en sortir. C’est évidemment tout sauf désintéressé car derrière ce schéma se profile l’ombre des Américains, en particulier celle de l’envoyé spécial pour les Grands Lacs, Tom Perriello. Via le panel, dont ils seraient membres, les États- Unis, puissance extracontinentale, souhaitent être directement au cœur du dialogue, ce qui à mes yeux n’est pas souhaitable. J’ai rapidement vu la manœuvre, d’où la contre-idée, lancée par moi, d’un groupe de soutien à la facilitation, composé de l’UA, de l’ONU, de l’Union européenne, de l’OIF et des organisations régionales africaines. Cris d’orfraie de la part des Américains et des politiciens congolais qui leur sont proches !

Début juin, je suis à nouveau à Bruxelles, face à Tshisekedi. Je demande un tête-à-tête.

On me le refuse, non sans une certaine indignation : « Le président ne voit jamais personne en tête à tête! » Va donc pour l’inévitable duo Tshilumba-Kankonde, témoins muets de notre échange. « Grand frère, lui dis-je. J’attends les noms de vos représentants au dialogue depuis deux mois, quand les aurai-je ? » Réponse : « Petit frère, nous sommes jeudi. Lundi, dans quatre jours, vous les aurez. » Je saurai plus tard que la liste, effectivement, était prête. Elle ne m’a jamais été remise. Qui l’a fait passer à la trappe ? Mystère. Pendant des jours, j’ai cherché à le joindre depuis Kinshasa, en vain. Il a fallu m’y résoudre: Tshisekedi avait tourné casquette. Pourquoi? Je me souviens que, pendant l’entretien, il n’avait cessé de me répéter que j’étais trop seul et que la formule du panel, qui avait la faveur des Américains, était à ses yeux la meilleure pour m’entourer. Est-ce là la clé de sa volte-face ? Je l’ignore.

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Avec Katumbi, un rendez-vous manqué

Heureusement, l’iceberg de l’opposition commence à craquer. Le député Samy Badibanga, qui deviendra Premier ministre en novembre, puis d’autres, manifestent avec insistance le souhait de participer au dialogue. Au même moment se pose le problème de Moïse Katumbi. J’avais prévu de le rencontrer peu après mon second séjour à Bruxelles, début mai. Mon projet était d’aller le voir chez lui, à Lubumbashi, ce qui d’ailleurs ne plaisait guère au pouvoir en place à Kinshasa, qui estimait que c’était là une sorte de reconnaissance. La veille du jour fixé pour notre rendez-vous, l’un de ses proches, l’ex- président de l’assemblée provinciale du Haut-Katanga, Gabriel Kyungu, connu pour la brutalité de son langage, se livre dans les médias locaux à une violente diatribe contre moi, avant de conclure que je ne serai pas le bienvenu à Lubumbashi. Dans la foulée, le G7, regroupement d’anciens kabilistes ralliés à Katumbi, publie une déclaration de la même eau à mon encontre, avant d’en appeler, lui aussi, comme par hasard, à la mise en place du fameux panel cher à M. Perriello. J’annule donc mon déplacement et appelle Katumbi pour le lui signifier. L’échange est aigre-doux : « Kinshasa vous a empêché de venir me voir ! » me dit-il. « Pas du tout, c’est votre ami Kyungu et vos alliés du G7 qui, manifestement, ne le souhaitent pas. Ma sécurité n’est pas assurée à Lubumbashi, pourquoi viendrais-je ? »

La conversation terminée, je joins aussitôt Mme Dlamini-Zuma pour lui proposer de faire venir Moïse Katumbi en terrain neutre, à Addis-Abeba, afin que nous parlions avec lui. Le principe est rapidement acquis lorsque surviennent l’affaire dite des mercenaires et l’ouverture d’une procédure à l’encontre du candidat.

Depuis lors, je suis intervenu à sa demande pour faciliter son départ à l’étranger, mais nous ne nous sommes toujours pas rencontrés. Dois-je préciser que je n’ai aucun problème avec M. Katumbi, qui porte le même prénom que celui de mon père ? J’entends souvent dire qu’il est « l’homme des Américains ». Je l’ignore, même s’il en est notoirement proche.

Et dans ce cas, il n’est pas le seul. Son grand frère, Katebe Katoto, que j’ai rencontré à Bruxelles, était un ardent défenseur de la formule du panel et un critique acerbe de la facilitation que je menais, au point que j’ai dû lui dire, les yeux dans les yeux: « Moi, Monsieur, je ne suis pas achetable ! » Au cours de cette même rencontre, un membre du G7 s’est levé : « Vous, vous avez un mentor qui s’appelle la France, a-t-il commencé. Eh bien, sachez que la RDC, c’est le jardin privé des États-Unis ! » Mon sang n’a fait qu’un tour : « Je ne sais pas si vous êtes conscient de ce que vous venez de dire, ai-je rétorqué.

À votre place, je ferais tout pour que ça ne sorte pas de cette salle. Sinon l’Afrique entière va se moquer de vous ! »

Coup de foudre à Kinshasa

Nous sommes en juin. L’UA a avalisé mon projet de groupe de soutien à la facilitation, et je décide d’envoyer une nouvelle mission auprès de Tshisekedi à Bruxelles. À Genval, banlieue chic de la capitale belge, l’opposition, UDPS et G7 notamment, vient de lancer le Rassemblement anti-Kabila. Le ton s’est durci, et je crains que ma délégation, composée des Algériens Saïd Djinnit et Smaïl Chergui, ainsi que d’un diplomate belge, ne trouve porte close. Il n’en est rien, et le rapport de quelques lignes que me font ces émissaires est totalement anodin, ce qui m’étonne un peu.

Était-ce pour m’endormir? Le réveil sera brutal. Le 4 juillet, une réunion du groupe de soutien à Addis-Abeba débouche sur une demande qui est presque une injonction : le facilitateur est prié de mettre en place le comité de préparation au dialogue d’ici à la fin du mois. Une date est retenue : le samedi 30 juillet. Mais il y a un problème : de retour à Kinshasa le 27, Étienne Tshisekedi a prévu de tenir un mégameeting le 31 juillet. L’UDPS hurle au complot : c’est du sabotage! D’ailleurs, me dit-on, vos émissaires à Bruxelles se sont entendus avec nous pour que les deux événements ne coïncident pas – si c’est exact, cela m’a été caché ; pourquoi ? Où était mon intérêt dans cette affaire, alors que je me battais depuis des mois pour inclure Tshisekedi dans le jeu ? A-t-on voulu me piéger, me discréditer afin de mettre quelqu’un d’autre à ma place? Je n’en dirai pas plus, mais Mme Dlamini-Zuma, à qui j’ai fait, fin octobre, un compte rendu détaillé de ma mission, connaît les tenants et aboutissants de toute cette histoire.

Lors de son meeting devant des dizaines de milliers de personnes, Étienne Tshisekedi

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m’injurie. Je ne m’y attendais absolument pas. Il me traite de « petit kabiliste partial » et ajoute que je suis « un traître ». Oui, « un traître » ! Passé l’instant de sidération, je réfléchis. Si traître il y a, l’insulte convient à celui qui a signé un accord et ne l’a pas respecté. Or, Tshisekedi a violé l’engagement que ses délégués, mandatés par lui, ont conclu à Paris en ma présence. Donc le traître, c’est Tshisekedi. Partial? C’est risible.

Pendant longtemps, la majorité présidentielle et une partie de l’opposition, dont Vital Kamerhe, le G7 et la Dynamique, m’ont accusé de favoriser l’UDPS et son vieux leader! Ce discours m’est tombé dessus comme un coup de foudre. Je ne pardonne pas à Tshisekedi de s’être montré aussi injuste à mon égard. Il ne s’en est jamais excusé ni expliqué.

Lorsqu’un ami commun, Mgr Monsengwo, a voulu que j’aille le voir chez lui, à Limete, pour recoller les morceaux, j’ai refusé. Peut-être nous reverrons-nous, mais ce ne sera pas à son domicile. Tshisekedi ne me connaît pas. S’il veut la guerre, je vais le démolir !

L’Église catholique : pêchez en paix

Certes, l’Église est une institution en RD Congo. Certes, je suis moi-même un catholique pratiquant et je me dois de passer le manteau de Noé sur ce que fait ma hiérarchie et qui ne me plaît pas toujours. Je ne dirai donc rien sur le cardinal Monsengwo, que je connais bien et que je respecte. Mais tout de même. J’ai beaucoup compté sur la conférence épiscopale, la Cenco, pour qu’elle m’aide dans ma tâche de facilitation. Au sein du comité préparatoire au dialogue, le représentant de la Cenco, l’abbé Donatien Nshole, avait le beau rôle. Idem lorsque, le 1er septembre, s’est ouvert le dialogue lui-même. Surviennent alors les tragiques émeutes des 19 et 20 septembre à Kinshasa, lesquelles – il convient de le préciser, car j’en ai été le témoin – ont commencé par le saccage des sièges des partis membres du dialogue, perpétré par des militants du Rassemblement de l’opposition radicale. Avant que les jeunes kabilistes aillent à leur tour mettre le feu aux locaux de l’UDPS. C’est alors que les curés de la Cenco ont changé de ton. Après avoir exigé une semaine de deuil, ils sont venus poser des préalables au dialogue qui ne figuraient pas dans nos accords. J’y ai consenti à une condition : qu’ils restent dans la salle. Libre à eux, par ailleurs, d’aller à la pêche miraculeuse et de ramener dans leurs filets les opposants au dialogue. À l’heure où je vous parle, la pêche continue, et je souhaite qu’elle soit fructueuse. D’autant que Joseph Kabila, vous l’aurez remarqué, joue le jeu et encourage les évêques. Cela s’est discuté fin octobre à Luanda, en marge du sommet des chefs d’État de la région, qui a entériné l’accord politique du 18 octobre. Denis Sassou Nguesso et José Eduardo dos Santos ont suggéré à Kabila de tendre la main au Rassemblement de l’opposition, via la Cenco, ce qu’il a fait. Je crois que tout le monde est un peu tétanisé à l’idée qu’il se passe quelque chose le 19 décembre à minuit et que chacun cherche à conjurer les risques de dérapages.

Présidentielle : 2018 ou le chaos

Les Américains, les Européens, la Cenco, le Rassemblement: tous ou presque « exigent » que l’élection présidentielle se tienne en 2017. Mais c’est impossible avant avril 2018 ! Cette échéance n’est pas le fruit du hasard : le fichier électoral est corrompu, tout le monde l’a dit, sa refonte est indispensable. La RD Congo, c’est 2,5 millions de km², 136 000 bureaux de vote, 20 000 tonnes de matériel électoral à transporter, le plus souvent par voie aérienne ou fluviale. La commission électorale, les experts de l’ONU et de l’OIF, le général malien Siaka Sangaré, que je considère comme le meilleur expert électoral d’Afrique francophone et que j’ai fait venir… Tous sont formels : on ne peut pas, en resserrant au maximum les délais, aller plus vite. Le fichier électoral sera fiable et complet début octobre 2017, il faut ensuite six mois pour organiser le scrutin. À condition, bien sûr, que son financement – près de deux milliards de dollars – soit assuré. Préconiser une présidentielle bâclée l’an prochain, c’est irresponsable.

J’ai entendu récemment Jean-Marc Ayrault, le ministre français des Affaires étrangères, critiquer l’accord du 18 octobre et remettre 2017 sur le tapis. Cela m’a étonné : son ambassadeur à Kinshasa ne lui a donc pas fait rapport ? Il parle en méconnaissance de cause. Autre revendication de l’opposition radicale et de ceux qui la soutiennent : que Kabila démissionne au soir du 19 décembre 2016 et laisse la place à une période transitoire spéciale, avec à sa tête le président du Sénat, Léon Kengo Wa Dondo, qui organisera les élections. Ce n’est ni constitutionnel – la Cour suprême a tranché, et les participants au

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dialogue en sont convenus – ni réaliste. Le mandat de Kengo est forclos depuis quatre ans, faute d’élections provinciales et sénatoriales tenues dans les délais. Quelle est sa légitimité? Sur le plan strictement juridique, le fait que Kabila demeure en place jusqu’à l’élection de son successeur est objectivement la moins mauvaise des solutions.

Une classe politique brillante, mais toxique

J’ai eu affaire à une classe politique à la fois brillante, adepte des faux-fuyants, intelligente, toxique… L’argent joue un rôle prépondérant: en Afrique de l’Ouest, les gens pensent qu’ils sont riches quand ils ont 100 millions de F CFA. Ici, ils le sont quand ils ont la même somme, mais en dollars. Autre caractéristique: un sentiment national et identitaire à vif.

Est-ce un héritage du mobutisme triomphant ? C’est possible, mais les Congolais en général sont allergiques à toute interférence, en particulier occidentale – sauf bien entendu quand elle sert leurs intérêts et qu’ils peuvent l’instrumentaliser à leur profit. Aussi les chefs d’État africains, qui connaissent ce sentiment, sont-ils prudents dès qu’il s’agit de se mêler des affaires congolaises. Sassou Nguesso joue un rôle positif, Dos Santos aussi, ainsi – et c’est moins connu – que Faure Gnassingbé. Le président togolais entretient des relations étroites aussi bien avec Kabila qu’avec Vital Kamerhe. Si Kamerhe ne nous avait pas rejoints, il n’y aurait jamais eu de dialogue, et Faure a été décisif dans son ralliement, tout comme son « envoyé spécial », le ministre Gilbert Bawara, très introduit à Kinshasa.

Pourquoi (et comment) j’ai mis les pieds dans le « marigot »: suite et fin

Ce n’est pas l’argent qui m’a motivé, et je voudrais être clair, voire trivial à cet égard : Kabila ne m’a pas payé, ce n’est pas lui qui a réglé mes frais de mission ni mes per diem.

C’est l’UA qui m’a pris en charge, et il ne m’a rien donné. On a, à ce sujet, raconté n’importe quoi. Je me souviens du jour où je suis allé visiter le fameux barrage d’Inga et survoler l’embouchure du fleuve Congo, spectacle dont j’ai toujours rêvé. Une compagnie pétrolière avait mis un hélicoptère à ma disposition à cet effet. Le lendemain, des journaux ont écrit que, ça y est, Kodjo est dans le pétrole, Kabila l’y a mis pour l’acheter ! Par contre oui, mon ego, ma place dans l’Histoire, la volonté de sortir par le haut, de ne pas partir sur un échec, celle aussi de démontrer à M. Tshisekedi, qui m’a trahi, que je n’étais pas un nègre de service, tout cela m’a motivé et a forgé ma résilience.

Dernières tractations… en attendant le 19 décembre Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 11 Déc 2016

L’ultime round de négociations entre majorité et opposition doit se tenir cette semaine afin de trouver une issue à la crise politique en RDC. Une dernière médiation qui pourrait tourner court ou bien entrouvrir la porte à une surprise.

Kinshasa retient son souffle avant le 19 décembre, dernier jour du dernier mandat du président congolais Joseph Kabila. Chacun redoute une explosion de violence des opposants au chef de l’Etat qu’ils accusent d’avoir volontairement retardé le processus électoral pour se maintenir au pouvoir au-delà du délai légal. Fin octobre, le camp présidentiel a pourtant réussi à signer avec une frange minoritaire de l’opposition un accord politique reportant les élections en avril 2018, prolongeant d’autant le mandat de Joseph Kabila. Une situation explosive qui met régulièrement les Congolais dans la rue. En septembre dernier, la contestation a été réprimée dans la violence, faisant une cinquantaine de morts. Depuis, les manifestations sont interdites et les arrestations d’opposants et de jeunes de mouvements citoyens se multiplient.

Une médiation de la dernière chance est actuellement menée par l’influente église catholique congolaise (Cenco) qui a réussi à mettre autour de la table la majorité présidentielle et le Rassemblement de l’opposition d’Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi qui avait boycotté le dialogue national et rejeté l’accord politique d’octobre. Un tour de force réalisé avec le soutien (pour ne pas dire plus) de la communauté internationale, qui craint l’embrasement en République démocratique du Congo au lendemain du 19 décembre. Débuté jeudi 8 décembre, ce deuxième round de négociations a été suspendu le lendemain pour reprendre mardi 13, soit six petits jours avant la fin du mandat de Joseph Kabila. Ce qui fait dire à bon nombre de Congolais que le pouvoir cherche une nouvelle fois à gagner du temps avant la date fatidique.

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Décrispation politique contre maintien de Joseph Kabila

Mais en attendant la reprise des négociations sous l’égide de la Cenco, les tractations vont bon train entre le Rassemblement et la majorité présidentielle. Trois commissions ont été mises en place pour tenter de résoudre la crise politique : une sera chargée de la gouvernance après le 19 décembre (en clair, quid de Joseph Kabila ?), une autre traitera du calendrier électoral avec l’idée d’avancer la date de la présidentielle avant la mi-2018 et la troisième commission se penchera sur la « décrispation politique », avec notamment l’épineux dossier des prisonniers politiques et la levée des poursuites judiciaires contre Moïse Katumbi, toujours bloqué en Europe.

Car depuis la tenue du dialogue national, la mise en œuvre de l’accord politique d’octobre traîne toujours en longueur. Certes, un nouveau Premier ministre issu de l’opposition, Samy Badibanga, a été nommé le 17 novembre, mais depuis… toujours pas de gouvernement. Idem pour le comité de suivi chargé de contrôler l’application de l’accord…

il n’a toujours pas été mis en place. En fait, avec l’organisation de ce nouveau dialogue de la Cenco, on se demande si l’accord du 18 octobre n’a pas déjà mort-né. Car, en participant (enfin) à une médiation directe avec la majorité présidentielle, le Rassemblement fragilise un accord politique qualifié de non-inclusif et donc peu représentatif. Après un premier jour de dialogue, les lignes semblent déjà avoir bougé entre le Rassemblement et le pouvoir.

Le départ de Joseph Kabila au soir du 19 décembre, brandit comme LA revendication principale du Rassemblement a déjà du plomb dans l’aile. L’opposition pourrait en effet concéder le maintient au pouvoir de Joseph Kabila pendant la période transitoire… mais plus courte. Son préalable : que les élections soient organisées avant la fin 2017 et non fin avril 2018.

Katumbi au coeur de la décrispation

En échange de cette concession majeure, le Rassemblement espère pouvoir négocier une de ses principales revendications : la libération des prisonniers politiques et l’arrêt des poursuites judiciaires contre l’opposant Moïse Katumbi. Sur ce dernier point, sans doute le plus sensible, le Rassemblement semble s’être mis au clair. Si la priorité du cas de Moïse Katumbi ne fait pas l’unanimité au sein de la galaxie hétéroclite du Rassemblement, une mise au point a été faite par Félix Tshisekedi vendredi 9 décembre exigeant « la fin des poursuites contre Moïse Katumbi », condamné en juin dernier à trois ans de prison dans une mystérieuse affaire de spoliation immobilière à Lubumbashi. Mais on sait que sur ce sujet, le camp présidentiel et le président Kabila ne semblent pas pressés de voir revenir l’ancien gouverneur du Katanga de son exil européen, trop contents de s’être ainsi débarrassés d’un concurrent sérieux pour la présidentielle à venir.

Dans l’entourage de Moïse Katumbi, on affirme que la question de la décrispation politique est centrale au sein du Rassemblement. « Il n’y aura pas d’accord sans la libération des prisonniers politiques et sans la levée des poursuites contre Moïse Katumbi » prévient-on.

Un compromis entre le pouvoir et l’opposition pourrait donc être trouvé : libération d’opposants et « décrispation » autour de Katumbi contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila jusqu’aux élections de 2017.

La Primature revient sur la table

Mais le camp présidentiel pourrait être tenté de changer la donne en continuant de diviser l’opposition et son travail de sape. Un scénario circule sur la tentation de nommer un membre important du Rassemblement à la Primature (le nom de Félix Tshisekedi est le plus souvent cité). L’objectif serait de concéder ce poste-clé au Rassemblement sans pour autant lever les poursuites contre Moïse Katumbi, que Joseph Kabila ne souhaite pas voir revenir. L’intérêt serait double : le pouvoir ferait un geste politique fort, qui serait perçu comme une large ouverture politique, tout en continuant d’isoler Katumbi à l’étranger. La question est de savoir si ce scénario est en mesure d’être accepté pour le camp Tshisekedi, dont le fils, Félix, a fait mener il y a plusieurs mois des tractations secrètes à Ibiza avec la majorité présidentielle dans ce sens. A Kinshasa, certains ne donnent pas chère de la peau de Samy Badibanga qui pourrait n’avoir été que pendant quelques semaines un Premier ministre sans gouvernement.

Signe avant-coureur de la mise en place de ce scénario ou simple rumeur malveillante : un document du Rassemblement a circulé avant le week-end sur les réseaux sociaux

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affirmant l’intention de l’opposition radicale de briguer la Primature. Un « vieux document de travail » selon le Rassemblement qui dément catégoriquement vouloir le poste de chef du gouvernement. « Nous n’avions pas besoin d’un dialogue pour avoir la Primature, il aurait suffi d’un petit coup de fil » a déclaré à la presse Valentin Mubake, le délégué de l’UDPS à la médiation de la Cenco. « Cela étant dit, prévient Mubake en fin connaisseur de la politique congolaise, la vigilance est de mise car la Nation est plus importante de les individus. »

Un discours de Tshisekedi avant le 19 décembre

La semaine s’annonce donc décisive à Kinshasa. Dimanche, le Rassemblement a souhaité faire une ultime mise au point sur la suite du second dialogue qui doit reprendre mardi 13 décembre. La plateforme a tout d’abord exigé la retransmission en direct des débats du dialogue à la télévision afin de clarifier les positions de chacun en toute transparence.

Ensuite, le dialogue ne devant pas excéder trois jours selon la Cenco, sa clôture devra impérativement se tenir jeudi 15 décembre, exige le Rassemblement, date à laquelle Etienne Tshisekedi devra prononcer « un discours à la Nation à quelques jours du 19 décembre. »

Avec cette dernière déclaration, le Rassemblement espère bien couper l’herbe sous le pieds à toutes les spéculations sur sa possible intention de co-gérer la transition avec Joseph Kabila. Selon nos dernières informations en provenance de Kinshasa, la ligne dure, ne devant pas conduire à la signature d’un accord, tient la corde. Une intransigeance que semble également valider l’annonce d’un discours d’Etienne Tshisekedi à la Nation à la fin du dialogue. Mais attention, mardi, les discussions vont reprendre et si les négociations ne sont pas retransmises en direct, comme le demande le Rassemblement, on peut encore s’attendre à des surprises… et des rebondissements.

Le leader de l'Unafec convoqué devant l'Assemblée provinciale RFI - le 11-12-2016

L'opposant Gabriel Kyungu wa Kumwanza, qui est également coordonnateur du Rassemblement de l'opposition pour le Haut-Katanga est prié de se présenter ce lundi 12 décembre à l'Assemblée provinciale pour participer à une plénière appelée à statuer sur son sort. Les autorités judiciaires ont demandé la levée de son immunité parlementaire pour pouvoir le poursuivre pour outrage au chef de l'Etat. L'opposition parle de nouvel harcèlement contre ses membres au moment où l'on parle de la décrispation politique.

Gabriel Kyungu wa Kumwanza lui-même ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés.

Il exige que des preuves de l'accusation soient présentées à l'Assemblée provinciale du Haut-Katanga. Le procureur général près la Cour d'appel de Lubumbashi l'accuse d'avoir outragé le chef de l'Etat. Des faits qui remonteraient au mois d'avril.

L'autorité judiciaire, qui sollicite la levée de l'immunité parlementaire de l'opposant, envisage de lancer des poursuites judiciaires contre ce dernier. A la plénière de vendredi, la question n'a pas pu être débattue. L'intéressé, malade, était représenté par ses avocats.

Ceux-ci ont produit des preuves qui attestent du long repos médical accordé à leur client par des médecins.

Malgré cela, une nouvelle plénière a été urgemment convoquée pour ce lundi. Ce qui fait dire aux membres du Rassemblement de l'opposition qu'il s'agit d'un harcèlement de plus contre l'opposition. Un acte qui n'est pas de nature à favoriser la décrispation politique au moment où se tiennent des négociations sous l'égide de l'Eglise catholique.

L’Union européenne sanctionne sept hauts responsables du régime Kabila Mathieu Olivier - JEUNE AFRIQUE – le 12 décembre 2016

L'Union européenne a adopté ce lundi des sanctions visant sept hauts responsables des services de sécurité congolais, dont Gabriel Amisi Kumba et Celestin Kanyama. Celles-ci ont été aussitôt dénoncées par le gouvernement congolais, qui les qualifiées d' « illégales » Le Conseil des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne a décidé, lundi 12 décembre, d’imposer des mesures restrictives en matière de déplacements à l’égard de sept ressortissants congolais, et le gel de leurs avoirs. Ils occupent des positions de hauts

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responsables dans la chaîne de commandement des forces de sécurité congolaises.

Ils sont notamment accusés d’avoir « fait un usage disproportionné de la force » pendant les manifestations des 19 et 20 septembre à Kinshasa. Les violences avaient causé la mort d’environ cinquante personnes et « constituent de graves violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales », explique l’institution européenne.

Elle appelle en outre le gouvernement de la RD Congo à coopérer à une enquête transparente et indépendante afin de traduire en justice les responsables.

D’autres sanctions pourraient suivre

Les sept personnes visées par ces sanctions font toutes partie de l’appareil sécuritaire congolais. Il s’agit de Ilunga Kampete, commandant de la garde républicaine, Gabriel Amisi Kumba, commandant de la première zone de dé­fense de l’armée congolaise (FARDC), Ferdinand Ilunga Luyoyo, commandant de l’unité anti-émeute, Celestin Kanyama, commissaire de la police nationale congolaise, John Numbi, ancien inspecteur général de la police nationale congolaise, Roger Kibelisa, chef du département de la sécurité intérieure de l’agence nationale de renseignements (ANR), et Delphin Kahimbi, chef du service du renseignement militaire (ex-Demiap.

L’Union européenne, qui se dit gravement préoccupée par la situation en RD Congo, a également indiqué qu’elle suivrait « avec une attention accrue l’évolution politique cruciale » que connaîtra le pays dans les prochaines semaines. « Des mesures restrictives supplémentaires pourront être envisagées en cas d’obstruction du processus politique ou de nouvelles violences », ajoute encore l’UE.

Des sanctions « illégales » selon le gouvernement congolais

Sitôt ces sanctions annoncées, le gouvernement congolais les a qualifiées d' »illégales ».

« Elles procèdent d’une sorte de droit impérial qui est aux antipodes du droit international », a assuré le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. « La RDC, pays non européen, les condamne et entend les attaquer devant qui de droit », a-t-il ajouté.

DÉCISION (PESC) 2016/2231 DU CONSEIL du 12 décembre 2016 modifiant la décision 2010/788/PESC concernant l'adoption de mesures restrictives à

l'encontre de la République démocratique du Congo Journal officiel de l'Union européenne 12.12.2016 L 336 I/7

LE CONSEIL DE L'UNION EUROPÉENNE, vu le traité sur l'Union européenne, et notamment son article 29, vu la proposition du haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, considérant ce qui suit:

(1) Le 20 décembre 2010, le Conseil a adopté la décision 2010/788/PESC1 (1).

(2) Le 17 octobre 2016, le Conseil a adopté des conclusions faisant état d'une profonde préoccupation quant à la situation politique en République démocratique du Congo (RDC).

En particulier, il y condamnait vivement les actes d'une extrême violence qui ont été commis les 19 et 20 septembre à Kinshasa, indiquant que ces actes ont encore aggravé la situation d'impasse dans laquelle se trouve le pays du fait de la non-convocation des électeurs à l'élection présidentielle dans le délai constitutionnel fixé au 20 décembre 2016.

(3) Le Conseil a souligné que, afin d'assurer un climat propice à la tenue d'un dialogue et des élections, le gouvernement de la RDC doit clairement s'engager à veiller au respect des droits de l'homme et de l'état de droit et cesser toute instrumentalisation de la justice.

Il a également exhorté tous les acteurs à rejeter l'usage de la violence.

(4) Le Conseil s'est également déclaré prêt à utiliser tous les moyens à sa disposition, y compris le recours à des mesures restrictives contre ceux qui sont responsables de graves violations des droits de l'homme, incitent à la violence ou qui font obstacle à une sortie de

1 Décision 2010/788/PESC du Conseil du 20 décembre 2010 concernant l'adoption de mesures restrictives à l'encontre de la République démocratique du Congo et abrogeant la position commune 2008/369/PESC (JO L 336 du 21.12.2010, p. 30)

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crise consensuelle, pacifique et respectueuse de l'aspiration du peuple de la RDC à élire ses représentants.

(5) Il y a donc lieu de modifier la décision 2010/788/PESC en conséquence.

(6) Une nouvelle action de l'Union est nécessaire pour mettre en œuvre certaines mesures, A ADOPTÉ LA PRÉSENTE DÉCISION:

Article premier La décision 2010/788/PESC est modifiée comme suit: 1) L'article 3 est remplacé par le texte suivant:

«Article 3 1.Les mesures restrictives prévues à l'article 4, paragraphe 1, et à l'article 5, paragraphes 1 et 2, sont instituées à l'encontre des personnes et entités désignées par le comité des sanctions qui se livrent ou apportent un soutien à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité en RDC. De tels actes comprennent:

a) agir en violation de l'embargo sur les armes et des mesures connexes visées à l'article1°

; b) faire partie des responsables politiques et militaires des groupes armés étrangers opérant en RDC qui font obstacle au désarmement et au rapatriement ou à la réinstallation volontaires des combattants appartenant à ces groupes.S

Sanctions en cascade contre des officiels congolais Christophe RIGAUD – Afrikarabia - 12 Déc 2016

L’Union européenne a décidé de geler les avoirs et d’interdire l’obtention de visas à sept membres des services de sécurité de la République démocratique du Congo (RDC), alors qu’aux Etats-unis le Trésor américain vient de sanctionner le Ministre de l’Intérieur Evariste Boshab, et le patron des services de renseignements, Kalev Mutond.

Les 28 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) ont décidé ce lundi de sanctionner sept hauts dignitaires congolais responsables de la violente répression des manifestations de septembre 2016. Un bilan réalisé par des ONG internationales avait fait état d’au moins 50 morts. Par cette décision, l’Union européenne tente d’exercer une dernière pression sur le pouvoir à quelques jours du 19 décembre, date de la fin du mandat de Joseph Kabila. Pour l’UE « le 19 décembre reste lourd d’incertitudes et de risques, après les récents épisodes de répression et de violations des droits fondamentaux. »

Gel des avoirs et interdiction de visas

A l’instar des Etats-unis, l’Europe a décidé de frapper fort en sanctionnant « sept individus qui occupent des positions de responsabilité dans la chaine de commandement des forces de sécurité congolaises qui ont fait un usage disproportionné de la force. » L’Union européenne impose un gel des avoirs et une interdiction de visas. Une sanction qui peut d’autant plus porter ses fruits que la majorité des personnes sanctionnées par l’Europe l’ont déjà été par les autorités américaines en septembre. En clair, ces haut dignitaires congolais ne peuvent plus se rendre aux Etats-unis et en Europe et leurs avoirs ont été gelés dans ces pays. Les sanctions européennes étaient réclamées depuis plusieurs semaines par les ONG de défense des droits de l’homme, comme Human Rigths watch (HRW). L’Europe étant une destination très prisée par les élites congolaises et leurs familles, ces sanctions pourraient donc avoir une certaine efficacité.

La fine fleur de l’appareil sécuritaire congolais

Au total ce sont sept personnalités congolaises qui sont visées par les sanctions européenne. La première est Ilunga Kampete. Ce commandant de la garde républicaine (GR) était responsable des unités déployées sur le terrain et impliquées dans la répression de septembre 2016 à Kinshasa. On trouve ensuite un général de l’armée régulière : Gabriel Amisi Kumba dit « Tango four », de triste réputation à l’Est du pays, et aujourd’hui commandant de la première zone de défense dont dépend Kinshasa. Trois hauts responsables de la police nationale suivent : Ferdinand Ilunga Luyoyo, commandant de l’unité anti-émeute, appelée Légion nationale d’intervention ; Célestin Kanyama, commissaire de la police nationale congolaise (PNC) et John Numbi, ancien inspecteur général de la police nationale, mis au vert par Joseph kabila après l’assassinat du défenseur des droits de l’homme, Floribert Chebeya. Enfin, le chef du service du renseignement

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militaire (ex-DEMIAP), Roger Kibelisa, figure également sur la liste des sanctions européennes.

Kalev et Boshab rattrapés par les sanctions américaines

Curieusement, les principaux supérieurs hiérarchiques de ces hauts responsables sécuritaires sont absents de la liste de l’Union européenne. Kalev Mutond, patron des très redoutés services de renseignements congolais et Evariste Boshab, ministre de l’Intérieur, ne font pas partie des personnalités visées. C’est qu’à Bruxelles, les 28 ne sont pas tous sur la même ligne concernant le dossier congolais. L’Europe apparait en tout cas plus timorée que Washington pour sanctionner Kinshasa puisque Kanyama, Numbi ou Amisi avaient déjà été ajoutés sur la liste noire des Etats-unis fin septembre 2016. Mais ce jeudi, les américains, sans aucun doute en concertation avec Bruxelles, ont pris le relais des Européens en prononçant des sanctions financières contre les Kalev Mutond et Evariste Boshab.

Un message pour Joseph Kabila

Selon le Trésor américain, Evariste Boshab est accusé d’être un « acteur clé » dans la stratégie du président Kabila de rester au pouvoir après le délai légal du 19 décembre 2016. Quant à Kalev Mutond, Washington lui reproche son rôle de coordination dans la répression sanglante des 19 et 20 septembre 2016, mais aussi dans l’exportation illégale de minéraux. Avec ces sanctions ciblées, Bruxelles et Washington exercent un ultime coup de pression sur Kinshasa avant de probables nouvelles manifestations à partir du 19 décembre… et de possibles dérapages. Pour Human Rights Watch, ces sanctions constituent un signal fort à destination du gouvernement congolais qui « devraient mettre fin aux mesures de répression ». Mais surtout, le message de Washington est adressé au président Joseph Kabila « qui devrait s’engager publiquement à respecter la Constitution et annoncer qu’il quittera ses fonctions » conclut la directrice d’HRW pour l’Afrique centrale, Ida Sawyer. Quand aux autorités congolaises, elles ont qualifié ce lundi les sanctions européennes « d’illégales » et « aux antipodes du droit international », et promettent de saisir la justice.

Les États-Unis gèlent les avoirs d’Évariste Boshab et de Kalev Mutond Mathieu Olivier – Jeune Afrique – le 12 décembre 2016

Les États-Unis ont annoncé ce lundi qu’ils gelaient les avoirs d'Évariste Boshab, vice- Premier ministre en charge de l'Intérieur, et Kalev Mutond, chef des renseignements, qui sont selon eux coupables de mise en danger des institutions et du processus démocratique en RD Congo.

Quelques heures après l’Union européenne, ce sont les États-Unis qui ont annoncé ce lundi 12 décembre de nouvelles sanctions à l’encontre de hauts responsables congolais. Le département américain du Trésor a déclaré dans un communiqué qu’il allait geler les avoirs d’Évariste Boshab, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, et de Kalev Mutondo, numéro un de l’Agence nationale de renseignement (ANR).

Comme le général Gabriel Amisi Kumba, alias Tango four, et l’ancien inspecteur général de la police congolaise, le général John Numbi, ils sont accusés par les États-Unis de « menacer les institutions et de nuire au processus démocratique ».

Les avoirs des deux hommes se trouvant sous la juridiction des États-Unis sont gelés et les citoyens américains ont interdiction de mener des transactions avec eux.

Des acteurs clés du système Kabila

Evariste Boshab, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, est accusé par les Américains d’avoir proposé des sommes d’argent à des parlementaires en échange de leur ralliement à la prolongation du mandat de Joseph Kabila.

« Il est un des acteurs clés dans la stratégie de maintien au pouvoir du président Kabila au-delà de la date du 19 décembre 2016 », explique les Américains.

Kalev Mutond aurait quant à lui ordonné des écoutes de l’opposition et serait impliqué dans la répression de manifestations et dans l’emprisonnement extrajudiciaire d’opposants.

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« Kalev Mutond pourrait également être lié au trafic illégal de minerais », ajoute le communiqué du Trésor américain.

Un appel d’André Flahaut

Colette Braeckman- Le Soir – le 13 décembre 2016

C’est avant tout en tant qu’ami de la République démocratique du Congo que je lance cet appel.

Les différents postes ministériels occupés m’ont plusieurs fois donné l’occasion de renforcer les relations bilatérales entre nos deux pays. La Belgique et la République démocratique du Congo sont reliés, qu’on le veuille ou non, qu’on la cautionne ou pas, par une histoire commune. Si cette histoire commune a été marquée de périodes sombres, je sais aussi à quel point la coopération entre nos pays peut être porteuse de progrès pour la population.

J’ai eu la chance de me rendre sur place et de découvrir la richesse du pays. Ici, ce n’est pas le sous-sol qu’évoque la richesse. Il s’agit avant tout de la richesse humaine, et de toute la force et le courage dont témoignent quotidiennement ces femmes et ces hommes qui tentent d’améliorer leur avenir et celui de leurs enfants.

A côté des progrès effectués, il reste du chemin à parcourir. Mettre par terre les avancées de ces dernières années marquerait une perte grave pour le pays, pour toute la sous- région, voire même pour le continent africain dans son ensemble.

Tourner le dos aux progrès réalisés reviendrait à montrer aux néocolonialistes qu’ils ont raison. Casser ce pays dans son élan amènerait de l’eau au moulin de ceux qui pensent que la classe politique congolaise n’est pas à la hauteur des défis et de la confiance que lui a témoigné le peuple congolais.

C’est donc à la classe politique congolaise dans son ensemble que je lance cet appel : ne gâchez pas ce beau pays qu’est la République démocratique du Congo !

Quand les Anglais écoutaient Kabila Colette Braeckman- Le Soir – le 13 décembre 2016

Ainsi donc, ils savaient tout ! D’après des documents extraits des archives d’Edward Snowden et publiés par le Monde, les services de renseignements électroniques britanniques écoutaient, en 2009, toutes les conversations émanant du président Kabila, de ses principaux conseillers et chefs militaires, y compris ceux qui se trouvaient en opération contre le mouvement rebelle M23. A l’époque, le Rwanda, très soutenu par les Britanniques en matière de développement, était alors accusé de soutenir ce mouvement initié par des Tutsis congolais Pour faire bonne mesure, les Anglais écoutaient aussi les chefs de la rébellion, dont Bosco Ntaganda aujourd’hui détenu à la CPI, accusé de crimes contre l’humanité.

Londres n’ignorait donc rien des nombreux massacres commis à l’époque ni de l’exploitation illégale des ressources minières. Ces révélations sont d’autant plus piquantes qu’à l’époque, l’Union européenne, à part les conseils de modération adressés à tous les belligérants, assurait ne rien savoir, ou presque, des enjeux du conflit, de ses modalités, des soutiens dont bénéficiaient les rebelles. Les Britanniques n’auraient donc pas partagé leurs informations avec leurs alliés européens ?

Il faut se souvenir aussi que si, lors de la guerre contre le M23 l’armée congolaise, épaulée par la Brigade africaine de la Monusco, finit par l’emporter au prix d’efforts considérables et de pertes humaines importantes c’est aussi parce que les formateurs belges, qui,a Kindu, avaient formé des brigades congolaises, avaient donné quelques précieux conseils à leurs pupilles, dont celui de ne pas utiliser leurs téléphones satellites. Le général Bauma –décédé depuis lors de même que le colonel Mamadou Ndala-)qui dirigeait les opérations décida même de confisquer tous les portables de ses officiers, les Belges ayant doté ses troupes de walkie talkie plus difficiles à écouter et à repérer. Ayant rendu les écoutes plus difficiles, les FARDC avancèrent sans être trahis à chaque pas et finirent par chasser vers

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