• No results found

23 09 17/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Share "23 09 17/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)"

Copied!
29
0
0

Bezig met laden.... (Bekijk nu de volledige tekst)

Hele tekst

(1)

23 09 17/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) En ce samedi 23 septembre 2017, l’attention des médias congolais est bien sûr braquée sur New York où JKK doit s’adresser à l’ONU. Cette prise de parole est prévue à 15 heures.

Mais décalage horaire fait que quand il est midi à Kinshasa, il n’est encore que cinq heures du matin sur la côte Est des Etats-Unis. JKK ne parlera donc, à l’heure de Kinshasa, que vers vingt heures ce soir, à supposer que l’ONU réussisse à respecter strictement l’horaire prévu. Ce n’est donc que dans la nuit ou demain que l’on pourra lire des citations ou des commentaires ayant quelque fondement et, pour la presse, il faudra attendre les journaux de lundi. Ce qui se publie aujourd’hui ne repose sur des fuites, suppositions, indiscrétions réelles ou supposées. Bref, sur ce point, l’on n’est pas loin d’avoir ici une « revue de l’élucubration congolaise…

JKK

Quand il s’agit d’élucubrer à la gloire de Joseph, « La Voix de sa Sœur » ne se tient plus et délire en volapük flamboyant des passages d’un splendide amphigouri.

« La RD Congo tient à favoriser une solution politique salvatrice pour tirer le pays de l’ornière. Des leviers importants sont employés au moment où le président de la République, déjà à New York et face aux représentants des 194 pays, va s’adresser au monde dans un discours au cœur des attentes, à 15heures (locale), en vue de présenter la situation prévalant en RDC et la position du pays au regard des questions de l’heure aux niveaux régional et international », écrit DigitalCongo.

Le Potentiel titre que le Président Kabila intervient devant l’Assemblée générale de l’Onu.

« Après Kananga où il a inauguré mardi dernier le forum sur la paix et le développement dans l’espace Kasaï, le président de la République, Joseph Kabila, a mis le cap sur New- York où il prend la parole, sauf imprévu, demain samedi devant l’Assemblée générale des Nations unies. C’est dans la matinée de jeudi qu’il a quitté Kinshasa. Pour Joseph Kabila, il s’agit de solliciter plus de temps à l’ONU dans l’organisation des élections. Une mission à plusieurs inconnues.

Le président de la République, Joseph Kabila, a fait le déplacement de New-York (Etats- Unis) où il doit intervenir demain samedi devant l’Assemblée générale des Nations unies.

Après Kananga (Kasaï Central) où il a lancé mardi dernier le forum sur la paix et le développement dans l’espace Kasaï, le chef de l’Etat a mis le cap sur les Etats-Unis où il va porter la voix de la RDC devant les instances des Nations unies.

Mais, Joseph Kabila arrive à New-York après le passage de principaux leaders de l’Opposition qui ont fait sur place un travail de fond dans le sens d’amener la communauté internationale à adhérer à l’option d’une transition sans Kabila. C’est donc cette courbe que le chef de l’Etat devra inverser.

A première vue, Kabila n’aura pas la tâche facile. Car, mardi dernier, une réunion spéciale consacrée essentiellement à la RDC a, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, posé les jalons pour la tenue effective d’élections dans les termes convenus dans l’accord politique du 31 décembre 2017. Les Nations unies ont clairement tracé la voie à suivre pour une alternance démocratique en RDC. Joseph Kabila se verra bien offrir rapidement un droit de réponse.

A New-York, le président Kabila va sûrement réitérer son éternelle promesse de tenir les élections dans un délai qui s’écarte fondamentalement de celui repris dans l’accord politique du 31 décembre 2016. Sans doute, le chef de l’Etat va solliciter de l’ONU plus de patience afin qu’il lui soit accordé le temps nécessaire pour préparer les élections.

Mais, il n’est pas évident que l’ONU adhère facilement à cette logique. Dans la réunion spéciale de mardi dernier sur la RDC, les plénipotentiaires ont opté pour une démarche qui s’appuie intégralement sur l’accord du 31 décembre. Autant dire qu’à New-York, le président Kabila a un grand défi à relever ; toutefois, il part avec un handicap. Il atterrit à New-York au moment où la plupart de ses homologues ont quitté le siège des Nations Unies.

(2)

Dans la foulée, une question est posée par d’aucuns qui se demandent si Joseph Kabila n’aurait pas été contraint en dernière minute à rejoindre le siège de l’ONU ? Ou, en revanche, il s’agirait d’une stratégie savamment réfléchie à partir de Kinshasa ? Difficile à dire.

Dans une analyse reprise sur afrik.com, l’analyste Adrien Seyes ne donne aucune chance à Joseph Kabila. Selon lui, faire fléchir l’ONU n’est pas aussi évidente.

Satisfecit de l’Opposition à l’ONU

A la lecture du communiqué final, l’opposition RD congolaise a de quoi être satisfaite, note Adrien Seyes. Tout d'abord, pour l'ONU, les élections présidentielle et législatives doivent se tenir conformément à l'accord de la Saint-Sylvestre (dont la mise en œuvre doit être

«totale »), soit fin 2017 au plus tard. Il s'agit-là d'une des exigences majeures des opposants congolais, très présents ces jours-ci à New-York.

Ensuite, l'ONU insiste lourdement sur la mise en œuvre des mesures de « décrispation politique ». Ce qui signifie, entre autres, la libération des nombreux prisonniers politiques, mais aussi le retour en RDC de Moïse Katumbi, considéré comme l'opposant numéro un au régime. Une perspective particulièrement redoutée par Joseph Kabila.

Par ailleurs, l'ONU souligne la nécessité impérative de sécuriser le financement du processus électoral, une façon de rappeler Kinshasa, passé maître dans l'art de la tergiversation, à ses obligations. En clair, l'instance onusienne n'admettra plus que le régime congolais argue de difficultés budgétaires pour ne pas remplir ses obligations en matière électorale.

Egalement, l'ONU « salue l'engagement exprimé par les autorités de la RDC de respecter la Constitution ». En première lecture, cette phrase pourrait paraître anodine. Pourtant, c'est à travers elle que l'instance onusienne proscrit toute modification de la Constitution laquelle pourrait permettre à Joseph Kabila de briguer un troisième mandat. Par conséquent, aucun référendum ne sera toléré, alors même que l'hypothèse est sérieusement envisagée par le régime de Kinshasa.

Enfin, fait important, ce communiqué « implique» l'ONU, l'Union européenne, l’OIF mais également l'Union africaine et la SADC, deux instances qui jusque-là prenaient fait et cause pour le régime de Kinshasa. Le message est-il perçu de manière claire par la MP qui s’imagine tout permis au pays. Au fond, il s'agit d'une véritable rupture dans le rapport de force diplomatique sur le dossier congolais.

Ainsi, à bien y regarder de près, les conclusions de cette réunion sur la RDC, tenue à l'occasion de la 72ème Assemblée générale de l'ONU, indiquent clairement que les marges de manœuvres de la majorité au pouvoir s’amenuisent davantage s’agissant du blocage du processus électoral où elle se sert de la Céni comme un bouc-émissaire qui doit tout prendre sur elle ».

Kinshasatimes.cd fait savoir, pour sa part, qu’arrivé à New York, Joseph Kabila s’exprime ce samedi devant l’Assemblée générale des Nations Unies. Le Président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila est arrivé jeudi 21 septembre à New York pour prendre part aux travaux de la 72e session de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Axée sur le thème « Priorité à l’être humain : paix et vie décente pour tous sur une planète préservée », la 72e session de l’Assemblée générale de l’ONU se tient depuis dimanche 17 septembre jusqu’au samedi 30 septembre, rapporte ce média.

« A New-York, les secrets du tête-à-tête entre Joseph Kabila et le Premier ministre belge », rapporte le site Politico.cd.

Pour ce site, le président Joseph Kabila a longuement discuté ce vendredi avec le Premier ministre belge, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York. La rencontre a été qualifiée par l’entourage de Charles Michel d’« instructive et utile », affirme Belga.

C’était la première rencontre entre les deux hommes, sans aucun conseiller, depuis un seul autre contact bilatéral entre le Premier ministre et le président, en marge du sommet de la Francophonie à Dakar, il y a trois ans, rappelle Politico.cd

Le site Newstrotteur.fr renchérit qu’à « New York, Charles Michel s'entretient en tête-à- tête avec le président congolais Kabila ».

Selon ce journal en ligne, la rencontre, qui a duré près d’une heure et quart, s’est tenue

(3)

dans un palace new yorkais. Après celle-ci, M. Michel s’est directement mis en route pour l’aéroport afin de rejoindre la Belgique.

Même son de cloche pour le journal Le Soir : « Crise au Congo, Charles Michel en long tête-à-tête avec le président Kabila à New York ».

Il en ressort que le Premier ministre belge a longuement rencontré le président congolais, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York. Les élections et le futur du président étaient vraisemblablement au menu des discussions, à huis clos. La rencontre a été qualifiée par l’entourage de Charles Michel d’« instructive et utile ».

La RTBF rappelle que, plus tôt dans la semaine, Didier Reynders avait rencontré le ministre des Affaires étrangères congolais, Leonard She Okitundu, qui lui a garanti qu'un calendrier électoral serait publié de manière imminente en RDC. En vertu d'un accord conclu entre le pouvoir et l'opposition congolaise en décembre dernier, des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales sont censées avoir lieu au plus tard en décembre 2017, délai qui ne semble désormais plus tenable.

Calendrier (parlementaire, pas électoral !)

Le Bulletin de l’ACP évoque l’Adoption du calendrier de la session ordinaire de septembre 2017 à l’Assemblée nationale. Le bulletin quotidien annonce que les députés nationaux ont adopté, vendredi au Palais du peuple, moyennant quelques amendements, le calendrier de la session ordinaire de septembre 2017, au cours d’une plénière présidée par Aubin Minaku, président de la chambre basse du Parlement.

Le projet de ce calendrier a été approuvé lors de la conférence des présidents tenue jeudi, au cours de laquelle il a été aussi question de la répartition des matières en commissions.

Il contient notamment, des projets des lois à soumettre à la commission paritaire mixte Assemblée nationale-Sénat, la validation des mandats des nouveaux députés, l’examen des arriérés législatifs et du Règlement intérieur de cette chambre. Au total 57 projets et propositions des lois sont prévus dans ce calendrier à traiter au cours de cette session censée être essentiellement budgétaire, rapporte l’agence.

(Avant de pouvoir tenir des élections qui aient la moindre chance de respecter la volonté des électeurs il faut : recenser la population, jeter Kabila aux crocodiles, recenser VRAIMENT les électeurs, mettre en place une CENI et une Justice auxquelles on puisse se fier… Cela ne se fera pas sans casse, mais c’est cela qui compte, et non la date des élections

! Il est essentiel de garder en mémoire que la RDC vit toujours sous un régime illégitime, depuis les élections de 2011. Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 20111 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire

« officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à

1 1 Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives.

Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2011 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après un délai de trois ans seulement, anormalement court pour ce genre d’affaires

(4)

lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire « autorité de droit ».

Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas violée, mais chiffonnée, jetée à terre et foulée aux pieds pour le maintenir au pouvoir en 2011 après des élections NULLES .. La réalité, c’est que l’usurpateur doit s’en aller. Si l’on a l’occasion de le faire partir « en douceur » en lui accordant un délai jusqu’en décembre pour faire ses malles, tant mieux. Sinon, qu’il subisse la violence qu’il a déjà infligée à tant d’autres ! NdlR) Butembo

Médiacongo annonce « Le Bourgmestre Kitsa Omer condamné à 14 ans de prison pour viol sur mineure ».

« Le tribunal de grande instance de Butembo a infligé une peine de 14 ans de servitudes pénales à Kitsa Omer, Bourgmestre de la commune Bulengera, pour viol sur mineure.

Le verdict est tombé vendredi tard dans la soirée (à 21 heures) après le réquisitoire du ministère publique qui a proposé une peine de 20 ans pour détention d'enfants et viol sur mineure, ainsi que le paiement de 5 millions des francs congolais comme frais de dommage à la victime et 1 million des francs congolais comme frais d'instance.

La partie défenderesse du prévenu bourgmestre a, quant à elle, plaidé pour son acquittement car son client est victime d'un montage concocté par des acteurs politiques mal intentionnés.

Après avoir entendu les différentes plaidoiries et réquisitoire, le tribunal de grande instance a prononcé 14 ans de prison contre le prévenu qui sera soumis au paiement de 5 millions de francs congolais pour réparation des dommages causés à la victime et d'1 million comme frais d'instance au trésor public.

Ce jugement intervient après seulement 3 jours d'audience et 24 heures après une manifestation de certains jeunes en colère face à l'arrestation du bourgmestre par le service des renseignements et sa suspension par le gouverneur du Nord-Kivu. Pour eux, cette affaire est machination montée de toutes pièces.

Des sources proches de la défense ont déja fait savoir que le condamné allait interjeter appel contre cette décision ».

Presse et documents étrangers

Au Kasaï comme ailleurs en RDC, « le désordre comme art de gouverner » de Joseph Kabila

Propos recueillis par Pierre Benetti - LE MONDE - le 12.09.2017

Analyste pour l’IFRI, Marc-André Lagrange décrypte la stratégie de déstabilisation Pistes désertes, maisons détruites, enclos incendiés : ce sont les rares images des massacres perpétrés au Kasaï, région au centre de la République démocratique du Congo (RDC). Elles ont été tournées par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) à Kamonia, près de la frontière avec l’Angola, où 33 000 réfugiés ont fui les violences. En visite sur place le 10 septembre, le nonce apostolique, Mgr Montemayor, représentant du pape François, a rappelé le nombre de victimes établi par l’Eglise catholique : 3 383 « décès signalés ». Ce bilan provisoire s’ajoute à celui des Nations unies, qui a recensé au moins 87 fosses communes. Elles auraient été principalement creusées par les forces armées congolaises au cours de la répression de l’insurrection lancée par le chef coutumier Kamwina Nsapu, tué dans un assaut en août 2016.

Le conflit du Kasaï est né dans un contexte pré-électoral tendu en République démocratique du Congo (RDC), à quelques mois de la fin du dernier mandat du président Joseph Kabila,

(5)

le 19 décembre 2016. Il a également lieu dans des provinces aux enjeux économiques et stratégiques importants : de lourds investissements énergétiques ont été lancés par le gouvernement dans cette région diamantifère. Dans une note publiée par l’Institut français des relations internationales (IFRI), l’analyste Marc-André Lagrange revient sur les enjeux de cette crise, y voyant « le désordre comme art de gouverner ». « Si la localisation de cette crise est inédite, ses modalités sont au contraire très familières, écrit-il. Cette crise sécuritaire provoque une crise humanitaire dans une région oubliée mais importante du pays, et permet de justifier un report des élections présidentielles, et le maintien du président Kabila au pouvoir. »

Quelles frustrations politiques ont-elles été exprimées par la révolte Kamwina Nsapu ? Marc-André Lagrange La réforme des provinces congolaises, initiée en 2015 par le ministre de l’intérieur de l’époque, Evariste Boshab, a redessiné la carte des pouvoirs provinciaux.

Aux Kasaï, les perdants sont les Luba, la principale population du Kasaï, qui ont vu leur poids politique au sein des institutions être réduit au profit d’autres groupes ethniques, dont les Tshokwe. Les premières revendications exprimées par Jean Prince Mpandi, l’initiateur de la rébellion Kamwina Nsapu, visent le gouvernement et le cycle électoral, mais ne sont pas liées au combat pour la démocratie de l’UDPS [Union pour la démocratie et le progrès social], le premier parti d’opposition en RDC, dont les Kasaï sont le bastion.

Son opposition au gouvernement se place dans un rejet de ce redécoupage des pouvoirs locaux. La dérive ethnique de la crise, complètement indépendante des nominations de figures du Kasaï de l’UDPS et de l’opposition dans les deux derniers gouvernements, le montre suffisamment.

Comment le conflit s’est-il propagé au-delà des provinces du Kasaï ?

Des flux de populations déplacées à l’intérieur du pays sont arrivés dans les provinces avoisinantes du Kwilu, du Kwango et du Haut-Lomami. Le 25 août, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapportait l’arrivée de 26 000 déplacés internes dans le Kwilu et 2 000 dans le Kwango. Toutefois, il y a une gestion différentielle du risque lié à la présence des déplacés internes. Au Haut-Lomami, dans l’ex-province du Katanga, poumon économique de la RDC, les pouvoirs traditionnels, appuyés par le gouvernement, ont formé ou reformé des milices locales pour empêcher les déplacés de venir s’installer. A l’ouest, dans le Kwilu et le Kwango, le gouvernement laisse s’installer des déplacés dans des provinces pauvres sans réelle importance économique et à l’importance politique déclinante. Le Kwilu et le Kwango sont des bastions du PALU, un parti qui, bien que membre de la majorité au pouvoir, a récemment exprimé des réserves et une volonté de s’éloigner de la politique du clan Kabila.

Quels liens peuvent-ils exister entre les différentes insurrections récemment observées dans les provinces congolaises : les Kongo au Bas-Congo, les Pygmées au Tanganyika, les Luba au Kasaï ?

A ma connaissance, il n’existe pas de liens autres que les manœuvres du gouvernement pour instiguer des insurrections dans des provinces qui ne lui sont pas acquises. Les racines de chacune de ces insurrections sont très spécifiques et déconnectées les unes des autres.

Toutefois, ces rébellions éclosent dans des provinces qui sont toutes proches de l’opposition. Opposition historique, comme au Bas-Congo (favorable depuis 2006 au MLC de Jean-Pierre Bemba, puis au BDM de Mwanda Nsemi) et aux Kasaï, bastion de l’UDPS.

Ou opposition nouvelle comme le Tanganyika, un bastion des leaders du G7, l’opposition issue des anciens soutiens de Kabila. Si des prédispositions existaient, ces provinces ne présentaient pas, ou plus, de signes insurrectionnels avant l’été 2016. Or, si l’on examine les faits, dans chacun des cas le gouvernement a initié ou relancé ces conflits par des actions violentes de police contre des figures politiques locales : Jean Prince Mpandi au Kasaï, des chefs de guerre pygmées au Tanganyika, le leader de la secte BDK pour le Bas- Congo. On est face à une stratégie de déstabilisation interne menée par le gouvernement qui semble mener une guerre contre son propre peuple afin d’influer sur le déroulement du cycle électoral et permettre au président Kabila de rester au pouvoir au-delà des délais constitutionnels.

(6)

Dans une précédente note de l’IFRI, vous tiriez un bilan extrêmement négatif des dix-sept ans de présence de la Monusco. La politique des Nations unies en RDC a-t-elle évolué avec la crise du Kasaï ?

La politique de la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco) n’a que très peu évolué avec la crise des Kasaï. Aujourd’hui, la Monusco est un acteur marginal dans la politique de la RDC qui n’a pour utilité que sa capacité d’appui logistique au processus électoral mis en place par le gouvernement. En demeurant incapable de mettre fin à la problématique des FDLR (groupe armé héritier des génocidaires rwandais de 1994), condition première pour l’installation de la démocratie dans la région, et en laissant s’installer dans les pays voisins des « démocratures » [dictatures déguisées en démocraties], les Nations unies ont acculé la Monusco à soutenir des processus électoraux de moins en moins crédibles au profit d’une stabilité régionale axée sur les échanges économiques. Bien sûr, cette impasse ne peut être réduite aux seuls échecs des Nations unies en RDC, mais elle doit être replacée dans le contexte de l’émergence politique du bloc des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et le déclin de l’influence des puissances occidentales sur le continent.

« Qu’on le veuille ou non, on arrivera à la confrontation » Marie-France Cros – La Libre - Le 15 septembre 2017196

Alors que le dernier mandat constitutionnel du président Joseph Kabila est venu à échéance en décembre dernier, l’Accord de la Saint-Sylvestre, le 31 décembre 2016, le prolongeait d’un an, à certaines conditions: partage du pouvoir avec l’opposition et organisation des élections pour décembre 2017. Or, il a tenu l’opposition à l’écart et tous les signaux émis par le pouvoir indiquent que les scrutins n’auront pas lieu. Où va la République démocratique du Congo? Pour le comprendre, La Libre Afrique a interviewé le politologue Jean Omasombo, professeur à l’Université de Kinshasa et chercheur au Musée royal d’Afrique centrale de Tervueren.

Les élections n’auront pas lieu cette année. Vers quoi se dirige-t-on?

Le recours aux évêques catholiques survenu il y a un an, qui a débouché in extremis sur l’Accord de la Saint-Sylvestre, favorisait déjà Kabila, avec lequel on se résignait à négocier et à qui – plus grave – on laissait beaucoup d’espaces de pouvoir. Il est allé ainsi au-delà de son mandat. Et il tient à le prolonger tant qu’il pourra. Il n’organisera jamais les élections qui signeront sa fin. Le recensement en cours est destiné à distraire l’opinion. On n’aura les élections qu’après le départ de Kabila, à moins qu’il parvienne à changer la constitution.

C’est à ça qu’il travaille.

Qu’est-ce qui permet de croire qu’un départ de Kabila est possible?

Kabila quittera le pouvoir comme il y est arrivé, suite à un coup du hasard, l’assassinat de son père. Aujourd’hui, comme Mobutu, le président Kabila est un homme “pourri”, une autorité déconnectée du pays. Sa survie tient à la structure militaire et sécuritaire qu’il a installée pour casser toute révolte. Comme Mobutu, qui avait sa garde, la DSP, à laquelle s’ajouteront les “hiboux” tueurs, des unités spécialisées dans la contre-manifestation de rue. Mais à la différence de Mobutu, qui a compté sur ses frères de la province de l’Equateur, Kabila n’a plus l’illusion de pouvoir s’appuyer sur le Katanga.

Kabila n’a pas de groupe autour de lui, seulement des individus disparates. Politiquement, c’est un mourant; il est condamné. Mais il veut survivre, alors il fait venir à son chevet

“médecins”, “sorciers”, “guérisseurs” pour empêcher sa mort. Mais, qu’on le veuille ou non, on arrivera, à un moment, à la confrontation.

Certains évoquent un “troisième Dialogue” pour sortir de l’impasse…

Malgré les échecs passés, l’idée de voir organiser un référendum pour modifier la Constitution n’a jamais quitté le camp Kabila. Mais là, il s’agit d’un point non négociable pour l’opinion congolaise. Quel que soit son contenu, un nouveau dialogue affaiblirait davantage les chances d’arriver à une issue légitime. On détruirait davantage la force de la Constitution. Au Congo, l’idée d’un dialogue évoque une ouverture sans fin. On l’a vu avec la sécession katangaise en juillet 1960: son leader Moïse Tshombe revoyait sans cesse ses exigences une fois celles-ci obtenues; cela a duré deux ans et demi pour résoudre

(7)

finalement la sécession après deux semaines de combats. On l’a revu avec Mobutu qui, d’ouverture au multipartisme (1990) en négociation sans fin, s’est maintenu encore sept années, avant d’être “dégagé” en sept mois par la rébellion AFDL. Joseph Kabila est au pouvoir depuis 16 ans sans qu’il ne parvienne à stabiliser le pays. Cela ne l’empêche pas de s’accrocher au pouvoir, quitte à détruire les maigres acquis – dont cette Constitution qu’il a déclarée inviolable. On voit rééditer la prédiction de Mobutu : il organise le chaos.

Dans quelle partie du pays trouve-t-il encore des soutiens?

Début 2011, lors du congrès des Balubakat à Kamina, ses frères ethniques l’ont admonesté pour manque de développement de leur région; aujourd’hui, il a perdu cette base qui l’avait pourtant porté aux élections de novembre 2011 en espérant voir, cette fois, des résultats concrets. Kabila s’est contenté de distribuer des postes de pouvoir à quelques frères d’ethnie. Dès lors, le rejet s’est implanté. Des foyers de troubles éclatent dans des régions réputées stables. Des révoltes sévissent au Kasaï depuis fin 2016; une forte agitation sévit chez les Nandes au Kivu; des Twas se soulèvent contre les Lubakats. Il y a quelques jours, un camion d’armes a été intercepté à Lubumbashi, etc. Toutes ces tensions sont exacerbées par la crise économique. Avec Kabila, aucun progrès ne semble plus possible pour le pays: soit on stagne, soit on s’enfonce.

L’opposition ne semble pas assez forte pour imposer une solution. Peut-on éviter une longue agonie du régime, qui serait catastrophique pour le Congo?

On a déjà consommé une année, avec la rallonge octroyée à Joseph Kabila par l’Accord de la Saint-Sylvestre, obtenu sous l’égide des évêques catholiques. Mais, contrairement à ce qui s’est passé sous Mobutu, il y a maintenant un élément qui bloque le chef de l’Etat: la Constitution. Kabila compte sur sa Garde républicaine, une armée dans l’armée. On va vers une explosion pour faire partir Kabila, avant la mise en place d’autres structures. C’est Kabila qui est responsable du blocage, à cause de sa détermination à garder le pouvoir coûte que coûte. Dès qu’on visera à le sortir du champ du pouvoir, la situation s’éclaircira.

Mais rien n’unit l’opposition, hormis le rejet de Kabila.

Comme du côté Kabila, l’opposition est constituée d’individus qui veulent le pouvoir et l’argent. Sa présence est nécessaire mais la solution ne viendra pas de ses membres. C’est le mal du Congo: le chef dit “j’y suis, j’y reste”. Ce n’est pas l’idéologie qui a uni l’UDPS, c’est l’aura d’Etienne Tshisekedi. L’opposition ne tient aujourd’hui que sur le rejet de Kabila.

Et encore ! Mais c’est parce qu’à chaque fois les élections sont confisquées par le régime en place, alors qu’elles seules ont la capacité de renouveler la représentation politique.

Faute d’élections régulières, les acteurs deviennent assujettis à l’individu Président qui tient l’Etat. Une longue agonie du régime Kabila équivaudrait à faire de la Monusco une institution permanente. L’opinion congolaise croit que la communauté internationale constitue une partie du problème du pays.

Alors comment débloquer la marche du pays, enlisé?

Le scrutin dont le pays a besoin de toute urgence, c’est celui pour la Présidence qui, comme en 2006, débloquerait les autres élections. Mais Kabila ne veut pas: il ne va pas organiser son enterrement!

Comment sort-on du cercle vicieux?

Les scrutins de 2006 et la Constitution actuelle – obtenus après 16 ans de transition! – ont été très importants. Il faut se battre sur les principes. On avait le cadre, Kabila l’a détruit.

La faute de la communauté internationale et des évêques qui ont donné leur onction à l’Accord de la Saint-Sylvestre est de n’avoir pas tenu Joseph Kabila pour responsable de l’absence d’élections. Il ne fallait pas lui permettre de rester; on voyait depuis 2013 qu’il voulait se prolonger au pouvoir.

Peut-être parce que tout le monde craignait une conflagration…

On n’a fait que la reporter. En attendant, on enracine le mal.

Transition en RDC : l’option Mukwege se met en place Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 15 Sep 2017 par

(8)

Le célèbre médecin congolais vient de faire un pas supplémentaire vers un possible engagement politique. A Paris, Denis Mukwege s’est déclaré disponible pour diriger une

nouvelle transition. Un parcours qui sera semé d’embûches.

Denis Mukwege coche toutes les cases : issu de la société civile, intègre, multi récompensé pour son action en faveur des droits de l’homme, reconnu internationalement, jamais de compromis avec le pouvoir… le gynécologue qui « répare les femmes » violées au Congo se positionne désormais en recours possible en cas de nouvelle transition politique en République démocratique du Congo (RDC). A l’offensive dans les médias et face à la diaspora congolaise à Paris début septembre, Denis Mukwege s’est déclaré « disponible » pour servir son pays, plongé en pleine crise politique. Habilement, le médecin de l’hôpital de Panzi a bien pris soin de préciser qu’il « n’était pas un politicien » mais qu’il pouvait être

« un homme d’Etat » pour ne pas froisser les caciques de l’opposition, tous dans les starking blocks de la présidentielle. Mais pour le prix Sakharov 2014 des droits de l’homme, il y a une condition indispensable à toute nouvelle transition : le départ de l’actuel chef de l’Etat. « J’appelle à ce que le peuple congolais se mobilise pour obliger ceux qui confisquent le pouvoir d’organiser des élections » a dénoncé Denis Mukwege. Joseph Kabila est en effet arrivé fin mandat en décembre 2016 et a négocié une première transition jusqu’à l’organisation d’élections fixées fin 2017. Mais depuis plusieurs mois la Commission électorale (CENI) a déjà prévenu que le scrutin ne pourrait pas se tenir dans les délais, ouvrant la voie à une période d’incertitude en RDC.

Eviter les pièges

Dans ce contexte de crise politique aiguë, l’hypothèse d’une nouvelle transition est donc de plus en plus d’actualité. Si le docteur Mukwege possède toutes les qualités pour assurer cette mission, la route est parsemée d’embûches et son aura internationale n’y suffira sans doute pas. Il faudra tout d’abord obtenir le soutien de l’opposition congolaise. Une opposition fractionnée, divisée et qui se décompose à chaque débauchage par le pouvoir.

Si l’hypothèse Mukwege commence à faire son chemin, l’arrivée du médecin dans l’arène politique n’avait pas suscité l’enthousiasme des politiciens congolais, craignant l’arrivée d’un possible concurrent pour la future présidentielle. Mais depuis la dernière sortie médiatique du gynécologue de Panzi, certains opposants ont affiché clairement leur soutien à Denis Mukwege. Martin Fayulu (Ecidé) et candidat à la Présidence de la République, a récemment déclaré au site Actualité.cd en parlant du célèbre docteur : « quand vous avez Messi dans votre équipe, vous ne le mettez pas sur le banc. J’ai été le premier à le proposer à la présidence pour une éventuelle transition. »

Mais le plus difficile pour le médecin, avant d’arriver à la tête d’une future transition, sera bien évidemment de réussir à faire partir le président Joseph Kabila. L’actuel chef de l’Etat semble en effet bien décidé à rester vissé sur son fauteuil. Après avoir négocié une première rallonge d’une année, faute d’avoir pu organiser les élections dans les temps, le président cherche un nouveau compromis pour prolonger son dernier mandat. Un troisième dialogue avec la frange de l’opposition qui a rejoint le gouvernement est actuellement à l’étude. D’autres artifices pour maintenir Joseph Kabila au pouvoir sont également sur le feu : un projet de référendum pour permettre au président de se représenter et la mise en place du vote électronique qui retarderait de nouveau le processus électoral.

Résister aux intimidations

Il sera donc hautement compliqué pour le docteur Mukwege de se frayer un chemin entre faux amis de l’opposition et vrais ennemis de la majorité. D’autant que le célèbre médecin côtoie désormais les grands de ce monde et s’est attiré les bonnes grâces de la communauté internationale. A Paris, Denis Mukwege a pu rencontrer le président Emmanuel Macron, le très influent Jacques Attali, la maire de Paris ou la patronne de l’Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean. Enfin, si le docteur Mukwege décide de s’engager en politique, il devra affronter la forte répression qui s’abat sur les opposants au président Kabila. Poursuites, judiciaires, intimidations, arrestations arbitraires… L’ancien gouverneur et candidat à la présidentielle Moïse Katumbi, harcelé par la justice, est actuellement en exil en Europe depuis plusieurs mois au risque de se retrouver en prison dès sa descente d’avion. L’autre leader de l’opposition, Félix Tshisekedi

(9)

n’a pas pu tenir de meeting à son arrivée à Kinshasa et a été raccompagné manu militait par la police à son domicile.

Denis Mukwege sera-t-il résister aux pressions du pouvoir qui ne tarderont pas à s’exercer

? A n’en pas douter, oui ! Il l’a déjà prouvé par le passé. En 2012, Denis Mukwege a échappé à une tentative d’assassinat et craint depuis pour sa sécurité. Il est d’ailleurs protégé par les casques bleus de la Monusco, mais n’a jamais laisser tomber, ni son hôpital, ni son combat pour les droits de l’homme. Et à entendre son discours déterminé devant la diaspora à Paris, le docteur Mukwege semble prêt à se lancer dans la bataille politique…

car même s’il se défend d’être un politicien, c’est bien dans ce registre qu’il devra désormais se battre.

La Lucha mobilise pour se souvenir du 19 septembre 2016 La Libre Afrique – le 17 septembre 2017

Ce mardi 19 septembre 2017 marquera le premier anniversaire des affrontements qui ont opposé les forces de l’ordre congolaises et les opposants au régime de Joseph Kabila qui, ce jour-là, devait convoquer le corps électoral s’il avait eu l’intention d’organiser, comme le prévoyait la constitution, l’élection présidentielle pour le 19 décembre au plus tard.

Ce jour-là, les forces de l’ordre ont réprimé dans la violence les manifestations organisées tant par la classe politique que par les mouvements citoyens. Une débauche de violence policière condamnée par de nombreuses organisations internationales (dont les Nations unies) pour un usage excessif de la force.

Le bilan de ces violences n’a jamais été définitif, le nombre de cent morts étant généralement avancé.

Messe du souvenir

Un an après ces événements, le mouvement citoyen la Lucha entend commemorer « le martyr de nos amis combattants de la liberté et de la démocratie qui sont tombés sous les balles des forces de l’ordre lors de manifestation du 19 septembre 2016 pour exiger la tenue des élections et le départ de Joseph Kabila », comme l’explique Jen De Dieu Kilima, joint par lalibreafrique.be.

Pour ce faire, la Lucha « invite tous les Congolais à être présents à une messe d’hommage à la paroisse Saint Boniface, commune de Kimbaseke, district de la Tshangu, à 15 heures, ce mardi 19 septembre, en mémoire de nos héros victimes de la barbarie et de la dictature de Joseph Kabila », poursuit-il, avant d’annoncer : « la Lucha va exiger la convocation du corps électoral le 30 septembre ici et en même temps préparer un chemin pour le départ de Joseph Kabila au mois de décembre 2017 ».

Kasaïr, une crise « instrumentalisée par le popuvoir » Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 18 Sep 2017

Pour le chercheur Marc-André Lagrange (Ifri), le conflit dans les Kasaï est avant tout une crise « hautement politique », qui permet de justifier un report de l’élection présidentielle

et le maintien du président Joseph Kabila au pouvoir.

Hors des radars de la communauté internationale, la crise sécuritaire et humanitaire dans le centre de la République démocratique du Congo (RDC) a démarré en juillet 2016 par un banal conflit local entre les adeptes d’un chef traditionnel et les forces de sécurité congolaises. En un peu plus d’une année, le conflit s’est étendu à quatre autres provinces, faisant au moins 3.000 morts, selon l’Eglise catholique, et provoquant la fuite de 1,3 million de civils dont 600.000 enfants. Comment en est-on arrivé là ? La question vaut d’être posée alors que les autorités congolaises ont convoqué ce mardi 19 septembre 2017 un forum pour tenter de ramener la paix dans les Kasaï.

Dans un récent rapport de l’Institut français des relations internationales (Ifri), Marc-André Lagrange revient sur la chronologie des faits et l’engrenage qui a conduit cette province, jugée plutôt calme, à s’enfoncer dans la violence. « La crise a débuté en juillet 2016 par des violences policières contre la famille du chef traditionnel luba Jean Prince Mpandi, le Kamuina Nsapu, lors d’une perquisition à son domicile. Cet incident est le point de départ d’une série de représailles entre partisans du Kamuina Nsapu et forces gouvernementales,

(10)

sur fond de revendications coutumières » explique le chercheur. La spirale de la violence s’empare alors des Kasaï. Les attaques des miliciens Kamuina Nsapu, visent d’abord des bâtiments publics, symboles du pouvoir central de Kinshasa. « À cette époque, note Marc- André Lagrange, les miliciens semblent respecter les populations civiles, (…) ils entrent dans les villes et villages presque sans combattre, accueillis par la foule et auréolés d’une aura mystique, tandis que militaires et policiers fuient à l’annonce de leur arrivée ».

Quand Kinshasa veut reprendre en main les Kasaï

En revanche, la répression de l’armée congolaise est terrible… et concertée : « la violence des Forces armées de la RDC (FARDC) semble avoir été volontaire et ordonnée par le gouvernement » pointe le rapport. Une enquête de l’ONU explique également que « la majorité (des) exactions aurait été commise par les forces armées lors de leur passage ou de la création de positions militaires de contrôle ». Ces interventions des forces de sécurité

« provoquent une spirale de violence dans un climat pré-électoral déjà extrêmement tendu

». La majorité présidentielle tente en effet de reprendre la main sur les pouvoirs locaux depuis le récent démembrement des provinces de 2015. « L’ancien ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab, avec l’aide du directeur de l’Agence nationale de renseignement, Kalev Mutond, ont entrepris de contrôler les entités coutumières en nommant des chefs coutumiers proches de la majorité présidentielle. La principale figure de l’opposition était jusqu’à février 2017 Etienne Tshisekedi, un Kasaïen, et de ce fait les provinces du Kasaï et plus particulièrement l’ethnie Luba sont ainsi largement acquises à l’opposition » décrypte Marc-André Lagrange.

Le phénomène Kamuina Nsapu s’est donc nourri « de la mauvaise image du gouvernement

», et « chaque chef coutumier a levé sa propre milice qu’il a parée d’un ruban rouge ceint autour de la tête, attribut et signe de reconnaissance des miliciens de Kamuina Nsapu ».

Le conflit s’emballe en mars 2017, lorsque deux membres du groupe des experts des Nations unies sont assassinés. « Ce meurtre oblige les Nations unies à sortir de leur réserve sur la crise au Kasaï, démontrant alors leur impuissance face aux autorités congolaises » analyse le rapport. Ce qui amène Marc-André Lagrange à conclure que la crise des Kasaï révèle deux leçons principales. La première est la marginalisation des Nations unies, « impuissante et traitée avec mépris par les autorités congolaises ». La seconde leçon est « la détermination des gouvernants congolais et plus particulièrement du premier cercle de Joseph Kabila, à se maintenir au pouvoir en instrumentalisant l’insécurité » dans cette région stratégique. Car il ne faut pas oublier que les Kasaï sont restés la première zone de production de diamants en RDC. Les Kasaï « produisent des centaines de millions de dollars de diamants dans la plus grande opacité depuis des décennies. Ces provinces sont au centre de l’économie très discrète et très rentable du diamant congolais ».

Risque de « kivuisation » des Kasaï ?

Enfin, et surtout, la crise sécuritaire des Kasaï arrange avant tout un pouvoir en fin de règne, et qui cherche à se maintenir en place. Le président Joseph Kabila est arrivé fin mandat en décembre 2016, sans avoir pu (et voulu) organiser les élections. Après d’âpres négociations avec une frange minoritaire de l’opposition, il a réussi à négocier une période de transition d’une année, à condition d’organiser l’élection présidentielle avant la fin décembre 2017. Mais justement, la crise des Kasaï a opportunément retardé le recensement des électeurs, rendant les élections impossibles à organiser dans les délais.

Mais Marc-André Lagrange prévient, « à l’instar de Mobutu, cette stratégie d’instrumentalisation de l’insécurité peut se retourner contre le régime. Si elle dure, la révolte de Kamwina Nsapu va générer une crise humanitaire et une crise sécuritaire qui vont s’auto-alimenter sur fond d’affrontements interethniques (…). Un processus de

«kivuisation» des Kasaï n’est pas à exclure si l’Angola accepte de jouer le rôle de base- arrière pour les opposants kasaïens » .

La ville de Kananga, capitale de la province du Kasaï-Central, accueille un Forum sur la paix.

RFI - le 18-09-2017

A Kananga, en RDC, s’ouvre ce lundi 18 septembre le Forum sur la paix et la réconciliation dans les cinq provinces du Kasaï, et notamment dans le Kasaï-Central. Objectif : permettre

(11)

aux habitants de se parler et d’établir les responsabilités dans les affrontements très meurtriers qui ont eu lieu ces derniers mois, entre l’armée congolaise et la milice Kamuina Nsapu. Une initiative qui suscite à la fois de l'enthousiasme et des doutes.

Des notabilités et les gouverneurs des cinq provinces de l'espace kasaïen participent au forum mais l'opposition, elle, a décliné l'invitation. Elle exige une enquête avant tout, et qualifie la rencontre actuelle de « mini congrès » du PPRD...

Le vice-Premier ministre en charge de l'intérieur est lui à Kananga depuis dimanche et dès son arrivée, Emmanuel Ramazani Shadari a annoncé les règles du jeu. Selon lui « il faut une conférence où les gens doivent se parler, les gens doivent se regarder dans les yeux, pour qu'on se dise la vérité, pour qu'on dise plus jamais ce qui s'est passé dans l'espace kasaïen... ».

Des appels à la réconciliation et à la paix ont précédé la tenue de ces assises. Relayés par les réseaux sociaux, plusieurs leaders politiques et autres notabilités du Grand Kasaï ont insisté sur l'importance de la repentance avant toute réconciliation.

La repentance avant la réconciliation

« Tout ce qui peut ramener la paix dans le Kasaï est à encourager. » Pour Anaclet Tshimbalanga, habitant du Kasaï et expert en gestion des conflits coutumiers, les autorités vont dans le bon sens. Mais pour que le Forum fonctionne, il faut que les bonnes personnes, les vrais acteurs, soient conviées à s'exprimer.

« Ce qui est très important, c’est de cibler les personnes qui sont les véritables représentants des communautés qui sont en conflit, donc je pense aux chefs coutumiers, aux leaders communautaires des milieux ruraux qui ont été fortement éprouvés et qui sont dans le besoin d’exprimer leurs véritables problèmes », préconise-t-il.

Rétablir une cohabitation communautaire pacifique, c'est l'objectif de ce Forum, et le souhait bien sûr de tous les habitants du Kasaï. Mais la paix ne se décrète pas du jour au lendemain. « La paix est un véritable processus. Peut-être qu’ils peuvent commencer par ça et organiser des séances d’écoute pour appeler les uns et les autres à s’écouter. Mais si c’est pour trois jours, ce n’est pas suffisant », avertit Anaclet Tshimbalanga.

L'opposition n'y croit pas

Qui a fait quoi ? Qui a tiré le premier et comment en est-on arrivé là ? Comment et pourquoi la tragédie n'a-t-elle pas été évitée ? Autant de questions posées par le député de l'opposition Claudel Lubaya qui, comme d'autres élus de son obédience, a décliné l'invitation. Selon cet élu de Kananga, en l'absence des réponses claires à toutes ces questions, convoquer un forum sur la paix et le développement c'est souiller la mémoire des victimes et une fois de plus se moquer de tout un peuple.

Selon un bilan de l'Eglise catholique, les violences dans le Kasaï ont fait plus de 3 000 morts et plus d'un million de déplacés en un an.

Le rapprochement à risque de l’Afrique avec Israël

Jean-Philippe Rémy (Johannesburg, correspondant régional) - LE MONDE - Le 18.09.2017 Malgré le report du sommet de Lomé, l’Etat israélien va poursuivre son lobbying sur le

continent pour gagner des débouchés commerciaux et du soutien dans les instances internationales.

Peut-être l’ignorent-ils, mais en descendant en masse dans la rue pour réclamer le départ du président Faure Gnassingbé, les opposants du Togo ont déjà contribué à faire tomber quelque chose : le projet d’un sommet Afrique-Israël qui devait se tenir à Lomé pendant quatre jours, à partir du 23 octobre. Un sommet qui se promettait d’être la célébration de relations nouvelles entre une partie des pays du continent avec Israël. Le sommet est officiellement « reporté », mais il n’aura sans doute jamais lieu à Lomé.

Il n’entrait pas dans l’intention des manifestants togolais de s’opposer à la tenue de cette réunion. Les revendications de la rue, celles des dirigeants de l’opposition, se sont focalisées sur des questions nationales, et notamment la manière dont est dirigé le pays.

Le sommet Afrique-Israël, dans ce contexte, c’était un peu l’invité encombrant, arrivé mal

(12)

à propos.

De fait, il aurait été inconcevable de réunir des chefs d’Etat et une importante délégation israélienne – comprenant les représentants de 150 entreprises – dans une capitale où plane le risque de violences et de débordements. A ceci s’ajoute la perspective de développements dans les démêlés judiciaires de l’épouse du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans un dossier de corruption potentielle. « Comment parler tranquillement d’affaires ou de sécurité pendant que la rue brûle juste devant l’hôtel de la conférence et qu’un processus judiciaire est en cours touchant l’invité de marque ? », s’interroge une source proche du dossier.

Dans d’autres parties du continent, il aurait été inimaginable qu’un tel sommet se tienne.

Au Niger, des émeutes ont éclaté pour moins que ça. Les dirigeants savent que cela pourrait apparaître comme un élément provocateur dans certaines régions à majorité musulmane.

Mais, au-delà de la question religieuse, les opinions publiques de bon nombre de pays d’Afrique sont opposées à l’idée d’un rapprochement avec Israël en raison de sentiments de solidarité avec le peuple palestinien. Il y a peu, c’était aussi la position de la plupart des gouvernements, ou des institutions régionales ou continentales africaines. Or un chemin a été parcouru par certains dirigeants en l’espace de quelques années pour se rapprocher de l’état d’Israël, qui a beaucoup à offrir : des investissements dans des secteurs pointus, de l’expertise dans des domaines tels que l’agriculture et les hautes technologies. Ceux, également, de la surveillance et de la sécurité, au sujet desquels les populations se demandent si elles ont plus de chances d’en être les cibles que les bénéficiaires.

Jouer du « soft power »

Israël, comme les autres pays impliqués dans la volonté d’exercer une influence en Afrique (dont la France), joue aussi du « soft power ». Qui a volé en urgence au secours des habitants de Freetown, en Sierra Leone, où un glissement de terrain gigantesque a fait des centaines de morts en août et entraîné de nombreuses destructions dans une molle indifférence internationale ? Mashav, l’organisation humanitaire israélienne. Cela, naturellement, n’a pas le pouvoir de faire basculer en une nuit l’opinion de tout un continent, d’autant que, dans certains pays, notamment ceux de la bande sahélienne travaillés par des tendances de l’islam rigoriste, le sentiment anti-israélien peut potentiellement être à l’origine de fortes tensions, voire de violences.

Les dirigeants togolais avaient-ils, du reste, bien soupesé l’importance symbolique de ce sommet ? Pour expliquer son annulation, les sources officielles, à Lomé, se sont hâtées de mettre en avant le rôle négatif des pays africains souhaitant boycotter ce rendez-vous, en désignant sans les nommer les « coupables » que seraient l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Algérie, le Zimbabwe et d’autres pays du Maghreb ou d’Afrique australe. Or, aucune de ces nations, séparément ou collectivement, n’aurait eu le poids suffisant pour empêcher le sommet. Et c’est la véritable nouveauté, à l’échelle de l’Afrique.

Combien de pays comptaient se rendre à Lomé ? Difficile de le savoir avec certitude, tant les pays demeurent évasifs sur le sujet. Matshidiso Motsoeneng, analyste au centre de réflexion Afro-Middle East Centre (AMEC) de Johannesburg, a passé des semaines à faire le compte, en essayant de comprendre les intentions de chaque gouvernement. Elle arrive à un chiffre de vingt-cinq pays participants. « La plupart de ceux qui ont annoncé clairement leurs intentions à ce sujet sont ceux qui ne souhaitent pas, justement, participer à ce sommet, comme le Botswana », note-t-elle.

Cette gêne aux entournures ne refroidit en rien les intentions des adeptes du rapprochement avec Israël. Le sommet pourra du reste se tenir, plus tard, dans une autre capitale africaine, jugée assez sûre et assez amicale. Ce pourrait être, par exemple, à Malabo (Guinée équatoriale) ou à Kigali (Rwanda), ville qui avait été envisagée initialement comme le lieu idéal pour la première édition de la rencontre. « Il était impossible d’organiser le sommet au Rwanda alors que le président Kagamé s’apprête à prendre la tête de l’Union africaine [le 1er janvier 2018] et ne peut donc pas se permettre d’avoir des dissensions continentales sur le dossier des relations avec Israël », note une bonne source.

Relations discrètes

Dans la relation avec Israël, rien n’est simple. Schématiquement, l’Union africaine (UA) –

(13)

et l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui l’a précédée – a été dominée par une prise de position majoritairement pro-palestienne depuis la guerre des Six Jours (1967) puis celle du Kippour (1973). Mais, en parallèle, Israël avait préservé ou développé des relations discrètes avec certains alliés : le Kenya, l’Afrique du Sud de l’apartheid et ses satellites ou obligés, comme le Bophuthatswana, un « bantoustan » sud-africain, pur produit du pouvoir blanc de Pretoria reconnu nulle part ailleurs, qui a eu sa petite représentation diplomatique, un temps, à Tel-Aviv.

Israël avait cependant connu une période infiniment plus harmonieuse avec l’Afrique des années 1950 et 1960, accédant alors aux indépendances, et nourrie par l’idée d’un destin commun entre ex-victimes de la domination européenne. L’Etat d’Israël avait obtenu, à une époque, un statut d’observateur au sein de l’organisation panafricaine, avant de se la voir retirer à la demande expresse du « Guide » libyen, Mouammar Kadhafi, lors de la création de l’UA, en 2002. Depuis, Kadhafi n’est plus de ce monde, et la realpolitik, les intérêts particuliers, ont gagné du terrain.

Se rapprocher de l’Afrique est donc un objectif réaliste de la politique étrangère israélienne, à la fois pour assurer de nouveaux débouchés aux sociétés israéliennes, se positionner près de terrains où opèrent des groupes djihadistes, gagner de l’influence là où, en théorie, l’Iran, grand ennemi d’Israël, risque de chercher à en acquérir (en Ethiopie, par exemple).

Mais enfin, et surtout, pour faire sortir les pays africains de l’ensemble des nations habituées à voter contre Israël dans les organisations internationales. « M. Nétanyahou a comme volonté de casser le bloc africain », résume Steven Gruzd, qui dirige la recherche sur les relations Israël-Afrique à l’Institut de relations internationales d’Afrique du Sud (SAIIA). « Lomé a voté contre une résolution de l’Agence atomique internationale (AIEI) en septembre 2015 qui aurait contraint Jérusalem a ouvrir ses sites les plus sensibles aux inspections internationales et s’est abstenu sur la résolution de l’Unesco d’octobre 2016 niant les liens séculaires entre [le site du mont du Temple à] Jérusalem et le peuple juif », annoncent (www.africaisraelsummit.org) les organisateurs du sommet Afrique-Israël. Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, qui se félicite déjà d’avoir rétabli des relations diplomatiques avec la Guinée, vise à présent le même objectif avec le Tchad, et songe même à s’efforcer d’y parvenir avec un ennemi jusqu’ici irréductible : le Soudan.

Divisions et contradiction

C’est compter sans certains obstacles et réticences, et prendre le risque aussi d’explosions çà et là, lorsque la scission entre dirigeants et populations rend le milieu inflammable. Rien de tout cela ne serait cependant envisageable si un « coming-out » ne s’était opéré dans certaines capitales africaines qui ont entretenu des relations discrètes avec Israël au cours des dernières décennies. Israël, en tant que nation, était associée encore récemment à sa collaboration avec l’Afrique du Sud de l’apartheid et ses alliés au temps de la guerre froide, comprenant le Zaïre de Mobutu, l’Unita de Jonas Savimbi en Angola, laquelle avait des relations privilégiées avec la Côte d’Ivoire, le Gabon et le Togo de Gnassingbé Eyadéma, le père de l’actuel chef de l’Etat. Mais aussi à des amis plus discrets, comme le Rwanda, l’Ouganda, le Ghana et, à nouveau, l’Ethiopie. « La Palestine n’est plus vue à travers l’angle d’un mouvement de libération, résume Na’eem Jeenah, directeur exécutif de l’AMEC, mais comme une entité politique comme les autres. Et que peut-elle apporter, cette entité ? Rien du tout. Pour certains pays du continent, la notion de solidarité est en train d’être remplacée par la notion d’intérêts particuliers. »

L’Afrique du Sud incarne cette transformation en sourdine. Le Congrès national africain (ANC, au pouvoir) ne perd jamais une occasion de soutenir publiquement la cause palestinienne et compare assez régulièrement la politique israélienne à une version édulcorée de l’apartheid. Mais, en juin, au moment de discuter, en termes précis la position à adopter vis-à-vis du sommet Afrique-Israël lors de la conférence de politique nationale de l’ANC, les membres de la commission des affaires étrangères se sont écharpés. Et ont été incapables de se mettre d’accord sur un geste de protestation – comme la fermeture de l’ambassade à Tel-Aviv, qui avait été envisagée.

Pourquoi ? « Les relations d’affaires jouent un rôle de plus en plus important », glisse une source qui fait le lien entre les deux pays. Le volume d’échanges entre Israël et l’Afrique du Sud augmente de 10 % par an. Il y a, au fond, un discours pour le domaine public, et

(14)

des intérêts personnels, parfois troublants, pour le reste. La contradiction est au cœur de cette vaste question. Alors que le premier ministre israélien répète à la moindre occasion son slogan « Israël est de retour en Afrique, et l’Afrique est de retour en Israël », il a déclaré à Tel-Aviv, dans un quartier où vivent des migrants africains : « Nous rendrons le sud de Tel-Aviv aux citoyens d’Israël. »

Un rapport du GEC tente de déterminer les auteurs des tueries de Beni RFI - le 19-09-2017

Qui sont les tueurs de Beni ? C'est une question lancinante en République démocratique du Congo. Dans ce territoire du Nord-Kivu, entre 2014 et 2016, des massacres de masse ont été perpétrés contre des civils. Le gouvernement congolais et l'ONU ont souvent répété que ces massacres avaient été perpétrés par les ADF, des rebelles islamistes ougandais réfugiés au Congo depuis les années 90. Un nouveau rapport du groupe d'études sur le Congo (GEC), qui dépend de l'université de New York, tente de faire la lumière sur ce drame en nommant des acteurs et surtout en essayant de déterminer leurs motivations.

Ce rapport est basé sur 249 entretiens effectués entre 2015 et 2017, des victimes, des témoins et même des auteurs de ces massacres.

Pour le groupe d'études sur le Congo (GEC), il ne faut pas s'intéresser qu'aux années 2014, 2015 et 2016 pour comprendre le drame de Beni, puisque les tueries, bien que plus limitées, ont commencé dès 2013 dans un contexte bien particulier, celui de la rébellion du M23. Dans le territoire de Beni, selon ce rapport, des groupes armés auraient voulu créer une nouvelle rébellion et gagner en autonomie vis-à-vis de Kinshasa.

Au premier chef, d'anciens leaders de l'APC, la branche armée d'une des rébellions de l'Est, celle dirigée par Mbusa Nyamisi. Mais le GEC dit ne pas avoir pu lier l'ex-ministre des Affaires étrangères aux tueurs de Beni. Les ADF, eux, ont participé pour des raisons de survie, comme des chefs locaux le plus souvent issus de minorités qui s'estimaient défavorisées. De son côté, le M23 en aurait juste profité pour recruter.

Pour la deuxième vague, la plus connue, entre 2014 et 2016, Kinshasa a repris le dessus à Beni à la faveur d'opérations militaires. Le groupe d'études sur le Congo identifie les mêmes types d'acteurs (ex-APC, ADF, chefs locaux) mais une nouvelle dynamique concurrentielle entre les réseaux implantés à Beni et des officiers de l'armée congolaise.

Les premiers massacres en octobre 2014 seraient bien du fait des ADF et de leurs alliés.

Mais très vite, avec l'arrivée du général Mundos à Beni, certains officiers de l'armée congolaise, dont ce général, auraient eux-mêmes infiltré et contrôlé certains de ces groupes et orchestré leurs propres tueries.

Le gouvernement congolais a toujours démenti l'implication du général Mundos dans les violences de Beni. C'est le groupe d'experts qui avait été le premier à le citer comme l'un des instigateurs des tueries, il est depuis sous sanctions de l'Union européenne, ce que Kinshasa a vivement critiqué.

Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi demandent une transition sans Joseph Kabila Jeune Afrique / AFP - le19 septembre 2017

Les deux figures de l'opposition congolaise Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi ainsi que trois représentants de la société civile et de mouvement citoyens ont signé lundi à New York un communiqué dans lequel ils demandent une transition sans le président Joseph Kabila pour préparer des élections en République démocratique du Congo.

Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi ont co-signé un communiqué lundi 18 septembre à New York, où les Nations unies tiennent mardi une réunion sur la crise en RDC liée au maintien au pouvoir du président Kabila, dont le second mandat a pris fin le 20 décembre 2016, la Constitution ne lui permettant pas de briguer un nouveau mandat.

Dans leur communiqué, signé également par André Mbata Mangu (directeur exécutif de l’Institut pour la démocratie, la gouvernance, la paix et le développement en Afrique), Paul Nsapu (secrétaire général de la FIDH en charge de l’Afrique) et Floribert Anzuluni (coordonnateur du mouvement citoyen Filimbi), les deux opposants pointent la responsabilité de Joseph Kabila « dans le non-respect de la Constitution et de l’accord du 31 décembre 2016 » qui prévoyait des élections d’ici décembre 2017.

« Pour prévenir le vide juridique et le chaos dans la perspective de la non-tenue des

(15)

élections le 31 décembre 2017 au plus tard, (nous) exigeons une transition sans M. Kabila, devenu illégal et illégitime », écrivent les deux leaders du Rassemblement de l’opposition et leurs cosignataires.

Cette transition sera « conduite par des personnalités éminentes consensuelles chargées de préparer les élections démocratiques, libres, transparentes et paisibles qui ne sont pas possibles, ni avec M. Kabila ni avec la commission électorale (Céni) dans sa configuration actuelle », ajoutent-t-ils.

Les signataires rejettent d’avance « tout projet de référendum constitutionnel » qui modifierait la Constitution sur la question du nombre et de la durée du mandat du président de la République.

Carnage à Kamanyola: 36 réfugiés tués par les militaires en guise de représailles

Colette Braeckman – Le Soir – le 20 septembre 2017

Kamanyola, sur la frontière entre le Sud Kivu et le Burundi, dans la plaine de la Ruzizi fut longtemps célèbre pour le monument que le président Mobutu y fit construire en souvenir d’une mémorable victoire remportée sur les rebelles en 1964 . Aujourd’hui la petite localité est le lieu d’une tuerie de grande ampleur : au moins 36 réfugiés burundais ont été tués par l’armée congolaise et 183 blessés ont été dénombrés, dont plusieurs grièvement atteints.

Selon un témoin oculaire, des affrontements entre des réfugiés burundais et les forces congolaises ont commencé lorsque les Burundais, munis de couteaux, de bâtons, de machettes ont attaqué un bureau de l’ANR (agence nationale de renseignements congolaise) et tenté de le détruire. Au cours de l’échauffourée, un policier congolais et un militaire ont été tués. L’officier qui a été inhumé samedi, Mbuza Ndando, était le fils de l’ex commandant de la 10eme région militaire du Sud Kivu, le général Mbuza Mabe. « Leurs corps ont été déchiquetés » nous assure un témoin. Les militaires congolais ont alors tiré à balles réelles sur la foule des réfugiés en fureur. Les manifestants burundais entendaient protester contre le fait que, quelques heures auparavant, quatre de leurs compatriotes avaient été arrêtés par la police congolaise alors qu’ils fabriquaient des armes blanches.

Les réfugiés craignaient que leurs compatriotes soient ramenés à la frontière de leur pays et remis aux forces de sécurité burundaises. Au Sud Kivu, de nombreuses sources assurent que, lorsque des opposants burundais sont ainsi reconduits manu militari dans leur pays, ils sont d’abord interrogés par les services burundais puis exécutés.

Dans le cas actuel, les réfugiés burundais, des Hutus, sont des adeptes d’une prophétesse appelée Zebiya, réputée pour accomplir des miracles après avoir eu des visions de la Vierge. Alors qu’autrefois les adeptes de Zebiya se rassemblaient à Kayanza au Burundi, un certain nombre d’entre eux, opposés au président burundais Pierre Nkurunziza et se plaignant de persécutions religieuses se sont réfugiés depuis cinq ans au Congo et en particulier dans un camp installé à Kamanyola où ils sont plusieurs milliers.

Cette présence de réfugiés non loin de la frontière et donc au mépris des règles internationales en la matière inquiète le pouvoir de Bujumbura, qui redoute des infiltrations d’opposants armés et dont les services de sécurité collaborent avec l’ANR congolaise.

La situation au Sud Kivu est en effet très complexe : à Bukavu, il n’est pas rare de rencontrer de jeunes Burundais, Hutus ou Tutsis, mais tous opposants au président Nkurunziza, qui assurent qu’après avoir quitté leur pays via le Rwanda, ils ont transité dans des camps de réfugiés au Rwanda puis, de là, ont gagné le Sud Kivu, quelquefois dotés de fausses cartes d’électeur congolaises afin de déjouer les soupçons de complicités rwandaises ! Cette présence de nombreux réfugiés burundais au Sud Kivu, dont des opposants armés, a incité Bujumbura à pratiquer à son tour des infiltrations : des miliciens Imbonerakure (de jeunes Hutus recrutés par le régime) ont été envoyés au Sud Kivu et aideraient les militaires et policiers à démasquer et neutraliser leurs compatriotes. Selon des sources locales, la violence des affrontements est due au fait que, parmi les policiers congolais qui tentaient de maîtriser les réfugiés, se trouvaient des hommes s’exprimant en kirundi mais portant des uniformes congolais.

La Monusco a dénoncé une escalade de la violence et déclaré que les forces de défense et de sécurité congolaise auraient « ouvert de feu de manière disproportionnée » et le chef

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

Huit hauts responsables de l’appareil sécuritaire de République démocratique du Congo (RDC) et un ex-rebelle ont été sanctionnés par l’Union européenne (UE) pour leur rôle

Kabila avait l’occasion, dans la ligne de son rôle officiellement affirmé de « conciliateur », d’embarrasser considérablement le Rassop tout en paraissant lui donner

2° - Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas

1 Voir l’enquête RFI :Qui est Célestin Kanyama la machine à tuer de Joseph Kabila? Objet de sanctions financières ciblées par les USA depuis le 23 juin 2016 Le général Kanyama

Celle-ci fixe certains délais : les élections devraient être convoquées dans quelques jours, se tenir en novembre, et désigner alors un successeur à qui JKK passera la main le

Sous la supervision du facilitateur de l’Union africaine (UA), le Togolais Edem Kodjo, les travaux du dialogue national, initié par le président Joseph Kabila pour tenter de sortir

Trente-six civils ont, selon un bilan officiel, été tués dans la nuit de samedi à dimanche à Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo, provoquant la colère

Faites le total : les Congolais, qui doivent impérativement se méfier les uns des autres, sont invités à se rendre à l’invitation d’un « facilitateur » qui ne convainc personne