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23-02-19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) SOMMAIRE

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23-02-19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

SOMMAIRE

Administrée par la Belgique, la Maison Schengen avait été fermée en février 2018 à la suite d’une escalade dans les relations diplomatiques entre la RDC et le gouvernement belge. Le Gouvernement congolais avait alors signifié à la Belgique sa volonté de fermer cette sorte de consulat de l'UE géré par Bruxelles pour le compte de 17 pays membres plus la Norvège.

Pour y mettre fin, un accord a été conclu en vue de sa réouverture. C’est le sujet le plus abondamment traité par les médias kinois en ce samedi 23 février 2019

Maison Schengen

« Signature d’un accord visant la réouverture de la maison Schengen », rapporte Le Bulletin de l’ ACP. La République démocratique du Congo et l’Union européenne ont signé vendredi à la cité de l’Union africaine à Kinshasa, un protocole d’accord en vue de la réouverture dans la capitale congolaise de la maison Schengen.

Ce média fait savoir que la signature de cet accord est intervenue après les travaux de la commission technique RDC-Belge, sous la direction du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

La RDC a été représentée à la signature de cet accord par le conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, François Beya tandis que la partie UE était l’a été par le chargé d’affaires par intérim du Royaume de Belgique, Philippe Bronchain, précise le bulletin quotidien.

Les deux parties ont convenu des modalités devant mener à la réouverture de la maison Schengen, sur base des travaux de la commission technique RDC-Belgique chargée de la résolution de la crise, écrit l’ACP.

Le site de VOA titre que la RDC et la Belgique sont d'accord pour la réouverture de la Maison Schengen. Selon ce site, un diplomate européen et un responsable de l'ancienne Maison Schengen de Kinshasa ont confirmé l'authenticité de ce document qui détermine les obligations des parties.

"La Maison Schengen rouvrira sous un autre label, défini après consultation des partenaires de l'espace Schengen", lit-on dans le document intitulé "Accord visant la réouverture de la Maison Schengen".

Actualité.cd rapporte la signature ce vendredi à Kinshasa de l’accord sur la réactivation de la Maison Schengen. A en croire ce média, le gouvernement congolais et la délégation de l’Union européenne vont signer, ce vendredi, un accord sur la reprise des activités de la Maison Schengen, à Kinshasa. La cérémonie est prévue cet après-midi à la Cité de l’Union africaine.

Félix Tshisekedi a annoncé, le 15 février 2019, avoir "instruit" la partie congolaise de

"finaliser rapidement" les discussions pour la "réactivation" de ce dispositif d’octroi du visa Schengen à partir de la capitale congolaise.

Félix Tshisekedi avait déjà discuté de cette question avec Federica Mogherini, Haut représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, en marge de la 34ème session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine.

Et RFI de conclure que c'est bien la Belgique qui va continuer de gérer cette institution communautaire au quotidien. Et ce, même si la fermeture de la Maison Schengen avait été décidée par Kinshasa à un moment de tensions dans les relations avec son ancienne puissance coloniale.

RDC/ USA

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Le Bulletin de l’ ACP annonce en couverture que les Etats-Unis promettent d’apporter leur soutien politique au Président Félix Tshisekedi. Selon le bulletin quotidien de l’avenue des marais, l’envoyé spécial des Etats-Unis d’Amérique dans la Région des Grands-Lacs, John Peter Pham, a déclaré vendredi, à l’issue d’un entretien à la cité de l’Union africaine avec le Président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo, que son pays va apporter son soutien politique au Président de la République et va accompagner son programme choisi par le peuple congolais.

L’ACP poursuit que l’émissaire du président Trump a également exprimé la disponibilité de son pays d’accompagner le gouvernement de la RDC dans la lutte contre la corruption, dans la construction, la promotion des droits de l’homme, le sens de l’intégrité territoriale de la RDC et le développement durable.

Mais l’Info en ligne des Congolais de Belgique annonce « Corneille Nangaa de la CENI interdit d'entrée aux USA »

« Dans une note diffusée le vendredi 22 février 2019, le Département d'Etat américain a annoncé une restriction de délivrance de visa à plusieurs personnalités congolaises : M.

Corneille Nangaa Président de la CENI, Commission Électorale Nationale Indépendante, son adjoint M. Norbert Basengezi Katintima, Marcellin Mukolo Basengezi, conseiller du président de la CENI; M. Aubin Minaku Ndjalandjoko, président de l'Assemblée nationale sortante; et M. Benoit Lwamba Bindu, Président de la Cour constitutionnelle de la RDC, Il est reproché à ces personnalités l' « implication dans une corruption importante, des violations des droits de l'homme, des abus ou une atteinte à la démocratie ».

La note poursuit : « Ces personnes se sont enrichies par la corruption ou ont dirigé ou supervisé des actes de violence à l'encontre de personnes qui exercent leur droit de réunion pacifique et leur liberté d'expression. Ils agissaient en toute impunité aux dépens du peuple congolais et faisaient preuve d'un mépris flagrant pour les principes démocratiques et les droits de l'homme. »

La note se termine ainsi :

«Le département d'État souligne que les actions annoncées aujourd'hui sont spécifiques à certains responsables et non au peuple congolais ou au gouvernement nouvellement élu. Cette décision reflète l'engagement du Département d'État à travailler avec le nouveau gouvernement de la RDC pour concrétiser son engagement déclaré à mettre fin à la corruption et à renforcer la démocratie et la responsabilité, ainsi que le respect des droits de l'homme. »

Depuis la fin du deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête de la RD Congo en 2016, l'opposition et la société civile ont toujours dénoncé le comportement partisan de la CENI tout en considérant la cour constitutionnelle comme étant acquise à Joseph Kabila.

Ces sanctions sont peut-être un avertissement contre le clan Kabila qui s'est attribué la majorité dans toutes les assemblées parlementaires, mais elles tombent bien tard alors qu'elles étaient attendues depuis des mois ».

Mediacongo fait mention d’un avis opposé « Amato Bayubasire: « Les sanctions américaines sont inopportunes en ce moment »

« Les sanctions américaines contre six personnalités congolaises sont inopportunes en ce moment, selon le député national (UNC) Amato Bayubasire Mirindi.

Pour Amato Bayubasire, les Etats-Unis qui ont fait pression pour que le Congo ait des élections, doivent l’aider à se reconstruire. Il constate par ailleurs que c’est une contradiction de sanctionner l’organisateur des élections alors que le même pays s’est félicité de l’alternance démocratique en RDC.

« Quelle est l’opportunité de ces sanctions ? Le candidat des USA n’a pas été proclamé ? Pourtant, nous venons de suivre l’envoyé spécial des USA à la RTNC se féliciter de l’alternance obtenue en RDC, pourquoi alors en sanctionner l’ouvrier ? En interne, ces sanctions n’emballent même pas l’opinion. C’est une distraction pure. Que l’on ne se concentre à l’essentiel. », a martelé le député Amato Bayubasire.

« Cette fois, rien ne justifie les sanctions américaines contre Naanga, Basengezi, Lwamba et cie »

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« Les USA nous ont aidés à faire pression sur la CENI en 2016, nous avons eu le calendrier, maintenant que nous avons eu les élections, ils doivent nous soutenir pour la reconstruction du pays. Ces sanctions risquent de renforcer le sentiment souverainiste, y compris dans le chef de nous qui n’y croyons pas pour protéger nos compatriotes. Est-ce que les congolais auraient cru en l’élection du Président Trump ? Mais, il est le Président des américains dégagé par leurs élections. Les congolais sont tournés vers l’essentiel, goûter aux délices de l’alternance après 18 ans plus 32 ans des souffrances. Aucune distraction n’est permise », tranche Amato Bayubasire.

Celui-ci critique par ailleurs la tactique de l’opposition de l’époque (y compris son parti) en refusant la machine à voter dès le départ. Une machine qui a été un bon outil et à l’actif des acteurs sanctionnés à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI)

« Nous sommes allés aux élections, avec la machine à voter, si celle-ci avait été décriée au départ par l’opposition, dont moi-même, je constate qu’au lendemain des élections, l’essentiel des partis politiques y compris de l’opposition, avons apprécié cet outil. À Walungu, même les vielles personnes me racontaient qu’elles ont voté pour moi, qu’elles m’ont vu, ont reconnu ma figure. D’autres reconnaissaient le Président Tshisekedi qu’elles ont vu de passage à Mugogo et Walungu. Dénoncer la machine, était même une mauvaise tactique pour l’opposition, nous devrions d’ailleurs sensibiliser notre population, électrice, à s’habituer à cet outil. À suivre sérieusement, Même la frange de l’opposition qui conteste les résultats ne dénonce pas la machine », a-t-il déclaré.

Plusieurs personnalités congolaises viennent de s’ajouter au nombre des personnalités sous sanctions des États-Unis. Une annonce faite ce vendredi 22 février 2019 par les autorités américaines.

Il s’agit de Corneille Nangaa président de la CENI son vice-président Norbert Basengezi Katintima. Sur la liste s’ajoutent Marcellin Mukolo Basengezi, conseiller de Corneille Naanga, Aubin Minaku, ancien président de l’Assemblée nationale et Benoit Lwamba, président de la Cour constitutionnelle.

Les États-Unis accusent ces personnes de s’être « enrichies par la corruption ou ont dirigé ou supervisé des actes de violence à l’encontre de personnes qui exercent leur droit de réunion pacifique et leur liberté d’expression ou en raison de leur implication dans une corruption importante liée au processus électoral ».

Ce même site mentionne aussi la thèse du FCC sur la question « Sanctions américaines :

"C'est une pression morale pour obtenir la revisitation du code minier »

« Le Front Commun pour le Congo (FCC) fustige les sanctions américaines imposées à cinq personnalités congolaises. Selon l'un de ses porte-paroles, Serge Kadima, ces sanctions visent à "obtenir la revisitation du code minier". Il l'a dit ce samedi 23 février 2019 à la radio Top Congo FM.

« Ces sanctions sont une pression morale sur les collaborateurs de Joseph Kabila afin que ces états puissent obtenir gain de cause pour obtenir la revisitation du code minier qui est dans la configuration actuelle favorable au peuple congolais », a déclaré Serge Kadima.

Ce dernier pense que les raisons évoquées par les États-Unis ne sont pas objectives du faites qu'ils n'avaient pas envoyé des observateurs lors des scrutins du 30 décembre 2018.

« Je pense qu’à ce stade, il était important que les USA puissent collaborer avec les témoins et les observateurs qui étaient sur place pour faire une mise en cohérence de tous les éléments pour leur permettre de prendre une position objective », estime-t-il.

Dans communiqué publié le vendredi 22 février 2019, les États-Unis ont imposé des sanctions à Corneille Nangaa (Président de la Ceni), Aubin Minaku, Benoît Lwamba (président de la Cour constitutionnelle), Marcel Mokolo (Conseiller à la Ceni) et Norbert Basengezi (Vice-président de la Ceni). Le département d’État américain estime que ces cinq personnalités se sont laissées corrompre et sont impliqués dans les violations des droits de l’homme ».

Ituri

Mediacongo.net titre « Election du gouverneur de l'Ituri: Filimbi dans la rue pour dire non à l’imposition d’un candidat par le FCC »

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Les militants du mouvement citoyen Filimbi ont observé ce vendredi 22 février un sit-in devant la salle des plénières de l’assemblée provinciale de l’ituri pour dénoncer ce qu’ils qualifient « d’imposition du choix du futur Gouverneur de province aux députés provinciaux par une famille politique » en citant nommément le FCC.

Sur leur banderole on pouvait lire « Stop au dauphin d’Autsaï, Ituri apartient aux congolais

» faisant référence à Médard Autsaï Asenga, cadre du PPRD qui dans une déclaration faite à la presse, avait menacé les députés FCC d’invalidation au cas où ils ne choisissaient pas le candidat de cette famille politique.

« Nous disons non à la déclaration de l’honorable Autsaï, on en a assez du mal, il fut gouverneur mais il n’a rien apporté à l’Ituri. De deux il a accompagné l’ex gouverneur Abdallah Pene Mbaka qui lui aussi n’a rien laissé si ce n’est qu’un chantier au niveau du gouvernorat. C’est ainsi nous voulons un changement total et non l’imposition. Que le prochain gouverneur soit quelqu’un qui va se soucier des besoins de la population iturienne

» a déclaré Augustin Malo, coordonnateur de ce mouvement citoyen, interrogé par buniaactualite.com

Le Frond commun pour le Congo, FCC trouve sans fondement l’activité de Filimbi. Selon Ezechiel Nsekalayi, l’un des communicateurs, les élus provinciaux ont aussi une conscience.

« Cette déclaration n’angage en rien le FCC, nous avons notre ticket et nous savons bien que les députés issus du FCC vont voter pour notre candidat ; et s’il arrivait que notre candidat échoue, la faute n’ecomberait à aucun député du FCC. Nous demandons au mouvement citoyen Filimbi de ne pas troubler l’ordre public parce-que les deputés provinciaux sont des responsables et des citoyens congolais comme nous tous » a-t-il indiqué.

Haut Lomami / Alerte aux proboscidiens

Radio Okapi titre « Haut-Lomami : au moins 33.000 familles ont fui leurs habitations »

« Environ 33.000 ménages se retrouvant dans les secteurs de Bukama, Kamina et Malemba Nkulu ont fui leurs habitations entre septembre 2018 et janvier 2019, rapporte- le rapporte le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Selon ce rapport dont les informations sont confirmées par les autorités provinciales du Haut Lomami, ce déplacement est provoqué par la présence dans ces secteurs des troupes d’éléphants en divagation qui envahissent les villages.

Ces familles trouvent refuge dans d’autres villages jugés sécuritaires et à l’abri des éléphants, à l’intérieur de ces territoires.

Ces déplacements cycliques pourraient plonger la province, déjà enclavée et exacerbée par des problèmes structurels, dans une situation humanitaire sans précédent, indique le bulletin d’information de OCHA.

Selon les autorités provinciales du Haut-Lomami, 55 324 hectares des champs d'arachides, de haricots et de manioc -aliments de base- ont été détruits ; plus de 73 760 enfants de 6 à 11 ans ne vont plus à l’école depuis la rentrée scolaire en septembre 2018, soit parce que leurs écoles sont fermées, soit parce que les éléphants ont détruit les sources de revenus de leurs parents.

Les acteurs humanitaires craignent que le manque d’accès à une alimentation équilibrée et suffisante, ainsi que la perte de production agricole, sur la moyenne période, aient un impact néfaste sur les conditions nutritionnelles des populations affectées, avec un effet inévitable sur leur état de santé.

D’après les résultats de l’analyse du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) de mars 2018, le territoire de Malemba Nkulu était classé en phase 3 (phase de crise), avec crise de moyens d’existence, sur une échelle de cinq phases ».

(Protéger les espèces en voie de disparition est une bien belle chose. Encore faudrait-il que ceux qui prennent ces décisions ne laissent pas les autres régler la note. La population de toutes les espèces animales est réglée naturellement par leurs prédateurs. Mais l’éléphant n’a qu’un seul prédateur : l’homme. Interdire la chasse à l’éléphant provoque donc ipso facto une pullulation de l’espèce. Et quand un animal de 4 tonnes pullule, cela prend de la place et cela fait des dégâts. Il faut rappeler que ce qui menace la survie de l’espèce, ce n’est pas la chasse –traditionnelle ou « sportive » pour touristes friqués -mais le

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braconnage organisé en vue de la contrebande d’ivoire. C’est cette dernière qui a baissé ces dernières années, du fait s’une répression de plus en plus sévère. Il conviendrait donc de rendre à l’homme son rôle de prédateur-régulateur en autorisant la chasse pour les populations locales –et pour elles seules- et peut-être la capture, dans des limites strictes, en vue du repeuplement de zones où il y avait autrefois des troupeaux d’éléphants mais où ils font défaut aujourd’hui. Inutile de dire que la chasse procurerait aussi des ressources alimentaires. NdlR)

Presse et documents internationaux

RDC: le parti de Tshisekedi met en garde la Belgique Le Vif / Belga – le 15/02/19

Le parti du nouveau président congolais Félix Tshisekedi a mis vendredi en garde la Belgique, où vivent des poids-lourds de l'opposition, contre toute tentative de

déstabilisation visant le nouveau chef de l'Etat.

"Si la Belgique est devenue le repaire de ceux qui veulent faire la rébellion contre le pouvoir de Tshisekedi, nous disons à la Belgique que si cela continue, nous serons obligés de dire au peuple congolais que c'est elle notre ennemi numéro 1", a déclaré le président par intérim de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Jean-Marc Kabund. M.

Kabund s'exprimait devant des milliers de militants à l'occasion du 37e anniversaire du parti.

L'ex-chef de guerre Jean-Pierre Bemba et l'ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, vivent en Belgique. Ils avaient soutenu à l'élection présidentielle l'autre candidat de l'opposition Martin Fayulu, qui conteste l'élection de M. Tshisekedi et revendique la victoire..

"Nous avons gagné les élections, cette victoire n'a pas été un cadeau mais le couronnement de notre lutte", a poursuivi M. Kabund. "Et quelqu'un vient crier que nous avons volé sa victoire!", a-t-il protesté, ciblant M. Fayulu qui dénonce un "putsch électoral" organisé selon lui par l'ex-président Kabila avec la complicité de Félix Tshisekedi. "Il n'y aura pas de prisonnier politique sous notre règne. Celui qui veut critiquer le président peut le faire dans le respect de la loi", a-t-il assuré. Cependant, "ceux qui chercheront à déstabiliser le président de la République vont se confronter à la machine politique de l'UDPS [qui est]

capable de tout broyer sur son passage", a-t-il prévenu.

Depuis son investiture le 24 janvier, le président Tshisekedi a développé un discours sur l'instauration d'un État de droit et la réconciliation nationale. M. Kabund est également revenu sur les obsèques toujours différées du père de M. Tshisekedi et fondateur de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, décédé le 1er février 2017 à Bruxelles où sa dépouille se trouve toujours: "Il faut l'entrée en fonction du nouveau gouvernement. Soyez patients. Nous allons l'enterrer avec tous les honneurs".

500.000 dollars, le prix d’un siège au Sénat Hubert Leclercq – La Libre – le 16 février 2019

Ca se bouscule au portillon du Sénat en République démocratique du Congo. Et comme toujours, quand les places sont rares, les prix s’envolent. Raison de cette inflation ? La motivation des anciens ministres et autres mandataires de l’ancienne majorité qui veulent à tout prix s’offrir une immunité pour les prochaines années.

Et ils sont nombreux dans ce cas. Anciens ministres, mandataires, cadres supérieurs dans des instances lucratives qui ont eu tendance à confondre leurs intérêts personnels avec ceux de l’Etat. « Sans oublier les personnes qui sont sous l’effet de sanctions internationales », nous explique un journaliste congolais. « Aujourd’hui, certaines voix se monnaient à 100.000 dollars et comme il faut 4 à 5 voix d’élus provinciaux pour obtenir un siège, il faudra sortir entre 400.000 et 500.000 dollars pour obtenir une place au sénat

».Evidemment, tous les sièges ne sont pas touchés par cette inflation mais « ils sont très nombreux à chercher cette immunité. Voyez les commentaires de certains candidats qui

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sont obligés de jeter l’éponge parce qu’ils n’ont pas les moyens et qui se répandent sur les réseaux sociaux. On trouve même des proches du nouveau président qui doivent abandonner le combat face à des ministres ou des mandataires de la Kabilie qui ont les moyens, eux, de mettre cet argent sur la table« .

Quand on sait que le salaire mensuel des sénateurs tourne autour de 10.000 dollars, il est évident que ceux qui mettent cette somme sur la table le font pour se « mettre à l’abri », selon l’expression d’un candidat qui a dû abandonner, lui aussi, faute de moyens. « Il y a deux semaines, il fallait déjà compter 20.000 dollars par voix. En quinze jours, les prix ont été multipliés par 5, c’est du jamais vu. Certains ont vraiment peur d’être rattrapés par la justice et sont prêts à de gros sacrifices pour obtenir leur siège. Des ministres sanctionnés par les Etats-Unis ou l’Union européenne sont particulièrement généreux », poursuit notre journaliste.

Pour nombre de témoins, si on n’y prend garde, le Sénat aura des allures de « salons mondains où se retrouveront tous ceux qui ont pillé le pays », explique un autre candidat qui a dû dire adieu à un renouvellement de son mandat, faute de dollars.

« Il est vital que le nouveau président fasse auditer tous les futurs sénateurs. C’est essentiel pour sa crédibilité et celle du Sénat. Il serait sain qu’il reporte l’ouverture du Sénat pour imposer cet audit de tous les candidats. Il faut qu’on audite leur parcours, leurs avoirs, comment ils ont réussi à empocher autant d’argent parfois. Ce serait un message très fort du nouveau président et la preuve qu’il ne dépend pas complètement de son prédécesseur. »

"On a essayé de lui forcer la main": polémique autour du message de voeux du président aux ambassadeurs

RTBF - 18.02.2019

Cela s’est passé vendredi à Kinshasa. Le nouveau président Félix Tshisekedi a participé à sa première cérémonie de vœux au corps diplomatique. Son discours était très attendu, puisqu’il devait indiquer les orientations de politique internationale prises par le nouveau

chef de l’État, après la période de relatif isolement diplomatique dans lequel son prédécesseur a placé le pays.

Félix Tshisekedi marque sa différence, puisqu’il souhaite une normalisation diplomatique avec ses partenaires européens. Son discours a aussi fait apparaître un désaccord entre l’ancien et le nouveau pouvoir congolais. Le président n’a pas prononcé une partie du discours qui lui avait été préparé par le ministère des Affaires étrangères. Le passage sauté demandait la levée des sanctions imposées par l’Union européenne contre plusieurs responsables de l’appareil sécuritaire congolais.

Dans le texte du discours distribué à la presse, le président lançait une "appel pressant pour la levée du sanctions". L’Union européenne a adopté des mesures (gel des avoirs et des visas) contre 14 personnes impliquées dans des entraves au processus électoral et dans la répression violente des manifestations anti-Kabila. Des membres de l’UDPS, le parti de Felix Tshisekedi, ont été les victimes de ces exactions.

Incompréhension de la présidence

La présidence congolaise a fait part de son incompréhension sur la présence de ce passage dans la version écrite du discours. Un proche du président a expliqué à RFI que le texte avait été préparé par le ministère des Affaires étrangères, toujours dirigé par Léonard She Okitundu, un pilier du régime de Joseph Kabila. "On a essayé de lui forcer la main", assure ce collaborateur.

La République démocratique du Congo vit une période de transition. En attendant la désignation d’une nouvelle équipe, le gouvernement nommé par son prédécesseur Joseph Kabila est toujours en place et expédie les affaires courantes.

Dégel des relations entre le Congo et l'Europe

Dans le discours finalement prononcé par Félix Tshisekedi, le nouveau président prône un

"dégel des relations entre la République Démocratique du Congo et nos partenaires européens". Il préconise l’échange mutuel d’ambassadeurs dans les plus brefs délais. Pour

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le moment, la RDC n’a plus d’ambassadeur à Bruxelles, ni auprès de l’Union européenne, ni auprès de la Belgique. De même, il n’y a plus d’ambassadeur de l'UE ni de Belgique à Kinshasa. Félix Tshisekedi honore ainsi la promesse faite fin décembre, s’il était élu, de rappeler à Kinshasa l’ambassadeur européen, le Belge Bart Ouvry.

Cette normalisation diplomatique souhaitée par le nouveau chef de l’État congolais concerne également la Maison Schengen. Ce dispositif consulaire géré par la Belgique délivre à Kinshasa les visas pour 20 pays européens. Elle produisait, avant sa fermeture par Joseph Kabila en janvier 2018, quelque 25.000 visas par an. Félix Tshisekedi demande sa restructuration et sa réactivation.

A Goma, le festival Amani est aussi un pari sur l’avenir Colette Braeckman – le Soir – le 18 février 2019

Pour sa 6e edition, le festival Amani à Goma a affiché complet. Sold out ! Plus de 36.000 spectateurs, venus de l’Est du Congo et des pays voisins, ont applaudi de grandes vedettes congolaises comme Falu Ipupa ou Youssoufa, chanté la beauté de la femme africaine et surtout dansé jusqu’au crépuscule, sur la pelouse du collège Mwanga. « Quant on danse on est tous égaux » chantaient les jeunes Congolais, Rwandais, Burundais, poussés par un souffle d’optimisme sans précédent. Les années précédentes en effet, le festival avait, à chaque fois, été marqué par les incertitudes : risques de guerre, tensions pré électorales.

Cette fois, seule l’épidémie d’Ebola qui sévit à Beni et est apparue à Butembo a justifié des précautions rigoureuses : chaque participant devait non seulement exhiber son bracelet d’entrée (obtenu pour le prix modique de un euro…) mais se laver soigneusement les mains…Lucha, plus militante que jamais, a cependant fait la grimace et critiqué le fait que, dans les circonstances actuelles, on puisse faire la fête. Il est vrai que des morts avaient été déplorés dans le quartier de Mugunga, que MSF a suspendu ses opérations dans le Masisi. En revanche, le parc des Virunga est à nouveau ouvert aux touristes…

Au Congo, si on veut critiquer et se lamenter, les raisons ne manquent jamais. C’est précisément pour cela que le festival Amani n’est pas seulement un divertissement : il est aussi un acte de foi et de courage. Des milliers de jeunes bravent les incertitudes de l’heure pour se rencontrer et, en dehors de la musique, pour échanger. Des dizaines d’associations, d’ONG présentent leurs projets et mobilisent l’attention du public. Des relations se nouent, on se parle, on fait des plans, on apprend à se connaître. Lorsque les volontaires repartent, ils sont réconfortés par ces trois jours de joie et de solidarité et bien après la fermeture des barrières du collège Mwanga, alors que les cours ont repris et que la vie continue, les contacts se maintiennent. Pourquoi bouder les bonnes nouvelles, les initiatives positives ? Ceux qui croient que défendre le « Congopessimisme », c’est faire preuve d’intelligence et marquer des points sur le plan international, devraient venir à Goma. Ils y feraient le plein d’énergie et découvriraient qu’au Congo, malgré tous les malheurs, l’espoir du peuple est têtu et que l’avenir ne mérite pas d’être hypothéqué…

Comment restituer au Congo 14 crânes détenus par l’ULB?

Colette Braeckman – le Soir – le 18 février 2019

S’agirait il de l’un des derniers chapitres de la décolonisation, qui, comme les précédents, se traduit par un dialogue belgo congolais difficile mais nécessaire, assorti de polémiques, de malaise, mais aussi de bonne volonté ? Durant une journée, en présence du recteur Yvon Englert, l’ULB a tenté de faire le point sur l’un des volets les plus sensibles de sa relation avec l’Afrique centrale : le fait que l’université soit en possession de « restes humains » c’est-à-dire de 14 crânes, ramenés du Congo dans les premiers temps de la conquête coloniale, le plus souvent par des militaires. Ces crânes se trouvent en dépôt au Musée des sciences naturelles et leur existence suscite l’indignation des représentants de la diaspora congolaise, qui réclament, non sans virulence, leur rapatriement. Il est vrai que l’un de ces crânes est porteur d’une forte charge symbolique : le chef Lusinga qui s’opposait au capitaine Storms fut décapité par ce dernier et sa tête envoyée en Belgique comme trophée de guerre. A l’époque, Lusinga était présenté comme un esclavagiste, mais aujourd’hui Elikia M’Bokolo rappelle que ce « résistant » s’opposait à l’avancée des Belges

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mandatés par Léopold II et avait déclaré à Storms : « si vous venez en ami, vous serez accueilli comme tel. Si vous venez pour occuper notre pays, je vous tuerai ».

Ramené en Belgique, le crâne de Lusinga fut confié à la société d’anthropologie de Bruxelles et le professeur Emile Houzé, médecin, anthropologue et professeur à l’ULB, conclut, après examen, que le chef congolais était un être « cruel, avide et vindicatif ». Le journaliste Michel Bouffioux, qui « redécouvrit » le crâne de Lusinga, rappelle aussi qu’à l’époque, le même Emile Houzé se livrait à la comparaison des crânes des Wallons et des Flamands…

« De l’ombre à la lumière » : dans la tradition du livre examen, le colloque de l’ULB a éclairé crûment les postulats de la recherche à l’époque coloniale, qui supposait des différences entre les êtres humains. Elikia M’Bokolo rappela que les Congolais, à la veille de l’indépendance déjà, exigeaient que leur patrimoine leur soit restitué et si Maarten Couttenier, historien et membre du staff de l’actuel Africa Museum refit l’historique des crânes, des squelettes ramenés en Belgique, Alain Fromont, anthropologue au Musée de l’homme à Paris, souligna qu’au 19 e siècle, l’anthropologie physique était pratiquée dans toute l’Europe. Dans la collection mondiale de restes humains détenue à Paris, 37% d’entre eux sont d’origine française : « on mesurait et comparait les hommes, les femmes, les Bretons, les Auvergnats »… Expliquant l’anatomie génétique, la bioarchéologie, le Dr Fromont soutient que «ces restes sont les archives de l’humanité, ils doivent pouvoir être déchiffrés par les générations futures ».

En Belgique, le débat porte plutôt sur la repentance, sur les perspectives de restitution et, à entendre les représentants des Afrodescendants, il apparaît qu’au delà des restes humains, le malaise de cette communauté est suscité par la discrimination et par le manque de connaissance de l’histoire africaine (ce qui fait sursauter le professeur Pierre Des Marets qui a enseigné le sujet pendant 35 ans…). Venu de Kinshasa, l’anthropologue Placide Mumbembele évoqua l’envoi de 113 objets dans les années 70, à la demande du président Mobutu, qui furent volés dans les années 90 et il rappela les préalables indispensables à toute restitution : des garanties de sécurité et la formation d’un personnel compétent.

Elections: les cours de justice débordées par les contentieux liés aux législatives

RFI – le 18.02.2019,

Alors que les nouvelles assemblées se mettent en place, des centaines de recours sont en train d’être examinés dans les différentes cours chargées du contentieux, la Cour constitutionnelle pour les législatives nationales, les cours d’appel pour les provinciales.

Avec plus de 15 000 candidats à la députation nationale pour 485 sièges et plus de 19 000 candidats à la députation provinciale pour quelque 700 sièges, les derniers scrutins ont produit peu d’élus et beaucoup de déçus.

La Cour constitutionnelle continuait ces derniers jours à enregistrer les recours déposés après les élections législatives nationales et provinciales. Dans toutes les assemblées, largement dominées par la coalition de l'ancien président Joseph Kabila, les résultats sont très largement contestés et il reste moins d’un mois pour vider tous ces recours.

La Haute Cour de justice devrait avoir à traiter entre 800 et un millier d'affaires Pour ne pas perdre de temps, les juges ont commencé à entendre les dossiers sur le fond. La lenteur s’explique par le manque de moyens, malgré les promesses de soutien des bailleurs de fond, dit-on du côté de la Cour.

Les avocats des candidats malheureux, tous camps confondus, dénoncent un manque de transparence tant de la Cour constitutionnelle que de la Céni, la Commission électorale.

L’un des principaux problèmes évoqués est que la Ceni a proclamé les résultats provisoires des élections législatives sans attendre la compilation manuelle des résultats et sans même les publier.

Pas d'accès aux procès-verbaux

« Depuis une semaine, la Commission électorale nous annonce des résultats en salle d’audience, dit l’avoir transmis aux juges, mais nous n’avons jamais eu accès à ces procès- verbaux », renchérit un de ces avocats qui parle d’une procédure déloyale.

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Plusieurs candidats disent avoir retiré leur recours, faute de pouvoir présenter les procès- verbaux de l’ensemble des bureaux de vote de leurs circonscriptions. D’autres le feraient suite à des arrangements politiques, croient savoir leurs avocats. Autre type de recours : certains partis politiques contestent ne pas avoir atteint le seuil national de représentativité. Ils demandent à ce que l’élection de leurs députés soit validée.

Dans les cours d’appel, on observe moins d’engorgements : plus de 700 requêtes ont été enregistrées, répartis sur les cours des 26 provinces. A un mois de la fin du contentieux, aucun prononcé n’a encore été rendu.

Le MLC [Mouvement de libération du Congo] se dit harcelé par les procédures en contestation. Le parti de l’ancien vice-président et opposant Jean-Pierre Bemba, soutien de Martin Fayulu, dit devoir se défendre dans 31 procédures portant sur ses 23 sièges de députés.

Le MLC a déposé 11 recours au niveau national, plusieurs dizaines au niveau provincial.

L’UDPS [Union pour la démocratie et le progrès social], le parti présidentiel, en a lui déposé 27 au niveau national et une trentaine au niveau provincial. Avec son partenaire Cap pour le changement (Cach), il n’avait qu’une cinquantaine de députés.

Gécamines : les agents interpellent Félix Tshisekedi sur la "gestion calamiteuse" de l'ex-fleuron de l'industrie nationale

La Voix de l’Amérique – le 19.02.2019

Les salariés de l'entreprise publique minière Gécamines ont dénoncé lundi auprès du président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, la "gestion calamiteuse" de l'ex-fleuron de l'industrie nationale par un proche de son prédécesseur,

Joseph Kabila.

La Générale des carrières et des mines (Gécamines), qui exploite le cuivre et le cobalt dans la province de l'ex-Katanga, est dirigée depuis 2010 par l'homme d'affaires Albert Yuma, également président du syndicat patronal Fédération des entreprises du Congo (FEC).

Dans leur mémorandum au nouveau chef de l'État, les agents de la Gécamines accusent M. Yuma de dilapider l'argent de l'entreprise dans la rémunération des membres du conseil d'administration.

"Les dirigeants actuels ne savent pas quoi faire pour redresser la production", ajoutent-ils.

Ils affirment que la production de cobalt propre à la Gécamines est tombée de 102,2 à 61,2 tonnes entre 2017 et 2018.

La RDC est le premier producteur mondial de cobalt (80.000 tonnes en 2017), un minerai stratégique utilisé dans les batteries électriques. La RDC a cédé ses gisements à des entreprises privées à capitaux étrangers.

"Les dirigeants sont nommés sans tenir compte de leurs compétences, car le seul critère de compétence est l'appartenance à un parti politique", dénoncent par ailleurs les agents de la Gécamines.

Comme à peu près tous les salariés des entreprises publiques, ils exposent également des revendications sociales ("licenciement massif"...).

"Tout notre espoir repose sur l'esprit de changement que vous incarnez", concluent les agents de la Gécamines.

A quand la formation du gouvernement Tshisekedi ? Isidore KWANDJA NGEMBO – Afrik’com - le 19 février 2019

Vingt-sept jours après l’investiture officielle de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en tant que Président de la République démocratique du Congo (RDC), le 24 janvier 2019, la question qui est sur toutes les lèvres, d’un bout à l’autre du pays, est celle de savoir à quand le prochain gouvernement. Félix Tshisekedi n’a toujours pas donné des premiers signes annonciateurs de la formation imminente de son gouvernement. Et, plus les jours passent, plus les Congolais ont l’impression que c’est du pareil au même.

En effet, même s’il est vrai que la RDC n’a pas cpolionnu une telle passation pacifique de pouvoir dans son histoire politique, mais comme ça se passe ailleurs, habituellement juste après les élections, pendant la période officielle de transition, c’est-à-dire entre l’élection et l’entrée en fonction, le président nouvellement élu doit, sans tarder, prendre

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d’importantes décisions d’ordre organisationnel, particulièrement en ce qui concerne la nomination de futurs collaborateurs, en gardant à l’esprit la composition future du gouvernement.

Même dans le cas où la succession se fait au sein d’un même parti politique au pouvoir, le nouvel élu n’est pas tenu de reprendre les équipes sortantes. Dépendamment de la dynamique qu’il voudrait imprimer, il choisit soigneusement les proches collaborateurs qui l’aideront à concrétiser les promesses électorales, à tenir ses engagements politiques, en mettant en œuvre son programme d’action et en traduisant ses aspirations en politiques publiques.

À l’heure actuelle, les Congolais attendent avec impatience de connaître le nouveau gouvernement et de qui il sera composé pour, à la fois, dissiper les malentendus qui persistent à l’effet qu’il y aurait un accord secret entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, mais également pour à mettre en œuvre son programme gouvernemental. Mais au rythme où vont les choses, il est possible qu’ils aient à attendre encore plusieurs semaines avant de connaître les diverses personnalités qui feront partie du premier gouvernement Tshisekedi.

En effet, à la suite des élections du 30 décembre dernier, aucun des partis n’ont obtenu la majorité des sièges à l’Assemblée nationale. Ce qui revient à dire manifestement que la formation du gouvernement sera un défi de taille pour le nouveau Président.

Conformément à l’article 78 de la Constitution, le Président de la République devra nommer un informateur qui sera chargé d’identifier une coalition possible de partis politiques majoritaires. Celui-ci a trente jours, une fois renouvelable, pour identifier cette coalition requise pour former le gouvernement.

Une autre question extrêmement délicate doit absolument être réglée par Félix Tshisekedi est celui du gouvernement actuel qui expédie les affaires courantes. En effet, en tant que garant de la Constitution, le Président de la République doit veiller strictement au respect de celle-ci. Plus des trois quarts des membres de ce gouvernement se sont fait élire à l’Assemblée nationale et leurs mandats viennent d’être validés.

Un gouvernement transitoire de secrétaires généraux

Conformément à l’article 103 de la Constitution « le mandat de député national commence à la validation des pouvoirs par l’Assemblée nationale et expire à l’installation de la nouvelle assemblée ». L’article 97 souligne que « les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat électif ». Les membres du gouvernement qui ont été élus à la députation nationale doivent, dans les huit jours qui suivent la validation de leur mandat, cesser d’exercer les fonctions de ministre et aller siéger au Parlement, sinon ils auront violé intentionnellement la Constitution.

Au vu de ce qui précède, le président Tshisekedi devrait sérieusement envisager la possibilité de demander la démission de l’équipe gouvernementale actuelle et de confier la gestion des affaires courantes aux secrétaires généraux des ministères respectifs, en attendant les tractations pour la formation d’un gouvernement de coalition.

Une chose est sûre, la plupart de ces ministres n’ont plus le cœur à l’ouvrage ni même la motivation nécessaire pour apporter une franche collaboration au nouveau Président dans la réalisation de son mandat. Pour preuve, le couac diplomatique évité de justesse avec l’Union européenne lors de la présentation des vœux du président Tshisekedi au corps diplomatique, illustre bien des situations délicates qui arrivent lorsque les collaborateurs ne jouent pas la même partition. Félix Tshisekedi n’avait vraiment pas besoin d’un tel incident diplomatique en cette période où il est en train de faire, un sans-faute, ses premiers pas dans la diplomatie internationale, en tant que chef d’État, pour séduire les partenaires extérieurs..

En effet, la fonction publique est une composante importante du pouvoir exécutif et un instrument indispensable à la mise en œuvre du programme gouvernemental. Conscients de leurs responsabilités, les secrétaires généraux seraient beaucoup plus motivés à faire de leur mieux pour faire avancer l’agenda des politiques publiques qui tiennent à cœur au nouveau président et qu’il compte mettre en œuvre rapidement.

Une telle décision ne sera d’ailleurs pas une nouveauté en RDC. Si l’on remonte un peu plus dans le temps, on se rappellera que le maréchal Mobutu avait démis le gouvernement

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d’Étienne Tshisekedi, élu à la conférence nationale souveraine (CNS), pour le remplacer par un Collège des secrétaires généraux avec à sa tête le doyen d’entre eux en qualité de premier ministre.

Félix Tshisekedi doit savoir que la lune de miel ne dure pas longtemps. Les cent premiers jours sont déterminants pour présenter les priorités de son programme d’action, entreprendre des changements nécessaires et marquer son empreinte. Il faut donc agir vite, sans céder à la précipitation, mais prendre des décisions qui donnent le ton et mettent l’accent sur ce qu’il compte accomplir durant son mandat.

Les observateurs attentifs conviennent qu’il ne sera pas facile, en cinq ans, de résoudre les problèmes de la RDC : la pauvreté endémique, la pénurie d’eau et d’électricité, les soins de santé, l’éducation, les infrastructures de base, l’assainissement des villes, etc. La situation socio-économique du pays est tellement désastreuse que, tout est prioritaire et requière d’être traité de façon urgente. C’est donc un grand défi pour quiconque ferait face à des situations difficiles telles que celle de la RDC.

Cela étant, le succès du mandat de Félix Tshisekedi dépendra, entre autres, de sa capacité à bâtir la confiance de Congolais et à obtenir leur adhésion à son action gouvernementale.

Et, pour maintenir cette confiance, il devra notamment adopter une approche axée sur une communication efficace et une gestion transparente, qui soient à l’écoute des besoins de la population.

Kikwit danse avec Fayulu et accepte Tshisekedi AFP/VOA, 21 février 2019

Les habitants de Kikwit, dans l'ouest de la République démocratique du Congo, ont dansé mercredi soir avec l'enfant du pays, l'ex-candidat Martin Fayulu. Il est reparti en tournée

pour contester les résultats de l'élection présidentielle proclamés il y a tout juste un mois. La contestation de Fayulu n'empêche pas ces mêmes habitants d'accepter pacifiquement, comme dans toute la RDC, la victoire de son rival, l'autre opposant Félix

Tshisekedi, quatre semaines jour pour jour après son investiture.

La grande ville du Bandundu, située à 550 km à l'ouest de Kinshasa, a accueilli en héros M. Fayulu, qui sillonne de nouveau la RDC après la campagne électorale pour remercier ses électeurs et demander "la vérité des urnes". A Kiwkit, où des violences ont éclaté autour de l'annonce des résultats le 10 janvier, certains de ses partisans ont demandé "des armes" au "soldat du peuple", qui revendique la victoire à la présidentielle du 30 décembre avec 62% des voix. "Meetings, sit-in et manifestations", répond M. Fayulu, 62 ans, adepte de la "résistance pacifique", avec en prime quelques pas de danse sur l'estrade à chacune de ses apparitions.

Originaire du Bandundu par sa famille, M. Fayulu a appelé la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) à publier un rapport sur les violences post-électorales à Kikwit. Ces violences, dont les traces sont encore visibles sur des édifices publics, ont fait plusieurs morts et des blessés, ont confirmé à l'AFP des victimes et leurs proches. Mais elles n'avaient aucune connotation "ethnique" ou "tribale" comme on a pu le redouter, ont insisté auprès de l'AFP plusieurs sources officielles et communautaires.

- Aucun Luba visé-

Plus précisément, aucun membre de la communauté Luba (celle de M. Tshisekedi), venue des provinces voisines du Kasaï, n'a été visé. "Les voisins ne se sont pas attaqués à nous", affirme un responsable Luba, Baba Kalumba, 67 ans, dont 35 à Kikwit. "Il fallait qu'on donne à Fayulu sa victoire", ajoute-t-il pour justifier la "révolte" des jeunes de Kikwit.

Même si l'opposant de leur coeur n'a pas été proclamé vainqueur par la Cour constitutionnelle à Kinshasa, les habitants de Kikwit ont "pris acte", comme diraient les diplomates, de la victoire de M. Tshisekedi. C'est lui qui incarne désormais l'espoir infini du

"changement" après les 18 ans au pouvoir de son prédécesseur Joseph Kabila, dans une région qui manque de tout, à entendre ses habitants.

"Les élections sont passées, maintenant avançons", intervient Ange Mangangi, dont le fils, Victor Mawika, a eu le bras gauche fracturé dans les violences qui ont suivi l'annonce des résultats. "Dans le Bandudu, nous souffrons beaucoup. Il n'y a pas d'emploi. La majorité des enfants ne vont pas à l'école. Au delà de Kikwit, il n'y a plus de route", détaille la mère de famille qui a voté Fayulu comme la majorité des habitants. "Que le président Tshisekedi

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fasse tout son possible pour que la population fasse confiance aux autorités. Il doit être le père de tous les Congolais. C'est à nous de l'aider pour que le pays avance", dit-elle.

- "On a changé d'entraîneur" -

A Kikwit, la vie est encore plus difficile pour les 24.320 déplacés qui ont fui les violences au Kasaï en 2016-2018, et les milliers de Congolais expulsés d'Angola fin 2018. Ils ont tous échoué dans cette ville-carrefour qui ne compte aucune entreprise publique viable et où la

"débrouillardise" est un mode de survie. "Les élections, c'est comme un match de foot, une équipe gagne, l'autre perd, et la vie doit continuer", philosophe Daouda Kimukedi, un refoulé d'Angola. "On a un nouveau président, et nous devons tous l'aider à accomplir son projet", poursuit-il.

"Notre espoir aujourd'hui est que les choses s'arrangent avec l'arrivée du nouveau président Tshisekedi. Nous lui demandons d'ouvrir les sociétés pour créer de l'emploi, de ne plus laisser le pays entre les mains des ONG, que l'État fasse quelque chose pour tout le monde", ajoute le chef-adjoint de quartier, Crispin Matshidi. Pour lui, il n'est plus acceptable de voir une "petite minorité vivre dans l'aisance" alors "nous le peuple nous avons faim": "On a changé d'entraineur, il faut aussi changer les joueurs", dit-il en filant aussi la métaphore sportive.

Comme l'ensemble de la région du Bandundu (divisé en trois provinces depuis 2015), Kikwit qui compte environ deux millions d'habitants, est dépourvu d'un système de distribution d'eau et d'électricité depuis au moins deux décennies. "Il suffit d'un peu de volonté politique pour qu'on ait tout ça. Avec le nouveau régime, nous croyons que tout ces problèmes seront résolus nous espérons que le président Félix Tshisekedi va prendre en compte toutes les revendications de la population de Kikwit", estime le maire Léonard Mutangu Katonga. Il rapporte une information qui circule dans la presse congolaise: le nouveau président doit commencer dans le grand Bandudu une tournée dans l'intérieur de la RDC. Kikwit dansera-t-elle aussi avec Tshisekedi?

Kabila reprend sa famille politique en main AFP/VOA, 20 février 2019

L'ex-président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, est sorti de sa toute récente retraite mercredi pour resserrer les rangs de sa famille politique, qui doit devenir une "plate-forme de gouvernement" face au nouveau chef de l'Etat issu de l'opposition Félix Tshisekedi. M. Kabila, 47 ans, a transmis le pouvoir à Félix Tshisekedi le 24 janvier mais sa coalition du Front commun pour le Congo (FCC) a gardé la majorité au Parlement, d'après les résultats officiels des élections générales du 30 décembre, contestés par l'autre candidat de l'opposition, Martin Fayulu.

Un mois après la première transition pacifique dans l'histoire de la RDC, le nouveau chef de l'Etat Félix Tshisekedi n'a pas désigné de Premier ministre pour former un gouvernement. Il travaille avec l'équipe léguée par M. Kabila. M. Tshisekedi n'a pas pour l'instant choisi l'autre option que lui offre la Constitution: la désignation d'un "informateur", comme en Belgique, l'ancienne puissance coloniale, chargé d'identifier une majorité dans la nouvelle Assemblée. C'est dans ce contexte que son prédécesseur Joseph Kabila a réuni les chefs des 18 regroupements politiques de sa coalition du FCC dans sa ferme de Kingakati près de Kinshasa. Une première depuis son départ du pouvoir. Il leur a fait signer un "acte d'engagement" en sept points, en commençant par l'essentiel: "Nous réaffirmons notre fidélité et notre loyauté à son excellence Joseph Kabila Kabange, président de la République honoraire".

Les membres de la coalition pro-Kabila se déclarent "membres de la Majorité parlementaire FCC, au sein tant de l'Assemblée nationale que des Assemblées provinciales". En conséquence, ils décident de transformer le FCC, à l'origine une "coalition électorale", en

"plate-forme politique de gouvernement". Le FCC doit s'organiser comme une "coalition de gouvernement", insistent les amis de M. Kabila. Est-ce à dire que les pro-Kabila reviennent sur l'accord qu'ils négocient avec les pro-Tshisekedi pour un partage du pouvoir? En aucun cas, affirment-ils. "Je pense qu'aussi bien le chef du FCC (Kabila) que le président Félix Tshisekedi ont misé sur une coalition", a déclaré le porte-parole du gouvernement et du FCC Lambert Mende. Il existe "une proximité idéologique" entre MM. Kabila et Tshisekedi, tous deux "socio-démocrates", avance M. Mende, cité par le site d'information Actualité.cd.

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- Éviter les débauchages -

"Maintenant, l'accord conclu par Kabila avec Tshisekedi et sa coalition électorale Cach (Cap pour le changement) peut donner lieu à une vraie coalition majoritaire au parlement", abonde un autre proche de l'ancien président Kabila. M. Kabila a senti le besoin de remettre de l'ordre dans sa famille politique pour éviter des débauchages, avance un participant.

"Pendant les cinq prochaines années, aucune transhumance ou débauchage des 342 députés que compte désormais le FCC ne sera possible", décrypte-t-il, joint par l'AFP.

"L'acte d'engagement est déjà notarié", a-t-il ajouté.

L'ancien et l'actuel président congolais se sont rencontrés dimanche pour la première fois depuis l'investiture de M. Tshisekedi le 24 janvier. Des sources proches des deux personnalités ont confirmé à l'AFP que MM. Kabila et Tshisekedi avaient abordé la question de "la mise en place d'une coalition" politique en vue de la formation du gouvernement qui permettrait de gérer "ensemble" le pays. Samedi, les partisans de Joseph Kabila avaient proposé au nouveau chef de l'État "un partenariat responsable" pour la gestion du pays.

Les pro-Kabila revendiquent désormais 342 des 485 sièges à l'Assemblée mais 15 députés doivent encore être élus lors d'élections partielles le 31 mars. L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti historique d'opposition du président Tshisekedi, ne compte que 32 députés dans la future Assemblée nationale.

Au pouvoir pendant 18 ans, M. Kabila a renoncé à briguer un troisième mandat interdit par la Constitution, tout en restant au pouvoir deux ans après la fin de son dernier mandat en décembre 2016. Son "dauphin" à l'élection présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary, est officiellement arrivé troisième de l'élection de décembre 2018. Cette première passation est contestée par l'autre candidat de l'opposition Martin Fayulu qui revendique la victoire et dénonce des résultats "fabriqués" par la Commission électorale.

Elikia M’Bokolo : la Belgique rattrapée par son passé colonial Colette Braeckman - Le Soir – le 21.02.2019,

« De l’ombre à la lumière » L’Université libre de Bruxelles organise ce vendredi un colloque consacré à la gestion des collections comprenant des restes humains et se

trouvant dans les universités belges. Il s’agît d’ouvrir un débat sur les collections scientifiques constituées dans la seconde moitié du XIXe siècle, après l’apparition de

nouvelles disciplines comme l’anthropologie.

L’ULB possède en effet des crânes venus d’Afrique, déposés au Musée des sciences naturelles. Dans ce cadre, le professeur Elikia M’Bokolo a été invité pour replacer la

question dans son contexte historique.

L’héritage colonial est-il assumé par la Belgique ? Comment expliquer que des experts de l’ONU aient dénoncé un « mur de silence » sur la colonisation ?

La Belgique est en train d’être rattrapée par son passé colonial et par une sorte d’incapacité à prendre en charge les problèmes qui découlent de la colonisation. Celle-ci a été dure, du début jusqu’à la fin. Aujourd’hui on sort les dossiers de M’Siri, de Lusinga : ils étaient présentés comme des esclavagistes, mais en réalité, ils étaient les dirigeants d’Etats en train de se construire, de sociétés en recomposition après les ravages de la traite négrière.

Pour recomposer une société après l’esclavagisme, il fallait des chefs forts, des sociétés qui disposaient, bien avant l’arrivée des Belges, de ressources diverses, fournies par le commerce de l’ivoire, du caoutchouc, des métaux, comme le cuivre…Lorsque la Belgique prend pied au Congo, sous l’impulsion de Léopold II, sa population est dans une situation d’ignorance totale. Elle ne sait rien de ces sociétés d’Afrique centrale, les explorateurs comme Livingstone et Stanley sont totalement parachutés sur des terres inconnues. Il n’y avait aucune connaissance de ces sociétés.

La colonisation léopoldienne était bien différente de la colonisation française, britannique, allemande… Les Allemands avaient déjà des entreprises sur la côte orientale d’Afrique, l’Angleterre était présente sur la côte Ouest en Sierra Leone entre autres, la France connaissait les Antilles… La Belgique, elle, n’avait rien, guère de passé colonial, c’était un

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peuple que la colonisation n’intéressait pas, qui n’était pas sensibilisé aux aventures explorateurs, au thème de la conquête.

Pire encore, le peuple belge était ignorant : il ne savait pas qu’en Afrique centrale, existaient des sociétés organisées, des Etats en formation, qui entretenaient des relations économiques. Tout l’Est du Congo était en relation avec le monde swahili, avec les côtes de l’Océan Indien et donc avec le continent asiatique, le Nord du Congo était en contact avec la vallée du Nil, avec l’Islam…On a trop parlé de l’esclavage : la richesse principale du Congo c’était l’ivoire, recherché en Orient, en Inde mais aussi en Occident. Sans parler du cuivre, dont les croisettes étaient une monnaie connue jusqu’à la côte angolaise et dont on faisait des bijoux très appréciés. Je me souviens de ma grand-mère, née en 1910, qui portait de très lourds bijoux de cuivre massif, qui avaient une grande valeur…Les Belges n’ont rien vu, rien su de tout cela. On ne leur parlait que de « sauvages », vivant dans la brousse. Non seulement les Belges ne connaissaient pas le pays et ne voulaient pas le connaître, mais ils étaient pressés de l’exploiter au plus vite, d’une manière rentable. Ce qui explique les méthodes utilisées, cette extrême violence de l’Etat qui persistera jusqu’au bout…Le Congo a été totalement mal représenté en métropole…

En quoi consiste la violence de l’Etat colonial ?

Le régime colonial était très dur, et il est resté contraignant jusqu’après l’indépendance, jusqu’au milieu des années 60…Au début de la colonisation, il s'agissait de gagner de l’argent au plus vite et de rentrer dans les frais, avec le caoutchouc puis le cuivre ; on a utilisé la chicotte, la violence était très forte. Par la suite, jusqu’à la fin, le régime colonial a pratiqué une sorte d’apartheid interne : chaque jour, à 17h30, les Noirs devaient quitter les quartiers européens. La discrimination était féroce, je me souviens encore de l’avoir vécue dans mon enfance… Les Belges s’étaient aussi fabriqué une sorte de légende sur eux-mêmes, une mythologie qu’ils imposaient aux Congolais : la civilisation supérieure, la maîtrise des technologies, de l’argent…La représentation que le Belges avaient des Congolais était fausse, on les présentait comme n’ayant pas de savoir faire…Du côté belge il y eut cependant des résistances : des missionnaires catholiques du côté de l’Equateur, mais surtout des protestants…

Pourquoi les principales mises en cause de la colonisation belge sont-elles venues d’Amérique ?

Justement, à cause des missionnaires protestants, parmi lesquels des Noirs américains…Ces derniers ont prononcé des réquisitoires terribles, sans rémission. Même aujourd’hui la mémoire anticoloniale n’a pas disparu de la société congolaise : il y a encore au Congo des gens qui se souviennent des Noirs américains et qui se demandent quand ils vont revenir pour les aider…Ce sont les Américains qui ont formulé les pires accusations sur le plan international, car ils avaient des missionnaires qui les informaient sur le terrain…

Il faudrait que l’on s’attelle dans le calme aux problèmes d’histoire et de mémoire que nous avons avec la Belgique…

Pourquoi les conclusions des experts de l’ONU, formulées cette semaine, ont-elles tellement choqué en Belgique ?

Justement parce que la connaissance des faits manque encore, et que l’histoire coloniale n’est pas enseignée.. A Tervuren le nouveau musée représente un pas en avant mais il reste beaucoup à faire…Maintenant se pose la restitution d’un certain nombre d’œuvres à la RDC. Le musée va se trouver délesté de certains de ses trésors.

Encore faut-il que le musée de Tervuren accepte…

Je pense que le Congo va mettre dans la balance des arguments de poids, y compris des mesures de rétorsion…Cette question de la restitution des œuvres d’art congolaises n’est pas nouvelle, elle figurait déjà dans le dossier des négociations de l’indépendance en 1960.

La revendication est ancienne, elle a été gonflée lors des conflits qui ont opposé le régime Mobutu et la Belgique mais il s’agissait d’un problème de fond.

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Au vu du nombre de pièces qui se trouvent à Tervuren, peut-on parler d’une véritable razzia qui aurait été opérée par la Belgique ?

Du côté des fonctionnaires de l’Etat, il s’agit réellement d’une razzia, ils avaient des instructions venues de Bruxelles. Les responsables de l’Association internationale africaine disaient aux explorateurs de revenir avec des fétiches des objets rituels ; Storms a reçu une lettre lui enjoignant de ramener quelques têtes destinées aux études anthropologiques. Cela dit, les Allemands faisaient de même, mais par la suite, ils ont été beaucoup plus loin que les Belges : on a renvoyé des objets, donné des noms de rues aux chefs massacrés ; les Allemands, à la suite de Hannah Arendt, se sont même interrogés sur la relation entre ces recherches anthropologiques et ce qui s’est passé en Allemagne par la suite…

Les Congolais avaient-ils conscience d’être spoliés ?

Mais certainement, alors que ces objets rituels avaient un sens pour eux, on les en dépossédait. Les gens voyaient des missionnaires s’emparer des « fétiches », soi-disant pour les détruire alors qu’en fait ils les mettaient dans des caisses qui étaient embarquées à destination de la Belgique. Il y avait même des chansons, qui disaient : « Tout est Blanc, Jésus, la Vierge Marie… Et nous, il ne nous reste rien… »

Tout cela explique pourquoi la demande de restitution existe bel et bien au sein de la société congolaise, ce n’est pas le fait de quelques intellos, de la diaspora…Ces objets gardent de la puissance, ce ne sont pas de « choses », les gens savent que leurs objets se trouvent là-bas et qu’en plus ils rapportent de l’argent. Le dossier est important et on attend de la Belgique qu’il y ait des échanges intellectuels équilibrés entre le Congo et l’ancienne métropole…

Des experts congolais, si on recourait à eux, pourraient aussi contribuer à apaiser ces tensions…Il est étonnant de voir que ces enseignements, ces recherches, n’impliquent que peu de Congolais…. Cela perpétue des situations d’inégalité, prolonge des frustrations qui sont fondées…

« La Police a tué ou fait disparaître 34 jeunes »0 Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 21 Fév 2019

Les forces de sécurité congolaises ont exécuté sommairement au moins 27 jeunes hommes et en ont fait disparaître 7 autres au cours d’une opération anti-criminalité entre

mai et septembre 2018, dénonce l’ONG Human Rights Watch (HRW).

Les campagnes anti-criminalité menées par la police sont pour le moins expéditives en République démocratique du Congo (RDC). De tristes réputations, les opérations « Likofi » (coup de poing) se succèdent… et se ressemblent, en cumulant répression aveugle et

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exécutions extra-judiciaires . La dernière en date, l’« opération Likofi IV », a visé des membres de gangs présumés à Kinshasa. Selon Human Rigths Watch (HWR), les forces de sécurité ont exécuté sommairement « au moins 27 jeunes hommes et garçons et en ont fait disparaître de force 7 autres » entre mai et septembre 2018. « « Étrangler, abattre et faire disparaître des suspects en garde à vue n’est jamais une manière légale de lutter contre la criminalité urbaine », dénonce Ida Sawyer, la directrice adjointe de la division Afrique de Human Rights Watch.

« La plupart des victimes ont été étranglées »

Les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées documentées par Human Rights Watch ont eu lieu dans les quartiers de Kalamu, Kisenso et Limete, à Kinshasa. Selon l’ONG, les méthodes de répression sont connus et systématiques : « Des agents de police, souvent habillés en civil, ont appréhendé sans mandat des membres de gangs présumés, appelés kulunas, la nuit à leur domicile ou dans d’autres lieux. Dans de nombreux cas, la police a ligoté les victimes et leur a bandé les yeux, les a conduites vers des lieux non identifiés et les a tuées. Souvent la police a abandonné les corps des victimes près de leur maison tôt le lendemain matin. La plupart des victimes ont été étranglées dans une stratégie manifeste des autorités visant à détourner l’attention de la police ».

Les témoignages recueillis par Human Rights Watch sont édifiants : « Pour l’empêcher de crier, ils [les policiers] ont placé un [fil] noir autour de son cou. Ils ont tiré le fil très fort au point qu’il s’est mis à convulser. Il s’est touché le ventre et s’est effondré. » Ces opérations de « ratissage » ultra violent visaient des membres des gangs de la capitale, mais aussi des kulunas « connus pour mobiliser des manifestations conduites par l’opposition ». Fin 2018, la situation politique était extrêmement tendue en RDC. Le président Joseph Kabila avait reporté les élections par deux fois et l’opposition craignait qu’il ne cherche à imposer son « dauphin », Emmanuel Ramazani Shadary.

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Opération politique ?

Human Rights Watch indique que selon des sources gouvernementales, « l’un des objectifs de l’opération Likofi IV était de semer la terreur dans la capitale pour dissuader les manifestations en lien avec les élections ». Selon Ida Sawyer, « Les exécutions et les disparitions commises par la police de Kinshasa semblent avoir fait partie d’une stratégie plus large du gouvernement pour instiller la peur et dissuader les manifestations avant les élections ». Avec l’arrivée du nouveau président Félix Tshisekedi, dont l’élection est certes contestée, « la nouvelle administration devrait mettre un terme aux campagnes policières abusives et veiller à ce que les responsables de ces crimes horribles fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites » recommande Ida Sawyer. Mais pour l’heure, le nouveau président n’a que peu de moyens d’action puisque le pouvoir sortant pro-Kabila continue de concentrer tous les pouvoirs, à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans les provinces et bien sûr… au sein de l’appareil sécuritaire. Juste avant les élections, le président Joseph Kabila avait profondément remanié l’armée et la police.

4 semaines après l’arrivée de Tshisekedi, un vent d’ouverture à la RTNC RFI – le 23.02.2019

« Quatre semaines après la prestation de serment de Félix Tshisekedi, la Radio-Télévision nationale congolaise est de plus en plus ouverte à l’opposition. Des signes de

changement sont perceptibles par rapport aux années Kabila.

Félix Tshisekedi, le nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC), a prêté serment il y a un mois et, déjà, la Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC) semble s’être ouverte à l’opposition. Sur le plan éditorial, et particulièrement pour ce qui est du journal télévisé, le changement est perceptible. Les informations sur les opposants sont de plus en plus traitées et diffusées.

Il n’est pas rare, par exemple, de suivre sur la RTNC le compte rendu d’un meeting de l’opposant Martin Fayulu. Pourtant, ce dernier revendique toujours la victoire à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018. Très critique vis-à-vis du processus électoral et du pouvoir actuel, il s’est même autoproclamé « seul président légitime ».

Le syndicat de la RTNC réclame davantage de changements

Au sein de la rédaction de la RTNC, plusieurs journalistes affirment se sentir plus libres dans choix et les propositions des sujets. « Aujourd’hui, nous pouvons même critiquer les images qui nous viennent du service de presse de la présidence », soutient un présentateur du journal télévisé.

Mais bien plus que cette liberté éditoriale, le syndicat de la RTNC attend de nouveaux dirigeants. « Nous avons un barème qui traîne sur la table du ministre du Budget, affirme René Kalonda, président de la délégation syndicale. La première décision [attendue], c’est l’exécution de ce barème. La deuxième décision, c’est la redevance audiovisuelle. La troisième décision, c’est la refonte du programme et le renouvellement de l’équipement. »

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2019-02-20 Congo Notre passé colonial « en deux minutes chrono » ?

Anne-Sophie Gijs ; Professeure d’histoire de l’Afrique subsaharienne à l’université catholique de Louvain

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© CongoForum, le samedi 23 février 2019

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