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22 12 18/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) SOMMAIRE

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22 12 18/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) SOMMAIRE

En ce samedi 22 décembre 2018, une fois n’est pas coutume, notre revue de la presse congolaise s’ouvrira avec un article paru à l’étranger. C’est en effet un journal belge qui publie un témoignage qui accuse formellement le régime congolais d’être l’auteur de l’incendie du dépôt de la CENI A part cela, le report des élections reste le sujet majeur exploité par la presse parue ce matin à Kinshasa. De l’officialisation de ce report aux réactions de l’opposition, les médias commentent…

Incendie volontaire

Hubert Leclercq publie dans La Libre ce qui suit, sous le titre « RDC : Incendie de l’entrepôt de la Ceni, le témoignage qui accuse le pouvoir

« Le jeudi 13 décembre sur le coup de 2 heures du matin, un incendie embrase le dépôt de la Ceni situé sur l’avenue du Haut Commandement. Le bilan chiffré arrive très vite. Près de 8000 machines à voter sont détruites et un peu plus de 2000 sauvées. Un état des lieux précis et rapide qui pose question.

Le jour même, sans la moindre enquête, le ministre de la Communication Lambert Mende, pointe un doigt accusateur en direction de Martin Fayulu, le candidat de Lamuka qui vole de succès en succès et qui ébranle visiblement les certitudes du pouvoir quant à l’issue du scrutin.

Les rumeurs commencent à se répandre, et sont toujours vivaces aujourd’hui. Le pouvoir plancherait sur une inculpation du candidat Fayulu pour cet incendie…

L’opposition, elle, réclame une enquête internationale indépendante pour connaître l’origine de ce sinistre et, par la même occasion, le contenu de cet entrepôt. En effet, malgré les chiffres d’une précision digne de la Nasa sur les machines endommagées et celles qui ont pu être sauvées, aucun témoin n’a été autorisé à voir cette montagne de machines à voter détruites par les flammes.

Pourtant, une semaine jour pour jour après cet incendie, Corneille Nangaa utilisera l’argument de ce qu’il qualifie de « malheureux incident » et la destruction des machines et des bulletins de vote pour justifier le report d’une semaine du scrutin.

Depuis le 12 décembre, tous ceux qui connaissent un tantinet Kinshasa s’étonnent qu’un pareil incendie ait pu se développer sur une des avenues les plus sécurisées de la capitale, non loin du QG de Tango 4, du camp militaire Kokolo et des services d’incendie de la Monusco. Sans oublier que cet entrepôt devait certainement être sous la surveillance de gardiens qui ne se sont jamais exprimés.

Et pour cause… Après maintes recherches et une bonne dose de chance, nous avons pu retrouver le chef de poste qui a quitté le continent africain depuis cette date. Entretien avec un homme débrouillard et lucide.

Vous étiez de garde à l’entrepôt de la Ceni dans la nuit du 12 au 13 décembre dernier ?

Oui, tout à fait. J’étais chef de poste et j’étais avec huit hommes. Habituellement, nous sommes onze mais cette nuit-là, comme ça arrive très régulièrement, deux de mes hommes étaient absents. Des absences justifiées.

Comment le feu a-t-il pris ?

Je l’ignore. Sur le coup de 23h40, le colonel Gaga de la Demiap a débarqué avec un major et des hommes de la garde républicaine. Il a expliqué que nous devions quitter les lieux parce que le président de la république allait bientôt arriver pour visiter l’entrepôt. L’heure était tardive mais chez nous tout est possible. Le colonel a placé des hommes de la garde républicaine dans la parcelle de l’entrepôt avant de nous faire monter dans deux jeeps Land Cruiser direction le camp Kokolo situé juste à côté.

Et ensuite ?

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Nous sommes descendus des véhicules au camp kokolo, le QG de la force terrestre. Un offcier de garde est venu à la rencontre du colonel. celui-ci a expliqué que nous devions rester un certain temps dans le camp et qu’il viendrait rapidement nous rechercher.

C’est ce qu’il a fait ?

Je l’ignore. Il était à peine parti quand il a rappelé l’officier d’ordonnance pour lui dire : « les gens qui sont là ne doivent pas bouger jusqu’à ce qu’on vienne les chercher. Comme il parlait fort et que j’étais à côté de l’officier, j’ai entendu la conversation. Je suis policier aujourd’hui, j’ai le grade d’adjudant, mais j’ai une formation militaire et quand j’entends des mots comme ceux-là, je me dis que ce n’est pas bon et qu’on pourrait être arrêté sans que je comprenne pourquoi. Comme je connais bien ce camp Kokolo, j’ai pu me débrouiller pour fausser compagnie aux gardiens. J’ai appelé un ami pour qu’il vienne me chercher. Je suis resté caché jusqu’à sa venue puis j’ai fui le camp.

Vous saviez que l’entrepôt était en feu ?

Pas du tout, après avoir fui, je me sus dit que j’avais peut-être fait une bêtise. Ensuite,l’ami qui m’héberge m’a montré un peu de fumée au loin. Un camionneur nous a dt que c’était un entrepôt de la Ceni. Là, je me suis dit directement que c’était très dangereux et que tout le show de la Demiap était une mise en scène pour pouvoir bouter le feu et chercher un ou des respojsables. J’ai cassé ma carte Sim et jeté mon téléphone pour ne pas prendre de risque. J’ai immédiatement ramassé ce que je pouvais et je suis parti.

Vous savez ce que sont devenus vos collègues ?

Pas du tout. Je crains le pire pour eux, le régime a l’habitide de ne pas laisser de traces derrière lui et le colonel de la Demiap est loin d’être un saint, c’est lui qui était le commandant des opérations au Kasaï lors des massacres dans le dossier des Kamwina Nsapu.

Vos accusations sont graves !

Ce ne sont pas mes mots qui sont dures mais bien l’attitude de ces militaires proches du Kabila. je peux prouver ce que je vous dis. Vous savez comment on a coincé l’assassin de Chebeya ? Ils ont « borné » son appareil pour découvrir qu’il avait appelé maintes fois Chebeya. Les bornes des compagnies téléphoniques enregistrent tout ce qui passe dans un certain rayon. Nos autorités peuvent exiger, si elles le veulent, que les opérateurs téléphonqiues lui fassent parvenir l’activité de la borne qui se trouve à proximité de notre entrepôt. On ne peut pas tricher avec ce relevé des données. Vous constaterez que le colonel Gogo a activé la borne de notre camp vers 23 h 40 et celle du camp Kokolo dix minutes plus tard.

Qu’est-ce qu’il y a dans l’entrepôt ?

Du vieux matériel des précédentes élections. Pas de machine à voter.

Comment expliquez-vous que le service incendie de la Monusco, qui se trouve à quelques mètres, ne soit pas intervenu pour tenter d’éteindre le feu.

Je n’ai pas assisté à la scène mais on m’a raconté que le camion a tenté d’intervenir mais en a été empêché par des hommes de la garde républicaine qui lui ont intimé l’ordre du jour.

Cette info est ià rapprocher d’une autre, donnée par la RTBF, relayant le New York Times : « Présidentielle en RDC: le prix Nobel Mukwege demande la "démission" du président Kabila »

Le co-lauréat du prix Nobel de la paix 2018, le gynécologue congolais Denis Mukwege, a demandé la "démission" du président Joseph Kabila et des sanctions internationales contre lui et ses "généraux corrompus", au lendemain d'un nouveau report des élections en République démocratique du Congo.

"Le président Kabila doit démissionner, et son groupe de copains corrompus doit être remplacé", écrit le docteur Mukwege dans une tribune d'opinion publiée vendredi sur le site du quotidien américain New York Times.

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"Les Etats-Unis et d'autres puissances mondiales doivent mettre en oeuvre des pressions contre le président Kabila maintenant, pour qu'il soit bien clair que les violences des forces gouvernementales contre des civils innocents est inacceptable", a poursuivi Mr Mukwege.

"Si M. Kabila et ses généraux corrompus ignorent cela", il plaide pour l'"approfondissement et l'élargissement des sanctions existantes" de la part des Etats-Unis et d'autres pays.

"N'importe quel scénario électoral ne mènera qu'à plus de violence"

Déjà deux fois reportées depuis décembre 2016, les élections générales supposées désigner le successeur du président Joseph Kabila ont été retardées d'une semaine, à savoir jusqu'au 30 décembre, officiellement pour des questions logistiques.

"Aussi longtemps que l'actuelle gouvernance reste en place, n'importe quel scénario électoral ne mènera qu'à plus de violence, plus d'instabilité et un plus grand risque de sombrer dans la dictature", selon lui.

Le docteur Mukwege se trouve toujours en Europe depuis qu'il a reçu le prix Nobel de la paix conjointement avec la Yazidie Nadia Murad.

Son entourage a fait savoir en début de semaine qu'il retardait son retour en République démocratique du Congo prévu ce jeudi 20 décembre, officiellement pour des questions d'agenda.

Le gouvernement congolais avait salué son prix Nobel, mais regretté ses prises de position politique.

Report des élections

Le Bulletin de l’ACP titre: « Le corps diplomatique accrédité à Kinshasa informé du report des élections »

Il rapporte que le ministre d’Etat, ministre de la Justice et garde des sceaux, informé les ambassadeurs et chefs de mission diplomatique en RDC, du report des élections au 30 décembre de cette année, lors d’une communication à leur intention vendredi, à Kinshasa.

« Report élections : CACH prend acte et appelle sa base au calme et promet de poursuivre sa campagne électorale », titre, pour sa part, 7/7.cd.

Dans une déclaration lue vendredi 21 décembre par le secrétaire général de l’UDPS au siège du parti à Limete, écrit ce média, la coalition Cap pour le Changement, CACH, réunissant notamment l’UDPS et l’UNC, a condamné la violation de la loi électorale par la CENI à travers le report des élections initialement prévues le 23 décembre. Avant de prendre acte de ce report, promettant de n’accepter « aucun autre report après la date du 30 décembre, même d’un seul jour. », , rapporte le site. Ce média note également que le candidat président Félix Tshisekedi a appelé sa base au calme, à ne pas se livrer aux actes de violence et à attendre la date du 30 décembre annoncée par la CENI.

Le Potentiel, quant à lui, titre : « Report des élections au 30 décembre : Félix Tshisekedi trace la ligne rouge ».

Ce journal note que l’opposition garde son pessimisme quant à la volonté politique du régime à organiser, dans le délai, des élections libres, démocratiques et transparentes en République démocratique du Congo. « Les épisodes d’incendie controversé de l’entrepôt de la Ceni à Kinshasa suivi du report des scrutins d’une semaine ne font que renforcer ce scepticisme dans l’opposition », écrit ce journal. Avant d’ajouter que pour Félix Tshisekedi, candidat Président de la République, le 30 décembre est la ligne rouge à ne pas franchir dans l’organisation de ces scrutins.

Actualité.cd revient sur le crash d’un avion et titre : « Kinshasa : 7 morts dans le crash d’un antonov affrété par la CENI ».

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) donne le bilan du crash que

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l’antonov de la compagnie Gom’air connu, jeudi dernier, pendant son retour à l’aéroport international de N’djili. D’après la CENI, l’appareil s’est écrasé à 35 kilomètres de la ville de Kinshasa après avoir transporté des matériels à Tshikapa. La CENI signale en même temps que les kits électoraux que l’appareil avait transportés à Tshikapa (Kasaï) étaient bel et bien arrivés à destination.

(Voir aussi l’article paru sur le même sujet dans la presse internationale) Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.

L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacun de ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable.

Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout le processus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:

1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernier recensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiser des élections .

2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutre et apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.

3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en fin de mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personne consensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.

4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitement indépendant.

5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent être parfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats que des observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être, soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles ne concernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de « gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).

6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales et locales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours.

7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il ne saurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’on s’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple à l’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée.

L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectif de la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des pays africains eux-mêmes.

Presse et documents étrangers

Quand le ministre Bitakwira menace de mort les adversaires de Shadary Hubert Leclercq – La Libre – le 15 décembre 2018

Tandis que Martin Fayulu faisait une fois de plus un triomphe, ce samedi à Gbdolite, Félix Tshisekedi attrait aussi la grande foule à Lubumbashi.

De son côté, le candidat de la majorité présidentielle, Emmanuel Shadary Ramazani est toujours à la peine. Les foules sont maigres malgré les moyens dépensés et le cash distribué et les cris hostiles nombreux.

C’est ce qu’a bien compris le ministre des Relation avec le parlement Justin Bitakwira. Le

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ministre, également à pied d’oeuvre pour la campagne du candidat Shadary, malgré les interdictions légales, a mis en garde tous ceux qui, lors du passage de Shadary à Uvira, dans le sud-Kivu, pouraiient être tentés de manifester son opposition au dauphin. « Si vous n’êtes pas d’accord avec nous, taisez-vous ou restez chez vous, sans quoi vous pourriez disparaître et ne jamais revoir les vôtres », explique sereinement le ministre Bitakwira.

Une menace claire, un appel à la délation et au meurtre qui rappelle des heures sombres dans la région. Si la justice congolaise, dans un climat comme celui-ci, ne se saisiy pas de ce dossier, c’est la porte ouverte aux pires exactions. Le pouvoir de Kabila est en train de vaciller sou ses coups de boutoir des images des candidats de l’opposition.. Fayulu et Tshisekedi ont démontré que le dauphin faisait l’unanimité contre lui. Plus la campagne progresse, plus les images des succès s’additionnent grâce aux réseaux sociaux et plus la population congolaise ose se mettre à espérer une vraie alternance et ose montrer sa soif de changement.

Les propos criminels de Justin Bitakwira ne peuvent rester impunis et dire qu’il ose débuter son intervention en parlant de démocratie !

La Campagne électorale dérape

Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 16 Déc 2018

Les violences ont déjà fait 6 morts à moins d’une semaine des élections générales. Et après l’incendie d’un entrepôt contenant du matériel électoral, majorité et opposition s’accusent mutuellement de vouloir saboter le scrutin pour reporter une nouvelle fois une

présidentielle très attendue.

La campagne électorale en RDC a pris une tournure inquiétante à quelques jours de l’unique tour de scrutin, prévu le 23 décembre prochain. Des rassemblements de l’opposition ont été violemment réprimés par les forces de sécurité et les déplacements de l’opposant Martin Fayulu ont été plusieurs fois entravés. Les jets privés affrétés pour la campagne de la coalition Lamuka, portée par Martin Fayulu et soutenue par Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi, ont eu du mal à être autorisés à atterrir sur les lieux des meetings. A Kindu, fief du candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, l’avion de Martin Fayulu n’a pas reçu l’autorisation de se poser. Des avions de l’armée congolaise avaient fait le siège de la piste pour y déposer… du matériel électoral. A Goma, le décollage du jet privé de l’opposant a été retardé pendant plus de trois heures.

Fayulu non grata dans le fief de Katumbi

Mais c’est à Lubumbashi que la situation a dégénéré pour le candidat de Lamuka. Sur les lieux prévus de la rencontre publique, la police a commencé à tiré pour disperser

plusieurs centaines de personnes avant l’arrivée du candidat. Gaz lacrymogènes, canons à eau… tout a été utilisé par les forces de sécurité congolaises pour dissuader les

Katangais d’accueillir Martin Fayulu. Un bilan dressé par l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) a fait état de de 2 morts, 43 blessés dont 15 par balle.

L’ex-Katanga constitue un enjeu important de cette campagne électorale. La province représente un réservoir important de voix, mais reste également le fief disputé du président Joseph Kabila, de nombreux caciques du pouvoir, mais aussi celui de son ancien gouverneur, l’homme d’affaires Moïse Katumbi, en exil forcé en Europe, et soutien financier important de la campagne de Martin Fayulu. Le 12 décembre, la campagne de Lamuka a été de nouveau interrompue, cette fois à Kalemie, dans la province du

Tanganyika. Une jeune femme a été tuée et au moins neuf autres personnes ont été blessées, dont deux par balles.

Deux poids, deux mesures

L’autre opposant en lice dans cette présidentielle ne semble pas subir les même foudre du pouvoir. Félix Tshisekedi (UDPS) et son « ticket » Vital Kamerhe (UNC) ont pu battre campagne sans entraves, même si l’UDPS dénonce des violences en marge des

meetings. A Mbuji-Mayi, une ville acquise à l’UDPS, un militant du parti a été tué alors que le candidat Félix Tshisekedi n’était pas encore arrivé dans la capitale du Kasaï- oriental. Mais l’impression de deux poids deux mesures entre la répression accrue envers le candidat Fayulu, et une certaine mansuétude des forces de sécurité envers le ticket

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UDPS-UNC, a ravivé les tensions entre les deux principaux opposants. Le camp Fayulu accusant Tshisekedi et Kamerhe d’être des candidats autorisés par le pouvoir en vue de négocier une nouvelle transition avec Joseph Kabila.

Incendie à la CENI

Mais l’événement le plus inquiétant de cette campagne, qui pourrait remettre en cause la tenue du scrutin, est sans aucun doute l’incendie dans la nuit de mercredi 12 à jeudi 13 décembre d’un entrepôt de la Commission électorale (CENI) à Kinshasa. Les dégâts sont énormes. Selon la CENI, 77% de l’équipement qui devait être utilisé dans la capitale pour l’élection présidentielle du 23 décembre a été détruit. Environ 8.000 machines à voter sur 10.300 ont été détruites, tout comme 3774 isoloirs, 800 motos et 15 véhicules. Le

ministre de l’Intérieur a affirmé que la CENI disposait de matériel de rechange qui

pourrait être rapidement déployé et la Commission a assuré de la poursuite du processus électoral. Mais pour beaucoup, le risque d’un nouveau report des élections se rapproche.

Car pour les autorités congolaises, la piste criminelle est privilégiée. Et le coupable est tout trouvé en la personne de Martin Fayulu. L’opposant qualifié de « radical » a toujours dénoncé l’utilisation de la machine à voter, qu’il appelle « machine à voler » ou

« machine à tricher ». Dans un tweet du 13 septembre 2018, Olivier Kamitatu, porte- parole de Moïse Katumbi et soutien actif de la coalition Lamuka, menaçait d’ailleurs de les détruire. « Le rejet est total ! Si Corneille Nangaa (le président de la CENI, ndlr) s’entête à imposer ses 100.000 machines à tricher, il devra déployer derrière chacune d’elle un policier pour qu’elles ne soient pas cassées, détruites, brûlées ! Les Congolais vont se charger de faire respecter la loi électorale. »

Du côté de l’opposition, on pense au contraire que c’est le pouvoir qui est derrière l’incendie de l’entrepôt de la CENI. Face à la popularité grandissante de Martin Fayulu dans les provinces, « le régime est pris de panique » estime un cadre de Lamuka.

Vers un nouveau report des élections ?

Qui a intérêt à retarder le processus électoral ? En fait un peu tout le monde. Et tout d’abord, en premier lieu, Joseph Kabila. On se souvient que le président congolais a déjà reporté l’élection présidentielle par deux fois, car son dernier mandat était arrivé à son terme fin 2016 et qu’il n’avait plus le droit de se représenter. Mais sous la pression des manifestations populaires et des sanctions internationales, il a renoncé à se porter candidat et a consenti à organiser les élections en décembre 2018.

Mais après deux semaines de campagne électorale, on se demande si Joseph Kabila est si sûr de la victoire de son « dauphin », au moment où Emmanuel Ramazani Shadary peine à mobiliser et où l’opposition enflamme les foules aux quatre coins du Congo. Dans l’incertitude, Joseph Kabila pourrait être tenté par un troisième report, dont le scénario est prêt depuis longtemps : problèmes logistiques, retards dans le déploiement des machines à voter, des procès-verbaux papier encore bloqués en Afrique du Sud… et maintenant l’incendie de l’entrepôt de la CENI à Kinshasa. Toutes ces contraintes pourraient donner des arguments de poids aux autorités congolaises de repousser de quelques mois le scrutin.

La dernière carte de Kabila

Mais d’un autre côté, le pouvoir n’a pas tout à fait tort de penser qu’un report du scrutin pourrait aussi arranger la coalition Lamuka. Car en désignant Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition, les deux recalés du scrutin, Jean-Pierre Bemba, dont la candidature a été invalidée et Moïse Katumbi, qui n’a pas été autorisé à rentrer au pays, attendent leur tour en coulisse. Et d’ailleurs, le candidat Fayulu n’a pas été désigné pour présider à la destinée de la RDC pendant 5 ans, mais juste 2 ans, le temps d’organiser les conditions d’une élection crédible et transparente à laquelle devrait participer Jean- Pierre Bemba et Moïse Katumbi.

Un nouveau report de l’élection laisserait donc encore un peu de temps au « duo des exclus » pour négocier une nouvelle transition et leur possible retour dans le jeu

politique. Le report du scrutin, s’il est possible mais peu probable, reste la dernière carte

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de Joseph Kabila pour encore peser sur une élection qu’il n’a jamais souhaité, en tout cas pas sans sa candidature.

Processus électoral : acheminement du matériel électoral à six jours du scrutin,

"aucun retard" assure la Céni AFP / Africanews – le 17.12.2018,

Du matériel électoral en provenance d’Afrique du Sud est en cours d’acheminement vers la République démocratique du Congo à six jours de la date prévue des élections dans le plus grand pays d’Afrique sub-saharienne, a indiqué lundi la commission électorale.

“Il n’y a aucun retard. Il s’agit des matériels sensibles et le calendrier avait prévu cette activité pendant cette période”, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la commission nationale électorale indépendante (Céni), Jean-Baptiste Itipo.

“Il s’agit (…) des fiches pour la rédaction des procès-verbaux et des fiches de dépouillement”, a-t-il précisé.

“Le président (de la Céni) Corneille Nangaa séjourne à Johannesburg pour superviser le convoi des diverses fiches destinées aux bureaux de vote et de dépouillement”, avait posté samedi sur son compte twitter la Céni.

L’opération a lieu à six jours des élections dans un pays de 2,3 millions de km2 qui ne compte que 3.400 km de réseau routier asphalté pour déployer ce matériel électoral dans les 22.000 centres de vote et 80.000 bureaux.

Fin octobre, la Céni a indiqué avoir reçu de l’armée congolaise 150 véhicules de transport tout terrain et une dizaine d’avions afin de faire face au défi logistique. Les autorités ont refusé toute assistance des partenaires étrangers traditionnels y compris de la mission de l’ONU en RDC (Monusco).

Les élections présidentielle, législatives et provinciales sont prévues le 23 décembre.

L’enjeu consiste à désigner le successeur du président Kabila dans ce pays qui n’a jamais connu de transmission pacifique du pouvoir.

Dernière ligne droite avant les élections au Congo Colette Braeckman – Le Soir - le 18 décembre 2018

La République démocratique du Congo se prépare à affronter, d’ici une semaine, l’un des défis majeurs de son histoire mouvementée : des élections générales (provinciales, législatives et présidentielle) auxquelles sont convoqués 40 millions d’électeurs. Si tout se passe comme prévu, cette passation pacifique du pouvoir devrait représenter une première dans l’histoire du pays car jusqu’à présent seule la violence avait mené aux changements de régime.

Rappelons que Joseph Kabila, qui a prolongé de deux années son deuxième et en principe dernier mandat, a décidé, respectant la Constitution, de s’effacer au profit d’un dauphin, Emmanuel Shadary Ramazani. Invoquant sa souveraineté, sa dignité, le régime congolais a voulu se passer de l’assistance étrangère, en particulier celle des Nations Unies et a récusé les observateurs de l’Union européenne et les Américains du Centre Carter, n’acceptant que quelques centaines d’observateurs africains et ceux de la francophonie.

Cependant l’Eglise catholique a formé 40.000 observateurs nationaux, la société civile 20.000 tandis que les partis politiques enverront leurs propres témoins dans les 80.000 bureaux de vote à travers le pays. « Tous électeurs, tous observateurs » a lancé la société civile en appelant chaque citoyen à se montrer vigilant.

Jusqu’au bout, la campagne a été marquée par de vives tensions : jeudi dernier, un entrepôt de la Commission électorale à Kinshasa a été détruit par un incendie criminel, et 8000 machines à voter seraient parties en fumée. Si on se demande toujours qui a pu bouter le feu dans cet entrepôt gardé par l’armée, Corneille Nangaa le président de la CENI assure qu’il pourra recourir à des « stocks de réserve » afin de rééquiper les bureaux de vote de la capitale. A Beni (Nord Kivu) un entrepôt de la CENI, situé en face d’une résidence du président Kabila, a été attaqué dimanche par des hommes en armes mais l’armée a repoussé les assaillants. Si Nangaa assure qu’il garde le cap, dans d’autres milieux l’inquiétude monte : les Etats Unis ont appelé leurs compatriotes à éviter tout voyage dans l’est et le centre du pays et toutes les ambassades occidentales conseillent la plus grande

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prudence.

C’est cette semaine que les « finalistes », c’est à dire Martin Fayulu (à la tête de la coalition

« Lamuka »lle binôme Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe (« Fatshivit ») et Shadary Ramazani le dauphin de Kabila vont regagner la capitale pour y tenir leurs derniers meetings.

A ce jour, le bilan est mitigé pour Shadary Ramazani: malgré la forte mobilisation en sa faveur des FCC (Front commun pour le Congo), et même des proches du chef de l’Etat, il lui est arrivé d’être conspué, son cortège caillassé car malgré ses promesses de changement, la population voit en l’ancien ministre de l’intérieur, frappé par des sanctions européennes, la perpétuation du système Kabila. Quant au tandem Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe, il a surpris sur plusieurs points : le fils d’Etienne Tshisekedi, qui brigue la présidence, a tenu des propos modérés, acceptant dès le départ la machine à voter et il a fait le plein des militants de l’UDPS au Kasaï et ailleurs tandis qu’ au Kivu Vital Kamerhe le confortait par son indéniable popularité. En outre, les deux hommes, qui ont tenu des meetings monstres, n’ont guère été inquiétés par les forces de sécurité. Ce qui n’est pas le cas de Martin Fayulu : élu à Genève candidat unique de l’opposition puis lâché par « Fatshivit » ce dernier est considéré par le pouvoir en place comme le plus « dangereux » des opposants, le plus proche des Occidentaux. Sur ses affiches, il figure aux côtés de Jean Pierre Bemba et Moïse Katumbi ses deux alliés politiques empêchés de faire campagne. A plusieurs reprises, des tirs à balles réelles ont marqué ses déplacements et fait quatre morts, les incidents graves se sont multipliés et les Nations unies se sont inquiétées de ses conditions de sécurité. Cependant, à quelques jours du scrutin, Fayulu, qui jusqu’à présent récusait totalement la machine à voter a changé de position et accepte désormais la fameuse imprimante sud coréenne.

S’il est désormais probable, sauf accident, que les élections auront bien lieu le 23 de ce mois, il est beaucoup plus certain encore que la mise en cause de la régularité du scrutin commencera dès la clôture du vote sinon avant…

Entre Kinshasa et ses voisins, défiance et convoitise VOA – le 18.12.2018,

Si le temps des interventions armées sur le sol congolais semble relégué aux années 90, les voisins de la République démocratique du Congo veillent toujours jalousement à leurs

intérêts de l'autre côté de la frontière.

Le régime actuel en RDC, où des élections générales doivent se tenir le 23 décembre, est le produit direct de l'interventionnisme de ses voisins au cours des deux guerres régionales (1996-1997 et 1998-2003) qui ont impliqué jusqu'à sept pays africains sur son sol et fait plusieurs millions de morts.

La première s'est soldée par le renversement du maréchal Mobutu et la prise du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila en 1997, avec l'aide du Rwanda et de l'Ouganda.

La seconde, débutée par un retournement d'alliances entre le régime Kabila et ses voisins rwandais et ougandais, fut marquée par l'assassinat début 2001 de Laurent-Désiré Kabila et la désignation dans la foulée de son fils et actuel président, Joseph Kabila, à la tête du pays.

Depuis, la RDC entretient des relations complexes avec ses voisins, le plus souvent marquées par la défiance et le pillage de ses richesses naturelles.

Pour le chercheur français André Guichaoua, professeur à l'Université Paris-Sorbonne, "la valorisation des richesses minières, contrôlée par de puissants intérêts congolais, rwandais et ougandais, s'amplifie et prospère" dans l'est du pays, épicentre des crises congolaises.

"Au fil du temps, dans l'est du Congo, les différents réseaux qui pillent les ressources et qui étaient concurrents ont fini par se dire que finalement, ils pouvaient tous s'entendre sans mener des luttes à mort", décrypte Thierry Vircoulon, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Ainsi, parmi les dizaines de groupes armés et milices qui terrorisent encore les populations dans les provinces orientales du pays, on ne trouve plus de mouvement rebelle estampillé

"Rwanda" comme ce fut le cas du CNDP des années 2000 ou du M23 des années 2010.

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Ces mouvements, qui affirmaient se battre pour défendre les populations rwandophones de l'est de la RDC, avaient également l'avantage, si ce n'était leur raison d'être, de protéger des routes de trafic de minerais vers le Rwanda, ce que Kigali a toujours nié.

L'or de l'Ouganda et du Rwanda

"Vu que maintenant il y a eu une stabilisation des réseaux de pillage de l'est du Congo, on n'a plus besoin du CNDP ou du M23", résume M. Vircoulon.

"Qui donc parmi les différents groupes armés encore en présence aurait vraiment intérêt à remettre en cause les deals croisés et mutuellement avantageux qui garantissent la poursuite de la 'déstabilisation cogérée' qui s'est instaurée dans ces provinces excentrées

?" ajoute M. Guichaoua.

Dans son rapport de juin 2018, le Groupe d'experts sur la RDC mandaté par le Conseil de sécurité de l'ONU concluait qu'une "grande part de l'or vendu par l'Ouganda et le Rwanda est extrait de façon illicite dans des pays limitrophes, dont la RDC".

L'Ouganda dispose depuis 2014 d'une raffinerie d'or dont Transparency international s'inquiétait en 2017 qu'elle ne soit alimentée par du minerai venant des zones de guerre de l'est de la RDC et du Soudan du Sud.

Plus au sud, les régimes burundais et tanzanien entretiennent de meilleures relations avec Kinshasa, sur fond de convergence idéologique ou d'intérêts.

Kinshasa et Bujumbura ont signé un accord de coopération pour lutter contre l'opposition burundaise armée qui s'est réfugiée au Sud-Kivu.

Pour la Tanzanie, où le clan Kabila a vécu en exil avant la prise du pouvoir en RDC et dispose toujours d'intérêts financiers, le président John Magufuli est porteur d'un discours souverainiste africain qui fait écho à celui de M. Kabila ces derniers temps.

De l'électricité pour Pretoria ?

Côté angolais, le gouvernement du président Joao Lourenço a poussé à la tenue d'élections et à la non-candidature de Joseph Kabila à la présidentielle du 23 décembre.

Mais Luanda entend surtout protéger ses intérêts pétroliers off-shore et, à échéances régulières, reprendre le contrôle de l'exploitation des diamants dans le nord. Quelque 400.000 "creuseurs" congolais en ont ainsi récemment été expulsés ou ont fui l'Angola à la suite d'une opération des autorités.

Poids-lourd du continent, l'Afrique du Sud n'a pas de frontière commune avec la RDC mais y a été très impliquée diplomatiquement.

Pour Stephanie Wolters, de l'Institut d'études de sécurité (ISS) sur l'Afrique, le nouveau président Cyril "Ramaphosa a aligné l'Afrique du Sud sur la position de l'Angola pour presser Kabila de ne pas se représenter", un changement de cap par rapport à son prédécesseur Jacob Zuma, très conciliant avec Kinshasa.

Toutefois, tempère M. Vircoulon, l'intérêt de l'Afrique du Sud résidait surtout ces dernières années dans le méga-barrage hydro-électrique Grand Inga, sur le fleuve Congo, qui devait fournir lui fournir de l'énergie. Or Pretoria doute désormais que le projet voit jamais le jour: le parlement a demandé début décembre au gouvernement de trouver des alternatives à Inga.

De l'autre côté du fleuve Congo, à Brazzaville, on suit toujours de près les événements du voisin mais les relations sont assez distantes entre les deux dirigeants.

Quant à la Centrafrique et au Soudan du Sud, ces deux pays paraissent trop englués dans leurs propres violences pour s'inquiéter du dossier congolais.

Elections ce 23 décembre: une course contre la montre pour la Céni RFI – le 18.12.2018,

Les élections vont-elles pouvoir se tenir le 23 décembre en République démocratique du Congo ? Depuis dimanche, la Commission électorale commence à peine à recevoir les

fiches et procès-verbaux de résultats imprimés en Afrique du Sud.

Près de 166 tonnes de ce matériel sensible sont attendues d'ici à jeudi et doivent être déployés au plus tard samedi dans les plus de 21 000 centres de vote et 179 centres locaux de compilation des résultats. Des retards qui s'accumulent, mais la Céni dit faire son possible pour que le matériel soit déployé à temps.

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Les premiers lots de procès-verbaux et de fiches de résultats sont arrivés de Johannesburg dimanche dernier avec le président de la commission électorale, Corneille Nangaa, qui s'était rendu sur place pour accélérer l'acheminement. La Céni reconnait un « petit retard ». Ce sont 166 tonnes qui doivent arriver au Congo d'ici à jeudi dans quatre centres logistiques de la Commission sur la vingtaine que compte le pays. De là, ce matériel indispensable le jour du vote doit rejoindre les 21 699 centres de vote et les 179 centres locaux de compilation répartis dans les 26 provinces.

Le calendrier électoral prévoyait le 5 décembre comme date limite pour le déploiement de tout le matériel destiné aux bureaux de vote, PV et fiches de résultat compris. Des sources internes à la Céni jugeaient comme « critique » l'arrivée du matériel dans les sites de formation au-delà du 8, voire du 10 décembre et que tout retard risquait de causer des problèmes à la fois pour les formations des agents de la Commission, mais aussi pour l'ouverture des bureaux en eux-mêmes.

« Ca ne sert à rien d'être inquiet, il faut garder la tête sur les épaules », commente le rapporteur de la Céni. Jean-Pierre Kalamba dit avoir mobilisé des motos à travers le pays pour transporter « ces petits plis » d'ici à samedi.

La Céni dit aussi être parvenue à rapatrier 2 500 machines à voter à Kinshasa ce lundi.

Des machines qui doivent remplacer les 8 000 machines et autres matériels qui devaient permettre de voter dans la capitale et qui auraient brûlé jeudi dernier dans l'incendie d'un de ses entrepôts. ces machines à voter avaient commencé à être déployé en retard par rapport aux premières prévisions de la Céni.

Le gouvernement congolais avait choisi de financer seul les élections et a refusé toute aide logistique. Alors que sur les précédents scrutins, il fallait au moins 50 aéronefs pour les organiser, il y en a moins d'une vingtaine mis à la disposition à la Céni, donc c'est par route que l'essentiel du transport se fait, ce qui est très compliqué.

Matières premières : Dubaï, nouvelle destination du diamant congolais Adiac-Congo – le 18.12.2018,

Les Émirats arabes unis ont représenté le premier marché pour la République démocratique du Congo (RDC) en 2018, avec plus de trois millions de carats de diamants

importés du pays.

Les dernières statistiques officielles provenant du ministère des Mines indiquent une production de plus de sept millions de carats de diamants industriels et artisanaux, au premier semestre de l’année 2018. Les diamants exportés ont représenté globalement une valeur de quatre-vingt-quatorze millions de dollars américains.

Dans le top 5 des pays importateurs du diamant congolais au premier semestre 2018, les Émirats arabes unis avec Dubaï comme capitale, véritable plaque tournante du commerce dans le monde, sont la première destination. En chiffre, la RDC a exporté vers les Émirats arabes unis environ 3,7 millions de carats de diamants. Au premier trimestre de 2018, le volume exporté a représenté plus de vingt-huit mille carats de diamants d’une valeur de plus de vingt-quatre millions de dollars américains.

Quant à la Belgique, ancien pays de prédilection pour l’exportation des pierres précieuses, avec Anvers comme capitale mondiale du diamant, elle ne vient plus qu’en deuxième position. Au premier trimestre 2018, la RDC a exporté 1,5 million de carats de diamants vers le royaume, représentant une valeur de plus de dix-sept millions de dollars américains. La Chine vient en troisième position mais le volume reste assez bas. Au premier semestre 2018, ce volume d’exportation se situait à peine à moins deux cent trente-quatre mille carats de diamants. Ce top cinq se clôture par l’Afrique du Sud et le Botswana. Il s’agit des deux seuls pays africains qui importent le diamant congolais.

La “chevauchée fantastique” du “soldat du peuple” Martin Fayulu Colette Braeckman – le Soir – le 19 décembre 2018

Le 11 novembre dernier à Genève, à l’issue d’un vote compliqué auquel participaient les sept ténors de l’opposition, (Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Freddy Matungulu, Vital Kamerhe, Felix Tshisekedi et Martin Fayulu) c’est le nom de ce dernier qui sortit du « chapeau » du facilitateur Alan Doss. La surprise fut égale au suspense qui avait

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marqué le choix du « candidat unique » de l’opposition congolaise chargé, dans ce scrutin à un tour, de faire pièce au « dauphin” de Kabila, Ramazani Shadary.

« Fayulu, mais il n’est connu que dans la Funa » (centre de Kinshasa) « son parti, Ecide, ne dispose que d’un siège à l’Assemblée » nous déclarait alors un proche du pouvoir. Bref, un nain politique, bien incapable de se mesurer aux gros bras de la majorité présidentielle, tous requis, avec ou sans états d’âme, de se mettre au service du successeur désigné.

Quelques heures plus tard, les pronostics baissaient encore, lorsque Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, après avoir écouté une « base » soudain bien prompte à réagir, invalidaient la parole donnée, et annonçaient leur intention de faire campagne ensemble dans une « Coalition pour le changement » curieusement appelée « CaCh ». Martin Fayulu apparaissait alors bien agile, même si sa coalition, Lamuka, (l’éveil en swahili et en lingala, bénéficiait du soutien politique et peut-être des financements de deux poids lourds empêchés de se présenter, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba. Ces derniers, en échange de leur soutien, avaient obtenu une promesse de taille : Fayulu s’était engagé, s’il était élu, de se retirer après deux ans pour organiser de nouvelles élections, plus transparentes et plus inclusives, c’est à dire prévoyant le retour de ses deux alliés. Se lançant dans la bataille, Fayulu avait aussi incité les électeurs à récuser la machine à voter et à se prononcer sur des bulletins papier, au risque de voir ces votes manuels être automatiquement invalidés.

Le déroulement surprenant de la campagne a déjà frappé de péremption certaines promesses : alors que son lieutenant Kamitatu avait invité la population à attaquer sinon détruire les machines sud coréennes, Fayulu a fini par les accepter, invitant la population à voter en masse. Ses contempteurs notent que l’homme, qui est loin d’être un imbécile, n’hésite pas à changer d’avis lorsqu’il le faut : en 2011, avant promis de donner sa voix à Adam Bombole pour le poste de gouverneur de Kinshasa, il vota finalement pour André Kimbuta. Et si aujourd’hui Fayulu se retrouve en compétition avec Félix Tshisekedi, auquel il avait promis sa voix à Genève, il passait naguère pour un ami intime de la famille du défunt chef de l’UDPS…

Manifestement, la population congolaise ne s’est pas souciée de ces revirements, et les critiques de la majorité présidentielle, présentant Fayulu comme le candidat favori des Occidentaux, n’ont pas ébranlé la ferveur des foules.

Originaire du Bandundu, très populaire à Kinshasa, Fayulu n’a pas hésité à mener campagne loin de ses « zones de confort », la capitale et l’Ouest du pays.

Depuis le début, il a fait mentir la croyance selon lesquels les Congolais seraient des « tribalistes », incapables de se mobiliser pour un candidat qui ne serait pas originaire de leur région. C’est ainsi que dans l’Est swahiliphone, dans les zones difficiles de Beni, de Butembo, le candidat de Lamuka a drainé des foules compactes, enthousiastes.

S’apercevant de cette popularité inattendue le pouvoir n’a pas tardé à mettre en œuvre des stratégies de dissuasion, qui n’ont fait que renforcer l’aura de celui que l’on appelle déjà le « soldat du peuple ». Alors que Tshisekedi et Kamerhe parcouraient le pays sans être autrement inquiétés (sauf à Mbuji Mayi où un garçon de 17 ans fut abattu par la police…) et dans leurs fiefs respectifs, le Kasaï et le Sud Kivu, drainaient des foules paisibles, Fayulu, sur des terres inconnues, a rencontré à la fois la ferveur populaire et la répression, la seconde alimentant d’ailleurs la première. C’est ainsi que le 11 décembre à Lubumbashi, fief de Moïse Katumbi, des jeeps de la police ont tenté de disperser des rassemblements du candidat de Lamuka, utilisant des gaz lacrymogènes et faisant cinq morts, abattus par des tirs à balles réelles. A Kindu, capitale du Maniéma, où Emmanuel Shadary Ramazani fut gouverneur, plusieurs hélicoptères placés sur le tarmac tentèrent d’empêcher l’atterrissage du désormais dangereux rival…En plusieurs endroits, des membres de groupes de jeunes associés au pouvoir reconnurent qu’ils avaient reçu 50 dollars pour provoquer la violence durant les meetings de Fayulu, ce qui aurait permis d’invalider la candidature de ce dernier.

Même avant le dernier meeting que le « soldat du peuple » doit tenir à Kinshasa, et où le stade des martyrs lui a été refusé, et quel que soit le résultat final des élections, l’engouement pour Fayulu représente déjà l’élément principal de cette campagne hors du commun, où le président sortant ne se représente pas tout en mettant ses forces, dont la verve de son épouse Olive et certains moyens de l’Etat, à la disposition de son successeur présumé.

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Universitaire (maîtrise en économie à Paris, MBA à San Francisco) ayant fait carrière au sein du groupe Exxon Mobil, qui lui confia des responsabilités à Paris, aux Etats Unis mais aussi en Côte d’Ivoire, en Ethiopie, au Nigeria, au Kenya…) Fayulu fut aussi membre, en 1990, de l’Union sacrée de l’opposition et il participa à la Conférence nationale souveraine.

Au contraire de son rival Kamerhe ou de son sponsor Katumbi, il se montra constant dans l’opposition, coordonnant les Forces acquises au changement. Depuis longtemps ce député de Kinshasa, âgé de 62 ans, vivant des revenus de son hôtel et marié à une Camerounaise, est connu pour « mouiller sa chemise » et se joindre aux jeunes manifestants s’opposant au troisième mandat de Kabila. Il y a des années que Martin Fayulu, protestant lui-même, est familier de l’Eglise catholique et des activistes de base, qu’il soutient le combat du Docteur Mukwege, rencontre les animateurs de la Lucha et de Filimbi, fréquente quelques ambassades européennes. Même s’il peut changer de position sur des points tactiques (la machine à voter…) sa constance à défendre certaines valeurs explique le succès de sa campagne. Mais surtout, au-delà de ses idées peu révolutionnaires (d’aucuns le soupçonnent de vouloir revenir en arrière sur le Code minier) ou de ses promesses peu tenables (se retirer d’ici deux ans s’il est élu et rouvrir la voie à Bemba et Katumbi…) Fayulu a réussi sa campagne grâce à ce qu’il n’est pas : nul ne peut le soupçonner de la moindre complaisance à l‘égard du système Kabila et si l’on ignore son degré d’intimité avec les Occidentaux, il ne traîne ni casseroles ni accords secrets avec le pouvoir. C’est cette radicalité même qui a séduit les foules impatientes de découvrir un homme politique bataillant pour des valeurs et incarnant l’anti-système. Bref, symbolisant le changement.

L"OLPA soulagé après la reprise des émissions de radio Iriba FM à Bukavu MatinInfos.Net, Website, 18 déc. 2018

L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de presse, exprime son grand soulagement après la reprise des émissions de radio Iriba FM, station communautaire émettant à Bukavu, chef- lieu de la province du Sud-Kivu, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Ce media a repris ses émissions, le 17 décembre 2018 dans la matinée, sur ordre du Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Bukavu.

Pour rappel, la radio Iriba FM a été fermée, le 28 novembre 2018, par les agents de la police judiciaire des Parquets qui ont apposé des scellés sur les installations de la radio, sans expliquer clairement le motif de la fermeture. Une invitation du Parquet avait été adressée à M. Donatien Musema, promoteur de la radio Iriba FM qui est également candidat à la députation nationale pour le compte d’un parti politique de l’opposition.

Tout en exprimant son ouf de soulagement, OLPA appelle les autorités politico- administratives de cette province à mettre fin aux pressions de tous ordres sur la presse indépendante.

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URL :https://www.matininfos.net/rd-congo-olpa-soulage-apres-la-reprise-des-emissions- de-radio-iriba-fm-a-bukavu/

Nangaa sollicite un report du scrutin Hubert Leclercq – La Libre – le 19 décembre 2018

Le président de la Ceni, Corneille Nangaa a pris contact ce mercredi 19 décembre avec des ambassades occidentales pour solliciter une attitude positive de leur part en cas de

demande de report du scrutin.

Avis de tempête à Kinshasa. Malgré les affirmations de Corneille Nangaa, que plus personne ne croyait réellement, un report des élections devrait être annoncé dans les prochaines heures à Kinshasa. Avant de lancer cette annonce, le patron de la Ceni a entrepris de contacter des ambassades occidentales pour obtenir, si pas leur soutien, au moins une attitude conciliante à l’égard de cette demande.

Parallèlement à cette démarche vers les ambassades occidentales, les autorités de Kinshasa ont annoncé la fin de la campagne dans la capitale et bloquent le cortège de Martin Fayulu, devenu le vrai favori de ce scrutin, à l’entrée de la province de Kinshasa.

Le retour du principal opposant concomitamment à l’annonce d’un report fait craindre le pire au pouvoir en place qui, alors qu’il a snobé la main tendue de la communauté

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internationale pour l’organisation des élections, au nom d’un nationalisme de mauvais aloi, vient aujourd’hui quémander le soutien de ces mêmes parias d’hier pour un report du scrutin.

L’opposition comme la société civile ou les évêques congolais ont toujours martelé qu’aucun report n’était envisageable plus de deux ans après les délais constitutionnellement prévus pour le départ de Joseph Kabila. « Ils ont eu amplement le temps de préparer de bonnes élections s’ils l’avaient vraiment voulu. Tant Joseph Kabila que Corneille Nangaa ont encore récemment menti publiquement en affirmant qu’il y aurait des élections « parfaites » le 23 décembre. Ils n’ont aucune excuse à faire valoir », nous expliquait le week-end dernier Moïse Katumbi, qui poursuivait : « en cas de demande de report, aussi court soit-il, Kabila et Nangaa devront assumer les conséquences de cette mascarade. Leur seul objectif est de rester au pouvoir, de continuer à voler et à tuer la population Congolaise qui aspire au changement. ».

Kabila ouvre la plus grande partie du parc des bonobos aux pétroliers François Misser – La Libre – le 19 décembre 2018

C’est un très sale coup à l’environnement que lègue le régime finissant de Kabila. Le gouvernement vient en effet de donner son feu vert à une compagnie pétrolière pour forer dans la partie encore épargnée du Parc de la Salonga, inscrit au Patrimoine de l’Humanité.

Kabila achève son séjour au pouvoir par un coup fatal à l’environnement, asséné sans crier gare. Selon la lettre Africa Energy Intelligence (AEI) de Paris, le conseil des ministres a approuvé fin novembre un contrat de partage de production, donnant accès à trois nouveaux blocs de la Cuvette centrale (8, 22 et 23) à une société sud-africaine dénommée Dig Oil, autrefois connue comme Divine Inspiration Group, présidée par Andrea Brown, associée au juge sud-africain Dikgang Moseneke.

Donner des idées à d’autres pétroliers

Selon AEI, il ne reste plus à Joseph Kabila qu’à signer l’ordonnance. Apparemment, il a été poussé au train par Andrea Brown, qui a dû batailler ferme pour le faire craquer. Pourtant réputée proche de Kabila, la femme d’affaires sud-africaine n’était pas parvenue en dix ans à faire progresser ses dossiers au conseil des ministres congolais. Mais la condamnation de Kinshasa sur ce dossier par la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris – qui a accordé à Dig Oil des pénalités pour ne pas avoir vu son contrat validé – a fait bouger Kinshasa.

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Selon la lettre parisienne, Kabila a donc cherché à trouver un arrangement en faisant approuver le dossier en conseil des ministres, espérant que Dig Oil ne réclame pas les pénalités. L’ennui, c’est que cette condamnation à la CCI pourrait donner des idées à d’autres pétroliers ayant, comme Dig Oil, signé un contrat avec un ministre sans avoir vu ce contrat validé par une ordonnance présidentielle. En 2010, en effet, une série d’accords pétroliers ont été signés au Congo – entraînant le paiement de bonus à l’Etat congolais par les entreprises – mais plusieurs n’ont jamais été débloqués par une ordonnance présidentielle.

Plus vaste que la Belgique

Mais au-delà de ces arguties, pour les défenseurs de l’environnement, l’accord avalisé par le gouvernent congolais achève quasiment d’ouvrir le parc de la Salonga aux pétroliers. Le permis 8 qui a été concédé couvre en effet notamment les parties de ce parc plus vaste que la Belgique (32 000 km2) qui étaient restées non concernées par l’octroi des blocs 1 et 2, début 2018, à une joint venture formée par la Société nationale des hydrocarbures du Congo (Sonahydroc) et la Compagnie minière du Congo (Comico) de l’homme d’affaires grec Adonis Pouroulis.

La récente décision des autorités congolaise revient donc à ouvrir presque totalement le parc de la Salonga à l’exploitation pétrolière. Elle a été prise en ignorant le tollé des ONG congolaises de mai dernier, après l’annonce de la déclassification partielle, à des fins d’exploitation pétrolière, de portions importantes des parcs nationaux des Virunga et de la Salonga, où vivent respectivement des gorilles de montagne et des chimpanzés bonobos.

Les protestations conjointes des Etats-Unis, de l’Union européenne, de la Suisse et du Canada, qui financent des projets de conservation des parcs nationaux, ont laissé le président Joseph Kabila de marbre.

Mettre une croix sur la conservation de la nature

En mai dernier, lors d’une conférence de presse à Kinshasa, le représentant de la société civile environnementale au Conseil économique et social (CES), René Ngongo, avait estimé que « si l’on arrive à exploiter le pétrole dans ces sites, nous devons mettre une croix sur la conservation de la nature en RDC ». René Ngongo redoutait que plus les oléoducs seront longs et les sites d’exploitation éloignés dans les deux parcs, plus l’entretien et la protection des équipements pétroliers seront difficiles à assurer et donc les dangers pour l’environnement importants.

Le développement de ces puits dans la Salonga est toutefois une gageure au niveau technique. Selon un géologue consulté par la Libre Afrique.be, les réserves de la Cuvette centrale ne sont pas encore géologiquement mûres pour une exploitation à court terme.

Dig Oil poursuit néanmoins inlassablement son lobbying en Afrique centrale après avoir convoité un bloc en Centrafrique, à la frontière du Cameroun et du Congo-Brazzaville.

Revendre le permis?

La personne d’Andrea Brown suscite aussi des réserves dans la mesure où sa « junior company » n’est pas connue pour avoir réalisé grand-chose en matière d’exploitation pétrolière. Elle donne le sentiment de vouloir tenter ultérieurement de revendre un permis si des études pour son éventuel développement sont prometteuses.

Du côté du ministère congolais des Hydrocarbures, l’attitude est attentiste. Pour le chercheur britannique Patrick Edmond, l’intérêt du ministère est bien moins de développer la ressource pétrolière que de percevoir les droits d’accès à la ressource. Nul ne le sait comment s’achèvera la partie de poker menteur. Mais tout cet émoi autour du pétrole ne peut qu’amener de nouveaux intrus dans des zones écologiquement fragiles, à protéger.

Non, les Congolais ne votent pas qu’en fonction de leur langue Josaphat Musamba Bussy – Jeune Afrique - le19 décembre 2018

Inscrit en spécialisation en Etudes de Développement à l’Université catholique de Louvain, l’auteur est un ancien employé congolais du Groupe d’experts des Nations Unies

pour la RDC (2016-2017).

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À la veille de la présidentielle en République démocratique du Congo, des analystes insistent sur le poids de l'appartenance linguistique dans le vote des Congolais. Une thèse à manier avec beaucoup de prudence, préviennent Josaphat Musamba Bussy, ancien employé congolais du Groupe d’experts des Nations unies pour la RDC et Joël Baraka Akilimali, doctorant en Sciences politiques et sociales.

Le professeur Bob Kabamba a proposé une analyse réductrice de la sociologie électorale congolaise. Dans une interview à TV5 Monde, le 5 décembre, il a divisé le pays en trois grandes aires politico-linguistiques : l’Ouest où l’on parle lingala et kikongo, le Centre où l’on parle tshiluba et l’Est où domine le swahili.

Il en ressort que le candidat Martin Fayulu, originaire de l’Ouestet soutenu par Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi – deux leaders politiques respectivement très bien implantés dans l’Ouest et l’Est -, serait, à ses yeux, le favori.

Mépris des périphéries

Cette analyse, basée sur la dynamique des centres et au mépris des périphéries, ne montre pourtant pas la profondeur véritable des enjeux électoraux. Elle semble sous-estimer la capacité des autres candidats,Félix TshisekedietEmmanuel Ramazani Shadary, à amener d’éventuelles surprises.

Attribuer l’est du pays aux leaders politiques Mbusa Nyamwisi (soutien de Martin Fayulu) et Vital Kamerhe (allié de Félix Tshisekedi), nous semble ainsi hâtif et non fondé sur des arguments de sociologie électorale profonde.

En réalité, les déterminants du vote sont hétéroclites et multifactoriels. C’est ce qui explique que chacun des trois principaux candidats, Martin Fayulu, Félix Tshisekedi et Emmanuel Ramazani Shadary, aient pu, tous trois, drainer d’importantes foules pendant leur campagne dans la même partie swahiliphone du pays.

De plus, les aires linguistiques congolaises ne sont pas clairement délimitées. À Kisangani, troisième ville du pays, on peut par exemple aussi bien parler le lingala que le swahili.

À cela, il faut ajouter une mosaïque de langues locales, équivalant à autant des sous- dynamiques politiques et communautaires. Dès lors, le seul critère macro-linguistique n’est pas à mesure d’expliquer les dynamiques politiques.

La rupture villes-campagnes

Pour comprendre ces dynamiques sur le terrain, il faut faire appel à une sociologie électorale complexe, comprendre les dynamiques de contestations identitaires et de multiples sous-variables telles que la religion, l’ethnie ou l’histoire. Après les deux expériences électorales de 2006 et 2011, les décisions personnelles des électeurs jouent aussi un rôle croissant.

Un déterminant négligé demeure la faible attention accordée aux milieux ruraux lors des campagnes électorales. Bon nombre de candidats se contentent des chefs-lieux des provinces et des villes moyennes, alors que plus de la moitié des électeurs congolais sont des paysans et n’ont pas toujours l’accès à l’information ni à la diversité des choix.

Dans ce contexte, tout pronostic sur la victoire de tel ou tel camps nous semble hâtif À cela, il faut ajouter le rôle controversé des chefs coutumiers dans la dynamique du vote rural par leur mobilisation généralement en faveur du pouvoir en place ainsi que le rôle politique des chefs religieux, de plus en plus influents et imprévisibles.

Pronostic risqué

Une prospective du vote présidentiel, limité en surface sur l’appréciation des grands ensembles linguistiques régionaux et partant des seuls critères géopolitiques ou de l’afflux populaire lors des meetings, ne traduit pas fidèlement les réalités locales.

Les incidents enregistrés à Lubumbashi, Beni, Mbuji-Mayi, Kalemie, Tshikapa et Kindu, avec des entraves à la campagne de candidats aussi bien de l’opposition que de la majorité, des violences, et des protestations, laissent imaginer que la contestation pourrait peser sur l’issue finale du processus et amener des surprises.

Dans ce contexte, tout pronostic sur la victoire de tel ou tel camps nous semble hâtif. Le scrutin qui doit se tenir le 23 décembre, avec l’utilisation inédite d’une machine à voter

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décriée puis finalement acceptée en dernière minute par candidats de l’opposition, impose prudence et clairvoyance.

Elections en RDC : fin de campagne torpillée et report envisagé Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 19 Déc 2018

La campagne en vue des élections générales du 23 décembre a été suspendue à Kinshasa au moment où l’opposant Martin Fayulu devait tenir un meeting. Les rumeurs

d’un report du scrutin se font de plus en plus pressantes.

Coup de frein dans la campagne électorale de l’opposant Martin Fayulu à quatre jours des élections présidentielle, législatives et provinciales en République démocratique du Congo (RDC). Alors que la campagne est violemment réprimée par les autorités congolaises, avec plus de 7 morts, des meetings perturbés et des déplacements d’opposants annulés, le gouverneur de Kinshasa a brusquement clos la campagne électorale ce mercredi. Une suspension qui intervient alors que Martin Fayulu devait tenir une réunion publique dans la capitale. Le gouverneur de la ville affirme avoir pris cette décision « pour des impératifs sécuritaires » et concerne « l’ensemble des candidats président de la République, sans exception aucune ». Mais c’est bien le candidat de la coalition Lamuka, Martin Fayulu, qui est visé par cette mesure.

Fayulu empêché d’entrer à Kinshasa

Au même moment où le gouverneur de Kinshasa venait de baisser le rideau sur la campagne kinoise, le convoi du candidat Fayulu, de retour de meeting du Bandundu vers la capitale, était brusquement bloqué par des militaires sur la Nationale 1 au niveau de la bifurcation de Maluku. « Après m’avoir empêché d’atterrir à Kindu, après avoir attaqué mon cortège et tué mes supporters à Lubumbashi et Kalemie, détourné mon avion vers Goma… La kabilie m’empêche de rentrer à Kinshasa. De quoi ont-ils peur ? » s’est indigné Martin Fayulu sur son compte Twitter. Dans l’après-midi, la police a démonté la tribune sur laquelle l’opposant devait s’adresser à ses partisans, place Sainte-Thérèse. Ironie du sort, pendant ce temps, les sympathisants d’Henri Mova, ministre de l’Intérieur et candidat à la députation battaient tranquillement campagne dans les rues de Kinshasa.

Scrutin retardé ?

Cette fin de campagne électorale sur fond de répression montre le vrai visage d’un régime en bout de course, qui se sert des atours d’un semblant démocratie pour se maintenir au pouvoir. Mais au-delà de la répression politique, un chaos logistique prévisible se met petit à petit en place. Après les problèmes financiers, les retards dans le déploiement des machines à voter, l’incendie opportun de matériel électoral à Kinshasa, voilà maintenant que ce sont les procès-verbaux papier qui ne sont pas arrivés. Près de 166 tonnes sont attendues d’ici à jeudi 20 décembre et doivent être déployés au plus tard samedi dans plus de 21.000 centres de vote et 179 centres locaux de compilation des résultats. Autant dire mission impossible dans ce pays-continent grand comme cinq fois la France sans infrastructure de transports. La Commission électorale (CENI) s’apprêterait à solliciter un report de quelques jours afin d’acheminer l’ensemble des procès-verbaux. Le président de la CENI devrait s’exprimer sur le sujet ce jeudi.

Report des élections: Nangaa en conférence de presse cette après-midi Bienvenu-Marie Bakumanya et Marthe Bosuandole - AFP – le 20 décembre 2018 Déjà deux fois reportées depuis 2016, les élections prévues ce dimanche en République démocratique du Congo pourraient être de nouveau retardées d'une semaine, a indiqué

mercredi soir une source de la commission électorale à l'AFP.

Les élections, fixées depuis plus d'un an au dimanche 23 décembre, doivent organiser la sortie du pouvoir du président Joseph Kabila, qui a renoncé à briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution.

En charge de l'organisation du scrutin, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) est en "consultation" pour solliciter un report de "sept jours" des trois scrutins présidentiels, législatifs et provinciaux, a indiqué l'un de ses responsables, joint par l'AFP mercredi soir à Kinshasa, qui a requis l'anonymat.

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Le président de la Céni, Corneille Nangaa, va donner une conférence de presse jeudi vers 15h à Kinshasa, a indiqué un porte-parole de la Céni. Il aurait rencontré mercredi des diplomates en poste à Kinshasa et devrait faire de même avec l'influent épiscopat, rapportent plusieurs sources.

C'est la première fois qu'un report est envisagé depuis la publication du calendrier électoral par la Céni le 5 novembre 2017.

Une telle décision, qui pourrait être officielle ce jeudi matin, est du seul ressort de la commission électorale. "On ne va solliciter l'avis de personne, même pas du chef de l'État", a indiqué le responsable de la Céni à l'AFP.

Ces élections auraient dû être organisées à la fin du deuxième et dernier mandat de M.

Kabila en décembre 2016. Elles ont été reportées à fin 2017, puis à ce dimanche 23 décembre 2018.

Matériel électoral parti en fumée

L'incendie d'un entrepôt de la commission électorale jeudi dernier à Kinshasa a porté "un grand coup" au processus électoral, explique la source de la Céni pour justifier un éventuel nouveau retard.

Cet incendie, sans doute d'origine criminelle d'après les autorités, a détruit une bonne partie du matériel électoral destiné à Kinshasa.

Le feu a brûlé près de 80% des "machines à voter" de fabrication sud-coréenne, la procédure de vote retenue par Céni.

"Des dispositions utiles sont prises (...) afin de garantir sans faille la poursuite du processus électoral", avait affirmé le président de la Céni, Corneille Nangaa.

Des "efforts" ont été faits pour ramener du matériel électoral vers Kinshasa et commander d'autres machines "en Corée du Sud", a poursuivi la source consultée mercredi soir par l'AFP.

Cependant, des bulletins de vote "ne seront disponibles à Kinshasa que le samedi 22", à la veille du scrutin selon l'actuel calendrier électoral.

Au nom de sa souveraineté nationale, la RDC s'est engagée à financer seule l'organisation de ses élections (40 millions d'électeurs inscrits, 80.000 bureaux de vote).

Elections: Troisième report en deux ans ! Laurent Larcher – La Croix – le 20.12.2018,

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indépendante (CENI) a une nouvelle fois fait la preuve de son inefficacité. Une habitude qu’elle ne cesse d’illustrer avec une confondante régularité depuis la dernière élection présidentielle de 2011.

Troisième report en deux ans

En deux ans, c’est la troisième fois qu’elle repousse les élections, permettant à Joseph Kabila de rester au pouvoir alors que le mandat pour lequel il a été élu en 2011 s’est achevé le 19 décembre 2016 !

Reportées une première fois à l'expiration du deuxième et dernier mandat du président Kabila fin 2016, officiellement faute de moyens financiers. Ce report avait suscité des protestations réprimées dans le sang en septembre et décembre 2016.

Un accord in extremis sous l'égide des évêques le 31 décembre 2016 avait prolongé de facto d'un an le pouvoir du président Kabila, moyennant des élections en décembre 2017.

Elles ont une nouvelle fois été reportées, officiellement en raison du retard pris dans l'enregistrement des électeurs au Kasaï, région du centre de la RDC victime d'un violent conflit entre septembre 2016 et mi-2017.

Cette fois-ci, les élections sont officiellement reportées en raison du retard pris dans le déploiement du matériel électoral conséquence d'un incendie qui a touché un entrepôt de la Céni le 13 décembre à Kinshasa.

Referenties

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