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26 01 19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) SOMMAIRE

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26 01 19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) SOMMAIRE

L’essentiel des quelques publications faites en ce samedi 26 janvier 2019 à Kinshasa s’intéresse aux premiers pas de la formation de ce que les étatsuniens appelleraient

« l’Administration Tshisekedi » et notamment à la nomination de Vital Kamerhe domme directeur de cabinet de FATT.

Kamerhe Dircab

Le Potentiel titre « Nommé directeur de cabinet du chef de l’Etat : Vital Kamerhe, une main experte au côté de Félix Tshisekedi »

« Après son investiture à la magistrature suprême, Félix Tshisekedi a procédé à la remise et reprise avec son prédécesseur Joseph Kabila. Le nouveau président de la République a pris possession de ses bureaux au Palais de la nation et posé ses premiers actes. Le chef de l’Etat a présidé le premier le Conseil supérieur de la défense avec le Premier ministre, vice-Premier, ministre de l’Intérieur et tous les généraux de l’armée et de la police ainsi que les services de sécurité. Il a aussi nommé Vital Kamerhe comme son directeur de cabinet. Compagnon de lutte dans la coalition Cap pour le changement, Vital Kamerhe est sans aucun doute une main experte au côté du président de la République.

Le tout nouveau président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo, a pris possession de ses bureaux au Palais de la nation le vendredi 25 janvier à l’issue d’une cérémonie de remise et reprise avec son prédécesseur, Joseph Kabila Kabange. Cette remise et reprise s’est passée dans un climat bon enfant.

Dans la matinée de vendredi, Joseph Kabila a accueilli au perron du Palais de la Nation, autour de 11 heures, le président de la République Félix Tshisekedi. Les deux personnalités se sont vite dirigées vers les bureaux du chef de l’Etat, où ils se sont entretenus pendant près de deux heures. Après la cérémonie de remise et reprise, Félix Tshisekedi a accompagné Joseph kabila jusqu’à la sortie du Palais de la Nation. Les deux présidents se sont donné des accolades avant que Joseph Kabila prenne le volant de sa pick-up et quitte l’enceinte du Palais de la Nation sous les applaudissements des collaborateurs de Félix Tshisekedi.

«L’intérêt des Congolais sera mon premier souci», a confié Félix Tshisekedi dans un court échange avec la presse après le départ de son prédécesseur. Devant la presse, le chef de l’Etat a rassuré qu’il était « très en forme ». « Ça va, je vais très bien. Ça se voit, je viens d’une très longue réunion… je suis très en bonne forme », a-t-il confié. Le malaise de F.

Tshisekedi au moment de son discours d’investiture a suscité une panique dans la population, tant pour celle qui était présente au Palais de la Nation que des millions téléspectateurs qui suivaient l’événement historique en direct de la télévision nationale.

A la question sur la recommandation, mieux le testament de son défunt père Etienne Tshisekedi, « le peuple d’abord », la réponse de Félix Tshisekedi a été sans équivoque : « ça sera le fil conducteur de mes 5 ans de présidence ». « L’intérêt des Congolais sera mon premier souci. On se pose la question sur les sacrifices qu’il faut faire sur certaines habitudes qui n’entrent pas dans le cadre de l’intérêt supérieur de la nation. On essaie d’entrer dans la peau de président et de s’habituer à la fonction », a déclaré Félix Tshisekedi.

Le 5è président de la République s’est dit être « conscient d’avoir la responsabilité des millions d’âmes ». Il s’est engagé à remplir sa fonction au jour le jour. « On n’a jamais eu l’expérience avant d’entrer dans cette fonction, l’expérience commence aujourd’hui au jour J zér o », a précisé Félix Tshisekedi.

Un des premiers actes posés par Félix Tshisekedi est la nomination de Vital Kamerhe au poste de directeur de son cabinet. Ce dernier a affirmé que le nouveau cabinet de la présidence de la République travaillera dans la cohésion notamment avec l’ancien.

« Nous allons travailler dans un esprit de cohésion pour faire avancer les choses en commençant par où le directeur de cabinet Néhémie Mwilanya s’est arrêté. Nous le remercions pour le travail abattu avant nous, je crois c’est ça la renaissance du Congo.

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Ceux qui partent ne sont pas partis [Ndlr : Néhémie Mwilanya a exprimé sa disponibilité d’apporter son expertise au nouveau cabinet]. On ne va pas inventer la roue », a indiqué Vital Kamerhe après la cérémonie de remise et reprise ave le professeur Néhémie Mwilanya.

Vital Kamerhe s’est dit conscient de la lourde tâche qui les attend et est disposé de travailler avec tout le monde. « Avec l’amour qui nous caractérise, en tenant compte de tous les équilibres, nous allons tous travailler. Notre souci c’est que le président Félix Tshisekedi réussisse. S’il réussit, c’est le CACH qui réussit, c’est le peuple congolais qui réussit parce qu’il m’a rappelé lui-même aujourd’hui qu’il a été interpellé hier par la population congolaise à l’unisson : +Félix n’oublie pas, papa avait dit le peuple d’abord+. Donc, ce n’est pas le moment de fêter. Nous mesurons la charge, elle est immense, incommensurable », a-t-il renchérit.

Ancien président de l’Assemblée nationale, membre dans plusieurs cabinets ministériels, Vital Kamerhe est un économiste doublé d’un fin politicien. Il est présent dans l’histoire politique de la République démocratique du Congo de ces 20 dernières années. Il connait tous les rouages politiques. Compagnon de lutte de Félix Tshisekedi dans le cadre de CACH, Cap pour le changement, la coalition électorale qui a porté l’actuel président de la République au sommet de la magistrature suprême, le président de l’UNC sera un soutien de traille pour ce quinquennat ».

Nouveau départ ?

Dans son éditorial intitulé « Nouveau départ », le même journal note que les défis à relever sont énormes pour le nouveau président à la tête d’un pays qui ressemble à un éléphant abattu en plein centre d’un village et dont les voisins viennent abusivement et sans vergogne se servir à volonté.

L’appel de Félix Tshisekedi tendant la main à tous les acteurs politiques lors de son discours d’investiture vaut son pesant d’or. Le Congo a besoin pour son redressement de l’effort de toutes ses filles et tous ses fils, toutes tendances confondues. Car, c’est la cohésion souhaitée qui fera que les autres peuples des contrées lointaines ne puissent plus s’amuser outrageusement à cueillir la manne congolaise.

Le Bulletin de l’Agence congolaise de presse annonce que le Chef de l’Etat s’engage à humaniser les services spéciaux. L’information a été livrée à la presse par le ministre de la Défense Atama Tabe à l’isue de la première réunion du Conseil supérieur de la défense présidée vendredi par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi.

Cette première réunion s’est focalisée essentiellement sur l’état des lieux de différents services de sécurité, a dit Atama Tabe.

Presse et documents étrangers

(Le premier article de notre sélection hebdomadaire, traduit de l’anglais et repris à http://www.afriquesenlutte.org/squelettes/images/022.png a été initialement publié par la plate-forme African Arguments. Sa présence ici s’explique par le fait que, dans les commentaires divers qui ont entouré la mise en place du nouveau président congolais, le sort à réserver aux lois concernant les mines a pris des allures de « baromètre du

nationalisme ».

Claude Kabemba est le directeur exécutif de Southern Africa Resource Watch (SARW), au sein de l’organisation de défense des droits humainsOpen Society Initiative for Southern Africa (OSISA). Pascal Kambale est le conseiller principal du bureau régional africain de l’organisation Open Society Foundations).

Joseph Kabila et les géants du secteur minier : comment les meilleurs amis sont devenus adversaires

Claude Kabemba , Pascal Kambale – Equal Times - le 16 décembre 2018

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Le nouveau code minier du Congo va-t-il profiter aux générations futures ? Les analystes sont sceptiques.

Pratiquement depuis le début de l’année, la République démocratique du Congo (RDC) assiste à un face-à-face tendu qui oppose deux des plus puissantes forces du pays. Il y a d’un côté le président Joseph Kabila, le dirigeant politique du pays au pouvoir depuis 2001 et, de l’autre côté, un groupe de compagnies minières internationales multimilliardaires.

C’est un nouveau code minier qui est à l’origine du différend. Les détails de cette législation font l’objet d’un débat depuis quelques années, mais une version finale été adoptée par le Parlement en janvier. Plusieurs multinationales ont vivement protesté contre certains éléments du nouveau code et n’ont pas tardé à annoncer leur opposition au texte.

Elles étaient particulièrement hostiles à trois dispositions : une augmentation des redevances de 2 % à 3,5 %, la suppression d’une « clause de stabilité » du précédent code, qui garantissait une période de grâce de dix ans suite à tout amendement, et la désignation de certains minerais comme le cobalt dans la catégorie des produits « stratégiques », donc soumis à des redevances plus élevées pouvant aller jusqu’à 10 %.

Les dirigeants de cinq des plus grandes compagnies minières – Glencore, China Molybdenum, Randgold, Zijin Mining et Ivanhoe – ont publiquement fait pression sur le président Kabila pour qu’il n’adopte pas le code sans procéder à de profondes modifications. Ils ont même menacé d’intenter une action en justice.

Les compagnies minières ont peut-être été encouragées à agir ainsi en raison de la fragilité du président à ce moment-là. En effet, la légitimité de Joseph Kabila était fortement contestée parce qu’il n’avait pas organisé d’élections à la fin de son mandat constitutionnel en décembre 2016. Depuis deux ans, le dirigeant est confronté à de nombreuses difficultés, notamment des manifestations de grande ampleur contre son pouvoir, la critique internationale et une hausse des affrontements locaux. Au moment de signer le nouveau code, toutefois, Joseph Kabila n’a pas hésité. Il a adopté le texte en juin sans apporter aucun des changements réclamés par les compagnies minières.

Nouveaux amis et avantages mutuels

C’était inattendu. Quasiment depuis que Joseph Kabila gouvernait le pays, il entretenait une relation très étroite avec les compagnies minières. Peu après son arrivée au pouvoir en 2001, le président avait assoupli de nombreuses réglementations et promulgué un code minier rédigé par la Banque mondiale. Suite à l’incertitude générée par la présidence de Mobutu Sese Seko (1965-1997) et à la gabegie du régime du président Laurent-Desiré Kabila (1997-2001), ce nouveau code attirait les investisseurs étrangers en leur offrant des accords qui allaient bien au-delà de leurs espérances.

La nouvelle législation était assortie de faibles taxes, d’une myriade de déductions fiscales et d’un ensemble d’exonérations fiscales. En outre, avec le code minier de 2002, le gouvernement se retrouvait pieds et poings liés à deux niveaux. En premier lieu, le code interdisait tout amendement à la législation pendant une période de dix ans. En second lieu, il comportait une disposition signifiant que toute modification apportée au régime budgétaire à l’issue de cette période de dix ans n’entrerait en vigueur qu’après une autre décennie. En d’autres termes, le code minier garantissait aux compagnies de bénéficier d’avantages budgétaires pendant au moins vingt ans.

Ce système était économiquement profitable aux compagnies minières, et politiquement profitable à Joseph Kabila. À ce moment-là, il prenait part à des négociations pour la paix avec des adversaires politiques. Ces négociations étaient menées de main de maître par la communauté internationale et M. Kabila a compris qu’il était essentiel de gagner la faveur des pouvoirs occidentaux pour réaliser ses ambitions.

Le fait de faire passer un code minier aussi favorable aux entreprises lui a donné une longueur d’avance sur ses opposants, qui l’ont ensuite rejoint pour former un gouvernement de transition.

Alors que sa présidence débutante s’installait, les relations entre le gouvernement et les compagnies minières continuaient d’être chaleureuses et mutuellement avantageuses.

Pendant ces premières années, comme l’a constaté la Commission Lutundula en 2005,

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plusieurs fonctionnaires au carnet d’adresses bien rempli, y compris des membres de la famille du président Kabila, ont pris part à des contrats secrets avec des compagnies minières étrangères.

En 2007, le gouvernement de Joseph Kabila – qui avait remporté, l’année précédente, les premières élections ouvertes de RDC depuis quatre décennies – a annoncé que 63 contrats d’exploitation minière seraient réexaminés. Cette déclaration a fait naître un espoir de rééquilibrage des accords démesurément favorables aux compagnies minières.

Mais au lieu de cela, le processus a finalement donné au gouvernement – par l’intermédiaire de l’exploitant public Gecamines – encore plus de liberté pour négocier des transactions opaques avec des compagnies souvent peu scrupuleuses.

Selon les termes de l’Africa Progress Group, le secteur minier de RDC se caractérise par « une culture du secret, des accords informels et des allégations de corruption. » Les membres du Groupe ont observé que, entre 2010 et 2012, le pays avait perdu au moins 1,36 milliards de dollars de recettes « en raison du prix trop bas des actifs miniers vendus à des entreprises implantées à l’étranger. »

Un nouveau code minier qui met l’amitié à rude épreuve

En 2012, il était impossible d’ignorer que le code minier devait être mis à jour. Il avait réussi à attirer des investisseurs et à profiter à des personnes initiées du régime, mais il avait également favorisé les inégalités et la pauvreté d’une manière intenable. Même le Fonds monétaire international reconnaissait que le code minier de 2002 avait été trop généreux.

Le processus de révision du code a alors été lancé. Le code précédent avait été élaboré par la seule Banque mondiale. Cette fois, des représentants du gouvernement, du secteur privé et de la société civile ont participé aux négociations au titre de partenaires égaux. Les décisions ont été prises par consensus.

Ce processus ne s’est pas déroulé sans difficulté. Lorsque les prix du métal se sont effondrés en 2012, les compagnies minières ont affirmé que toute révision du code menacerait leur activité. Le gouvernement semblait d’accord sur ce point. Mais grâce à la pression de la société civile et de certains députés, les négociations se sont poursuivies et, en 2015, un projet de code minier a été déposé au Parlement. Une fois encore, cependant, les multinationales ont déploré la mauvaise situation du marché et convaincu le gouvernement de retirer unilatéralement le projet de loi.

Un débat public a alors pris place pendant une année. Au final, le projet de loi a de nouveau été déposé pour examen. En dépit des fortes pressions exercées personnellement sur Joseph Kabila par les compagnies minières et malgré leur résistance tenace, le texte a été approuvé à la fois par l’Assemblée nationale et le Sénat début 2018.

Le gouvernement de Joseph Kabila s’est alors interposé. Tandis qu’une commission paritaire se réunissait pour atténuer les divergences entre les versions du projet de loi adopté par les deux chambres du Parlement, le gouvernement est intervenu dans la procédure pour faire passer à la dernière minute plusieurs amendements d’une portée considérable.

La nature de cette intervention a pris tout le monde de court. Au lieu d’assouplir le code pour leurs amis de l’industrie minière, les représentants du président Kabila ont fait exactement le contraire, en ajoutant les mesures aujourd’hui les plus controversées du code : la suppression de la période de dix ans avant l’entrée en vigueur de toute modification, ainsi que la redéfinition et la hausse des redevances sur les produits stratégiques.

À la recherche d’un avantage politique

Plusieurs phénomènes peuvent expliquer le changement d’attitude radical de Joseph Kabila.

D’un côté, il a pu être contrarié par le manque de loyauté qu’il aurait ressenti de la part des compagnies minières. Depuis le début de sa présidence, l’approche de M. Kabila à l’égard de ce secteur était largement favorable aux multinationales. Il a également pris personnellement part à des accords miniers, souvent par l’intermédiaire de son ami proche Dan Gertler, qui a facilité les accords passés avec la société Glencore.

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Or, au moment où les États-Unis imposaient des sanctions au milliardaire israélien, Glencore n’a pas tardé à prendre ses distances vis-à-vis de Dan Gertler, après quoi une avalanche d’actions en justice ont été intentées contre la multinationale suisse, et les autorités congolaises ont commencé à découvrir des irrégularités qui existaient depuis près d’une décennie.

D’un autre côté, le changement vient peut-être aussi des calculs politiques et économiques plus profonds de Joseph Kabila. Comme le président est prié de quitter le pouvoir à l’issue des élections longuement reportées et enfin fixées au 23 décembre, il a moins de raisons d’entretenir de bonnes relations avec les compagnies minières à l’avenir, et plus de raisons d’obtenir à court terme l’avantage politique et économique qu’il peut encore espérer.

Cela explique peut-être pourquoi Albert Yuma, le président de Gecamines et l’un des principaux gestionnaires des intérêts commerciaux de Joseph Kabila, a supervisé le nouveau code minier au Parlement, et non le ministre des Mines Martin Kabwelulu, qui a été complètement écarté du processus.

Pour le moment, la stratégie intransigeante de Joseph Kabila semble fonctionner. Les compagnies qui avaient menacé de porter plainte ou de se retirer de la chambre des mines ont récemment décidé de renouer le dialogue avec le gouvernement.

Entre-temps, en avertissant Glencore qu’il pourrait engager des poursuites auprès des tribunaux notoirement influençables du pays, Joseph Kabila a réussi à obtenir de considérables paiements de la part de la multinationale. Cette dernière a récemment accepté de verser 43 millions de dollars qu’elle était censée devoir à Gertler, tout en effaçant une dette de 5,6 milliards de dollars au profit de Gecamines et en offrant de payer un montant largement injustifié de 150 millions de dollars au titre de « règlement d’anciens différends ».

Fin 2011, au début du processus de révision du très généreux code minier congolais, les militants pensaient que des nouvelles lois allaient transformer l’industrie minière. Ils espéraient qu’une nouvelle législation garantirait au gouvernement de meilleurs revenus, que les bénéfices seraient répartis sur l’ensemble de la société congolaise et que le secteur minier serait gouverné par des règles démocratiques et par la transparence.

Ils seront sûrement déçus. Le nouveau code minier a certainement permis au gouvernement d’obtenir de meilleurs bénéfices, mais l’évolution récente de la situation laisse penser que ces gains resteront entre les mains d’un petit groupe de personnes et qu’une poignée d’individus puissants vont continuer à passer des accords en secret.

Jusqu’où peut aller l’Union africaine ? Christophe Rigaud – Afrikarabia – le 19 Jan 2019

L’Union africaine (UA) met la pression sur les autorités congolaises pour recompter les voix de la présidentielle et revenir sur la victoire contestée de Félix Tshisekedi. Pour le politologue congolais Alphonse Maindo, « les pressions politiques et diplomatiques vont

s’accentuer et peuvent aller jusqu’à une intervention« .

Afrikarabia : L’Union africaine (UA) est très offensive sur le dossier congolais. Elle avait demandé de suspendre la proclamation des résultats en raison des doutes qui pesaient sur la transparence du scrutin. Comment expliquer cette fermeté envers Kinshasa ?

Alphonse Maindo : L’Union africaine est une assemblée de chefs d’Etats, dont la plupart ne sont pas démocrates. Ils s’accordent le plus souvent un soutien mutuel pour garantir la stabilité des Etats. Dans le cas congolais, la fuite des données électorales dans la presse internationale qui prouvaient une fraude massive et la victoire de Martin Fayulu, le travail de la Conférence épiscopale (CENCO), les pressions internationales, ont clairement posé le problème de la souveraineté des Etats et ont poussé l’Union africaine à agir.

Afrikarabia : Quel rôle à joué Paul Kagame le président de l’Union africaine ?

Alphonse Maindo : Paul Kagame termine son mandat à la tête de l’UA fin janvier et pourrait être tenté de faire un baroud d’honneur avant de partir, alors qu’il vient de placer sa ministre des Affaires étrangères (Louise Mushikiwabo) à la présidence de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Une décision qui a été très contestée. En intervenant dans le dossier congolais, Paul Kagame pourrait vouloir redorer son image de

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président autoritaire en disant : « Je ne suis pas ce que vous croyez, je prône aussi les valeurs de la démocratie ».

Afrikarabia : … et les autres pays de la région ?

Alphonse Maindo : Un certain nombre de chefs d’Etats africains ne sont pas satisfaits de la manière dont Joseph Kabila gouverne la RDC, qui se trouve dans une instabilité quasi chronique. Les relations entre Joseph Kabila et les autres chefs d’Etats de la région ne sont pas au beau fixe. Le président congolais a pris l’habitude de boycotter les rencontres régionales, et son côté solitaire et taiseux l’a isolé de ses pairs. Actuellement, Joseph Kabila ne peut plus compter sur grand monde pour voler à son secours en cas de problème.

Joseph Kabila paie clairement sa stratégie de l’isolement.

Afrikarabia : Jusqu’où pourrait aller une pression de l’Union africaine sur la crise congolaise

? Jusqu’à une intervention armée ?

Alphonse Maindo : Les pressions politiques et diplomatiques vont s’accentuer et cela peut aller jusqu’à une intervention. La charte de l’Union africaine prévoit ce type d’intervention.

Dans cette charte, on considère la démocratie comme un droit fondamental, et ce serait une raison pour intervenir et mettre en place un président légitime.

Afrikarabia : Quels pays pourraient être en pointe pour demander et mettre en place une intervention militaire ? L’Angola par exemple ?

Alphonse Maindo : Il y a bien sûr l’Angola, mais on pourrait aussi ajouter le Congo- Brazzaville. Denis Sassou Nguesso a été d’une extrême fermeté vis à vis de Joseph Kabila au sein de l’Union africaine. Il ne faut pas oublier le Tchad d’Idriss Déby ou le Botswana qui seraient prêts à soutenir une intervention. Le Rwanda pourrait également jouer un rôle important en contribuant à instaurer la démocratie et la légitimité à Kinshasa, ce qui améliorerait son image à l’internationale… et surtout en RDC !

Afrikarabia : Comment peut évoluer la crise post-électorale ?

Alphonse Maindo : Il peut y avoir bloquage, et impasse politique, si la Cour constitutionnelle valide l’élection de Félix Tshisekedi. Dans ce cas, la situation peut vite dégénérer, avec une contestation plus ou moins violente. On peut même penser que les soutiens de Martin Fayulu, comme Jean-Pierre Bemba ou Mbusa Niamwisi seraient peut-être prêts à reprendre les armes pour chasser le nouveau régime. Cela peut également aller jusqu’au coup d’Etat militaire. Les hauts gradés de l’armée sont très proches de Joseph Kabila et beaucoup pensent qu’il ne devrait pas lâcher le pouvoir. Certains seraient prêts à reprendre le pouvoir aux civils. Maintenant, reste à savoir si ces militaires peuvent tenir longtemps ? La majorité de la troupe ne soutiennent pas les hauts gradés. Les soldats de l’armée congolaise sont souvent malmenés, mal payés, et vivent dans les mêmes conditions dramatiques que la population congolaise.

Afrikarabia : L’annulation des élections est également possible ?

Alphonse Maindo : C’est très probable en effet. Martin Fayulu, la CENCO, les observateurs, les fuites de données électorales, ont apporté les éléments nécessaires qui démontrent la fraude. Ce scrutin a été tout, sauf une élection ! Si la Cour constitutionnelle fait son travail avec ces éléments, elle doit logiquement annuler les élections et tout reprendre à zéro.

Afrikarabia : Qui sortirait gagnant d’une annulation du scrutin ?

Alphonse Maindo : Cela arrange évidemment Joseph Kabila. Cela lui permet de rester en place jusqu’à l’élection d’un nouveau président et de renégocier une transition politique pour organiser de nouvelles élections. Cela pourrait prendre deux ou trois ans, où pendant ce temps, Joseph Kabila continuerait d’exercer le pouvoir. Mais attention, cela peut aussi se retourner contre lui. La communauté internationale et l’Union africaine pourraient finir par penser que « Joseph Kabila les mène en bateau depuis trop longtemps » et imposer une transition sans lui pour pouvoir organiser des élections crédibles et inclusives.

Les juges confirment Tshisekedi vainqueur de la présidentielle

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RFI – le 20 janvier 2019

En RDC, la Cour constitutionnelle a statué ce samedi soir lors d'une audience nocturne sur les résultats définitifs de la présidentielle du 30 décembre et a confirmé la victoire de Félix Tshisekedi. La Cour rejette également le recours déposé par Martin Fayulu. Par ailleurs, la requête relative à l’annulation du vote pour la présidentielle à Beni et Butembo est considérée comme « recevable mais non fondée », car « cas de force majeur » à cause du virus Ebola.

La Cour considère la demande de correction des résultats demandée par la Dynamique de l'opposition et Martin Fayulu comme recevable mais « non-fondée faute de preuves ». Les juges estiment que la demande de recomptage des voix est exceptionnelle, que la demande est « absurde » et que la « demanderesse » n’a donc apporté aucune preuve. « Seule la Céni a produit des résultats authentiques et sincères », a assuré le juge constitutionnel Noël Kilomba reprenant la plupart des arguments de la même Céni.

La requête relative à l’annulation du vote pour la présidentielle à Beni et Butembo est considérée comme « recevable mais non fondée », car « cas de force majeur » du fait de la résurgence du virus Ebola.

« La Cour constitutionnelle a ainsi délibéré et statué » sur les requêtes de la Dynamique de l’opposition affirme le juge Kilomba, dans un arrêt « irrévocable ».

Concernant la requête déposée par le candidat Théodore Ngoy, la Cour constitutionnelle dit qu’elle ne peut examiner le bien-fondé d’un recours déjà enrôlé. Theodore Ngoy avait déjà introduit un recours pour contrôle de constitutionnalité. Il n'y a aucun délai pour l’examen.

Dans une deuxième audience faisant suite à la première qui était consacrée aux recours déposés par des candidats de l'opposition, la Cour constitutionnelle a égrené le nombre de voix des différents candidats avant de confirmer la victoire du candidat Félix Tshisekedi.

La Cour « proclame élu à la majorité simple président de la République démocratique du Congo Félix Tshilombo Tshisekedi », a déclaré le président de l'institution, Benoît Lwamba Bindu

Elections en RDC: Félix Tshisekedi proclamé président par la Cour constitutionnelle

AFP – le 20-01-2019

Félix Tshisekedi a été définitivement proclamé dimanche cinquième président de la République démocratique du Congo (RDC) par la Cour constitutionnelle, restée sourde aux appels de l’Union africaine (UA) lui demandant de «suspendre» l’officialisation des

résultats.

La Cour «proclame élu à la majorité simple président de la République démocratique du Congo Tshisekedi Tshilombo Félix», a déclaré le président de l’institution, Benoît

Lwambwa Bindu.

M. Tshisekedi, 55 ans, succède au chef de l’État sortant Joseph Kabila, 47 ans, au pouvoir depuis l’assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila en janvier 2001. C’est officiellement la première transmission pacifique du pouvoir depuis l’indépendance de la RDC le 30 juin 1960.

Son adversaire, l’autre opposant Martin Fayulu, a immédiatement appelé la communauté internationale à «ne pas reconnaître un pouvoir qui n’a ni légitimité ni qualité légale», se proclamant «le seul président légitime».

M. Fayulu avait dénoncé un «putsch électoral» du président sortant avec la «complicité»

de M. Tshisekedi et revendiqué la victoire avec 61% des voix.

L’opposant a été conforté dans ses affirmations par la publication dans la presse internationale et par le Groupe des experts sur le Congo (GEC) des propres estimations de l’influente Église catholique et de documents qui auraient fuité de la Commission électorale.

Ces deux sources donnaient la victoire à 60% à M. Fayulu.

La Cour a validé tels quels les résultats provisoires annoncés le 10 janvier par la Commission électorale (Céni), donnant M. Tshisekedi vainqueur avec 38,5% des voix, devant Martin Fayulu (34,8%) et le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary (23%).

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La plus haute juridiction du pays a rejeté le recours de M. Fayulu contre le résultat de la présidentielle du 30 décembre, en le considérant comme «non fondé».

Dans son arrêt, la Cour a estimé que M. Fayulu n’avait «pas apporté la preuve» que les résultats de la Céni n’étaient pas conformes à la réalité.

La décision des neuf juges est sans surprise, car ils sont largement considérés comme étant acquis au président Kabila. Ils se sont toutefois montrés étonnamment sévères envers la demande de M. Fayulu d’un recomptage des voix, qualifié d'«imprécise et absurde».

- Bras-de-fer avec l’UA -

Le calendrier de la Céni prévoit normalement que M. Tshisekedi prête serment le 22 janvier, mais il n’est pas sûr du tout qu’il puisse être tenu.

En confirmant M. Tshisekedi, la Cour constitutionnelle a pris le risque de provoquer un bras-de-fer entre le pouvoir congolais et l’UA.

Elle a décidé de passer outre aux injonctions des poids lourds de l’UA, qui avaient appelé jeudi à la «suspension» de la proclamation des résultats définitifs, parce qu’ils considéraient que ceux annoncés par la Céni étaient entachés de «doutes sérieux».

Cette prise de position de l’organisation continentale avait été dénoncée par le gouvernement et par les partisans de M. Tshisekedi comme une atteinte à la souveraineté de la RDC.

Il reste maintenant à voir quelle sera l’attitude de l’UA, qui a annoncé l’envoi lundi à Kinshasa d’une délégation de haut niveau conduite par le président de sa Commission, le Tchadien Moussa Faki, et par son président en exercice, le chef de l’État rwandais Paul Kagame.

- Passage en force -

Avec ce qui peut être vu comme un passage en force, M. Kabila prend le risque d’isoler encore un peu plus son pays en Afrique centrale. Il s’agit d’un affront en particulier pour M. Kagame, dont le pays entretient depuis 25 ans des relations complexes avec la RDC.

Le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) estimait samedi que si M. Tshisekedi devait prêter serment, l’UA pourrait être amenée à considérer des «mesures punitives, comme refuser de reconnaître le nouveau gouvernement».

Ce dernier est le fils de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, décédé le 1er février 2017 à Bruxelles. Il a pris la succession de son père à la tête de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

«Nous faisons honneur à tous nos héros, nous faisons honneur à nos pères fondateurs, nous faisons honneur à tous ceux qui étaient tombés sous les balles du tyran, nous faisons honneur au peuple congolais», a déclaré le secrétaire général de l’UDPS Jean Marc Kabund.

M. Tshisekedi devra cohabiter avec un Premier ministre issu de l’actuelle majorité pro- Kabila, qui a obtenu une vaste majorité (337 sièges sur 500) à l’Assemblée nationale d’après la Commission électorale.

Étrangement, M. Tshisekedi considère, comme M. Fayulu, que les résultats des législatives sont incompatibles avec ceux de la présidentielle et relèvent d’une manipulation de la Céni.

Un fort déploiement policier a été constaté samedi soir à Kikwit (ouest), l’un des fiefs de M. Fayulu, où un couvre-feu avait été déclaré le 11 janvier et où cinq personnes sont mortes dans des violences post-électorales, a indiqué à l’AFP Léonard Mutango, le maire de la ville.

Juste avant la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle, l’internet avait été rétabli sur tout le territoire. L’accès aux réseaux sociaux et les échanges SMS avaient été suspendus sur ordre des autorités le 31 décembre, au lendemain des élections générales.

Élections 2011 et 2018. / Les différences.

LA LIBRE Belgique – le 20 01 2019

Evidemment, les similitudes sont nombreuses entre la situation d’Etienne Tshisekedi en 2012 et celles de Martin Fayulu en 2019, mais les différences sont aussi de taille.

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Première différence essentielle : Martin Fayulu n’est pas le candidat d’un parti mais d’une plateforme électorale (Lamuka) dont le pré carré ne se limite pas à quelques provinces

mais est installé dans l’ensemble du pays.

Son poids est donc bien plus important que celui d’Etienne Tshisekedi qui n’était pas parvenu à former des alliances avec d’autes opposants qui comptent (le mariage avec Vital Kamerhe, évoqué un temps, n’a jamais pu se concrétiser).

Ensuite, en 2011, l’Eglise catholique avait été plus timorée pour faire valoir les résultats qu’elle avait obtenus et qui démontraient que Joseph Kabila n’était peut-être pas le lauréat de ce scrutin.

Pourquoi ce changement de position? Essentiellement parce que la victoire de Martin Fayulu est écrasante. Ses deux principaux concurrents (Félix Tshisekedi et Emmanuel Ramazani) mis ensemble sont encore bien loin derrière lui. Une avance qui démontre la popularité du candidat mais, surtout, le rejet massif des deux autres camps. Un rejet qui, si ces deux camps devaient malgré tout se retrouver associés au pouvoir, pourrait être la cause d’une explosion de violence crainte par tout un sous-continent. Ensuite, l’Eglise catholique ne veut pas prendre le risque d’apparaître comme complice du pouvoir. Certains lui ont reproché son silence ou en tout cas son manque de détermination à faire entendre la voix des urnes en 2011, d’autres critiques se sont jointes à ce mouvement en décembre 2016 lors des accords de la Saint-Sylvestre, signés sous l’égide des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui ont permis à Joseph Kabila de gagner finalement deux ans à la tête de l’Etat en toute inconstitutionnalité. Les évêques catholiques avaient donc promis qu’on ne les y reprendrait plus.

La peur d’un continent

Le poids électoral du candidat de Lamuka, porté par sa popularité mais aussi par des parrains qui comptent en RDC et dans la région (Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba ou Mbusa Nyamwisi) et les chiffres scientifiquement démontrés par l’Eglise catholique et d’autres observateurs ont contraint les voisins de la RDC à bouger.

Force est de reconnaître que certains acteurs de cette pièce régionale ne sont pas des parangons de vertu ou de démocratie. Mais tous ont compris le risque que faisait courir ce passage en force du pouvoir face au rejet massif du peuple congolais. Qui plus est, l’attelage qui se prépare à gouverner le pays semble bien bancal avec un président drapé de ses oripeaux et un pouvoir législatif entièrement entre les mains du clan kabiliste malgré la défaite à la présidentielle. Comment expliquer dans les provinces, que les élus sont les gens les plus rejetés.

L’Union africaine a frappé du poing sur la table jeudi 17 janvier en expliquant ses « doutes

» sur les résultats annoncés des élections et en appelant la justice congolaise à suspendre la proclamation des résultats. Elle a clairement démontré ainsi que Kinshasa avait franchi une ligne rouge qui mettait en danger la stabilité de tout un continent.

En 2011, Etienne Tshisekedi n’avait pas introduit de recours contre les décisions de la Ceni.

Fayulu, lui, l’a fait et a permis de démontrer ainsi son sens de la légalité et a poussé, dans le même temps, la Cour constitutionnelle à apparaître comme un organe pour le moins…

peu indépendant. Il a ainsi démontré que tout recours est impossible face à un pouvoir qui se moque d’un peuple, manipule les urnes et la justice.

Ce 20 janvier 2019, Martin Fayulu a marché dans les pas d’Etienne Tshisekedi en affirmant qu’il se présentait comme le vrai président élu, mais la démarche n’a pas le même goût parce que le président Kabila, quoi qu’il arrive ne sera plus à la tête du pays demain. Et ça, c’est une autre différence essentielle.

Elections en RDC: Contraint de reculer, le président rwandais Paul Kagame n'ira pas à Kinshasa

La Libre / Belga - le 20 janvier 2019

Il n'était pas forcément le bienvenu, et il ne viendra pas: le président rwandais Paul Kagame a renoncé à jouer les intermédiaires au nom de l'Union africaine (UA) dans les tensions post-électorales en République démocratique du Congo (RDC), où une partie de l'opinion le tient en haute suspicion. L'UA n'enverra finalement pas lundi à Kinshasa la

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mission qui devait être menée par le chef de l'État rwandais, son président en exercice, pour faire part des "doutes sérieux" pesant selon elle sur les résultats.

L'UA a été prise de vitesse par la Cour constitutionnelle congolaise, qui a validé dans la nuit de samedi à dimanche l'élection de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et rejeté le recours de l'autre opposant Martin Fayulu Madidi. M. Kagame et le président de la Commission de l'UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, avec lequel il devait mener cette mission, ont été désavoués par des poids-lourds du continent qui ont félicité sans attendre M. Tshisekedi: l'Afrique du Sud, le Kenya, la Tanzanie, sans compter le Burundi, frère- ennemi du Rwanda.

Il semblait dès lors difficile pour l'UA de maintenir sa mission, sous peine d'étaler au grand jour ses divisions. M. Kagame, qui craint qu'une instabilité en RDC se propage à ses frontières, a dû baisser pavillon. L'UA a publié en fin d'après-midi un communiqué dans lequel elle dit "prendre note" de la décision de la Cour constitutionnelle et indique que "la visite de la délégation de haut niveau qui devait se rendre à Kinshasa (lundi) a été reportée". "La Commission lance un appel à tous les acteurs concernés pour qu'ils oeuvrent à la préservation de la paix et de la stabilité, ainsi qu'à la promotion de la concorde nationale dans leur pays", a-t-elle ajouté.

M. Kagame avait été à l'initiative d'une réunion jeudi à Addis Abeba, où plusieurs dirigeants africains avaient demandé la "suspension" de la proclamation des résultats définitifs, en raison des "doutes sérieux" pesant sur ceux provisoires annoncés par la Commission électorale (Céni). Cette position était sans précédent dans l'histoire de l'UA, souvent qualifiée par les opposants africains de "syndicat" garant des pouvoirs en place. Mais elle a fait long feu, et ce en dépit des appels de M. Fayulu, qui conteste les résultats, pour que la communauté internationale ne reconnaisse pas M. Tshisekedi.

Pour torpiller cette position, le président Kabila a lui-même dépêché une délégation de haut niveau à Kigali: son directeur de cabinet, Néhémie Mwilanya Wilonja, le patron des renseignements congolais, Kalev Mutond, et son conseiller diplomatique, Barnabé Kikaya Bin Karubi. Pour beaucoup en RDC, la décision de l'UA de dépêcher M. Kagame avait de toute manière tout de la provocation, en raison de son rôle passé dans le pays. Nombre de Congolais avaient aussi dénoncé les leçons de démocratie d'un homme réélu avec 98% des voix en 2017. M. Kagame "incarne les agressions répétées de la RDC" et sa venue ne pouvait que susciter l'hostilité de la population, qui ne souhaite pas voir "le pyromane jouer au sapeur-pompier", avait déclaré à l'AFP le caricaturiste Thembo Kash.

La RDC et le Rwanda entretiennent des relations complexes depuis le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994, qui fit 800.000 morts selon l'ONU. En 1996-1997, M. Kagame avait activement soutenu militairement le chef rebelle Laurent-Désiré Kabila, père de l'actuel président, parti de l'est frontalier du Rwanda pour renverser le maréchal Mobutu Sese Seko, au pouvoir depuis 1965. En 1998, M. Kabila avait coupé les ponts avec le Rwanda.

Kigali était alors intervenu une nouvelle fois en RDC au cours de la deuxième guerre régionale (1998-2003), disant vouloir pourchasser les rebelles hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme des génocidaires.

Puis entre 2007 et 2013, Kigali a été accusé de soutenir deux rébellions, le Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP) et le Mouvement du 23 mars (M23), dans la région des Kivu, située dans l'est de la RDC. Le chef de l'État rwandais n'est pas venu en RDC depuis 2010, pour le cinquantenaire de l'indépendance, comme d'autres chefs d'Etat étranger, dont le roi Albert.

En février 2018, des accrochages ont eu lieu entre les armées des deux pays à leur frontière. Pour les Congolais, le Rwanda ne cesse depuis 25 ans de chercher à étendre son espace vital et à s'approprier les richesses minières (or, coltan....) du Kivu. Conscient de ce passif, M. Kagame avait veillé à ne pas s'exprimer publiquement sur les élections en RDC. Mais le temps pressant pour lui - il cessera d'être président de l'UA le 10 février, et son successeur, l'Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi, est sur une ligne bien moins interventionniste -, il avait tenté une dernière manoeuvre avec l'envoi de cette délégation.

En vain.

La Cour Constitutionnelle déboute Fayulu et consacre Félix Tshisekedi

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Colete Braeckman – Le Soir – le 21 janvier 2019

A Kinshasa, la Cour constitutionnelle n’a tenu aucun compte de la recommandation émanant de plusieurs pays membres de l’Union africaine, qui avaient souhaité que soit « suspendue » la proclamation des résultats finaux des élections du 30 décembre dernier : dans la nuit de samedi à dimanche, les cinq juges ont prononcé leur sentence. Rejetant le recours déposé par Martin Fayulu, ils ont confirmé que Félix Tshisekedi, ayant obtenu 38%

des voix, était bien le vainqueur du scrutin et qu’il serait donc le futur président de la République démocratique du Congo. A 55 ans, le fils du vieil opposant Etienne Tshisekedi, décédé voici deux ans, réalise le rêve de son père : il mettra en œuvre la première transmission pacifique du pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1960. Mais, au vu des résultats des élections législatives, il devra cohabiter avec un Premier Ministre issu de l’actuelle majorité pro-Kabila. La Cour a récusé le recours introduit par Martin Fayulu, considéré comme « recevable mais non fondé faute de preuves » et estimé qu’il était « absurde » d’exiger le recomptage des voix.

Estimant avoir remporté l’élection présidentielle avec 60% des suffrages, Martin Fayulu avait fondé sa demande sur les estimations des témoins de la CENCO, l’épiscopat congolais qui, très tôt, avait déclaré que les résultats provisoires présentés par la CENI ne correspondaient pas à la « vérité des urnes ».

A la veille de la décision de la Cour Suprême, le président du Rwanda Paul Kagame, qui préside jusque fin janvier l’Union africaine, avait réuni à Addis Abeba plusieurs chefs d’Etat africains afin d’examiner la crise congolaise et il avait été prévu qu’une délégation de l’UA se rendrait à Kinshasa lundi. Cette initiative a été victime de deux torpilles : la première est venue de secrétaire général de l’ONU Antonio Gutierrez qui a rappelé que la rencontre d’Adis Abeba n’était pas un sommet de l’Union africaine en tant que telle, mais seulement une réunion de quelques pays invités par le président en exercice et il a émis le vœu que le processus électoral en RDC s’achève sans violences et dans le respect de la volonté de la population. La deuxième torpille est venue des Congolais eux-mêmes : au lieu de suspendre son verdict dans l’attente d’une médiation africaine non sollicitée, la Cour constitutionnelle s’est empressée de se prononcer dans les délais prévus. La perspective de voir le président Kagame se présenter à Kinshasa en tant que médiateur en compagnie du président sud africain Cyril Ramaphosa avait d’ailleurs suscité un tollé au sein de la classe politique congolaise et le bureau de l’UDPS avait rappelé que la RDC « restait un Etat souverain » et souligné la compétence exclusive de la Cour Constitutionnelle.

L’ UDPS avait même soupçonné, derrière cette initiative de certains Etats membres de l’Union africaine, « l’œuvre de certains lobbys miniers qui cherchent à pérenniser le pillage des ressources du pays. » Alors que l’Union africaine annulait une visite qui n’avait plus lieu d’être, plusieurs chefs d’Etat de la région (dont le président du Burundi) ont commencé à adresser leurs félicitations au vainqueur tandis que la Communauté de développement de l’Afrique australe, une fois de plus, demandait le « respect » de la souveraineté de la RDC. DE son côté, Martin Fayulu, contestant le verdict de la Cour, a appelé la population à manifester pacifiquement et, dénonçant le « putsch électoral », il s’est autoproclamé président élu de la RDC.

L’appel de l’opposant vaincu a cependant fait long feu : la journée de de dimanche s’est déroulée dans le calme à travers le pays, les citoyens préférant se rendre dans leurs lieux de culte respectifs. Internet ayant été rétabli, plusieurs de nos interlocuteurs, désormais joignables, nous ont expliqué que l’élection présidentielle s’était surtout traduite par un « vote sanction » visant le président Kabila et donc son dauphin Shadary Ramazani qui avait, maladroitement, fait campagne sur le thème de la « continuité ». Ayant obtenu satisfaction sur le principe de l’alternance et de l’accession d’un opposant à la présidence, les Congolais auraient ainsi accepté l’élection de Félix Tshisekedi, sans se mobiliser davantage pour Martin Fayulu. Ce dernier s’était longtemps opposé aux élections et à la machine à voter, sans toutefois être soutenu par un parti politique bien implanté. Appuyé par ses sponsors étrangers, il avait surtout symbolisé la radicalité de l’opposition au système Kabila.

Le nouveau Président a du pain sur la planche La Libre Afrique - le 21.01.2019,

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Officiellement vainqueur de la présidentielle du 30 décembre 2018, selon des résultats qui ne convainquent que ceux qui veulent être convaincus, Felix Tshisekedi, qui sera

investi ce mardi ou jeudi, sera-t-il un roi fainéant, laissant le pouvoir réel à son prédécesseur? Ou tentera-t-il de mettre à profit les pouvoirs reconnus au chef de l’Etat par la Constitution, accrus par Joseph Kabila depuis son élection à la Présidence en 2006?

Il a, en tout cas, du pain sur la planche.

Si les premières années au pouvoir de Joseph Kabila avaient vu de grands progrès en matière de pacification, de réunification du territoire et de stabilisation macro-économique, depuis les élections présidentielle et législative de fin 2011, jugées “non crédibles” par les observateurs, les autorités de Kinshasa ont essentiellement travaillé à se maintenir au pouvoir, tandis que la famille Kabila s’enrichissait. En conséquence, la situation s’est dégradée.

Plus de 13 millions de personnes en insécurité alimentaire

Alors que les Congolais ont surnommé Joseph Kabila “le propriétaire” en raison du nombre de ses terres, mines et immeubles, le Congo était le 166ème pays le plus corrompu du monde, sur 183, en 2017, indique Transparency International. Le franc congolais, qui avait chuté de plus de 30% entre début 2017 et début 2018, ne s’est pas redressé depuis lors même s’il est stable aujourd’hui.

Plus de 13 millions de Congolais étaient en insécurité alimentaire en 2018, dont quatre millions d’enfants qui souffrent de malnutrition aiguë. La situation s’est considérablement dégradée de 2017 à 2018 puisque le nombre de zones de santé en état d’alerte a quasiment doublé, passant de 7,5% à 14%, indiquait une enquête officielle publiée en décembre 2018. Mais Joseph Kabila, comme ses prédecesseurs, a négligé l’agriculture, alors que le Congo n’exploite que 10% de ses terres arables, qui dépassent les 80 millions d’hectares, tandis que le pays consacre plus d’un milliard de dollars aux importations agricoles.

Rechercher l’autosuffisance alimentaire

Même le monde des affaires souligne l’importance de s’atteler enfin à l’agriculture dans ce pays où le PIB ne dépasse pas 40 milliards de dollars, soit un revenu moyen de 1,25 dollars par jour. Il invite depuis des années les autorités à avoir une politique agricole, inexistante jusqu’ici, afin de favoriser l’autosuffisance alimentaire. Le régime Kabila a bien publié une nouvelle loi agricole, mais elle ne répond pas aux demandes: la propriété des terres villageoises reste généralement collective, ce qui décourage le petit agriculteur d’investir;

l’Etat exige une majorité congolaise – donc une direction congolaise – dans les grandes entreprises agricoles, ce qui décourage les investisseurs étrangers.

Peu de routes de desserte agricole ont été aménagées durant les 18 ans de Présidence Kabila et seulement 3400 km de routes sont bitumées (dans un pays de 2,5 millions de km2), ce qui décourage le transport des produits vers les marchés. Il n’y a aucune politique d’aide à l’équipement des petits paysans, qui restent enfermés dans une agriculture de subsistance.

En décembre dernier, on déplorait une invasion de criquets dans le territoire de Kailo (Maniema) et de chenilles légionnaires à Kamina (Haut-Lomami) mais les autorités locales n’ont reçu aucune aide de Kinshasa.

Pas d’électricité et de multiples conflits

Après 18 ans de régime Kabila, moins de 15% de la population a accès à l’électricité, principalement dans les villes. Le projet de mega-barrage d’Inga est retardé par la volonté de la Présidence de garder la main mise sur le projet au lieu d’en confier la supervision au gouvernement et par l’appétit du gain de certains promoteurs, qui mettent la charrue avant les boeufs en voulant construire une première phase sans rapport avec les besoins réels du marché de l’électricité africain

Félix Tshisekedi a aussi du plain sur la planche pour résoudre les conflits armés – souvent attisés par des politiciens locaux ou de Kinshasa – qui empêchent une vie et des récoltes normales dans les deux Kivu (est), en Ituri (nord-est), au Tanganyika (sud-est). Le grand Kasaï (centre) – région d’origine des Tshisekedi – continue, quant à lui, de souffrir des conséquences de la révolte dite Kamwina Nsapu (contre l’abandon de la région par les

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autorités) et de la répression qui a suivi, avec utilisation de milices tribales qui ont déstabilisé la cohabitation.

Dans certaines zones kasaïennes (Demba, Dimbelenge, Kamiji), le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans dépasse 4/10.000 habitants par jour. Et dans le fertile Masisi (Nord-Kivu), le taux de mortalité des enfants malnutris s’est accru à 8%, selon Médecins Sans Frontières.

Stéphanie Wolters : « Il y a beaucoup d'hypocrisie dans la démarche de Kagame »

RFI – le 21.01.2019,

L’Union africaine (UA) fait volte-face. Jeudi dernier, elle demandait aux autorités congolaises de suspendre l’annonce des résultats de la présidentielle et de recevoir en urgence une délégation à Kinshasa. Depuis hier, elle « prend note » de la victoire de Félix

Tshisekedi et « reporte » l’envoi d’une délégation au Congo. Comment expliquer un tel changement de position en seulement trois jours ? Stéphanie Wolters dirige la division Paix et sécurité à l’ISS, l’Institut d’études de sécurité, le célèbre « think tank » sud-

africain. En ligne de Pretoria, elle répond aux questions de RFI.

RFI : Etes-vous surprise par la décision de l’Union africaine d’annuler la mission qu’elle devait faire à Kinshasa ?

Stéphanie Wolters : Non. Je crois que, depuis l’annonce ce week-end que la Cour constitutionnelle a faite, je crois qu’on pouvait anticiper que l’Union africaine allait peut- être annuler sa visite qui n’a plus beaucoup de sens.

Cette proclamation des résultats définitifs de la présidentielle à Kinshasa, était- ce un camouflet pour l’Union africaine ?

Absolument. Je crois. Evidemment, on attendait une annonce comme ça dans les prochains jours, mais la Cour constitutionnelle aurait pu attendre si le gouvernement lui avait demandé d’attendre. Et donc je crois que le timing de cette annonce, le week-end, juste avant la visite qui était prévue pour lundi, n’est pas un hasard. C’est un message très clair de la part du gouvernement Kabila.

Un message, dans quel sens alors ?

Un message, comme ils l’ont dit d’ailleurs, par lequel ils rejettent une ingérence par rapport à leur processus domestique, par rapport aux résultats. Ils n’étaient pas contents du tout de la décision de l’Union africaine, ils l’ont dit haut et fort. Et cela, c’est l’évidence qu’ils ne veulent même pas entretenir une discussion avec cette délégation.

Apparemment jeudi 17 janvier à Addis-Abeba, les chefs d’Etat de l’Union africaine étaient allés assez loin. Si l’on en croit Jeune Afrique, ils comptaient laisser à Joseph Kabila le choix entre un recomptage des voix et une nouvelle élection à laquelle pouvaient participer Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi…

Oui, justement, ce sont les options que nous croyions que l’Union africaine allait mettre sur la table. Evidemment, ce sont des options qui n’auraient pas plu à Kabila et je doute très fort qu’il aurait accepté l’une ou l’autre.

Aujourd’hui, on peut donc parler d’une volte-face de l’Union africaine ?

Je ne crois pas que c’est une volte-face. S’ils s’y’étaient rendus, de quoi allaient-ils discuter ? Ils allaient discuter avec un gouvernement qui les a embarrassés, et il faut peut- être reprendre les discussions là où ils les ont laissées pour voir quelles sont les options qu’on peut proposer, maintenant que la Cour constitutionnelle a donné son verdict. En plus de ça, on a vu que plusieurs présidents de la région, [Cyril] Ramaphosa de l’Afrique du Sud qui devait aussi faire partie de la délégation, ont déjà félicité Tshisekedi. Donc quelques positions sont déjà changées. La situation aujourd’hui est différente qu’elle ne l’était jeudi passé.

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Justement, peut-on dire qu’il y a des tiraillements au sein de l’Union africaine avec d’un côté des pro-Kabila comme le Sud-Africain Cyril Ramaphosa et de l’autre des anti-Kabila comme l’Angolais Joao Lourenço ?

Oui, je crois absolument qu’il n’y a pas eu consensus, même autour du communiqué qui est sorti jeudi. Il y a ceux qui poussaient justement pour plus de transparence, il y en a d’autres qui voulaient laisser les choses comme elles étaient. Pour l’Afrique du Sud, on a vu à des moments différents des différentes positions. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas consensus au sein de la SADC [Communauté de développement d'Afrique australe]. On a vu cela avec les différents communiqués qui sont sortis au cours de ces derniers dix jours.

Est-ce que, depuis l’époque Jacob Zuma, l’Afrique du Sud a des intérêts économiques et financiers avec le régime de Joseph Kabila ?

Le vrai enjeu économique entre l’Afrique du Sud et la RDC, c’est le barrage d’Inga. Les intérêts économiques qu’on croyait exister entre Kabila et Zuma, ce sont à mon avis des intérêts plus petits. Ça ne concerne pas de grandes mines, ce n’est pas du tout comme ça.

Mais l’Afrique du Sud, sous Zuma, avait signé un contrat avec Kinshasa pour le développement d’Inga, et de ça évidemment dépend un investissement énorme. Donc une instabilité politique menace les progrès avec ce projet.

Et de ce point de vue, l’Afrique du Sud a plus intérêt à ce que le nouveau président soit Félix Tshisekedi ou Martin Fayulu ?

Cela est difficile à dire. Je ne crois pas qu’on peut dire que l’Afrique du Sud a une préférence quelconque. Je ne crois pas qu’on peut dire à ce stade qu’elle aurait eu une préférence pour Fayulu ou Tshisekedi. Mais elle avait intérêt à voir que ces élections ne se déroulent pas dans ce chaos qu’on est en train de voir maintenant.

Et entre l’Angola et l’Afrique du Sud, où situez-vous la position du Rwandais Paul Kagame ?

Lui, il connaît très bien Kabila. Il connaît très bien le système Kabila. Le Rwanda a beaucoup d’intérêts qui étaient bien assurés par le statu quo en RDC. Mais en même temps, il est aussi quelqu’un qui évidemment se soucie énormément de son image internationale.

Actuellement, il préside l’UA jusqu’au mois prochain [jusqu’au 11 février]. Et donc, avec cette position-là, pour son image, c’était mieux de se montrer fort par rapport aux principes démocratiques. Evidemment à Kinshasa, c’est très mal vu de voir Kagame venir donner des leçons à Kabila pour les raisons historiques évidentes entre les deux pays, mais aussi parce que Kagame lui-même a changé sa Constitution et a gagné les élections avec des chiffres assez incroyables. Donc il y a beaucoup d’hypocrisie aussi dans la démarche de Kagame.

Ce week-end, Paul Kagame a reçu à Kigali la visite de trois émissaires de Joseph Kabila, à savoir le directeur de cabinet, Néhémie Mwilanya Wilonja, le patron des renseignements congolais, Kalev Mutond, et son conseiller diplomatique, Barnabé Kikaya Bin Karubi. Cela explique-t-il l’annulation in extremis de la mission de l’Union africaine à Kinshasa ?

Evidemment, ce sont des gens qui sont très proches de Kabila. Et s’ils ont été envoyés à Kigali, c’est sûr qu’ils avaient un message très fort à donner à Kagame.

Martin Fayulu, celui qui a gagné selon les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), dénonce un coup d’Etat constitutionnel et demande à la communauté internationale de ne pas reconnaître Félix Tshisekedi comme président. Est-ce qu’il peut être entendu par l’Union africaine ?

A vrai dire, je ne crois pas. Je ne crois pas qu’il y a un consensus au sein de cette organisation-là pour reconnaître Martin Fayulu, pour empêcher tôt ou tard l’Union africaine de reconnaître aussi Tshisekedi. Même la réunion qui a eu lieu la semaine passée, c’était une réunion avec quelques présidents. Ce n’était pas les Etats membres du CPS [Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine], ce n’était pas un sommet extraordinaire et ce n’était pas un sommet normal. Même cela, ça engage qui ? Il y avait déjà beaucoup de

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questions même au sein de l’Union africaine. Je suis sûre que les discussions vont continuer, probablement aussi au niveau du sommet qui aura lieu le mois prochain [les 10 et 11 février à Addis-Abeba]. Mais je ne vois pas l’Union africaine soutenir [Martin] Fayulu ouvertement, pas du tout.

Quatre jours après le mini-sommet d’Abbis-Abeba, peut-on parler d’une reculade de l’Union africaine face au régime de Kinshasa ?

Oui. Je crois que oui, parce qu’on connaît Kabila très isolé, pas du tout ouvert à une discussion avec qui que ce soit qui est critique par rapport à ces élections. Il ne l’était pas avant l’élection, il ne l’est certainement pas maintenant. Donc je crois que maintenant, c’est peut-être fini pour les grands gestes politiques de l’Union africaine pour l’instant.

Europe: Le vice-PM italien accuse la France de « coloniser » l’Afrique et réclame des sanctions

Sputnik / JDD – le 21.01.2019

Le vice-président du Conseil des ministres italien et dirigeant du Mouvement cinq étoiles (M5S), Luigi Di Maio, s’est prononcé pour l’instauration de sanctions contre les pays « qui

ne décolonisent pas l'Afrique ». Selon lui, il s’agit, tout d’abord, de la France.

Luigi Di Maio, le vice-président du Conseil des ministres italien, a appelé l'Union européenne à instaurer des sanctions à l'encontre des pays qui, selon lui, « appauvrissent l'Afrique » et sont ainsi à l'origine de la crise migratoire. La France figure en tête de liste.

« L'UE devrait sanctionner la France et tous les pays qui comme la France appauvrissent l'Afrique et font partir ces personnes [les migrants, ndlr], parce que la place des Africains est en Afrique pas au fond de la Méditerranée », a-t-il déclaré dimanche, lors de son déplacement dans les Abruzzes.

Selon le dirigeant du Mouvement cinq étoiles, « certains pays européens, la France en tête, n'ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains ». M.Di Maio estime également que la France qui « imprime une monnaie, le franc des colonies », dans « des dizaines de pays africains », finance ainsi sa dette publique.

« Si la France n'avait pas les colonies africaines, parce que c'est ainsi qu'il faut les appeler, elle serait la 15e puissance économique mondiale alors qu'elle est parmi les premières grâce à ce qu'elle est en train de faire en Afrique », a-t-il conclu.

Il a également annoncé « une initiative parlementaire du M5S dans les prochaines semaines », impliquant notamment le gouvernement et les institutions européennes, visant « à sanctionner tous les pays qui ne décolonisent pas l'Afrique ».

L'ambassadrice d'Italie en France convoquée

Ces propos n'ont pas été du goût de la France qui a convoqué aujourd'hui, au ministère français des Affaires étrangères, l'ambassadrice d'Italie en France.

« Le directeur de cabinet de la ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a convoqué l'ambassadrice d'Italie (Teresa Castaldo) à la suite des propos inacceptables et sans objet tenus par des autorités italiennes hier », a-t-on indiqué au cabinet de la ministre.

Les relations entre Paris et Rome sont extrêmement tendues depuis l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite alliée aux antisystème en Italie en juin 2018. Luigi Di Maio et le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini ont apporté de façon très démonstrative leur soutien aux « gilets jaunes », mouvement social qui bouscule la présidence d'Emmanuel Macron en France.

Matteo Salvini a accusé le président français de gouverner « contre son peuple » et a enfoncé le clou en allant jusqu'à souhaiter son départ: « Plus vite il rentre chez lui, mieux ça vaut! ».

Le ministre Flahaut demande de respecter le résultat électoral La Libre / BELGA - le 21 janvier 2019

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Le ministre d'État André Flahaut a plaidé lundi pour une reconnaissance du processus électoral qui a proclamé Felix Tshisekedi à la présidence du pays, malgré les contestations et les doutes. "La RDC est un État souverain. Il faut s'abstenir de vouloir l'influencer ; s'abstenir de vouloir se le réapproprier ; s'abstenir de vouloir lui dicter - en fonction d'un paternalisme mal placé - la ligne à suivre. Évitons, surtout, de lui imposer nos modèles (quelquefois déficients) de gouvernance", a affirmé l'ancien ministre de la Défense, actuellement ministre en Fédération Wallonie-Bruxelles.

"Aujourd'hui, en RDC, contrairement à ce que certains prédisaient, annonçaient ou croyaient, les élections ont eu lieu à travers le pays. Nous devons reconnaître le processus électoral, même si l'organisation (opérée par les seuls Congolais!) n'a pas été parfaite. La plus haute instance du pays, la Cour constitutionnelle, a confirmé les résultats. À présent, il nous faut respecter sa décision", ajoute M. Flahaut (PS), cité dans un communiqué.

Il souligne l'importance de l'alternance en cours, dès lors que Joseph Kabila ne sera plus président, pas plus que son dauphin Emmanuel Shadary. "Nous assistons donc, pour la première fois depuis l'Indépendance du pays, à une transmission du pouvoir présidentiel sur base d'élections - ceci sans guerre civile, situation qu'on doit à la raison du peuple congolais autant qu'à sa lassitude. Enfin, nous sommes les témoins d'une alternance politique, puisque le nouveau Président, Félix Tshisekedi, est issu de l'opposition. Au reste, des élections législatives et provinciales ont eu lieu. Une cohabitation sera sans doute nécessaire. Reconnaissons, dès lors, que ce qui s'est passé en RDC annonce une ère nouvelle."

Tshisekedi président: les dessous d'une prestation de serment historique Le Vif – le 23.01.2019

Une première contestée, mais une première quand même: la République démocratique du Congo s'apprête jeudi à vivre une transmission pacifique sans précédent du pouvoir présidentiel, qui va passer des mains de Joseph Kabila à Félix Tshisekedi.

Cet événement inédit au Congo et rare en Afrique centrale est le résultat, outre les élections du 30 décembre, d'un "rapprochement" entre le président sortant et son successeur issu de l'opposition et des pressions sur le pouvoir en place depuis quatre ans.

Avant la prestation de serment jeudi, M. Tshisekedi ou ses proches de M. Tshisekedi ont rencontré des officiels et des généraux issus de l'appareil d'État et sécuritaire sur lesquels M. Kabila règne depuis 18 ans. Le président Tshisekedi devra désigner un "informateur"

pour identifier un chef de gouvernement au sein de la majorité de l'Assemblée nationale qui reste largement acquise aux amis du président sortant Kabila.

Les deux coalitions pro-Kabila Front commun pour le Congo (FCC) et pro-Tshisekedi Cap pour le changement (Cach) ont signé un "accord de coalition politique" et de "partage de pouvoir", d'après un document que l'AFP s'est procuré. Ce document prévoit une

"répartition par famille politique des postes ministériels et autres postes administratifs". Il prévoit que les ministères régaliens (Affaires étrangères, Défense et Intérieur) doivent

"comme cela est de doctrine certaine, revenir à la famille politique du président élu".

L'accord prévoit également "l'occupation, par rotation, du poste de Premier ministre, tous les cinq ans".

"Putsch électoral"

L'accord n'est pas daté, rappelant qu'"en date du 9 janvier", la Commission électorale a proclamé la victoire de M. Tshisekedi à la présidentielle. Ces résultats validés par la Cour constitutionnelle sont contestés par l'autre candidat de l'opposition Martin Fayulu, qui dénonce un "putsch électoral" orchestré par M. Kabila avec la complicité de M. Tshisekedi.

M. Fayulu était le candidat d'une coalition d'opposants (Lamuka), soutenue par deux poids- lourds vivant en Belgique, Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi. M. Tshisekedi et son allié Vital Kamerhe s'étaient retirés de cet accord de coalition 24 heures après l'avoir signé à Genève le 11 novembre. Cette division de l'opposition offrait un répit et une alternative au pouvoir sortant. "Fayulu était disqualifiée pour l'alternance: le président Kabila était convaincu que (ses alliés) Katumbi et Bemba avec l'appui des Belges voulaient la guerre", assure un proche du chef de l'État.

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