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09.02.19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) SOMMAIRE

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09.02.19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) SOMMAIRE

La première sortie officielle de Félix Tshisekedi hors du pays, pour Luanda en passant par Nairobi pour boucler par Brazzaville, a constitué une étape significative de consolidation des liens avec ces pays en attendant le 32ème sommet de l’Union Africaine qui se tiendra la semaine prochaine à Addis-Abeba. A Luanda comme à Brazza, Félix Tshisekedi a été accueilli par des communautés congolaises nombreuses et enthousiastes, en témoignent les journaux parus à Kinshasa en ce samedi 9 février 2019.

D’autre part, il s’avère que la présence de la RDC dans la presse internationale est particulièrement forte cette semaine

Fin du voyage de FATT

Le Bulletin de l’ACP annonce en couverture la « fin du périple sous-régional du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ».

Ce bulletin rappelle que le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a regagné Kinshasa vendredi 08 février, via Brazzaville, en République du Congo, dernière étape du périple sous-régional qu’il a entamé mardi 05 février 2019, lequel l’a conduit successivement à Luanda, en Angola, à Nairobi, au Kenya, et à Brazzaville, au Congo/Brazzaville, rappelle ACP.

Pour ce média officiel, le Chef de l’Etat a rencontré durant cette tournée en tête-à-tête ses homologues Joao Lourenço à Luanda, Uhuru Kenyatta à Nairobi et Denis Sassou N’Guesso à Brazzaville. Des questions liées à la coopération, à l’économie, à la défense et à la sécurité ont été au centre des entretiens que le Chef de l’Etat a eus avec ses homologues de la sous-région, note l’agence.

Le Potentiel titre en grosse manchette que « Félix Tshisekedi boucle sa première tournée régionale ».

Et de préciser que ce voyage a permis au nouveau Chef de l’Etat de rassurer ses pairs africains de la sous-région, notamment quant à la nécessité de continuer d’entretenir de bonnes relations bilatérales tant sur le plan politique, économique que militaire.

Surtout, poursuit Le Potentiel, ce premier voyage a permis de raffermir les relations d’amitié, de coopération et de fraternité que la République démocratique du Congo partage avec ses voisins depuis des lustres.

« Brazzaville – Fin d’une 1ere tournée: Félix Tshisekedi chez Sassou N’Guesso », titre le site BENINWEBTV.COM

Pour ce média en ligne, durant cette visite, visant à « renforcer davantage les liens séculaires d’amitié et de fraternité qui unissent les deux Congo », les présidents Félix Tshisekedi et Sassou N’Guesso ont discuté notamment des questions bilatérales et internationales.

Pour les analystes politiques, cette visite officielle est très significative, vu les relations qu’entretiennent les deux pays, leurs positions géographiques et leur histoire commune, précise ce site.

Du même site, il ressort que « Félix Tshisekedi et Sassou Nguesso s’unissent pour un nouveau départ ».

BENINWEBTV ajoute que dans le cadre de sa première tournée sous-régionale, le chef de l’Etat de la RDC, a après l’Angola et le Kenya, visité son homologue voisin, Sassou Nguesso. A l’occasion, les échanges ont été axées sur, comment « renforcer davantage les liens séculaires d’amitié et de fraternité qui unissent les deux Congo ».

Sur cette lancée, souligne le site, Félix Tshisekedi et Sassou Nguesso ont demandé la tenue, au cours de l’année 2019, de la 12e session de la Grande Commission mixte entre la RDC et la République du Congo, ainsi que la réactivation de toutes les commissions mixtes spécifiques, « afin de traduire la volonté de raffermissement des liens d’amitié, de

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coopération et de fraternité qui unissent leurs pays et qui caractérisent leur politique de bon voisinage ».

Presse et documents étrangers

Le chef des renseignements, Kalev Mutondo se met en retrait RFI – le 05 02 19

En RDC, Kalev Mutondo sollicite une mise en disponibilité. C'est dans une lettre adressée au nouveau chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, que l’administrateur général de l’Agence nationale des renseignements a exprimé son souhait. Les motifs seraient politique puisque Kalev Mutondo vise la tête du Lualaba.

Une source au sein du Conseil national de sécurité confirme l'existence de la correspondance du numéro un de l'ANR qui convoite désormais le poste de gouverneur de la province du Lualaba. Kalev Mutondo a donc des ambitions sur cette entité qui est issue du tout récent découpage de l'ex-Katanga, et qui passe pour la province la plus riche du pays, celle qui produit la plus grande quantité de cobalt au monde. Le cobalt est actuellement l'un des minerais les plus recherchés, notamment pour son utilisation dans la fabrication des voitures électriques.

La candidature de Kalev Mutondo à la tête de la province du Lualaba est vue d'un bon œil par les membres de sa tribu. Sur le plan national, l'Administrateur général de l'ANR est accusé d'être à l'origine de nombreux abus. Les ONG de défense des droits de l'homme, congolaises et internationales, lui reprochent de nombreuses atteintes aux droits humains.

Il se trouve d'ailleurs sur la liste des responsables du camp Kabila sous sanctions de l'Union européenne.

D’autres évoquent le rôle de Kalev dans les procès contre l'ancien gouverneur de la province du Katanga, Moïse Katumbi. Si sa candidature au poste de gouverneur du Lualaba se confirme, et qu'il n'est pas élu, reste à savoir s'il reprendra ou non ses fonctions à l'ANR.

Kalev Mutond est l'administrateur général de l'Agence nationale de renseignements (ANR) congolaise depuis 2011. Homme de confiance du président Joseph Kabila, il serait né vers 1958.

Originaire de la partie méridionale du Katanga, Kalev Mutond aurait commencé tout en bas de l'échelle en interne en étant « agent pointeur » devant les chancelleries occidentales à Kinshasa dans le service qui a précédé l'ANR.

Grimpant un à un les échelons, il s’est ensuite rallié à l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila, le père de l'actuel chef de l'État, vers 1997, avant de poursuivre son ascension1.

Il devient administrateur principal du Département de la sécurité intérieure (DSI) de l’ANR en 2007 et enfin administrateur général (équivalent de directeur général) en octobre 2011.

Evasion fiscale : dix-sept millions de dollars perdus dans les flux téléphoniques Laurent Essolomwa - Adiac-Congo – le 5 février 2019

Les premières indications fournies par les organes internationaux de référence sur les pertes mensuelles de l’Etat sont disponibles. Le constat reste accablant. Dès la réception du rapport, le ministre des Postes et télécommunications (PTNTIC), Emery Okundji, a évoqué la nécessité de « faire la chasse aux fraudeurs et de mobiliser les recettes indispensables au bon développement du pays ».

Un flou artistique serait entretenu par les opérateurs téléphoniques eux-mêmes sur leur gestion du trafic des flux téléphoniques. Cette hypothèse revient en force après les données fournies par des organes internationaux qui évaluent ou attestent les flux des opérateurs et les travaux des entreprises techniques de la téléphonie mobile de chaque pays à travers le monde. Il en ressort de nombreux constats alarmants, dont des « incohérences de

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déclarations, les fraudes et omissions ». Les évaluateurs ont laissé entrevoir « un système de fraude généralisé » dans ce secteur. Et la situation est facilitée par l’application du système déclaratif qui autorise les fraudes et autres omissions, martèle une frange des experts gouvernementaux.

Par exemple, des zones d’ombre entourent la consommation des cartes prépayées.

Représentant quasiment 96 % de la consommation des abonnés estimée entre trois et treize millions par opérateur, il est curieux de constater que les déclarations des sociétés de téléphonie mobile ne renseignent que sur les communications effectives, dont les appels, les SMS ou l’internet. Par contre, aucun chiffre ne permet d’évaluer à ce stade l’importance des cartes prépayées expirées avant le délai de consommation et même d’autres flux à forte valeur ajoutée. Aucun opérateur ne les mentionne dans son rapport bimensuel, alors qu’il a encaissé entièrement l’argent des consommateurs qui n’ont finalement plus utilisé totalement leurs cartes. Il se pose aussi un problème dans les calculs des décomptes mensuels en franc congolais et en dollar américain. Généralement, l’opérateur s’en sort avec des redevances insignifiantes et l’Etat cumule des pertes dans ses recettes nettes. Il est inexplicable aussi que deux opérateurs de même taille fassent deux déclarations avec des écarts incroyables. Il y a un cas où un opérateur a déclaré quasiment la moitié du trafic d’un autre opérateur de même taille sur le même mois.

Du côté des services du ministère des PTNTIC, l’on n’a pas attendu pour déplorer le manque de clarté dans la gestion du trafic. Déjà, en 2016, un rapport similaire parlait d’une perte mensuelle de 17,6 millions de dollars américains. Pour 2017, les premiers états de contrôle laissent entrevoir un dénouement similaire. Au niveau de la stratégie de riposte, l’on a évoqué la possibilité de sous-traiter une partie des prestations de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications à une firme internationale. Il faut une expertise avérée pour réguler un secteur qui semble bien échapper totalement au gouvernement de la République.

Le ministre des PTNTIC, Emery Okundji, appelle à la vérité des faits et des chiffres. « Le constat pratique est étonnant. Le chiffre d’affaires potentiel des opérateurs se calcule sur les nombres d’appels téléphoniques, d’envois de SMS, d’utilisation d’internet par les messageries Yahoo, Gmail, les comptes professionnels et les échanges par Whatsapp Facebook, Twitter, Instagram.

Cela représente des millions de clients par opérateur, soit près de quarante millions de personnes. Aujourd’hui, tout ce qui est transmis comme détails permettant d’évaluer la taxe (une sorte d’impôt sur les gains), par les opérateurs, n’est qu’un document synthétique d’une seule page indiquant le résultat des appels passés dans le pays et à l’international, et des SMS et sans en donner des détails. Aucune distinction n’est faite entre les entreprises et les particuliers », a-t-il signifié.

Stephen Bwansa : « Joseph Kabila a fait de la RDC un exemple en matière de démocratie »

Martin Enyimo - Adiac-Congo - le 05.02.2019,

Stephen Bwansa, secrétaire fédéral du PPRD/Chine, a salué avec ferveur la passation civilisée du pouvoir entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. Dans un message, il met en exergue le rôle majeur du président sortant.

La passation civilisée et pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC), le 24 janvier dernier, entre les présidents Joseph Kabila et Félix-Antoine Tshisekedi est une première dans la sous-région de l’Afrique centrale, a indiqué Stephen Bwansa, ajoutant que des fleurs sont de plus en plus jetées au président Kabila qui a fait montre d’abnégation en cédant, par respect pour la Constitution, le pouvoir à son successeur. A partir de Beijing, il a tenu à saluer particulièrement cette alternance à la tête du pays.

La RDC un exemple en matière de démocratie... grâce à Kabila et sa famille politique

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Parlant du président sortant, il déclare dans son message : « A mon humble avis, le camarade Joseph Kabila Kabange et ma famille politique avons aujourd’hui démontré à la face du monde le sens le plus élémentaire de l’équilibre politique et démocratique pour la bonne marche de la République. Savoir déjouer les stratégies du chaos des ennemis du Congo mises en marche pour la cause des intérêts de certains clubs financiers internationaux occultes oblige la discipline et la constance tout en associant les règles du caractère de la force et puissance de l’aigle tout comme de l’agneau. Ainsi, nous félicitons le très cher compatriote et camarade Joseph Kabila Kabange pour l’esprit de liberté démocratique qu’il vient de faire montre à la nation congolaise. »

D’après Stephen Bwansa, Joseph Kabila a fait de la RDC un exemple en matière de démocratie pour d’autres pays qui peuvent s’en inspirer. Dans son message, il pense que la démocratie est un exercice qu’il faudrait appliquer avec beaucoup de stratégies politiques, programme de développement, innovation, humilité, courage et puissance. Pour les moins avertis, indique-t-il, la démocratie est une fin, tandis que pour des hommes affermis, elle reste un processus qui renvoie sur deux systèmes importants, à savoir la conservation et l’exercice du pouvoir, alors que l’accession au pouvoir par les urnes reste et restera toujours un moyen contestable dans le monde politique et les bases politiques respectives.

Et Stephen Bwansa note qu’il y a une nette différence entre les esprits éclairés qui s’inclinent par stratégie devant le résultat des urnes, et ceux qui dirigent le monde politique alors que celui-ci n’est autre chose qu’une démocratie de servitude intellectuelle et celle de la liberté pour la conquête ou la reconquête du pouvoir. « Ainsi, la République démocratique du Congo, par sa jeune démocratie, vient de donner une leçon politique et de démocratie dont certains Etats, selon les cas, peuvent s’inspirer de par leur passé historique et culturel afin que la démocratie serve l’intérêt de l’humain », soutient-il.

Stephen Bwansa présente au finish ses félicitations au président Félix Tshisekedi et l’encourage à continuer la lutte du développement, de paix ainsi que de l’indépendance politique et démocratique de la RDC.

Présidentielle : la Lucha juge les propos de Jean-Yves Le Drian « méprisants » RFI - le 05.02.2019,

L’élection en République démocratique du Congo s’est achevée par « une espèce de compromis à l’africaine », a estimé le ministre des Affaires étrangères lundi. Jean-Yves Le Drian avait pourtant fait part de ses doutes lors de l’annonce de la victoire de Félix Tshisekedi.

Le ministre était interrogé sur la radio France Inter sur le deux poids, deux mesures de la position de la France entre la fermeté face à l'élection contestée de Nicolas Maduro au Venezuela et la reconnaissance par Paris de l'élection - également contestée - de Félix- Antoine Tshisekedi Tshilombo comme président de RDC avait réagi en considérant les deux situations comme « totalement différentes ».

« L'élection s'est achevée finalement par une espèce de compromis à l'africaine. Je ne vois pas pourquoi on le remettrait en cause aujourd'hui », avait répondu Jean-Yves Le Drian à l'auditeur.

Pour Bienvenu Matumo, activiste du mouvement citoyen Lucha, ces propos du ministre français sont « méprisants ». « Ils traduisent un mépris vis-à-vis du continent africain et des peuples africains », s'est-il insurgé.

« On ne peut pas prétendre défendre un principe démocratique dans un pays et ne pas le défendre dans un autre. [...] Si la France est convaincue que les résultats qui ont été publiés n'étaient pas conformes à la vérité des urnes, elle ne devait pas être lâche, elle devait continuer à réclamer la vérité des urnes et soutenir ce principe-là de justice et de vérité », a-t-il fait savoir.

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L'Angola et le Kenya pour inaugurer la première tournée de Félix Tshisekedi RFI - le 05.02.2019

Le chef de l'Etat Félix Tshisekedi entame sa première tournée régionale et il se rend ce mardi à Luanda où il doit être reçu par son homologue Joao Lourenço. Il doit ensuite aller au Kenya pour remercier Uhuru Kenyatta, le seul président présent pour son investiture, avant de se rendre à Brazzaville pour s'entretenir avec Denis Sassou-Nguesso. Ce week- end, Félix Tshisekedi devrait être à Addis-Abeba pour prononcer son discours de président nouvellement élu, une tradition des sommets de l'Union africaine.

C’est par l’Angola que la visite commence, mais pour l’entourage du nouveau président, le plus important, c’est le Kenya. Uhuru Kenyatta est un grand soutien, souligne le porte- parole de Félix Tshisekedi. Le chef de l’Etat congolais ne restera que quelques heures ce mardi à Luanda, mais il passe la nuit à Nairobi.

La principale différence entre Joao Lourenço et Uhuru Kenyatta, c’est que le premier est de ceux qui ont douté de l’élection de Félix Tshisekedi alors que le second est le seul chef d’Etat qui a fait le déplacement pour sa prestation de serment. Uhuru Kenyatta sait aussi ce que c’est que la cohabitation, rappelle-t-on dans l’entourage de Félix Tshisekedi.

Remercier l'un, rassurer les autres

A Nairobi, ce sera le tapis rouge. A Luanda, il s’agit de rassurer, explique sans détour le porte-parole du président congolais. Comme d’ailleurs à Brazzaville où la tournée doit se terminer.

Malgré les doutes, les deux voisins de la RDC ont fini par féliciter Félix Tshisekedi pour son élection et ils se sont dits prêts à coopérer avec le nouveau président congolais. Mais chez les voisins de la RDC, on dit d’abord qu’on va écouter Félix et ses sollicitations éventuelles.

Mais on regarde toujours avec inquiétude la situation, avec Joseph Kabila qui reste une donnée essentielle du problème et Martin Fayulu qui « ne lâche pas ». Mais ce sont avant tout des problèmes intérieurs, dit-on, en amont de la visite du président congolais.

L'Angola, un acteur clé de la crise politique congolaise

Quand à la veille de Noël 2016, les évêques de RDC peinent à mettre les acteurs de la crise politique congolaise d'accord, le gouvernement angolais décide de retirer ses officiers encore stationnés dans le pays. Le geste est loin d'être symbolique. Le deuxième et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila se termine et Luanda avait toujours été accusé par l'opposition d'assurer sa protection et son maintien au pouvoir.

A l'époque, le président s'appelle José Eduardo dos Santos et l'Angola partage ses inquiétudes avec l'autre voisin, Brazzaville, mais aussi l'Eglise catholique. Pendant des mois, les démarches des uns et des autres semblent parfaitement coordonnées pour empêcher un troisième mandat jugé trop dangereux. L'élection de Joao Lourenço ne change pas grand-chose pour Joseph Kabila. Juste avant de finalement désigner un dauphin, c'est à Luanda que le président congolais se rend, lui qui disait refuser toute pression extérieure.

Mais la crise post-électorale - la contestation des résultats et le partage du pouvoir entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi suscitent de nouvelles inquiétudes. L'Angolais Joao Lourenço aurait œuvré avec le Rwandais Paul Kagame et d'autres pays voisins pour obtenir la suspension de la proclamation des résultats définitifs et ouvrir des négociations, ce que Kinshasa a refusé. Et ce n'est qu'à la veille de l'investiture que Luanda a fini par féliciter le nouveau président et s’est dit prêt à collaborer avec lui.

Au camp Tshatshi, Tshisekedi rassure la Garde Républicaine installée par Kabila AFP - le 04.02.2019

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Le nouveau président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a rendu visite lundi aux militaires de la garde présidentielle confirmant sa volonté de rassurer l'appareil sécuritaire légué par son prédécesseur Joseph Kabila.

"N'ayez peur de rien. Vous êtes entre de bonnes mains, votre commandant suprême sera bienveillant envers vous comme son prédécesseur (Joseph Kabila)", a déclaré le premier président congolais issu d'une alternance pacifique à plusieurs centaines de militaires et leurs dépendants dans un camp militaire de Kinshasa.

"J'avais promis d'améliorer les conditions sociales des militaires. Je suis venu visiter le camp Tshatshi pour voir comment les soldats et leurs familles sont soignés afin d'améliorer (leur sort)", a-t-il indiqué, sous les applaudissements et des cris de joie des épouses et des enfants des militaires, rappelant l'une de ses promesses de campagne.

"Je vais vérifier la ration, comment mangent et dorment les militaires et leurs enfants. Ce qu'il faut améliorer dans l'école des enfants", a détaillé M. Tshisekedi, issu du parti historique de l'opposition Union pour la démocratique et le progrès social (UDPS).

Sans expérience militaire ni sécuritaire, M. Tshisekedi a donné d'autres gages à l'appareil sécuritaire mis en place par son prédécesseur, qui a visé plus d'une fois dans le passé des militants de l'UDPS.

M. Tshisekedi a nommé par ordonnance François Beya au poste de conseiller spécial en matière de sécurité à la présidence.

Patron de la Direction générale des migrations (DGM) pendant douze ans, ce professionnel du renseignement a travaillé avec les deux précédents présidents Kabila père et fils.

Le nouveau chef de l'Etat avait rencontré vendredi l'état-major de l'armée et les commandants des grandes unités ainsi que ceux de toutes les provinces.

Selon la Constitution congolaise, le président de la République est le président suprême des forces armées et préside le Conseil supérieur de défense.

Le président Félix Tshisekedi, proclamé élu par la Cour constitutionnelle le 20 janvier, a pris la succession de Joseph Kabila resté au pouvoir pendant 18 ans à l'issue des élections générales à un tour du 30 décembre.

Cette première alternance pacifique dans l'histoire de la RDC est contestée par l'autre opposant Martin Fayulu, qui revendique la victoire avec 61% des voix et dénonce "putsch"

électoral.

La présidentielle en RDC: un "compromis à l'africaine", selon Jean-Yves Le Drian Belga – le 04.02.2019,

L'élection du 30 décembre en République démocratique du Congo (RDC) s'est achevée par

"une espèce de compromis à l'africaine", a estimé lundi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui avait fait part de ses doutes lors de l'annonce de la victoire de l'opposant Felix Tshisekedi.

Le ministre était interrogé sur la radio France Inter sur une éventuelle contradiction entre la fermeté affichée par la France face à l'élection contestée de Nicolas Maduro au Venezuela et la reconnaissance par Paris de l'élection - également contestée - de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo comme président de RDC.

"L'élection s'est achevée finalement par une espèce de compromis à l'africaine. Je ne vois pas pourquoi on le remettrait en cause aujourd'hui. M Tshisekedi est devenu président dans une configuration très particulière et propre à la République du Congo", a déclaré le chef de la diplomatie française.

Des résultats flous

Ce dernier avait estimé le 20 janvier que l'annonce de la victoire de M. Tshisekedi n'était

"pas conforme" aux attentes, au vu des résultats partiels. L'opposant Martin Fayulu avait qualifié les résultats de la présidentielle du 30 décembre 2018 de "putsch électoral" du président Joseph Kabila avec la complicité de M. Tshisekedi.

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"Sur l'élection dans la République démocratique du Congo, j'ai fait observer quer les résultats ne semblaient pas correspondre à toutes les informations que l'on pouvait avoir par ailleurs de sortie des urnes. J'observe que je n'étais pas le seul puisque l'Union africaine a fait la même déclaration en s'interrogeant même sur la nécessité de recompter les bulletins", a souligné M. Le Drian.

Le ministre français a estimé que la situation était "totalement différente" au Venezuela.

Dans ce pays, "il s'agit d'une crise majeure avec des risques de violence, des affrontements potentiels, le fait qu'il y a une oppression qui fait des morts", a-t-il insisté. "Et là nous demandons qu'il y ait une vérification démocratique et un scrutin qui permette d'identifier qui peut être président du Venezuela et que ce scrutin soit confirmé par sa légitimité, par des observateurs internationaux". "C'est tout à fait différent comme situation", a-t-il dit.

Comment les résultats des élections ont été « fabriqués » Propos recueillis par Christophe Rigaud – Afrikarabia - le 05 février 2019

Pour Gérald Gerold, chercheur à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), « 3,5 à 4 millions de voix ont été manipulées ». Ce spécialiste des élections au Congo explique

également comment la machine à voter a permis au pouvoir d’avoir « un temps d’avance » pour « fabriquer » la victoire de Félix Tshisekedi.

Afrikarabia : Plus d’un mois après les élections générales en République démocratique du Congo (RDC), l’opposant Martin Fayulu continue de revendiquer sa victoire sur Félix Tshisekedi. A-t-il raison de contester ces élections ?

Gérald Gerold : Tout à fait. Les missions d’observation de la Conférence épiscopale (Cenco) ou de la société civile (Symocel) ont rendu des rapports très clairs qui prouvent que celui qui a été désigné vainqueur de la présidentielle n’est pas celui qui a reçu le plus de voix.

D’autre part, les fuites récoltées des listing de la Commission électorale (Ceni), qu’elle n’a d’ailleurs jamais contesté, montraient très clairement que parmi les trois principaux candidats, celui qui arrivait en tête était Martin Fayulu. Ce candidat a donc le droit absolu de contester le résultat comme il le fait actuellement.

Afrikarabia : Comment qualifier le scrutin de 2018 par rapport aux deux dernières élections congolaises de 2006 et 2011 ?

Gérald Gerold : Je faisais partie de l’équipe de la mission d’observation de l’Union européenne en 2011. La différence qui existe entre ces deux processus électoraux, c’est la différence qui existe entre manipulation et fabrication. En 2011, on a manipulé les chiffres pour faire en sorte que l’opposant Etienne Tshisekedi ne soit pas élu. En 2018, on a véritablement fabriqué des résultats de toutes pièces pour faire élire son fils, Félix. Pour fixer un ordre de grandeur, on avait dû « déplacer » un peu plus d’un million de voix en 2011, alors qu’en 2018, selon une étude du Groupe d’études sur le Congo (GEC), on serait sur une fraude de 3,5 à 4 millions de voix… sans compter toutes les manipulations sur les élections législatives et provinciales.

Afrikarabia : Quel rôle a joué la très contestée machine à voter dans ces élections, et a-t- elle été utilisée dans la fraude électorale ?

Gérald Gerold : Cette machine avait une double fonction. Tout d’abord celle d’une imprimante. Techniquement c’était intéressant. Cela épargnait l’utilisation de papier avec d’énormes bulletins de vote. Ensuite, elle a servi à transmettre des résultats. A la fin du dépouillement, dans chaque centre de vote, on a transmis à l’aide de clés USB ou de communications satellitaires, des résultats aux centres de la Ceni. C’est d’ailleurs à partir des résultats transmis par la machine à voter, qu’a été établi le listing de la Ceni qui a fuité

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dans la presse. La machine à voter a donc sûrement permis aux dirigeants de la Ceni et aux autorités politiques de connaître les résultats avec un temps d’avance. Ce qui expliquerait pourquoi on a arrêté le travail des centres locaux de compilation au niveau des circonscriptions.

Afrikarabia : C’est à dire ?

Gérald Gerold : Lorsque la Ceni a promulgué les résultats des provinciales et de la présidentielle, 20% des centres locaux de compilation continuaient de travailler sur la présidentielle et aucun n’avait commencé à regarder les procès-verbaux des provinciales ! La machine à voter a permis aux responsables de la Ceni de bloquer le travail de compilation et de fabriquer les résultats.

Afrikarabia : Un mois après le scrutin, la Ceni n’a toujours pas publié les résultats complets des trois scrutins. Est-ce que ce sera fait un jour ?

Gérald Gerold : J’ai peu d’espoir qu’elle le fasse. J’ai le sentiment que la Ceni ne travaille pas pour la transparence de cette élection, mais travaille plutôt à la destruction des preuves. Il serait normal d’avoir une liste complète des résultats pour savoir le nombre de voix qu’a obtenu chaque candidat, à la présidentielle, aux législatives et aux provinciales.

Je me demande d’ailleurs comment ces candidats peuvent constituer des recours sérieux pour faire valoir leurs droits sans aucun chiffre officiel !

Afrikarabia : Quel signal envoie ces élections chaotiques au reste de l’Afrique ?

Gérald Gerold : Je suis atterré de la façon dont les principaux leaders, africains ou européens, ont accueilli ces élections. C’est un signal extrêmement négatif que l’on envoie aux citoyens et aux électeurs africains. Comment appeler ces électeurs aux urnes pour ensuite ne pas respecter leur choix ? Comment donner de l’espoir à des gens qui veulent instaurer un changement par des voix démocratiques ? C’est un encouragement aux populations à prendre d’autres voix qui risquent d’être plus violentes.

Afrikarabia : Comment expliquer l’attitude plutôt conciliante de l’Union africaine et de l’Union européenne ?

Gérald Gerold : Bizarrement, l’organisation qui a réagi le plus fermement, c’est l’Union africaine. Elle a esquissé des doutes et même une tentative d’action. Ça n’a pas duré parce que la réaction de Kinshasa a été rapide et violente et qu’il y avait désunion à l’intérieur du groupe africain. Par contre, la réaction la plus décevante, c’est celle de l’Union européenne. Dans cette absence de réaction, il y a une sorte d’abandon de nos principes démocratiques et des démocrates africains qui se battent sur le terrain. Je ne sais pas à quel jeu joue l’Union européenne, parce qu’en parallèle, il y a eu des réactions extrêmement violentes sur la situation au Venezuela… c’est complètement paradoxal.

(Analyse 2/2] Election en RDC: Félix Tshisekedi face au grand jeu régional RFI – le 6 février 2019

Tout au long du processus électoral, de dialogues en reports, les pays de la région ont maintenu la pression sur Joseph Kabila pour qu’il renonce à son troisième mandat, jugé

trop dangereux pour la stabilité des Grands Lacs. Le 24 janvier 2019, le benjamin des chefs d’Etat de la région a cédé son fauteuil à Félix Tshisekedi, président du parti d’opposition historique, mais conserve la main sur l’essentiel des rouages institutionnels,

économiques et sécuritaires. Au Congo, les résultats de la présidentielle sont toujours contestés comme le sont les changements de Constitution et les troisièmes mandats

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dans les pays voisins. En tournée pour la première fois dans les pays de la région, le nouveau président Félix Tshisekedi va devoir s’imposer face au grand jeu régional pour

éviter que la RDC ne redevienne un champ de bataille.

De l’autre côté du fleuve, chez l’autre Congolais Denis Sassou-Nguesso, la situation en République démocratique du Congo est suivie de près. « Nous n’avons pas le choix, quand Kinshasa éternue, c’est Brazzaville qui s’enrhume », aime à rappeler un officiel congolais.

Depuis la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila en 2016, le Congo-Brazzaville, mais aussi l’Angola, la Zambie et l’Ouganda ont régulièrement accueilli des vagues de réfugiés, suscitant inquiétudes et consultations.Le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, ou même de son dauphin, était perçu comme trop dangereux, mais le cas de Félix Tshisekedi divise, tant il est unique dans l’histoire de la région. « Si Félix Tshisekedi et Joseph Kabila arrivent à contenir la grogne au Congo, certains voisins comme l’Angola ou le Congo-Brazzaville vont naturellement s’apaiser », assure un diplomate de l’Union africaine. Dans la sous-région, les premiers pas du nouveau président sont scrutés.

Le Sud-Kivu, première ligne de front

Pour sa première sortie de Kinshasa, le nouveau président, Félix Tshisekedi, a choisi de se rendre dans des pays de la région. Il cible le Kenya - le président Uhuru Kenyatta était d’ailleurs le seul chef d’Etat présent à son investiture -, mais aussi l’Angola et le Congo- Brazzaville qui ont fini par le féliciter. Pour cette première tournée, le chef de l’Etat congolais évite ses voisins de l’Est. Pourtant, à chaque phase de contestation politique depuis plus de 20 ans, c’est de là que sont parties toutes les grandes rébellions, alternativement soutenues par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda.

« Si les élections ne permettent pas de changer les choses, le peuple congolais risque de se tourner vers d’autres méthodes », ont prévenu Mo Ibrahim, milliardaire et apôtre de la bonne gouvernance, et Alan Doss, l’ancien patron de la mission des Nations unies au Congo (Monusco) et président de la fondation Kofi Annan. Dans une tribune commune, publiée le 1er février 2019, les deux hommes tirent la sonnette d’alarme. En avalisant l’accord passé entre Joseph Kabila et son successeur au détriment de la vérité des urnes, la communauté internationale pense assurer la stabilité du Congo, mais à tort, selon eux. « Il y a déjà des bruits de bottes à l’Est qui a un lourd passé d’insurrection, soulignent-ils. De nombreux voisins de la RDC seront affectés si une nouvelle vague de violence généralisée éclate au Congo. »

Ce n’est pas pour rien si, en octobre 2018, les deux organisations sous-régionales, la Conférence internationale pour les Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ont demandé à une équipe d’enquêteurs de se pencher sur la situation sécuritaire aux frontières de la RDC, du Rwanda et du Burundi, où les incidents et signes de tension se multiplient depuis trois ans. Ce « mécanisme de vérification élargi », exclusivement composé d’officiers originaires de onze pays de la région et basé à Goma, rend son rapport le 5 novembre 2018.

Pour comprendre ce qui se trame dans la région, l’équipe s’est d’abord rendue à Bukavu pour échanger avec des responsables de la Mission de maintien de la paix des Nations unies au Congo (Monusco). Dans la seule province du Sud-Kivu, leur dit-on, il y a une cinquantaine de groupes armés actifs, dont six étrangers, uniquement rwandais et burundais : « FDLR, FNL, Forebu, Red Tabara, RNC et CNRD ». Mais là, comme dans le reste du pays, les forces de sécurité congolaises restent la principale source de violations des droits de l’homme.

Une guerre Burundi - Rwanda par rébellions interposées ?

Comme à chacune de leurs visites depuis trois ans, les experts militaires de la région se voient présenter de présumés rebelles burundais, arrêtés par l’armée congolaise. Les témoignages sont toujours les mêmes. Cette fois encore, « le rebelle qui se présente lui-

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même comme Bizumurenyi Pascal » dit avoir séjourné dans un camp de réfugiés au Rwanda avant de rejoindre un groupe de « quelque 850 combattants », entraînés dans le camp de Ndaasho. Ce présumé rebelle leur explique que « la formation a duré trois ans et elle a été délivrée par neuf instructeurs rwandais avec des uniformes similaires à ceux des Forces de défense rwandaises (RDF) », notent les enquêteurs de la CIRGL et de la SADC.

L’armée congolaise enfonce le clou : dans cette province du Sud-Kivu, l’état-major congolais assure avoir dénombré 25 combattants étrangers sur les quelque 250 capturés.

Parmi eux, il y aurait même une belle prise : « le général David Rukemba, chef militaire des Red Tabara ». C’est le nom de la rébellion burundaise créée par l’opposant Alexis Sinduhije après l’échec des manifestations hostiles au troisième mandat de Pierre Nkurunziza, en 2015. Kigali est accusé de se servir de ce groupe, comme d’autres, pour déstabiliser le Burundi voisin.

Au quartier général des RDF à Kigali, le « mécanisme élargi » entend une tout autre version de l’histoire. Les officiers rwandais l’assurent : ce n’est pas le Rwanda, l’agresseur, mais l’agressé. « Entre janvier et octobre 2018, des incidents isolés sont rapportés, caractérisés par des attaques de groupes armés depuis les forêts de Nyungwe et Kibira, dans la province du sud frontalière du Burundi, peut-on lire dans ce rapport confidentiel. La présence de groupes armés rwandais dans les pays voisins reste une préoccupation majeure ».

Les officiers rwandais donnent même des estimations des effectifs de leurs ennemis au Congo. Selon Kigali, les FDLR ont encore 1 100 à 1 400 combattants regroupés dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Un groupe dissident, le CNRD, les supplanterait même en importance avec 1 300 à 1 600 combattants, éparpillés entre les territoires du Rutshuru, du Masisi et de Fizi. À leur traditionnelle liste de rebelles hutus rwandais, les officiers rwandais ajoutent le RNC, le parti d’opposition dirigé par l’ancien chef d’état-major de l’armée rwandaise. Kigali assure aux experts de la région que ce parti disposerait de 300 à 500 hommes dans la forêt de Bijombo situé dans le territoire d’Uvira au Sud-Kivu.

Pour Kigali, l’ennemi, c’est aussi le Burundi, accusé de servir de base arrière et d’apporter un soutien aux groupes armés hostiles au président Kagame. C’est aussi ce qu’affirment les anciens combattants, présentés par l’armée congolaise aux experts de l’ONU sur le Congo. Les détenus affirment avoir reçu de l’assistance de Bujumbura des « fournitures, notamment des armes et des munitions, de la nourriture, des médicaments, des bottes et des uniformes du Burundi ». Un officiel burundais confirme à demi-mot, mais se justifie :

«Kagame fait bien pire que nous et ça fait trois ans qu’on lui laisse déstabiliser notre pays sans que cela ne suscite de réactions. »

Les ennemis de Kigali ciblés par Kinshasa

Le 17 janvier 2019, sur invitation du rwandais Paul Kagame, président en exercice de l’Union africaine, une dizaine de chefs d’Etat, dont l’Ouganda, l’Angola, le Congo- Brazzaville, la Zambie et l’Afrique du Sud, acceptent de signer un communiqué qui met en doute les résultats de toutes les élections, présidentielle incluse. Sur pression des voisins du Congo, le Rwanda en tête, ils demandent, fait inédit, la suspension de la proclamation des résultats définitifs et promettent de descendre sur Kinshasa pour trouver un

« consensus sur une sortie de la crise postélectorale dans le pays ». Joseph Kabila décide de passer outre et au sein du régime congolais, beaucoup blâment le Rwandais Paul Kagame pour cette initiative. Le protocole d’Etat de la présidence congolaise assure que ce dernier n’est pas le bienvenu à la cérémonie d’investiture de Félix Tshisekedi. Plusieurs officiels n’hésitent pas à se réjouir de l’échec de « son énième entreprise de déstabilisation ».

L’apparente brouille diplomatique est bien loin d’empêcher les relations de bon voisinage. Quelques heures à peine après le mini-sommet d’Addis-Abeba, le 18 janvier 2019, les gouvernements congolais et rwandais ciblent les principaux ennemis de Paul Kagame, les FDLR, le CNRD et le RNC et avec eux, les Etats et les politiciens qu’ils accusent d’être leurs soutiens.

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Ce jour-là, le ministre congolais de la Défense, Crispin Atama Tabe, écrit à la représentante spéciale du secrétaire général, Leila Zerrougui pour « solliciter l’appui des Forces de la Monusco aux FARDC pour contrecarrer l’élaboration de ce macabre projet qui déstabiliserait encore davantage la sous-région ». Désireux de ne pas être accusé de servir de « base arrière », il évoque un « déplacement de FDLR et de leurs dépendants vers le Sud-Kivu où ils seraient sollicités par le général rebelle Kayumba ». En des termes clairs, il évoque

« une coalition pour une action belliqueuse contre le Rwanda depuis la RDC ». Du pain bénit pour Kigali.

Au sein de la Monusco, on s’étonne de voir qualifier de FDLR - un groupe de rebelles hutus rwandais tenus par une poignée de présumés génocidaires - les flots de civils hutus qui fuient les attaques lancées par l’armée congolaise et leurs supplétifs quelques jours à peine avant les élections. Ce sont les combattants du CNRD, dissidents des FDLR, et leurs dépendants qui sont visés par la missive, et la Monusco n’apporte son soutien militaire aux opérations de l’armée congolaise qu’avec parcimonie, surtout quand la vie de milliers de civils, femmes et enfants, est en jeu.

Mandats d’arrêt et extraditions en catimini

Toujours le 18 janvier 2019, le Rwanda émet, de son côté et dans le plus grand secret, une série de mandats d’arrêt internationaux, « en rapport avec les récentes attaques dans le sud du pays ». Ils concernent notamment le général Kayumba Nyamwasa, Callixte Sankara, un ancien du RNC et l’opposant Paul Rusesabagina associés aux rebelles du CNRD, et les deux FDLR, Bazeye Fils Laforge et Théophile Abega. D’habitude prompt à attaquer ses détracteurs, cette fois, Kigali ne communique pas. « Si Paul Kagame a appris qu’il valait mieux monter un dossier que d’envahir le Congo, c’est mieux pour la région », commente un responsable onusien. Mais à Kinshasa, certains redoutent, y compris dans l’entourage de Joseph Kabila, que l’argument sécuritaire développé par le Rwanda serve à nouveau d’excuse pour une nouvelle rébellion ou même invasion du Congo. Dans les rangs de l’UDPS ou de l’UNC qui ont porté la candidature de Félix Tshisekedi, les nombreux détracteurs du président Paul Kagame ne redoutent rien de moins, eux aussi, que la partition longtemps promise. « Si Kagame et Kabila sont de mèche, c’est la vie même de Félix qui est menacée », s’alarme un proche du nouveau président.

Parmi les groupes visés par les mandats d’arrêt lancés par Kigali, seul le RNC n’a jamais revendiqué d’attaques contre le Rwanda. Le parti de Kayumba Nyamwasa rappelle qu’avec d’autres partis d’opposition regroupés dans une plateforme appelée P5, il demande depuis juillet dernier au président Kagame d’ouvrir un dialogue. « Le gouvernement du Rwanda n'est pas prêt à dialoguer, ils cherchent à utiliser le RNC comme un épouvantail pour ne pas avoir à négocier, estime Jean-Paul Turayishimye, l'un des porte-parole du RNC. Ils nous accusent d'être des terroristes, d'avoir des groupes armés en RDC qui n'existent pas ».

Dans la quinzaine de pages du mandat et de l’acte d’inculpation établis contre le général Kayumba Nyamwasa, le parquet rwandais qualifie bien la plateforme P5 d’« organisation terroriste » et insiste sur la complicité de membres des FDU, emprisonnés depuis plus d’un an, accusés d’avoir recruté des combattants et de financer les activités militaires du RNC.

Leur présidente, Victoire Ingabire, dément toute participation des FDU et rappelle que Paul Kagame n’hésite ni à tuer ni à fabriquer des accusations contre ses opposants pour les discréditer. « J’en ai été moi-même victime », rappellel’ancienne candidate à la présidentielle, tout juste graciée après huit années passées en prison à l’issue d’un procès qualifié de politique par les organisations internationales de défense des droits de l’homme.

L’Afrique du Sud et le Rwanda à couteaux tirés

L’Afrique du Sud est l’un des rares pays à avoir soutenu la demande de dialogue formulée par le général Kayumba Nyamwasa et les autres partis d’opposition rwandais. Pour cela,

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sa ministre des Affaires étrangères, Lindwe Sisulu, avait été traitée de prostituée par un site progouvernemental rwandais, provoquant un nouveau couac diplomatique. Depuis la tentative d’assassinat contre le général Nyamwasa en 2010, en pleine Coupe du monde de football, les relations entre les deux pays sont en dents de scie. Quand Kigali est accusé de soutenir la rébellion du M23 en 2012, l’Afrique du Sud, allié traditionnel de Joseph Kabila, fait partie des pays d’Afrique australe à avoir accepté de placer des soldats sous mandat pour soutenir l’armée congolaise, après l’humiliation de la prise de Goma, l’une des principales villes de l’Est.

Pour l’Afrique du Sud, le général Kayumba Nyamwasa est précieux à plus d’un titre. Quand les soldats sud-africains s’engagent dans les opérations contre le M23, c’est à lui et à son collègue, l’ancien chef des renseignements extérieurs cofondateur du RNC, Patrick Karegeya, que Pretoria fait appel. Les deux anciens proches de Paul Kagame ont toujours été soupçonnés d’avoir instrumentalisé rébellions et groupes armés au profit du régime rwandais. Ils sont les mieux à même d’obtenir des renseignements précieux sur ce que l’Afrique du Sud et bon nombre pays de la communauté internationale perçoivent comme la dernière création de Kigali. L’assassinat de Patrick Karegeya le 31 décembre 2013, dans l’un des hôtels les plus sécurisés d’Afrique du Sud, a entraîné la rupture des relations diplomatiques, Pretoria accusant ouvertement les services rwandais d’être responsables de l’assassinat.

Pour l’avocat du général Kayumba Nyamwasa, Kennedy Gihana, le mandat d’arrêt lancé contre son client est le contre-feu d’une procédure judiciaire qui pourrait exposer « le caractère criminel du régime de Paul Kagame ». Deux jours plus tôt, le 16 janvier 2019, après cinq ans d’inaction, la justice sud-africaine a commencé à auditionner des témoins dans le dossier Karegeya. « Les autorités sud-africaines sont déjà excédées par les manigances de Paul Kagame », explique un diplomate d’un pays de la région. « Le président Cyril Ramaphosa risquait déjà de s’attirer les foudres d’autres pays de la SADC, en prenant une position contraire à celle de l’organisation, certains officiels, dont la ministre, ont été surpris et furieux de découvrir ce mandat d’arrêt quelques heures après Addis. » Selon ce diplomate, qui se dit fin connaisseur de la politique sud-africaine, Pretoria aurait réagi en fournissant au juge en charge du dossier Karegeya une lettre qu’il a lue à l’audience du 21 janvier 2019. C’est ce jour-là que les présidents rwandais et sud- africain auraient dû arriver ensemble à Kinshasa, dit-on, pour convaincre leur homologue congolais de respecter la vérité des urnes.

Quelques heures avant la proclamation des résultats définitifs, Joseph Kabila prend soin d’envoyer un émissaire à Pretoria. Son conseiller diplomatique, l’habile Barnabé Kikaya, est venu, dit-il sobrement, « faire une opération de charme pour l’investiture du nouveau président ». Un officiel congolais assure que le conseiller avait « l’accord de coalition sous le bras ». À sa charge de convaincre le président sud-africain Cyril Ramaphosa de la nécessité de soutenir l’accord de partage du pouvoir avec Félix Tshisekedi, qui serait

« vital » pour la stabilité du pays et la survie de Joseph Kabila. « En annonçant la victoire de Martin Fayulu, le président Kabila risquait d’être renversé par ses proches. En annonçant celle de Emmanuel Ramazani Shadary, c’était par la rue », expose sans détour l’officiel congolais.

Un complot pour renverser Paul Kagame ?

Dans les heures qui suivent le sommet d’Addis-Abeba, le chef de l’Agence nationale des renseignements du Congo, Kalev Mutond, s’envole, lui, une nouvelle fois pour Kigali et les deux officiers FDLR, Bazeye Fils Laforge et Théophile Abega, arrêtés quelques semaines plus tôt et que le Rwanda réclamait, sont extradés. Le frère du porte-parole des FDLR, Pierre-Célestin Ruhumuliza, est persuadé que Bazeye Fils Laforge a servi de « monnaie d’échange » pour obtenir l’annulation de la visite des chefs d’Etat à Kinshasa.

Ce qui est sûr, c’est que les services congolais et rwandais chargent les deux rebelles hutus rwandais. Ils accusent notamment le porte-parole des FDLR de s’être rendu en Ouganda

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et d’avoir mené toute une série de contacts suspects. Bazeye Fils Laforge aurait même confessé avoir rencontré le gendre du général Kayumba Nyamwasa. Frank Ntwali a lui aussi été victime d’une tentative d’assassinat en Afrique du Sud. Plus grave, le porte-parole des FDLR aurait eu une entrevue avec le ministre d’Etat en charge de la coopération régionale, Philemon Mateke, qui se trouve, à son tour, accusé de soutenir le complot contre Kigali.

Les preuves, c’est Kinshasa qui les fournit : la carte de visite de l’officiel ougandais, un laissez-passer établi par les services d’immigration congolais, le 13 décembre, au nom de Nkanka Bazeye Ignace. Et dans le répertoire des téléphones du porte-parole des FDLR figureraient des contacts avec des numéros sud-africains. L’information fait sursauter le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo. « Connaissant le ministre Mateke et connaissant son âge, je doute qu’il ait rencontré ce genre d’individus », assure- t-il, s’emportant finalement contre de « faux témoignages », une « habitude » chez les services congolais « peu respectueux des droits de l’homme ».

Une source officielle rwandaise va plus loin dans ses accusations et assure que le président ougandais Yoweri Museveni est lui-même impliqué et qu’il est même « l’un des artisans » de l’alliance contre nature entre le général Kayumba Nyamwasa, ancien de Paul Kagame et les FDLR, un groupe armé qui l’a longtemps accusé d’avoir massacré des millions de réfugiés rwandais au Congo. Le président rwandais Paul Kagame aurait lui-même fait allusion lors de ses vœux début janvier au rôle joué par le Burundi, mais aussi l’Ouganda, en évoquant « certains pays voisins [qui] aident des mouvements armés rwandais FDLR et RNC pour qu’ils viennent déstabiliser le pays ». « L’Ouganda n’a pas de plan pour déstabiliser le Rwanda ou un quelconque pays », martèle Ofwono Opondo, de plus en plus agacé contre les accusations.

L’Ouganda dément toute implication

Si le porte-parole du gouvernement ougandais ne cache pas son exaspération à l’égard de Kinshasa, l’Ouganda ne formule officiellement aucune accusation contre Paul Kagame, lui- même ancien chef des renseignements militaires ougandais, et qui entretient des liens avec l’opposition ougandaise. Au pouvoir depuis 32 ans, Yoweri Museveni a réussi en janvier 2018, non sans contestation, à promulguer la loi supprimant la limite d’âge pour devenir président. Cela lui permet d’être à nouveau candidat en 2021, mais le chef de l’Etat ougandais a de plus en plus d’ennemis. Depuis, Kampala a multiplié les arrestations d’Ougandais et les expulsions de Rwandais, tous accusés d’agir pour le compte de Kigali.

Certains voient dans ce regain de tensions entre les deux pays la main des anciens proches de Paul Kagame, devenus ses meilleurs ennemis. Interrogé sur le rôle du RNC dans le grand ménage opéré par les autorités ougandaises, l’un de ses membres ne dément pas :

« Nous avons des amis en Ouganda, nous avons aussi des membres qui ont été kidnappés ». L’opposant rwandais admet à demi-mot : « En quoi ce serait un problème qu’on fournisse à nos amis des informations sur le passé d’agents rwandais qui pourraient être impliqués ? » Il ne dément pas non plus d’éventuels contacts avec des rebelles hutus rwandais. « Parler ne veut pas dire collaborer. On parle même avec des gens au sein des RDF ou du M23 », justifie ce partisan de Kayumba Nyamwasa. Ce dernier jure en revanche que sa coalition ne mène aucune attaque contre le Rwanda. « Je ne peux pas cacher qu’on en parle, mais on n’a ni les moyens ni la volonté d’attaquer le Rwanda, ce sera la dernière extrémité », assure cet opposant au régime de Paul Kagame.

Les germes d’un conflit régional ?

Ces discours, on les entend aussi de plus en plus dans la bouche d’opposants burundais, rwandais ou même congolais qui ne voient plus ni dans les élections ni dans la contestation pacifique les moyens de changer de gouvernance. Certains ont déjà franchi le pas, comme les Burundais Alexis Sinduhije et Hussein Radjabu et même le Rwandais Paul

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Rusesabagina, le patron de l’Hôtel des mille collinesqui pendant le génocide a sauvé des centaines de Tutsis et qui aujourd’hui s’allie aux rebelles hutus du CNRD. D’autres personnalités sont, elles, éternellement soupçonnées de se préparer à la lutte armée, comme le général rwandais Kayumba Nyamwasa ou d’anciens rebelles congolais, Jean- Pierre Bemba et Mbusa Nyamwisi, devenus opposants et alliés de Martin Fayulu, et surtout les éternels insurgés, Laurent Nkunda et Sultani Makenga. La plupart ont leurs entrées à Kampala. La violence des combats et les attaques répétées contre les casques bleus dans le territoire de Beni ces derniers mois ont renforcé les suspicions.

Dans les ambassades à Kinshasa, comme dans les chancelleries occidentales, on gère la question congolaise au jour le jour. « Félix Tshisekedi a déjà beaucoup à faire s’il veut apaiser la grogne sociale et diffuser les tensions ethniques, souligne un diplomate. Et il a Joseph Kabila et tout l’appareil sécuritaire dans le dos qui sont pour la plupart issus de l’AFDL et complices de certains des crimes commis par l’armée rwandaise au Congo. » Le nouveau président congolais a promis de ne pas faire de « chasse aux sorcières », avant d’être proclamé président. Son parti lui demandait il y a quelques mois encore « de renvoyer Joseph Kabila au Rwanda », c’était l’un des chants les plus populaires au sein de l’UDPS. C’est aussi en chanson que certains parmi les partisans de l’opposant Martin Fayulu n’ont pas hésité lors de son dernier meeting à lui demander des armes. D’autres ont menacé de s’en prendre à la communauté de Félix Tshisekedi.

Face à tous ces risques internes, certains au sein des Nations unies regardent avec inquiétude la montée de tensions entre les quatre principaux pays protagonistes des deux guerres du Congo. Tous ont une propension à instrumentaliser des groupes pour venir à bout de leurs ennemis et mettre la main sur les richesses du pays. « Aucun de ces chefs d’Etat, pas même Kabila, ne veut lâcher le pouvoir. Aucun ne peut souhaiter la réussite de Félix Tshisekedi et d’une véritable alternance pacifique du pouvoir », commente un responsable onusien. Un autre renchérit : « A un moment ou à un autre, l’un de ces Etats va s’énerver et une véritable rébellion verra le jour ». Et toute la stabilité de la région sera de nouveau menacée.

Le Kenya promet d'aider Tshisekedi à stabiliser la RDC AFP – le 06.02.2019,

Le président kényan Uhuru Kenyatta a proposé mercredi 6 février son aide pour ramener la paix et la stabilité en République démocratique du Congo (RDC), au cours d'une visite de son nouveau président, Félix Tshisekedi. Il a assuré à son interlocuteur qu'il avait tiré

les leçons de la crise politique née de la contestation de sa réélection en 2017 par l'opposant Raila Odinga, qui avait fait plus de 90 morts.

Les deux hommes ont depuis promis d'oeuvrer ensemble pour la réconciliation dans le pays. "Nous allons continuer à vous aider à atteindre la paix et la stabilité, parce que nous avons une expérience similaire à la vôtre, que nous pouvons vous faire partager", a assuré M. Kenyatta, cité dans un communiqué de la présidence.

Il a précisé que le Kenya était prêt à aider à former les fonctionnaires congolais, ainsi qu'à mettre en place des partenariats en matière de construction d'infrastructures et dans l'industrie minière.

Félix Tshisekedi a été proclamé élu par la Cour constitutionnelle le 20 janvier. Il a pris la succession de Joseph Kabila, resté au pouvoir pendant dix-huit ans et dont le camp a gardé la majorité des sièges à l'Assemblée nationale.

Cette première alternance pacifique dans l'histoire de la RDC est contestée par l'opposant Martin Fayulu, qui revendique la victoire avec 61% des voix et dénonce un "putsch"

électoral.

Félix Tshisekedi a entamé en Angola sa première tournée à l'étranger dans ses nouveaux habits de chef d'Etat, depuis son élection après le scrutin du 30 décembre 2018.

Après le Kenya, il doit se rendre au Congo-Brazzaville.

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RDC: la grogne sociale, "baptême de feu" pour Félix Tshisekedi Le Vif – le 06/02/19

Télévision, assurance, transports, pompiers... La République démocratique du Congo (RDC) vit au rythme d'une série de grèves depuis l'élection présidentielle, signe des profondes attentes des Congolais envers leur nouveau chef de l'Etat, issu d'un parti

d'opposition revendiquant le "progrès social".

"Grogne sociale: baptême de feu pour Félix Tshisekedi" anticipait dès jeudi dernier le quotidien le Potentiel. Le journal perçoit dans ces grèves multiples un "baromètre" pour évaluer les capacités du nouveau président "à gérer la RDC".

Les grèves concernent les salariés des entreprises publiques, soit une minorité de la population active dans le plus grand pays d'Afrique sub-saharienne, où la vaste majorité des 80 millions d'habitants travaillent dans les petits métiers du secteur informel.

Les salariés du secteur étatique réclament le paiement d'arriérés de salaires (parfois plusieurs années). Ils exigent aussi le départ de leur direction nommée par l'ancien président de la République Joseph Kabila, au lendemain de la première alternance pacifique à la tête du pays.

Trois jours après sa prise de fonction le 25 janvier, la toute première mesure de M.

Tshisekedi avait un caractère social: désamorcer la grève des travailleurs de la Société de transport du Congo (Transco), dont les bus assurent le transport en commun à Kinshasa, mégalopole aux 10 millions d'habitants.

M. Tshisekedi a ordonné au Trésor public de payer les agents "en procédure d'urgence".

Le gouvernement de son côté a suspendu le directeur général de Transco pour "mauvaise gestion".

Les Congolais prendraient-ils au mot leur nouveau président, issu du parti historique d'opposition "Union pour la Démocratie et le Progrès social" (UDPS)?

Dans la capitale Kinshasa, les pompiers ont débrayé lundi, réclamant 38 mois de salaires impayés, et manifestant leur colère envers le gouverneur André Kimbuta. "Nous demandons au nouveau gouvernement de s'impliquer en notre faveur. Qu'il presse Kimbuta pour qu'il nous paie avant la fin de son mandat (en mars)", déclare un pompier cité par la presse congolaise.

A la radio-télévision d'Etat, le RTNC, des dizaines d'agents sans contrat de travail, appelés

"collaborateurs", ont manifesté lundi devant la résidence provisoire de M. Tshisekedi, revendiquant leur "réintégration" au sein de ce médias d'Etat.

Certains cumulent cinq ans ou plus de "prestation", a expliqué à l'AFP l'un des manifestants, Christian Kabeya. Les syndicalistes exigent quant à eux le limogeage du directeur général Ernest Kabila, pour "mauvaise gestion et clientélisme", selon un cadre contacté par l'AFP.

Au port de Matadi (ouest), l'un des rares débouchés maritimes du géant d'Afrique, l'activité est paralysée par la grève de la Société commerciale de transport et des ports (SCTP) depuis six jours, a constaté un correspondant de l'AFP dans la ville.

Les grévistes réclament "quatre mois de salaires non versés et le limogeage du directeur général soupçonné par les agents d'avoir détourné 30 millions de dollars", a déclaré Maxime Nzinga, président de l'Association des douaniers de la RDC. Une accusation que le DG Mukoko Samba a nié sur la radio Top Congo.

A Boma dans la même région, les travailleurs de la Congolaise des voies maritimes (CVM) sont aussi en grève et demandent le paiement de vingt mois d'arriérés de salaires, selon des témoins interrogés par l'AFP.

Des mouvements sociaux pour le paiement des arriérés de salaires secouent également la société commerciale des postes et télécommunication (SCPT) et la Société nationale d'assurance (Sonas, publique).

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"Vents de Grève en #RDC : Je me demande quelle institution a payé ses agents durant ces cinq dernières années", s'interroge un internaute en visant directement l'ancien président Kabila, avant d'interpeller son successeur: "Tu as des défis à relever! ("oza na ngambu"

en lingala)".

En aura-t-il les moyens? Le nouveau président Tshisekedi doit partager le pouvoir avec les proches du président Kabila, restés très largement majoritaires au Parlement à l'issue des élections du 30 décembre.

Sa légitimité est contestée par l'autre candidat de l'opposition Martin Fayulu, qui revendique la victoire avec 61% des voix et s'estime victime d'un "putsch électoral".

"Je sais qu'il y a eu quelques imperfections, quelques irrégularités lors de ces élections, mais dans l'ensemble nous pouvons émettre un satisfecit parce que tout simplement (...) cette alternance s'est faite de manière pacifique", a commenté le président Tshisekedi mardi lors de son premier voyage à l'étranger en Angola.

Géant d'Afrique centrale, la RDC est riche en minerais mais le revenu moyen par habitant plafonne à 457 dollars par an, soit 1,25 dollar par jour (chiffre de la Banque mondiale pour 2017).

Coopération sino-africaine: la RDC enregistre des gains dans ses échanges commerciaux avec la Chine

Moutiou Adjibi Nourou - Agence Ecofin - le 07.02.2019

Seuls 15 pays africains ont enregistré des gains dans leurs relations commerciales avec la Chine en 2018, a constaté l’agence Ecofin, d’après des chiffres du service chinois des douanes. Bien qu’ils ne représentent que 8,1% des échanges avec ce partenaire, ils s’en

sortent ensemble avec plus de 59,2 milliards $ d’excédents.

La majeure partie de ces pays sont situés en Afrique subsaharienne, à l’exception de la Libye. Il s’agit de l’Angola, l’Afrique du Sud, le Congo, la RDC, la Zambie, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Soudan du Sud, la Guinée, le Zimbabwe, l’Erythrée, la Namibie, le Niger et la République centrafricaine. Des pays principalement connus pour leur production de matières premières et pour la mise à disposition de leurs terres agricoles, comme au Zmibabwe notamment.

La plus grosse part de cet excédent est détenue par l’Angola, l’un des plus gros exportateurs de pétrole du continent, qui a gagné environ 23,5 milliards $ de ses relations commerciales avec la Chine en 2018.

Déjà en 2017, l’empire du Milieu s’était imposé comme le premier partenaire commercial du continent avec un volume de 170 milliards $. Dans un rapport paru la même année, le cabinet McKinsey indiquait que plus de 90% des exportations africaines vers la Chine étaient constituées de pétrole, de matières premières brutes minérales et de métaux.

Une tendance qui devrait se maintenir, en raison de la demande chinoise de plus en plus croissante en ressources énergétiques.

António Guterres : «Il y a un vent d’espoir qui souffle en Afrique»

RFI – le 07.02.2019,

A cinq jours du début du sommet de l’Union africaine, qui doit réunir à Addis-Abeba les chefs d’Etat et de gouvernement africains, le secrétaire général de l’ONU António Guterres fait le point sur les grands enjeux du continent. Si l’année écoulée a été porteuse de bonnes nouvelles dans la corne de l’Afrique notamment, de nombreux défis

demeurent, explique-t-il au micro de RFI.

RFI : Les chefs d’Etat et de gouvernement africains se réunissent à Addis-Abeba pour le 32e sommet de l’UA dans quelques jours. Les sujets de division sont nombreux, à commencer par l’accueil à réserver au président congolais Félix Tshisekedi, qui a été élu dans des conditions contestées et qui entame sa

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première tournée africaine. L’ONU a réagi de manière très mesurée à cette élection. Qu’attendez-vous du nouveau président ?

António Guterres : Ce qu’on attend, c’est naturellement un service dévoué à la cause du peuple congolais. Le peuple congolais a beaucoup souffert et souffre encore. Regardez ce qui se passe dans l’est du pays, avec tous ces groupes armés, les violences contre les femmes, les enfants, Ebola...

Il faudra un gouvernement capable d’être inclusif, de rallier tous les Congolais et de créer les conditions pour que le pays puisse surmonter les difficultés politiques, économiques, sociales, et puisse trouver une stabilité qui permette de trouver une solution aux problèmes du pays.

Indépendamment de ce qu’il s’est passé, il y a aujourd’hui une situation établie et il faut à mon avis coopérer avec le Congo et ses autorités pour aider le pays à sortir des difficultés énormes qu’il connaît encore. Il faut dire qu’il y a un vent d’espoir qui souffle en Afrique.

En général, on parle des choses négatives.

Mais voyez l’accord entre l’Ethiopie et l’Erythrée, et entre l’Erythrée et la Somalie, et maintenant les négociations entre l’Erythrée et Djibouti... Regardez l’accord entre Salva Kiir et Riek Machar, finalement possible au Soudan du Sud, même s’il y a encore un long chemin à parcourir.

Voyez l’accord qui, j’espère, sera signé en Centrafrique ; regardez ces élections où l’on s’attendait à des problèmes terribles, comme au Congo, à Madagascar ou au Mali, et où finalement - même si quelques fois il y a eu des divergences - ceux qui ont perdu se sont comportés d’une façon positive vis-à-vis des structures constitutionnelles des pays et ont eu un comportement sans violence.

Le président Joseph Kabila avait envoyé des signaux négatifs quant à sa volonté de coopérer avec la mission de l’ONU en RDC, la Monusco. Quels types de signaux espérez-vous du nouveau président ? La Monusco doit-elle, selon vous, rester en RDC ?

Nous avons déjà entamé un dialogue avec le nouveau président. Je crois qu’il y a une volonté mutuelle de coopération. Il faudra éventuellement revoir le dispositif qui existe en République démocratique du Congo. Les grands problèmes qui se posent sont surtout à l'est, mais je crois que ce serait une illusion de penser qu’on pourrait rapidement fermer la mission. Je crois qu’il y a encore un travail à faire en étroite coopération avec les autorités et le peuple congolais.

Vous évoquiez la Centrafrique, qui doit signer un accord de paix à Khartoum sous l’égide de l’UA et des Nations unies. Un accord que certains estiment trop faible et avec de nombreuses zones d’ombre, notamment sur l’amnistie des groupes armés...

L’accord ne prévoit pas l’amnistie des groupes armés. L’accord prévoit que l’impunité ne doit pas exister. Il prévoit un mécanisme qui est similaire aux mécanismes déjà établis dans d’autres pays pour déterminer la vérité et pour créer les conditions de justice, de réconciliation et j’espère que ces mécanismes fonctionneront en RCA.

En quoi selon vous cet accord est-il différent des précédents accords de paix qui ont tous échoué ?

Une chose très importante, c’est l’engagement des pays voisins. Je crois que les gens sont de plus en plus convaincus qu’il faut en finir avec ces conflits qui empêchent le développement du continent, mais qui empêchent aussi le respect des droits de l’homme et qui font souffrir les populations d’une façon absolument terrible.

L’un des gros sujets de discussion entre l’ONU et l’UA concerne le financement d’opérations militaires de contre-terrorisme menées par les soldats de pays africains type G5 Sahel. Mais les discussions continuent d’achopper sur le sujet au Conseil de sécurité.

Il n’y a malheureusement pas d’unanimité au Conseil de sécurité pour garantir à ces forces africaines qui ne sont pas des forces de maintien de la paix - ce sont des forces d’imposition

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