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24/12/16 REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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24/12/16 REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) En ce samedi 24 décembre, nous vous souhaitons un joyeux réveillon de Noël. Un accord a finalement été conclu, à l’arraché, dans les négociations du centre interdiocésain On n’en connaît pas encore le texte précis et détaillé, de sorte qu’il serait téméraire de se hasarder déjà à le commenter. Le gros de la présente revue de la presse sera donc consacré à la presse étrangère de la semaine écoulée, très abondante puisqu’il y avait « du sang à la Une ».

Mini-dialogue national inclusif

Initialement prévue pour vendredi 23 décembre, la clôture des travaux risquait d'être renvoyée à samedi 24 décembre, a annoncé Radio Okapi hier vers 20h. Les travaux se sont poursuivis en plénière jusqu’à 5h 3o du matin et onbt repris aujourd’hui à 11h. Le bureau du dialogue a proposé à l'approbation des parties prenantes un projet d'accord. Les parties prenantes se sont retirées par composantes pour amender le texte devant aboutir à un compromis.

Selon le Secrétaire général ad intérim de la CENCO, l’abbé Donatien Nshole, si la médiation des évêques catholiques n'aboutit pas à un accord, « un plan B » sera mis en application, sans plus de précisions.

A en croire la BBC qui cite la CENCO, les tractations butaient encore alors sur deux points.

Il s’agit de la question de la composition de la commission chargée d'organiser les élections et de celle du partage des rôles au sein du gouvernement de transition.

Entre temps, la CENCO demande aux acteurs politiques qui mènent ces négociations de revoir leurs positions afin d’aboutir à la signature d’un accord avant la fête de Noël. Sur le plan pratique, si ce projet d'accord est adopté ce week-end comme tous les signaux le laissent supposer, cela signifierait que l'actuelle équipe gouvernementale qui a été investie hier jeudi par le Parlement, n'aurait plus que quelques mois d'espérance de vie.

En effet au « Rassemblement », on continue à considérer que le Premier ministre actuel Samy Badibanga Ntita bien qu'estampillé Udps, est un pur produit de l'accord de la Cité de l'Union africaine dont il n'est pas signataire.

Après une probable signature du nouvel accord ce week-end, la suite des événements pourrait comporter la formation d'un nouveau Gouvernement, conduit cette fois-ci par une personnalité dûment présenté par le « Rassemblement », qui serait mis en place dès la rentrée parlementaire du 15 mars 2017, pour avoir l'investiture du Parlement. 


Pour les ministres et vice-ministres qui prenaient possession de leurs bureaux ce vendredi, la joie d'être enfin arrivé au sommet du pouvoir risquait d'être de très courte durée. Dans le nouveau jeu de chaises musicales qui semblait se dessiner dans la classe politique, le détonateur a sans doute été la publication dans la nuit du dimanche 18 et lundi 19 décembre dernier, de la nouvelle équipe gouvernementale de Samy Badibanga, qui semble avoir pris les acteurs politiques du « Rassemblement» par surprise.

Un « Flash » de 7/7.cd nous apprend que « Négociations directes: l’Accord est enfin là ».

En voici le texte :

« Un compromis a été trouvé ce samedi 24 entre la Majorité présidentielle et le Rassemblement. La plénière l’a formellement adopté. La présidentielle et les législatives auront lieu en décembre 2017. Les provinciales en février 2018.

Le président Kabila reste en fonction jusqu’à la présidentielle. C’est la concession majeure du Rassemblement et du Front.

Les parties s’engagent à ne pas modifier la constitution, à ne pas convoquer de référendum pour la modifier ni la changer, de même sa révision est exclue.

Étienne Tshisekedi secondé par Eve Bazaïba vont diriger le Comité de suivi de l’Accord, organe chargé de la bonne application de l’Accord du 24 décembre.

Mais sur le sort du premier ministre Samy Badibanga, pas de compromis trouvé. Les évêques considèrent que c’est une question mineure qui trouvera une solution dans les prochains jours. Selon radiokapi, la Transition est de 14 mois maximum.

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Ainsi s’achèvent des négociations marathon qui ont tenu la nation en haleine.

Le plus dur commence, vendre cet Accord à l’opinion pour mettre fin à la crise politique ».

Dans un article daté de… demain, 25/12/2016, La Prospérité annonce « Dialogue sous l’égide de la CENCO : le bout du tunnel ! »

« Au Centre Interdiocésain, cadre appartenant à l’Eglise Catholique et situé à Gombe/Kinshasa, l’heure est aux douleurs de l’enfantement d’un compromis politique.

Hier, vendredi 23 décembre 2016, les dialogueurs ont carrément passé une nuit blanche pour scruter, avec minutie, les points et virgules, bref, tous les contours du protocole d’Accord mis sur la table des discussions par les évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo. C’est à 5 heures 30’, heure de Kinshasa, que les différents délégués ont quitté le Centre Interdiocésain. Quid de l’Accord ? A en croire les avis recoupés, toutes les questions qui fâchent ont été élaguées avec succès sauf une. Il s’agit de savoir qui gérera la Primature. Ce samedi 24 décembre, dès 11 heures, les travaux devraient reprendre et au plus tard 14 heures, la signature pourrait avoir lieu. En cas de persistant désaccord, la CENCO va, certainement, mettre en branle son fameux plan B. Mais, les violons des dialogueurs s’accordent, jusqu’ici, pour une ratification ce même samedi. Si cela se concrétise, pour les Congolais, en général, les Kinois, en particulier, le père Noël et l’enfant Jésus auront donné un superbe cadeau même s'il ne peut pas, alors pas du tout, être du goût des embarqués de l'actuel Gouvernement qui demeure dans les plus grandes incertitudes impossibles.

Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement réclame, à cor et à cri, les commandes du Gouvernement de transition. Mais, aussi, la conduite de la structure devant s’assurer du respect de l’Accord qui sortira de ces assises. Le lider maximo devrait le chapeauter. C’est là, une indiscrétion faite à La Prospérité. En passant, concernant ladite structure, quelques détails sont encore à régler. Une divergence de vues persistait, jusqu’il y a peu, à son sujet. Le Rassemblement était d’avis qu’il fallait mettre en place un Conseil de Transition alors que le Front pour le Respect de la Constitution ainsi que les signataires de l’Accord de la Cité de l’UA optaient pour un Comité de Suivi. Les évêques en tranchant la poire en deux auraient opté pour la création d’une Haute Autorité de Transition. L’idée aurait fait mouche. Le protocole d’accord projette les élections aux alentours de la fin d’année 2017. Il permet ainsi à Joseph Kabila de rester tout au moins un an de plus au pouvoir. Un engagement formel a été consigné pour qu’il n’y ait aucunement changement de constitution ou encore referendum durant la transition. Pour s’assurer de l’indépendance de la Commission Electorale Nationale du Congo, un léger remaniement devrait avoir lieu mais la tête de Nangaa est sauvée. En clair, le Rassemblement et le Front voudraient y placer leurs hommes afin d’être sûr que le processus électoral est sur le rail et qu’ainsi, le pays ne se dirigera plus vers un nouveau casse-tête électoral ».

(Les Accords de Tshatshi sont extrêmement favorables au camp « joséphiste » et il faut donc, pense le camp du pouvoir en place, les maintenir coûte que coûte. En effet, maintenir JKK à la présidence, c’est lui laisser le bénéfice du « vote de précaution » lors des élections et le commandement des forces de répression pour en imposer les « résultats ». Pour souder les « dialoguistes », il y a la « Loi de l’Entrecôte ». Tous ceux qui espèrent un poste dans un éventuel gouvernement Badibanga voient dans les « nouveaux » interlocuteurs UDPS, MLC, etc… autant d’affamés aux dents si longues qu’elles rayent le parquet… Il est clair qu’une des dimensions de tout ce cirque, y compris le « second dialogue », est que JKK entend ne pas atteindre la date fatidique du 19 à minuit après un échec des négociations, donc en situation de blocage. Il faut que ceux qui entreprendraient quelque chose à cette date puissent être présentés comme « tentant un coup d’Etat alors que des négociations sont toujours en cours ».

Il aurait fallu qu’un vrai dialogue commence, mais le préalable à un vrai dialogue vraiment inclusif aurait été de considérer comme nul et non avenu tout ce qui a été fait par le

« Cirque à Complicator Kodjo ». Or, le camp du pouvoir voulait faire de l’acceptation de ces « conclusions » le préalable à toute discussion Le mini-sommet de Luanda a encore aggravé les choses, car il s’est terminé par un appel au Rassemblement et à la Dynamique afin qu’ils adhérent aux conclusions du Dialogue. Autrement dit ; l’idée d’un 2° dialogue,

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ou plus exactement d’avoir enfin un dialogue qui mérite ce nom, semble toujours enterrée.

La partition jouée par le pouvoir est toujours la même depuis les « Concertations » de 2012 : on propose des discussions, on en réduit la représentativité et la portée en en faisant des Congrès de la MP, avec quelques figurants alléchés par l’annonce, également répétée à chaque fois, d’un « nouveau gouvernement ». Il est difficile de trouver mieux que le spectacle de la bousculade et du grenouillage en cours pour accéder à une Primature ou à un ministère, pour montrer que la loi fondamentale en RDC n’est pas la Constitution, mais la Loi de l’Entrecôte. On se souciait alors peu de perdre du temps, puisque cela permettrait d’attendre le 8 novembre, date à laquelle l’identité de la future administration américaine serait connue, et de disposer d’un « accord politique » signé, ce qui permettra de « clôturer le Dialogue », sans avoir touché, ni au manque de crédibilité d’élections sans recensement préalable de la population, ni au manque de légitimité du pouvoir issu de celles de 2011. On pourra alors se lancer dans le coup de force pour refuser l’ouverture d’un « second dialogue ». C’est à dire qu’on fera une fois de plus le coup de « Les chiens aboient, la caravane passe », étant entendu que la « caravane » sera une colonne de blindés !

Le « Dialogue » en soi n’était pas une mauvaise idée. Mais il aurait fallu tenir compte de quelques faits. Et, disons-le tout net : les « plans de sortie de crise » proposés jusqu’ici n’en tiennent souvent pas compte du tout

1° - Le « dialogue inclusif » n’a jamais commencé. Le mot « dialogue » suppose une sécurité physique et une liberté de parole dont on ne peut disposer dans le « bunker » de l’OUA à proximité des troupes de JKK. Le mot « inclusif » signifie que tout le monde doit y être. Or, la Majorité présidentielle, une frange (minoritaire) de l’opposition et de la société civile, cela n’est pas « inclusif ». C’est un congrès de la MP avec des invités. L’idée de ce « dialogue inclusif » n’était peut-être pas mauvaise, mais alors il fallait, avant de commencer la moindre discussion, y obtenir la présence de l’UDPS, du MLC et tutti quanti et ne pas perdre en route la Cenco, l’OR etc… Dans l’état actuel des choses, comme disait récemment Le Phare, on n’a encore eu qu’un « dialogue entre la Majorité présidentielle et une frange non représentative de l’opposition et de la société civile », c’est-à-dire rien.

2° - Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas violée, mais chiffonnée, jetée à terre et foulée aux pieds pour le maintenir au pouvoir en 2011 après des élections NULLES1. Elles avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire « autorité de droit ». La réalité, c’est que l’usurpateur doit s’en aller. Si l’on a l’occasion de le faire partir « en douceur » en lui accordant un délai jusqu’en décembre pour faire ses malles, tant mieux. Sinon, qu’il subisse la violence qu’il a déjà infligée à tant d’autres !

3° - Il faut donc remettre à l’endroit les notions de légalité et d’illégalité qui, pour le moment sont cul par-dessus tête. La Constitution doit être remise en vigueur après une parenthèse pendant laquelle elle a été suspendue par un coup d’état. Il faut que les

1Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2013 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après un délai de trois ans seulement, anormalement court pour ce genre d’affaires

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élections de novembre-décembre 2011 reçoivent la suite qu’elles méritaient : l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections.

4 – La remise en état de la maison « Congo » après le désordre causé par un cambriolage demandera certainement du temps, ce qui rend inévitable une période de transition. Cela posera sans doute moins de problème si l’on a la certitude du départ de Kabila. Il serait très souhaitable que l’on s’inspirât de l’expérience acquise ailleurs en Afrique dans ce domaine et que, comme au Burkina ou en RCA, on décrète que les animateurs de la Transition ne pourront pas être candidats aux prochaines élections qui auront lieu après recensement.

Il est essentiel de garder en mémoire que la RDC vit toujours sous un régime illégitime, depuis les élections de 2011. Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire

« officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire « autorité de droit ». NdlR)

Gouvernement

La Prospérité ne s’arrête pas en si bon chemin et, après avoir publié ce 24 un article daté du 25, date un autre article du 26/12/2016. Il est vrai qu’il s’agit de la femme et que, comme dit le poète « La femme est l’avenir de l’homme »… Le titre : « Parité Homme- Femme en RDC. Gouvernement Badibanga : Angèle Makombo crie au scandale ! »

« Elle ne cherche pas à inventer un nouveau principe d’Archimède, ni un autre théorème de Pythagore. En RD. Congo, la question de la parité Homme-Femme est, à ses yeux, en chute libre. Angèle Makombo, la grande dame de fer de la Ligue des Démocrates Congolais, LIDEC en sigle, et actrice engagée à tous le combats liés notamment, à la promotion de la Femme, décrypte, à sa manière, les aspects du ‘’Genre’’ dans la configuration du gouvernement Badibanga, telle qu’elle a été dévoilée au soir du 19 décembre 2016 et investi, le 22 décembre 2016, à la petite Chambre du Parlement, à Lingwala. 8 femmes sur 67 ministres, soit 12% : au lieu de progresser sur «le chantier important de la parité homme-femme », la RDC régresse, soutient-elle, dans une réflexion dont les grands traits de ses observations interpellent la classe politique congolaise sur cette matière de parité Homme-Femme, pourtant, consignée dans la Constitution en vigueur en RD. Congo. Angèle Makombo parle, au fond, d’une sous-représentation criante et scandaleuse de la femme dans ce gouvernement qu’elle considère, du reste, comme étant éléphantesque. Mais, elle ne se limite pas là. Car, elle estime que les dirigeants congolais refusent délibérément de s’engager en faveur de la promotion de la femme et égratigne, au passage, Vital Kamerhe pour n’avoir pas soutenu les femmes jusqu’au bout.

Angèle Makombo, tirant des leçons de cette injustice abjecte à l’égard de la femme, demande, par conséquent, aux membres du nouveau gouvernement d’accepter, dans un

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élan de solidarité nationale, une réduction sensible de leurs frais d’installation et émoluments. Jusqu’où ira-t-elle, dans cette dissection ? En tout cas, sans avoir froid aux yeux, elle s’y étale. Il suffirait d’un petit effort de lecture, ici, pour en savoir un peu plus sur les tréfonds de sa pensée.

Gouvernement Badibanga : la parité homme-femme piétinée pour la énième fois en RDC !

Angèle Makombo, leader du parti politique, la Ligue des Démocrates Congolais (LIDEC), déplore la sous-représentation des femmes dans le Gouvernement pléthorique de Samy Badibanga, soulignant qu’au lieu de progresser sur la question importante de la parité homme-femme, la RDC régresse. Elle estime que les dirigeants congolais refusent délibérément de s’engager en faveur de la promotion de la femme, et égratigne, au passage, Vital Kamerhe pour n’avoir pas soutenu les femmes jusqu’au bout. Mme Makombo fait une proposition originale consistant à demander aux membres du nouveau gouvernement d’accepter, dans un élan de solidarité nationale, une réduction de leurs frais d’installation et émoluments.

8 femmes sur 67 ministres, soit 12% : au lieu de progresser sur « le chantier important de la parité homme-femme », la RDC régresse

Au cours d’une conversation que j’ai eue récemment avec un journaliste congolais respectable appartenant à un média privé connu en RDC, il m’a dit sans ambages :

« Malheureusement, il y a très peu de femmes intelligentes dans notre pays » ! Serait-ce aussi le point de vue du Président Joseph Kabila, du nouveau Premier Ministre Samy Badibanga ou de Vital Kamerhe, Président national de l’UNC et Co-Modérateur du

« Dialogue 1 » ? Sinon, comment expliquer la sous-représentation criante et scandaleuse de la femme congolaise dans ce gouvernement éléphantesque de 67 membres : 8 femmes ministres et vice-ministres, soit à peine 12% ?

Nous sommes loin des fameux 30%, loin de l’Article 14 de notre Constitution relatif à la parité, loin de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU sur la femme, la paix et la sécurité, et surtout très loin du discours prometteur du Président Kabila sur l’état de la nation devant le Congrès le 15 décembre 2014. Il déclarait notamment: « Concernant le chantier important de la parité homme-femme, et de la place de celle-ci dans nos institutions, notre performance demeure insatisfaisante. Aucune raison, aucun prétexte ne peut le justifier. La femme congolaise, majoritaire dans notre société, mérite plus et mieux.

Victime de l’injustice pendant longtemps, elle a droit à bénéficier de mesures correctives.

Dans cette optique, le Parlement, le Gouvernement et les partis politiques sont invités à prendre, chacun à son niveau, toutes les dispositions qui s’imposent pour que nous puissions arriver à une représentation plus équitable des femmes. »

Nous demeurons dans une représentation INEQUITABLE des femmes. Au lieu de progresser sur « le chantier important de la parité homme-femme », nous régressons. Le Gouvernement Matata II comptait 48 membres dont 7 femmes (3 ministres, 4 vice- ministres), soit environ 15% de femmes, mais aucune femme avec un ministère régalien;

le Gouvernement Badibanga qui, avec ses 67 membres, bat le record en RDC en matière de taille du gouvernement, ne compte que 12% de femmes, toujours aucune avec un ministère régalien. Cette sous-représentation féminine place notre pays parmi les derniers de la classe en matière de parité homme-femme dans notre sous-région de l’Afrique centrale. Le Rwanda par exemple, est depuis de longues années un champion en la matière

; un autre exemple, le Gabon, qui pourtant traverse aussi une crise politique, mais a décidé de rejoindre le peloton des gouvernements « genrés » avec 30% de femmes dans son gouvernement actuel, soit 12 femmes sur 40 ministres. Est-ce à dire que les femmes rwandaises ou gabonaises sont plus « intelligentes » que les femmes congolaises ? Non, sûrement pas, c’est plutôt les dirigeants rwandais ou gabonais qui font preuve de volonté politique et de volontarisme en décidant résolument de favoriser, envers et contre tout, l’émergence des femmes.

Les 67 membres du nouveau Gouvernement accepteraient-ils une réduction de leurs frais d’installation et émoluments, dans un élan de solidarité nationale?

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S’agissant du record inquiétant du Gouvernement Badibanga en matière d’effectif avec ses 67 membres, d’aucuns sont préoccupés par les conséquences budgétivores que l’exécutif aura sur un budget national déjà amoindri. Car c’est autant de fonds alloués aux frais d’installation et émoluments des nouveaux ministres qui ne pourront pas être consacrés à l’amélioration du social des populations. Or le social constitue l’une priorités du programme du nouveau gouvernement. Peut-on alors imaginer de demander à nos ministres d’accepter, dans un élan de solidarité nationale, de voir leurs frais d’installation, émoluments et autres, réduits d’un certain pourcentage ? Il y a eu des précédents ailleurs, au Nigeria ou en France par exemple. Ce serait un signal social fort.

Les femmes congolaises et Vital Kamerhe

Pour en revenir à Vital Kamerhe, cité plus haut, les femmes se souviendront que bien qu’il ait plaidé auprès du Facilitateur Edem Kodjo, pour une meilleure représentation des femmes au Dialogue politique1, il n’a inclus, aux discussions directes de la Conférence épiscopale congolaise (CENCO), aucune femme de l’opposition parmi les délégués signataires de l’Accord politique du 18 octobre. En outre, aucune femme de son parti n’est ministre dans le nouveau gouvernement ; mais plusieurs hommes membres de l’UNC ou proches de Vital Kamerhe le sont. La dizaine de femmes de la composante opposition à la Cité de l’Union africaine ont contribué à crédibiliser la co-modération de Vital Kamerhe, mais en échange, elles ont été roulées dans la farine !

Refus délibéré de nos dirigeants de s’engager résolument en faveur de la promotion de la femme.

J’étais loin de m’imaginer que deux ans après mon article intitulé « Parité malmenée en RDC - Femmes: grandes perdantes du Gouvernement de cohésion nationale » paru dans le quotidien kinois La Prospérité du 9 décembre 2014, suite à la formation du Gouvernement Matata II, je me retrouverai à écrire sur le même sujet aujourd’hui. En fait, j’aurais juste pu faire un copier-coller ! Faire aussi un copier-coller de mon interview avec le magazine panafricain Les Afriques, publiée le15 décembre 2014 et intitulée « Un gouvernement pléthorique faisant fi de la parité ».

Je cherche à comprendre les raisons du refus délibéré de nos dirigeants de s’engager résolument en faveur de la promotion de la femme. Pour justifier l’immobilisme des autorités congolaises à nommer des femmes capables à des postes de prise de décision, la gente masculine congolaise invoque souvent l’absence de « méritocratie » des femmes congolaises, comme si seuls les hommes faisaient partie de cette méritocratie. A ce propos, j’aime citer l’Ambassadeure du Canada en RDC, Mme Ginette Martin, qui avait déclaré : « les femmes capables ne manquent pas en RDC, ce sont des hommes capables de les écouter qui font défaut ». Et puis, on nous avait promis des personnes compétentes, rigoureuses et intègres au sein du nouveau gouvernement. Hélas, ce n’est pas le cas pour certains ministres !

J’ai décelé d’autres raisons invoquées pour justifier la sous-représentation des femmes dans le gouvernement dans un article de Zabulon Kafubu, intitulé « Gouvernement Badibanga : les femmes sous-représentées et figurantes. 8 sur 67 ministres au lieu de 20

», et posté le 20 décembre dernier sur le site 7sur7.cd. Dans sa conclusion, Kafubu souligne : « Aucune femme Vice-premier ministre ni ministre d’État. Pas de femme non plus aux ministères régaliens et stratégiques. Le premier ministre Samy Badibanga n’est pas à blâmer. Ce sont les femmes qui sont à plaindre. Elles doivent s’engager davantage dans la politique afin de peser sur les décisions. De toutes les femmes nommées au gouvernement, il n’y a pas de poids lourds politiques. Réalisme politique oblige, elles se contenteront des miettes. C’est par leur mérite qu’elles s’imposeront et non à cause de leur féminité. Vive la parité! »

Réagissant à l’article de Kafubu, un internaute a traité les femmes politiques de « femme canapé » ; d’autres ont reproché aux femmes leur manque de compétitivité, de stratégie, de dynamisme, de mobilisation sur le terrain. Un autre encore a fait valoir que « La parité homme-femme n’est pas un cadeau pour les femmes. C’est un pari à gagner pour elles et par elles. »

Un Congo plus beau qu’avant « n’arrivera que lorsque, entre autres, les femmes seront pleinement représentées à tous les niveaux »

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Oui la parité n’est pas un cadeau. Oui les femmes congolaises doivent s’engager plus en politique, c’est d’ailleurs mon credo en tant que Présidente nationale du parti politique de l’opposition, la Ligue des Démocrates Congolais (LIDEC). Et s’engager plus en politique signifie prendre le temps de s’informer et se former, se documenter, s’impliquer à la base, appréhender les préoccupations des populations, faire des analyses sur les enjeux de l’heure, prendre position sur ces enjeux et oser prendre la parole publiquement pour dire sa position. Mais il appartient aussi aux dirigeants de notre pays d’être respectueux de leurs engagements nationaux et internationaux visant à réduire les inégalités entre les hommes et les femmes et d’avoir réellement une vision audacieuse d’un Congo plus beau qu’avant qui « n’arrivera que lorsque, entre autres, les femmes seront pleinement représentées à tous les niveaux ».

Angèle MAKOMBO Présidente Nationale de la Ligue des Démocrates Congolais (LIDEC) Kinshasa, 23 décembre 2016 »

Presse et documents étrangers

RDC: un avion militaire belge refoulé après son atterrissage à Kinshasa Belga – le 17 décembre 2016

Selon les autorités congolaises, il n’avait pas d’autorisation diplomatique.

Un avion de transport militaire C-130 Hercules a été refoulé jeudi à l’aéroport de Kinshasa, faute, selon les autorités congolaises, d’autorisation diplomatique, a indiqué samedi le ministère de la Défense, confirmant une information publiée par le journal ’La Libre Belgique’.

Cet appareil devait effectuer un vol mensuel de réapprovisionnement au profit des petits contingents militaires belges présents en République démocratique du Congo (RDC). Après son atterrissage à l’aéroport de Kinshasa-N’Djili, le C-130 a été «prié de redécoller immédiatement», selon le quotidien.

Manque de « clearances »

La raison officielle invoquée par les autorités congolaises est l’absence de «clearances»

(autorisations) diplomatiques, nécessaires dans de tels cas, a précisé un porte-parole de la Défense à l’agence Belga.

Ce refus d’autoriser un avion militaire belge à se poser à Kinshasa intervient à quelques jours de la fin, le lundi 19 décembre à minuit, du second mandat constitutionnel du président Joseph Kabila, dans un climat extrêmement tendu à travers tout le pays. La RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011, aggravée par la non-tenue de la présidentielle et des législatives.

Vendredi, le régime a expulsé deux équipes de télévision flamandes, l’une de la chaîne publique VRT et l’autre de la chaîne privée VTM.

Des négociations de la dernière chance ont repris samedi matin à Kinshasa pour tenter de trouver un accord politique qui permettrait une sortie de crise.

Congo: Vers le retour de la guerre au Kivu ? Marie-France Cros - La Libre Belgique -le 17 décembre 2016

Des informations de plus en plus alarmistes nous proviennent du Kivu - où ont commencé les deux dernières guerres congolaises. En effet, alors que le régime Kabila n’a jamais mis fin aux violences de groupes armés dans cette région de l’Est du Congo, ni avancé dans la résolution des problèmes de terre qui y entretiennent les conflits, les deux ethnies les plus nombreuses du Nord-Kivu - les Hutus et les Nandes - sont à couteaux tirés.

La peur d’un "Hutuland"

"Depuis environ deux ans, les Hutus achètent des terres en masse au Kivu (Est, à la frontière rwandaise) et jusqu’en Ituri" (Nord-Est du pays, à la frontière ougandaise), nous dit un membre d’une des petites ethnies locales. "A Goma, on dit que ce sont de grands commerçants hutus qui fournissent les capitaux et qu’ils achètent aussi au Sud-Kivu. Cela crée la peur de les voir dominer."

S’il y a toujours eu des Hutus congolais au Kivu, le nombre des ressortissants de cette ethnie s’est considérablement accru avec la fuite au Kivu de 2 millions de Hutus rwandais,

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en 1994, lors de la défaite du régime génocidaire hutu face à l’armée du Front patriotique rwandais (FPR, dominé par les Tutsis), au pouvoir à Kigali aujourd’hui.

Selon notre interlocuteur kivutien, "certains pensent même que le Rwanda pourrait être derrière ces achats massifs de terres, afin de créer au Kivu un ‘Hutuland’, tandis que le Rwanda serait pour les Tutsis".

Face à cette expansion territoriale en dehors des zones où les Hutus sont traditionnellement fortement présents - Rutshuru et Masisi - le chef de la "Barza intercommunautaire" (qui regroupe les communautés d’"originaires"), Fataki Luhindi, un Nande, a fait dernièrement une déclaration selon laquelle les Hutus arrivés depuis 1994 devraient accepter d’être identifiés pour recevoir l’usufruit de terres.

Comme beaucoup de tribus africaines, les Nandes n’acceptent pas la vente de terres à des non-membres d’ethnies locales mais peuvent leur concéder l’usage de celles-ci.

Le "Petit Nord" face au "Grand Nord"

Devant cette menace de voir les achats de terres par des Hutus considérés comme nuls et non avenus, "les Hutus de Rutshuru ont exigé à leur tour l’identification des Nandes dans cette région", poursuit notre Kivutien. "Les Nandes se considèrent comme les propriétaires du ‘Grand Nord’ du Nord-Kivu; les Hutus veulent posséder le ‘Petit Nord’. Chaque côté prépare ses milices."

L’une d’elles, les Maï Maï Mazembe (nande) est accusée du massacre de Luhanga (Lubero), dans lequel une trentaine de civils, essentiellement hutus, ont péri. Les Hutus sont accusés de recourir aux FDLR (groupe armé issu des génocidaires rwandais).

A Goma, l’assemblée provinciale, majoritairement nande, a éjecté son président, un Hutu comme le voulait le partage des postes qui avait été décidé par les deux grandes ethnies du temps de leur entente. "Tous les ingrédients sont là pour une nouvelle guerre", craint notre interlocuteur.

Le retour d’anciens combattants

Une autre source, à Kinshasa, confirme "d’importants déplacements de populations vers le Grand Nord" nande, qu’elle attribue, elle, à l’insécurité. A cela s’ajoute le renvoi des bases militaires de Kitona et Kamina (Ouest du Congo) "d’anciens combattants, majoritairement hutus, que le programme national de désarmement DDR-3 abandonne à Goma sans leur fournir aucun moyen financier. Cela les pousse, évidemment, à rejoindre des groupes armés".

Un cocktail explosif alors que le gouvernement de Kinshasa ne paie pas certaines de ses troupes supposées ramener l’ordre. Ainsi à Beni (Grand Nord-Kivu), "des dizaines de policiers quittent clandestinement leurs postes depuis quelques semaines", indique l’agence de presse congolaise APA, en raison du "non-paiement de leur solde", pour aller à Goma. Certains policiers de la Légion nationale d’intervention déployés depuis trois ans à Beni n’ont pas été payés depuis un an, ajoute APA.

L'ONU alarmé, HRW demande à Kabila de quitter ses fonctions AFP - le 18 décembre 2016

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'est dit samedi profondément alarmé par la fermeture planifiée des médias sociaux en République démocratique du Congo (RDC) à partir de dimanche soir ainsi que par une interdiction permanente des manifestations de la société civile et de l'opposition.

Human Right Watch estime pour sa part que le président Joseph Kabila devrait s'engager publiquement, avant la fin de son second mandat intervenant le 19 décembre 2016, à respecter la constitution et à quitter ses fonctions. "Nous sommes particulièrement inquiets car lundi, cela fera trois mois que 54 personnes sont mortes à Kinshasa, lorsque les forces de défense et de sécurité ont eu recours à un usage excessif de la force contre des personnes demandant que les délais constitutionnels soient respectés et que le président Kabila démissionne à la fin de son deuxième et dernière mandat. Personne n'a jusqu'à présent été tenu responsable de cette répression violente des manifestations", a rappelé M. Zeid dans un communiqué.

"Intimider et cibler les opposants et la société civile n'est pas la réponse. Faire taire leurs opinions et les empêcher de protester n'est pas la solution, et en fait, est plus susceptible

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de les pousser à recourir à la violence", a déclaré le Haut Commissaire.

Quant à la fermeture planifiée des médias sociaux, "cette perturbation est généralement disproportionnée et risquerait d'accentuer les tensions et les craintes, car elle fait suite aux récentes restrictions accrues imposées aux médias indépendants et au débat politique", a dit M. Zeid.

HRW s'attend "à une recrudescence de violences graves et d'abus de la part du gouvernement dans les jours et les semaines à venir" dans le cas où le président de la RDC ne s'engage pas à quitter ses fonctions. "Le président Kabila est la seule personne qui peut empêcher cela, en prenant l'engagement public clair de quitter ses fonctions et en mettant fin à la répression brutale exercée par les personnes sous son commandement."

Fin du mandat de Kabila : black-out et psychose en RD Congo

Trésor Kibangula - envoyé spécial JEUNE AFRIQUE à Kinshasa – le 19 décembre 2016 Réseaux sociaux coupés, renforcement de la présence militaire dans les grandes villes du pays et à Kinshasa, la capitale... La fin du second mandat du président congolais Joseph Kabila ce lundi ouvre une page d'incertitude en RDC.

Tout le pays retient son souffle. Que va-t-il se passer en RDC après le 19 décembre ? « Personne ne peut dire avec certitude ce que les prochains jours nous réservent », confirme Jérôme Sulemani, Kinois quinquagénaire, pressé de regagner son domicile plus tôt que d’habitude.

Dans la capitale congolaise et plusieurs autres grandes villes du pays, la psychose est à son zénith. Depuis deux jours, un important dispositif militaire et policier est visible à Kinshasa. Tous les « points chauds » et « sites stratégiques » ont été investis par des forces de l’ordre et des soldats de la Garde républicaine. Des check-points et des fouilles des véhicules se sont multipliés. Mais aussi leur corollaire de bakchichs. À chaque barrage, une ou deux requêtes de « mayi » (de l’eau, littéralement) à donner au policier ou au soldat commis au contrôle.

Militaires surarmés

Dimanche, à la veille de la fin officielle du second et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête de la RDC, Kinshasa avait les allures d’une ville qui se prépare au pire. Sur le boulevard du 30-Juin, principale artère de la capitale, l’on pouvait compter plus de véhicules de policiers et de jeeps transportant des militaires surarmés que de voitures de particuliers.

« La circulation a rarement été aussi fluide ici », reconnaît Thom, taximan, après un aller- retour entre le centre-ville et l’aéroport de N’Djili.

Même si dans les quartiers populaires de la capitale, notamment à Masina, commune située dans l’est de Kinshasa, des riverains ont vaqué presque normalement à leurs activités. À la fin de la journée, certains s’affairaient encore pour s’approvisionner en pondu (feuilles de manioc) et autres produits alimentaires. Eux n’ont pas les moyens nécessaires pour aller se mettre à l’abri à l’étranger, comme tout ce monde – des hommes d’affaires, des personnalités politiques et/ou leurs familles pour la plupart mais aussi des expatriés – qui s’est envolé ces derniers jours pour l’Occident.

« Des tensions sont possibles »

Craignant des dérapages lors des manifestations annoncées pour réclamer le départ de Joseph Kabila du pouvoir, Bruxelles a demandé à ses ressortissants de quitter le territoire congolais. Paris recommande aux siens de « reporter les déplacements qui ne seraient pas indispensables, de faire preuve de vigilance renforcée, de [se] tenir à l’écart des manifestations et des rassemblements de foule ». Car, rappelle son ambassade à Kinshasa,

« des tensions sont possibles à compter du 19 décembre en RDC ».

Tout rassemblement de plus de 10 personnes sera dispersé, selon la police.

« La situation est calme jusque là, sauf imprévu », a glissé dimanche soir à Jeune Afrique le colonel Pierre Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police. Avant d’annoncer sur la radio onusienne : « Sont notamment prohibées toute incitation de la population à la désobéissance civile et toute instrumentalisation de la jeunesse désoeuvrée à la pose de barricades enflammées sur la chaussée et au jet de graviers sur les usagers ». L’officier a

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également indiqué que « tout rassemblement de plus de dix personnes » était « d’office illicite » et « sera dispersé d’initiative ».

Réseaux sociaux coupés

Plus menaçant, le général Célestin Kanyama, commandant de la police à Kinshasa, a, dans une vidéo diffusée samedi sur la télévision publique, recommandé quant à lui à chaque Kinois de « bien regarder la photo des membres de sa famille » avant de décider de descendre dans la rue pour manifester… Qualifiant au passage de « diaboliques » et de « sataniques » les réseaux sociaux qu’utilisent, selon lui, les Congolais de la diaspora pour diffuser des messages et « distraire les gens ».

Dans la nuit du dimanche à lundi, Facebook, Twitter, WhatsApp n’étaient plus accessibles en RDC. Une mise à exécution du « blocage momentané » des réseaux sociaux exigé quatre jours plus tôt par les autorités congolaises aux fournisseurs d’accès à Internet dans le pays.

« Après avoir militarisé les villes, le pouvoir instaure un black-out pour réprimer les manifestants sans témoins », dénonce un opposant qui a participé au dernier round des négociations directes avec la Majorité présidentielle. Ces pourparlers qui n’ont pas pu aboutir à un accord avant la fin du mandat du président Kabila, reprendront le 21 décembre, selon les évêques catholiques, médiateurs de ce nouveau dialogue politique.

L’après 19 décembre

Pour l’instant, l’opposant historique Étienne Tshisekedi n’a donné aucun mot d’ordre. Est- ce pour donner encore une chance aux discussions avec le camp Kabila ? « Un deal était tout prêt d’être conclu avant le 19 décembre, mais les délégués de la MP (Majorité présidentielle, ndlr) ont tout fait capoter », souffle une source proche du dossier. « Nous avons enregistré des avancées importantes », nuance un proche du chef de l’État qui dit « [croire] à la signature d’un accord plus large sur la gestion de l’après 19 décembre ». En attendant, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle à venir en RDC, a de nouveau invité dimanche soir le président Kabila qui arrive au terme de son dernier quinquennat à « respecter la Constitution ».

Le 20 décembre, Kabila ne sera plus un président légitime, selon Katumbi

Contraint à l’exil après avoir été accusé d’atteinte à la sûreté de l’État et condamné à trois ans de prison ferme dans une autre affaire de spoliation d’immeuble – des « procès politiques », selon son entourage -, le dernier gouverneur du Katanga a également rappelé que le Rassemblement dont il fait partie a « mis les préalables de côté pour permettre à Joseph Kabila de négocier en tant que président légitime » et qu’à partir du 20 décembre ce dernier ne le sera plus. « Si les négociations continuent, nous n’allons [désormais] que discuter de la sortie pacifique de Kabila », a-t-il expliqué, invitant les militaires congolais à « être responsables, à ne pas tirer sur la population ».

Dans deux vidéos distinctes diffusées dimanche sur Youtube, deux hommes – l’un cagoulé, l’autre à visage découvert – qui se présentent comme des officiers de l’armée congolaise, ont également demandé aux forces de l’ordre et de défense de ne pas réprimer les manifestants. L’un de deux, celui qui se présente comme le colonel Freddy Libeba, a même menacé de chasser Kabila par la force si ce dernier s’accroche au pouvoir. Décidément, l’après 19 décembre demeure incertain en RDC.

Les évêques du Congo reprennent le chantier de la négociation Colette Braeckman – Le Soir – le 21 décembre 2016

Avant de quitter les évêques congolais convoqués au Vatican, le Pape Benoît a béni le Congo : « je réitère un appel vibrant à tous les Congolais pour que dans ce moment délicat de leur histoire, ils soient des artisans de réconciliation et de paix. » Il a aussi souhaité « que Noël ouvre des chemins d’espoir ».

Une exhortation formulée alors que le Congo compte ses morts : selon un «bilan provisoire

» des Nations unies, 19 personnes ont été tuées à Kinshasa, Lubumbashi et Matadi en plus de 45 blessés. Les autorités revoient ce chiffre à la baisse et ne reconnaissent que 11 morts. Dans les villes qui se sont enflammées sitôt qu’est venu à expiration le mandat de Joseph Kabila, le calme peine à revenir, l’encadrement policier est toujours massif et la

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population exprime toujours sa colère et ses craintes. A Kinshasa cependant, les exigences de la survie quotidienne ont obligé les 10 millions d’habitants à sortir de chez eux et à reprendre leurs activités, fût-ce au ralenti, mais beaucoup de boutiques sont restées fermées. A Goma vingt jeunes activistes du mouvement Lucha ont été arrêtés à l’occasion d’un sit-in alors qu’ils proclamaient « Bye Bye Kabila ».

Comme ils l’avaient annoncé avant leur départ, les prélats membres de la Conférence épiscopale (CENCO) ont donc repris leur effort de médiation. Ils ont convoqué une nouvelle réunion, rassemblant autour d’une table des porte- parole de la majorité présidentielle et des représentants du Rassemblement de l’opposition. Mais le « format » de la rencontre est de plus en plus restreint : trente personnes la semaine dernière, dix cette fois, pour le troisième et sans doute dernier acte d’une négociation de la dernière chance. Monseigneur Marcel Utembi, président de la CENCO, a lancé un avertissement clair aux hommes politiques : « notre souhait est de clôturer avant Noël. Si les acteurs politiques et la société civile civile n’arrivent pas à un compromis à cette échéance, la CENCO en tirera toutes les conséquences qui s’imposent. »

Si les points litigieux demeurent les mêmes, les circonstances ont cependant changé depuis la semaine dernière : sans attendre le résultat de la médiation épiscopale, le président Kabila a promulgué la liste de l’éléphantesque gouvernement de 68 membres. Des membres de sa majorité soulignent que, si un accord était trouvé avec l’opposition radicale, des postes supplémentaires pourraient encore être trouvées pour les ralliés de la dernière heure, à moins que des nouveaux élus ne soient déjà priés de céder leur siège…En plus des violences des derniers jours, le climat est également plombé par le déploiement sécuritaire et par les propos d’Etienne Tshisekedi qui, sans appeler à manifester, a cependant exhorté ses compatriotes à ne plus reconnaître l’autorité de M. Kabila.

C’est bien là que le bât blesse : les négociateurs achoppent toujours sur la « décrispation

» c’est-à-dire la libération de sept prisonniers politiques « emblématiques » et sur la durée de la transition, mais le fond du problème demeure l’avenir politique de M. Kabila qui ne veut pas céder le pouvoir.

Ses partisans justifient son maintien par l’article 70 de la Constitution stipulant « qu’à la fin de son mandat, le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau président élu » tandis que les opposants citent l’article 64 de la même Constitution, selon lequel « tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force »…

Estimant qu’en négligeant délibérément d’organiser les élections dans les délais prescrits, le pouvoir a fauté, les opposants souhaiteraient mettre sur pied un « Conseil national de transition » qui pourrait être présidé par Etienne Tshisekedi. On peut imaginer que ce dernier, qui s’était déjà autoproclamé président après les élections contestées de 2011, ne manquera pas alors de se considérer comme un « président bis », ce que les partisans de Kabila refusent absolument.

Talk and fight, négocier et combattre…

Colette Braeckman – Le Soir – le 20 décembre 2016

Le miracle n’a pas eu lieu : sans attendre le retour des membres de la Conférence épiscopale, qui avaient prévu de reprendre mercredi les négociations avec les derniers récalcitrants de l’opposition, Joseph Kabila, dans les dernières minutes de son mandat présidentiel, a nommé son nouveau gouvernement. Autrement dit, craignant peut-être le vide du pouvoir, il a pris de court les hommes de bonne volonté qui, suivant le conseil du pape François, essayaient encore de « construire des ponts ». Défiant l’opinion, il a ainsi adressé une sorte de pied de nez aux évêques qui, à sa demande d‘ailleurs, avaient entrepris une « négociation de la dernière chance ».

Alors qu’il était jeune militaire dans les rangs de l’AFDL, (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo), un mouvement piloté par le Rwanda et qui finit par renverser Mobutu en 1997, Joseph Kabila, dans l’ombre de son père Laurent Désiré, apprit l’une des tactiques de base des rebelles auprès desquels il s’initiait au métier des armes : talk and fight. Parler, c’est à dire négocier, mais aussi combattre. Et ne jamais perdre de vue l’objectif final.

Depuis les élections de 2011, contestées à cause de nombreuses fraudes et irrégularités,

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Joseph Kabila n’a jamais cessé de mettre en œuvre cette méthode éprouvée : faire mine de négocier mais aussi combattre afin de rester au pouvoir au-delà de délais prévus. C’est ainsi qu’il organisé en 2012 les « concertations nationales », vaste forum réunissant l’opposition et la majorité présidentielle, qui accouchèrent de résolutions qui ne furent jamais mises en œuvre. Le « dialogue politique » mené à la cité de l’Organisation africaine, avec l’appui du médiateur nommé par l’Union africaine, Edem Kodjo, eut la même finalité : réunir la majorité présidentielle et des membres de l’opposition dans une vaste palabre, distribuer généreusement indemnités financières et promesses de partage du pouvoir, convaincre tout ce beau monde de l’impossibilité matérielle d’organiser les élections à la date prévue. Evidemment : la Commission électorale se révélait sous financée, les listes n’étaient pas prêtes, les nouveaux électeurs n’avaient pas été recensés…La nécessité s’imposait donc d’ organiser une transition sur mesure, avec délai élastique. Autrement dit le «glissement », c’est-à-dire un maintien au pouvoir qui ne porte pas ce nom. Si le président demeure taiseux, ses proches s’expriment, promettent, tentent de rassurer, s’engagent à soutenir un gouvernement de transition associant une partie de l’opposition.

Durant des semaines, le « talk » occupe le devant de la scène. Mais dans les coulisses, c’est le « fight » qui domine : les forces de sécurité reçoivent du matériel neuf, la garde républicaine est renforcée, les agents de renseignements redoublent d’activité et la répression se durcit.

Cependant, on ne peut tromper tout le monde tout le temps : s’il devait se confirmer que, comme bien d’autres avant eux, les évêques eux aussi ont été roulés, il faut craindre le coup de crosse. Sinon pire.

La violence se rallume et tue à Lubumbashi et Kinshasa Colette Braeckman – Le Soir – le 20 décembre 2016

Alors que Kinshasa attendait le retour des évêques, appelés en consultation à Rome et qui se préparaient à reprendre leur médiation ce mercredi, c’est un véritable coup de force qui a été mené quelques minutes avant la fin du mandat du président Kabila : la liste du nouveau gouvernement a été promulguée, sans tenir compte d’un éventuel accord avec les plus récalcitrants des opposants qui ont donc été « dribblés ». Cette proclamation du nouveau gouvernement, -une équipe pléthorique de 68 personnes- a été saluée par un concert improvisé qui n’avait rien d’artistique. Toute la ville a soudain retenti du bruit des sifflets, des casseroles battues avec l’énergie du désespoir et des coups de feu non identifiés se sont ajoutés à la cacophonie. En outre dans certains quartiers, Yolo et Matete, des colonnes de fumée, provoquées sans doute par des pneus enflammés, ont obscurci le ciel de la capitale tandis que, restés éveillés, de nombreux habitants sortaient dans les ruelles pour commenter la situation avec leurs voisins.

Tandis que des partisans de Kabila expliquaient que la promulgation du nouveau gouvernement visait à éviter un vide du pouvoir et que l’équipe pouvait encore être remaniée sinon élargie, la plupart des Kinois exprimaient colère et indignation. L’équipe dirigée par M. Badibanga est en effet pléthorique : elle se compose de 68 ministres, dans un pays où le budget de l’Etat n’est que de 4,5 milliards de dollars. « Ils sont tellement nombreux qu’on ne leur trouvera même pas une chaise ou un bureau » commentait, goguenard, un Kinois joint par téléphone. Au vu du nom des élus, il ajoutait « qu’on avait voulu récompenser tout le monde » et en particulier les membres de l’opposition qui, après avoir participé au dialogue chapeauté par Edem Kodjo avaient conclu un accord récusé par une partie non négligeable de la classe politique réunie dans le Rassemblement dirigé par Etienne Tshisekedi. Ce « gâteau » aussi largement partagé laisse un goût amer : sa composition laisse deviner le souci d’envoyer en première ligne des poids lourds de la majorité présidentielle comme Léonard She Okitundu, qui fut chargé des droits de l’homme. Il aura la lourde charge de faire lever les sanctions prises par les pays occidentaux tandis que Lambert Mende demeure en charge des médias et Tambwe Mwamba de la Justice. Des personnalités de l’opposition, jadis proches de Tshisekedi, l’homme à affaiblir et qui a appelé ses concitoyens à ne plus reconnaître Kabila, se retrouvent aussi à la table du « partage du gâteau », comme Holy Ilunga à la Santé (il était le médecin personnel de Tshisekedi…) ou Tharcisse Loseke aux Finances…

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Ces calculs d’apothicaires politiques ont été rapidement dépassés par la colère populaire : à Lubumbashi, fief de l’opposant et ex- gouverneur Moïse Katumbi, des tirs nourris ont commencé tôt dans la journée dans des quartiers populaires et les morts n’ont pas tardé à s’accumuler : des sources privées ont dénombré 8 morts, victimes de tirs à balles réelles dans le quartier Matshipisha, 5 à la Katuba, deux élèves sur la route de Kipushi, tandis que 4 policiers et deux militaires ont également été tués. Le gouverneur de la province n’a fait état pour sa part que de deux morts et trois blessés. « Nous sommes à deux doigts de pillages massifs » relevait un journaliste de la place, ajoutant que les dégâts matériels, après une journée de colère populaire, étaient déjà très importants. En effet, la population en fureur a attaqué plusieurs stations service (réputées pour appartenir à la famille Kabila) et quatre pompes à essence ont été incendiées. Ailleurs dans le pays, malgré le déploiement policier et les interdictions de manifester, la tension est également vive : à Kananga, dans le centre du pays, des tirs d’armes légères et des détonations d’armes lourdes ont provoqué des mouvements de panique et un prêtre catholique a décrit la fuite des habitants des quartiers proches de l’aéroport.

En fin de journée, des sources gouvernementales relevaient que les violences avaient fait neuf morts à Kinshasa.

Bruxelles va réexaminer ses relations avec le Congo Colette Braeckman – Le Soir – le 20 décembre 2016

L’absence d’un accord inclusif, malgré la médiation des évêques et l’absence de mesures de décrispation ont été notées avec regret par le gouvernement belge : le Ministre des Affaires étrangères Didier Reynders et le Ministre de la Coopération Alexander de Croo, regrettant que des élections n’aient pas été organisés avant la date du 19 décembre ont exprimé leur profonde préoccupation au sujet de la situation en République démocratique du Congo. Déplorant les nombreuses restrictions aux droits et libertés, la Belgique appelle à rétablir sans délai la liberté d’expression, de communication, d’association et de manifestation pacifique ainsi que l’indépendance de la justice.

Sans surprise, les ministres ont décidé de réexaminer les relations entre la Belgique et la République démocratique du Congo. Autrement dit, si les programmes de coopération déjà en cours seront maintenus, car ils bénéficient directement à la population et représentent environ une enveloppe de un milliard d’euros, en revanche, de nouveaux engagements seront examinés « avec la plus grande circonspection ».

En concertation avec l’ensemble des partenaires du Congo, la Belgique continuera à se montrer très vigilante à l’égard des responsabilités individuelles dans le cadre des atteintes aux droits de l’homme et de l’obstruction du processus démocratique.

La prompte réaction de la Belgique, déplorant l’absence d’un accord « inclusif », c’est-à- dire associant des personnalités comme Moïse Katumbi l’ancien gouverneur du Katanga ou des représentants d’Etienne Tshisekedi, le leader historique de l’opposition, connu pour sa radicalité, a été exprimée en même temps que la réaction française, elle aussi très dure.

Paris a appelé mardi l’Union européenne à réexaminer ses relations avec la RDC au vu de la gravité de la situation sur place et s’est dit préoccupée par les informations faisant état d’arrestations ainsi que de violences à Kinshasa et à Lubumbashi. A l’instar de la Belgique, la France appelle les autorités et les forces de sécurité congolaises à agir dans le respect des droits de l’homme et assure que la responsabilité individuelle des auteurs de crimes et autres violations des droits de l’homme est engagée.

L’Eglise catholique faiseuse de miracles Colette Braeckman – Le Soir – le 19 décembre 2016

Alors que tous les médiateurs et autres envoyés spéciaux se sont cassé les dents sur le rébus congolais et que se multipliaient les prophéties autoréalisatrices promettant le pire, c’est l’Eglise catholique qui, sans avoir encore trouvé de solution a, au minimum, réussi à faire baisser la tension. S’agissait-il d’une réunion prévue depuis longtemps (tous les cinq ans les évêques de chaque pays sont reçus en audience par le Pape) ou d’une invitation de dernière minute permettant de gagner du temps et de passer le cap de la date fatidique du 19 décembre ? Toujours est-il qu’en abandonnant brusquement les participants au

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dialogue -représentants de la majorité et porte-parole de l’opposition-, les évêques catholiques, membres de la CENCO (conférence épiscopale) ont désamorcé une crise imminente : la suite de la réunion ayant été post posée au mercredi 21, les partis se sont abstenus d’appeler à manifester le 19 ! D’ici la reprise des discussions, les esprits auront eu le temps de se refroidir et le « momentum, » celui d’une déflagration populaire qui aurait pu déclencher une violente répression sinon emporter le régime, sera passé. On peut espérer que les participants au dialogue, exhortés par le Pape François « à construire des ponts et non des murs » aborderont la suite des négociations en capitalisant sur l’essentiel, c’est-à-dire la nécessité d’organiser des élections apaisées dans un délai raisonnable, validé par des experts, avec une commission électorale réformée, ayant retrouvé sa crédibilité. Restera à régler le sort du chef de l’Etat : Joseph Kabila restera sans doute en fonctions durant la période précédant les élections mais, malgré ses ruses, il n’y a pas d’autre choix que le prendre au mot lorsqu’il assure qu’il respectera le prescrit constitutionnel dans toutes ses dispositions et cédera le pouvoir à son successeur élu.

Si tel ne devrait pas être le cas, les partis politiques garderont la possibilité de réagir mais surtout, l’Eglise catholique, toujours elle, en accord avec les autres confessions, garde à sa disposition l’arme absolue : des manifestations de masse qui réuniraient tous les croyants, curés et pasteurs ouvrant les cortèges. Au Congo, nul n’a oublié la « marche des chrétiens », sévèrement réprimée par le régime Mobutu en février 1992, qui contribua grandement à discréditer le régime t à précipiter sa fin. Dans ce pays où 80% de la population appartient à une église, catholique, protestante ou évangélique, la mobilisation des chrétiens, aujourd’hui comme hier, pourrait s’avérer déterminante. Quant à l’Eglise catholique, à l’inverse des partis politiques, elle est indépendante du pouvoir et, grâce au maillage des paroisses, des services sociaux, des innombrables associations, elle est plus proche de la population que n’importe quel tribun politique, à fortiori si ce dernier vit à l’étranger ou s’y est réfugié.

Quant au pape Benoît, précisément grâce à ce réseau des institutions catholiques, grâce aux évêques qui lui font rapport, grâce aux curés de paroisse présents sur tout le territoire, sans parler des circuits particuliers des Jésuites, il est mieux informé de l’état réel du Congo que n’importe quel diplomate…

S’il devait se confirmer que l’Eglise catholique a désamorcé la crise, le service ne sera sans doute pas gratuit : il faut se rappeler qu’en septembre dernier, alors que tous l’attendaient aux Nations unies pour lui faire la leçon, le président Kabila, à la surprise générale, fut reçu au Vatican au moment même où on l’attendait à New York ! Si l’on ignore évidemment tout du contenu de l’entretien avec Benoît, on peut cependant supposer que le Pape fit entendre la voix de la raison à son interlocuteur, c’est-à-dire l’obligation d’organiser des élections crédibles dans un délai raisonnable, de ne pas s’accrocher au pouvoir et de ne pas faire couler le sang. C’est que le Pape, plus que d’autres membres de la « communauté internationale » qui songent d’abord à leurs intérêts, est soucieux de ne pas déstabiliser le Congo, -ce qui rendrait cet immense pays vulnérable à la poussée de l’islam ou plutôt de l’islamisme- et hypothéquerait pour longtemps le décollage d’Afrique centrale tout entière…

Pour comprendre la crise congolaise il faut suivre la piste de l’argent Colette Braeckman – Le Soir – le 19 décembre 2016

Les Congolais ne sont pas tous des spécialistes en droit constitutionnel et s’ils invoquent si souvent la loi fondamentale pour réclamer le départ du président Kabila, ce n’est pas par juridisme : c’est parce qu’ils estiment que le président est « chiche », qu’il n’a pas suffisamment « partagé » et que le « social » n’a pas représenté une priorité suffisante.

Exprimant le point de vue de ses collègues et des habitants de son quartier, C., un ami de longue date qui habite dans l’un des quartiers de la cité voisin de l’aéroport, souligne les efforts déployés par sa famille : « mon fils aîné vient de terminer l’université, mais il ne trouve pas de travail, tout est réservé aux diplômés apparentés à des gens au pouvoir ou revenus de la diaspora… » »Pour permettre au fils d’étudier, les sacrifices n’ont pas manqué

», explique C : « les filles ont été sacrifiées, nous devions nous limiter à payer les études du garçon… Chez nous bien souvent, on ne mangeait qu’un jour sur deux, un jour pour les parents, un autre pour les enfants… Aujourd’hui que notre aîné devrait nous aider à payer

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les études de ses petits frères, il traîne à la maison, sans travail. Je crains ses réactions : chômeur non rémunéré, comme des milliers d’autres jeunes, il risque de descendre dans la rue en disant qu’il n’a plus rien à perdre… »

Dans les hautes sphères cependant, le Premier ministre démissionnaire Matata Mponyo souligne que depuis dix ans, il a mis l’accent sur la stabilité macro- économique et obtenu des résultats remarquables : de 2010 à 2015, le taux de croissance économique était de 7,7% , le franc congolais était stable et les travaux d’infrastructure se multipliaient, autoroutes urbaines, nouvelles flottilles de bus à Kinshasa, ligne aérienne Congo Airways, sans oublier des centaines de nouveaux bâtiments scolaires et de centres de santé. Mais les familles, elles, ont continué à devoir payer les salaires des enseignants, sous peine de voir les enfants être chassés de l’école et à Kinshasa le minerval moyen est de 350 dollars.

Dans les hôpitaux, même rénovés et où les honoraires des médecins ont été augmentés, les familles doivent nourrir elles-mêmes les patients et il n’est pas rare de voir de jeunes mères être retenues en otages avec leur nouveau- né aussi longtemps que n’ont pas été acquittés les frais d’accouchement…Ces derniers mois, la baisse des cours du cuivre, et des matières premières en général, a plombé les brillantes statistiques du Premier Ministre : le budget a du être revu à la baisse, n’atteignant plus que 4,5 milliard de dollars (l’équivalent d’une ville wallonne…) ce qui fait paraître pharaonique le coût des futures élections (1.800 millions de dollars) et les salaires des fonctionnaires sont passés de 100 à 70 dollars par mois ; le franc congolais a « repris l’ascenseur » et s’échange à 1.200 pour un dollar contre 920 durant longtemps, les réserves de change (un milliard de dollars) ne dépassent pas un mois d’exportations…

La pauvreté criante qui règne dans les quartiers populaires des grandes villes est d’autant plus insupportable qu’elle va de pair avec l’arrogance de la richesse : dans la capitale où les pauvres, les mendiants sont chassés du quartier des affaires, les hôtels se multiplient, des immeubles tours surgissent de terre, des 4×4 dernier modèle font du sur place dans les embouteillage. Mais le mal premier dont se plaignent tous les Congolais, c’est la corruption. La petite, dont ils souffrent tous les jours, et la grande, ces détournement massifs, commis en haut lieu, qui font dire au Premier ministre qu’il a « du naviguer dans une eau infestée de crocodiles ».

A tout moment, partout, on quémande : les policiers réclament un « sucré », les fonctionnaires monnaient leurs documents, les inspecteurs des impôts font une ronde incessante dans les commerces et les petites entreprises, les taxes et les amendes pleuvent, réelles ou inventées. Tout le monde en convient : si cette « petite corruption » est aussi harcelante que des essaims de moustiques, c’est parce que l’exemple vient d’en haut. Tout le monde se souvient avec nostalgie de la brève époque où Laurent Désiré Kabila (au pouvoir de 1997 à jusqu’à son assassinat en 2001) payait rubis sur l’ongle les salaires des fonctionnaires et des soldats (100 dollars par mois) mais ne craignait pas de faire fouetter ou jeter au cachot des ministres ou des proches soupçonnés de s’être enrichis indûment. Aujourd’hui, les études pleuvent (Bloomberg, Enough Project, International Crisis Group, African Arguments…) sur les détournements massifs opérés au sommet, les ventes d’actifs miniers, les achats de terres, de propriétés immobilières, les participations financières impliquant la famille présidentielle, entre autres dans des banques comme la BGFI. Tout récemment, le fonds d’investissement américain Och Ziff s’est engagé auprès d’un tribunal de New York à payer 413 millions de dollars d’amende et de pénalités, reconnaissant voir corrompu « de hautes personnalités congolaises » afin de mettre la main sur des actifs miniers. L’acte de repentance du fonds de pension est transparent : il reconnaît avoir versé 10,7 millions de dollars au « responsable RDC number one » et 23,5 millions de dollars à son plus proche conseiller, « responsable RDC number 2 » décédé dans le crash d’un avion…Ces appétits de la famille présidentielle se déploient dans toutes les provinces, mais surtout à Kinshasa, au Nord et Sud Kivu, au Katanga où chaque citoyen, en murmurant « ce pays est à eux » peut vous montrer les domaines agricoles, les pompes à essence, les hôtels, les sites touristiques tombés entre les mains d’un frère, d’une sœur ou de la mère du chef de l’Etat. Une telle accumulation de biens s’avère aujourd’hui un handicap : si le pouvoir doit changer de mains, comment ces avoirs pourront-ils être sécurisés ? Si Kabila hésite à partir et si ses proches le poussent à rester, c’est qu’il n’a confiance en personne.

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