• No results found

30 07 16 / REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Share "30 07 16 / REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)"

Copied!
23
0
0

Bezig met laden.... (Bekijk nu de volledige tekst)

Hele tekst

(1)

30 07 16 / REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Le meeting de la Majorité présidentielle est qualifié de « gigantesque ». La BM suspend son aide au démarrage d’Inga 3BC. Koffi Olomidé reste en prison. Le démarrage des travaux préparatoires du « dialogue » national est reporté. Ce sont là les principaux sujets d’actualités dans la presse kinoise de ce samedi.

Meeting de la MP

« La Majorité présidentielle réaffirme son soutien au dialogue politique national inclusif », titre en première position, ce matin le Bulletin de l’ACP.

La Majorité présidentielle (MP) a réaffirmé, vendredi, son soutien au dialogue politique national inclusif initié par JKK, au cours du meeting tenu au stade Tata Raphael, à Kinshasa, indique l’ACP. Selon cette source, le secrétaire général de la MP, Aubin Minaku, a indiqué dans son speech de circonstance que sa plate-forme prône le dialogue et le respect de la Constitution de la RDC pour des élections démocratiques et apaisées. Il a mis en garde les anti-dialogues, soulignant que ce rejet prouve qu’ils ne sont pas prêts à participer aux élections, avant d’appeler la population congolaise à s’enrôler massivement afin de choisir librement ses représentants au sein des institutions de la République. « Le Chef de l’Etat ne violera jamais la Constitution qu’il a promulguée, contrairement aux affirmations gratuites formulées par des ennemis du peuple », a-t-il dit en substance, indiquant que « ce dernier n’a pas besoin des actes de violences sous toutes ses formes ».

La BM suspend Inga 3BC

La Prospérité écrit : « Suspension de financement de la Banque Mondiale. Projet Inga 3 BC : la société civile appelle au respect des engagements ».

La déclaration de la Société civile a été faite, jeudi 28 juillet dernier à Kinshasa, suite au communiqué de la Banque Mondiale suspendant, depuis lundi 25 juillet 2016, son assistance technique et financière au projet Inga 3 Basse chute et de sites de taille moyenne en RDC.

La société civile reproche au Gouvernement de la RDC d’avoir pris la décision de conférer à ce projet une orientation stratégique différente de celle qui était convenue en 2014 avec la Banque mondiale. Ce qui, aux yeux de cette dernière, a été considérée comme une démarche contraire à ses directives quant au choix à opérer sur les personnes appelées à gérer les structures dans lesquelles elle s’investit, note-t-elle.

Koffi Olomidé

Radio Okapi annonce « Le tribunal proroge de 15 jours la détention de Koffi Olomidé en prison ». Ainsi en a décidé, vendredi 29 juillet, le Tribunal de grande instance de Gombe, le chanteur congolais Koffi Olomide reste détenu à la prison centrale de Makala. Il sera fixé sur une probable liberté provisoire dans quinze jours, selon Me Francis Okito, avocat de l’ONG Femme, jeunes, élections et justice, qui avait déposé une dénonciation au niveau du parquet général.

« Dialogue »

La Prospérité annonce « Travaux du Comité Préparatoire reportés. Dialogue : Kodjo attend Tshisekedi et consorts ! ».

Ce disant, ce journal ne fait que citer un communiqué, émanant du Bureau de la facilitation du dialogue national et inclusif en Rdc émis hier, tard dans la soirée.

D’après La Prospérité, Edem Kodjo l’avait déjà dit, lui-même, il y a plusieurs mois, que l’Opposition a un rôle majeur à jouer. Autrement dit, on ne peut pas tenir le dialogue en l’absence de Tshisekedi et de ses partisans. Aussi, s’est-iol posé la question de savoir comment aller au dialogue, sans avoir préalablement vidé les divergences persistantes au sein de l’ensemble de l’Opposition et de la Société Civile.

C’est justement pour répondre à l’impératif de l’inclusivité et, surtout, du facteur temps, souligne ce journal, que Kodjo, en dépit du fait qu’il avait déjà annoncé la date d’aujourd’hui, samedi 30 juillet 2016, pour le démarrage des travaux du comité

(2)

préparatoire, a jugé bon de les reporter sine die. En attendant, ajoute La Prospérité, le Facilitateur invite toutes les parties prenantes, y compris le Groupe de Genval dirigé par Tshisekedi, à fournir un effort transcendantal en vue de contribuer ensemble, avec les autres, à une solution consensuelle, la seule qui soit capable de conjurer la crise politique en perspective en RD. Congo.

Le Potentiel évoque « Blocage du dialogue : huit ambassadeurs chez le G7 ».

Les chefs des représentations diplomatiques ont rendu visite au G7, structure de l’Opposition qui ne cesse de dénoncer la volonté du président Joseph Kabila de demeurer au pouvoir au-delà de la fin de son deuxième et dernier mandat. Toujours d’après ce quotidien, les huit diplomates ont cherché à cerner les raisons qui sont à la base de l’enlisement actuel à propos de la tenue du dialogue politique national.

(Il faut rappeler, à propos de sujets de l’heure, que l’UA a désigné le « complicateur » Edem Kodjo, auquel Kinshasa voudrait à présent adjoindre Sassou Nguesso. Il est permis de ne pas être ébloui par la prestation d’Edem Kodjo, et de se demander pourquoi l’UA n’a pas plutôt désigné comme « facilitateur » un ex-président africain ayant « rendu son tablier » sans problème, comme Thabo Mbeki, Jakaya Kikwete ou Goodluck Jonathan. Mais faire rentrer en scène Sassou Nguesso ! Sur le plan intérieur, c’est un spécialiste de la prolongation des mandats, des élections truquées, visiblement décidé à rester président à vie. Du point de vue rdcongolais, c’est l’organisateur de « ratonnades » et d’expulsions brutales au détriment des originaires de RDC, et le « facilitateur » - de loin et a posteriori – des « Concertations nationales » de sinistre mémoire.

Son entrée en scène va faire faire au « Dialogue un pas de plus vers le capharnaüm. La « Communauté internationale » exige que les dirigeants congolais organisent l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel. C’est-à-dire avant la fin de l’année en cours.

Soit, au plus tard le 20 novembre prochain. Dans leur argumentaire, ces « grands » du monde évoquent les risques d’une instabilité généralisée en RD Congo, si jamais ce scrutin tant attendu n’était pas organisé dans les échéances prévues. Mais l’instabilité brandie en cas de non-tenue de la présidentielle dans les délais pourrait tout aussi bien surgir à l’issue des scrutins mal organisés dans le timing.

Faites le total : les Congolais, qui doivent impérativement se méfier les uns des autres, sont invités à se rendre à l’invitation d’un « facilitateur » qui ne convainc personne et est donc davantage un « complicateur » et de la « communauté internationale » dont on sait qu’elle ne veut pas que du bien à la RDC et que ses membres se tirent dans les pattes, pour organiser des élections qui ne seront pas crédibles si on les organise dans les délais et qui ne seront pas acceptées si cela ne se fait pas, au cours d’un « dialogue » que chacun définit de façon différente. Etonnez-vous, après ça, que la mayonnaise ne prenne pas ! Tout ce qui est dit du « dialogue » renvoie à la partie de bras de fer engagée entre deux conceptions du « dialogue». JKK a fait étalage de sa volonté de suivre le processus programmé par la CENI, et l’opposition « conclaviste » de son soutien à Tshisekedi. Le « Dialogue » sombrera dans l’insignifiance si Kodjo ne parvient pas à y obtenir la présence au moins de l’UDPS, désormais renforcée d’une bonne partie de l’Opposition. L’UDPS persiste dans son attitude habituelle : répondre « Oui, Mais… » et développer le « mais » en une suite successive de revendications.

Ce que la MP veut par dessus tout c'est un Dialogue National similaire aux Concertations Nationales, un forum sévèrement surveillé, formaté à l’avance et dont les résolutions seront transmises au « Chef de l'Etat » qui a son tour les transmettra aux institutions nationales pour analyse, observation et exécution éventuelle. Dans ce cas, l'UDPS ne voit pas pourquoi elle participerait à un tel forum inutile.

L'UDPS veut obtenir la garantie que les Résolutions du Dialogue National seront impératives et opposables à tous et désire avoir, quant à la liberté des débats et la sécurité des participants, des garanties internationales. Dans un premier temps, il s’agissait d’en confier toute l’organisation à la MONUSCO et peut-être même de se réunir à l’étranger.

Plus récemment, il s’agit d’un « encadrement » par une brochette d’organisations qui devrait comprendre l’ONU, l’UE, l’UA, l’OIF et les USA.

En caricaturant à peine les choses, on pourrait dire que la MP a pour idéal une sorte de « Congrès du PPRD et alliés + quelques invités », axé sur la perpétuation du régime actuel,

(3)

et que l’UDPS verrait volontiers une sorte de Tribunal de la Communauté Internationale se charger enfin de « régler le contentieux électoral de 2011 », c’est-à-dire, dans l’imaginaire udepsien , de proclamer Tshisekedi président.

Si un tel Tribunal existait, il commencerait par mettre équitablement aux fers tant Kabila que Tshisekedi, pour avoir l’un et l’autre tenté de prendre le pouvoir après des élections NULLES en 2011.

En effet, les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus1. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire « autorité de droit ». NdlR)

Presse et documents internationaux

RDC, États-Unis, Europe : ces parlementaires qui font pression sur Kabila Adrien Seyes - Afrik’com - 23 juillet 2016

En République Démocratique du Congo, l’étau des pressions diplomatiques se resserre peu à peu sur le régime du Président Kabila, soupçonné de vouloir se maintenir au pouvoir.

Après l’adoption de sanctions individuelles en juin par les États-Unis, c’était au tour cette semaine du Parlement belge d’appeler à la tenue de l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel à travers l’adoption d’une résolution sans précédent. Ailleurs, en Europe, le

« dossier congolais » progresse. Dans cette offensive diplomatique de grande ampleur, certains parlementaires se trouvent en première ligne. Qui sont-ils ?

« Il faut saluer le travail des députés qui déploient leur énergie pour sortir le peuple congolais des mains de ceux qui l’ont pris en otage dans le but de l’asservir et de piller ses richesses ! Tous méritent notre reconnaissance », a déclaré à Afrik.com Olivier Kamitatu, le vice-président du G7. L’offensive diplomatique menée ces dernières semaines par l’opposition congolaise réunie au sein du Rassemblement présidé par Étienne Tshisekedi, et mise sur pied suite au Conclave de Genval, porte manifestement ses fruits. Dans cette entreprise, les opposants congolais ont pu s’appuyer sur quelques élus, particulièrement sensibles à la cause congolaise. De Washington à Bruxelles, portrait succinct de quatre d’entre eux.

1Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2013 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après un délai de trois ans seulement, anormalement court pour ce genre d’affaires

(4)

Cécile Kyenge, la passionaria de l’Union Européenne

Elle a le Congo-RDC au cœur. Originaire de Kambove, l’ex-ministre italienne de l’Intégration, aujourd’hui députée européenne, n’a, en dépit de son brillant parcours politique sous les cieux européens, jamais oublié ses racines. Très impliquée dans le travail parlementaire bruxellois, elle demeure toujours très prompte à dénoncer les massacres à Beni, les arrestations arbitraires d’opposants à Lubumbashi ou les tentatives de violation de la Constitution à Kinshasa.

Marie Arena, la lanceuse d’alerte

Autre députée européenne à s’être illustrée par son implication déterminante dans le dossier congolais, Marie Arena. Cette ancienne ministre, membre du Parti socialiste, a beaucoup œuvré, en coulisse et à la tribune, pour l’adoption d’une posture plus ferme du Parlement européen qui a fini par appeler, le 23 juin dernier par voie de communiqué, le Président Kabila à démissionner le 20 décembre prochain, conformément aux termes de la Constitution congolaise. Selon cette eurodéputée, réputée pour sa rigueur et pour son sens de la méthode, l’Europe ne peut raisonnablement laisser s’installer une situation de flou politique en RDC au risque de voir ce pays-continent sombrer dans le chaos. Ce qui risquerait bien d’advenir, selon elle, en cas de report de l’élection présidentielle.

Ed Markey, le quarterback américain

"Ses textes ont la précision chirurgicale des passes d’un quarterback de la NFL", la célèbre ligue de football américain, dit de lui un de ses collègues démocrates au Sénat. Les sanctions individuelles décrétées par les États-Unis à l’encontre de certains dignitaires du régime Kabila, et qui ont vocation à être progressivement élargies, auront-elles la même efficacité ? De plus en plus nombreux sont les congressmen américains à l’espérer et… à le penser. Quoi qu’il en soit, ils pourront compter sur l’abnégation de l’énergique Sénateur du Massachusetts, réputé pour sa détermination à traiter en profondeur les dossiers.

Peter Luykx, le fer de lance belge

La Belgique est un pays clé dans le dispositif diplomatique congolais. Et Didier Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères, un interlocuteur recherché tant par la Majorité Présidentielle que l’Opposition congolaises. Mais cette dernière a reçu cette semaine un soutien aussi inattendu qu’important de la part d’une autre institution du Royaume. Le Parlement belge a en effet adopté une résolution, qu’il entend soumettre à l’Exécutif, appelant au respect de la Constitution en RDC et, en particulier, à la tenue de l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel. Selon lui, il faut organiser des élections dans les délais prévus par la Constitution et faire également en sorte que le scrutin soit transparent. Les députés belges, qui demandent une attitude ferme face à Kinshasa, brandissent la menace de sanctions économiques.

« Il reste tout à fait possible de revoir le fichier électoral dans un délai rapproché afin d’organiser des élections législatives et présidentielle, tout en assurant une représentativité satisfaisante du corps électoral sur base d’une volonté effective des autorités congolaises, de l’opposition et de la société civile et dans le cadre d’un soutien international », ont indiqué les députés belges. Une posture inédite qui doit beaucoup aux efforts résolus et à la détermination constante de Peter Luykx. Ce député fédéral N-VA (Nieuw-Vlaamse Alliantie ou Alliance néo-flamande en français) a su rallier une large coalition composée de membres de la Majorité et de l’Opposition pour aboutir à l’adoption au sein de la Chambre des Représentants belges de cette résolution à la tonalité très offensive. Un événement "inédit" pour certains, "historique" pour d’autres.

« Le texte voté par la chambre belge ne modifiera pas la donne à lui tout seul mais il vient s’ajouter à une longue liste de recommandations similaires envoyées à Kinshasa par les capitales qui comptent dans la région », analyse La Libre Belgique en citant un investisseur belge, toujours présent dans la capitale congolaise selon lequel « ce texte fait mal à Kinshasa. » Les ténors de l’opposition congolaise ne s’y sont d’ailleurs pas trompés.

Sur Twitter, Moïse Katumbi – dont la capacité à agir en bonne intelligence avec Etienne Tshisekedi, qu’il n’hésite pas à mettre en avant à certaines occasions, est très appréciée par les chancelleries occidentales, comme le fait observer un diplomate du Quai d’Orsay – a dit « merci à la Belgique pour son soutien indéfectible au peuple congolais et à notre

(5)

juste cause qui triomphera ». « L’alternance politique en 2016 est inévitable », a ajouté son principal conseiller Salomon Kalonda tout en lançant, en guise d’avertissement, que « les forces démocratiques congolaises et internationales y veilleront ! » En Belgique, cette ligne diplomatique, loin de se limiter au Législatif ou à quelques députés zélés, est entièrement endossée par l’Exécutif. Pour preuve, à l’occasion de la fête nationale belge, ce jeudi 21 juillet, l’Ambassadeur de Belgique à Kinshasa, Michel Lastschenko, a appelé dans son discours les autorités congolaises à respecter la Constitution. Le même jour, Stéphane Doppagne, le Consul général de Belgique à Lubumbashi, a enfoncé le clou en déclarant que les dirigeants doivent savoir partir et qu’il faut respecter son mandat sans s’autoriser le moindre glissement. Des allusions qui laissent peu de place au doute…

En attendant, au Congo-Kinshasa

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, était cette semaine en RDC. A l’occasion d’une conférence de presse hier à Kinshasa, il a appelé à la libération des prisonniers politiques, à l’ouverture de l’espace politique et dénoncé le double standard majorité-opposition, ainsi que l’instrumentalisation de la Justice en cours dans le pays. Zeid Al-Hussein s’est également déclaré favorable au dialogue national, mais en ajoutant aussitôt que celui-ci était « tout simplement impossible dans une atmosphère qui étouffe la discussion et où les médias indépendants et le respect des libertés fondamentales sont menacés ». Le haut-commissaire a, par ailleurs, estimé que ceux qui s’expriment ne doivent pas être forcés « de se taire, ni punis pour avoir exprimé une opinion dissidente ». « Le peuple congolais a les mêmes droits que tous les autres peuples de se faire entendre et de participer aux décisions », a-t-il conclu.

L’opposition congolaise, quant à elle, a annoncé un grand rassemblement le 31 juillet prochain avec, à cette occasion, le grand retour au pays d’Étienne Tshisekedi et de Moïse Katumbi. En réaction, la Majorité parlementaire a décrété une contre-manifestation…deux jours plus tôt, soit le 29 juillet. « Joseph Kabila s’apprête à libérer quelques prisonniers politiques pour desserrer l’étreinte de la Communauté Internationale et donner des signaux pour la tenue du dialogue national où il voudra obtenir un accord politique pour une transition au cours de laquelle il pense diviser l’opposition, fatiguer l’opinion et organiser le changement de Constitution », décrypte un analyste politique.

Une autre source, proche du ministère congolais des Affaires étrangères mais en porte-à- faux par rapport à la ligne diplomatique suivie actuellement par son pays, précise de son côté que « le Président Kabila a envoyé à Washington son principal conseiller diplomatique, Bernabé Kikaya Bin Karubi, pour assurer aux Américains qu’il ne modifiera pas la Constitution. » Mais « c’est du bluff », indique-t-il, « une stratégie dilatoire destinée à flouer les Etats-Unis et les Occidentaux pour qu’ils mettent un terme aux sanctions dont la deuxième salve toucherait entre autres Jaynet, la sœur jumelle du Président, et Kalev Mutond, le patron de l’ANR. » « En attendant » poursuit cette source, « tous les travaux sont à l’arrêt. Joseph Kabila continue de mettre de côté beaucoup d’argent qu’il reversera à certains opposants à l’occasion du dialogue afin qu’ils donnent leur feu vert pour changer la Constitution. » Et notre source de conclure : « c’est la stratégie du fait accompli. Il dira que le changement de Constitution est le fruit d’un accord politique entre Congolais issu du dialogue, en s’abritant derrière la sacro-sainte souveraineté nationale. Et la communauté internationale, espère-t-il, n’y pourra rien. »

Au Congo-Kinshasa, le bras de fer entre la Majorité parlementaire, déterminée à mettre en œuvre le glissement, et l’Opposition, de plus en plus unie et écoutée par la Communauté internationale, se poursuit.

L’Union africaine face aux défis d’un continent Colette Braeckman – Le Soir - 25 juillet 2016

Dans le tout nouveau centre de Convention de Kigali, inauguré pour l’occasion, une quarantaine de chefs d’Etat invités au 27eme sommet de l’Union africaine ont abordé un programme marqué par les nombreux défis qui se posent tant à l’organisation elle-même qu’à un continent marqué par plusieurs conflits. Alors que les délégués se préparaient à décider de la succession de la présidente actuelle de l’organisation, la Sud Africaine Ndamini Zuma, un premier incident a illustré l’impuissance de l’organisation : le président

(6)

du Burundi, Pierre Nkurunziza, a refusé de se rendre à Kigali, accusant son voisin de vouloir déstabiliser le Burundi et d’entretenir à cet effet des groupes armés. Les Burundais ont quitté les lieux avant la fin de la réunion des ministres des Affaires étrangères. Ce départ très remarqué illustre l’échec de l’Union africaine qui n’a jusqu’à présent pas réussi à envoyer de force militaire ou policière au Burundi, afin de protéger des civils et d’enrayer l’engrenage de la violence. Soutenues par l’Union africaine, les négociations ouvertes à Arusha patinent tandis que les meurtres se poursuivent : la semaine dernière, Mme Hafsa Mossi, figure modérée du parti au pouvoir CNDD-FDD et ancienne correspondante de la BBC a été tuée à Gihosha, un quartier résidentiel à l’est de Bujumbura. Outre le Burundi, un autre conflit va mobiliser l’Union africaine : la guerre fratricide qui déchire le Sud Soudan opposant le président Salva Kiir et son rival Riek Machar sur fond de crise pétrolière due à l’effondrement des cours. Paradoxalement, le président du Soudan, Omar el Bechir, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, a bien été accepté à Kigali, sur base d’une invitation de l’Union africaine. Cette invitation illustre le fossé qui s’est creusé entre la CPI et la plupart des pays d’Afrique, qui regrettent que leur continent fournisse l’essentiel des cibles de la justice internationale. Alors que le Rwanda a pris la tête de cette fronde et plaide en faveur d’une Cour africaine de justice, les ministres des affaires étrangères se sont cependant montrés prudents, refusant de se prononcer sur les modalités d’un éventuel retrait. Le fait que les procédures visant le président et le vice-président du Kenya aient été abandonnées par la CPI a peut-être fait pencher la balance…

La première journée des travaux a été marquée par un acte symbolique, la cérémonie de lancement du premier passeport panafricain, un document de couleur passe muraille remis à deux chefs d’Etat, le président du Tchad Idriss Deby et Paul Kagame, hôte du sommet.

Le président rwandais, s’appuyant sur l’exemple de son pays et des progrès réalisés en vingt ans, a d’ailleurs plaidé en faveur de l’autosuffisance, souhaitant que l’Afrique puisse financer elle-même la plupart de ses programmes de développement ainsi que les travaux de l’Union africaine elle-même et les opérations de maintien de la paix. Le Rwanda, compte tenu de la menace des shebabs, en Somalie entre autres, a aussi plaidé en faveur d’une coopération accrue des services de sécurité et il a soutenu l’admission du Maroc au sein de l’organisation panafricaine, bloquée jusqu’à présent à cause du Sahara Occidental.

La journée de lundi a été marquée par les débats portant sur la succession de la présidente de l’Union africaine Mme Dlamini Zuma, portant plus sur les défis lancés à son successeur ( la lutte contre le terrorisme, les poussées djihadistes dans le Sahel…) que sur le bilan très contesté de la diplomate sud-africaine, à laquelle, entre autres, l’opposition congolaise reproche la nomination d’Edem Kodjo, l’ancien président du Togo, au titre de médiateur et d’organisateur d’un « dialogue national » toujours au point mort.

Deuxième réunion du groupe de soutien au facilitateur du Dialogue politique national en République démocratique du Congo

Monusco (site) - 25-07-16

Kinshasa, le 23 juillet 2016 - La deuxième réunion du groupe de soutien au facilitateur du dialogue politique national en RDC s’est tenue dans les bureaux de la représentation de l’Union africaine en RDC.

La réunion, qui a été présidée par S.E.M. Edem KODJO, ancien Premier ministre du Togo et facilitateur du Dialogue, a vu la participation des représentants des organisations membres du groupe de soutien, à savoir : l’Union africaine, les Nations Unies, l’Union européenne, l’Organisation internationale de la francophonie, la SADC et la CIRGL.

Elle a été organisée dans le prolongement de la rencontre inaugurale du groupe de soutien qui s’est tenue le 4 juillet 2016 à Addis-Abeba, tout en faisant siennes les conclusions et recommandations ayant sanctionné ladite réunion.

La réunion a suivi le rapport du facilitateur sur les initiatives qu’il a prises depuis la dernière réunion en vue de créer les conditions du lancement imminent du Dialogue. Elle a également suivi les communications des membres du groupe de soutien sur les efforts déployés par leurs organisations respectives pour soutenir le facilitateur et les démarches

(7)

engagées en vue d’amener les différents acteurs politiques congolais à demeurer attachés à l’esprit et à la dynamique du Dialogue politique.

Les participants à la réunion ont pris acte de la Déclaration des États-Unis d’Amérique, à travers un communiqué en date du 8 juillet 2016 dans lequel, bien que ne faisant pas partie du groupe de soutien, ils ont appuyé les conclusions de la réunion inaugurale de ce groupe, réitéré leur engagement à soutenir le Dialogue tout en appelant les acteurs politiques congolais à travailler de façon constructive avec le facilitateur en vue du lancement effectif et du déroulement réussi du Dialogue.

A l’issue des échanges, les participants à la deuxième réunion du groupe de soutien au facilitateur ont :

Félicité le facilitateur et les autres membres du groupe de soutien pour leurs efforts en vue d’encourager les parties congolaises à s’engager fermement sur la voie du Dialogue dans un esprit ouvert et de compromis mettant l’intérêt national au-dessus de toute autre considération ;

Exprimé leur appréciation aux autorités congolaises pour avoir accepté d’abriter les travaux de la deuxième réunion du groupe de soutien au facilitateur à Kinshasa ;

Réaffirmé l’importance qu’ils accordent au lancement du Dialogue au plus tard fin juillet, avec la participation effective de tous les acteurs politiques congolais et cela dans le cadre de la Constitution de la RDC, des instruments pertinents de l’Union africaine et de la résolution 2277 (2016) du Conseil de sécurité des Nations Unies ;

Réitéré leur appel afin qu’un climat propice au Dialogue soit créé ;

Exhorté les autorités congolaises à poursuivre les efforts visant à garantir l’espace démocratique et appelé l’ensemble des acteurs politiques à faire preuve de responsabilité et à s’abstenir de tout acte ou propos susceptibles de contrarier la dynamique positive actuelle, notamment à l’occasion des manifestations prévues aussi bien par l’opposition que par la Majorité présidentielle au cours du mois de juillet ;

Pris note de l’engagement de tous les membres du groupe de soutien à oeuvrer aux côtés du facilitateur de façon à ce que dans les délais indiqués, le Dialogue soit lancé dans un climat de confiance, de paix et de sécurité en RDC ;

Exprimé leur profonde reconnaissance aux Chefs d’État africains pour leur implication active dans le processus devant mener au Dialogue politique et les encourage à poursuivre et à intensifier ces efforts ;

Exprimé leur appréciation aux autorités congolaises pour les mesures prises en vue de l’élargissement de certains détenus, et les encourage à poursuivre les efforts afin de faire baisser les tensions et de créer les conditions propices au lancement du dialogue national;

Approuvé l’idée du lancement du processus de dialogue avec la phase de vérification des mandats des délégués au comité préparatoire, à compter du 26 juillet, et le début des travaux de ce comité, à partir du 30 juillet 2016.

L’opposition pro-Tshisekedi refuse le dialogue national et récuse le facilitateur La Libre - 25-07-16

Une plate-forme d’opposition congolaise présidée par l’opposant historique Etienne Tshisekedi wa Mulumba a annoncé dimanche soir son refus de participer au « dialogue national » prévu fin juillet en République démocratique du Congo en vue d’élections « apaisées » et récusé le facilitateur désigné par l’Union africaine (UA).

Le « Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au Changement » déplore la précipitation avec laquelle le facilitateur du dialogue, l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo, « a lancé, unilatéralement, l’invitation pour les travaux préparatoires du dialogue » au lendemain de la publication des ordonnances (signées par le président Joseph Kabila et accordant des grâces à certains détenus, ndlr) « qui ne satisfont pas aux exigences de libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et d’opinion », a indiqué M. Tshisekedi dans un communiqué adressé à l’agence Belga.

Le Rassemblement, créé lors du conclave de l’opposition congolaise organisé début juin à Genval, en Brabant wallon, considère que le communiqué du 23 juillet (par lequel M. Kodjo annonçait le lancement le 30 juillet des travaux préparatoires au dialogue en vue d’élections « apaisées » et « crédibles ») est « une machination de Monsieur Edem Kodjo

(8)

et un mépris inacceptable à l’égard du peuple congolais », poursuit le texte.

Le Rassemblement ajoute qu’il « ne se sent pas concerné par ce communiqué » et « récuse M. Kodjo », en demandant à l’UA de tirer les conséquences qui découlent de cette situation

« afin de sauver le processus de mise en oeuvre de la résolution 2277 du Conseil de sécurité (de l’ONU) sur laquelle reposent les espoirs de notre peuple d’obtenir pacifiquement l’alternance au pouvoir conformément aux prescrits de notre Constitution ».

M. Tshisekedi évoque aussi une « provocation susceptible de remettre en cause tous les efforts déployés à ce jour dans la recherche d’une voie de sortie pacifique à la crise actuelle

» en RDC.

L’ex-Congo belge puis Zaïre traverse une crise politique depuis la réélection contestée du président Joseph Kabila en 2011 pour un second mandat, à l’issue de scrutins entachés de fraudes massives.

M. Tshisekedi, qui préside l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), la principale formation d’opposition congolaise, était arrivé en deuxième position, selon les résultats officiels. Mais il se considère toujours comme le « président élu ».

M. Kabila est au pouvoir depuis 2001. Aux termes de la Constitution, il ne peut se représenter et doit abandonner son poste le 19 décembre à la fin de son mandat.

A moins de six mois de cette échéance, aucune date n’a encore été fixée pour la présidentielle – censée se tenir avant le 19 septembre – et tout indique que celle-ci ne pourra pas être organisée dans les délais constitutionnels. Un récent arrêt de la Cour constitutionnelle autorise dans ce cas le président à rester en fonctions jusqu’à l’élection de son successeur. L’opposition, qui dénonce cet arrêt comme nul et non avenu, accuse depuis des mois M. Kabila de chercher à trahir la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

M. Tshisekedi, âgé de 83 ans, séjourne en Belgique depuis le 16 août 2014 en « convalescence ». Il a prévu de rentrer mercredi prochain à Kinshasa pour participer le 31 juillet à une manifestation destinée à exiger la tenue dans les temps de l’élection présidentielle.

La majorité au pouvoir a pour sa part appelé à manifester le 29 juillet à Kinshasa pour soutenir le président Kabila et le « dialogue politique national et inclusif » qu’il a proposé en novembre dernier pour des élections « crédibles et apaisées ».

Moïse Katumbi saisit la Cour suprême et demande un nouveau procès RFI - le 25-07-2016

Condamné depuis juin à effectuer trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière, Moïse Katumbi conteste sa peine et demande à ce que la Cour suprême de RDC se prononce sur un éventuel nouveau procès. L'opposant congolais accuse les juges de Lubumbashi d'être à la solde du pouvoir en place. Le jugement du tribunal de paix de Kamalondo avait été rendu en l'absence de l'accusé, à l’étranger officiellement pour des soins de santé autorisés par les autorités judiciaires.

Par ses avocats interposés, Moïse Katumbi Chapwe a fait opposition à ce premier jugement aux motifs que certaines règles du droit n’avaient pas été respectées. La demande a alors été faite à l’échelon supérieur pour que l’affaire soit confiée à une autre juridiction, les juges de Lubumbashi ayant fait l’objet d’une suspicion. Cette démarche a apparemment été avalisée par la Cour suprême de justice, qui a donné acte à la requête en suspicion légitime de toutes les juridictions relevant de la Cour d’appel de Lubumbashi.

Pour les avocats de l’ancien gouverneur du Katanga, il faudra ainsi attendre le 21 octobre prochain pour que la Cour suprême de justice désigne une autre juridiction. Devant ces faits, les avocats considèrent que l’arrêt du tribunal de paix de Kamalondo ne doit pas être exécuté en attendant un autre jugement de la même affaire dite de spoliation d’immeuble.

A leurs yeux, ceci apparaît comme une suspension d’exécution de la sentence.

« Il y aura arrestation »

Mais le ministre de la Justice a averti : « C’est son droit de rentrer au pays, mais la décision du juge de Lubumbashi sera appliquée. Le juge avait ordonné l’arrestation immédiate, ça veut dire que s’il était devant lui au moment où il avait prononcé cette décision, il serait parti directement en prison », a tranché Alexis Thambwe Mwamba.

Et d’ajouter : « A partir du moment où il n’était pas devant lui, quand il rentre au pays,

(9)

bien sûr, il ira directement en prison en attendant les procédures qu’il a engagées. Il n’y a pas moyen de faire autrement. C’est le droit. Si le juge a ordonné l’arrestation immédiate, il y aura arrestation dès qu’il rentre sur le territoire national. Ça, c’est clair. »

De son côté, le président du Tout Puissant Mazembe affiche sa ferme détermination de participer au meeting de l’opposition à Kinshasa dimanche prochain.

Thambwe fuit Kinshasa après avoir menacé Katumbi Adrien Seyes – Afrik’com - 25 juillet 2016

Au Congo-Kinshasa, la tension monte à l’approche du grand rassemblement prévu par l’opposition ce dimanche 31 juillet. Une manifestation qui marquera le grand retour au pays de deux des principales figures de l’opposition, Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi.

Thambwe fuit Kinshasa après avoir menacé Katumbi d’arrestation... Craignant manifestement que cette démonstration de force de l’opposition ne tourne au plébiscite populaire, le pouvoir en République Démocratique du Congo fait tout pour entraver sa bonne marche. A commencer par empêcher l’opposant Moïse Katumbi, dont la popularité est redoutée par le régime de Joseph Kabila, de rentrer au pays, comme le démontre à nouveau la séquence – rocambolesque – qui vient de se dérouler. Une tragi-comédie à la congolaise…

L’Acte I de cette piètre pièce voit l’entrée en scène de la Cour Suprême. Dans l’affaire de spoliation présumée d’un immeuble les opposant au citoyen grec Alexandre Stoupis, Moïse Katumbi et son frère ainé, Raphaël Katebe Katoto, obtiennent le 20 juillet dernier une décision favorable de la part de la plus haute juridiction congolaise suite à l’introduction d’un recours en suspicion légitime, l’affaire ayant été émaillée de circonstances pour le moins troubles.

Acte II : face à cette décision de la Cour Suprême, le tribunal de Lubumbashi, qui a condamné Moïse Katumbi en première instance, doit normalement surseoir à statuer car cette décision suspend de plein droit l’exécution du jugement. Mais les choses ne se passent pas ainsi. Dans la foulée de cet arrêt de la Cour Suprême, le ministre congolais de la Justice déclare publiquement à RFI ce weekend que si Moïse Katumbi revient à Kinshasa, il sera aussitôt interpellé et emprisonné, faisant ainsi fi tout à la fois du droit, de l’indépendance de la Justice et de la sacro-sainte séparation des pouvoirs entre l’Exécutif et le Judiciaire.

L’acte III se déroule ce lundi 25 juillet au matin. Avec une célérité rare et en catimini, le tribunal de Lubumbashi confirme sa décision de condamnation du présidentiable Katumbi, avalisant ainsi sur le plan judiciaire les propos du Ministre.

Énième rebondissement quelques minutes à peine avant la décision du tribunal lushois, Alexis Thambwe Mwamba prend aussitôt pris l’avion en direction de Kindu, la capitale du Maniema dont il est originaire. La raison ? « Il craint des représailles de la part de la population à Kinshasa », pour laquelle le retour de Tshisekedi et Katumbi constitue un événement attendu, nous indique l’un de ses proches. Dans le choix de sa destination de repli, le ministre a hésité entre sa province natale et la Belgique. Mais face à la perspective de sanctions susceptibles de le viser personnellement, il a préféré retenir l’option la plus sûre. Fin de l’acte IV.

L’acte V – le dernier – se joue ce lundi 25 juillet après-midi. Evariste Boshab, le ministre de l’Intérieur, a convoqué le Gouverneur de la ville-Province, André Kimbuta, ainsi que les responsables de l’armée et de la police afin qu’ils prennent « toutes les dispositions requises en vue du retour d’Etienne Tshisekedi et de Moise Katumbi au pays ». Problème, le responsable de l’armée lui a fermement rétorqué que la grande muette étant par nature apolitique, elle n’était, par conséquent, pas concernée par ce type de sollicitation. Il revient, a-t-il fait remarquer au Ministre, à la police de prendre les mesures nécessaires en vue du maintien de l’ordre.

(10)

Selon un éminent juriste, professeur de droit à l’UniKin, « la RDC, plus que jamais, est un Etat de droit failli ». En attendant, dans les rues de Kinshasa, une expression revient souvent : « la peur a changé de camp. »

La liste secrète de l'ONU des auteurs présumés des crimes commis entre 1993 et 2003 en RDC

Habibou Bangré - Justice.Info - 25.07.16

Kinshasa (de notre correspondante) - Le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a déclaré jeudi à Kinshasa que sa base de données d’auteurs présumés de graves crimes commis en République démocratique du Congo entre 1993 et 2003 restera secrète. Il explique que les mesures de protection des témoins et des victimes ne sont pas réunies, mais un haut-fonctionnaire de l’ONU qui a voulu rester anonyme affirme que des pays africains font pression pour que la liste ne soit pas divulguée.

Octobre 2010. Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme publie le rapport « Mapping » sur les graves crimes perpétrés en République démocratique du Congo entre mars 1993 et juin 2003. Ce document de 550 pages couvre essentiellement les deux guerres du Congo où, entre 1996-2003, jusqu’à neuf pays – Rwanda, Ouganda, Burundi, Angola, Namibie, Zimbabwe, Tchad, Libye, Soudan – se sont impliqués. Bilan : 617 incidents graves recensés sur une décennie, dont des massacres et des violences sexuelles qui auraient surtout été commis par l’armée congolaise, des armées étrangères et des rébellions.

Ce rapport a nourri une base de données secrète de responsables présumés des exactions qui, pour majorité, peuvent être qualifiés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, tandis que d’autres pourraient relever du génocide. A plusieurs reprises, des ONG congolaises ou étrangères, comme l’américaine Human Rights Watch ou la britannique Amnesty International, ont demandé justice. La pression monte. Le 8 mars, journée de la Femme, la lettre ouverte « Non à l’impunité des viols et massacres perpétrés en RDC » a été remise à Zeid Ra’ad al Hussein, chef du Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme.

Signée par près de 200 associations congolaises, la lettre – dont la pétition, publiée le 20 octobre, a recueilli quelque 450 signatures – demande de « lever l'embargo » sur la base de données. Une requête notamment soutenue par le gynécologue Denis Mukwege, devenu célèbre pour avoir soigné des milliers de victimes de viols dans l’Est, instable depuis vingt ans. « Lutter contre l’impunité c’est une voie pour protéger les femmes que nous prenons en charge mais aussi une façon d’établir la paix… Partout où on a essayé de faire la paix sans justice, on voit très bien que ça ne marche pas ! », confie le médecin à JusticeInfo.

"Prudents"

Mais l’ONU juge qu’il serait dangereux de tout révéler. « Ce cas en particulier doit toujours être traité avec beaucoup de précaution », a expliqué Zeid Ra’ad al Hussein à la presse, jeudi à Kinshasa. Le Haut-commissariat « dispose d’informations d’une nature très sensible sur de nombreuses enquêtes différentes. Avant de dévoiler des informations à une instance judiciaire, quelle qu’elle soit, qui enquête sur les crimes présumés, nous devons nous assurer que la protection et la sécurité des témoins et des victimes est assurée. En l’absence d’un cadre de protection pour les victimes et les témoins, nous devons nous montrer prudents. »

Le Dr Mukwege entend ces arguments mais souligne qu’il « ne faudrait pas que les auteurs de ces crimes ne répondent pas de leurs actes ». « Il faudrait, assez rapidement quand même, engager un processus pour avoir une juridiction qui permette de juger les crimes – crimes de guerre et crimes contre l’humanité – qui ont été commis en RDC », insiste-t- il, alors que se fait attendre la mise en place de chambres spécialisées mixtes, qui compteraient entre autres des magistrats et procureurs congolais et étrangers pour juger les crimes commis depuis les années 90 dans l’ancienne colonie belge.

Pour l’ONU, garder la base de données secrète vise aussi à prévenir toute entrave à l’administration de la justice. Dans une réponse écrite à la lettre ouverte des associations, Zeid Ra’ad al Hussein précise que dévoiler la liste pourrait « contribuer à la destruction de preuves et compromettre les actions et initiatives futures, en particulier les procès visant

(11)

à juger les auteurs présumés de crimes graves ». Au siège de l’ONU à New-York, un haut- fonctionnaire ajoute que le blocage résulte également des fortes pressions étatiques. « D’un côté on demande la lutte contre l’impunité, et de l’autre on se heurte à la raison d’Etat

», déplore-t-il.

Qui fait barrage ? Selon lui, le groupe Afrique à l’ONU « se mobilise pour que rien ne fuite avant "d’être sûrs des faits", mais pour être sûr il faudrait déjà que les Etats diligentent des enquêtes… ». Mais ils ne se montreraient pas très pressés. « Certains Etats semblent considérer que cela [la commission de graves crimes] fait partie des pratiques de guerre et que c’est une spécialité occidentale de s’en émouvoir. D’autres Etats ne veulent pas voir le prestige de leur armée entachée par ces accusations. A la fois par nationalisme, mais aussi par souci de garder le pouvoir, l’armée étant leur base pour se maintenir. »

Pressions de la RDC, Tchad et Rwanda

Il précise que des Etats, dont la « RDC, le Rwanda et le Tchad », ont « tous fait pression de manière différente » pour s’assurer que la liste restera dans les tiroirs. Il évoque des « menaces » de retirer les troupes déployées dans des missions de la paix de l’ONU ou encore de « faire des difficultés administratives aux agences de l’ONU ». Dans ce contexte, et avec de tels enjeux à la clé, il estime que les chances que la base de données soit publiée demeurent lointaines. « Le sujet est ultra-sensible. C’est très verrouillé : à moins d’une fuite ou d’un "Snowden de l’ONU", il n’est pas à l’ordre du jour de divulguer la liste. » Le Dr Mukwege regrette ces pressions. « Si on laisse faire, c’est une façon de dire aussi que quelqu’un d’autre, une autre armée, une autre organisation peut commettre des crimes et faire du chantage ! Je ne pense pas que pour des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide on puisse avoir un prétexte. Il n’y a pas de prétexte. Il faut qu’un jour vienne où les gens qui ont commis ces crimes en RDC puisse en répondre.

C’est la seule voie, la voie qu’on a utilisée partout dans le monde où des crimes de guerre et crimes contre l’humanité se sont commis. Le Congo ne doit pas être une exception. » Reste que, en coulisses, la base de données est parfois utilisée. D’après la lettre de Zeid Ra’ad al Hussein, elle a permis d’« initier quelques poursuites » au niveau de la Cour pénale internationale (CPI), de juridictions étrangères dotées de la compétence universelle et, « dans une certaine mesure », des autorités judiciaires congolaises, comme la Haute cour militaire opérationnelle. « Toutefois, conclut le chef des droits de l’Homme de l’ONU, ces efforts à divers niveaux demeurant insuffisants, nous persévérons dans notre travail quotidien, notamment à travers des échanges réguliers avec les autorités congolaises. »

A Kinshasa, Etienne Tshisekedi est attendu comme le messie par ses partisans Habibou Bangré, contributrice Le Monde Afrique, Kinshasa - 26.07.2016

A Kinshasa, devant le siège de l’Union pour la démocratie et le progrès social, l’UDPS, les militants se préparent à accueillir leur chef, l’opposant historique Etienne Tshisekedi. Un retour très attendu : « Tshitshi », comme le surnomment ses partisans, avait quitté il y a deux ans la République démocratique du Congo pour la Belgique, où il a reçu des soins médicaux et mené des consultations dans le cadre de l’élection présidentielle, prévue en novembre, mais qui risque fort d’être reportée.

Dieudonné exulte. « En tout cas, vraiment, que dieu soit loué ! Il est sorti du pays malade, mais dieu l’a assisté. Nous sommes très ravis de son retour pour que toute chose reprenne et retourne sur les rails. »

Quant à Médard, comme beaucoup d’autres militants il n’a pas digéré la présidentielle contestée de 2011. Etienne Tshisekedi, 83 ans, s’était alors proclamé « président élu », dénonçant des fraudes pour sacrer Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et qui ne peut briguer un troisième mandat d’affilée.

Pour Médard, aucun doute : Etienne Tshisekedi cherche à prendre sa revanche. « C’est le président élu, c’est notre président de la République démocratique du Congo ! Joseph Kabila, il est illégitime ! Tshisekedi nous a promis le pouvoir, Tshisekedi ne revient pas pour être toujours président de l’UDPS : s’il revient, c’est pour être président de la république, c’est ce qui est connu de tous ! Tshisekedi ne nous amène pas des discours comme il a toujours fait, mais Tshisekedi nous amène le pouvoir ! »

(12)

« Un fait social, pas un évènement »

Le chef de l’UDPS rentre dans un climat tendu à cause des retards et problèmes de financements qui mettent en péril la course à la magistrature suprême. Pour décrisper la situation, le président Kabila a convoqué un dialogue politique national et inclusif, mais de grands partis de l’opposition y voient un stratagème pour lui permettre de se maintenir au pouvoir. L’UDPS, elle, avait listé des préalables, comme la libération de tous les prisonniers politiques, mais n’a pas trouvé entière satisfaction.

Plus encore, la plateforme Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, présidée par Etienne Tshisekedi, a récusé le facilitateur du dialogue, l’ex- premier ministre togolais Edem Kodjo. Elle lui reproche notamment d’avoir annoncé « unilatéralement » le début des travaux préparatoires des assises pour le 30 juillet. Si Etienne Tshisekedi refuse le dialogue, son retour « sera juste un fait social, mais pas un événement politique », résume André Atundu, porte-parole de la majorité présidentielle.

Au siège de l’UDPS, un groupe d’hommes débat de l’avenir du pays, pronostique sur les scénarios à venir. On distingue des murmures, comme des confidences. Parfois, le ton s’envole brusquement. Il s’agit d’un « parlement debout », un rassemblement populaire que l’on retrouve dans certains espaces de Kinshasa et où on décortique la situation du pays – non sans passion. A quelques pas, un petit stand étale des Unes de journaux à la gloire du « leader maximo » et vend de quoi fêter le retour.

En quête de KO au Congo

Hubert Leclercq – La Libre - 26 juillet 2016

Cette fin de mois de juillet s'annonçait déjà chaude en République démocratique du Congo, elle sera finalement torride.

L'agence Belga a annoncé, ce mardi soir que : "La présidente du tribunal de paix de Lubumbashi (sud-est de la République démocratique du Congo) a, dans une lettre à sa hiérarchie, demandé mardi que soit considérée comme nulle sa signature apposée au bas du jugement condamnant l'ex-gouverneur de la province du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, à une peine de trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière. "Je saisis votre autorité (...) pour dénoncer les contraintes physiques et morales exercées sur ma personne avant l'audience et pendant le délibéré pour que ma signature soit apposée sur le jugement", condamnant M. Katumbi à une peine de trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière, ce qui rend inéligible ce candidat à la présidentielle, a indiqué la juge Chantal Ramazani Wazuri dans ce document.

Elle évoque une "extorsion" de sa signature dans cette lettre dont l'agence Belga a obtenu une copie.

"J'ai été obligée de condamner" M. Katumbi, a ajouté Mme Ramazani, évoquant des pressions émanant du directeur général de l'Agence nationale de Renseignements (ANR), Kalev Mutond.

"Cette condamnation avait notamment comme objectif d'obtenir son inéligibilité en cas de présentation de sa candidature à la présidence de la République", a poursuivi la magistrate, qui serait en fuite après l'envoi de cette lettre.

Le tribunal de paix de Kamalondo-Lubumbashi avait condamné le 22 juin M. Katumbi - un ancien allié du président congolais Joseph Kabila passé l'an dernier à l'opposition - à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière l'opposant à un ressortissant grec, Alexander Stoupis.

Un certain flou avait entouré ce jugement, un des deux autres juges du tribunal refusant au départ de signer l'acte de condamnation, conclut le texte de l'agence Belga.

La juge se cache

Impossible ce mardi soir de contacter la juge "qui se cache", selon certaines personnes qui l'ont cotoyée ces derniers jours. "Elle sait que les autorités la recherchent. Son chauffeur a été arrêté ce mardi matin et placé au secret. Nous espérons qu'elle a déjà pu quitter le territoire nationale. Il faut communiquer largement son courrier, c'est une protection pour elle qui risque désormais sa vie."

Retour de Tshisekedi et Katumbi à Kinshasa

Ce mardi après-midi, Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle, a rendu visite à Etienne

(13)

Tshisekedi qui doit décoller dans les prochaines heures en direction de Kinshasa. Rencontré brièvement cette après-midi, le leader de l'UDPS a lancé, un grand sourire aux lèvres :

"rendez-vous à Kinshasa".

Moïse Katumbi, lui, a annoncé que malgré les menaces d'arrestation qui pèsent contre lui, il serait aussi de retour "avec mon grand frère Katebe Katoto" ce dimanche 31 juillet pour participer au grand meeting qui doit réunir les principaux mouvements de l'opposition.

La veille, le ministre de la Justice congolais, M. Thambwe, avait pourtant assuré que si l'opposant rentrait, il serait immédiatement arrêté, vu sa condamnation dans le dossier de spoliation immobilière. Un dossier qui vient de prendre du plomb dans l'aile avec la lettre de la magistrate de Lubumbashi. Moïse Katumbi, lui, se contente d'annoncer "je n'ai rien à me reprocher, je rentre dans mon pays. S'ils veulent m'arrêter, qu'ils agrandissent les prisons parce que des milliers de compatriotes me suivront."

Dans les rangs de l'oppposition, la mobilisation est déjà très importante. "On sent que quelque chose est en train de se passer. Le retour de ces deux personnalités ne va faire qu'accroître la pression sur le pouvoir qui est au bord de l'implosion", explique un membre du Fonus, parti membre de la Dynamique de l'opposition, qui vient d'entendre la nouvelle du retour de "Moïse", comme les gens l'appellent dans le pays.

Et Katumbi, de son côté, n'entend pas se contenter de ce retour très médiatique à Kinshasa. "Ce n'est qu'un premier pas. Le 19 septembre, la présidentielle doit être convoquée. Qu'il y ait ou non un dialogue national en cours. Ce dialogue n'autorise en rien la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) à ne pas respecter la Constitution", martèle-t-il, plus déterminé que jamais.

Et si rien ne se passe à cette date ? "je peux vous annoncer que même sans mot d'ordre, il y aura des manifestations dans tout le pays à partir de cette date. Les Congolais ne veulent pas être privés de leurs droits les plus essentiels".

"Le président Kabila partira avant la fin de l'année", lance un proche de Katumbi.

RDC: la juge ayant condamné l'opposant Katumbi dénonce des pressions Belga / Le Vif - 27/07/16

La présidente du tribunal de paix de Lubumbashi (sud-est de la République démocratique du Congo) a, dans une lettre à sa hiérarchie, demandé que soit considérée comme nulle sa signature apposée au bas du jugement condamnant l'ex-gouverneur de la province du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, à une peine de trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière.

"Je saisis votre autorité (...) pour dénoncer les contraintes physiques et morales exercées sur ma personne avant l'audience et pendant le délibéré pour que ma signature soit apposée sur le jugement", condamnant M. Katumbi à une peine de trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière, ce qui rend inéligible ce candidat à la présidentielle, a indiqué la juge Chantal Ramazani Wazuri dans ce document.

Elle évoque une "extorsion" de sa signature dans cette lettre datée de lundi et dont l'agence Belga a obtenu une copie.

"J'ai été obligée de condamner" M. Katumbi, a ajouté Mme Ramazani, évoquant des pressions émanant du directeur général de l'Agence nationale de Renseignements (ANR), Kalev Mutond, de la présidence de la République, du premier président de la Cour d'appel et du procureur général près la cour d'appel de Lubumbashi.

"J'y ai été contrainte sous la menace d'arrestation immédiate", affirme la juge.

"Cette condamnation avait notamment comme objectif d'obtenir son inéligibilité en cas de présentation de sa candidature à la présidence de la République", a poursuivi la magistrate, qui serait en fuite après l'envoi de cette lettre.

"Sur instruction de la hiérarchie, le fond de la cause n'a jamais été examiné juridiquement", dénonce encore la juge Ramazani.

Le tribunal de paix de Kamalondo-Lubumbashi avait condamné le 22 juin M. Katumbi - un ancien allié du président congolais Joseph Kabila passé l'an dernier à l'opposition - à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière l'opposant à un ressortissant grec, Alexander Stoupis.

Un certain flou avait entouré ce jugement, un des deux autres juges du tribunal refusant

(14)

au départ de signer l'acte de condamnation.

"Je ne peux me résoudre à voir un innocent illégalement condamné", écrit la juge Ramazani, en demandant aux autorités congolaises d'annuler sa signature sur jugement ayant condamné M. Katumbi à 36 mois de détention et au versement d'un million de dollars de dommages-intérêts au plaignant. Cette peine a été confirmée mardi, selon des médias congolais, en dépit d'une requête en opposition de ses avocats.

Début juillet, M. Katumbi et son frère, Raphaël Kabete Katoto, avaient à leur tour porté plainte contre M. Stoupis, l'un pour "dénonciation calomnieuse" et l'autre pour "faux et usage de faux" dans cette vieille affaire de spoliation d'une maison à Lubumbashi, revenue tout récemment à la surface.

M. Katumbi, qui se trouve pour des raisons médicales en Europe, a aussi été inculpé pour

"atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat" dans une affaire de recrutement des mercenaires étrangers. Il sera emprisonné s'il revient en RDC, a déclaré lundi le ministre congolais de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba.

Le 5 juillet, M. Katumbi avait annoncé son intention de rentrer "le plus vite possible" en RDC pour "poursuivre la lutte pacifique" pour le respect de la Constitution. Il devrait participer dimanche à Kinshasa à une manifestation visant à exiger la tenue dans les temps - avant le 19 septembre de l'élection présidentielle à trois de la fin prévue du second mandat de M. Kabila.

Mukwege : un docteur au cœur de la présidentielle Marie Royer - Le Point Afrique - 27/07/2016

À son corps défendant, nommé « ambassadeur des citoyens », le célèbre gynécologue est devenu un acteur politique de tout premier plan.

Ce samedi 23 juillet, le Dr Mukwege manifestait aux côtés d'activistes pour la tenue d'élections dans le respect des délais prévus par la Constitution en République démocratique du Congo (RDC). Le gynécologue, célèbre pour rendre leur dignité aux femmes victimes du viol comme arme de guerre à l'est du pays, s'est prononcé pour l'alternance démocratique. D'après la Constitution, le président Joseph Kabila doit normalement laisser la place à son successeur avant la fin de l'année 2016. Mais au vu de l'organisation du scrutin, il y a fort à parier que les élections seront repoussées. Pour l'instant, ni les listes électorales ni les cartes d'électeurs ne sont prêtes. La Cour constitutionnelle a d'ailleurs fait savoir le 11 mai dernier que le président Kabila pourrait se maintenir au pouvoir jusqu'à l'élection de son successeur.

Mukwege pour assurer une transition ?

L'opposition et les organisations internationales s'inquiètent de voir se réaliser un scénario du « glissement », à savoir une phase transitoire qui s'étendrait sur plusieurs années.

Certains souhaiteraient voir Denis Mukwege assurer la transition entre la fin de mandat de Joseph Kabila et l'entrée en fonction de son successeur, le temps de mettre en place des élections en bonne et due forme. Mais le principal intéressé s'oppose à cette idée :

« Commencer à ouvrir les brèches de la transition, c'est en fait favoriser tout simplement le désordre. Aujourd'hui, il y a lieu de prévenir ce désordre simplement en organisant les élections », a-t-il déclaré au journal Le Monde. Alors qu'il s'évertue à répéter qu'il n'a pas l'intention de faire de la politique, il s'est vu nommé « ambassadeur des citoyens » par le groupe de jeunes activistes Filimbi. Le chirurgien affirme être honoré d'avoir été désigné comme porte-voix mais assure que « c'est une responsabilité lourde qui ne peut pas être portée par une seule personne […]. « Nous portons tous cette responsabilité, il faut absolument que ces jeunes se sentent soutenus », a-t-il poursuivi.

Un dialogue national contesté

En vue d'apaiser les esprits, le président Kabila a convoqué un dialogue politique national autour de la question des élections. Une initiative qui ne fait pas l'unanimité. Les grands partis de l'opposition ont récusé le facilitateur dudit dialogue, Edem Kodjo, estimant qu'il était trop proche de la majorité présidentielle. Et d'aucuns voient dans ce projet de dialogue un stratagème pour permettre au président Kabila de se maintenir au pouvoir. C'est ce que pense Denis Mukwege. De quoi comprendre ses déclarations faites fin janvier : « En

(15)

Occident, lorsque l'on dialogue, cela dure quinze jours et les décisions sont respectées. Ici, les palabres peuvent durer dix ans, sans résultat… Et ce n'est que lorsque le président arrive en fin de mandat que tout à coup il est question de dialogue avec la classe politique».

Une volonté d'« éveiller les consciences »

Le médecin continue de susciter l'enthousiasme chez ses compatriotes : « Ce qu'il fait est exceptionnel et l'homme l'est tout autant. C'est un modèle d'intégrité et de probité […]

C'est le nouveau Mandela », n'hésite pas à affirmer Hervé Kiteba, porte-parole du Collectif des élus français originaires du Congo-Kinshasa (CEFOCK). Mais le Dr Mukwege affirme avoir pour unique vocation d'« éveiller les consciences ». « Si la population congolaise peut prendre conscience de tout le potentiel que nous avons en RDC […], elle pourra tout simplement réaliser qu'il n'est pas acceptable que les Congolais vivent dans la situation qu'ils connaissent aujourd'hui. La priorité, c'est amener la population à comprendre qu'elle doit réclamer ses droits et que si elle ne les défend pas, il n'y a personne qui va les lui donner en cadeau. »

Haro sur les pirates du mail

Colette Braeckman – Le Soir - 27 juillet 2016

Amis, relations, simples correspondants, tous ont reçu le même message voici quinze jours : un appel à l’aide pressant et confidentiel, demandant à tous les destinataires de prendre contact avec moi pour résoudre un problème urgent, sans doute d’ordre financier.

Aussitôt, les questions, les messages de soutien ont afflué : la plupart de mes correspondants exprimaient leur perplexité, dénonçaient la probabilité d’un piratage, d’une prise de contrôle de mon adresse mail et de mes contacts par des inconnus. Mais surtout, les messages de solidarité étaient presque aussi nombreux que les demandes d’éclaircissement : la plupart de mes contacts se disaient disposés à me soutenir, d’une manière ou d’une autre, si j’avais effectivement été agressée, dépouillée, voire enlevée ! Cette sollicitude était aussi touchante qu’inquiétante. Touchante car j’ignorais que tant d’amis, et même d’inconnus auraient été disposés à m’aider en cas de coup dur. Mais inquiétante aussi car cette multitude de messages démontrait aussi que les auteurs du piratage, car c’était bien de cela qu’il s’agissait, avaient insisté, renvoyant des messages de relance à tous ceux qui, imprudemment, avaient donné suite au mail initial.

Plainte ayant été déposée à la police, une rapide enquête démontra que la manœuvre de piratage avait été initiée au Nigeria, ce qui expliquerait peut-être le style ampoulé, stéréotypé et surtout les nombreuses fautes d’orthographe émaillant les divers messages.

De ce point de vue, les pirates ont torpillé eux-mêmes leur manœuvre : la plupart de mes correspondants ont eu l’attention attirée par ce style inhabituel, ces fautes et cette lourde insistance. Ayant remis de l’ordre dans ma messagerie (avec l’aide d’un officier de police…) il ne me reste plus qu’à remercier ceux qui se sont montrés solidaires, et à mettre en garde tous mes correspondants : la moindre réponse peut les mettre eux-mêmes sur la voie d’une intrusion dans leur carnet d’adresse et ouvrir la voie à d’autres tentatives de piratage…

Le Sphinx est de retour à Kinshasa Christophe RIGAUD – Afrikarabia- 27 Juil 2016

Plus de 100.000 Kinois sont venus accueillir le doyen de l’opposition, Etienne Tshisekedi, ce mercredi. Un retour triomphal que le patron de l’UDPS devra transformer sur le plan politique alors que la République démocratique du Congo (RDC) s’enfonce dans une crise pré-électorale sans précédent.

On le croyait rangé aux oubliettes de l’histoire, le voici de nouveau l’objet de toutes les attentions et au centre du jeu politique congolais : le doyen de l’opposition, Etienne Tshisekedi, 84 ans, est de retour à Kinshasa après deux ans d’exil médical en Belgique.

Avec un peu plus d’heure de retard, laissant libre court à toutes les rumeurs sur les réseaux sociaux, le jet privé du « Sphinx de Limete » s’est immobilisé à 14h05 sur le tarmac de l’aéroport de Ndjili à Kinshasa. Accompagné de son épouse et de Raphaël Katebe Katoto, le frère du candidat à la présidentielle, Moïse Katumbi, Etienne Tshisekedi s’est fait attendre

(16)

plus de 45 minutes avant de descendre de l’avion et de s’engouffrer dans une Jeep encadrée par des véhicules de la police. Coiffé de sa célèbre casquette, l’opposant historique s’est offert un bain de foule le long des 15 kilomètres reliant l’aéroport à sa résidence du quartier de Limete. Plus de 100.000 sympathisants, en liesse, à pied ou en moto ont escorté le président de l’UDPS jusqu’à la tombée de la nuit. Dans une cohue indescriptible, à la lumière des bougies et des lampes de poche, les Kinois ont tenu a accompagné Tshisekedi, « le Sphinx de Limete », jusqu’à son domicile.

« Le début du départ de Kabila »

Le retour du doyen des opposants à Kinshasa après une longue absence marque un tournant dans la crise politique que traverse la République démocratique du Congo (RDC).

L’arrivée triomphale d’Etienne Tshisekedi à Kinshasa démontre que la figure tutélaire de l’opposition congolaise reste un mythe extrêmement populaire au Congo. « Aucun autre homme politique n’est capable de déplacer autant de personnes dans les rues », nous explique un Kinois joint par téléphone ce mercredi. « Je n’ai jamais vu ça ! Il y avait moins de monde pour le rapatriement du corps de Papa Wemba ! ». Sur le plan politique, Tshisekedi reste le symbole de la résistance aux différents pouvoirs qui se sont succédés à Kinshasa : Mobutu, Laurent-Désiré Kabila, Joseph Kabila… et il le reste. Les slogans hostiles à l’actuel chef de l’Etat fleurissaient tout au long du cortège : « Pas de troisième mandat pour Kabila, Kabila dégage » ou encore « le bailleur (Tshisekedi) est là, le locataire (Kabila) doit partir ». Pour les nombreux Kinois qui étaient aujourd’hui dans la rue, « le retour de Tshitshi représente le début du départ de Joseph Kabila ».

Un retour sans violence

D’un point de vue sécuritaire, ce retour à haut risque pour les forces de sécurité aura été un sans faute. La police a pu sécuriser le véhicule de Tshisekedi et la foule venue l’accueillir dans le calme (ou presque) et sans violence (ou presque). Il faut dire que l’organisation du retour de l’opposant avait été négociée avec les autorités congolaises au plus haut niveau. Le chef de la police, le général Kanyama, plus connu pour les exactions de ses troupes que pour ses qualités de maintien de l’ordre, avait promis que « tout se passerai bien ». Le général était même la seule autorité officielle sur le tarmac pour accueillir le patron de l’UDPS. Le pouvoir en place, jamais tendre avec les opposants, semblait au petit soin avec Etienne Tshisekedi. Son retour intervient à quelques jours du lancement dans travaux préparatoires au fameux dialogue national, voulu par Joseph Kabila. Un dialogue, dont l’UDPS de Tshisekedi vient de nouveau de récuser le facilitateur, Edem Kodjo.

Le plus dur reste à venir

Le plus dur reste pourtant à venir pour Etienne Tshisekedi après ce retour réussi. Le « vieux » sera-t-il à la hauteur du défi politique qui l’attend : réussir à négocier le départ de Joseph Kabila au soir du 19 décembre 2016, date de la fin de son second et dernier mandat ? L’opposition accuse en effet le président congolais de vouloir retarder volontairement la date de la prochaine présidentielle pour se maintenir au pouvoir après 2016. L’opposant historique, à la santé chancelante, trouvera-t-il la solution pour débloquer la crise politique ? Certains craignent que son intransigeance légendaire (qui fait sa faiblesse) ne soit un frein pour concilier majorité et opposition sur « l’après 19 décembre ». Une chose est sûre, ce retour triomphal à Kinshasa démontre que le doyen de l’opposition est encore sacrement populaire et qu’il faudra encore compter avec lui dans la vie politique congolaise. Le prochain rendez-vous d’Etienne Tshisekedi avec les Congolais se déroulera encore dans la rue, dimanche 31 juillet, pour un grand meeting de l’opposition.

Tshisekedi rentre au pays dans un contexte tendu Colette Braeckman – Le Soir - 27 juillet 2016

Alors que la réunion préparatoire au dialogue inter congolais devrait, en principe, s’ouvrir le 30 juillet sous la houlette de l’ancien président du Togo Edem Kodjo, désigné par l’Union africaine, les partisans d’Etienne Tshisekedi ont attendu avec impatience le retour de leur leader. Après deux années d séjour en Belgique, essentiellement consacré aux soins médicaux, le vieux chef, (84 ans) a pris à Zaventem un jet privé en compagnie de Katebe Katoto, le frère de l’ex- gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, candidat déclaré à l’élection

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

2° - Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas

2° - Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas

1 Voir l’enquête RFI :Qui est Célestin Kanyama la machine à tuer de Joseph Kabila? Objet de sanctions financières ciblées par les USA depuis le 23 juin 2016 Le général Kanyama

Celle-ci fixe certains délais : les élections devraient être convoquées dans quelques jours, se tenir en novembre, et désigner alors un successeur à qui JKK passera la main le

Sous la supervision du facilitateur de l’Union africaine (UA), le Togolais Edem Kodjo, les travaux du dialogue national, initié par le président Joseph Kabila pour tenter de sortir

Longtemps hostile à tout dialogue avec Joseph Kabila, qu’il connaît bien pour avoir été son directeur de campagne, l’ancien président de l’Assemblée nationale a modifié sa

Trente-six civils ont, selon un bilan officiel, été tués dans la nuit de samedi à dimanche à Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo, provoquant la colère

S’il n’a jamais montré la moindre considération pour les autres leaders de l’opposition comme pour les diplomates qui se sont succédé à Kinshasa, ce qui l’a privé