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14/07/12/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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14/07/12/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Les élections du 28/11/11 ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus.

Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus.

L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Mais le manque de légitimité du pouvoir le gêne dans les questions relatives à la situation sécuritaire dans la partie est de la RDC, qui sont le principal sujet de la présente revue de presse.

Est

Le Potentiel titre en manchette « Force internationale neutre aux frontières : Rdc- Rwanda : le vrai problème est ailleurs »

Selon ce quotidien, pour les Etats membres de la CIRGL, réunis le 11 juillet 2012 à Addis-Abeba, la stabilisation de la partie Est de la Rdc passe par la mise en place d’une force neutre internationale qui inclut, outre les pays de la sous-région, des forces de l’ONU et de l’UA. Une solution simpliste, écrit-il, donc difficile d’exécution, au regard de la complexité de la crise des Grands lacs où des pays en conflit ne partagent pas les mêmes motivations.

Le Potentiel fait allusion au principe « L’assassin revient toujours sur le lieu du crime ».

Somme toute, indique ce journal, dans l’Est de la RDC, de nouvelles tensions sont nées avec la création du mouvement rebelle, M23. Plusieurs rapports, dont ceux de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) et de Human Rights Watch, ont formellement reconnu la mainmise du Rwanda derrière cette énième rébellion déclenchée dans le Nord-Kivu.

Toujours à propos de l’Est du pays, Le Potentiel titre : « Les députés du Nord-Kivu exigent le changement de toute la chaine de commandement des Fardc ».

A l’en croire, c’est sur un ton solennel que le Caucus des députés nationaux du Nord-Kivu a, dans une déclaration lue par son porte-parole Désiré Konde-Vila-Kikanda, recommandé vendredi 13 juillet à Kinshasa au président Joseph Kabila de «procéder dans le plus bref délai au changement de toute la chaîne de commandement de l’armée, de la police et des services de sécurité responsables de la débâcle actuelle» dans leur province.

AfricaNews note « Les sénateurs veulent un éclairage sur la guerre à l’Est »

Ils sont mécontents. Certains sont quelques peu indignés. Les sénateurs ne s’expliquent pas le report de la plénière consacrée à la guerre qui sévit au Nord-Kivu. Ils souhaitaient entendre trois membres du gouvernement concernés par le dossier. A cinq jours de la fin de la session extraordinaire, les élus des élus craignent que la question ne soit pas traitée pendant qu’elle est encore d’actualité.

Il annonce aussi que « La CPI délivre deux mandats d'arrêt contre Bosco Ntaganda et Sylvestre Mudacumura ». La chambre préliminaire II de la Cour pénale internationale (CPI) a délivré hier vendredi 13 juillet 2012 un nouveau mandat d'arrêt à l'encontre de Bosco Ntaganda, suite à la demande du procureur de la Cour soumise le 14 mai 2012.

Radio Okapi anonce « Le secrétaire général du PPRD réfute les accusations de xénophobie portées contre son parti »

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Le secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), Evariste Boshab Mabudj, a réfuté vendredi 13 juillet à Kinshasa toute accusation portée contre son parti concernant la stigmatisation et la xénophobie, lors de sa matinée politique.

Le Palmarès titre : « Retour de 500 militaires qui avaient fui en Ouganda après l’attaque du M23 à Bunagana »

Plus de cinq cents soldats des FARDC et éléments de la Police nationale congolaise (PNC), qui avaient trouvé refuge en Ouganda après les combats avec le M23 à Bunagana, ont regagné la RDC depuis le mercredi 11 juillet via la frontière de Kasindi, entre la RDC et l’Ouganda, en territoire de Beni, a indiqué ce vendredi le porte-parole militaire au Nord- Kivu, Olivier Hamuli.

Divers

AfricaNews titre à la Une « Gestion des projets agricoles RCAA, PARSAR et PERSAR, Basengezi accablé, la Bad réclame des dollars à Matata ».

Un courrier de la Banque africaine de développement (Bad) transmis au ministre délégué à la Primature chargé des Finances fait état des conclusions d’un rapport d’audit qui met l’ancien ministre de l’Agriculture dans les sales draps. En effet, signale-t-on dans cet article, l’affaire d’une créance d’environ USD 30.000 de DAIPN sur l’ancien ministre de l’Agriculture, la gestion et l’affectation des fonds alloués à son mandat par la BAD pour financer le projet Réponse à la Crise alimentaire en Afrique (RCAA, PARSAR, et PERSAR) préoccupe la direction de la Banque. Celle-ci exige la justification de cette bagatelle enveloppe gérée par l’actuel honorable ( ???) député Basengezi.

La Prospérité mentionne « Kinshasa : perquisition au domicile du bâtonnier national soupçonné de complicité avec le M23 »

Les éléments de la police ont perquisitionné, jeudi 12 juillet à Kinshasa, le bureau et le domicile du bâtonnier national Mbuy Mbiye, chef de l’ordre des avocats. Cet avocat est soupçonné de complicité avec la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23). Selon des sources proches du bâtonnier, la perquisition aurait été ordonnée par le Procureur général de la République.

L'Association des droits de consommateurs congolais (ADCC) dénonce des importations frauduleuses d'huiles végétales raffinées, en provenance notamment du Congo/Brazzaville et L’Observateur note : . « Importations frauduleuses d'huiles végétales en provenance de Brazzaville : Un réseau maffieux se développe au Beach Ngobila ».

Ce réseau maffieux opère entre Kinshasa et Brazzaville. Il s’est spécialisé dans les importations frauduleuses, par le Beach Ngoliba, d’huiles végétales. Un dispositif a été mis en place pour contourner le système de contrôle de l’OCC, au grand dam des consommateurs congolais. C’est le cri d’alarme lancé par l’ADCC.

La RDC dans la presse et les documents étrangers

Pour ceux qui comprennent l’anglais, la lecture des articles du Telegraph (britannique) et de The Atlantic (américain) est intéressante. Voici les liens :

http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/africaandindianocean/democraticrepublicof congo/9398748/Britain-accused-of-failing-to-speak-out-against-Congo-violence.html http://www.theatlantic.com/international/archive/2012/07/the-us-ally-that-brings- violence-to-the-congo-and-gets-away-with-it/259777/#.UACon9boB4c.facebook

En substance, les Anglo-Saxons semblent découvrir que leur allié rwandais n’est pas aussi angélique qu’ils l’avaient cru. Du côté US, la question se pose aussi de savoir ce qu’Obama attend pour utiliser la loi de 2006 dont il est lui-même l’auteur et qui permet de suspendre toute aide à un pays responsable de violences au Congo.

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Expulsé du Congo, Thierry Michel dénonce la « crispation du régime » Olivier Rogeau - Le Vif - 09 juillet 2012

Thierry Michel a été refoulé de RDC. Une « expulsion politique au moment où commence le procès en appel des assassins de Chebeya », accuse le cinéaste belge.

Thierry Michel évoquera, ce mardi 10 juillet à 11 heures au Parlement européen à Bruxelles, les circonstances de son expulsion du Congo. Mais, dès son retour en Belgique, le cinéaste belge nous a confié, en primeur, ses réflexions sur sa mésaventure de dimanche soir à l’aéroport de Kinshasa. « Mon expulsion de RDC est une décision politique, qui ne respecte pas les règles consulaires en matière de visa », assure l’auteur de « Mobutu roi du Zaïre » et de « Congo River ». Le motif invoqué sur le « procès-verbal de refoulement » indique : « défaut de visa sortie-retour. « Un prétexte », estime Thierry Michel, qui rappelle qu’après plus de vingt années de séjours au Congo et de nombreux films consacré à ce pays, il avait obtenu le statut de résident et était ainsi dispensé de visa de sortie et retour.

A Kinshasa, le cinéaste comptait présenter son dernier film, « L’affaire Chebeya, un crime d’Etat », consacré au procès des assassins - tous policiers - du célèbre militant congolais des droits de l’homme. La réalisateur comptait projeter son film jeudi et vendredi dans deux paroisses de la capitale, avec l’appui d’un collectif d’associations de défense des droits de l’homme. D’autres projections, privées, prévues au Centre Wallonie-Bruxelles et au centre culturel français, ont été reportées d’au moins une semaine après vision du film par les autorités congolaises.

« J’ai été expulsé à cause de mon film, poursuit Thierry Michel. Ce n’est pas une surprise : j’ai subi des intimidations, des menaces. Les projections prévues d’ici à la fin juillet en province, à Bukavu, Kisangani et Lubumbashi, ont toutes été déprogrammées. Les signaux sont au rouge. Le régime se crispe. Et, par prudence, les diplomates européens opèrent un repli. »

Ces derniers mois, le cinéaste a continué à investiguer dans les coulisses de l’affaire Chebeya. Il a pu recueillir des témoignages sous couvert de l’anonymat, notamment celui d’un des trois policiers en fuite et condamnés à la peine de mort par la Cour militaire de Kinshasa en première instance, en juin 2011. « Ces témoignages éclairent l’organisation de l’assassinat et expliquent comment les trois policiers impliqués ont pu quitter la RDC

», raconte Thierry Michel.

La prochaine séance du procès en appel, le 17 juillet, s’annonce cruciale : le tribunal répondra à la demande des plaignants qui veulent voir comparaître comme accusé l’ex- chef de la police congolaise, le général John Numbi, suspect numéro 1 dans l’affaire, selon les avocats des parties civiles.

RDC/Rwanda : cris et chuchotements Guy De Boeck – Dialogue / CongoForum – 09 07 12

Les commentaires sur la guerre à l’Est du Congo se divisent en deux catégories, quant à l’implication du Rwanda. Il y a ceux qui n’en parlent qu’à mots couverts et ceux qui

hurlent à tue-tête.

Le pouvoir congolais semble faire partie des deux catégories à la fois. Tonitruant quand il s’agit de crier à la patrie en danger et d’appeler à l’union de tous derrière lui, il recourt cependant aux plus pudiques périphrases pour désigner le Rwanda, alors que chacun sait ce qu’il y a derrière les mots « pays voisin » ou « puissance étrangère ».

Il ne pourrait pas montrer plus clairement qu’à ses yeux, ce qui est important n’est pas de gagner ou de perdre cette guerre, mais bien de bénéficier du « sursaut d’union nationale » auquel il appelle pour essayer de conforter sa légitimité plus que douteuse.

En effet, il ne saurait prétendre tirer sa légitimité des élections. Les élections du 28/11/11 ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Les fraudes les

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plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.

Est-ce à dire que la Guerre de l’Est n’est qu’une simple comédie, destinée à permettre cet effet de « légitimation par détournement du patriotisme » ? Nullement !

Mais cette guerre n’a pas pour finalité de gagner des territoires ou d’imposer par la force une thèse politique au détriment d’une autre. Son but est le maintien de l’état de guerre lui-même. Par une technique qui a fat ses preuves, puisqu’elle était utilisée déjà par Léopold II à la sinistre époque du « caoutchouc rouge », l’état de guerre fait partie du mécanisme d’exploitation. Seule différence, le Red Rubber d’hier a été remplacé par les Blood Minerals.

Le capital international entend en revenir partout aux méthodes libérales sauvages telles qu’elles florissaient sous Léopold II. En Europe, bas salaires, absence de toute sécurité sociale, répression de toute activité non-conforme sous prétexte de « terrorisme ». En Afrique : travail forcé, terreur par la violence, le meurtre et le viol.

Une partie des Congolais et des quelques amis que les Congolais comptent encore dans le monde font fausse route en s’embarquant dans le vaisseau de la « lutte contre la balkanisation du Congo ». Sans doute sont-ils sincères et même ont-ils en partie raison, en ce sens que le Rwanda manifeste en effet un grand appétit pour les richesses congolaises. Mais il ne faut pas confondre son appétit de richesse avec une envie de conquêtes territoriales, que celles-ci revêtent la forme d’une annexion ou de la création d’un état fantoche, dit du « Kivu indépendant ». Le maintien de l’état de guerre suffit à son bonheur.

La frontière qui sépare le Congo du Rwanda est une ligne totalement artificielle tracée à l’époque coloniale. Quand une colline a été coupée par cette ligne, croit-on que tous les cailloux contenant un minerai quelconque se sont réfugiés sur le versant congolais ? Non, évidemment ! Tous les gisements frontaliers se poursuivent de l’autre côté de la frontière. Pourquoi, dès lors, le Rwanda n’exploite-t-il pas son propres coltan et se contente-t-il d’avoir une bourse aux matières premières que l’on devrait appeler

« marché aux voleurs » ? (Il est d’ailleurs ridicule de chercher des « preuves de l’intervention rwandaise » dans des étiquettes de munitions ou de godillots, quant l’existence même d’une telle bourse, permise par le gouvernement Kagame, est mieux qu’une preuve. C’est un aveu !)

La réponse est simple. Il n’est nullement nécessaire de conquérir un pays pour l’exploiter. Mittal Steel a ruiné la sidérurgie wallonne pour son profit personnel, sans que l’Inde ait eu à conquérir la Belgique !

Kagame s’efforce de passer aux yeux du monde entier, et en particulier de ses

« parrains » américains, pour un homme de progrès et de bonne gouvernance. Pour maintenir cette image, il ne faut pas que le Rwanda soit un pays où les investisseurs font n’importe quoi, où toute précaution contre les accidents du travail est absente, où les salaires sont misérables et payés tous les 36 du mois, où les enfants descendent dans les mines. Conquérant, le Rwanda se verrait forcé, comme les colonisateurs belges d’hier, de justifier sa présence par un certain nombre de mesures sociales et humanitaires. C’est à dire de faire, aux yeux du capitalisme néolibéral, de gaspiller de beaux profits en vilaines dépenses inutiles. L’état de guerre est bien plus satisfaisant. Mieux vaut que ce paysage à la Léopold II reste l’apanage du Congo. Le Rwanda se borne à prélever son petit

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pourcentage au passage.

Une « guerre de conquête » est un moment passager visant à une fin. Jules César conquérant la Gaule visait non à organiser une guerre perpétuelle, mais à atteindre le moment où les Gaulois accepteraient l’autorité d’un gouverneur romain. Dans l’Est du Congo, il ne s’agit pas de conquérir, mais d’entretenir l’état de guerre lui-même.

C’est pourquoi, comme ces poupées russes qui se déboîtent, les rébellions-gigogne se succèdent. Les RCD a engendré le CNDP/Nkunda, celui-ci a accouché du CNDP version Ntaganda, qui a pondu le M23. Il n’y a pas de raison que cela cesse.

Simultanément, ces rébellions sans cesse renaissantes servent à éviter l’implication directe du Rwanda. Celui-ci n’est pas, en effet, accusé d’agresser la RDC, mais de favoriser une mutinerie congolaise en lui fournissant des armes, des munitions, un appui logistique, voire un « sanctuaire » sur son territoire.

Une guerre qui avouerait en être une provoquerait des réactions internationales. Elles pourraient être de deux types. ²

Comme au cours de la guerre de 1998, d’autres voisins pourraient être appelés à la rescousse. On pense en particulier à l’Angola, qui possède des avions particulièrement adaptés à ce genre de guerre. De plus, officiellement attaqué par le Rwanda, le Congo aurait la faculté de ne pas se borner à son territoire, mais d’attaquer en tous points du Rwanda, par exemple en bombardant Kigali.

D’autre part, dans une guerre internationale avouée, la mission des Casques bleus ne devrait plus être limitée à la « protection des civils durant une guerre interne ». Bien entendu, l’ONU prêcherait pour un cessez-le-feu et une paix négociée. Mas les soldats de l’Onu ne pourraient recevoir d’autre mission que s’interposer entre les belligérants, c'est- à-dire d’isoler le Congo du Rwanda. Cela nuirait grandement à certains trafics que l’état de guerre sert à maintenir.

Car la situation qui résulte des hasards de la géographie et de l’histoire est déjà, du point de vue du capital exploiteur, magnifique.

Il y a un pays, la RDC, disposant de ressources minières, non encore exploitées industriellement. Ce même pays ne dispose pas des moyens administratifs et militaires d’exercer sa souveraineté[1]. Il est dirigé, partout sur son territoire, par une bourgeoisie attentive à son seul profit immédiat. Dans l’Est, cette bourgeoisie spoliatrice a des liens A LA FOIS avec le reste de la bourgeoisie congolaise, par solidarité de classe et avec la classe dominante dans la dictature rwandaise, du fait d’une parenté ethnique. Il ne faut pas attendre, de la bourgeoisie « vraiment congolaise » et qui s’en vante, qu’elle se désolidarise des « zaïrwandais ». Car déboulonner ceux-ci serait remettre en cause le mécanisme de spoliation mobutiste sur lequel reposent TOUTES les fortunes du pays, même très loin de la frontière Est[2]. Il n’en est donc pas question : on criera, on gesticulera et on palpera son pourcentage des bénéfices comme les autres.

Les liens de solidarité ethnique avec le Rwanda permettent aux pillards de disposer à l’Est d’une frontière perméable. Grâce à celle-ci, le Rwanda peut jouer le rôle de plaque tournante du trafic et d’interface entre les « proxys » africains et les véritables exploiteurs « en gros », c'est-à-dire un certain nombre d’opérateurs anglo-saxons, mais aussi africains, arabes ou asiatiques[3], et même un certain nombre de nationaux de l’UE. Que voulez-vous ? L’argent n’a pas d’odeur !

Enfin, détail non négligeable, car il n’y a pas de petits profit, le fait que l’exploitation des minerais est artisanale permet de ne se soucier en rien du salaire ou de la sécurité des mineurs. Au contraire « l’insécurité » permet de recourir à la menace et au travail forcé !

Cette situation permet de prévoir que l’on évitera sans doute un certain nombre d’erreurs qui réduiraient à néant ces magnifiques et juteux avantages. Notamment :

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1. Même s’il existe un site web des « indépendantistes kivutiens », il ne faut guère s’attendre à une sécession « façon Katanga 60 ». L’un des buts de celle-ci était de laisser entre les mains de l’UMHK de précieuses installations minières et industrielles. Il n’y a rien de tel à protéger au Kivu. Par contre, le fait qu’il soit toujours partie intégrante de la RDC permet d’y maintenir les FARDC qui participent à l’insécurité, nécessaire au recrutement d’esclaves.

2. Il est peu probable que Kagame ait fort envie soit d’annexer tout ou partie des Kivu, soit d’entretenir à sa porte un Kivu indépendant. Encore une fois, cela supposerait des dépenses de souveraineté, un minimum de réalisations sociales qui coûteraient, alors que le rôle de plaque tournante du trafic rapporte et ne coûte rien[4].

3. Les Kivu, qui sont très peuplés par rapport à la moyenne nationale congolaise, le sont cependant de manière beaucoup moins dense que le Rwanda. Cela crée ipso facto une sorte de « vide » relatif qui attire fatalement les gens des zones surpeuplées. Il se peut que certains jugent souhaitable que l’Est du Congo joue ce rôle d’exutoire. Il peut même être double : permettre de « lâcher de la pression » en diminuant la pression démographique en général, mais aussi utiliser au Congo des militaires trop remuants. Tout ceci ne demande pas forcément une sécession ou une annexion. Il suffit que par des accords (p.ex. la CEPGL) la liberté de circuler, de travailler, de s’établir, d’investir soient assurés aux ressortissants d’un certain nombre de pays. Compte tenu de sa taille, la RDC sera d’office le dindon de la farce.

4. L’insécurité étant partie intégrante du système productif, basé en partie sur la terreur, il faudrait également que ces accords comprennent des clauses de libre circulation militaire.

En s’offrant un battage publicitaire nationaliste et patriotique, le pouvoir en place à Kinshasa a pris un risque. Il montre combien le maintien de la fructueuse situation de guerre à l’Est lui importe.

RDC : soldats congolais et casques bleus se dirigent vers Goma Le Monde 10/07/2012

Des troupes congolaises et des casques bleus font route vers la ville de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), placée sous haute surveillance par crainte d'une attaque de rebelles, qui ont gagné du terrain ces derniers jours dans la province du Nord-Kivu, ont annoncé des responsables des Nations unies, lundi soir 9

juillet.

Le Conseil de sécurité doit examiner mardi la situation dans cette province voisine du Rwanda, accusé de soutenir la rébellion, tandis que se tiendra mercredi à Addis-Abeba une réunion interministérielle des pays de la région des Grands Lacs pour tenter de réduire la tension entre Kinshasa et Kigali. Les autorités congolaises et les Nations unies craignent que les mutins du Mouvement du 23-Mars (M23), qui avaient conquis en fin de semaine dernière plusieurs localités et obligé les troupes loyalistes à fuir, ne lancent une offensive contre Goma, capitale du Nord-Kivu, ont précisé des responsables onusiens.

"CE SERAIT UN DÉSASTRE"

Entre vendredi et dimanche, dans la province du Nord-Kivu, les mutins du M23 ont conquis Bunagana, près de l'Ouganda, après des combats avec l'armée congolaise, puis une demi-douzaine de localités, dont Rutshuru, cette fois sans résistance, les forces loyalistes s'étant "repliées" avant l'arrivée des rebelles. "Ce serait un désastre si Goma était prise", a averti un responsable de l'ONU ayant requis l'anonymat.

Selon lui, le gouvernement congolais est en train de dépêcher sur place un bataillon stationné dans le nord du pays et entraîné par des instructeurs américains. Ce bataillon, chargé de combattre l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), qui opère dans une large

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zone - Ouganda, RDC, République centrafricaine et Soudan du Sud -, doit se joindre aux sept mille militaires déjà déployés au Nord-Kivu.

La Mission de l'ONU en RDC (Monusco), composée de dix-huit mille hommes, va quant à elle envoyer à Goma des troupes ghanéennes, guatémaltèques, jordaniennes et égyptiennes, sous les ordres du général britannique Adrian Foster.

Le M23 est constitué d'ex-combattants de la rébellion tutsi congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés dans les Forces armées congolaises (FARDC) dans le cadre d'un accord de paix avec Kinshasa signé le 23 mars 2009. Les mutins, qui réclament la pleine application de ces accords, ont commencé à faire défection en avril. Au cours des deux dernières semaines, ils sont passés de mille à deux mille combattants.

Les Etats-Unis demandent au Rwanda de cesser tout soutien aux rebelles de la RDC

XinHua 10/07/2012

Le conseiller spécial du Département d'Etat américain pour les Grands Lacs et de la République démocratique du Congo, Barrie Walkley, a déclaré lundi à Kinshasa que le gouvernement américain est préoccupé par la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC à

cause des affrontements entre les mutins du M23 et les Forces armées de la RDC (FARDC). "J'ai assuré le président Kabila que le gouvernement des Etats- Unis d'Amérique est vraiment préoccupé par les événements dans le Kivu", a déclaré M.

Walkley à la presse à l'issue d'un entretien avec le président Joseph Kabila sur la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC.

Il a ajouté qu'avant d'arriver à Kinshasa, il a passé plusieurs jours au Rwanda où il a eu des discussions avec les autorités rwandaises."Je leur ai expliqué clairement la position de gouvernement américain et j'ai appelé le Rwanda à cesser tout soutien au M23", a-t-il précisé. Il a affirmé avoir rassurer le président Kabila qu'il avait passé ce message "avec force" aux Rwandais.

A une question, M. Walkley a répondu qu'il y a des rapports et des allégations sur la présence des militaires rwandais actuellement sur le territoire congolais en appui aux rebelles du M23. Pour l'émissaire américain, si des militaires rwandais sont sur le territoire congolais, ils doivent partir immédiatement. "Ça c'est clair, c'est ça le message que nous avons transmis aux Rwandais et nous continuerons à passer le message au gouvernement rwandais au niveau le plus élevé", a–t-il conclu.

La rébellion progresse au Congo Par Tanguy Berthemet – Le Figaro - 10/07/2012

Les mutins du M23 menacent Goma et poussent Kinshasa à négocier.

Goma a repris ses airs de guerre, de cité assiégée. Lundi, dans les rues, des jeunes sur des motos hurlaient leur colère et exigeaient qu'on leur fournisse des armes pour défendre les leurs. Les femmes faisaient des provisions. Une fois encore, après 2006 et 2008, la capitale du nord Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) est sous la menace de rebelles. Mardi, des renforts de troupes congolaises (FARDC) venues du nord du pays sont en route ainsi que plusieurs bataillons de Casques bleus.

«Une prise de Goma serait une catastrophe», souligne un fonctionnaire de l'ONU à Kinshasa, faisant écho au ministre belge des Affaires étrangères qui se dit «extrêmement inquiet». Les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) n'ont pour l'instant pas annoncé leur intention d'attaquer la ville. Son commandant, le colonel Sultani Makenga, un officier congolais mutin, affirme n'avoir que des simples revendications sectorielles, loin des exigences politiques des rébellions du passé. Dans les faits, le M23, à majorité tutsi, est largement composé des mêmes hommes que ceux du Congrès national pour la défense

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du peuple (CNDP), l'auteur des deux dernières offensives. En 2005, le CNDP s'était soulevé, officiellement, pour protéger la minorité tutsie au Kivu et officieusement, pour contrôler les richesses minières. «C'est la même histoire, jamais soldée, qui recommence», affirme Thierry Vircoulon, chercheur au sein du centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

Implication rwandaise

Né en avril, le M23 s'est rapidement taillé un petit fief dans les forêts le long de la frontière rwandaise. Le week-end dernier, il a lancé une offensive mettant les FARDC en déroute et prenant deux villes: Bunagana puis Rutshuru. Cette dernière, si elle n'est en réalité qu'un gros village, est un verrou stratégique qui contrôle la route menant à Goma, une cinquantaine de kilomètres plus au sud. «Il est évident que le M23 est maître du terrain. Il veut pousser Kinshasa à négocier», souligne Thierry Vircoulon.

Le gouvernement congolais a d'ores et déjà exclu des pourparlers directs avec le M23, qu'il qualifie de mutin. La solution passe donc par des discussions avec le Rwanda, parrain de moins en moins secret du M23. Dans un rapport, dévoilé début juillet, l'ONU a pointé l'implication rwandaise dans la formation de la rébellion. Le texte souligne aussi que Kigali fournit une aide en matériel et en hommes au M23.

Toujours d'après l'ONU, le soutien rwandais se serait décidé au niveau du ministre de la Défense, James Kabarebe et du chef d'état-major, le général Charles Kayonga. Le Rwanda a vivement rejeté ses accusations, sans pour autant refuser des pourparlers.

Mais les premiers tête-à-tête congolo-rwandais, d'abord entre les ministres des Affaires étrangères puis de la Défense n'ont pas permis de trouver de solution. «Les points de vue sont trop éloignés», souligne un diplomate. Mercredi, une réunion entre les deux partis est prévue à Addis-Abeba, sous l'égide de l'Union africaine.

CPI: première condamnation

La Cour pénale internationale (CPI) a condamné mardi à quatorze ans de prison l'ancien chef de milice congolais Thomas Lubanga. La Cour, entrée en fonction à La Haye en 2003, prononçait là sa première condamnation. Le fondateur de l'Union des patriotes congolais (UPC) avait été reconnu coupable de crime de guerre le 14 mars dernier, pour avoir utilisé des enfants soldats lors de la guerre civile en Ituri en 2002-2003 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Les juges ont attribué à Lubanga, incarcéré depuis 2006, une circonstance atténuante: sa «coopération constante avec la Cour».

GOMA : LES VIEUX DEMONS DE LA STIGMATISATION REFONT SURFACE,LE POUVOIR A LA RUE

Pole Institute - 10 juillet 2012

Rwandais ou Tutsi : la preuve par le nez !

La journée du lundi 9 juillet 2012 a été caractérisée par des actes d'une barbarie qu'on croyait à jamais dépassée, après les années de violence qui ont caractérisé la province du Nord Kivu dont la guerre en cours entre les FARDC et le M23 constitue malheureusement une des nombreuses métastases. En effet, les jeunes de la ville de Goma, essentiellement les conducteurs des taxis motos communément appelés motards dans cette ville, ont vite pris le contrôle des ronds-points de la ville (Signers, TMK et Birere, Corniche) ; d'autres ont investi la frontière entre le Rwanda et la RDC ; d'autres enfin se sont dirigés vers les centres du pouvoir (Gouvernorat et Région militaire).

Une agitation coordonnée, malgré des revendications qui allaient dans tous les sens.

Certains manifestants ont déchiré les effigies de Joseph Kabila, vestiges de l'élection de

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novembre 2011. Ceux qui ont eu le malheur de se trouver sur le chemin de cette vague avec des képis de campagne à l'effigie du Président ont été molestés et leur couvre- poussière détruit sur place ; une femme de Birere a été contrainte de se promener nue après que son pagne à l'effigie présidentielle lui a été arraché. Pour ces jeunes, il est reproché à Joseph Kabila son incapacité à écraser les mutins du M23 et même une certaine collusion avec Kigali. Quant à ceux qui se sont dirigés vers la 8ème Région militaire, ils réclamaient des armes pour aller au front si les FARDC étaient incapables de faire face à l'ennemi. Mais les actes les plus emblématiques se passaient sur les routes et dans des coins ciblés de la ville. A l'Université de Goma, une structure qui regroupe plusieurs institutions d'enseignement supérieur fréquentées aussi par des étudiants rwandais qui font la navette entre les deux pays, les Rwandais ont été extirpés des salles et amenés manu militari au poste frontière à bord des Jeep de la Police Nationale

Congolaise (PNC). Au Rond Point TMK était établi un check point tenu par des motards ; les passagers étaient obligés de descendre des bus et des voitures et à chaque fois que quelqu'un était soupçonné d'être Tutsi, il était malmené avant d'être remis aux éléments de la PNC qui se chargeaient de son transfert à la Grande Barrière. Dans cette chasse au faciès, certains Congolais ont même été " déportés par erreur " parce qu'ils avaient la taille anormalement étirée ou le nez un peu trop fin !

Le pouvoir complice ou dépassé par les événements ?

Qui a payé les motards ?

Rien ne laissait, en apparence, présager pourtant que cette journée allait être celle de la chasse à l'homme et que des populations entières seraient traquées du simple fait de leur faciès. En apparence seulement parce que la mobilisation ne s'est pas faite

spontanément, et nous avons appris que les motards ont été dotés en carburant la veille - 5 litres chacun- comme à chaque fois que l'on s'apprête à les utiliser comme griots pour un homme du pouvoir ou pour des marches de protestation ou de destruction, selon le bon vouloir du " bailleur ". Les motards ne font rien pour … rien. Qui a payé la note de leur journée chômée ?

Le rôle flou de la PNC

La PNC a joué un rôle ambigu au cours de cette journée, en étant des auxiliaires des manifestants qui violaient pourtant visiblement les libertés les plus fondamentales des citoyens et commettaient des voies de fait sur des personnes qui n'étaient coupables de leur appartenance supposée à l'ethnie Tutsi. En effet, au lieu de réprimer cette barbarie, la PNC assurait le transport des victimes vers la frontière rwandaise avant de revenir se positionner auprès des jeunes en furie, dans l'attente de la cargaison suivante !

Où était donc le Gouverneur Paluku ?

Le Gouverneur de la province du Nord Kivu, Julien Paluku, a déclaré en fin d'après-midi, qu'il avait appris que des jeunes manifestaient dans la ville et qu'ils s'en prenaient à une communauté. Tout en condamnant ce comportement, il mettait en garde les jeunes qui ne devaient pas tomber dans le piège de l'ennemi. Il affirmait par la suite que ces jeunes étaient manifestement infiltrés par le M23, parce qu'ils avaient osé s'en prendre aux effigies présidentielles !

Au moment où la ville était livrée au chaos de la rue, le Gouverneur était en conclave au Musée (le bureau du gouverneur) avec trois Ministres nationaux : celui de la Défense, celui de l'Intérieur et leur collègue des Affaires sociales. Peu avant le retour des Ministres à Kinshasa, qui devaient traverser toute la ville pour rejoindre l'aéroport, tous les check points ont été levés et la circulation a repris normalement ! Simple coïncidence ?

La Société Civile a-t-elle un rôle à jouer ?

Tous ces événements sont consécutifs à la série de revers subis par les FARDC sur le front de Rutshuru où ils ont perdu en quarante-huit heures les principales agglomérations du territoire de Rutshuru dont les plus emblématiques sont Bunagana, tombé le vendredi

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6 juillet après de violents combats et Rutshuru centre, le chef-lieu récupéré par le M23 sans combat après la fuite des forces gouvernementales. Depuis la chute de Bunagana et le refuge vers l'Ouganda de plusieurs centaines des forces spéciales des FARDC, les mutins semblent ne rencontrer aucune résistance et les populations sont profondément frustrées par cette énième contre-performance d'une armée nationale jugée inefficace.

Les manifestations des motards et autres jeunes traduisent ainsi le désarroi face à cet état de fait, un désarroi facilement manipulable par tous ceux qui cherchent à allumer le feu, en surfant sur les oppositions entre les communautés ethniques, une stratégie qui souvent été mise en œuvre au Kivu.

Dans ce contexte délétère, le rôle de la Société civile est évidemment primordial, à condition que cette Société civile-là soit véritable et consciente de ses responsabilités. Au Nord Kivu, il existe bien un bureau de la Coordination de cette Société civile dont les animateurs sont tellement impliqués émotionnellement dans la guerre en cours qu'ils gênent plus qu'ils n'aident le pouvoir auquel ils sont alliés. Ainsi, réagissant à une

question d'un journaliste de Radio Okapi le 9 juillet 2012 sur la chute probable de la ville de Goma, son Président a déclaré que cette ville serait déjà tombée si les mutins en avaient eu envie car, a-t-il ajouté, " le gouvernement provincial est infiltré, l'ANR est infiltré, la DGM est infiltrée, les FARDC, la PNC sont infiltrées… ". Quelques jours plus tôt, le même Président de la Société civile avait invité les populations des provinces du Kivu à se déverser au Rwanda et laisser ainsi lesdites provinces aux Rwandais. Une déclaration qui a embarrassé le gouverneur de la province du Nord Kivu qui a avoué l'avoir appris par la presse et promis d'inviter l'intéressé à s'en expliquer devant lui.

Responsabilité collective

Les dernières évolutions à Goma et même un peu partout en RDC nous remémorent un passé récent, où les communautés étaient fragmentées, le pays morcelé et la confiance entre les populations en lambeaux. On avait cru que ces pages sombres étaient

complètement rangées et que nous en avions tiré des leçons pour ne pas continuer à sombrer à chaque crise que connaît le Nord Kivu et le pays en général. Les moments sont durs, c'est vrai, et l'heure est grave. Des milliers et des milliers des Congolais ont été déversés par cette nouvelle guerre -inutile et qu'on aurait pu nous éviter- dans des camps de réfugiés en Ouganda et au Rwanda et dans des camps de déplacés à l'intérieur du pays où ils vivent dans des conditions exécrables. Nos militaires s'entre-tuent de part et d'autre de la ligne de front, avec ou sans l'accompagnement des étrangers. D'autres ont dû se réfugier en Ouganda, où leur sort dépend maintenant de la diplomatie des deux pays. A Bunagana, les habitants continuent une vie en balancier depuis plusieurs mois déjà, en passant la journée en RDC et la nuit en Ouganda. Après une première législature 2006-2011 essentiellement consacrée à des opérations militaires à l'Est de la RDC, celle qui a commencé en 2011 démarre sous les mêmes augures. Et au lieu d'en étudier froidement les causes (endogènes et exogènes), on s'épuise encore et toujours à

rechercher les coupables. C'est facile, mais c'est contre-productif. Et notre responsabilité collective est engagée !

RDC : Les aveux de la CENI

Christophe RIGAUD – Afrikarabia -11 juillet 2012

Entre autosatisfaction et constat d'échec, le rapport de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) présenté au parlement a suscité l'ire des députés congolais. La CENI reconnait une dérive des coûts, une dette de 75 millions de dollars et

la conduite du processus électoral "dans l'urgence". Pas un mot sur les fraudes et les violences. Les députés ont exigé la révision de la loi électorale, la suspension des

prochains scrutins et un audit des comptes de la CENI.

Le feuilleton électoral n'est pas prêt de s'achever en République démocratique du Congo (RDC). Après la présentation du rapport annuel de la Commission électorale (CENI)

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devant les députés, le parlement a adopté une série de recommandations, dont la révision de la loi électorale, l'audit des comptes et le gel du calendrier jusqu'à l'adoption d'une nouvelle loi. Déjà prévues cet hiver, les élections provinciales avaient été décalées en janvier 2013. Autant dire que la suspension du calendrier proposée par les député reporte ces scrutins... aux calendes grecques.

A l'origine de cette levée de bouclier des députés, le rapport de la CENI, présenté à l'Assemblée par son président, Daniel Ngoy Mulunda. Si le document élude consciencieusement les fraudes massives et les violences pendant les élections chaotiques et contestées de novembre 2011, le rapport dresse un bilan assez sévère de la gestion financière du processus électoral. Sur les 447 millions de dollars prévus pour les élections, 258 millions ont été décaissés, 335 ou 334 millions (il y a deux chiffres différents dans le rapport !) ont été dépensés, laissant 75 millions de dette aux différents fournisseurs et prestataires du scrutin. Autant dire que les caisses de la CENI sont aujourd'hui vides. La Commission demande donc que le coût des prochaines élections provinciales soit pris en charge à 100%.

Toujours côté finance, le rapport note le manque de 50,2 millions de dollars (censés provenir du gouvernement), pour expliquer l'absence de sensibilisation (éducation civique), ainsi que de dispositifs pour le contentieux et la sécurisation du scrutin.

Remarque étonnante au regard du manque de transparence des élections, comme l'ont noté les observateurs internationaux (Centre carter et Union européenne). La "dérive"

des coûts est expliquée par la CENI du fait de l'augmentation du nombre de centres de vote (passant de 12.000 à 15.000).

Concernant la fraude, que l'opposition estime "massive", la CENI avoue tout de même "la falsification de procès verbaux au niveau des postes de dépouillement et le changement des chiffres au poste de compilation". Rien sur les nombreuses violences pré et post- électorales. Toutefois, la CENI reconnait "la conduite du processus dans l’urgence" ainsi que la "modification de la constitution et de la loi électorale sans consensus de la classe politique et sans consultation de la société civile". Satisfaction tout de même : l'organisation des élections "dans les délais constitutionnels" pour éviter "le chaos du vide juridique". Une question tout de même : faut-il à tout prix respecter le calendrier électoral à défaut d'être prêt ?

En conclusion de son rapport, la CENI réaffirme son engagement à organiser les prochaines élections provinciales et locales, mais demande une prise en charge à 100%

des coûts des scrutins (169 millions de dollars pour les provinciales, 226,5 millions pour les locales).

Face à ce rapport, les députés sont montés aux créneaux. Il faut dire que l'image de la CENI a été sérieusement écornée tout au long du processus électoral. Accusée de partialité par l'opposition (son président est un proche de Kabila) la CENI a accumulé toutes les erreurs dans le déroulement du scrutin : organisation chaotique, fichier électoral biaisé, absence de la société civile dans ses instances, procès verbaux perdus, accusations de fraudes… Aux yeux de tous, la CENI se trouve dans l'obligation d'évoluer pour gagner en crédibilité et en partialité.

Devant la présentation des chiffres du rapport de la CENI, les députés ont estimé qu'un audit de la Commission était nécessaire, les prochaines élections provinciales n'étant visiblement pas financées. L'Assemblée nationale demande une révision générale de la loi électorale (nombres de sièges, recensement crédible de la population… ) et un gel du calendrier électoral jusqu'à l'adoption d'une nouvelle loi.

Après les élections contestées de novembre 2011, les recommandations des députés sont les bienvenues dans ce contexte de crise politique et résonnent désormais comme un préalable indispensable à l'organisation de tout nouveau scrutin en RDC. La CENI

possède déjà le triste record des élections les plus coûteuses de la planète… un nouveau report des provinciales, risque d'en faire le cycle électoral le plus long de l'histoire. Le temps presse.

Déclaration de la haute représentante, Mme Catherine Ashton, au nom de

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l’Union européenne concernant la situation dans l'est de la République démocratique du Congo (UE – 10 07 12)

L'Union européenne est très préoccupée par la situation qui se détériore rapidement dans l'est de la RDC suite à la dissidence du mouvement rebelle M23. Elle déplore la mort d'un membre de la force de maintien de la paix des Nations unies, exprime son soutien à la mission des Nations unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO) et appelle à un arrêt immédiat de toute forme de violence perpétrée par les groupes armés.

Rappelant les conclusions du Conseil du 25 juin 2012, l'UE répète qu'elle est vivement préoccupée par les conclusions, désormais publiques, du rapport du groupe d'experts du Comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies indiquant qu'un certain nombre de hauts responsables rwandais sont impliqués dans le soutien apporté aux groupes rebelles congolais, y compris aux mutins du mouvement M23.

L'UE accueille favorablement l'invitation faite par le Rwanda au groupe d'experts des NU de procéder à une revue approfondie des informations contenues dans le rapport des Nations Unies. L'UE appelle le Rwanda à cesser tout soutien aux groupes armés de l'est de la RDC, ainsi qu'à enquêter en profondeur sur les questions soulevées par le rapport du Comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies et ses annexes et à y apporter une réponse constructive.

L'UE soutient le dialogue en cours entre la RDC et le Rwanda, qui vise à mettre un terme à la mutinerie du M23 et à poursuivre la lutte contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Elle encourage des mesures de confiance entre la RDC et le Rwanda, telles que les mécanismes conjoints de vérification. Considérant qu'une approche régionale est également importante, elle salue la réunion ministérielle de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) qui se tiendra le 11 juillet, à Addis Abeba.

La stabilité durable à l'est de la RDC ne peut pas se fonder uniquement sur l'action militaire. L'UE demande donc instamment à Kinshasa et Kigali de contribuer à une solution politique et de s'attaquer aux sources régionales et locales de l'instabilité. Tout en soutenant la souveraineté de la RDC sur son territoire, elle appelle aussi la RDC à assumer une responsabilité accrue en établissant pleinement l'autorité de l'Etat dans les provinces des Kivus. À cet égard, la réforme du secteur de la sécurité, notamment de l'armée congolaise, ne doit pas être plus longtemps retardée.

Les développements actuels ne profitent à aucun des deux pays ni à leurs populations.

C'est la responsabilité de la RDC et du Rwanda d'assurer une paix durable dans la région.

L’or noir au Congo: risque d’instabilité ou opportunité de développement?

ICG - 10 juillet 2012

L’intérêt renouvelé pour le pétrole en République démocratique du Congo (DRC) risque de nourrir les ressentiments communautaires, exacerber les dynamiques de conflit et

fragiliser la cohésion nationale.

L’or noir au Congo : risque d’instabilité ou opportunité de développement ?, le dernier rapport de l’International Crisis Group, met en garde contre la « malédiction du pétrole » dans un pays post-conflit toujours fragile. La prospection pétrolière à l’Est et dans la Cuvette centrale pourrait aggraver le conflit dans les zones à haut risque des Kivus, et réveiller des velléités séparatistes, entretenues par l’échec de la décentralisation et le différend financier entre l’Etat central et les provinces. Si les réserves pétrolières sont avérées, elles pourraient redéfinir la géopolitique du pays, et notamment remettre en cause la prépondérance politique de la riche province minière du Katanga.

« Dans le contexte d’une course à l’or noir en Afrique de l’Est et centrale, le flou autour des frontières, notamment dans la région des Grands Lacs, constitue une menace considérable pour la stabilité », selon Marc-André Lagrange, analyste principal de Crisis Group pour l’Afrique centrale. « Les réserves pétrolières situées aux frontières du Congo avec l’Ouganda et l’Angola sont déjà sources de tensions ».

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L’Est de la RDC est peuplé de groupes rebelles qui se livrent, à l’instar de l’armée congolaise, à l’exploitation illégale des ressources naturelles. En avril 2012, la mutinerie avortée du général Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale depuis 2006 pour crimes de guerre, et l’émergence d’un nouveau mouvement armé (le M23) sont de nouvelles manifestations de cette instabilité chronique. A l’Ouest, la RDC conteste la démarcation des frontières maritimes avec l’Angola alors que la production pétrolière offshore a déjà commencé au profit de Luanda.

La mauvaise gouvernance caractérise le secteur pétrolier depuis la reprise des prospections. L’or noir est déjà la première source de revenus budgétaires, et pourtant, malgré le développement des explorations, la réforme du secteur pétrolier a pris plusieurs années de retard. Au lieu d’établir un cadre légal transparent et des institutions solides, les précédents gouvernements ont agi comme des spéculateurs.

L’incapacité de l’Etat à réguler les intérêts divergents et potentiellement conflictuels des entreprises pétrolières et des communautés démunies nourrit des ressentiments susceptibles de provoquer des conflits locaux. Certaines concessions pétrolières accordées aux compagnies se situent dans des parcs naturels et englobent un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Le gouvernement doit œuvrer, avec les Etats voisins et grâce au soutien de l’Union africaine, à la création d’un cadre de gestion des réserves transfrontalières et au lancement d’un programme de délimitation de ses frontières. Il doit réformer le secteur pétrolier, déclarer un moratoire sur l’exploration dans les zones dangereuses et associer les provinces dans les principales décisions concernant le pétrole.

« Dans un contexte de pauvreté extrême, d’Etat faible, de mauvaise gouvernance et d’insécurité régionale, la ruée vers l’or noir peut avoir un effet déstabilisateur important

», selon Thierry Vircoulon, le directeur du projet Afrique centrale de Crisis Group. « Pour éviter ce scénario catastrophe, le gouvernement doit, au niveau régional, favoriser le dialogue avec ses voisins, et, au niveau national, réguler la prospection pétrolière pour améliorer la gouvernance et la responsabilité ».

Cartes sur table à Addis Abeba Blog de Colette Braeckman - 11 07 10.

Après le temps de la démonstration de force s’annonce celui de la négociation : à Addis Abeba ce mercredi, une réunion de la Conférence internationale sur la sécurité dans les Grands Lacs permettra à des délégués ministériels congolais et rwandais de se retrouver face à face. Parallèlement aux avancées militaires, les pressions diplomatiques se sont intensifiées : les Etats Unis, -moins prudents que la Belgique qui se contente d’exprimer sa « vive inquiétude »- ont sommé le Rwanda de cesser de soutenir les mutins du M23.

Sur le terrain, la situation militaire s’est notoirement aggravée : alors que, voici un mois, ils étaient en déroute dans le Masisi, obligés de se replier sur la frontière rwandaise à Runyoni, les rebelles se sont renforcés, passant de 600 soldats en déroute à plus de 2000 hommes bien équipés et aguerris et ils ont pris plusieurs localités importantes, dont Rutshuru. Ils ont aussi démontré, si besoin en était, la faiblesse de l’armée congolaise dont le commandant au Nord Kivu, le général « Vainqueur » Mayala, aurait fui en Ouganda. Cette faiblesse est due à des causes chroniques, comme le désordre et la corruption, mais aussi politiques : après chaque rébellion dans l’Est, l’armée congolaise a été sommée d’amnistier les mutins, de les intégrer et de leur donner des postes de commandement, ouvrant ainsi la voie à toutes les trahisons ultérieures !

Se référant aux accords conclus le 23 mars 2009, qui avaient mis fin à la rébellion du général tutsi congolais Laurent Nkunda, ses anciens compagnons réunis dans le M23 ont exprimé des revendications qui résistent difficilement à l’analyse : ils exigent des postes de commandement (alors que leurs officiers sont déployés depuis l’Ituri jusqu’au Nord Katanga), de meilleures soldes, payées plus régulièrement (un vœu qui est celui de tous les soldats congolais !), ils refusent d’être affectés dans d’autres provinces et exigent le rapatriement de leurs familles, les 50.000 réfugiés tutsis congolais qui se trouvent toujours au Rwanda. Sur ce point, des commissions conjointes rwando-congolaises se

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sont déjà réunies trois fois et s’il est vrai que les populations locales s’opposent à ces rapatriements, c’est aussi parce qu’elles exigent que la nationalité congolaise de ces réfugiés soit authentifiée par le HCR.

Le rapport des experts de l’ONU a démontré à quel point le M23 (comme hier le CNDP de Laurent Nkunda ou le Rassemblement congolais pour la démocratie) était soutenu par le Rwanda, où des recrutements avaient commencé dès février, y compris parmi des anciens FDLR (des combattants hutus, qui avaient déjà été rapatriés et furent ensuite renvoyés au Congo !) La vraie question, qui sera sans doute abordée à Addis Abeba, est donc de savoir quels sont les vœux de Kigali. Officiellement, les développements actuels sont calamiteux pour un pays qui a de grands projets économiques à l’ouest de son territoire, qui mise sur la coopération régionale pour asseoir sa position dans le marché commun d’Afrique de l’Est (Comesa) et qui espère occuper l’an prochain un siège au Conseil de Sécurité. Comment concilier ces ambitions avec un risque de blâme, sinon de sanctions ? La réponse –au conditionnel- se trouve en partie à la Cour pénale internationale : la condamnation de Thomas Lubanga à 15 années de prison a rappelé que le général Bosco Ntaganda avait été son bras droit dans l’Ituri et que Kigali a soutenu au Congo plusieurs chefs de guerre de la même trempe, sans parler de tous les groupes armés et autres milices avec lesquels la hiérarchie militaire rwandaise était en contact. (Après avoir soutenu la réélection du président Kabila, cette « nébuleuse » est aujourd’hui activée contre le chef de l’Etat…). La réponse se trouve aussi dans la réalité d’un pouvoir parallèle, d’une « armée dans l’armée », garantissant depuis l’Est du Congo la sécurité des frontières et probablement aussi celle des approvisionnements en minerais (la nuit, les convois militaires ont toujours pu passer sans contrôle…) et permettant, ainsi que le rappelle le rapport onusien, des opérations conjointes contre les

« génocidaires » hutus ainsi que des assassinats ciblés.

Mal élu et affaibli, pressé par une communauté internationale qui l’incitait, imprudemment, à arrêter sans attendre Bosco Ntaganda, désireux de reconquérir le soutien d’une population soupçonneuse, le président Kabila, déployant au Kivu ses meilleures unités, a voulu affirmer l’autorité de l’Etat dans l’Est du pays. Mais ce faisant, il a mis en péril un fragile équilibre qui reposait aussi sur des pouvoirs parallèles et sur le

« bon vouloir » de son voisin rwandais. Seule une pression forte et désintéressée des Occidentaux pourrait à la fois obliger Kinshasa à nettoyer les «écuries d’Augias » de la corruption et surtout contraindre Kigali à respecter, une fois pour toutes, les règles du bon voisinage.

CPI : redresser la barre Marie-France Cros – La Libre – 11 07 12

Ce devait être un grand jour: celui du premier jugement de la première Cour pénale internationale permanente (CPI). Mais c’est un jour de déception.

Déception parce que le seigneur de la guerre congolais Thomas Lubanga n’est condamné qu’à 14 ans de prison pour crime de guerre dans un conflit qui a fait 60 000 morts. Et pour cause: le procureur argentin Luis Moreno Ocampo, trop pressé, n’avait inculpé l’accusé que de recrutement d’enfants-soldats, soit un seul des nombreux crimes qui lui sont imputés.

Parce que ce jugement, en conséquence, ne favorisera pas la réconciliation en Ituri (voir en pp 12-13).

Parce que M. Moreno Ocampo a pareillement bâclé l’accusation contre le chef politique des FDLR, groupe terroriste issu des anciens génocidaires rwandais, Callixte Mbarushimana – obligeant les juges à le libérer.

Parce que le co-accusé de Lubanga, son chef militaire Bosco Ntaganda, n’a jamais été livré par le président Joseph Kabila qui, s’il n’avait pas usage du premier, utilisait le second comme chef de ses opérations militaires au Kivu – où il est aujourd’hui à l’origine d’une nouvelle rébellion.

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Parce que Moreno Ocampo ne poursuit que des Africains (et la Colombie ? Et la Birmanie

?), provoquant l’opposition ouverte de l’Union africaine à la CPI, alors que les Etats africains sont très nombreux à souscrire à ses statuts.

La lourde tâche de crédibiliser la CPI pèse désormais sur celle qui a succédé à l’Argentin, la Gambienne Fatou Bensouda. Qui doit redresser la barre d’urgence.

RDC : révélations dans l’affaire Chebeya RFI – 11 07 12

C'est un témoignage inédit qui pourrait relancer l'affaire Chebeya en République démocratique du Congo. Le réalisateur belge Thierry Michel, auteur du film « L’Affaire Chebeya : Crime d’Etat ? », refoulé dimanche à l’aéroport de Kinshasa, a présenté mardi

10 juillet 2012, dans une conférence de presse au Parlement européen à Bruxelles, le témoignage compromettant d'un policier qui dit avoir assisté à l'assassinat du directeur

de l'ONG La Voix des sans voix, retrouvé mort le 1er juin 2010.

Paul Mwilambwe, jugé par contumace au procès Chebeya et en fuite dans un pays d'Afrique, met en cause directement le chef de la police John Numbi dans les entretiens qu'il a pu avoir avec le réalisateur belge via internet, la dernière interview datant d'il y a seulement quelques jours. Son témoignage, qui doit être pris avec toutes les précautions d'usage, éclaircit de nombreuses zones d'ombre.

Paul Mwilwambwe est formel : le donneur d'ordre est le patron de la police. C'est lui, John Numbi, qui promet 500 000 dollars au major Christian Ngoy en échange de l'élimination de Floribert Chebeya.

Au moment des faits, Paul Mwilambwe se trouve à l'inspection générale de la police, où a été convoqué le défenseur des droits de l'homme. Il s'entretient avec lui avant d'assister à son assassinat, dit-il, depuis son bureau, via les caméras de surveillance. Il voit Floribert Chebeya se faire étouffer par des sacs en plastique scotchés sur la tête.

Le procès reprend le 17 juillet

Paul Mwilambwe se déplace, il trouve Floribert à l'agonie et son chauffeur tué un peu plus tôt. Le policier assure que le corps de Fidèle Bazana sera ensuite déshabillé, enveloppé dans un imperméable militaire puis enterré dans une fosse commune. Il indique le lieu avec précision. Paul Mwilambwe assure qu'on a voulu faire taire Floribert Chebeya parce qu'il détenait des informations sur les massacres des adeptes de la secte Bundu dia Kongo, perpétrés par des policiers en 2007 et 2008. Des informations qu'il avait l'intention de transmettre au roi Albert II à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance.

Un témoignage qui reste à valider. Le procès en appel des accusés dans l'affaire Chebeya doit reprendre mardi 17 juillet. Le tribunal doit alors statuer sur la demande des parties civiles de voir John Numbi comparaitre comme prévenu.

Francophonie : boycotter Kinshasa ? Marie-France Cros – La Libre - 13/07/2012

Le sommet de la Francophonie se tiendra-t-il à Kinshasa ? Une campagne pour le boycott de la capitale congolaise a été lancée.

La massive fraude électorale organisée en faveur du pouvoir à l’occasion des scrutins législatif et présidentiel du 28 novembre 2011 au Congo a déclenché une campagne contre la tenue à Kinshasa, du 12 au 14 octobre prochains, du 14e sommet de la Francophonie.

Au mois de mai dernier, l’UDPS, le parti de l’opposant Etienne Tshisekedi - dont on ignore s’il a vraiment perdu l’élection - lançait une pétition pour exiger l’annulation du sommet dans la capitale congolaise en raison du "coup d’Etat " électoral qui avait permis le

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maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, et sa délocalisation "dans un pays respectueux des droits humains ". Et l’UDPS de rappeler que le sommet de novembre 1991, prévu à Kinshasa, avait déjà dû être délocalisé à Paris en raison du déficit de démocratie et des violations des Droits de l’homme perpétrés par le régime Mobutu.

Ces sommets, organisés tous les deux ans depuis 1986 et ouverts d’abord aux seuls pays francophones ou partiellement francophones, se sont ensuite élargis aux lusophones. Si le quatorzième était bien organisé à Kinshasa, ce serait une première pour l’Afrique centrale.

Le régime de Kinshasa espère clairement en obtenir l’occasion d’y redorer son blason, sérieusement terni par le fiasco électoral, la répression des protestations (33 morts au moins selon l’Onu) et l’échec du pouvoir à empêcher un retour de la guerre à l’est : le régime s’efforce de confondre la tenue du sommet avec un soutien tacite à la reconduction de Joseph Kabila. Si, juridiquement, la reconnaissance internationale d’un Président n’existe pas, la tenue du sommet à Kinshasa effacerait la désastreuse image de la prestation de serment de Joseph Kabila, le 20 décembre 2011, en présence d’un seul de ses pairs - les autres s’étant fait excuser - le Zimbabwéen Robert Mugabe.

En Belgique, le Premier ministre Elio Di Rupo (PS) n’a encore pris aucune décision, a-t-il fait savoir cette semaine. "Tout cela fait l’objet d’intenses attentions", a-t-il dit à Belga.

Le même week-end d’octobre, il est vrai, se tiendront les élections communales belges, auxquelles M. Di Rupo est candidat - tout comme le ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte (PS), et le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR).

Ce dernier a cependant déclaré à plusieurs reprises qu’il était "disponible si le Premier ministre était empêché de mener la délégation belge au sommet de la Francophonie ". Ce qui pourrait soulever une nouvelle polémique en Belgique, le ministre libéral ayant annoncé le 2 mai qu’il n’irait pas à l’Euro de foot en Ukraine à cause du manque de respect des droits de l’opposante Ioulia Tymochenko, alors qu’il compte apparemment agir différemment avec le Congo.

En France, le président François Hollande (PS) n’a pas encore pris de décision non plus.

Le 9 juillet, cependant, après qu’il eut reçu Abdou Diouf, le président de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), pour évoquer le sommet de Kinshasa, l’Elysée a indiqué à l’AFP que les autorités congolaises devaient "démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit".

Certaines ONG françaises ont lancé une campagne en faveur du boycott de Kinshasa.

Comme ACAT (Association contre la torture) qui, sous le slogan : "Pas de Hollande pour le Congo", rappelle que celui-ci "risquait d’être instrumentalisé et de servir de légitimation à un régime de plus en plus isolé ". Régime qui, rappelle ACAT, a pourtant signé en 2000 la "Déclaration de Bamako" qui engage ses signataires à tenir des élections libres, fiables et transparentes, à mener une vie politique apaisée, à respecter les Droits de l’homme et l’Etat de droit.

Il n’en fallait pas plus pour que s’accroissent les rumeurs de délocalisation du sommet.

Un "plan B " existerait pour le tenir à Maurice, tandis que des sources proches de l’OIF glissent à des journalistes, ici et là, que si le sommet était maintenu au Congo, on risquerait "que les chefs d’Etat invités ne viennent pas tous ".

Du coup, Kinshasa affirme, par presse interposée, être prête à accueillir les quelque 3 000 invités à prévoir dans "5 000 chambres d’hôtel" de "trois et cinq étoiles ". La réhabilitation et la construction des chambres ainsi répertoriées, non achevées, seraient en voie de l’être d’ici octobre, est-il ajouté.

Certains cercles congolais pro-gouvernementaux laissent entendre que le Congo pourrait boycotter l’OIF s’il était boycotté par celle-ci, évoquant même un retrait de tous les pays voisins, voire africains, si "l’Afrique centrale" était ainsi boycottée.

© CongoForum, le samedi 14 juillet 2012

Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyez www.CongoForum.be

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