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18/10/14 REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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18/10/14 REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

A la Une de la presse congolaise, il y a une collection de manchettes fort nombreuses pour un samedi : expulsion de Scott Campbell, accusation du gouvernement sur les tueries de Beni, report de l’examen de la motion de défiance contre Kitebi, guerre de succession annoncée à l’UDPS.

Scott Campbell

A propos de son expulsion, La Prospérité titre : « Lambert Mende avance ses raisons ! ».

En effet, au cours de son point de presse du vendredi 17 octobre, le ministre Porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende, a confirmé la décision prise par son collègue de l’Intérieur, Muyej Mangez, sur l’expulsion du territoire congolais de Scott Campbell, Directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme pour… la même sempiternelle raison qui lui sert invariablement pour chercher des poux sur la tête des institutions ou organisations internationales. Scott Campbell est accusé de s’illustrer par des prestations systématiquement hostiles aux Institutions en place. La goutte d’eau qui a fait déverser le vase, c’est le rapport sur d’éventuelles exécutions sommaires commises sur des Kuluna, ces bandits qui sèment la terreur dans les rues de Kinshasa, précise La Prospérité.

Est

Le Potentiel commentant les tueries de Beni, objet d’une autre prestation de Mende, indique que « le gouvernement accuse ». Pour le quotidien, il ne fait plus bon vivre à Beni, ville de la province du Nord-Kivu. En moins d’un mois, plus d’une trentaine de citoyens congolais ont été massacrés dans les conditions les plus horribles. Hier vendredi devant la presse, le ministre des Médias et porte-parole du gouvernement s’est longuement attardé sur la situation, dénonçant sans les citer « quelques réseaux de complicité extérieure et locale » avec ces « égorgeurs d’innocents ». Voilà une accusation qui ouvre une boîte de pandore. Selon Mende, en perpétuant ces massacres à série, ces

« phalanges poursuivent avec acharnement » un objectif, souligne ce même journal.

(Pourquoi ces accusations vagues, alors que la vox populi, y compris les autorités locales au cours des funérailles, met explicitement les 30 morts d’Erengeti au compte des ADF/NALU ? Mystère. NdlR)

Politique

Revenant sur l’actuelle session à l’Assemblée nationale, Le Potentiel évoque la question du « report de l’examen de la motion de défiance contre Kitebi » Le ministre délégué auprès du premier ministre chargé des Finances, Patrice Kitebi se présentera devant la représentation nationale au lendemain de son retour au pays. La mission officielle qu’il effectue à l’étranger a motivé le report sollicité et obtenu du bureau de l’Assemblée nationale par le premier ministre Matata.

« Tshisekedi malade à Bruxelles, la guerre de succession déstabilise l’UDPS », nous dit encore Le Potentiel.

Et de poursuivre, depuis son évacuation il y a près de trois mois à Bruxelles (Belgique) pour raison médicale, Etienne Tshisekedi, président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), nourrit un vrai mystère autour de sa personne. Il n’est plus apparu en public depuis un temps alors que des réunions politiques étaient annoncées en marge de son séjour européen, indique Le Potentiel.

La Prospérité, qui s’est appesanti sur le conflit entre Anti et pro-révisionnistes titre :

« Lodja, Jean-Claude Muyambo appelle à la tolérance ! »

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Selon ce quotidien, il n’a pas attendu, longtemps, pour réagir énergiquement contre l’attaque perpétrée à l’endroit des religieux catholiques au Kasaï Oriental, plus précisément dans le diocèse de Tshumbe, à Lodja. Il, c’est le Bâtonnier Jean-Claude Muyambo, Président national de SCODE. (Solidarité Congolaise pour la Démocratie et le développement) Il l’a fait au cours d’un point de presse qu’il a animé hier, à Lubumbashi.

Déjà, Muyambo Kyassa redoute que la problématique de la révision constitutionnelle soit un prétexte, pour justifier des attaques contre les religieux catholiques. Autant qu’il craint, par ailleurs, pour toutes les autres confessions religieuses de la RDC qui, en toute liberté, seraient tentées de s’y opposer. Condamnant fermement cet acte d’intolérance, l’Autorité morale de SCODE craint l’escalade la violence entre anti et pro-révisionnistes. Il appelle le peuple congolais à se réveiller et à se mettre debout, si jamais cette situation persiste ou se répète. Le Bâtonnier Muyambo reste fermement persuadé que seul le respect de la Constitution du sommet à la base, des lois et des normes, garantit la paix civile dans un pays.

La Prospérité s’est par ailleurs penchée sur l’annonce par le Bureau du Représentant Personnel consacrant la Publication du Bulletin du mois de septembre.

Et d’indiquer : lutter pour mettre fin aux violences sexuelles et au recrutement des enfants dans les groupes armés, tel est le leitmotiv du bureau du représentant personnel du chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange. Sur ce, fort de ses activités diverses, le bureau du représentant personnel, chapeauté par Madame Jeanine Mabunda, procède à la publication désormais mensuelle d’un bulletin.

(Disons plus platement que, sous prétexte d’information, les publications qui font partie intégrante de la Précampagne de Propagande préélectorale prématurée, commencent à apparaître. C’est un an lus tôt qu’en 2011.

Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus1. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Malumalu, principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, a été remis à la Présidence de la CENI, ce qui promet encore de beaux jours à l’avenir !

1 Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que a CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2013 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après une délai de trois ans seulement, un délai anormalement court pour ce genre d’affaires.

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Presse et documents étrangers

Dialogue de sourds entre Kinshasa et le M23 Christophe RIGAUD – Afrikarabia - 12 oct 2014

Un échange de lettres entre le gouvernement congolais et le M23 souligne l’incompréhension qui persiste entre les deux signataires des déclarations de Nairobi. Le M23 propose une réunion à Kampala pour clarifier la situation. Refus du coordonnateur François Muamba qui s’explique.

Les anciens rebelles et le gouvernement congolais ne semblent toujours pas sur la même longueur d’onde. En cause : l’application des « déclarations de Nairobi », un document qui avait mis fin au conflit à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) en décembre 2013. Dernier désaccord en date, un échange de lettres entre François Muamba le coordonnateur du Mécanisme national de suivi et René Abandi, le représentant du M23. Dans une lettre qu’Afrikarabia a pu se procurer (voir le document 1 en fin d’article), Kinshasa signifie « la disponibilité du gouvernement à procéder au rapatriement immédiat des ex-combattants de l’ex-M23 qui sont prêts et qui veulent effectivement rentrer dans leur pays ». Dans cette lettre, François Muamba demande à René Abandi de lui faire des « propositions de dates ». Mais visiblement, du côté du M23, le rapatriement de ses anciens combattants n’est encore pas à l’ordre du jour. Dans une lettre de réponse à François Muamba que nous avons pu consulter (voir le document 2 en fin d’article), René Abandi pointe plusieurs réclamations aux autorités congolaises.

Une réunion avec le gouvernement à Kampala ?

Dans sa missive le coordonnateur du M23 revient sur les réunions d’évaluation de la mise en oeuvre des déclarations de Nairobi. Affirmant qu’« aucune liste d’amnistiés ne lui a été transmise », René Abandi suggère que la réunion ait lieu à Kampala (au lieu de Kinshasa) pour permettre aux membres de l’ex-rébellion de s’y rendre. Sans amnistie, les membres du M23 craignent pour leur sécurité en se rendant dans la capitale congolaise. René Abandi dénonce également « l’absence totale de budget alloué à la coordination du M23 ». La dernière réunion en date du Mécanisme de suivi, s’était en effet tenue sans la présence des représentants de l’ex-rébellion. Sur la loi d’amnistie, le M23 regrette que la majorité des anciens rebelles est aujourd’hui « non amnistiable » alors que la seule signature de l’acte d’engagement doit normalement suffire pour en être bénéficiaire. Sur les 4.000 amnisties attendues par le M23, seules 193 ont été publiées. Enfin, le coordonnateur du M23 rappelle son souhait de ne plus être appelé « ex-M23 » par les autorités congolaises, comme c’est le cas dans la missive de François Muamba. Pour René Abandi, le M23 « a renoncé à son état de rébellion et non à son existence ». Et de noter que les déclarations de Nairobi reconnaissaient le droit au M23 de se transformer en parti politique « en gardant ou non son appellation ». Un membre de l’ancienne rébellion, joint par Afrikarabia estime qu’à ce jeu, « Kinshasa cherche uniquement à gagner du temps ». « Le plus important est de respecter la chronologie des accords », insiste ce cadre du M23. « Le cahier des charges de notre mouvement n’est pas soluble avec la mauvaise foi du gouvernement » conclut-il. « Notre patience à des limites ».

« Venez à Kinshasa pour qu’on en parle » propose François Muamba Qui est de mauvaise foi ? Qui joue la montre ? Pour François Muamba, qui nous avons contacté par téléphone, « il n’y a pas de problème ». « Si monsieur Abandi a des réclamations à faire, je ne vois pas d’autre moyen que d’en parler ensemble ». Le coordonnateur du gouvernement ne comprend pas la posture de René Abandi sur la nécessité de se réunir à Kampala et non Kinshasa. « Monsieur Abandi a bénéficié de l’amnistie, précise François Muamba, il passe la moitié de son temps en RDC, à Goma, je lui propose de nous retrouver à Kinshasa pour discuter. S’il y a des problème, il faut qu’on en parle. Et le lieu pour en parler c’est maintenant Kinshasa. Tout le reste n’est que fuite en avant ». Sur la question d’une « pré-réunion » à Kampala comme le souhaite le M23, François Muamba

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est très clair : « qu’est-ce que nous irions faire à Kampala ? Tout à été fait. Des personnes de l’ex-M23 s’étant réfugiés en Ouganda, une délégation du gouvernement congolais s’est rendue sur place pour les identifier et leur faire parvenir les documents nécessaires pour accéder à l’amnistie… tout cela a déjà été fait. Il n’y a plus rien à faire à Kampala !» tonne François Muamba. « Le siège du Mécanisme de suivi est à Kinshasa, il n’ira pas à Kampala, c’est maintenant ici que cela se passe ». Au sujet de l’amnistie

« sélective » des anciens rebelles, François Muamba reconnait qu’il s’agit « de sujets de discussions contradictoires » et affirme vouloir débattre du sujet avec René Abandi,

« leurs documents contre les nôtres, mais pas par voie de presse ». Un rapprochement entre les deux parties semble donc nécessaire selon pour le coordinateur du gouvernement. « Venez à Kinshasa pour qu’on en parle » suggère François Muamba… qui les appelle toujours « ex-M23« .

RDC: jusqu’à15 ans dans la fonction publique sans salaire Christophe RIGAUD – Afrikarabia - 12 oct 2014

Près de 70 % des agents de l’État de Lusambo, dans la province du Kasaï-Oriental, n’ont pas été payés depuis le départ de Mobutu.

On les appelle “nouvelles unités”. Une litote pour dire que comme fonctionnaires d’Etat, ils n’existent pas. Le pire cas : ces “nouvelles unités” représentent les trois quarts de la de la fonction publique de l’État de Lusambo. Mais on les trouve à peu près dans toutes les administrations du pays. C’est le constat dressé à l’occasion du Forum international sur la réforme de l’administration publique, qui s’est tenu début octobre à Kinshasa en présence du Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo. Il souhaitait voir les représentants des pays participants échanger leur savoir-faire pour parvenir à asseoir une administration publique efficace et efficiente. De fait, beaucoup d’entre eux ont été horrifiés par l’état de délabrement ce la fonction publique en RDC.

Les représentants du Maroc ont préconisé le renforcement de la coopération Sud-Sud dans la mise en place de réformes et le partage des expériences réussies avec les autres pays d’Afrique. Une question urgente : il faut gérer le départ à la retraite de 20 000 fonctionnaires entre 2015 et 2016. Création d’une caisse de retraite et d’une mutuelle de fonctionnaires, nouveau statut des fonctionnaires, règles de recrutement… tout est à faire ou à refaire. Il faudrait aussi faciliter la reconversion professionnelle de ceux amenés à quitter la fonction publique. Last but not least, la qualité du service rendu aux administrés : renforcer la transparence et l’efficience des services publics, simplifier les procédures administratives. En interne, promouvoir le dialogue social avec les partenaires sociaux, et d’abord les syndicats. La question de la corruption a été à peine évoquée.

«Nous sommes conscients aujourd’hui qu’un Etat fondé sur une administration efficace, intègre, transparente et proche des citoyens, est indispensable à un développement humain durable», a souligné le ministre marocain Mohamed Moubdi devant ses interlocuteurs.

“Le gouvernement de la RDC est déterminé à poursuivre les réformes administratives, grâce à sa volonté d’aller de l’avant en vue d’asseoir une structure performante de nature à accompagner les changements en cours dans le pays« , a assuré Augustin Matata Ponyo, le chef de l’Exécutif congolais. Jean-Claude Kibala, ministre congolais de la Fonction publique, a mis en cause les guerres qui ont ensanglanté la RDC, se félicitant de l’amélioration récente des services administratifs qui représentent une part importante du budget de l’Etat. De fait, 30 % des dépenses publiques sont destinés à couvrir les traitements des fonctionnaires.

Radio Okapi, la radio des Nations unies en RD Congo, ne manque pas de souligner le s problèmes récurrents de la fonction publique. Radio Okapi a interrogé le ministre de la Fonction publique, Jean-Claude Kibala. Ce dernier reconnaît : “Nous avons des défis énormes à relever pour conduire notre pays vers l’émergence. Nous avons besoin d’une administration efficace, qualifiée, de proximité et qui doit permettre à l’État d’avoir les moyens de sa politique et de son développement. C’est pour cette raison que nous avons

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décidé d’organiser ce rendez-vous pour savoir si notre administration est sur les bons rails de l’émergence et tirer les leçons des réformes mises en œuvre dans d’autres pays”.

Alors que le ministre marocain délégué auprès du chef du gouvernement chargé de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration, Mohamed Moubdi, se dépensait sans compter pour faire avancer les débats, vingt-trois propositions ont été adoptées. Comme lui, de nombreux participants ont réclamé l’instauration de mécanisme d’audit, de contrôle et d’évaluation du fonctionnement et de la performance des services administratifs et des institutions de l’État. en particulier la mise en place d’un système de contrôle qualité et de contrats de performances au sein de l’administration publique, ainsi que la création d’inspections au sein des ministères. Un programme ambitieux. Il faudra commencer par le plus simple : rémunérer les fonctionnaires… L’École nationale d’administration (ENA) de Kinshasa a été relancée et délivrera prochainement sa première promotion. Ses lauréats ne manqueront pas de travail.

A Bayeux, les journalistes débattent des nouveaux défis de la terreur Blog de Colette Braeckman - 13 octobre 2014

Bayeux - Lorsque le seul message est la terreur, parfois délibérément mise en scène et que les cibles sont les journalistes ou les humanitaires, comment répondre au devoir d’information ?

Les rencontres de Bayeux, où le grand public, parmi lequel de nombreux jeunes en âge scolaire, échange avec des dizaines de journalistes, représentent toujours des moments privilégiés, qui permettent de prendre la température du monde. Mais plus que jamais, de l’Ukraine à la Centrafrique, en passant par la Syrie, le monde a la fièvre et surtout, la couverture des foyers de tension est devenue de plus en plus dangereuse, jusqu’à dissuader les plus audacieux des reporters de suivre des guerres telles que celle menée par l’Etat islamique en Irak et en Syrie. Alors qu’au fil des années se multiplient les stèles dédiées aux journalistes décédés dans l’exercice de leur métier, immortalisés dans le petit cimetière de Bayeux, ce sont les parents de l’Américain James Foley, récemment décapité, qui ont rappelé l’essentiel : « James ne doit pas être mort en vain. Il est mort pour donner la parole à ceux qui ne l’ont pas… »La maman de Camille Depage, une photographe indépendante de 26 ans, assassinée en Centrafrique, ne disait pas autre chose : « si ma fille était là bas, c’est parce qu’elle a toujours voulu donner une réalité aux guerres oubliées… »

Certes, mais des photos, des textes, des films ramenés des zones de conflit et présentés au jury du Prix Bayeux se dégagent aussi deux messages : le premier, résumé par Christophe Deloire, représentant de Reporters sans Frontières, est que « les journalistes sont des témoins à supprimer ». L’autre, plus nouveau et plus inquiétant encore, nous a été souligné par Nicolas Hénin, journaliste au Point et otage en Syrie, c’est que « la terreur elle-même est devenue une arme de guerre… La violence est le message, elle s’exerce délibérément à l’encontre des journalistes étrangers, en sachant qu’elle générera un maximum de publicité. » Et de poursuivre « la violence est devenue un outil de communication, utilisé par des gens qui, à leur manière, sont des professionnels … » Ces nouveaux visages de la guerre ont hanté les débats du jury : dans ces zones grises, comme le Nord du Mali, l’Irak ou la Syrie, pratiquement interdites aux journalistes occidentaux, comment rendre compte de la réalité ? Comment parler, avec justesse, de ceux qui seuls importent, les civils pris au piège de l’intolérance et de la violence extrémiste ? En relayant des vidéos réalisées localement, par des « militants », en se branchant, sans pouvoir contrôler les contenus, sur les réseaux sociaux ? Malgré les risques, des photographes, des reporters ont cependant continué à se rendre en Syrie, afin de rendre plus présente la souffrance d’un peuple martyrisé par son gouvernement. C’est ainsi que le photoreporter Laurent Vander Stock a ramené de Syrie des portraits à taille réelle de Syriens assiégés par la guerre au quotidien, d’autant plus interpellants qu’exposés dans la cathédrale de Bayeux, ils semblent sortir de la pierre et trouvent toute leur place à côté des gisants de naguère et des scènes bibliques. Mais la guerre d’aujourd’hui, n’est ce pas aussi la trahison, la « marchandisation » des

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journalistes devenus monnaie d’échange, source de revenus ?

La pertinence de cette question explique pourquoi c’est le récit très personnel du Britannique Anthony Loyd qui a remporté le prix de la presse écrite : «Je pensais que Hakim était mon ami, et il a tiré sur moi… »

Cependant, enfoncés qu’ils sont dans la guerre et la violence, les journalistes risquent parfois d’aller trop loin dans l’horreur : « on a l’impression que le photographe était assis sur les genoux du bourreau lors de la décapitation » s’est exclamé un membre du jury lorsqu’il s’est agi de décerner le prix de la photo tandis que certaines images de la Centrafrique, dégoulinantes de haine et de cruauté, suscitaient un malaise évident. Ces réserves expliquent pourquoi, in fine, c’est un reportage réalisé au Bahrein, où des manifestantes voilées, issues de la minorité chiite, continuent à défier le pouvoir, qui a remporté les suffrages du jury.

Dans la catégorie reportage TV, où un reportage ambigu consacré à la vie et la mort d’un jeune djihadiste franco-syrien avait retenu l’attention, le même désir de donner priorité aux victimes s’est imposé lorsqu’il s’est agi de couronner un reportage de Arte consacré à la Syrie « la vie, obstinément ». On y voit des fillettes aux yeux trop grands traverser les champs de ruines et assurer crânement : «Nous resterons ici. Si nous devons mourir, ce qui compte, c’est d’affronter la mort aux côtés de notre père et de nos frères… Tous ensemble… »

En ces temps où la violence, qu’il s’agisse des viols publics dans l’Est du Congo ou des décapitations en Syrie, est devenue le message d’intimidation et de terreur, la réponse des journalistes est demeurée la même, obstinée et lucide : malgré la dissuasion, il faut continuer à se rendre sur place, au nom des victimes. Parce que donner la mesure de ces guerres qui prennent aujourd’hui de nouveaux visages, c’est aussi, in fine, contribuer à la paix…

Face à Ebola, la solitude de Médecins sans Frontières Blog de Colette Braeckman - 13 octobre 2014

Ferrare - « Un mois après la session spéciale de l’Assemblée générale de l’ONU consacrée à l’épidémie Ebola, un mois après la décision de faire intervenir les armées des Etats Unis, de France, de Grande Bretagne, nous, sur le terrain, nous ne voyons toujours rien…. Pas un seul lit supplémentaire, pas de « task force »…Les pays qui se sont engagés veulent déléguer leurs moyens auprès des grandes ONG internationales, mais parmi ces dernières, bien peu sont équipées pour faire face à une telle situation… » A la Foire internationale de Ferrare, qui a rassemblé 71.000 personnes autour de vastes débats à propos de tous les défis de la planète, la « famille MSF » était omniprésente : de Belgique, de France, d’Espagne, des chefs de mission, des directeurs d’opération avaient rejoint leurs collègues italiens qui avaient organisé une vaste mobilisation dans la ville et invité le public, à titre de soutien, à envoyer des SMS payants et à participer à plusieurs conférences. Mais si les gens arboraient des badges, se pressaient dans les tentes MSF pour recevoir des feuillets d’information et prenaient peu à peu la mesure de la menace, le découragement des responsables était perceptible : « le nombre de personnes contaminées double toutes les trois semaines » souligne Christopher Stokes, directeur de MSF Belgique « et la réponse est trop lente »…

Durant des heures, comme des cartes brûlantes que l’on bat et rebat, les principaux dirigeants de MSF ont réexaminé l’équation : « MSF Italie a déjà eu un mort dans son équipe, de nationalité ougandaise » rappelle Lauris de Filippi, MSF France a du rapatrier une volontaire, sauvée de justesse. Tous assurent que les engagements de volontaires atteignent leurs limites : «sur le terrain, il faut une vigilance de tous les instants » explique Christopher Stokes «on ne peut pas s’habiller seul, revêtir sans contrôle les équipements de protection : l’opération prend une demi heure et elle se déroule, impérativement, sous le regard d’une personne responsable qui suit chaque étape et repère la moindre défaillance… C’est tellement lourd qu’un volontaire ne peut pas rester plus d’un mois d’affilée sur le terrain… »

« La moindre gaffe peut avoir d’incalculables conséquences » souligne un autre responsable : « il est formellement interdit de se toucher, d’avoir le moindre contact

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physique avec qui que ce soit, de partager le moindre aliment, le moindre couvert. Le mois dernier, dans un groupe, quelqu’un avait ouvert un paquet de chocolats et l’avait partagé. C’était suffisant pour que tout le monde soit mis en quarantaine. Or une quarantaine, c’est 21 jours d’isolement, 21 jours sans travailler, ce qui paralyse d’autant les équipes… »

Face au fléau, les équipes MSF imposent des règles d’hygiène simples, mais radicales : isoler les patients, confiner les personnes à risque, distribuer maison par maison des kits d’hygiène et de nettoyage, désinfecter, avec du chlore, de l’eau de Javel… A Monrovia, les volontaires vont de rue en rue pour repérer les malades et, le cas échéant, découvrir des cadavres. Mais à mesure que les populations locales se rendent compte des risques, d’autres problèmes se posent : « il n’y a pas assez d’ambulances et celles qui existent ne sont pas toujours sécurisées. Lorsque les gens font appel à un taxi pour être conduits à l’hôpital, le chauffeur, de plus en plus fréquemment, refuse la course, de nombreux conducteurs ayant déjà été contaminés… En outre, des bateaux chargés de produits d’hygiène, désespérément attendus à Monrovia ou Freetown, refusent désormais de s’arrêter dans les ports maudits et poursuivent leur route… »

Un autre problème est la gestion des cadavres : la population a enfin été dissuadée de toucher les défunts, de procéder aux rites de deuil et d’ensevelissement. Mais que faire des corps contaminés, véritables bombes bactériologiques ?

« A Monrovia, nous avons creusé des fosses communes » raconte un responsable, mais l’eau se trouve à quelques centimètres du sol et elle risque de submerger les dépouilles puis de se répandre…D’où l’idée de construire au plus vite un crematorium afin de brûler les corps. Mais au Liberia, seule la communauté indienne pratique la crémation… »

« Est vraiment à nous de gérer des problèmes de ce type, d’autres ONG ne pourraient elles s’en charger ? » se demandent les responsables des MSF, étourdis par tant de solitude.

« Que fait l’Europe ? « s’interroge Sergio, un volontaire italien « faudra-t-il prendre d’assaut le Parlement européen pour que les élus comprennent l’urgence du problème ainsi que l’importance d’une réponse coordonnée ? » Découragé, il soupire « Internet, Facebook, Twitter, la presse…Il y a neuf mois que tout le monde est au courant et la réponse est toujours trop lente… »

Jean-Hervé Bradol est un «ancien » de MSF France. Du Rwanda à la Syrie, cet homme de terrain croyait avoir tout vu et cependant il s’effare encore : « Avec l’Etat islamique qui pratique la terreur systématique, on en revient à une sorte de Moyen Age, celui des bandes armées dévastatrices et fanatiques. Et avec Ebola, une épidémie qui ne peut se comparer à aucun autre fléau, ce sont des peurs très anciennes qui se réveillent, on songe à la peste noire, à la grippe espagnole qui jadis décimèrent des villes entières…

2014 est vraiment une « année horrible », qui fera date dans l’histoire de notre organisation…»

L’Afrique face à la Cour pénale internationale Blog de Colette Braeckman - 13 octobre 2014

Une première : le président du Kenya comparaît devant la Cour pénale internationale

Equipes de télévision, groupes de partisans entonnant des chants patriotiques et arborant des foulards aux couleurs nationales : l’arrivée du président kenyan Uhuru Kenyatta à la Cour pénale internationale de La Haye a frappé les esprits. C’est la première fois en effet qu’un chef d’Etat en exercice comparaît devant la Cour, à titre personnel certes, mais entouré d’un cérémonial présidentiel spectaculaire.

Devant la Cour, M. Kenyatta s’est contenté de plaider son innocence, répétant qu’il avait sa conscience avec lui et l’audience a ensuite été ajournée. Les faits qui lui sont reprochés remontent aux élections présidentielles de 2007 : M. Kenyatta, qui appartient à la puissante ethnie des Kikuyus, était à l’époque un allié proche du président Mwai Kikaki dont le rival était Raila Odinga, appartenant au groupe ethnique des Luos. Alors que les deux candidats s’accusaient réciproquement de fraudes, la contestation électorale se transforma en affrontements ethniques, les pires depuis l’indépendance : durant

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plusieurs semaines, des civils furent arrachés de leur maison et traînés dans les rues, brûlés vifs ou attaqués à la machette. Ces violences interethniques ternirent considérablement l’image d’un pays souvent cité en exemple et elles se soldèrent par 1200 morts et 600.000 déplacés.

A l’époque, deux hommes, qui se partagent aujourd’hui les postes de président et vice- président, furent accusés d’avoir incité au meurtre les milices rivales. M. Kenyatta est mis en cause pour avoir soutenu la secte Kikuyu des Mungiki. Cette dernière, opérant dans la vallée du Rift, se vengea des exactions dont avaient été victimes les Kikuyus auxquels les autres groupes reprochent d’avoir, depuis l’indépendance, monopolisé le pouvoir et accaparé la terre. Quant à M. William Rufo, aujourd’hui vice président, il soutenait à l’époque M. Odinga et il avait lancé dans la bataille le groupe ethnique des Kalenjin, allié aux Luos. Lui aussi est accusé par la Cour pénale internationale d’avoir mis sur pied des milices décidées à attaquer les Kikuyus.

Alors que la justice internationale traite de faits commis en 2007, les politiciens kenyans ont, depuis lors, trouvé un terrain d’entente : grâce à la médiation de Kofi Anan, l’ancien secrétaire général de l’ONU, un accord de partage du pouvoir a été signé en avril 2008 entre MM. Kibaki et Odinga et, après les élections de cette année, remportées par M.

Kenyatta, le même principe de partage du pouvoir a prévalu et son ancien rival William Rufo est devenu vice président.

Désireuse de faire un exemple et de démontrer qu’aucun chef d’Etat, fût il en exercice, n’est au dessus de la justice internationale, la CPI s’est montrée indifférente à cet « arrangement à la mode kényane » et elle entend poursuivre autant M. Kenyatta que son vice président Rufo. Mais ce faisant, elle s’est attiré la contre offensive du président kényan qui a dénoncé des mobiles politiques et des procès qui ne viseraient que des Africains.

Même si c’est une Gambienne, Fatou Bensouda, qui a succédé à l’Argentin Moreno Ocampo au poste de procureur de la CPI, l’Union africaine relaie la défense kenyane, dénonçant une justice internationale biaisée au détriment du continent noir. Les arguments ne manquent pas : non seulement les enquêtes menées au Kenya ont été entachées d’irrégularités mais surtout, alors que la CPI a été saisie de crimes contre l’humanité commis dans 139 pays, elle n’a émis jusqu’à présent que 30 mandats d’arrêt, tous dirigés contre des Africains. La comparution de M. Kenyatta à La Haye est lourde de dangers : elle pourrait attiser les passions sur le terrain et nuire à la crédibilité d’une institution dont la création avait été largement saluée en Afrique. A l’époque, le Kenya lui-même avait ratifié avec enthousiasme le traité de Rome en espérant qu’il mette fin à l’impunité de nombreux dictateurs africains. Mais aujourd’hui, Nairobi dénonce «la justice des Blancs « et la presse rappelle le procès infamant que le colonisateur britannique avait infligé, en 1952, au « fondateur de la nation » Jomo Kenyatta, père du prévenu et président actuel…

Le responsable des droits de l'homme de l'ONU indésirable en RDC RFI - 17/10/2014

En République démocratique du Congo (RDC), la réaction de Kinshasa n'a pas tardé au lendemain de la publication d'un rapport du chef du bureau de l'ONU pour les droits de l'homme. Ce rapport accable la police congolaise, accusée d'exactions lors d'une opération coup de poing pour traquer les délinquants de Kinshasa entre novembre 2013 et février 2014. Selon ce rapport, au moins neuf personnes ont été exécutées par balles et trente-deux personnes sont toujours portées disparues. Pour Kinshasa, c'en est trop.

Le ministre congolais de l’Intérieur, Richard Muyej, a demandé jeudi 16 octobre le départ du chef du bureau de l’ONU pour les droits de l’homme en RDC, Scott Campbell.

Ce n’est pas la première fois que le chef du bureau de l’ONU pour les droits de l’homme en RDC s'attire les foudres des autorités congolaises. En avril dernier déjà, lors de la publication d’un autre rapport sur la lutte contre les violences sexuelles en RDC, le chef de la division des droits de l’homme de la Monusco, Scott Campbell, avait été très critiqué dans la presse

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La conclusion selon laquelle une grande partie des violences sexuelles commises dans le pays ne font pas l’objet de poursuites judiciaires, entre autres car les femmes ont trop peur d’être stigmatisées, n’avait pas plu, tout comme le fait que l’armée congolaise, responsable d’une partie de ces violations, soit pointée du doigt. Les autorités avaient estimé alors que le rapport ne mettait pas assez en valeur les progrès réalisés par le Congo dans le domaine.

Cette fois, les autorités ont visiblement estimé que c’était le rapport de trop. Selon elles, l’ONU n’a pas suffisamment tenu compte des remarques que le gouvernement a fait sur ce texte avant qu’il ne soit publié.

Le terme d'« exécutions » commises par la police, notamment, n’a pas du tout plu. Au final, c’est une décision très sévère qu’a prise Kinshasa ce jeudi soir et une décision rare également. Un seul autre employé de la Monusco, avant Scott Campbell, a été déclaré persona non grata.

Dans l’immédiat, la mission des Nations unies n’a pas voulu réagir. Elle dit attendre d’être notifiée officiellement de cette décision.

L’organisation de protection des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) s’est, quant à elle, par contre, insurgée. Contactée par RFI, l’ONG trouve « alarmant » qu’un employé expérimenté de l’ONU soit expulsé pour avoir parlé de violations des droits de l’homme. Pour Ida Sawyer, représentante de HRW au Congo, c’est un signal inquiétant pour la liberté d’expression dans le pays. « Au lieu d’expulser le directeur des droits de l’homme, Scott Campbell, le gouvernement devrait enquêter sur les meurtres et disparitions documentées dans le rapport de la Monusco. Le ministre de l’Intérieur et d’autres fonctionnaires ne doivent pas interférer avec les enquêteurs des droits de l’homme mais doivent les laisser faire leur travail sans entrave », a ajouté Ida Sawyer.

Human Rights Watch a prévu , elle aussi, de publier dans les jours qui viennent un rapport sur les violations constatées lors de l’opération policière Likofi de lutte contre la délinquance.

Lors d’une conférence de presse ce jeudi à Kinshasa, le ministre de l’Intérieur congolais, Richard Muyej, a déclaré Scott Campbell « persona non grata », autrement dit indésirable en RDC, et demandé son départ.

L’ONU critique les opérations de police à Kinshasa Christophe RIGAUD – Afrikarabia - 16 oct 2014

Un rapport des Nations unies accuse la Police congolaise d’exactions et de meurtre dans sa lutte contre la délinquance à Kinshasa. L’ONU comptabilise 9 exécutions sommaires et 32 disparitions forcées.

La Police congolaise a-t-elle eu la main lourde lors de ses opérations anti-délinquance à Kinshasa ? Le bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme (BCNUDH) répond par l’affirmative dans un rapport sur les violations des droits de l’homme pendant l’opération « Likofi » entre le 15 novembre 2013 et le 15 février 2014. Pendant les trois mois de « chasse aux Kulunas », ces jeunes délinquants qui font régner la terreur dans la capitale, l’ONU a recensé 9 exécutions sommaires et 32 disparitions forcées. Plus inquiétant encore, le BCNUDH estime que le nombre de victimes de l’opération « Likofi » pourrait être beaucoup plus élevé.

Des agents de police portant des cagoules

Le rapport du BCNUDH est particulièrement accablant pour la Police congolaise. L’ONU accuse la police « d’exécutions sommaires et extrajudiciaires à l’encontre d’au moins neuf hommes, dont un mineur, dans plusieurs communes de la ville de Kinshasa, à savoir Bumbu, Selembao, Limete, Ngiri-Ngiri, Ngaliema, Lingwala et Kalamu, entre les 19 et 27 novembre 2013 ». « Parmi ces victimes, affirme le BCNUDH, nous avons pu identifier des petits commerçants, un pêcheur, un jeune diplômé, un joueur de football, un menuisier et un travailleur dans une cabine téléphonique ». Les exécutions auraient été menées par des agents de la Police nationale congolaise (PNC), « portant des cagoules, certains munis d’armes à feu, et se déplaçant à bord de véhicules de type jeep sans plaque d’immatriculation ».

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Des officiers impliqués ?

Les Nations-unies ont également documenté 32 cas de disparitions forcées, dont 3 mineurs. Selon les informations recueillies par le BCNUDH, « les agents de la police auraient été accompagnés d’indicateurs pour les aider à identifier les victimes ». Si la plupart des exactions ont été commises par des agent de la Police nationale congolaise, l’ONU accuse également plusieurs officiers d’être impliqués dans des exécutions extrajudiciaires et des disparitions. Dans la ligne de mire du rapport : le Groupe mobile d’intervention de Kinshasa-Est (GMI Kin-Est). Ces méthodes « musclées » ont été dénoncées rapidement par de nombreuses ONG, dès le lancement des opérations. Le 25 février 2014 à Kinshasa, le Ministre de l’Intérieur avait d’ailleurs reconnu que l’opération

« Likofi » ne s’était pas déroulée sans accrocs et avait indiqué que « des criminels s’étaient parfois présentés sous le label de l’opération pour commettre des forfaits, dont des meurtres ». En conclusion de son rapport l’ONU demande aux autorités de mener des enquêtes « promptes, indépendantes et crédibles ». Le BCNUDH recommande enfin aux forces de sécurité « de ne pas recourir à l’usage excessif de la force et de respecter les principes de base sur le recours à la force et l’utilisation d’armes à feu ».

Des méthodes contestées

S’il faut bien évidemment reconnaître les importants problèmes d’insécurité qui empoisonnent les Kinois et la violence extrême des « Kulunas », ce sont bien les méthodes employées par la Police congolaise qui font polémiques. Plusieurs ONG ont dénoncé l’impunité qui règne au sein de l’appareil sécuritaire congolais et les nombreux dérapages, notamment envers les opposants politiques, autre cible du régime de Kinshasa. Signe de la tension qui prévaut en République démocratique du Congo, le rapport de l’ONU a rapidement braqué le Ministre de l’Intérieur contre le directeur du BCNUDH, Scott Campbell. Kinshasa a en effet demandé aux Nations-unies de rappeler son représentant, déclaré « persona non grata ». Richard Muyej, le Ministre de l’Intérieur congolais reproche au directeur du BCNUDH « ses prises de positions partisanes, de nature à compromettre la stabilité des institutions ». « Jamais rapport ne donna une information aussi malveillante que mensongère » a déclaré le Ministre lors d’une conférence de presse. Une chose est sûre, au-delà des bavures de la Police congolaise, ce « nettoyage » de Kinshasa est plutôt apprécié par les habitants, excédés par le banditisme urbain qui ronge la capitale. Mais n’y avait-il pas moyen d’utiliser d’autres méthodes ?

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