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18 11 17/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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18 11 17/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) La crise périélectorale est le principal sujet traité par les médias congolais en ce samedi 18 novembre 2017. Elle est évoquée sous ses divers aspects : la journée ville morte du mercredi dernier, y compris la célèbre « photo de Yalala », le rejet de la motion de défiance contre le Vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères, les inscriptions erronées ou frauduleuses sur les listes électorales, ainsi que la déchéance du gouverneur du Kwango.

Crise périélectorale/ « Villes mortes »

Cas-Info.ca rapporte le compte-rendu du Conseil des ministres dirigé par le Président de la République en épinglant les félicitations du Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, Shadary Ramazani, après l’échec de la journée ville morte lancée par les mouvements citoyens et soutenue par l’opposition.

Pour le Pouvoir, indique Cas-Info.ca, cette action n’a pas été un succès. Le ministre de l’Intérieur l’a encore redit vendredi au Conseil des ministres. « Il a, ensuite, fait part de l’«

échec » des actions d’ « incivisme » projetées par certains groupes politiques et sociaux « pour des motifs jugés irrationnels et politiquement inconséquents par la grande majorité des Congolaises et des Congolais qui marquent ainsi leur détermination inébranlable à attendre les élections qui sont d’ores et déjà à l’agenda », rapporte le communiqué officiel du gouvernement.

Crise périélectorale/ « photo-choc » de Yalala

La photo de l’interpellation de la jeune fille continue de faire le tour du web. Les réactions d’indignation se multiplient.

La photo parle d’elle-même : Mademoiselle Binja Yalala, 15 ans, élève de 3e année du secondaire, personne de corpulence plutôt frêle qui doit bien peser dans les 40 kilos quand elle est bien trempée et porte de grosses chaussures, y apparaît entourée de 8 policiers robustes, musclés en en pleine santé. Il saute aux yeux que ces huit athlétiques agents n’auraient eu quelque chose à craindre de Yalala qui si elle avait été munie d’un bazooka.

Néanmoins, sans craindre le ridicule, « La Police accuse Yalala d’avoir violenté les forces de l’ordre », annonce Actualite.cd.

(L’usage du mot « violenter » prête à des interprétations graveleuses. Violenter est en effet un verbe signifiant contraindre quelqu'un à faire quelque chose qu'il refuse et, en particulier, « perpétrer un viol ». Il faut supposer que le policier de service a simplement voulu dire « se montrer violent ». NdlR)

« Pendant que l’arrestation de Binja Yalala, le 15 novembre dernier à Idjwi, a suscité de vives réactions d’indignation au sein de l’opinion nationale et internationale, la Police nationale congolaise justifie l’interpellation brutale de cette mineure âgée de 15 ans par le fait qu’elle aurait violenté les forces de l’ordre. D’après le porte-parole de la police nationale, le colonel Mwanamputu, la fillette faisait partie d’un groupe des mineurs utilisés par les manifestants et placés en première ligne et qui ont eux aussi agressé les forces de l’ordre et scandé des slogans injurieux contre les autorités du pays.

«Une cinquantaine de militants se réclamant des mouvements citoyens, ont utilisé les mineurs en les plaçant en première ligne. Ils se sont déversés sur la chaussée en courant, scandant des slogans injurieux à l’endroit des animateurs des institutions légalement établies, exigeant que soient organisées coûte que coûte les élections avant la fin du mois de décembre de l’année en cours . De cet attroupement hostile, 11 meneurs avaient été appréhendés y compris Mademoiselle Binja Yalala qui avait été interpellée pour avoir violenté les forces de l’ordre », explique la police dans un communiqué publié ce vendredi 17 novembre 2017. Vingt-quatre heures plutôt, le porte-parole de la PNC avait dit ne pas reconnaître l’arrestation de Yalala ».

«Notre chargé de communication au Sud-Kivu nous informe que pour la journée d’hier 12 militants du mouvement S’EN EST TROP ont été arrêtés par la police et transmis au cachot de la chefferie. C’est lors de la marche organisée par ledit mouvement pour réclamer la

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tenue dans le bref délai des élections en RDC. Il n’y avait pas de militantes surtout pas de mineures », avait pourtant déclaré le Colonel la veille à Actualite.cd.

Crise périélectorale/ Assemblées

Le Potentiel titre « « Passeports semi-biométriques : Motion de défiance contrée, She Okitundu échappe aux griffes de l’opposition ».

La mise en cause de la responsabilité du Vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères et Intégration régionale n’a pas produit ses effets, hier vendredi 17 novembre, signale le journal. « La démarche initiée par le député UNC Juvénal Munobo a été stoppée nette, comme toujours, par une motion incidentielle d’un élu de la Majorité. Motion, du reste retenue, épargnant ainsi She Okitundu des foudres déjà impuissantes de l’opposition parlementaire », a indiqué ce quotidien.

Toujours dans les Assemblées, Le Potentiel évoque la destitution du gouverneur de Kwango par l’Assemblée provinciale et titre : « L’Assemblée provinciale du Kwango destitue le gouverneur de province ».

« Cette fois, c’est la bonne », soupire Le Potentiel à ce sujet. Larousse Kabula Mavula vient d’être destitué de ses fonctions de gouverneur de la jeune province du Kwango. Et ce, après le coup raté de la dernière session de l’organe délibérant de la province du Kwango qui avait clôturé sa séance plénière en catastrophe, alors qu’elle était censée auditionner le chef de l’exécutif provincial sous le coup d’une motion de défiance pour mauvaise gestion, immobilisme et outrage à l’Assemblée provinciale.

Crise périélectorale/ irrégularités dans l’enrôlement des électeurs

Dans un rapport publié ce vendredi 17 novembre 2017 à Kinshasa, la Synergie des Missions d’Observation Citoyenne des Elections (Symocel) a relevé quelques irrégularités dans les opérations de révision du fichier électoral.

« Dans l’ensemble, les citoyens candidats à l’inscription sur la liste électorale, se sont vus demander une des pièces requises par la loi. Pour les personnes qui se sont retrouvées dans l’incapacité de fournir les pièces requises, la procédure alternative du témoignage a été respectée dans 93% de cas. C’est dire que dans 7% de cas la question a relevé du libre arbitre des agents recenseurs entrainant l’application des procédures différenciées. La Symocel a relevé, par ailleurs, l’enrôlement de personnes inéligibles dans environ 22%

des cas rapportés, notamment certains mineurs nés après décembre 2000, tandis que, a contrario, des requérants, remplissant des conditions requises par la loi ont été refoules dans 6% des cas », note la Symocel dans un rapport préliminaire qui porte sur la période allant du 12 Juin au 31 Août 2017 et qui couvre le déroulement des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs dans 1009 Centres d’Inscription des provinces circonscrites dans les aires opérationnelles 3 et 4 (Bas – Uélé, Haut-Uélé, Kasaï, Kasaï -Central, Kasaï-Oriental, Kinshasa, Kongo-Central, Kwilu, Lomami, Mai-Ndombe, Sankuru, Kwango et Tshopo .

La plateforme affirme que l’observation des opérations pendant cette période « soulève des inquiétudes et des questions sur la maîtrise des opérations actuelles par la CENI ». Elle propose, par exemple, à la CENI d’accélérer le dédoublonnage progressif des données déjà collectées pour faciliter la constitution à termes du fichier électoral au regard des délais contraignants.

La Symocel, appuyée par le Projet de Renforcement de l’Observation Citoyenne des Elections au Congo (PROCEC), est constituée de dix organisations de la société civile : le Cadre Permanent de Concertation de la Femme Congolaise (CAFCO), Caritas Kikwit, Espoir Pour Tous (EPT), la Ligue des Electeurs (LE), le Réseau des Associations Congolaises des Jeunes (RACOJ), le Réseau Gouvernance, Elections et Citoyenneté (REGEC), le Réseau National pour l’Observation et la Surveillance des Elections (RENOSEC), le Réseau Gouvernance Economique et Démocratie (REGED), le Réseau d’Observation des Confessions Religieuses (ROC) et le Programme d’Education Civique de l’Université de Uélé (PEDUC).

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(Avant de pouvoir tenir des élections qui aient la moindre chance de respecter la volonté des électeurs il faut : recenser la population, jeter Kabila aux crocodiles, recenser VRAIMENT les électeurs, mettre en place une CENI et une Justice auxquelles on puisse se fier… Cela ne se fera pas sans casse, mais c’est cela qui compte, et non la date des élections

! Il est essentiel de garder en mémoire que la RDC vit toujours sous un régime illégitime, depuis les élections de 2011. Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 20111 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire

« officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire « autorité de droit ».

Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas violée, mais chiffonnée, jetée à terre et foulée aux pieds pour le maintenir au pouvoir en 2011 après des élections NULLES .. La réalité, c’est que l’usurpateur doit s’en aller. Si l’on a l’occasion de le faire partir « en douceur » en lui accordant un délai jusqu’en décembre pour faire ses malles, tant mieux. Sinon, qu’il subisse la violence qu’il a déjà infligée à tant d’autres ! NdlR) Presse et documents étrangers

Où sont passées les primes des soldats congolais de la Minusca ? Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 11 Nov 2017

Les casques bleus congolais qui ont servi au sein de la Minusca en Centrafrique affirment ne pas avoir touché l’intégralité de leur prime. Sept militaires seraient détenus depuis 3

mois pour avoir protesté sur Facebook.

Les soldats congolais du commando Fomac, basé à Mbanza Ngungu, sont amers. Après avoir servi plusieurs mois dans la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca), les primes d’éloignement promises par le président congolais Joseph Kabila ne sont pas au rendez-vous. Selon plusieurs sources au sein de l’armée congolaise (FARDC), le montant de la prime présidentielle devait s’élever à 600 dollars par mois. Au final, les primes versées sur les comptes bancaires ouverts à l’Ecobank par l’armée congolaise pour chacun des militaires

1 1 Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives.

Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2011 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après un délai de trois ans seulement, anormalement court pour ce genre d’affaires

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partis en Centrafrique, variaient entre 150 et 200 dollars, selon les grades… bien loin des sommes promises. « Que sont donc devenus les 400 à 450 dollars manquants versés pendant les 14 mois de la mission ? » s’interrogent les soldats, qui estiment « s’être fait escroquer par leur hiérarchie ».

Toujours selon une source militaire, les comptes bancaires ouverts à l’Ecobank ont été étrangement fermés dès le retour du contingent en République démocratique du Congo (RDC) en mars 2016. Pour protester, un compte Facebook est créé pour interpeller les autorités congolaises. L’identité du créateur du compte n’est pas connu, mais certains militaires ont alors posté des commentaires sous leurs vraies identités. En août 2017, sept militaires, qui ont laissé des messages sur le réseau social, sont arrêtés et détenus depuis cette date dans les cachots de l’Etat-major du renseignement militaire de l’ex-Demiap, la Détection militaire des activités anti-patrie. Selon nos informations, ces militaires n’ont, jusqu’à ce jour, toujours pas été présentés devant les juges militaires. Aucun droit de visites ne leur a été accordé.

Des interrogations se posent également concernant l’aide financière accordée aux veuves de soldats congolais tués en mission en Centrafrique (il y en aura six au total). Une aide de 50.000 dollars a été décidée. Mais selon un témoignage, « le commandement militaire a fait signer aux veuves un document comme quoi elles ont reçu l’aide financière de 50.000 dollars avant de leur remettre simplement 30.000 dollars, en prétextant que le reste sera logé sur le compte du Trésor pour effort de guerre ». Où sont passés les 20.000 dollars manquants ? Mystère. Une source au sein du ministère de la Défense accuse un ancien vice-ministre, un colonel et certains fonctionnaires du ministère des Finances d’avoir détourné l’argent. Pour l’heure, les porte-paroles de l’armée et du ministère de la Défense n’ont pu être joints.

Louis Michel annonce qu’il va quitter la politique Colette Braeckman – Le Soir – le 12 novembre 2017

Créant la surprise, Louis Michel, ancien Ministre des Affaires étrangères, parlementaire européen après avoir été Commissaire au développement et poids lourd du parti réformateur (libéral) a annoncé qu’il ne se représenterait pas aux prochaines élections.

Autrement dit, dans un délai assez court, il quittera cette carrière politique à laquelle il a consacré sa vie.

En Belgique, les éloges, les souvenirs ne manqueront pas. Mais au Congo aussi on se souviendra de lui. En effet, lorsque Louis Michel, en 1999, reçoit le portefeuille des Affaires étrangères, il y a presque dix ans que la Belgique, sous la pression des socialistes flamands, découragés par les frasques du régime Mobutu, ont suspendu la coopération avec l’ancienne colonie et réduit au strict minimum les relations diplomatiques. L’histoire dira qui fut réellement frappé par ces mesures : le richissime dictateur ou la population qui vit se détériorer l’organisation des soins de santé, l’encadrement de l’enseignement…

L’histoire dira aussi combien la fin de la coopération militaire eut pour effet d’affaiblir une armée déjà divisée, désorganisée, minée par le favoritisme et la corruption… Mais les témoins de l’époque peuvent déjà assurer que ce relatif abandon fut aussi synonyme d’indifférence lorsque le Zaïre devenu la République démocratique du Congo fut, en 1998, attaqué par ses voisins, ceux là même qui avaient contribué à la chute de Mobutu : la Belgique, puissance tutélaire, traumatisée par le génocide des Tutsis au Rwanda , ne sonna pas le tocsin…

Lorsque Louis Michel, fraîchement nommé, débarqua au Congo pour la première fois, et se rendit à Kinshasa et aussi à Kisangani, il fut frappé par l’état d’abandon du pays, par son démembrement de fait, les rebelles contrôlant de larges parties du territoire, tandis que Laurent Désiré Kabila, l’ancien révolutionnaire arrivé dans le sillage des armées étrangères dénonçait en vain l’invasion, la tentative de balkanisation, le pillage des ressources. Louis Michel, guidé par le cœur et la raison, s’employa à remettre le Congo à l’agenda de la communauté internationale. Ce qui le motiva ? La raison d’abord, sinon le calcul : à l’époque, déconsidérée par la crise du poulet à la dioxine (ancêtres des œufs au fribronyl…) la Belgique était la cible sinon la risée de l’Europe, sa diplomatie, après l’échec tragique du Rwanda, n’était plus guère audible. Où était l’expertise d’antan ? Louis Michel s’employa à

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la restaurer et mit la crise congolaise en tête de son agenda diplomatique, imposant le sujet aux alliés européens. Mais avant tout, au-delà des arguments de raison, il y eut les élans du cœur : voyageant dans le pays, et en particulier au Kivu, le ministre fut sincèrement touché par la multitude des témoignages qui lui furent adressés. Des femmes, à l’hôpital de Panzi, mais aussi dans le secret de conversations privées, expliquèrent les viols, les mutilations, les exodes forcés, les humiliations. Des paysans chassés de leurs terres racontèrent leur exode, la société civile, longuement écoutée, multiplia les appels à l’aide. A ce cri d’un peuple, qui appelait à son secours l’ancienne métropole, l’humaniste qu’était Louis Michel ne pouvait demeurer sourd. Il multiplia les navettes diplomatiques, entre les Nations unies, les capitales européennes, les Etats Unis. Partout, il rappela cette guerre oubliée, les risques de déstabilisation régionale et surtout le terrible coût humain de ce conflit qui avait fait des millions de morts. Les uns après les autres, il rencontra les dirigeants africains, les voisins du Congo, et aussi les autres, Nelson Mandela, Eduardo dos Santos, Omar Bongo, sans oublier le médiateur de l’époque, l’ex-président Masire du Botswana qui fut quelquefois secoué par le belge volontariste. Nul n’a fait le compte du nombre d’heures passées dans les avions, des entretiens en tête à tête, des apartés privés avec les uns et les autres et il faudra un jour raconter quelques unes des anecdotes les plus significatives, comme cet avion de la Défense aérienne se posant au Botswana quelques minutes seulement avant que son réservoir d’huile soit complètement vidé à cause d’une fuite, ou l’entretien glacial avec le président Kagame après que Louis Michel ait dénoncé sans ambages le comportement des troupes rwandaises au Kivu… Il y eut aussi quelques imprudences, comme l’annonce, tôt matin, de la mort de Laurent Désiré Kabila qui, officiellement, était encore soigné au Zimbabwe (l’information était exacte car le président, assassiné dans son bureau, était mort depuis longtemps mais il fallait encore, avant d’annoncer solennellement son décès, régler sa succession). Par la suite, Louis Michel rattrapa son imprudence en prodiguant de judicieux conseils à Joseph Kabila et en suivant de très près les accords de Sun City qui devaient mener à la réunification du pays et, après une période de transition, à la préparation des premières élections de 2006.

Lorsque Joseph Kabila fut solidement installé au pouvoir, Louis Michel ne cacha pas certaines déceptions, le nouveau président congolais oubliait de l’appeler, de le consulter, il modifia la Constitution en réduisant à un tour l’élection présidentielle sans prendre l’avis de son ex mentor. Ce qui n’empêcha pas l’homme politique belge d’encore se mouiller lors de certaines crises : averti par le président Kagame du « lâchage » de Laurent Nkunda, Louis Michel n’hésita pas, à bord d’un avion de la Monusco, à se rendre à Kitchanga, le fief du chef rebelle pour lui signifier la fin de l’appui rwandais et lui conseiller, sans trop de précautions, d’abandonner une rébellion vouée à l’échec.

Avec sa barbe, son rire, son franc parler, sa bonne volonté, son carnet d’adresses et sa capacité d’écouter, Louis Michel a touché le cœur des Congolais, il fait désormais partie de leur histoire et même lorsqu’il sera officiellement retiré de la politique active (ce que nul n’arrive à croire) il sera encore un homme dont, à Kinshasa, on recherchera les conseils, quitte à ne pas les suivre…

Crise en RDC :l’opposition en quête de stratégie Christophe RIGAUD – Afrikarabia - le 12 Nov 2017

En fixant les prochaines élections au 23 décembre 2018, la Commission électorale congolaise (CENI) a réussi pour la seconde fois le tour de force de reculer les échéances électorales, tout en ménageant la communauté internationale et en laissant l’opposition

politique déboussolée.

Le président Joseph Kabila peut être satisfait. La publication tant attendue du calendrier électoral a atteint son objectif : faire baisser la pression internationale sur la crise congolaise et octroyer un an de pouvoir supplémentaire au président congolais. Une année de plus, qui devrait lui laisser amplement le temps de manœuvrer pour reculer de nouveau les élections et se maintenir au pouvoir, alors que son dernier mandat a expiré depuis le 19 décembre 2016. Pour en arriver là, le stratagème était pourtant simple : faire fuite dans la presse l’impossibilité d’organiser la présidentielle avant la fin 2019, pour ensuite annoncer des élections en décembre 2018, faisant croire ainsi à la bonne volonté des

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autorités congolaises d’aller au plus vite. Cette manœuvre ne laissait d’autre choix à la communauté internationale que de valider ce nouveau report, alors que les Etats-Unis et l’Union européenne pressent le président Kabila d’organiser le plus rapidement possible l’alternance politique en République démocratique du Congo (RDC).

Le piège s’est donc refermé sur l’opposition politique congolaise qui réclame le départ de Joseph Kabila et des élections au plus tard mi-2018. Une opposition qui ne peut plus compter sur la communauté internationale pour accélérer le mouvement et se retrouve bien seule face à une majorité présidentielle qui ne semble pas disposée à quitter le pouvoir. En offrant une année de répit à Joseph Kabila, la communauté internationale met l’opposition congolaise en difficulté. Car la principale revendication des opposants au chef de l’Etat est d’organiser « une transition sans Kabila » et ce, dès le 1er janvier 2018. En acceptant le nouveau calendrier électoral voulu par la majorité présidentielle, la communauté internationale laisse une opposition bien désemparée.

Répression et bal des égo handicapent l’opposition

L’opposition cherche donc une nouvelle stratégie pour contrer les stratagèmes du chef de l’Etat pour s’accrocher au pouvoir. Et la marge de manœuvre est étroite. Pour faire partir Joseph Kabila avant le 1er janvier 2018, l’opposition ne pourra donc pas compter sur la communauté internationale qui a validé le nouveau glissement du calendrier électoral.

Reste donc la rue pour forcer le président congolais à quitter le pouvoir. Mais depuis maintenant plusieurs mois, l’opposition peine à mobiliser à chacune de ses manifestations ou opérations « ville morte ». Il y a trois raisons à cela.

Premièrement, la répression policière, qui s’accentue en RDC à mesure que le pays s’enfonce dans la crise. Les manifestations sont toutes interdites et réprimés dans le sang s’il le faut. Les arrestations arbitrairement d’opposants se multiplient à chaque mobilisation populaire et les médias proches de l’opposition sont systématiquement muselés.

Deuxièmement, il y a « le bal des égo » des politiques qui divise et fractionne chaque jour un peu plus l’opposition à mesure que le pouvoir réussi à débaucher des opposants pour « dialoguer » ou partager le pouvoir.

Difficile de dire qui détient actuellement le leadership de l’opposition ? Après la mort d’Etienne Tshisekedi, son fils Félix, peine à rassembler. Pourtant, il est aujourd’hui un des rares leaders présents sur le terrain à Kinshasa. Jean-Pierre Bemba, le patron du MLC, est en prison pour de longues années, Moïse Katumbi est toujours en exil forcé en Europe et Vital Kamerhe (UNC) voit ses rangs se rétrécir après sa participation contestée au premier dialogue politique. Le patron de l’UNC a bien tenté un rapprochement avec Rassemblement, mais les places sont déjà prises, et pour certains, il n’est plus le bienvenu.

Avec une opposition qui tire à hue et à dia, difficile d’organiser des actions concertées de mobilisation. Notamment avec la société civile et les mouvements citoyens, de plus en plus actifs dans les opérations de contestations. Dans la rue, la Lucha ou Filimbi sont bien plus présents que les partis politiques d’opposition. Ils en payent le prix fort puisque leurs militants sont systématiquement interpelés. Pour les prochaines mobilisations, mouvements citoyens et partis politiques n’ont visiblement pas pu se mettre d’accord pour lancer une journée d’actions communes à la suite du nouveau report des élections.

Crise de confiance

Le Collectif d’Actions de la Société Civile de la RDC (CASC-RDC), la Lucha, Filimbi ou Debout Congolais, du riche homme d’affaires Sindika Dokolo, appellent à une première journée de protestation le mercredi 15 novembre, alors que l’opposition politique mise plutôt sur une mobilisation le 28 novembre… De quoi déstabiliser les Congolais qui sont visiblement lasser des opérations journées villes mortes qui rencontrent peu de succès… en tout cas, pas assez pour effrayer le pouvoir.

Enfin, troisième raison, la classe politique congolaise d’opposition n’inspire plus vraiment confiance. De nombreux opposants ont fini par céder aux sirènes du pouvoir et à l’argent qui va avec. Certains opposants viennent en fait directement des rangs de la majorité, comme Moïse Katumbi ou Vital Kamerhe. Quelle politiques feront-ils une fois arrivés au pouvoir ? Et avec quelle type de gouvernance (puisqu’ils n’ont visiblement pas été à bonne école) ? Mystère. Le corpus idéologique de l’opposition se résume le plus souvent à un libéralisme plutôt débridé, assorti d’un unique mot d’ordre : le départ de Kabila. Cela

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suffira-t-il à faire sortir le Congo de la misère, de la corruption et de la répression ? Pas si sûr.Mais si la mayonnaise de la contestation peine, pour le moment, à prendre forme à cause de la répression et d’un manque de leadership, le pouvoir devrait se méfier. La population est exaspérée et lassée de voir les élections s’éloigner chaque jour un peu plus. Plus de 70% des Congolais vivent encore sous le seuil de pauvreté et il suffit d’une étincelle pour que le feu prenne… comme en 2014 à Ouagadougou, où Blaise Comparé n’a tenu que quelques jours fasse au raz de marée populaire. Kinshasa surveille donc la rue comme le lait sur le feu.

Travelling sur le Congo d’en bas: ceux de la rue Colette Braeckman – Le Soir - le 12 novembre 2017

Augustin a 23 ans. Lorsqu’il est arrivé dans l’enceinte de la FIKIN, (Foire internationale de Kinshasa) il avait douze ans. Hier, il appartenait au groupe dit des « débrouillards », aujourd’hui, il fait partie de l’ensemble musical dit CATSR (Comité d’appui au travail social de rue) Musica. « du rap, de la rumba, des percussions, de la musique traditionnelle.

Partout où on nous appelle, les vingt membres de mon groupe et moi, nous allons jouer.

» Voici dix ans déjà, Augustin refusait qu’on l’appelle « enfant des rues » : « c’est ici que j’ai grandi, je crois que ma famille m’a jeté, mais cela, je préfère l’oublier. Ce que je sais, c’est qu’ici j’ai fait mon trou, taillé ma place… » Non sans fierté, le jeune homme nous emmène vers son bureau, qui est aussi sa chambre : derrière une palissade, il a rassemblé un amas de planches et assure que rien n’est fait au hasard, que ce « foutoir » est le résultat d’un réel effort de design ! Au fond, deux tentes igloo ont été collées l’une à l’autre.

Une vingtaine d’enfants se réfugient ici chaque nuit et Augustin, celui qui a grandi et se sent responsable, explique qu’il leur procure une certaine sécurité. Plus loin, vers l’entrée de la FIKIN, d’autres garçons de son âge vaquent à leurs occupations : les plus âgés nouent des feuilles de palme, les piquent de fleurs blanches et roses, les entourent de feuilles de plastique. Les plus petits vont cueillir des branches dans les jardins et les terrains vagues et ramènent les fleurs qu’ils trouvent en route. « Qu’il s’agisse d’un mariage ou d’un deuil, vous pouvez passer commande, « explique le « commercial » de la bande, « c’est 50 dollars la gerbe. A discuter bien sûr… »

A Kinshasa, ils sont près de 40.000 enfants, garçons et filles, à vivre ainsi dans la rue. Les uns ont été chassés par leur famille, qualifiés d’enfants sorciers, de jeteurs de sports. Les autres ont fui un père brutal, une marâtre qui ne voulait pas d’eux. Voici dix ans, ils étaient nombreux à être venus du Kivu, anciens enfants soldats échoués dans la grande ville après les vagues de guerres et de violences. Aujourd’hui, ils arrivent du Kasaï, au compte gouttes encore, chassés par la violence des miliciens Kamwina Nsapu ou la brutalité des militaires en charge de la répression et au centre Likemo, on s‘attend à un afflux très important dans les prochaines semaines.

Construit sur un terrain appartenant au Ministère des Affaires sociales, le bâtiment neuf du centre Likemo ((famille, école, travail), pour le compte du CATSR suscite la jalousie des fonctionnaires, bien plus mal logés autant que la fierté d’Edwin de Boeve, le directeur de Dynamo international. Ce Bruxellois a commencé sa carrière à Ixelles-Matonge vers la fin des années 80 alors que sévissaient les bandes urbaines, parmi lesquelles de nombreux jeunes Africains. Après avoir créé le réseau international des travailleurs sociaux de rue, présent dans 51 pays, Edwin s’est établi à Kinshasa où, avec l’aide de la coopération belge, de WBI, du CNCD et de bien d’autres bonnes volontés dont le Lions International, il vient de terminer la construction d’un centre d’accueil des enfants. Roger Katembwe en charge de la gestion du centre, souligne que les enfants ne sont pas faciles à encadrer : « bien souvent, ils refusent un séjour permanent, mais apprécient ce lieu où ils peuvent, s’ils le souhaitent, venir se reposer durant quelques heures, être soignés si nécessaire. Ils ont accès aux douches, aux toilettes, à un petit déjeuner et, s’ils le souhaitent, on leur propose des animations, des formations… »

Certificat d’indigence

En plus d’enregistrer les enfants et de les suivre, le centre peut aussi obtenir un « certificat d’indigence » auprès du Ministère des Affaires sociales, un document qui, dans certaines

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écoles, permettra aux jeunes d’être exemptés de minerval, de reprendre leur scolarité et de bénéficier de soins médicaux gratuits. Roger Katembwe souligne qu’il arrive même que des enfants, après avoir retrouvé le chemin de l’école, soient à nouveau acceptés par leur famille : «s’ils avaient été jetés à la rue, c’est parce que les parents ne pouvaient ni les nourrir ni payer les frais scolaires… »

C’est le cas de la jeune Plamedi, (un nom qui signifie « plan merveilleux de Dieu ») qui avait été chassée par sa marâtre mais étudie aujourd’hui la coupe-couture, ou d’Exocet, dont la maman était elle-même une « fille de la rue ».

Les Belges sont très présents aux côtés de ces « débrouillards » de la rue : la commune d’Ixelles est jumelée avec Kalamu-Matonge, Woluwe Saint Lambert finance la construction du centre et, en toute discrétion, chaque député du Parlement bruxellois et de la Fédération Wallonie-Bruxelles soutient la scolarité d’un enfant de Kinshasa ou de province.

Loin de Bandal, les travailleurs sociaux de rue de Likemo arpentent la ville. Non seulement ils repèrent les enfants en danger mais tentent, en amont, d’aider leur famille. C’est ainsi que, dans le quartier Badara, commune N’Sele (au-delà de l’aéroport), Madame Dieubenisse et sa fille Mapatance ont retrouvé un toit. Voici deux ans encore, la maman, la fillette de 7 ans et son frère de 5 ans vivaient dans l’enceinte de la Fikin, abandonnés par le premier mari, un militaire enfui à Brazzaville. Les enfants pratiquaient les métiers de la rue : comme d’autres appelés « sous marins » ils nettoyaient les tables du marché, portaient les paquets, tordaient les fils de fer pour fabriquer des « braisières »…Lorsque Mme Emmanuelle prit contact avec elle la maman lui expliqua qu’à N’Sele, la famille possédait une parcelle mais n’avait aucun moyen d’y vivre. La travailleuse sociale de rue se mit alors au travail, identifia le terrain, une école voisine, et elle persuada la mère de quitter le centre ville pour s’installer dans une baraque de tôles, sur le terrain lui appartenant.

Aujourd’hui, le ventre rond (un nouvel enfant s’annonce) la jeune femme nous assure qu’elle vit de son « magelwa », un petit étal planté devant sa parcelle où elle vend des cartes de téléphone, des sucrés, des beignets et elle ne cache pas sa fierté de voir la petite Mapatance aimer son école et y apprendre à écrire. Pour elle, la rue, c’est fini, l’avenir existe…

La rue se termine au bord du fleuve

A Kingabwa « point chaud » aux confins de la commune de Limete, il est moins sûr que Didier Boloko et les siens ne seront pas obligés de retourner dans la rue : chaque jour, à mesure qu’avance la saison des pluies, le fleuve monte de quelques centimètres, les crapauds croassent de plus en plus fort et, aux confins des champs où poussent le riz, les haricots, le manioc, on distingue déjà des pirogues qui se faufilent entre les canaux. « Un jour nous serons engloutis, ou bien nous devrons fuir en abandonnant toutes nos affaires

» se plaint cette famille originaire de Djera, dans la province de l’Equateur, car « chaque année, le fleuve progresse… »

C’est en 1999 que sont arrivés dans la capitale ces gens que les Kinois méprisants appellent les Pygmées ou les autochtones : « nous ne pouvions plus vivre là bas. Les sociétés comme Siforco coupent les arbres, les animaux sont massacrés ou fuient.. Pour nous la forêt c’est notre garde-manger, notre pharmacie, mais elle disparaît… Alors nous avons pris la pirogue et sommes descendus jusque Kinshasa. Au bord du fleuve nous avons tenté de nous accrocher. Mais ceux « du haut de la rue », ceux qui ne sont jamais inondés, nous méprisent, nous traitent de sauvages… Notre seul secours, c’est maman Emmanuelle qui nous a repérés et qui paie les frais scolaires des enfants… »

A quelques centaines de mètres de la route des poids lourds, à quelques kilomètres des gratte ciels du centre ville, on se sent ici comme au village. Sans être pour autant coupé du monde : la télé, seul luxe de la famille, mouline les nouvelles durant toute la journée et l’horizon de ces gens qui vivent les pieds dans la boue est barré par la « Cité du fleuve

», un immense projet immobilier, des appartements de luxe construits sur pilotis sur le modèle de Dubaï…

Aussi sûr que monteront les eaux du fleuve à la prochaine saison, un jour, les « Kinois d’en bas » rabattront l’arrogance de leurs hautains voisins et « ceux de la rue » déferleront à leur tour…

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AFRICAN DIAMOND CONFERENCE AU PALAIS D’EGMONT A BRUXELLES COMMUNIQUE DE PRESSE – minafet, Belgique – le 13-11-17

Le Vice-premier et Ministre des Affaires étrangères Didier Reynders prononcera demain, au Palais d’Egmont à Bruxelles, le discours d’ouverture de la toute première « African Diamond Conference ».

Cette conférence est le fruit d’une collaboration entre le SPF Affaires étrangères, le Antwerp World Diamond Centre (AWDC) et des pays Africains producteurs de diamants. L’initiative est partie de contacts informels il y a déjà plusieurs années entre l’AWDC et les ambassades de pays Africains producteurs de diamants à Bruxelles. Les organisateurs de cette conférence veulent poursuivre et élaborer le dialogue sur la gestion durable et responsable des richesses naturelles en Afrique. L’engagement de la Belgique en Afrique et l’importance de l’Afrique pour le commerce des diamants à Anvers font que notre pays est bien placé pour jouer un rôle de premier plan. Les vice-premiers Didier Reynders et Alexander De Croo soutiennent entièrement cette initiative. Ils prendront tous les deux la parole au cours de la conférence.

Le programme est organisé autour de trois thèmes : (1) la gestion des ressources naturelles (2) le marketing d’une chaîne d’approvisionnement durable et (3) le diamant synthétique.

Près de 400 participants sont attendus, dont 10 (vice-) ministres des mines : Botswana, Cameroun, République de Centrafrique, Ghana, Guinée (Conakry), Lesotho, Namibie, Sierra Leone, Afrique du Sud et Zimbabwe. Le président du Processus de Kimberley Robert Owen-Jones (Australie) et le vice-président du PK Hilde Hardeman (Commission Européenne) y participeront également (Le Processus de Kimberley est un mécanisme international de certification des diamants bruts dans l'objectif de lutter contre les diamants de conflits). Les participants sont issus du gouvernement, du secteur privé et d’ONG.

Par le biais de cette conférence, la Belgique souhaite élargir le débat sur la gestion durable et inclusive des richesses naturelles. Le secteur anversois du diamant, qui est représenté par AWDC, a un rôle prépondérant à jouer en tant que centre mondial du commerce des diamants. La promotion d’un secteur du diamant durable et transparent est une priorité de cette organisation coupole.

La African Diamond Conference alimentera également le débat au sein d’autres institutions internationales. Le Processus de Kimberley est la première qui vient à l’esprit. La Belgique a été une des pionnières du mécanisme de certification du Processus de Kimberley, qui a permis de brider significativement le commerce des diamants de conflits. Le Processus de Kimberley est confronté aujourd’hui à de nouveaux défis de réformes. La Belgique joue toujours un rôle important dans ce débat qui sera conclu lors de la réunion plénière du Processus de Kimberley en novembre de l’année prochaine. Cette séance aura également lieu au Palais d’Egmont à Bruxelles, sous la présidence de la Commission Européenne.

La Belgique souhaite également poser les premières balises sur ce thème dans d’autres forums, notamment en vue de sa campagne pour un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies pour la période 2019-2020. La paix et la sécurité y figurent de manière centrale. Une gestion durable et inclusive des richesses naturelles, comme le diamant, y contribue.

Un accident de train fait 33 morts au Katanga Jeune Afrique / AFP le 13 novembre 2017

Un accident de train de marchandises qui transportait des matières inflammables a tué 33 passagers clandestins et en a blessé 26 autres le 12 novembre dans le sud-est de la

République démocratique du Congo (RDC).

Un accident de train de marchandises dans la province de Lualaba, au sud-est de la République démocratique du Congo (RDC), a fait 33 morts et 26 blessés graves, ce 12 novembre.

« Les médecins de Kolwezi sont dépêchés sur place pour soigner les blessés légers, détaille le gouverneur de la province, Richard Muyej Mangez Mans. Les recherches se poursuivent pour retrouver des survivants coincés encore dans les wagons ». L’accès vers le lieu de l’accident est difficile en raison du mauvais état de la route, surtout en cette période

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pluvieuse.

Les faits se sont produits à Buyofwe, une gare située à près de 30 kilomètres de Lubudi dans la province du Lualaba. Le convoi transportait 13 wagons dont des citernes d’essence.

Sur une pente, la locomotive s’est emballée avant de finir sa course dans un ravin. Dans ce choc, les citernes ont pris feu, surprenant certains passagers en plein sommeil. Ces derniers se trouvaient à bord de ce train de marchandises après y être montés illégalement pour se déplacer.

Clandestins

« C’est un train de marchandises qui a déraillé, qui n’est supposé transporter que des marchandises, déclare un haut-responsable de la Société nationale de chemin de fer du Congo (SNCC), Sylvestre Ilunga Ilukamba. S’il y a des individus à bord, nous les considérons comme des clandestins ».

Le Katanga a déjà été le théâtre par le passé d’autres accidents du même type. Le 22 avril 2014, un train de marchandises transportant plusieurs centaines de personnes avait également déraillé à hauteur de la localité de Katongola.

Le bilan officiel a fait longtemps état de 74 morts et 163 blessés, mais la Croix-Rouge congolaise affirme que 100 à 200 corps ont été inhumés sur place dans les jours qui ont suivi la catastrophe. L’agence congolaise de presse parlera un mois plus tard de 136 morts.

Inga 3: les casseroles des candidats-bâtisseurs espagnols François Misser – La Libre – le 14 novembre 2017

Deux consortia ont été invités à déposer une offre commune pour construire le mega- barrage d’Inga 3 sur le fleuve Congo. L’un emmené par les Chinois des Trois Gorges. Et l’autre espagnol, proche du PP au pouvoir. Mais ce dernier ne serait pas au-dessus de tout soupçon.

Le projet Inga 3, s’enlise. En juillet dernier,, l’Agence pour le développement d’Inga (ADPI) qui dépend de la Présidence congolaise, a annoncé des retards dans la construction du mega-barrage, dont l’achèvement est maintenant programmé pour 2025. En même temps, l’ADPI a indiqué que la capacité envisagée ne serait plus de 4,800 MW mais plus près du triple Simultanément, le directeur de l’ADPI, Bruno Kapandji a annoncé que les deux derniers consortia en lice, dirigés respectivement par des Espagnols (ProInga) et des Chinois (ChineInga) allaient déposer une offre commune en septembre. Mais celle-ci se fait encore attendre.

Pas très étonnant. Le Congo a mis la charrue avant les boeufs, en lançant des appels d’offre avant la fin des études d’impact économique, technique et environnemental financées par la Banque mondiale qui s’est retirée du projet en 2016, pour cette raison et parce que le projet n’est pas piloté par le gouvernement mais par la présidence, sans vrai contrôle parlementaire. Se pose aussi un problème de nature politique: comment un Etat dont les représentants ont obtenu leur mandat dans des conditions parfois frauduleuses en 2011 et qui a expiré fin 2016, pourrait-il donner son aval à des investissements considérables, susceptibles d’enclencher un endettement de plusieurs décennies ?

Et puis, il y a le choix du partenaire, à certains égards controversé qui pourrait compliquer la récolte des financements nécessaires, d’autant que le consortium espagnol a poussé le Congo à accroître la taille de la première phase, alors que Kinshasa éprouvait déjà des difficultés à trouver les 14 milliards de dollars nécessaires à la construction d’Inga 3 et des lignes à très haute tension associées.

À l’heure où les banques sont de plus en plus tatillonnes pour ce qui concerne la réputation de leurs clients, le chef de file du consortium espagnol, ACS, dont le PDG est aussi le président du Real Malrid, Florentino Pérez, sent un peu le soufre. Il est accusé par Greenpeace Espagne de porter gravement préjudice à l’environnement dans le contexte d’un autre projet hydroélectrique au Guatemala. La société Cobra, filiale de la société de génie civil ACS, est en train de construire un barrage de 336 MW qui va réduire de 90% le débit du rio Cahabón et affecter ainsi 30 000 indiens mayas, dénonce Greenpeace. Celle- ci déplore aussi que que l’engagement pris par le gouvernement guatémaltèque devant l’Organisation internationale du travail, de consulter les communautés riveraines n’a pas été respecté.

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Le profil éthique d’ACS laisse parfois à désirer. Selon le quotidien madrilène “El Mundo”, la société a été citée dans le cadre d’une enquête pour corruption. Un responsable de la Communauté urbaine de Madrid aurait manipulé un dossier d’appel d’offres pour la conservation d’un Parc public afin d’avantager la filiale Imesapi du groupe ACS, en récompense pour un soutien de 800 000 euros à la campagne du Partido Popular de Mariano Rajoy, lors des élections de 2008. Cette proximité entre le PP et ACS, comme l’importance du projet Inga 3 pourraient expliquer le profil bas de l’Espagne au sein du Conseil européen, constaté par l’hebdomadaire Jeune Afrique en juin dernier, à l’heure de sanctionner les entorses au processus électoral commises par Kinshasa.

Une autre entreprise de Florentino Pérez a fait l’objet d’enquêtes de l’Audiencia nacional espagnole. En avril dernier, selon le journal en ligne, « El Confidencial », le parquet de Murcie a ouvert une enquête sur une usine de désalinisation près de Carthagène, déclenchée par des soupçons d’irrégularités lors de l’adjudication du contrat à deux sociétés du groupe ACS. L’absence d’appel d’offres aurait été constatée. Et la responsabilité de dirigeants du PP à la tête de l’administration régionale serait engagée.

Par ailleurs, une société espagnole du consortium proInga formé autour d’ACS, dénommée Eurofinsa a fait également l’objet d’enquêtes en 2013 de la part de la justice espagnole.

Elle était soupçonnée d’avoir tenté d’influencer moyennant la fourniture d’argent, de bijoux et d’automobiles de luxe, un appel d’offres de l’Institut des Routes d’Angola, relatif à un contrat de 300 millions d’euros. Dans un premier temps, le parquet laissa filtrer que la société CCL, filiale d’Eurofinsa aurait verse 16,5 millions d’euros à José Filomeno de Sousa do Santos, fils du président angolais. Mais l’affaire a été classée.

Respect des libertés d’expression et de réunion en RDC

Déclaration publié par la Délégation de l’UE en accord avec les Chefs de Mission des pays de l’UE présents à Kinshasa, des Etats Unis, de la Suisse et du Canada - le 16 novembre

2017

Nous sommes vivement préoccupés par les déclarations récentes, attribuées à un certain nombre de responsables des forces de police congolaises et de Gouverneurs de provinces ayant annoncé de manière anticipatoire la perturbation de manifestations pacifiques organisées par la société civile et des partis d’opposition ce 15 novembre.

De telles déclarations ne correspondent pas aux principes démocratiques et au respect des libertés d’expression et de réunion.

Ils sont également contradictoires avec l’engagement du gouvernement de la RDC de soutenir un processus électoral crédible, libre et apaisé en 2018.

Le droit de se rassembler et le droit d’organiser des réunions publiques sont inhérents à tout processus démocratique crédible.

Plutôt que de travailler à interdire et perturber ces réunions, le gouvernement congolais pourrait travailler avec la société civile et les représentants de l’opposition pour s’assurer que ces événements se déroulent en toute sécurité et sans incident.

Nous continuons par ailleurs à encourager ceux qui organisent de telles réunions publiques à adopter une attitude non-violente et à s’assurer que leurs actes n’empiètent pas sur les droits de tiers.

Les autorités doivent s’abstenir d’un recours à la force excessive et sont susceptibles d’être tenues responsables de leur conduite, y compris à titre individuel.

Ville morte : « Une journée mitigée », selon les organisateurs eux-mêmes Hubert Leclercq - La Libre Afrique – le 16.11.2017,

L’opposition congolaise avait marqué ce mercredi 15 novembre d’une croix dans son calendrier. Il s’agissait de la première action concertée entre le monde politique et celui des mouvements citoyens mais dont le bilan est plutôt mitigé, selon les dires mêmes des organisateurs qui invoquent la peur de la répression du pouvoir en place.

Félix Tshisekedi n’a pas fait dans la dentelle, mardi 14 novembre, pour critiquer le pouvoir en place en République démocratique du Congo et appeler à la mobilisation de toute l’opposition pour une journée « ville-morte active ».

Un nouveau concept qui veut « allier l’asphyxie économique aux mouvements populaires d’opposition », explique un opposant au régime du président hors mandat Joseph Kabila.

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Une journée relativement bien suivie dans certaines villes comme à Goma, Beni, Butembo ou Lubumbashi et Mbujyi-May mais bien moins à Kinshasa.

« On nous parle souvent du mouvement de constestation au Togo. On nous rappelle que chaque jour des milliers de personnes sont dans la rue pour réclamer un changement politique à Lomé », nous expliquait récemment un membre de la Lucha. « On oublie qu’il y a une différence majeure entre ces deux Etats: le niveau de répression. Au Congo de Kabila, on n’hésite plus à ouvrir le feu à balles réelles contre les manifestants. On emprisonne, on torture, on enlève, on tue, c’est difficile de se mobiliser face à un tel pouvoir criminel ».

« Regagner la confiance »

« C’est un succès mitigé, il faut le reconnaître. Des villes ont très bien suivi le mot d’ordre.

A Kinshasa, ce fut bon dans certains quartiers et moins bien dans d’autres. C’est une journée qui en appelle d’autres », explique un opposant installé en Europe depuis quelques mois.

« Aujourd’hui, il faut recommencer à bâtir la confiance du peuple. Il a été déçu avec les accords de la Saint-Sylvestre. Il était prêt à en découdre en décembre 2016 et nous lui avons demandé de patienter. L’Eglise catholique et toute la vraie opposition voulaient croire qu’un accord était possible. Nous avons peut-être été naïfs mais nous n’avons trompé personne. Nous pensions que les gens de l’autre côté de la table étaient prêts pour la démocratie, nous nous sommes trompés sur ce point. Ils se moquent de notre pays. Ils ne sont intéressés que par leur bien personnel. »

« Les Congolais ont peur »

Les acteurs contactés tirent tous le même constat : « la répression a traumatisé la population. Les Congolais ont peur de Kabila et de ses armes. Les mamans, qui ont toujours un poids réel chez nous, ne veulent, par exemple, pas laisser sortir leurs enfants. Tout le monde se souvient des morts de 2015, des fosses communes qui ont été découvertes à Maluku, des fils et des filles qui ne sont jamais rentrés après les manifestations de fin 2016, des tortures, des blessés. Aujourd’hui, nous devons regagner la confiance des gens. Il faudra plusieurs journées comme celle-ci pour mobiliser la population », explique un de nos interlocuteurs qui insiste sur la gradation des mouvements et de la mobilisation à venir d’ici « la fin de l’année ».

Le futur (?) président du Zimbabwe a pillé le Congo Marie-France Cros - La Libre Afrique - le 15 novembre 2017

A la faveur du coup d’Etat en cours au Zimbabwe, le vice-Président Emmerson Mnangagwa, 75 ans, est rentré mercredi d’Afrique du Sud, où il s’était réfugié après son éviction, le 6 novembre, où il devrait être nommé Président par interim. Surnommé « le Crocodile », il était considéré en 2002 comme un des principaux responsables du pillage

des ressources naturelles en République démocratique du Congo (RDC).

Ancien ministre de la Justice, ancien ministre de la Sécurité – et à ce titre chef des services de renseignement – ancien président du parlement, Emmerson Mnangagwa a la réputation d’être le seul homme que les Zimbabwéens craignent plus que le président Mugabe, aujourd’hui en résidence surveillée aux mains de son armée. Surnommé ‘le Crocodile » en raison de son attitude impitoyable envers ses adversaires, il était cité dans le rapport des experts de l’Onu pour le Congo, daté du 15 octobre 2002, comme un des principaux responsables du pillage des ressources naturelles en RDC.

Les diamants du Kasaï

Il jouit d’un fort appui de la part des principaux chefs militaires et du renseignement zimbabwéens. Parce qu’il est un vétéran de la guerre d’indépendance contre les colons blancs de Ian Smith, gagnée en 1980, comme eux. Mais aussi parce qu’il leur a permis de s’enrichir en leur ouvrant les portes du Congo, indiquait le livre de Geoff Hill, « The Battle for Zimbabwe: the final Countdown » (2003).

Timide mobilisation contre le calendrier électoral Christophe RIGAUD – Afrikarabia- le 15 Nov 2017

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La première journée ville morte a été peu suivie en République démocratique du Congo (RDC) ce mercredi. L’opposition conteste la récente publication du calendrier électoral qui

reporte pour une seconde l’élection présidentielle.

Les journées ville morte se suivent… et se ressemblent au Congo. L’appel des mouvements citoyens et de l’opposition à contester le calendrier électoral et à demander le départ du président Joseph Kabila, n’a pas suscité l’engouement escompté. Les opposants au chef de l’Etat espéraient que le report d’une année supplémentaire des élections générales fin 2018, mobiliserait davantage. Mais comme les opérations ville morte de ces derniers mois, la mobilisation est restée très timide.

Il faut dire que la police avait prévenu : les manifestations étaient interdites et tout rassemblement de plus de cinq personnes serait dispersé. Opération réussie pour les forces de l’ordre qui n’ont permis aucune manifestation de se tenir. A Kinshasa, les commerces ont majoritairement ouvert leurs portes, même si l’affluence n’était pas au rendez-vous.

Par contre les écoles et les universités sont restées fermées toute la journée. Seul un bus a été brûlé dans la capitale. La situation était beaucoup tendue à Lubumbashi où des routes ont été coupées par des pneus brûlés et le grand marché de la Kenya est resté paralysé.

Même scénario à Goma où la police a procédé à une quarantaine d’arrestations de militants anti-Kabila. Par contre à Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, la journée s’est déroulée normalement.

Un œil sur la situation au Zimbabwe

Cette journée ville morte aura tout de même eu un mérite : ressouder les rangs d’une opposition, plus éclatée que jamais. Le Rassemblement de l’opposition a en effet décidé au dernier moment de rejoindre les mouvements citoyens (Lucha, Filimbi, CASC-RDC) dans cette journée du 15 novembre. Les partis politiques d’opposition avaient dans un premier temps annoncé une grande mobilisation pour le 28 novembre. Mais pour les stratèges de l’opposition, la journée ville morte n’est qu’un début d’une longue série de mobilisations pour aboutir au départ de Joseph Kabila le 31 décembre 2017. Une prochaine mobilisation aura bien lieu le 28 novembre.

Comme en 2015, lors des manifestations contre la loi électorale, il faudra sans doute plusieurs journées de contestation pour que les Congolais finissent par descendre dans la rue. C’est en tout cas ce qu’espèrent les opposants au président Kabila. Mais pour le moment, les forces de sécurité tiennent la rue et empêchent toute mobilisation de prendre de l’ampleur. La contestation est donc sous contrôle. Mais l’opposition a également les yeux tournés vers le Zimbabwe où l’armée vient de faire tomber Robert Mugabe. Un scénario qui ferait bien l’affaire des anti-Kabila qui pensent que l’armée pourrait donner le coup de pouce nécessaire si les Congolais venaient à descendre massivement dans la rue.

Pour l’instant, c’est loin d’être le cas.

RDC : une Histoire Belge

Pierre Boisselet –Jeune Afrique - le 16 novembre 2017 à 16h25

Politique, diplomatie, business, réseaux parallèles… Les relations entre le royaume et son ancienne colonie sont tumultueuses. Radioscopie du petit milieu de la Belgafrique.

« Tout ça ne nous rendra pas le Congo ! » Généralement prononcé sur un air de lamentation ironique, ce dicton populaire belge dit en creux la place qu’occupe l’ancienne colonie dans l’imaginaire du royaume. Ancienne propriété personnelle du roi des Belges, qui l’a rétrocédée à l’État en 1908, le Congo belge a été à la fois l’une des sources de sa prospérité et un démultiplicateur de son influence sur la scène internationale.

Du temps des colonies et des guerres mondiales, ce territoire regorgeant de matières stratégiques – l’uranium de la bombe de Hiroshima était, par exemple, congolais – a permis à ce pays de 11,3 millions d’habitants de se hisser dans la cour des grands. Des sentiments paradoxaux – entre amour et haine – sont nés entre les Congolais – surtout des classes dirigeantes – et leurs « nokos » (« tontons ») belges.

« Au Congo, j’entends aussi bien “Vous, les Belges, n’avez rien fait pour ce pays, vous devez vous rattraper” que “Vous n’avez plus rien à faire ici” », témoigne André Flahaut, ministre francophone du Budget, qui séjourne fréquemment dans ce pays.

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Tensions Kabila – Belgique

Chez les proches de Joseph Kabila, c’est plutôt le second sentiment qui domine ces derniers temps. Et cela rend très périlleux le voyage, programmé pour fin novembre, du ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, qui doit inaugurer une nouvelle ambassade sur le boulevard du 30-Juin, à Kinshasa. Son communiqué d’avril 2017 dénonçant le choix de Joseph Kabila de nommer Bruno Tshibala à la primature, en violation « de l’esprit et de la lettre de l’accord de la Saint-Sylvestre » entre pouvoir et opposition, n’est toujours pas passé.

Mais Kinshasa tient surtout la Belgique pour responsable des pressions occidentales croissantes qu’il subit pour forcer Joseph Kabila, président hors mandat depuis décembre 2016, à organiser l’élection présidentielle. Les responsables sécuritaires, qui n’hésitent pas à réprimer une contestation interne grandissante, ont été sanctionnés par l’Union européenne (UE) en mai dernier.

Le gouvernement congolais surestime, sans doute, l’influence du royaume. Mais prendre la Belgique pour cible est toujours utile : en jouant sur la culpabilité coloniale et la fibre nationaliste congolaise, il tente de diviser le front occidental (composé notamment, outre la Belgique, de la France et des États-Unis). Kinshasa a donc unilatéralement suspendu sa coopération militaire en avril, ce qui a donné lieu à un épisode rocambolesque de plusieurs mois : les soldats belges étaient contraints de quitter le territoire congolais, sans pouvoir rapatrier leur matériel – essentiellement des jeeps et des camions bloqués à Kindu. Il a fallu un contact téléphonique direct entre le Premier ministre, Charles Michel, et le président Joseph Kabila pour dénouer la crise.

Éloignement sous Mobutu

Les relations entre les deux pays n’ont pourtant pas toujours été aussi tendues. Elles étaient certes très dégradées sous Mobutu (1965-1997) avec la « zaïrianisation » des années 1970 – nationalisation des grandes propriétés détenues par des étrangers –, puis le massacre des étudiants de Lubumbashi, en 1990, qui a précipité la rupture.

Les Belges se sont alors détournés largement de leur ancienne colonie, à l’exception de quelques familles profondément enracinées, comme celle de l’homme d’affaires George Forrest. « Quels que soient les déboires que nous subissons, nous sommes ici chez nous, explique encore aujourd’hui celui qui fut un temps surnommé vice-roi du Katanga. Nous avons une moralité : nous ne pouvons pas abandonner nos travailleurs. »

Le plan de Louis Michel

C’est à Tervuren que les premiers signaux de détente se manifestent, à la fin des années 1990. Au Musée royal d’Afrique centrale, là où Hergé a puisé son inspiration pour Tintin au Congo, le département géologie reçoit des demandes venues du monde entier pour des cartes du sous-sol congolais. Après la chute de Mobutu, et en plein boom minier, le territoire redevient un eldorado pour les investisseurs. À condition de bien connaître le pays et ses usages. Les connaissances et compétences belges sur le pays, accumulées pendant la colonisation, redeviennent incontournables.

Sa diplomatie ne va pas tarder à faire aussi son grand retour. Le très affable Louis Michel, homme de conviction et de réseau (il est franc-maçon), arrive au ministère des Affaires étrangères en 1999 avec de grandes ambitions pour son pays et son ancienne possession coloniale. Comme pour la France, les deux vont souvent de pair. Or à l’époque, la RD Congo est plongée dans les guerres : il s’investit pour y mettre fin. Mais le royaume ne peut bien sûr y arriver seul.

Son plan : impliquer la communauté internationale, qui crée, en novembre 1999, la Mission de l’ONU en RD Congo (Monuc). Après l’assassinat du président congolais Laurent-Désiré Kabila, début 2001, Michel prend sous son aile son fils, Joseph, devenu président à seulement 29 ans. Le ministre belge va jouer un rôle clé dans la signature des accords de partage du pouvoir, en 2003, puis dans l’organisation des élections de sortie de crise. « Louis Michel est un ancien professeur, rappelle la journaliste Marie-France Cros, spécialiste de l’Afrique à La Libre Belgique. Il aime enseigner et être écouté. À cette époque, Joseph Kabila avait besoin de son aide. »

Parallèlement, son collègue – et à l’époque complice – André Flahaut s’active au ministère de la Défense pour rétablir la coopération militaire avec le pays, avec d’infinies précautions.

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« Nous avions un problème, se souvient-il. Après le drame du Rwanda, où dix paras belges avaient été tués en 1994, le Parlement avait recommandé de ne plus déployer de troupes dans ses anciennes colonies. Nous avons donc fait du billard à trois bandes pour revenir, explique-t-il, en déployant en RD Congo des soldats béninois que nous formions à l’époque dans le cadre de la Monuc. » Avec Kinshasa, de nouveaux accords de coopération ne tardent pas à être signés. Ils incluent notamment de la formation militaire, en Belgique et sur le terrain.

Kabila l’«espoir du Congo »

En 2004, Louis Michel devient commissaire européen à la Coopération internationale, avec le ferme soutien du président français d’alors, Jacques Chirac. À ce poste, il continue de veiller sur la transition, dans laquelle la communauté internationale joue un rôle clé. En juin 2006, quelques mois avant la première élection présidentielle pluraliste de l’histoire du pays, il estime, publiquement, que Joseph Kabila représente « un espoir pour le Congo

». Cette phrase lui vaudra une rancune tenace de la part des « combattants », ces opposants radicaux très actifs en Belgique.

Mais après cette épiphanie, les relations belgo-congolaises ne vont pas tarder à connaître une nouvelle crise. « Une fois élu, Joseph Kabila a estimé qu’il n’avait plus besoin de parrain

», s’amuse Marie-France Cros. Entre-temps, le gouvernement fédéral a changé, et c’est désormais le Flamand Karel de Gucht qui a repris le ministère des Affaires étrangères. Son attitude à Kinshasa, puis ses propos sur la « corruption congolaise » et le « droit moral » de s’exprimer qu’aurait la Belgique, choquent Joseph Kabila, qui en fait une affaire personnelle. Il rappelle son ambassadeur à Bruxelles et ferme deux consulats belges.

« Dans ce pays, la dimension affective des relations entre dirigeants est fondamentale », rappelle un vieux briscard des relations belgo-congolaises. Mais peut-être les commentaires de Karel de Gucht étaient-ils aussi à usage interne, pour se démarquer de Louis Michel.

Le milieu de la Belgafrique a beau être très petit, il est traversé par de multiples fractures et des haines recuites. La Belgafrique est en outre marquée par les antagonismes entre les deux grandes « tribus » belges, Wallons et Flamands, qui amènent parfois à des accords politiques byzantins, comparables à la « géopolitique » congolaise. « Kinshasa est très conscient de ces divergences, témoigne un ministre. Quand une délégation belge vient sur son sol, les Congolais adaptent l’hymne joué – Brabançonne ou Vlaamse Leeuw – en fonction de sa composition. »

C’est un jeune homme de 32 ans au nom familier qui va laver l’affront de De Gucht : Charles Michel, alors ministre de la Coopération. De Gucht est persona non grata, et le président Joseph Kabila reçoit ostensiblement le fils de son ancien parrain, ce qui fait de lui l’artisan de la réconciliation. Le chef de l’État congolais sait aussi jouer de la rivalité entre Charles Michel et Didier Reynders (pourtant membres du même parti, le Mouvement réformateur) en choisissant de s’afficher avec l’un plutôt qu’avec l’autre.

Belgique terre d’asile

La catastrophique élection de 2011, par laquelle Joseph Kabila est malgré tout officiellement reconduit, n’arrange pas les choses entre les deux pays. Leurs relations vont continuer de se dégrader à mesure que les Belges acquerront la conviction que Joseph Kabila n’a pas l’intention de quitter le pouvoir en 2016, comme l’y oblige la Constitution.

Un événement en particulier a été vu comme un casus belli par Kinshasa : la grande réunion de l’opposition congolaise, à Genval, dans la banlieue de Bruxelles, en juin 2016, pour fonder le « Rassemblement ». « Nous savons que les Belges l’ont organisé, clame Barnabé Kikaya Bin Karubi, le conseiller diplomatique de Joseph Kabila. Le gouvernement l’a facilité par ses conseils. »

Au grand dam du pouvoir congolais, la Belgique est aussi la terre d’asile de la plupart de ses opposants, des Tshisekedi (la dépouille d’Étienne, décédé en février, repose toujours dans une chambre froide à Bruxelles…) à Moïse Katumbi, candidat déclaré à la succession de Kabila et bête noire de ce dernier. La grande proximité de Katumbi avec George Forrest n’arrange rien. « Katumbi est un ami, admet l’homme d’affaires belge de 77 ans. Mais j’ai aussi des amis au pouvoir. Néanmoins, je ne m’implique pas politiquement », jure-t-il.

Les amitiés belges d’un autre Congolais éveillent également les soupçons à Kinshasa : le

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Dr Denis Mukwege, « l’homme qui répare les femmes », dont l’hôpital Panzi, à Bukavu, est aidé par la Fondation George Forrest, dont le comité scientifique est présidé par Louis Michel. Dans l’opposition congolaise comme à Bruxelles, nombreux sont ceux qui voient en Mukwege un excellent président de transition dans l’hypothèse où Joseph Kabila quitterait le pouvoir avant l’organisation des prochaines élections. L’intéressé, qui a reçu le prix Sakharov du Parlement européen en 2014, a récemment fait connaître sa disponibilité.

« La politique belge n’est pas agressive contre Kinshasa, assure un responsable belge très bien informé. Pas plus que les Américains ou les Français, qui sont sur la même ligne. Nous ne défendons pas non plus nos intérêts : nous n’en avons presque plus dans ce pays. Mais nous ne pouvons pas rester sans rien dire face à une dérive dictatoriale. »

Belgafrique : silence royal sur la RDC

Entre la chute de Mobutu en 1997 et son abdication en 2013, le roi des Belges Albert II n’a séjourné en RD Congo qu’une seule fois, en 2010, à l’occasion de la commémoration des 50 ans de l’indépendance. Son fils, Philippe, qui a repris le flambeau, n’a lui jamais foulé son sol. Et si l’envie lui en prenait, il ne pourrait le faire sans l’assentiment du gouvernement belge. En 2011, la visite privée du prince Laurent, sans l’aval belge et sur invitation d’Olivier Kamitatu, alors ministre du Plan, avait d’ailleurs suscité la polémique

Belgafrique : en RDC, trois Belges, trois « fils de », trois méthodes Pierre Boisselet – Jeune Afrique - le 16 novembre 2017

Les trois hommes chargés de la politique belge en RDC, Charles Michel, Didier Reynders et Alexander De Croo, ont beau appartenir au même gouvernement, ils n’ont pas la

même méthode.

Le plus tranchant à l’égard de Kinshasa est sans doute le Flamand Alexander De Croo, vice-Premier ministre chargé de la coopération et fils du parlementaire Herman. Devant la presse néerlandophone, il a déclaré mi-septembre que le Congo n’était « pas un État, mais un système d’enrichissement personnel ». Il a même évoqué la possibilité d’une « intervention humanitaire via les Nations unies » dans le pays. Une déclaration que Kinshasa met sur le compte de son « inexpérience ».

Moins cash, le vice-Premier ministre chargé des Affaires étrangères, Didier Reynders, a néanmoins hérissé beaucoup plus fortement les autorités congolaises en critiquant la nomination de Bruno Tshibala comme Premier ministre congolais, en avril 2017, estimant que ce choix « s’écartait » de « la lettre et de l’esprit de l’accord de la Saint-Sylvestre » entre le pouvoir et l’opposition congolaise. Cette remarque a servi de justification à Kinshasa pour rompre sa coopération militaire.

C’est finalement avec le Premier ministre, Charles Michel (le fils de Louis), que le courant semble le mieux passer. Il avait déjà eu l’occasion de rencontrer Joseph Kabila lorsqu’il était ministre de la Coopération (2007-2011). Les deux hommes se parlent parfois au téléphone et se sont vus, en tête à tête, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, en septembre. Sans doute l’absence de critiques directes et publiques de Charles Michel facilite-t‑elle ces échanges.

Belgafrique : les « tontons » belges soignent leurs réseaux congolais Pierre Boisselet – Jeune Afrique - le 16 novembre 2017

Officiellement, ils n’ont plus de responsabilités diplomatiques. Mais plusieurs hommes politiques belges passionnés par le Congo entretiennent encore leurs réseaux dans le pays. Ils les ont constitués « à l’ancienne », grâce à des contacts humains, souvent affectifs, parfois mâtinés de paternalisme. Tous ont en tout cas une nette préférence pour les échanges discrets, entre quatre yeux, plutôt que pour les blâmes par médias

interposés.

Étienne Davignon

Vicomte promu au rang de « comte » par le roi des Belges pour ses services rendus à la nation en juillet 2017, Étienne Davignon est sans doute celui qui connaît le pays depuis le plus longtemps. Ce fils d’ambassadeur est entré au ministère belge des Affaires étrangères

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