• No results found

08 04 17/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Share "08 04 17/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)"

Copied!
27
0
0

Bezig met laden.... (Bekijk nu de volledige tekst)

Hele tekst

(1)

08 04 17/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) En ce samedi 8 avril 2017, la grande nouvelle du jour est évidemment la nomination de Bruno Tshibala à la Primature. Comme à l’accoutumée, cette information a été diffusée tard dans la nuit du vendredi au samedi, ce qui rend impossible toute réaction de la presse ne paraissant pas le samedi, au nombre de laquelle figurent les journaux les plus engagés de l’Opposition.

Le « premier » nouveau est arrivé.

Joseph Kabila a nommé, vendredi 7 avril, Bruno Tshibala Nzenze, au poste du Premier ministre dans une ordonnance lue sur la chaine nationale (RTNC). La voici :

« ORDONNANCE N°17/100 Du 07 AVRIL 2017 portant nomination du premier ministre.

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE vu la constitution, telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 Janvier 2011 portant révision de certains articles de la constitution du 18 février 2006, spécialement en ses articles 78,79 et 90; vu l'accord politique pour l'organisation des élections apaisées, crédibles et transparentes en république démocratique du Congo.

ORDONNE : 1. Est nommé au poste de premier ministre Tshibala Tshishimbi Bruno

2. Sont abrogées, toutes les dispositions antérieures contraires à cette ordonnance. Fait à kinshasa, le 07 avril 2017. JOSEPH KABILA KABANGE. pour copie certifiée conforme à l'original. le cabinet du président de la république. NEHEMIE MWILANYA WILONDJA.

directeur de cabinet »

En même temps que cette nouvelle, Radio Okapi diffuse, sous le titre « Qui est Bruno Tshibala ? », ce qui semble bien être la notice biographique « officielle » du nouveau promu. « Bruno Tshibala Nzenze est né en 1955. Il est l’un des pionniers de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Compagnon de lutte d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, il a été secrétaire général-adjoint de l’UDPS et porte-parole du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.

C’est à l’âge de 25 ans qu’il a entamé la carrière politique, alors qu’il était encore étudiant.

C’était en avril 1980.

Hostile au régime du feu président Joseph-Désiré Mobutu, il a intégré un parti de la

«défense des idées de gauche».

Sous l’encadrement de ses «aînés» et «compagnons marxistes», il a été l’une des personnes qui ont distribué des tracts contre le régime Mobutu, toujours en avril 1980.

Parmi ses « aînés », il cite entre autres : Etienne Tshisekedi, Joseph Ngalula, Kibasa Maliba, Anaclet Makanda, Isidore Kanona.

Bruno Tshibala, était présent lors de la rédaction de la lettre des 13 parlementaires, en décembre 1980.

A la condamnation de ces «13», ils seront tous relégués dans leurs villages de naissance.

Trois mois plus tard, ils vont lancer l’idée de créer un deuxième parti pour instaurer le bipartisme et s’opposer au monopartisme de l’époque avec le Mouvement populaire pour la révolution (MPR). Une idée qui a été lancée le 26 mars 1981.

La réunion préliminaire de la création de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) s’est déroulée avec Etienne Tshisekedi, Joseph Ngalula, Anaclet Makanda, Isidore Kanona, Grégoire Dikonda et Kibasa Maliba, et Bruno Tshibala était là, avec « ses aînés ».

Mobutu va ensuite décider de libérer tous les 13 parlementaires en décembre 1981.

Comme l’idée du parti était déjà lancée, seuls les élus vont signer les statuts du parti et la sortie officielle fut lancée le 15 février 1982. Les non-parlementaires, dont Bruno Tshibala n’étaient pas obligés à signer «par peur de pendaison».

Bruno Tshibala est donc resté «constant» depuis la création de l’UDPS jusqu’à la mort d’Etienne Tshisekedi.

De l’arrestation aux côtés de Joseph Olenghankoy

En octobre 2016, Bruno Tshibala, alors secrétaire général-adjoint de l’UDPS est arrêté. Il a été appréhendé à l’aéroport de Kinshasa en partance pour une mission officielle du parti.

Outre ses fonctions au sein de l’UDPS, Bruno Tshibala est également porte-parole du Rassemblement de l’opposition constitué en juin autour d’Étienne Tshisekedi.

(2)

Il est accusé, selon le procureur général de la République, d’avoir organisé des manifestations des 19 et 20 septembre à Kinshasa. Des événements qui avaient dégénéré en heurts sanglants entre militants anti-Kabila et les forces de l’ordre. Il a été libéré en novembre de la même année.

Après la mort d’Etienne Tshisekedi, le Rassemblement va se restructurer. Le poste du président est créé au sein de cette plateforme. Bruno Tshibala va contester cette réorganisation qui porte Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi respectivement président et président du conseil des sages.

Bruno Tshibala va se désolidariser du Rassemblement piloté par le tandem Tshisekedi- Lumbi, pour se rallier à Joseph Olenghankoyi ».

(Cette « carte de visite », qui doit être l’œuvre de Tshibala lui-même, est historiquement intéressante, non pas parce qu’elle illustre la tendance, que nous partageons tous, à raconter notre vie en « sculptant notre propre statue », mais parce que, même si Tshibala

« tire la couverture à lui, elle tend à rappeler que l’histoire de l’UDPS, surtout aux temps héroïque des débuts, ne se confond pas avec la carrière personnelle d’Etienne Tshisekedi.

Il s’est agi d’une aventure collective dont, par la suite, ETwM s’est accaparé, aidé par sa personnalité charismatique et par les circonstances qui ont éliminé au fil du temps la plupart des autres fondateurs, jusqu’à donner l’impression que Tshisekedi avait tout fait à lui tout seul. Il n’en faut pas plus pour fonder le « culte de la personnalité ».

Au passage, on savourera à sa juste valeur la référence aux «compagnons marxistes» que Tshibala aurait eus dans sa jeunesse, référence dans la politique européenne, où l’on a fréquemment remarqué que « les plus belles crapules de droite ont fréquemment une jeunesse d’extrême gauche ».

Mais revenons à nos moutons, c’est à dire à la nomination de Tshibala à la Primature.

Dans ses propos publics, en particulier son discours au Congrès, JKK a constamment dramatisé la « scission » du Rassop et prononcé des paroles lénitives invitant les « frères ennemis » à se réconcilier. Dans les faits, il cherche à exacerber ces tensions en une véritable guerre.

Kabila avait l’occasion, dans la ligne de son rôle officiellement affirmé de « conciliateur », d’embarrasser considérablement le Rassop tout en paraissant lui donner satisfaction. Cela lui avait d’ailleurs été suggéré par Clement Kanku. Dans une déclaration faite vendredi 7 avril à Radio Okapi, le ministre de la Coopération sortant a estimé que le choix de Felix Tshisekedi à ce poste serait logique dans la mesure où son nom se trouve sur les listes des candidats Premiers ministres que les deux ailes du Rassemblement proposent: «Toutes les ailes du Rassemblement proposent la personnalité de Felix Tshisekedi comme Premier ministre. Il se trouve sur la liste des 5 noms qui ont été envoyés au président par Olenghankoy. Et au Rassemblement dirigée par Felix et Lumbi, on parle aussi de la candidature de Felix. Nous ne pouvons tout simplement suggérer au chef de l’Etat que de couper la poire en deux en nommant Felix Tshisekedi».

Or, l’enjeu du débat sur la Primature, ce n’est pas seulement la Primature elle-même.

C’est d’abord un affrontement au sujet du pouvoir de la Présidence « de transition » où l’on a commis l’erreur de laisser JKK. Celui-ci prétend faire usage de son « pouvoir discrétionnaire » - un attribut de la présidence de plein droit – pour choisir un PM sur une liste de candidats, présentée par le Rassop. Peu importe leur nombre. L’essentiel est qu’il puisse exercer un choix qui, si minime soit-il, montre qu’il est toujours le Président, au sens fort du terme.

Il s’ensuit que, même si JKK avait jeté son dévolu sur Félix Tshisekedi, qui était le candidat PM pressenti par le Rassop et se trouvait cité dans la liste d’Olenghankoy, Tshisekedi fils n’aurait pu accepter sans commettre une bourde majeure, mais aurait couru le risque de ne pas être compris par sa base militante.

JKK a choisi au contraire de choisir lui-même son opposition préférée, c’est-à-dire l’aile minoritaire du Rassop qui se réduit pratiquement à Olenghankoy et Tshibala. Le premier, sans doute, se voit déjà Président du CNSA et le second se retrouve Premier ministre.

Cela vise sans doute à transformer en guerre ouverte la tension bien réelle qui existait déjà entre « l’UDPS familiale » et les « militants politiques » du Rassop et que la disparition d’Etienne Tshisekedi a exacerbée.

(3)

Le « culte de la personnalité » ne survit jamais longtemps à la personnalité adulée. On aurait dû y penser, à l’UDPS et, entre autres, mettre fin à la pratique des exclusions du parti prononcées à la hâte et sans la moindre possibilité, pour la personne visée, de présenter ses moyens de défense. C’est ce qui est arrivé à Tshibale en mars dernier. Quand un parti devient, de semblable façon, une « moulinette à exclusions », il ne faut pas qu’il s’étonne de produire autant d’aigris vindicatifs que d’exclus. Et cela fait un grand et large vivier dans lequel JKK peut pêcher à tour de bras…

Ironie du sort ! Tshibala, autrefois accusé « d’avoir organisé des manifestations des 19 et 20 septembre à Kinshasa » va dès lundi devoir réprimer celle du 10 avril… si elle a lieu.

Plus largement, tout cela illustre combien on a eu tort de contester le régime en partant de la base faussée du « second mandat ». Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas violée, mais chiffonnée, jetée à terre et foulée aux pieds pour le maintenir au pouvoir en 2011 après des élections NULLES . Elles avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire

« autorité de droit ». La réalité, c’est que l’usurpateur doit s’en aller. Si l’on a l’occasion de le faire partir « en douceur » en lui accordant un délai jusqu’en décembre pour faire ses malles, tant mieux. Sinon, qu’il subisse la violence qu’il a déjà infligée à tant d’autres ! NdlR)

Nomination des Tshibala / Commentaires

Comme il fallait s’y attendre les réactions n’ont pas tardé après la nomination de Bruno Tshibala Nzenze au poste de Premier ministre. Sur 7/7.cd, le député Claudel Lubaya a eu des mots trop forts pour exprimer sa rage après élévation de Tshibala au poste de chef de gouvernement. « La nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre de la RDC sinistrée est un suprême MÉPRIS à l’endroit du peuple congolais innocent », a-t-il écrit sur sa page Facebook peu après l’annonce de cette nouvelle. D’après le président de UDA Originel, c’est la dernière preuve du non respect et de l’Accord du 31 décembre et de la constitution. Ce cadre du Rassemblement ne décolère pas. Pour lui, la nomination au poste de chef de gouvernement de l’ancien porte-parole du Rassemblement est un » affront au bon sens le plus élémentaire ». Qui, poursuit-il, « marque la rupture entre l’actuel président de la République et le peuple congolais désabusé et qui, ce soir, comprend qu’il n’a plus rien à espérer de lui. Il vit à contre-courant de ses aspirations ».

« La fonction de Premier ministre est complètement dépouillée de tout prestige et de toute sa substance républicaine. Elle est désormais prenable, à condition d’être un honni, un simple quidam, un renégat », s’indigne-t-il.

L’ex gouverneur du Kasaï Occidental conclut en disant qu’ « avec l’acte posé, la République n’a plus ni symboles ni marques, c’est un foutoir ».

Un proche de Tshibala a qualifié les propos de Claudel Lubaya de « propos d’un homme aigri ».

La Prospérité constate « Primature : ni Mubake, ni Katebe, c’est Bruno Tshibala ! ».

« Fini, donc, les spéculations autour du successeur de Samy Badibanga Ntita à l’Hôtel du Gouvernement. Hier, en effet, le Président de la République, Joseph Kabila, comme il l’avait d’ailleurs annoncé, lui-même, lors de son adresse devant les deux Chambres du Parlement, réunies en Congrès, est resté attaché à sa vision. Endéans 48 heures, le chrono a été, cette fois-ci, respecté. C’est Bruno Tshibala Zenzhe qui remplace, dorénavant, Samy Badibanga Ntita qui, lui, a démissionné dans la même journée d’hier, quelques heures auparavant.

(4)

Surprise totale

L’Ordonnance y afférente, telle qu’elle a été officialisée au crépuscule de ce vendredi 7 avril sur les antennes de la Télévision d’Etat, confirme, si besoin en était encore, la volonté du Président de la République de trancher, à sa manière, toutes les querelles intestines enregistrées autour de la problématique liée à l’application, stricto sensu, de l’Accord Politique, conclu le 31 décembre 2016, sous la barbe des Evêques, au Centre Interdiocésain, à la Gombe.

La Primature va au Rassemblement, plus précisément vers le Groupe conduit par Joseph Olenghankoy, porté, lui aussi, Président du Conseil des sages à la tête d’une de ses ailes.

Il y a quelques temps, ce même Bruno Tshibala Zenzhe, Haut cadre de l’Udps de Tshisekedi, aujourd’hui nommé Premier Ministre, a été chassé comme une feuille morte, du Rassemblement de Félix et Lumbi. On l’accusait, dans la foulée, d’œuvrer à la fragilisation de la méga plateforme qu’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, alors qu’il était encore debout, avait lancée à Genval, en Belgique, pour unir, en un bloc compact, toutes les forces disparates de l’Opposition politique congolaise en vue de tenter de réaliser, précisait l’Acte d’Adhésion, un assaut décisif contre Joseph Kabila dont le deuxième et dernier mandat arrivait à son terme, le 19 décembre 2016.

Badibanga jette l’éponge !

Joseph Kabila a pris acte, hier, au Palais de la Nation, de la démission de Samy Badibanga Ntita de ses prestigieuses fonctions de Premier Ministre du Gouvernement issu de l’Accord du 18 octobre 2016. Maintenant que le vide s’est créé et que la vacance devient réelle, le Président de la République a tamisé dans la série de candidatures que le Rassemblement, dans ses ailes multiples, lui aurait adressées, pour dénicher le nom de l’oiseau rare sur qui reposera, désormais, les lourdes charges de conduire le pays vers des élections, à l’horizon de fin décembre 2017.

Intérêt supérieur de la nation

Au sortir de l’audience, ce vendredi 7 avril 2017, au Palais de la Nation, à la lisière de la Gombe, Samy Badibanga Ntita, le Premier Ministre sortant, a dit avoir démissionné, pour privilégier l’intérêt supérieur de la nation. Il a dit également avoir pris le temps de cerner l’enjeu et parlé du processus électoral avec le Chef de l’Etat, avant de lui faire tenir, en bonne et due forme, sa démission. Il espère, lui, qu’avec cet acte de haute portée historique, il offre la chance au pays d’aller de l’avant, plutôt que de devenir, lui aussi, une nouvelle source de blocage.

Depuis ce vendredi 7 avril 2017, les épaules de Bruno Tshibala portent la responsabilité de l’exécution du nouveau schéma dont Joseph Kabila, ayant dessaisi les Evêques de la mission de bons offices et, surtout, en l’absence d’un Arrangement Particulier, était jusqu’ici, le seul à en maîtriser les contours.

Tamisage à la loupe

Sur la table du Président de la République, le flux de listes était de nature à compliquer l’équation. Déjà, Joseph Olenghankoy, œuvrant sous la bannière d’une des fractions du Rassemblement, avait, peu avant l’adresse du Chef de l’Etat, le mercredi 5 avril devant les deux Chambres du Parlement, réunies en Congrès, déposé une liste sur laquelle l’on pouvait retrouver les noms de Valentin Mubake, Roger Lumbala, Raphaël Soriano Katebe Katoto, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et Bruno Tshibala.

Puis, l’autre aile, constituée essentiellement du Groupe de ceux qui étaient aux affaires, avec Patrick Mayombe et Kanku en tête, aurait, à son tour, dressé une liste et transmis au Cabinet du Président de la République. Seul, le Rassemblement de Félix et Lumbi qui, lui, ne parle pas de liste mais, d’un nom contenu dans une lettre que Tshisekedi wa Mulumba, de son vivant, avait laissée entre les mains de Mgr Marcel Utembi, le Président de la CENCO, et dont Kabila n’a toujours pas eu le temps, ni l’occasion de découvrir le contenu.

Au Rassemblement de Félix, il n’est même pas question de déposer cette lettre-là, dès lors que l’audience sollicitée en son temps, avait raté, même si, par ailleurs, il n’a pas su se rattraper lors des consultations qu’il a boudées, lundi 3 et mardi 4 avril ».

Pour l’Avenir, il y a « Trois choses à savoir sur Bruno Tshibala ».

« Il se présente comme gardien du temple du Tshisekedisme. Natif de Tshilenge, Bruno

(5)

Tshibala Nzenza s’est vu ce soir confier la lourde charge d’être le 1er ministre de la transition. Élément de portrait du dernier fidèle à avoir accompagné le sphinx dans sa tombe.

Juriste chevronné

Même si aucune donnée personnelle de lui n’ apparait sur le moteur de recherche google, Bruno n’ est pas pour autant un illustrissime inconnu à Pétunias ou dans la ville basse. La politique, Tshibala est tombé dedans presque par hasard. Le jeune Bruno n’avait qu’ une vingtaine d’ années, alors étudiant en droit à Brazzaville quand il éprouve le besoin de s’engager pour défendre ses convictions. Parti terminer ses études en Belgique, c’est finalement dans la capitale Belge que l’ actuel premier ministre embrassera formellement la vie politique en s’ inscrivant dans une des branches de l’ Udps. Bien avant, le jeune Tshibala a milité au sein du parti de la défense des idées de la gauche.

Militant de première ère

A l’ Udps, quiconque connait mieux Bruno. Il y est depuis sa genèse. C’est en 1982 qu’ il accepte de mener sa lutte aux cotés d’ Étienne Tshisekedi. Il était présent lors de la rédaction de la lettre des 13 parlementaires, en décembre 1980. Depuis, il est resté l’ un des plus fidèles lieutenants d’ Etienne Tshisekedi. Militant des rangs, le juriste Tshibala se distingue et fait montre de sa maitrise dans les stratégies. Toujours aux premières loges, l’homme va gravir les échelons jusqu’à devenir membre influent au sein du directoire national du parti. Plusieurs fois porte-parole du parti, Bruno Tshibala était jusqu’en décembre secrétaire général adjoint de l’union pour la démocratie et le progrès social. Il est le dernier membre du pré-carré à avoir accompagné le sphinx jusqu’à la tombe sans avoir trahi. Au nom de ses convictions, il a plusieurs fois fait la prison. DE 1982 jusqu’à la mort d’Etienne Tshisekedi, Tshibala n’a servi que l’Udps.

Tshisekediste exigeant

Farouchement opposé à la désignation de Pierre Lumbi à la présidence du conseil des sages du rassemblement, le modérateur des travaux de Genval et signataire de l’acte fondateur des assises de la banlieue belge s’ est attiré la foudre du camp des pro Félix.

Bien que renvoyé du parti, Tshibala a continué à défendre le combat d’ Etienne Tshisekedi dont il connaissait bien l’ anti-chambre. Désormais opposé à Félix et à ce qu’ il qualifie de l’ achat de l’ Udps par Moise Katumbi, Bruno Tshibala est perçu à Limeté comme l’ héritier naturel du Tshisekedisme ».

(Il est à noter que cet article est daté du 7, donc d’hier soir. Il semble donc que L’Avenir ait été averti avant les autres de l’identité de « l’élu ». Pour le reste, devant tant d’enthousiasme pour ce qui nous est exposé comme une carrière entièrement vouée à l’UDPS et à Tshisekedi, on est tenté de penser que Pius Muabilu et une partie notable des journalistes du « Moniteur du Joséphisme » comptent adhérer prochainement à l’UDPS.

Presse et documents étrangers

(Cette section de notre RP a cette semaine des allures pléthoriques. La cause en est que nous reprenons les articles postés ici aux blogs de divers journaux ou journalistes. Ces derniers prennent, comme tout le monde, des vacances à Pâques et ont donc cessé, pendant un moment, d’actualiser leurs blogs. Mais ils ont rattrapé ce retard depuis, mettant en ligne des articles déjà « anciens », du moins pour des lecteurs habitués à déguster l’actualité par tranches hebdomadaires. Il nous a néanmoins semblé utile d’en donner connaissance à nos lecteurs. NdlR)

Les évêques congolais reconnaissent leur échec Colette Braeckman – Le Soir - le 29 mars 2017

Les Kinois n’ont pas attendu les mots d’ordre de la classe politique pour descendre dans la rue après le constat d’échec mené par la Conférence épiscopale du Congo : dès mardi matin, une vive tension régnait sur le marché central, les élèves du secondaire préféraient regagner leur domicile alors que les étudiants des universités se mobilisaient pour

(6)

manifester tandis que les ambassades étrangères, dont la France et la Belgique, recommandaient à leurs ressortissants de limiter leurs déplacements dans la ville.

C’est depuis la conclusion de l’accord dit de la Saint Sylvestre, prévoyant d’octroyer le poste de Premier ministre à un représentant de l’opposition en échange d’une prolongation du maintien à son poste du chef de l’Etat le temps d’organiser les élections cette année encore ( ?) que les évêques, détenteurs de la dernière autorité morale encore reconnue au Congo, tentent d’amener les signataires de ce compromis à respecter la parole donnée.

Sans concessions, le communiqué de la CENCO, traduisant une exaspération certaine, rappelle les points de blocage : alors que l’opposition entend proposer un candidat unique au poste de Premier ministre, la majorité présidentielle exige que le chef de l’Etat garde la possibilité de choisir entre les trois noms qui lui seraient proposés. En outre, les partisans de Kabila récusent catégoriquement la personne de Pierre Lumbi. Et pour cause : l’ancien conseiller spécial du président devenu l’une des têtes pensantes de l’opposition est l’ un des seuls à pouvoir anticiper et déjouer les pièges tendus par ses anciens alliés.

Les autres points de blocage soulignés par les négociateurs portent sur la présidence du Conseil national de suivi de la transition, un poste qui avait été attribué à Etienne Tshisekedi (dont la dépouille n’a toujours pas été rapatriée faute d’accord sur le lieu de sa sépulture…) et sur la répartition des portefeuilles ministériels, entre autres les postes dits de souveraineté comme l’économie, les finances, la défense nationale, les affaires étrangères…

Même si les membres de la CENCO estiment qu’ « un compromis est encore possible », c’est en termes clairs qu’ils dénoncent « l’impasse politique de ces discussions qui traduit le manque de bonne volonté et l’incapacité des acteurs politiques et sociaux de trouver un compromis en mettant au premier plan l’intérêt supérieur de la nation ».

Rappelant qu’ils n’entendent pas prolonger indéfiniment leur médiation, les évêques en appellent au chef de l’Etat comme « garant de la nation » mais ils demandent aussi à la communauté internationale d’accompagner davantage les acteurs politiques congolais.

Cette demande est formulée à un moment particulièrement sensible : le secrétaire général de l’UDPS, le parti de Tshisekedi, Jean-Marc Kabund, prenant acte du constat d’échec de la CENCO, a demandé au peuple congolais de « se prendre en charge et de mener des actions pacifiques contre la dictature ». A New York, le Conseil de sécurité qui réexamine le mandat de la Monusco (Mission des Nations unies au Congo, forte de 19.000 hommes), voit s’affronter les représentants américains qui souhaitent une réduction des effectifs, et les Français qui plaident pour le maintien de Casques bleus en cette année de tous les dangers. En outre, la communauté internationale et l’ONU en particulier sont particulièrement secoués par l’information selon laquelle les corps des deux experts de l’ONU, Michaël Sharp et Zaida Catalan, enlevés début mars par des inconnus et portés disparus ainsi que leur chauffeur et leur interprète, auraient été retrouvés dans le Kasaï central. Ces experts avaient été chargés d’enquêter sur les troubles qui ravagent la province, où il se confirme que 39 policiers ont été décapités vraisemblablement par des rebelles disciples du chef Kamwina Nsapu, tué en août dernier au cours d’opérations militaires. Parties en septembre 2016 de Kananga, capitale du Kasaï central, les violences entre ces miliciens et les forces de l’ordre ont progressivement fait tâche d’huile, faisant plus de 400 morts et entraînant la découverte de plusieurs charniers. Dans le Kasaï, la Monusco n’avait jusqu’à présent déployé qu’une centaine de casques bleus à Kananga…

Affaire Chebeya: témoin clé, Paul Mwilambwe attend son procès au Sénégal RFI,- le 01.04.2017

Dakar, Sénégal- Inculpé et interrogé par le juge il y a plus de deux ans, ce témoin essentiel dans le dossier des assassinats, en RDC, en 2010 du défenseur de droits de l'homme Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, n'a pour le moment, aucune nouvelle de la justice sénégalaise qui a été saisi en vertu de la compétence extraterritoriale. Devant le juge à Dakar, Paul Mwilambwe, a répété ses accusations. Il affirme avoir vu, via une caméra de surveillance, ceux qui ont tué et asphyxié Floribert Chebeya dans les locaux de

(7)

la police dirigée à l'époque par le général Numbi, locaux qui était sous la responsabilité de Mwilambwe.

Paul Mwilambwe est en relation chaque mois avec la justice. Sous contrôle judiciaire, il doit en effet pointer devant le juge. Et c'est son seul contact, car depuis son interrogatoire en février 2015, il attend son procès explique son avocat Maitre Domingo Dieng. « Nous aurions préféré aller plaider tout de suite mais lorsque nous avons vu le juge la dernière fois, il nous a dit que le dossier suivait son cours. La réponse est très laconique mais nous sommes obligés, en ce qui nous concerne, d’attendre. J’espère que cette attente-là ne va pas durer plus qu’il ne le faut. »

Son passeport aux mains de la justice, sa demande de statut de réfugié pour lui, sa femme et ses enfants suspendu au verdict d'un procès qui ne vient pas, Paul Mwilambwe, dit craindre pour sa vie explique son avocat.

« Il est obligé de déménager presque tous les trois ou quatre mois, il se dit qu’il peut être victime d’un enlèvement et il se dit que, jamais, le régime de Kabila ne va lâcher le morceau. Et c’est ce qui fait qu'il est obligé de rester sur ses gardes 24 heures sur 24. » Paul Mwilambwe demande de la sécurité surtout pour sa femme et ses enfants. Sur la durée de la procédure, qui s'étire donc dans le temps, sollicités, les services du ministère de la justice comme du parquet n'ont, pour le moment, donné aucune explication.

Le Congo est miné par de sales petites guerres vicieuses Colette Braeckman – Le Soir – le 3 avril 2017

Les sales petites guerres vicieuses qui minent le Congo et font des milliers de morts ne doivent rien au hasard. Certes, elles sont dictées par des enjeux locaux, rivalités ethniques, conflits fonciers, prosélytisme religieux, attrait des ressources naturelles et des profits faciles.

Mais si ces tensions multiples éclatent cette année, c’est avant tout à Kinshasa qu’il faut en chercher le foyer : depuis le 19 décembre dernier, non seulement le pouvoir central est affaibli par l’absence d’accord politique, mais il est illégitime car il s’exerce en dehors des délais constitutionnels et, en l’absence de consensus, il ne repose plus que sur la force.

D’où la tentation, pour les innombrables groupes centrifuges, de profiter de cet affaiblissement de l’autorité pour jouer d’autres cartes.

Les violences qui éclatent au Kasaï , au Kivu ou ailleurs ont d’autres liens encore avec la situation politique dans la capitale : depuis qu’en 2002, lors des accords de Sun City, il a été accepté que des rebelles, traîtres à leur patrie ou agents de forces étrangères, soient intégrés dans la nouvelle direction du pays, au nom de la paix et de la réconciliation, la formule a fait des émules. Désormais l’exercice de la violence, le contrôle réel ou supposé d’un groupe armé, voire le macabre bilan des victimes représentent un très efficace ascenseur pour le pouvoir. De nombreux chefs de guerre, voire des politiciens à double jaquette lui doivent leur bâton de commandement ou leur portefeuille de ministre. Durant longtemps, il était de bon ton d’incriminer les appétits, bien réels, des pays voisins et d’y voir la source de tous les troubles. C’était l’arbre qui cachait la forêt et cette dernière est hélas bien congolaise : aussi belliqueux ou gourmands qu’ils soient, les voisins qui rêvent de dépecer le Congo, de le balkaniser ou tout simplement de tirer profit de ses richesses, seraient incapables de le faire s’ils ne pouvaient compter sur des alliés locaux, ou, plus simplement encore, s’ils se trouvaient en présence d’un pouvoir intègre, attaché à défendre les intérêts nationaux. On en est loin : l’échec de la médiation des évêques, -les derniers à avoir la foi-, a mis en lumière la duplicité d’une majorité présidentielle bien décidée à jouer les prolongations et la médiocrité d’une classe politique souvent dominée par les positionnements personnels.

Il y a pire encore : bien éclairées sur le devant de la scène, les sales petites guerres vicieuses rappellent les derniers temps du régime Mobutu, où l’orgueilleux président clamait « moi ou le chaos », comme s’il était le seul à pouvoir dompter une violence qu’il entretenait en sous main. Non seulement le dictateur fut chassé, mais le pays faillit disparaître de la carte. L’histoire n’apprendrait elle rien ?

Qui tue qui, au Kasai, au Kivu, dans le Nord Katanga et ailleurs encore?

Colette Braeckman – Le Soir – le 3 avril 2017

(8)

Chaque jour des appels au secours, des témoignages filtrent depuis le Kasaï. Le dernier en date vient de Nganza, une commune de la ville de Kananga : selon des sources fiables, plus de 300 civils ont été tués à la fin de la semaine dernière, des vieillards, des enfants mais surtout, visés en premier lieu, des jeunes gens susceptibles de rejoindre les rangs de la milice dite Kamwina Nsapu, du nom du chef coutumier tué en août dernier. « C’est la terreur » poursuit notre source «des militaires passent durant la nuit, de maison en maison, ils vérifient les identités et surtout, ils tuent. » L’inquiétude est avivée par le fait que, selon d’autres témoignages : « ces militaires ne parlent ni le lingala, la langue de l’armée, ni le tshiluba, la langue nationale du Kasaï. Certes, ils portent l’uniforme de l’armée congolaise mais ils paient en dollars… » D’où le soupçon de voir à l’œuvre des « mercenaires » ou des troupes « empruntées « aux pays voisins, le Burundi, ou plus sûrement encore, l’Ouganda, le Rwanda ou le Zimbabwe, dont les présidents entretiennent les meilleures relations avec Joseph Kabila et partagent sa volonté de rester au pouvoir. Au Kasaï comme au Katanga, les civils craignent aussi la mise en liberté du redoutable chef de guerre Gédéon, chef d’une autre milice, les Bakata Katanga, qui s’illustrèrent par des massacres dans le Nord Katanga et, à toutes fins utiles, l’Angola a fermé sa frontière avec son dangereux voisin.

En fait, comme une peau de chagrin, les sites où sévit la violence se multiplient à travers le pays et les accusations croisées se multiplient.

C’est au Kasaï, au centre du pays, que la violence est aujourd’hui la plus spectaculaire. Le début de l’explosion date de 2016 : à la suite du décès du chef traditionnel, son fils Jean- Pierre Pandi revendiqua sa succession au titre de « Kamwina Nsapu ». Kinshasa ayant refusé de reconnaître son autorité, il créa une milice, aussitôt réprimée par les forces gouvernementales. Malgré la mort du nouveau Kamwina Nsapu, en août dernier, dans des circonstances mystérieuses, la violence n’a fait que croître : 23 fosses communes ont déjà été dénombrés, le chiffre de 2500 morts est cité, 39 policiers ont été retrouvés décapités, les corps de deux experts de l’ONU, Michaël Sharp et Zaida Catalan, ont été découverts, eux aussi décapités. Peut-être en savaient ils trop ? Michaël Sharp était reconnu comme un spécialiste des rebelles hutus FDLR auprès desquels il avait longtemps travaillé au Kivu.

Aurait il reconnu leurs méthodes ou discerné d’éventuelles complicités ? L’assassinat de ces deux experts onusiens marque aussi une rupture : les décapitations étaient jusqu’à présent inconnues au Kasaï et, comme partout dans le pays, les étrangers étaient généralement épargnés.

-Au Nord Kivu, la violence est endémique depuis vingt ans mais elle prend ici aussi de nouvelles tournures : des tensions mettent aux prises les populations locales, les Nande et des Hutus, nés dans la province ou venus du Rwanda en 1994 mais toujours considérés comme des étrangers. De part et d’autre des milices ont été créées, les Nyatura pour soutenir les Hutus, les Mai Mai Mazembe du côté des Nande.

En outre, les rebelles du M23, des Tutsis naguère soutenus par le Rwanda puis réfugiés en Ouganda après leur défaite de 2012, ont repris du service : quittant leur camp de réfugiés, 1300 d’entre eux se sont rapprochés de la frontière et, dans le parc des Virunga, un de leurs groupes a réussi à abattre un hélicoptère de l’armée. Autour de Rutshuru et dans la région du Masisi, les affrontements se multiplient entre ces rebelles tutsis et l’armée congolaise.

Dans le « Grand Nord » du Nord Kivu, l’escalade se poursuit également : les massacres de civils se poursuivent autour de Beni et la prospère ville de Butembo a elle aussi été le théâtre de tueries. Si des réseaux islamistes ont été mis à jour à l’occasion d’un important procès qui s’est tenu à Beni, des complicités locales ont également été démontrées. En outre, une nouvelle milice, « Corps du Christ » est apparue dans la région. Cette secte collabore avec des leaders Mai Mai locaux et elle serait dirigée par Bwambale Kakolele, rentré en grâce auprès de Kinshasa et qui secondait naguère le rebelle tutsi Laurent Nkunda.

Dans la province du Tanganyika, des violences ont éclaté entre les Pygmées (Batwa), se plaignant de discriminations et les communautés Luba. Ici aussi des milices se sont

(9)

constituées de part et d’autre et des affrontements ont eu lieu dans les territoires de Kabalo, Kalemié, Nyunzu, provoquant de vastes déplacements de populations.

Dans le Bas Congo, malgré la répression, la secte Bundu Dia Kongo n’a pas renoncé aux actions violentes.

Se multipliant à travers tout le pays, ces « sales petites guerres » nourrissent les pires soupçons et raniment toutes les haines…

RDC: l'opposant Etienne Tshisekedi sera enterré au Kasaï Belga – le 03-04-17

"En fin de compte, nous nous sommes dits, au niveau de la famille et en conformité avec sa famille politique, l'UDPS (l'Union pour la Démocratie et le Progrès social, le principal parti d'opposition en République démocratique du Congo), que nous allons finalement mettre le cap sur le Kasaï", dans le centre du pays, a-t-il affirmé samedi sur le plateau de la radio Top Congo FM dont il était l'invité.

"Au moins là-bas, on ne pourra pas nous balader (sur) le lieu de sépulture", a ajouté Félix Tshisekedi, qui a succédé à son père comme l'un des dirigeants de l'opposition congolaise.

"Nous n'avons pas eu de réponse pour les endroits que nous avons proposés comme lieu de sépulture (à Kinshasa)", a-t-il poursuivi.

Le gouvernement de Kinshasa d'une part, la famille biologique d'Etienne Tshisekedi et l'UDPS d'autre part, se sont opposés durant des semaines sur le choix du lieu d'inhumation du vieil opposant, décédé le 1er février dernier à Bruxelles des suites d'une embolie pulmonaire.

Le gouvernement congolais avait exclu le 10 mars tout enterrement de la dépouille en dehors d'un cimetière - une exigence du parti du défunt qui souhaitait l'inhumer au siège de l'UDPS à Limete, dans la banlieue est de Kinshasa, après avoir refusé d'autres sites, dont le cimetière de la Gombe, en plein centre de la capitale de la RDC.

Selon Félix Tshisekedi, son père pourrait être enterré à Kabeya Kamwanga, son village natal situé près de Kananga, le chef-lieu de la province du Kasaï central.

"Cela dépendra. Vous savez que c'est assez agité ces derniers temps avec le problème des milices Kamwina Nsapu. Ce sera soit là ou au chef-lieu lui-même (de la province voisine du Kasaï oriental), c'est à dire Mbuji-Mayi", a ajouté M. Tshisekedi.

Une rébellion, se réclamant du chef coutumier Kamwina Nsapu tué dans une opération militaire en août, secoue depuis six mois quatre provinces du centre du pays (Kasaï central, Kasaï, Kasaï oriental et Lomami), causant la mort d'au moins 400 personnes

Interrogé sur la date possible des funérailles, M. Tshisekedi a répondu qu'"il faudrait poser la question aux autorités du pays et particulièrement au ministre de l'Intérieur (Emmanuel Shadari Ramazani), que j'ai personnellement interpellé" en marge des négociations - finalement conclues sur un échec - sur la mise en application d'un accord de partage du pouvoir jusq'aux prochaines élections signé le 31 décembre dernier entre la Majorité présidentielle (MP, soutenant l'action du président Joseph Kabila) et l'opposition.

"J'attends toujours le dénouement", a ajouté celui qui est devenu le président du Rassemblement des forces acquises au changements (ou "Rassop", une vaste coalition de partis d'opposition) et qui est pressenti comme un possible Premier ministre d'un gouvernement d'union nationale de transition.

Le corps de M. Thisekedi - surnommé tantôt le "Lider maximo", tantôt le "Sphinx de Limete", la commune de Kinshasa où il habitait et avait installé le siège de l'UDPS - est conservé depuis début février au funérarium d'Ixelles dans l'attente d'un accord sur le lieu de son inhumation et la date du rapatriement de la dépouille.

Congo: le calendrier de tous les dangers Colette Braeckman – Le Soir – le 3 avril 2017

La semaine de tous les dangers s’ouvre à Kinshasa : après que les évêques congolais aient jeté le gant, échouant à mettre en œuvre l’accord de partage du pouvoir conclu le 31 décembre dernier après d’âpres négociations entre la majorité présidentielle et le Rassemblement de l’opposition, c’est l’épreuve de force qui s’annonce. L’opposition a publié

(10)

le calendrier des actions prévues : ce lundi a été proclamé Journée Ville Morte et appel à été lancé à tous les citoyens pour qu’ils restent chez eux. Le début des vacances de Pâques devrait aider à la mise en œuvre de cette décision, au moins pour les écoliers et les enseignants.

Le 5 avril devrait être marqué par des arrêts de travail, des grèves à l’appel des syndicats et le 10 avril, tous les citoyens sont appelés à manifester pour exiger l‘application des accords organisant la co-gestion de la période intermédiaire précédant les élections, dont le tenue en 2017 encore est cependant de plus en plus improbable.

De son côté, le président Kabila, désormais privé des bons offices de la conférence épiscopale, a décidé de monter lui-même au créneau et il a entrepris de consulter personnellement toutes les parties concernées. Des émissaires « informels » ont tenté de baliser le terrain sur les deux points qui depuis trois mois font capoter toutes les discussions : la ,nomination du futur Premier ministre et celle du président du Conseil national de suivi de l’accord, un poste qui aurait du revenir à feu Etienne Tshisekedi. Le Rassemblement de l’opposition dirigé par Pierre Lumbi et Félix Tshisekedi, fils du défunt, redoutant un piège, a refusé de participer à de tels contacts.

En fait les grandes manœuvres de coulisse ont commencé : les émissaires de Kabila ont entrepris de débaucher certaines figures de l’opposition pour les amener à accepter un compromis et la menace d’une généralisation de la violence et de la répression pèse désormais sur plusieurs régions du pays.

Autre signe de blocage, du à l’intransigeance et à la volonté de récupération politique manifestée par toutes les parties en présence, le rapatriement de la dépouille d’Etienne Tshisekedi qui repose toujours dans un funérarium d’Ixelles. Faute d’accord entre les autorités de Kinshasa (qui redoutent des débordements à l’occasion de funérailles nationales) et la famille biologique du défunt, qui aurait souhaité que l’opposant soit inhumé à Limete, quartier général historique de l’UDPS, les proches, selon Félix Tshisekedi, auraient finalement décidé d’enterrer Etienne Tshisekedi dans sa province natale du Kasaï et plus précisément à Kabeya Kamwanga, près de Kananga. Cette solution là aussi risque de provoquer des remous : le Kasaï et plus précisément la région de Kananga compte des centaines de victimes et chaque jour apporte la révélation de nouveaux charniers où auraient été jetés les corps d’adeptes la secte Kamwina Nsapu ! L’émotion provoquée par cette violence là risque fort, dans les jours à venir, d’atténuer l‘impact de la protestation politique….

Les rêves de changement des jeunes du Congo… et d’ailleurs Colette Braeckman – Le Soir - le 3 avril 2017

Dans un Congo à la dérive, où les poches de violence se multiplient, où des actes de terreur pure comme les décapitations frappent même des experts de l’Onu, où la classe politique s’enfonce dans les compromis et les compromissions et où même l’Eglise catholique jette le gant, dans ce pays où la mauvaise gestion de l’économie n’est que la conséquence de politiques fondées sur la prédation, vers où se tourner pour déceler quelques signes d’espoir ? A quoi se raccrocher pour garder foi en l’avenir ?

Les chercheurs du Grip, au risque de passer pour des naïfs, ont voulu, malgré tout, parier sur l’avenir. S’inspirant des mouvements qui ont secoué le Sénégal et le Burkina Faso (Y’en a marre et le Balai citoyen) rappelant que dans d’autres pays d’Afrique noire aussi (Angola, Congo Brazzaville, Tchad…) des mouvements similaires sont apparus contestant les présidents à vie et les scrutins joués d’avance, ils ont consacré un livre à « une jeunesse africaine en quête de changement », ouvrage dans lequel l’évolution du Congo se taille la part du lion. Un livre résolument optimiste, même si l’emprise de ces divers mouvements est parfois surdimensionnée par rapport à d’autres pesanteurs et réalités…

Invités à Bruxelles, Floribert Anzuluni et Carbone Beni, animateurs de Filimbi (le sifflet en swahili) ont expliqué à quel point les luttes des jeunes de leur pays s’inscrivaient dans une vaste vague de fond qui secoue tout le continent et s’appuie sur des évolutions identiques

(11)

: « malgré la croissance économique, la fracture sociale se creuse et frappe surtout les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Condamnés au chômage, ils doivent choisir entre la poussée migratoire vers l’Europe ou la révolte. Ceux que l’on appelle parfois les « intellectuels oraux » sont des bloggeurs, des artistes, des communicateurs, des gens qui maîtrisent les réseaux sociaux, communiquent rapidement et efficacement, inventent des mots d’ordre, des slogans. Grâce aux progrès de la téléphonie mobile (11% de couverture au Sénégal, 80% au Burkina Faso…) leur capacité de mobilisation déconcerte les pouvoirs en place et leur permet de mener de véritables guérillas urbaines, fondées sur des actions ponctuelles, des messages simples et provocateurs. On se souvient qu’en décembre dernier, tout le Congo bruissait de slogans faciles à comprendre , « Kabila dégage » ou « Bye bye Kabila »… A la veille du 19 décembre, date de l’expiration du mandat présidentiel, c’est de justesse que le médiation menée par la conférence épiscopale réussit à conjurer une explosion que beaucoup jugeaient inévitable… ».

A la fin de l’année dernière, Filimbi très actif à Kinshasa et les capitales de province, et Lucha, (Lutte pour le changement) un mouvement né à Goma après la dernière attaque des rebelles du M23 en 2012, qui exprimaient la frustration de la jeunesse face aux compromissions de la classe politique, durent ajourner leurs rêves de changement démocratique et faire face à une répression accrue.

«On nous a qualifiés de terroristes, de subversifs » rappelle Floribert Anzuluni tandis que Carbone Beni confirme « nous évoluons dans un univers hostile aux revendications démocratiques et faisons face à une forte répression ».Durant 14 jours en effet Carbone fut emprisonné dans des conditions très dures au camp Tshatchi dont neuf passés dans une cellule souterraine pour avoir, comme beaucoup d’autres, simplement demandé au chef de l’Etat de respecter les termes de la Constitution et de ne pas prolonger son mandat…Toutes proportions gardées, le jeune militant a eu de la chance : en dépit des promesses de « décrispation » de nombreux prisonniers politiques, comme le défenseur des droits de l’homme Firmin Yangambi n’ont toujours pas retrouvé la liberté…

Malgré la mobilisation des jeunes Congolais qui, selon les deux activistes, demeure très réelle dans les principales villes du pays, les mouvements citoyens vivent des moments difficiles : « on nous reproche d’être des mouvements citadins, mais nous manquons de moyens matériels pour nous déployer dans les zones rurales » explique Floribert Anzuluni.

«Lorsque nous sommes arrêtés, la torture morale est permanente , nous sommes privés de nourriture, d’hygiène, interrogés sans relâche» rappelle Carbone Beni. Tous deux nient que leurs mouvements puissent être financés, sinon suscités par des forces extérieures :

« si Georges Soros nous donnait de l’argent je ne ne cacherais pas » ironise Anzuluni « nos exigences sont dictées par la situation intérieure du pays, non par l’étranger… » Ce qui n’empêche qu’à l’égard de ces mouvements citoyens la méfiance du pouvoir est maximale, ils sont considérés par le régime comme une sorte d’ « ennemi intérieur » d’autant plus subversif qu’il refuse l‘argent de la corruption. C’est pourquoi les stratégies du pouvoir évoluent : les mouvements citoyens sont désormais infiltrés, ou font face à des organisations concurrentes soutenues par les services de renseignement, quand ils ne sont pas trahis par une classe politique qui, toutes tendances confondues, ne recherche que la participation au pouvoir. « Cela va nous obliger à mieux contrôler nos membres, à les identifier, afin de déjouer d‘éventuels provocateurs » soupire Anzuluni.

Malgré le climat répressif, des messages simples se succèdent sur les réseaux sociaux : « il est temps », « ca suffit » ou encore «compte à rebours » et « carton jaune »… Pourquoi le respect du prescrit de la constitution et l’exigence du départ du président Kabila sont ils le principal thème de ces revendications de la jeunesse, n’y aurait il pas d’autres urgences

?

« Si nous nous focalisons sur l’alternance, c’est parce qu’il s’agit d‘une étape essentielle à la construction de la démocratie » explique Anzuluni, « la quinzaine de mouvements citoyens qui existent au Congo se trouvent sur la même ligne : tous nous établissons le

(12)

lien entre la mégestion économique, la prédation, le malaise social et la confiscation du pouvoir… »

Tous insistent sur le principe de la non violence : « même si on nous qualifie de naïfs, nous refusons toute perspective de lutte armée. Lors du renversement du président Mobutu et au cours des guerres qui ont suivi, on a trop vu où menait le recours à la violence… Des millions de morts, cela suffit…»

Pour Carbone , qui se prépare à rentrer au Congo en dépit des risques : «c’est sur place qu’il faut mobiliser, même si nous comptons sur le soutien de la diaspora. Nos mouvements s’inscrivent dans la continuité des luttes africaines, des combats menés dans notre pays à des époques différentes, lorsque Lumumba réclamait l’indépendance, lorsque les 13 parlementaires de l’UDPS réclamaient la fin du parti unique et défiaient Mobutu. Cette fois notre tour est venu de prendre des risques et nous souhaitons impliquer d’autres catégories de la population, les mamans maraîchères, les syndicats, les cadres d’entreprise… Il faut savoir que nombreux sont les jeunes cadres qui nous aident, nous financent discrètement.

Nous sommes toute une génération qui veut le changement, nous sommes là pour prendre des risques… Il nous faut aussi sensibiliser l’armée pour que, le moment venu, les soldats, à l’instar de ce qui s’est passé au Burkina Faso, refusent de tirer sur leurs frères… »

GRIP, Une jeunesse africaine en quête de changement, ouvrage collectif par Claire Kupper, Michel Luntumbue, Pierre Martinot, Boureïma Ouedraogo, Ndongo Samba Sylla, Morgane Wirtz

Jeunes entrepreneurs congolais récompensés Colette Braeckman – Le Soir - le 3 avril 2017

Oui, il est possible d’être jeune au Congo, de prendre des initiatives et de réussir économiquement sans se compromettre….

Lauréats du prix de la gouvernance d’entreprise en RDC, décerné par la Fondation Roi Baudouin, trois jeunes Congolais, purs produits de cette société en mutation, ont été invités en Belgique pour témoigner de leur parcours : Laurent et Fréderic Mukashirwa et Yvonne Kusuedusa. Les deux premiers ont créé en 2010 la société Jambo au départ d’une idée simple : au départ des fruits disponibles au Congo (mangues, goyaves, ananas, pamplemousses, oranges…)créer une gamme de jus de fruits naturels, commercialisés dans les marchés et supermarchés des grandes villes. Vendus à des prix abordables (c’est là tout le défi…) ces jus « nationaux » devraient à terme réduire la dépendance aux produits importés, ces « sucrés » venus d’ailleurs qui font l’ordinaire des Congolais. Avec un chiffre d’affaires de 750.000 dollars les perspectives sont bonnes, en dépit de la faiblesse du pouvoir d’achat local.

Quant à Yvonne Kusuedusa, cette pétulante femme d’affaires origoinaire du Bas Congo a eu l’idée, voici dix ans, de créer une société de services, « Pay Network », qui assure une sorte de secrétariat social pour les entreprises, se chargeant de la paie des travailleurs et veillant au respect des lois sociales et autres dispositions légales, souvent considérées comme un casse tête. Au fil du temps, « Pay Network », qui joue avec le « mobile banking

» (paiements via le téléphone portable…) et s’est assurée la collaboration de toutes les banques de la place, a appris à se battre avec les agents de l’Etat, à faire respecter à la fois la loi et les droits des travailleurs et 353 employés dépendent déjà de ses bons offices.

Yvonne Kusuedusa, qui a étudié à l’université protestante de Kinshasa est une dame de fer dans un tailleurs de velours : « je connais toutes les lois par cœur, et avec moi, aucune tentative d’extorsion, aucune manœuvre ne peut réussir, tous mes interlocuteurs ont fini par le comprendre… »

Sans nier la corruption du système, les trois jeunes entrepreneurs estiment qu’il y a moyen, malgré tout, de fonctionner dans le cadre de la loi, à condition de bien connaître les règles et de se montrer ferme.

(13)

Tous affrontent cependant des difficultés comparables : « le capital humain des jeunes Congolais est réel, le potentiel considérable car dans cette société s’opère une sorte de sélection naturelle, seuls les meilleurs l’emportent et deviennent des « guerriers » Mais les lacunes sont immenses à cause des insuffisances de l’enseignement qui a été brisé…C’est pourquoi de nombreuses entreprises repèrent les jeunes talents et leur fournissent une formation supplémentaire afin de combler les lacunes. Et cela marche : nombreux sont les jeunes qui s’accrochent, qui saisissent toutes les opportunités… »

« Quel travail… » soupire Frederic, « les jeunes se révèlent incapables de rédiger un CV, de formuler par écrit leurs projets, leurs désirs… » « C’est pour cela », précise Yvonne, « que la FEC (Fédération des entreprises du Congo) tente d’organiser des recyclages, des formations complémentaires… »

Pourquoi de telles carences dans l’enseignement ? Laurent explique : « à cause du manque de moyens, mais aussi parce qu’au moment des choix d’orientation, les plus faibles sont orientés vers… la pédagogie et formés pour devenir à leur tour des professeurs… »

L’énergie qui irradie la société congolaise donne cependant de l’espoir aux jeunes entrepreneurs, mais tous le reconnaissent : « ce qui manque c’est la tête : il faut quelqu’un qui remette le pays en marche, un chef qui ramène l’espoir… »

Les deux jeunes sociétés entendent bien grandir, dans un cadre congolais. Jambo, la société productrice de jus, emploie 20 travailleurs à temps plein, chez Yvonne les effectifs s’élèvent déjà à 134 employés, et tous en dépit de la crise, assurent que les perspectives sont bonnes : « dans notre pays, tout est encore possible, notre génération n’a pas droit à l’erreur… »

Kinshasa: l'appel à la journée ville morte largement suivi AFP – le 04.04.2017,

Le mouvement de grève générale lancé par l'opposition a été largement observé lundi dans plusieurs villes de la République démocratique du Congo, le jour où le président Joseph Kabila consultait la classe politique pour sortir le pays de la crise née de son maintien au pouvoir.

La vie tournait au ralenti à Kinshasa et dans les villes de Lubumbashi, Goma (est), Mbuji- Mayi et Kananga (centre) alors que les activités ont fonctionné normalement à Kisangani (nord-est) et à Mbandaka (nord-ouest), selon plusieurs habitants.

Le "Rassemblement" de l'opposition avait appelé les Congolais à observer une "journée ville morte" pour exiger de M. Kabila - dont le mandat a échu le 20 décembre 2016 - l'application de l'accord de cogestion du pays signé le 31 décembre entre le pouvoir et l'opposition.

Ce compromis prévoit le maintien au pouvoir de M. Kabila jusqu'à l'entrée en fonction d'un successeur devant être élu lors d'une présidentielle censée avoir lieu avant fin 2017. Il prévoit aussi la formation d'un gouvernement dirigé par un membre du "Rassemblement", coalition constituée en juin 2016 autour d’Étienne Tshisekedi, opposant historique congolais depuis décédé à Bruxelles le 1er février à 84 ans.

"Nous avons respecté le mot d'ordre de ville morte parce que nous souffrons beaucoup.

Qu'il (le président Kabila) quitte le pouvoir, il a fini son mandat, nous ne voulons plus de lui", a assuré à l'AFP Mamie Biamba, une habitante de Kingasani, bouillant quartier populaire de l'est de Kinshasa.

Dans l'après-midi, commerces et stations service étaient toujours fermés, les moyens de transports en commun étaient rares tandis que les arrêts de bus étaient déserts.

Des policiers, moins nombreux que lors des manifestations d'opposition de septembre et décembre, étaient postés à des points stratégiques de la capitale.

Les activités ont tourné "très timidement" en province

Même ambiance à Lubumbashi, dans le sud-est du pays, où des témoins assuraient à l'AFP que les activités étaient quasiment à l'arrêt. "La banque tourne au ralenti", a déclaré un directeur d'une banque qui a ajouté avoir enregistré quelques absents parmi ses agents.

"Un magasin sur cinq a ouvert", a témoigné un habitant.

(14)

-'C'est une réussite'-

A Goma, capitale du Nord-Kivu dans l'est, des activités tournaient "très timidement", a constaté le correspondant de l'AFP.

A Kananga, capitale du Kasaï central, une région en proie à une rébellion qui a fait plus de 400 morts depuis septembre, "toutes les banques, les marchés, les magasins et les sociétés de télécommunication sont fermés. Tous les bureaux de l'administration publique n'ont pas ouverts, sauf celui du gouverneur de province", a témoigné un journaliste local.

Vers 6h30, des vendeuses de patates douces et autres produits agricoles étalaient leurs marchandises dans un marché de Kingasani. Au marché Gambela, dans le centre de Kinshasa, des "chailleurs" (vendeurs à la criée) se déployaient à la recherche des rares clients.

"Nous n'avons rien à faire avec des mots d'ordre des politiciens de tous les bords. Notre problème c'est de trouver de quoi nourrir nos enfants, les envoyer à l'école. La vie est devenue intenable pour nous le petit peuple tandis que eux (politiciens) vivent aisément", s'enflammait Albertine Bulanga, vendeuse de maïs dans un marché de Kingasani.

Trois mois après la signature de l'accord de la Saint Sylvestre, le nouveau gouvernement n'est pas encore constitué, alors que le climat politique se tend de jour en jour.

L'appel à la grève était considéré comme un test de l'opposition après la mort de M.

Tshisekedi, président de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). "C'est une réussite parce que la population a répondu favorablement à notre appel. Il n'y a pas eu d'activités sur toute l'étendue du pays", a déclaré à l'AFP Augustin Kabuya, porte-parole de l'UDPS. "La population est avec nous".

"La journée a été troublée mais elle est restée ouverte (...) il y a eu quelques perturbations le matin", a dit Célestin Tunda, un des porte-paroles de la majorité. L'absence des élèves, qui sont en congé de Pâques, a accentué l'impression de "ville morte" à Kinshasa.

Selon la présidence congolaise, M. Kabila a engagé lundi et pour deux jours des consultations de la classe politique en vue d'une sortie de crise.

Journée ville morte et consultations politiques en RDC Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 4 avril 2017

Aprèsl’échec des négociations pour faire appliquer l’accord du 31 décembre, la balle est désormais dans le campdu chef de l’Etat qui entame des consultations politiques, alors que l’opposition lance une longue semaine de mobilisation populaire

La capitale congolaise tournait au ralenti ce lundi. L’opposition avait lancé une opération ville morte pour dénoncer l’échec des négociations politiques censées régler la période de transition jusqu’aux élections, et demander l’application de l’accord du 31 décembre toujours au point mort. A Kinshasa, le centre-ville était anormalement calme ce lundi matin. Absence d’embouteillages, commerces et stations services fermés, grandes artères désertent… la grouillante mégapole avait des faux airs de ville de province. Car c’est à Kinshasa que le mot d’ordre de l’opposition a été le plus suivi. Idem à Lubumbashi, le fief de l’opposant Moïse Katumbi, où de nombreux commerces avaient baissé le rideau sans toutefois complètement paralyser la capitale katangaise.

Journée ville morte diversement suivie

Dans l’Est du pays, à Goma ou Bukavu, l’activité était « quasi-normale » selon des témoins.

Tout comme à l’Ouest de la République démocratique du Congo (RDC), qui a semblé ignorer l’appel de l’opposition. Dans les Kasaï, provinces acquises à l’opposition et où l’insécurité règne depuis la mort en août 2016 du chef traditionnel Kamuina Nsapu, la population est majoritairement restée à la maison, « par peur des violences, mais aussi pour protester contre le blocage politique organisé par Joseph Kabila » raconte un témoin joint au téléphone par Afrikarabia.

Crise politique… et économique

En deux ans de crise politique, les opérations ville morte lancées par l’opposition n’ont jamais vraiment rencontré le succès escompté. Et surtout, elles n’ont jamais duré plus d’une journée. En cause notamment, la profonde crise économique qui secoue le pays et qui vient se rajouter à la crise politique. Il devient de plus en plus difficile pour les Congolais

(15)

de rester chez soi et de ne pas travailler, alors que plus de 70% de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Mais l’opposition espère que cette journée sera le début d’une longue série de mobilisation populaire prévue cette semaine, avec un appel à la grève générale des syndicats et surtout une « marche » de protestation de l’UDPS fixée le 10 avril.

Kabila pompier pyromane

Du côté politique, l’ironie du sort veut que l’échec des négociations sur le partage du pouvoir a remis en selle le président Joseph Kabila, toujours accusé par l’opposition de vouloir s’accrocher au pouvoir alors que son dernier mandat a expiré depuis le 19 décembre 2016. Principal responsable de la crise politique en RDC après le report contesté des élections présidentielle et législatives de décembre 2016, le président congolais se retrouve aujourd’hui en première ligne. L’échec de la médiation des évêques congolais pour trouver un consensus sur le mode de désignation du nouveau Premier ministre et du président du Conseil national de suivi de l’accord du 31 décembre, repositionne Joseph Kabila au coeur des négociations entre majorité et opposition. Et ce sont d’ailleurs les évêques de la Conférence épiscopale qui ont fini par demander au président Joseph Kabila de « s’impliquer davantage dans le processus politique » et de prendre ses responsabilités.

Difficile pourtant d’attendre de celui qui a désorganisé sciemment le processus électoral pour se maintenir au pouvoir, de trouver une sortie de crise.

Kabila à la manœuvre

Joseph Kabila reprend donc la main après la signature de l’accord politique de la Saint- Sylvestre qui lui était peu favorable. Car en trois mois de dialogue sans fin, le camp présidentiel s’est évertué à rendre l’accord du 31 décembre caduque, grandement aidé par le décès brutal de l’opposant Etienne Tshisekedi en février et les guerres internes au sein de l’opposition. Alors, depuis lundi, Joseph Kabila consulte. Avec un objectif : affaiblir un peu plus l’opposition. Pour la Primature, qui était censé revenir à Félix Tshisekedi, Joseph Kabila a exigé la présentation de trois noms pour pouvoir choisir le nouveau chef de l’exécutif. Le président congolais ne semble en effet pas disposé à laisser le poste de Premier ministre au fils d’Etienne Tshisekedi. Le chef de l’Etat pourrait se tourner vers des opposants moins exposés comme l’ex-UDPS Bruno Tshibala, le frère de Moïse Katumbi, Raphaël Katebe Katoto ou encore le dissident du Rassemblement, Joseph Olenghankoy.

La chasse aux postes est ouverte

Si Joseph Kabila ne souhaite pas offrir la Primature à Félix Tshisekedi, il ne désire pas non plus voir son ancien conseiller à la sécurité, Pierre Lumbi, passé récemment dans l’opposition, devenir le nouveau président du Conseil national de suivi (CNSA). Certes, le poste était censé être attribué à Etienne Tshisekedi, mais depuis la mort de l’opposant historique, le président congolais voudrait bien rediscuter le contenu de l’accord qui désignait le président du comité des sages du Rassemblement comme futur président du CNSA. Après la mort d’Etienne Tshisekedi, c’est en effet Pierre Lumbi, désormais proche de Moïse Katumbi, qui a été élu président du comité des sages. On s’achemine donc vers un nouveau round de négociations que certains appellent déjà « troisième dialogue ».

Joseph Kabila compte bien s’appuyer sur la disparition du Sphinx de Limete et l’affaiblissement de l’opposition pour rediscuter un nouveau compromis qui lui soit plus favorable à son maintien au pouvoir. Une stratégie d’autant plus facile à mettre en place que les politiciens congolais se bousculent au portillon pour se partager les postes, à l’image de Vital Kamerhe, le grand perdant du premier dialogue et qui se verrait bien prendre la tête du CNSA. Joseph Kabila n’aura donc pas de mal à choisir les meilleurs prétendants pour diviser un peu plus l’opposition congolaise.

Abbé Donatien Nshole : "La Cenco a pris ses responsabilités"

Propos recueillis à Kinshasa par Arthur MALU-MALU - Le Point Afrique le 04/04/2017 ENTRETIEN. Inquiet, l'épiscopat catholique, médiateur dans les pourparlers de sortie de crise en RD Congo, fait le constat de l'impasse politique.

(16)

Timide circulation automobile, commerces fermés, atmosphère de dimanche matin, présence policière renforcée par endroits, etc. Le centre de Kinshasa faisait grise mine en ce début de semaine, suite à l'appel de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) à une « ville morte », en protestation contre l'échec des pourparlers entre la majorité présidentielle et l'opposition, réunie, pour l'essentiel, au sein du Rassemblement.

À travers la Conférence épiscopale du Congo (Cenco), l'Église catholique, institution respectée en RDC, s'est impliquée dans la recherche d'un accord devant permettre au pays d'organiser, dans un climat apaisé, les élections prévues à la fin de l'année. Mais l'accord, conclu le 31 décembre 2017, à l'issue de plusieurs semaines de laborieuses négociations, tarde à être exécuté. Le diable est dans les détails : « l'arrangement particulier » censé définir, étape par étape, la mise en œuvre de ce compromis n'a pas été finalisé. Les uns et les autres campent sur leurs positions. Face à cette situation, la Cenco a mis un terme à sa médiation. L'abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la Cenco et porte-parole des évêques, était au cœur de ce dispositif. Il s'exprime ici sur ce blocage qui inquiète des millions de Congolais et fait monter la tension dans le pays. AMM

Le Point Afrique : Quel est le bilan de la médiation de la Cenco qui a échoué à faire aboutir l'arrangement particulier ?

Abbé Donatien Nshole : Échec ? Hum… Oui et non. L'accord a été signé et pour ce qui est de l'arrangement particulier, beaucoup de choses sont acquises. L'échec, si échec il y a, concerne les deux points de divergences pour lesquels les principes sont déjà acquis dans l'accord. Par rapport à cela, on a constaté l'intransigeance de chacune des parties. Et la mission de la Cenco n'étant pas l'arbitrage, encore moins de dicter un accord, elle ne pouvait faire mieux que de proposer des solutions médianes. Il suffit que les uns et les autres soient un peu plus responsables pour que l'on boucle tout. La Cenco a pris ses responsabilités et fait des propositions concrètes. Elle aurait sûrement échoué si elle s'était contentée de constater les divergences. Elle a fait plus que cela, mais elle n'a pas été écoutée.

Quels sont les deux points sur lesquels les discussions ont achoppé ?

Le point le plus important du blocage est le mode de désignation du Premier ministre. La majorité présidentielle accepte le principe que le Premier ministre soit présenté par le Rassemblement, mais sur la base d'une liste d'au moins trois personnes. À l'inverse, pour le Rassemblement, il n'est pas question de proposer le nom de plus d'une personne pour ce poste, parce que c'est le Rassemblement qui désigne le Premier ministre. À un moment donné, un évêque a évoqué la pratique de l'Église. En effet, pour la nomination des évêques, le Saint-Siège demande aux diocèses une liste d'au moins trois personnes, selon l'ordre de préséance. On pensait que cette pratique pourrait inspirer la classe politique, mais le Rassemblement considère que tout recours à une telle solution s'écarterait de l'accord du 31 décembre. Le Rassemblement exploite l'article qui dit que le Premier ministre est présenté par le Rassemblement, alors que la majorité présidentielle exploite un autre article du même texte qui dit que le mode de désignation du Premier ministre doit faire l'objet de négociations dans l'arrangement particulier. Chaque camp a une position tranchée et en fait une ligne rouge. La médiation a fait une proposition médiane, selon laquelle le Premier ministre est nommé par le président de la République, au terme de consultations avec le Rassemblement. Cette formulation a l'avantage de départager les deux camps.

L'accord du 31 décembre est victime de ses propres contradictions…

Je ne vois pas de contradictions. Plusieurs Églises se disent chrétiennes et défendent la Bible. Mais chacune d'elles fait une lecture de la Bible selon sa propre idéologie. Cela ne veut pas dire que la Bible est contradictoire. En réalité, chacun tire la couverture de son côté. C'est juste une question à la fois d'interprétation et d'intérêt.

Serait-il envisageable de faire machine arrière pour rentrer dans le schéma de l'accord conclu en octobre sous la houlette d'Edem Kodjo, qui a assuré la « facilitation » au nom de l'Union africaine ?

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

Sur demande du gouvernement de la République démocratique du Congo, prenant en compte l’insistance de l’administration Trump de réduire sensiblement le budget

Alors que le dernier mandat constitutionnel du président Joseph Kabila est venu à échéance en décembre dernier, l’Accord de la Saint-Sylvestre, le 31 décembre 2016, le

Huit hauts responsables de l’appareil sécuritaire de République démocratique du Congo (RDC) et un ex-rebelle ont été sanctionnés par l’Union européenne (UE) pour leur rôle

2° - Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas

Celle-ci fixe certains délais : les élections devraient être convoquées dans quelques jours, se tenir en novembre, et désigner alors un successeur à qui JKK passera la main le

Longtemps hostile à tout dialogue avec Joseph Kabila, qu’il connaît bien pour avoir été son directeur de campagne, l’ancien président de l’Assemblée nationale a modifié sa

Trente-six civils ont, selon un bilan officiel, été tués dans la nuit de samedi à dimanche à Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo, provoquant la colère

S’il n’a jamais montré la moindre considération pour les autres leaders de l’opposition comme pour les diplomates qui se sont succédé à Kinshasa, ce qui l’a privé