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15-08-15/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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15-08-15/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) L’actualité est terne ce dernier temps en République démocratique du Congo. Les journaux concentrent leurs articles sur l’analyse du dialogue politique qui pointe à l’horizon.

Dialogue

« Dialogue politique : Tshisekedi, la dernière carte de Kabila », titre à la Une Le Potentiel.

D’après lui, en République démocratique du Congo, le processus électoral avance cahin- caha, au gré des humeurs des politiques qui ont fini par inféoder la Ceni. La publication le 12 février 2015, du calendrier global, souligne-t-il, n’a pas amené la quiétude attendue. A l’en croire, plus que jamais un compromis est indispensable pour rassurer tout le monde.

Le journal fait remarquer par ailleurs que, « le dialogue politique amorcé par le Chef de l’Etat, parait comme la voie idéale pour un processus apaisé ». Mais cependant se pose la question de savoir ce que vaudrait donc cette rencontre sans Etienne Tshisekedi, lider maximo de l’Udps voire de l’opposition. Somme toute, le journal conclut que Tshitshi passe pour la dernière carte dont Kabila a besoin pour réussir son pari.

(En son temps ETwM a déjà été la « dernière carte » de Mobutu et cela ne lui a pas spécialement réussi ! De toute manière, si JKK prétendait jouer cette « dernière carte », il faudrait pour cela qu’il accepte une médiation internationale, avec le risque de voir surgir le contentieux électoral du passé. Il serait étonnant de voir JKK, généralement prudent et même pusillanime, prendre un tel risque. Quant à Tshisekedi, il ne peut pas accepter un

« dialogue » sans médiation internationale ou avec une médiation de carnaval, comme celle de Sassou Nguesso au moment des « concertations ». Ce serait un suicide politique.

Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.

Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus1. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Malumalu, principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, a été remis à la Présidence de la CENI, ce qui promet encore de beaux jours à l’avenir pour les fraudeurs ! NdlR)

Divers

« Loi sur la répartition des sièges : Clément Kanku saisit la Cour constitutionnelle », écrit

1Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs malgré cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2013 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après un délai de trois ans seulement, anormalement court pour ce genre d’affaires

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L’Objectif. En effet, ce bihebdomadaire renseigne que le président du Mouvement pour le renouveau, Clément Kanku, fustige le vote par le sénat de la loi sur la répartition des sièges, lors de sa seconde session extraordinaire. Il a déposé jeudi 13 août dernier sa plainte à la Cour constitutionnelle pour l’annulation du vote de cette loi à la Chambre haute du Parlement.

Le Bulletin de l’ACP annonce « Un salon économique des jeunes entrepreneurs prévu le 15 septembre à Kinshasa ».

C’est l’organisme spécialisé dans la promotion des jeunes en RDC « Noriase Group » qui organise les 15 et 16 septembre prochain à Kinshasa un salon économique des jeunes entrepreneurs congolais, en vue de faire la promotion de l’entrepreneuriat auprès de cette frange de la population, indique un document de ce groupe remis vendredi à l’ACP. Selon cette source, ce salon permettra de créer un débat entre les jeunes entrepreneurs et les institutions bancaires pour l’octroi des crédits et de constituer un lobby auprès de gouvernants, afin de veiller à l’application des recommandations qui seront issues de ce salon et d’encourager la création des tontines et des coopératives entre les entrepreneurs, ajoute le document.

Presse et documents étrangers

Les incroyables révélations de Mediapart sur Jeune Afrique Times (Gabon), RAL (Sénégal), Direct.cd (RDC) – 06 08 15

Dans un violent article intitulé «Jeune Afrique: Racisme, chantages, escroquerie, mercenariat, rackets…perquisitions d’une maison close… », Médiapart, reconnu pour ses enquêtes pointues et ses publications explosives, fait des révélations inouïes sur Jeune Afrique (JA). Françafrique, Tyrannie, Mépris, corruption, colonisation, endoctrinement, Médiapart dit absolument tout au sujet du groupe de presse conduit par Béchir Ben Yahmed (BBY) depuis plus d’un demi-siècle, en prenant les cas du Cameroun, du Gabon, su Sénégal, du Tchad et de la Mauritanie.

Le journal en ligne s’est d’abord interrogé sur l’apport de JA sur le continent africain. Pour lui, JA s’est enrichi sur le dos des Africains en s’alignant toujours sur les positions françaises: «Les violons s’accordaient régulièrement entre BBY et Jacques Foccart qui révéla dans ses mémoires qu’il avait un rituel d’un dîner par mois avec le propriétaire de J.A» et même que Jacques Foccart avait désigné BBY comme son légataire testamentaire universel. Que peut-on donc attendre d’un héritier légal de Jacques Foccart? J.A fait clairement partie intégrante des réseaux Foccart avec la mission de salir, d’insulter les dirigeants et chefs d’Etat de la seule Afrique Noire.

Depuis sa création, J.A n’a jamais traité un chef d’Etat Arabe de dictateur, de tueur, et pourtant tout le monde peut faire son constat sur la réalité des pays arabes. J.A est la manifestation de la haine et de la soumission des seuls Africains noirs à la France. En dehors des opérations de chantage à l’encontre des chef d’Etat africains, s’ajoute l’escroquerie qui fait que ce journal soit vendu deux fois. Chaque impression est d’abord présenté au chef d’Etat ou homme politique concerné avant d’être mis en kiosque. C’est ainsi qu’il permet de maintenir en négociation et mettre la pression sur les dirigeants noirs africains.

Au Cameroun, un contrat pour la somme de 650 millions de FCFA à verser chaque année permet au régime de Paul Biya de bénéficier d’un traitement de faveur. Cette somme a été payée pendant 4 ans. Après le refus du Président camerounais de payer, J.A a pondu un dossier pour zapper et critiquer Paul BIYA.

Au Sénégal, de vives tensions avaient opposé le régime de Diouf à BBY au sujet de la couverture de la crise qui a opposé le Sénégal à la Mauritanie en 1989. Les premiers papiers

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de J.A étaient une véritable lapidation médiatique du régime de Diouf. L’élite sénégalaise avait bien compris que BBY avait choisi le camp de ses frères arabes. Le régime de Diouf paniqua et envoya une délégation pour négocier à coups de millions de FCFA.

Le cas du Tchad peut se résumer à la personne du Président Habré, à son combat contre Khadafi et à la position de BBY. La façon dont BBY, un vieillard de 83 ans s’occupe personnellement, avec une haine féroce, à démolir l’image d’Hissein Habré (HH), a poussé ses propres collaborateurs noirs africains à s’interroger sur cette attitude raciste.

Au Rwanda, pendant longtemps, le régime de Juvenal Habiarimana a signé d’importants contrats publicitaires, J.A a fait des affaires en or avec les auteurs du génocide. Désormais, on fait la cour à Kagamé, signature d’un contrat de 350 000 dollars, François Soudan exalte Paul Kagamé, désormais décrit comme ayant fait de son pays un paradis sécuritaire etc.

Le Gabon d’Ali Bongo Ondimba a refusé d’assurer les fins du mois de l’hebdomadaire qui selon certains, le faisait sous Omar Bongo. Aujourd’hui, ce pays est sous la menace et les critiques de ce grand business qui a fait sa fortune dans l’intimidation, l’escroquerie, le racisme et la haine. Pour Médiapart, J.A reste un excellent outil d’endoctrinement des populations noires africaines au service de la France en Afrique (Françafrique) et qui a pour seule loi: «obéir ou mourir».

Au Congo Brazzaville, Denis Sassou Nguesso demeure encore le plus grand pourvoyeur de fonds de Jeune Afrique en lui versant des centaines de millions d’euros pour bénéficier d’une bonne propagande. François Soudan qui est marié à l’une des nièces du chef de l’Etat congolais est chargé de jouer le relais. Dans sa dernier parution, ce magazine tacle sur sa pochette plusieurs chefs d’Etats africains âgés, mais épargne le dictateur congolais dont tout le monde connait son degré de népotisme.

Dans un pays où plus de 70% de la population est défavorable au pouvoir, François Soudan et jeune Afrique s’efforcent à publier le contraire frisant même le ridicule dans une publication affirmant que Brazzaville disposait d’un service de voiries. La misère des congolais n’est jamais étalée, ni moins le caractère répressif du régime de Brazzaville/François Soudan n’y voit que du positif chez Sassou le dictateur.

Qui ne se souvient pas de cette déclaration de l’ex chef de la junte guinéenne Dadis Camara dans laquelle il fustigeait le chantage dont il était victime de Jeune Afrique lui réclamant 500.000 euros pour son « lavage d’image ». Une vraie machine d’extorsion de fonds de ces ripoux installés à Paris. Quand un vieillard arabe(BBY) et un vieux porc (François Soudan) s’unissent avec quelques nègres pour à leur tour voler l’Afrique via leurs dirigeants.

Des milices ethniques attaquent des civils au Katanga.

Ida Sawier – HRW - 11 08 152

Des dizaines de « Pygmées » ont été tués dans un camp après des raids meurtriers contre les Lubas

(Kinshasa, le 11 août 2015) – Les meurtres et le déplacement généralisés de civils par des milices ethniques dans le nord du Katanga, au sud-est de la République démocratique du Congo, montrent la nécessité pour le gouvernement de protéger les civils de toute urgence,

2https://www.hrw.org/fr/news/2015/08/10/rd-congo-des-milices-ethniques-attaquent-des-civils-au-katanga

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a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. Le gouvernement devrait prendre des mesures pour combattre l’origine des violences dans la région.

Human Rights Watch a mené des entretiens auprès de survivants de l’un des pires incidents récents, le 30 avril 2015, lorsque des combattants appartenant à l’ethnie Luba ont attaqué un camp de personnes déplacées près de la ville de Nyunzu. Les assaillants ont réduit le camp en cendres et tué au moins 30 hommes, femmes et enfants appartenant à la communauté marginalisée Batwa, dite « Pygmée », à coups de machette, de flèches et de hache. Des dizaines d’autres personnes sont portées disparues et il est à craindre qu’elles soient mortes.

« Les luttes interethniques dans le nord du Katanga ont un coût terriblement élevé pour les civils », a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior sur l’Afrique à Human Rights Watch.

« Les autorités congolaises, avec le soutien de l’ONU, devraient améliorer la protection des civils, mener des enquêtes et des poursuites contre tous les individus responsables des atrocités, et répondre aux tensions intercommunautaires et discriminations qui semblent avoir déclenché les combats. »

Depuis que des combats à grande échelle ont éclaté en 2013 entre les membres de l’ethnie Luba et Batwa, les Nations Unies ont fait état de centaines de civils tués, de dizaines de villages incendiés et de dizaines de milliers de personnes déplacées contraintes de quitter leurs foyers.

Les combats au Katanga ont peu retenu l’attention nationale et internationale, et selon Human Rights Watch, le calvaire des communautés Batwas en RD Congo, des groupes indigènes qui sont depuis longtemps l’objet de discriminations de la part des autorités locales et d’autres communautés, est souvent ignoré.

Les conclusions de Human Rights Watch s’appuient sur deux missions de recherche effectuées dans des zones reculées du nord du Katanga et sur une recherche menée dans l’ancienne capitale du Katanga, Lubumbashi, entre mai et juillet 2015. Human Rights Watch a conduit des entretiens auprès de plus de 60 victimes, témoins, travailleurs humanitaires, activistes des droits humains, autorités locales et provinciales, membres de l’armée, de la police, des services de renseignement et des forces de maintien de la paix de l’ONU.

Les tensions latentes entre les Batwas et les Lubas au Katanga ont provoqué des combats violents durant la mi-2013 sur le territoire de Manono, à la suite des exigences Batwa quant au respect de leurs droits fondamentaux, notamment l'accès à la terre et la fin du travail forcé présumé ou d’une forme d'esclavage. Les deux communautés ont formé des milices plus ou moins organisées et les combats se sont propagés aux territoires de Kabalo, Kalemie, et dans le sud du territoire de Nyunzu.

En janvier 2015, plus de 3 500 familles fuyant la violence dans les territoires du sud de Nyunzu et de Manono se sont rassemblées à l'extérieur de la ville de Nyunzu. Le site, alors

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connu sous le nom de camp Vumilia 1, était principalement occupé de Batwas. Les Lubas qui avaient fui la violence ont quant à eux, en grande partie, cherché refuge dans des familles de la communauté environnante.

Au cours des premiers mois de 2015, les combattants Batwas appelés « Perci », armés d'arcs et de flèches, ainsi que de machettes, ont attaqué brutalement les Lubas dans le sud du territoire de Nyunzu et le nord du territoire de Manono, tuant et enlevant des civils, et incendiant des villages entiers. Un garçon Luba de 12 ans a déclaré à Human Rights Watch que des combattants Batwas avaient tué sept membres de sa famille lors d'une attaque lancée au début de l’année 2015.

Après que les nouvelles de ces attaques soient parvenues à la ville de Nyunzu, les combattants Lubas ont organisé une attaque contre les Batwas dans le camp Vumilia 1.

Les combattants Lubas, appelés « Éléments », étaient armés de machettes, de haches, d'arcs et de flèches, portaient des amulettes et d'autres symboles de sorcellerie, et auraient coupé les organes génitaux de certaines victimes.

« Les gens ont commencé à fuir sans savoir que les Éléments étaient partout dans le camp

», a expliqué une femme Batwa à Human Rights Watch. « Ils ont commencé à nous tirer dessus avec des flèches. Nous n’avions pas d’armes pour nous protéger. Ils nous ont massacrés. Ils ont tué tellement de Pygmées. Ils nous ont tués comme des animaux, comme des choses sans valeur. »

Tous les logements de fortune dans le camp ont été réduits en cendres, a constaté Human Rights Watch lors d'une visite effectuée au camp quelques semaines plus tard. Après l'attaque, les autorités ont déplacé plusieurs milliers de survivants dans une usine abandonnée appelée Cotanga, dans la ville de Nyunzu, à environ deux kilomètres de Vumilia 1. Le 3 mai, des combattants Lubas ont également attaqué le site de Cotanga, blessant au moins deux personnes Batwas.

Les Batwas n’ont pas pu quitter le site de Cotanga pour chercher leurs proches disparus depuis le 30 avril ou pour participer à des enterrements organisés par les travailleurs de la Croix-Rouge congolaise, de peur d'être la cible des milices Lubas encerclant le site. Au début du mois de mai, deux hommes Batwas qui avaient quitté le site de Cotanga pour visiter la ville de Nyunzu ont été blessés par des combattants Lubas.

Les autorités locales ont mis en garde les travailleurs humanitaires et les militants locaux des droits humains contre le fait de parler de l'attaque ou du nombre de personnes tuées.

Lors d'entretiens avec Human Rights Watch, des responsables de l'armée et du gouvernement local et provincial – dont beaucoup sont des Lubas – ont cherché à minimiser les meurtres de Vumilia 1. Sans étayer leurs affirmations, ils ont déclaré que le nombre de Batwas tués allait d’aucun à quatre.

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Dans les semaines qui ont suivi l'attaque, l'armée et la police congolaises ont envoyé des renforts pour accroître la sécurité autour de la ville. Le ministre de l'Intérieur de la province, Juvénal Kitungwa, a visité la région les 18 et 19 mai, accompagné de Martin Kobler, chef de la mission de maintien de la paix de l'ONU en RD Congo (MONUSCO). La mission avait déployé une vingtaine de soldats des forces de maintien de la paix dans la ville au début du mois d’avril. Après l’attaque, elle a envoyé une quarantaine de renforts supplémentaires, lesquels ont depuis été retirés.

Au début du mois de mai, les autorités ont arrêté trois Batwas, dont un chef de milice présumé, et un chef présumé de milice Luba. Aucun n'a été officiellement inculpé, et nous ne savons pas si les personnes arrêtées ont été effectivement impliquées dans les attaques.

Le 16 juillet, la province du Katanga a été divisée en quatre provinces dans le cadre du « découpage » : la subdivision des 11 anciennes provinces de la RD Congo en 26 provinces.

Le territoire de Nyunzu fait partie de la nouvelle province du Tanganyika, dans le nord du Katanga, une région isolée et sous-développée qui n'a pas bénéficié de la grande richesse en ressources du sud du Katanga, notamment en cuivre et en cobalt.

« Protéger les civils de toutes les communautés qui sont en grave danger doit être la priorité du gouvernement dans le nord du Katanga », a conclu Ida Sawyer. « Mais les problèmes sous-jacents à la violence ne seront pas résolus tant que les droits fondamentaux des Batwas, longtemps opprimés, ne seront pas respectés. »

Pour des informations sur la communauté Batwa au Katanga, des témoignages de victimes et témoins de l'attaque du camp Vumilia 1 et d'autres violences récentes dans le nord du Katanga, veuillez voir ci-dessous.

Pour consulter d’autres recherches de Human Rights Watch sur la République démocratique du Congo, veuillez suivre le lien:

https://www.hrw.org/fr/africa/democratic-republic-congo

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

À Washington, Ida Sawyer (anglais, français): +1-917-213-0939 (portable); ou +243-99- 86-75-565 (portable); or sawyeri@hrw.org. Twitter: @ida_sawyer.

À Londres, Anneke Van Woudenberg (anglais, français): +44-20-7618-4786; ou +44-771- 166-4960 (portable); ou woudena@hrw.org. Twitter: @woudena.

Témoignages de survivants à l’attaque contre le camp de Vumilia 1

Une agricultrice Batwa a expliqué à Human Rights Watch que les combattants Lubas avaient tué son mari et d’autres membres de sa famille :

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Mon mari est rentré [dans notre hutte] en disant : « Enfuis-toi ! Enfuis-toi ! Les Éléments veulent nous tuer. » Sans hésitation, j’ai pris mes deux enfants et nous avons pris la fuite en direction des champs. Mais les Éléments étaient déjà là. J’en ai vu trois. On ne pouvait pas voir leurs visages car ils étaient couverts d’amulettes. Ils ont suivi mon mari et l’ont attrapé. Je me suis cachée dans l’herbe avec mes deux enfants et j’ai vu depuis là comment ils ont assassiné mon mari. Ils lui ont tiré une flèche dans le côté du ventre et l’ont ensuite frappé à coups de hache à la tête. Ils lui ont coupé les organes génitaux et lui ont arraché la peau du ventre. Pendant qu’ils faisaient cela ils ont crié : « Vous les Pygmées, nous allons tous vous exterminer cette année. »

Le lendemain, la Croix-Rouge [congolaise] a commencé à enterrer les corps. J’ai vu le mari de ma nièce. Il avait des blessures à la tête et avait également été assassiné avec une hache. Sa fille a été tuée avec un couteau. Elle avait des blessures sur les côtes et au ventre. J’ai également vu les corps d’un autre de mes frères, de sa femme et de ses deux enfants.

Un homme Batwa a déclaré que la milice Luba a assassiné son frère dans la brousse après l’attaque contre le camp, le 30 avril :

Quand les Éléments sont venus mettre le feu au camp, mon frère et moi avons fui dans la brousse. Les Éléments nous ont vus et nous ont poursuivis. Nous nous sommes séparés et nous nous sommes cachés. Les Éléments ne m’ont pas vu mais ils ont vu mon frère. Je les ai entendus le tuer. Je n’étais pas loin de lui. Je l’ai entendu crier : « Pardonnez-moi ! Pardonnez-moi ! » Et ils lui ont répondu : « Tu croyais qu’on ne t’attraperait pas. Nous allons tous vous exterminer. »

Un homme Batwa qui a été blessé pendant l’attaque a expliqué qu’un Luba armé avait tué sa femme, ses deux fils et ses deux filles :

Avant que le camp ne soit attaqué, le chef du camp avait organisé une réunion. Je ne suis pas allé à la réunion car j’étais malade. Quelque temps après, j’ai entendu les gens courir.

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Mes enfants et ma femme sont aussi arrivés en courant et m’ont dit que les Éléments étaient dans le camp et qu’ils étaient en train de tuer des Pygmées. Alors nous sommes partis vers la brousse. Mais quand nous y sommes arrivés, nous nous sommes retrouvés nez à nez avec les Éléments. J’ai eu de la chance, mais j’y ai perdu toute ma famille. Ils ont tué ma femme et mes deux garçons – l’un d’eux avait à peine trois ans – et mes deux filles. Toutes ces personnes ont été tuées avec des flèches et des haches. J’ai moi aussi été blessé et j’ai perdu connaissance. J’ai appris plus tard que j’avais été amené à l’hôpital [de Nyunzu] et que j’y avais passé quatre jours.

Une femme Batwa a déclaré qu’elle avait peur de rechercher ses proches après l’attaque :

Je ne pouvais pas aller chercher leurs corps car j’avais peur d’être tuée par les Éléments.

Personne d’entre-nous ici ne peut sortir chercher quoi que ce soit à l’extérieur du site de [Cotanga]. Les Éléments peuvent vous attraper et vous tuer.

Témoignages de survivants aux attaques de la milice Batwa

Un garçon Luba de 12 ans a déclaré à Human Rights Watch que la milice Batwa avait assassiné sept membres de sa famille lors d’une attaque contre le village de Mutabi dans le sud du territoire de Nyunzu au début de l’année 2015 :

Les Pygmées ont dit que notre chef ne voulait pas qu’ils reçoivent de l’aide humanitaire alors ils prévoyaient de venir tous nous tuer. J’ai entendu des gens dire ça. Quand ils sont arrivés, ils nous ont trouvés dans notre village. Ils avaient des flèches et ont commencé à nous tirer dessus. Mon père a été tué par une flèche. Mon petit frère a été touché par une flèche au ventre et il est mort également. Les Pygmées ont pris mon plus jeune frère, ils l’ont frappé contre le sol et lui ont fracassé la tête. Ma sœur, qui était enceinte, a été tuée par des flèches reçues au cou et à la hanche. . Ma mère aussi a été tuée par une flèche.

Un autre de mes petits frères a également été tué par une flèche.

J’ai vu cela car je me cachais avec un autre de mes frères dans la maison. Ils nous ont dit qu’ils nous bruleraient dans cette maison. D’autres Pygmées nous surveillaient, mais nous avons essayé à tout prix de fuir et nous y sommes arrivés. Malheureusement, ils nous ont vus et nous ont tiré dessus avec des flèches. Mon frère a été touché à la main gauche et

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dans le dos. Nous avons continué de fuir et ils ont arrêté de nous poursuivre. Quand nous étions loin dans la forêt, j’ai porté mon frère sur le dos. Il a perdu beaucoup de sang. Je ne savais pas comment le soigner et il est mort quatre jours plus tard. .

Un homme Luba âgé a expliqué que l’une des membres de sa famille, une jeune mère de quatre enfants, a été tuée lors d’une attaque menée par des combattants Batwas à Makunu, un village au sud de Nyunzu, à la fin février :

Elle vivait avec sa famille dans la ville de Nyunzu après avoir fui les attaques des Pygmées.

Un jour, elle a dû retourner à son village pour récolter le maïs de son champ. Elle est partie avec deux de ses quatre enfants. Quand ils sont arrivés à la ferme, des Pygmées sont venus les attaquer. Les enfants ont réussi à fuir, mais leur mère a été attrapée et tuée.

Plus tard, quand nous avons trouvé son corps, elle n’avait plus de seins et ses organes génitaux avaient été coupés. Je faisais partie des personnes qui l’ont enterrée.

Un agriculteur Luba de 40 ans a expliqué que des combattants Batwas avaient attaqué sa famille alors qu’elle fuyait son village natal de Makusa, au sud du Nyunzu, le 28 février :

Nous avions commencé à quitter notre village, de peur que les Pygmées nous attaquent comme ils avaient attaqué d’autres villages. Je suis parti avec ma femme enceinte et mes deux enfants en direction de la ville de Nyunzu, où mes parents et quatre de mes enfants avaient déjà fui. Sur la route, dans la forêt de Ngoyi à Kakonko, nous nous sommes retrouvés face à deux Pygmées armés d’arcs et de flèches. Sans trop d’hésitation, l’un des deux a brandi sa flèche. Je lui ai demandé : « Pourquoi tu veux me tuer ? » Il a répondu :

« Tu dois mourir aujourd’hui. » Il m’a touché aux fesses avec la flèche et je suis tombé à terre. Ensuite ils ont poursuivi ma femme et mes enfants qui pleuraient, pensant que j’étais mort. Ils m’ont laissé là sans vérifier si j’étais vraiment mort. Depuis, je n’ai pas revu ma femme enceinte ni mes deux enfants et j’ai peur qu’ils aient tous été tués.

Menaces contre des travailleurs congolais de la Croix-Rouge et des militants des droits humains

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Cinq travailleurs de la santé, des dirigeants de la société civile et des militants des droits humains à Nyunzu ont indiqué à Human Rights Watch que les autorités leur avaient demandé de ne pas parler de l’attaque de Vumilia 1 ni du nombre de personnes tuées.

Un activiste des droits humains a déclaré :

Les autorités ne veulent pas que le nombre de personnes tuées soit révélé. Quand je recueillais des informations parmi les Pygmées, j’étais suivi par des agents de l’ANR [Agence nationale de renseignements], et ils m’ont interdit de continuer ce que je faisais.

J’ai abandonné pour sauver ma vie.

Un travailleur de la santé a expliqué :

Personne ne parle du nombre de morts et les autorités ne veulent entendre personne révéler le secret. Les Pygmées ne peuvent pas savoir qui est mort et qui n’est pas mort.

Depuis le jour où le camp [Vumilia 1] a été incendié, ils [les Batwas] ne peuvent pas quitter le site de Cotanga. Si quelqu’un osait sortir, il pourrait être attrapé par les Éléments et être assassiné. La Croix-Rouge [congolaise] et les autorités ne diront rien ou elles vous donneront un nombre très faible [de personnes tuées] car elles ne veulent pas se faire d’ennemis. Le nombre réel de morts est effrayant.

La communauté Batwa au Katanga

Les Batwas sont traditionnellement des chasseurs et des cueilleurs semi-nomades indigènes. Comme dans d’autres parties d’Afrique centrale, les Batwas et d’autres communautés « Pygmées » ont souffert de la discrimination et de l’exclusion systématique de la société. Pendant la période coloniale, les autorités belges considéraient les « Pygmées

» comme sous-humains. Des enfants ont été enlevés, présentés dans des zoos à l’étranger, voire même à Ils l’Exposition universelle de 1904 aux États-Unis.

Aujourd’hui, les Batwas au Katanga se voient refuser des conditions de travail équitables, ont peu ou pas d’accès à la terre et aux services de base, tels que la santé et l'éducation, et ne bénéficie d’aucune représentation politique. En raison de la déforestation, de

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l'exploitation forestière et de l’agriculture, le mode de vie traditionnel des Batwas au Katanga et ailleurs dans le pays est sérieusement menacé.

Certains responsables congolais reconnaissent que la lutte contre la discrimination sous- jacente envers les Batwas est essentielle pour mettre fin à la violence intercommunautaire.

Kitungwa, le ministre de l’Intérieur pour la province du Katanga, a expliqué à Human Rights Watch le 10 juillet :

Les Pygmées considéraient qu'ils vivaient une situation d'apartheid. Ce conflit ne prendra fin ni aujourd'hui ni demain. Il représente un mouvement pour l'émancipation d'un peuple.

Nous ne stopperons pas le mouvement, mais il doit être encadré. Une des solutions réside dans l'amélioration de l'accès à l'éducation et à la terre pour les Pygmées. Ils sont un peuple de nomades qui vivaient dans la brousse en tant que chasseurs, mais avec les changements de l'écosystème, ils ont commencé à s'installer dans les villages.

Actuellement, ils sont traités comme des sous-humains forcés de travailler pour les Lubas.

Nous devons trouver les moyens de briser le cycle de dépendance entre les colons et les colonisés, les personnes dominantes et les personnes dominées.

Veiller à ce que les droits fondamentaux des Batwas soient respectés est un objectif important, mais le gouvernement n'a pas mis en avant un plan clair et crédible pour mettre fin aux pratiques discriminatoires à leur encontre, a déclaré Human Rights Watch. Ceci sera encore plus difficile dans le climat politique tumultueux engendré par la subdivision du Katanga en juillet en quatre nouvelles provinces, dont la plupart ont des ressources et des infrastructures très limitées.

AIII #21: Repenser la réinsertion des anciens combattants pour construire la paix à l’Est de la RDC

Posted by ethuinon August 11, 2015 ·

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Repenser la réinsertion des anciens combattants pour construire la paix à l’Est de la RDC

Umbo Salama3 - 11/08/2015

Plusieurs organisations ont soutenu le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des anciens combattants. Avec des financements des organismes internationaux ou du gouvernement congolais, ce processus a connu trop des ratés. En Avril 2004, le gouvernement congolais a adopté le PN-DDR (Programme national pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion). Dans ce programme, la CONADER (Commission Nationale de Désarmement et de Réinsertion) a été créée comme institution nationale de la coordination du PN-DDR. Le processus DDR comportait les étapes clés suivantes : la collecte des armes et des munitions auprès de tous les combattants, la démobilisation volontaire des combattants, la sortie obligatoire de tous les enfants associés aux forces et groupes armés, le retour à la vie civile et la réinsertion économique et sociale des démobilisés.

Des milliers de gens, recrutés comme pouvant servir des soldats dans les différentes guerres qui ont secoué la RDC, beaucoup d’entre eux ont été démobilisés à travers la CONADER à partir de 2005 ; d’autres s’étant auto-démobilisés, avaient obtenu des différentes hiérarchies militaires des attestations individuelles des démobilisés. De son côté, le PAREC (Programme œcuménique de paix, transformation des conflits et de réconciliation (PAREC), à travers son programme « une arme contre 50 dollars » a permis de recueillir quelque centaine d’armes au Nord-Kivu,…

L’évolution sociale, laissé pour compte

3Umbo Salama est journaliste-reporter depuis 2006, il est basé en ville de Butembo, au Nord-Kivu, à l’Est de la RDC. Il est assistant en science de l’information et de la communication à l’ISEAB (Institut Supérieur Emmanuel d’Alzon de Butembo) depuis 2011 et blogueur depuis 2014 (www.groupearcenciel.over-blog.com).

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En dépit de ce qui a été entrepris, la RDC est encore minée par le phénomène des groupes armés résiduels, la circulation des armes, l’insécurité et le cycle de la guerre ne s’est pas arrêté et surtout à l’Est du pays. Des combattants quittent la brousse, reçoivent des kits de démobilisation (vélo, chèvre, kit de menuiserie ou de mécanique, de coiffure,…). Mais nombreux finissaient par reprendre le chemin de la brousse pour s’enrôler dans leurs anciens groupes armés. Pourquoi plusieurs démobilisés regagnent la brousse après l’acquisition des kits de démobilisation ? Cette question a toujours resté sans trop de réponses, pourtant la sortie des ex-combattants de la brousse pour intégrer la vie civile devrait être une des pistes vers la paix à l’Est de la RDC.

Je pense qu’on avait au début mal compris le vrai besoin de ces ex-combattants. Figurez- vous, ils quittent la brousse sans aucune idée d’un bien collectif. Ils ont aussi été habitués à l’acquis dans la facilité. Et donc, donner un vélo, une chèvre à un ex-combattant, il ne comprend pas bien quoi en faire. Il vend. Une fois l’argent terminé, il songe à son ancienne activité. « En fait, le temps d’encadrement était minime. Pour quelqu’un qui était déjà habitué à une vie de facilité, le convaincre qu’une chèvre ou un vélo,… peut aussi assurer sa survie plus que la vie en brousse au sein de groupe armé, n’était pas chose facile. Et surtout qu’il rendre dans une société où ses anciens amis ont leur propres motos, sont devenus des commerçants ou des agents dans des ONG,… Il fallait peut-être songer aux métiers qui peuvent permettre aux ex-combattants d’atteindre le standing de leurs anciens amis. Le voir rouler sur un vélo dans une société où la moto et la voiture constituent le rêve de tous les jeunes ; le voir devenir gardien des chèvres dans une ville où la vie commerciale préoccupe tout le monde, où d’autres sont devenus des cadres dans plusieurs services,… va lui sembler comme de l’humiliation », analyse Marie Lea Kaswera Wasukundi, psychologue et chef des travaux à l’UOR (Université Officielle de Ruwenzori).

Selon les données récoltées par le RHA (Réseau Hakina na Amani), une ONG basée en ITURI, le nombre des miliciens a été mal estimé au départ et il est resté encore plusieurs miliciens en brousse. « Car bien qu’ils aient signé les accords de désarmement, tous les chefs de guerre n’étaient pas acquis à la paix. On n’est donc pas parvenus à réduire la prolifération des armes. Certains groupes armés opérant dans la région sont restés hostiles au processus et se sont soustrait à la démobilisation », constate Wema Kennedy, journaliste basé en ville de Butembo, à l’Est de la RDC. Très peu d’armes ont été ainsi récupérées au cours de cette phase, en moyenne 20%, à en croire le prénommé Jacques, ancien agent de CONADER, qui était basé au camp de transit des démobilisés de Mangango, à 6 Km à l’Ouest de la ville de Beni. Les conditions de sécurité n’étant pas aussi totales, plusieurs ex-combattants qui voulaient désarmer avaient peur de se présenter car ils étaient menacés par leurs amis qui étaient contre le processus. Certains parmi ceux qui s’étaient démobilisés et qui avaient effectivement opté pour la réinsertion effective dans la communauté, n’ont pas aussi résisté. Démunis, ces ex-combattants vivent misérablement et sont prêts à rallier un chef « rebelle » qui solliciterait leurs concours et leur service4. Quelques-uns qui garderaient encore des armes, se livrent au vol à mains armées, à la coupure de route, et créent de l’insécurité dans leur contrée respective.

Certains ex-combattants et autres personnes impliquées dans ce programme, interrogés, ont émis des critiques à l’endroit du processus. Parmi les plus saillantes, ils ont retenu que les projets ont connu une faible participation des communautés locales qui n’avaient pas trop de connaissance sur ce programme ; l’éloignement des centres d’orientation décourageant ainsi certains combattants par crainte de traverser des localités qui leur étaient hostiles auparavant ; l’insuffisance, la corruption et le détournement d’une partie de “filet de sécurité” prévue aux ex. combattants ; le non respect d’engagement du Gouvernement congolais en ce qui concerne le financement de projets de réinsertion ;…

4 Témoignage d’un ex-combattant, recueillis ce Mercredi 8 Avril à Butembo. Cet ex-combattant, après sa démobilisation, sa famille a bon jugé le faire inscrire à l’université. Il lance ces phrases à tout temps qu’il se trouve sans argent de poche.

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La réinsertion des démobilisés n’a pas été donc bien menée. Ainsi, faute d’un appui en réinsertion, plusieurs démobilisés se sont résolus de rejoindre les groupes armés récalcitrants qui sont restés dans le maquis. Dans cette perspective, le journal Syfia Grands-Lacs, dans son 17ème numéro du 27 décembre 2012, avait écrit : « Rébellions, négociations, réintégrations, rébellions : un cercle vicieux ». Le comble est qu’il y a des démobilisés qui ont aussi regagné les FARDC (Forces armées de la République Démocratique du Congo). « Pourtant après la démobilisation on ne devrait pas retourner dans n’importe quelle force armée, y compris les FARDC », fait remarquer un ancien agent de CONADER.

Sortir du cercle vicieux

L’Aspect réinsertion sociale des ex-combattants dans la vie civile doit surtout mettre en place des mécanismes pragmatiques et efficients visant à une meilleure définition, orientation, coordination, surveillance et évaluation des projets ad hoc. Il s’agit notamment de fournir des incitants alléchants pouvant attirer les combattants, via des projets de réinsertion sociale communautaire durables de leur réinsertion à la vie sociale. Il ne s’agit pas de se limiter à leur remettre 100$ en échange des armes mais bien à les impliquer directement via des formations qualifiantes à être des moteurs de la reconstruction de leurs communautés locales en initiant des projets de développement communautaire à utilité sociale et publique, basés sur le développement durable dans leurs zones de vie respectives5.

Ancien directeur de la Caritas diocésaine à Butembo-Beni (une ONG qui intervient aussi dans la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants), Fabrice Maghulu lui pense qu’il faut leurs donner les possibilités de travailler ensemble, pour l’intérêt de la communauté. « A Caritas, nous avions soutenu un groupe des démobilisés associés. Ils sont à Ngadi (au Nord de la ville de Beni) et croyez-moi, ils ont réussi. En trois ans, ils ont acheté une parcelle, un moulin à huile de palmiste et même une camionnette. Parti d’une association, ils ont créé une micro société qui fonctionne, une preuve que s’ils sont associés, les démobilisés gèrent bien que quand ils sont chacun dans son petit coin. Même le cas de la ferme de Kitebya est très éloquent. Les démobilisés devenus sociétaires ont conscience de l’intérêt commun et agissent conséquemment pour que leur entreprise dure », affirme-t-il. Le témoignage similaire est celui d’Alexi Wasekayo, cordonnateur de l’ONG SOPREDU (qui intervenait aussi dans le programme de réinsertion des ex- combattants). Il soutient qu’on peut même associer à ses démobilisés des jeunes qui n’ont jamais été dans des forces armées, pour une harmonie sociale dans le lieu d’apprentissage et même sur le terrain. A cela il faut ajouter un accompagnement pérenne. « Depuis 2012 nous encadrons des démobilisés associés à d’autres jeunes dans des activités de coiffure, de meunier, de mécanique et menuiserie,… en ville de Butembo et en territoire de Lubero.

Aujourd’hui ils s’en sortent bien et nombreux témoignent qu’ils ne songent plus à retourner en brousse », explique-t-il.

Voilà ! Il faut des actions concomitantes : c’est-à-dire démobiliser et traquer les groupes armés si non, la sollicitation des groupes armés font que les démobilisés craquent. « Il va y avoir un nouveau processus de démobilisation, désarment et réinsertion des ex- combattants DDRR et cette fois je pense que le gouvernement va prendre en compte nos remarques : jamais laisser les ex combattants à la merci des prédateurs qui voient en eux une possibilité de relancer la création d’un groupe armé », pense-t-il.

Le schéma est donc simple. On fait appel aux anciens combattants, on les sensibilise à l’idée de quitter la brousse et on les aide à s’associer dans une activité où ils sentent tous

5Lire Jean-Jacques WONDO, La RDC peut s’inspirer des modèles de DDR du Libéria et de l’Angola en vue d’une armée professionnelle, mise en ligne depuis le 17 septembre 2013, sur http://desc-wondo.org/la-rdc-peut- sinspirer-des-modeles-de-ddr-du-liberia-et-de-langola-en-vue-dune-armee-professionnelle-jj-

wondo/#sthash.4kQC6bmG.dpuf.

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qu’ils travaillent comme pour une mutuelle où tout le monde travaille et a les mêmes droits.

S’ils travaillent en communauté, comme des associés, dans une même action collective, ils réussissent. Et c’est vraiment capital. Il faut éviter les erreurs du passé qui partent de la sélection des organisations qui doivent exécuter le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants en passant par les projets proposés et les actions à mener.

Vous savez, notre pays est plein d’opportunistes. On a vu des gens sans expériences de gestion de projet s’aventurer dans un domaine aussi complexe que la démobilisation.

Attention, il faut trouver des experts qui en savent quelque chose.

Donc démobiliser n’est pas une mince affaire. C’est un processus et qui demande donc que le projet soit solide, construit sur un idéal durable dans le temps et même dans l’espace.

Il ne suffit pas de donner à quelqu’un un poisson mais faut-il lui apprendre d’abord à pêcher. Or tout le monde n’est pas pêcheur de poisson. Pour apprendre à l’autre, il faut en avoir l’expérience à défaut de l’avoir été.

L’abandon des officiers congolais se poursuit pendant que Kabila suréquipe la Garde Républicaine

JJ Wondo Omanyundu - DESC-Wondo.org - 11 août 2015

« Ça ne va toujours pas M. Wondo au sein de notre armée », m’interpelle un officier congolais, dépité, muté dans une unité des FARDC, l’armée congolaise. « Comment une réforme de l’armée prônée par les officiers supérieurs et généraux qui ne se soucient de l’avenir du pays et de sa sécurité peut-elle être crédible lorsqu’on abandonne les troupes ? », renchérit-il.

Pour les officiers qui viennent de terminer leurs écoles d’application à Kitona et à Mbanza- Ngungu, faute de planifier et de prévoir la suite de leurs carrières par les fonctions de management, cela fait 45 jours depuis qu’ils ont terminé les formations, aucune date de la cérémonie de clôture n’est programmée. Ceux de l’infanterie qui ont terminé leur stage et qui sont affectés dans les zones de défense, n’ont pas encore reçu leurs fonds de ménage de 500 000 francs congolais. Ils ne disposent pas de moyens pour rejoindre leurs lieux d’affectation, ils déambulent dans toute la ville de Kinshasa. C’est le cas des 71 sous- lieutenants affectés en Ituri. 20 seulement ont accepté leur affectation et les autres sont réaffectés frauduleusement à l’état-major général de Kinshasa, grâce à l’intervention ou aux recommandations de leurs parents, oncles ou frères. Et l’officier de se poser la question : « Qui iront alors se battre sur le terrain à l’intérieur du pays ? »

« Tout le monde veut travailler avec son fils ou son frère qu’il avait envoyé suivre la formation à l’académie en Tanzanie. Ce qui se passe au sein des FARDC est purement de l’anarchie, chacun privilégié ‘ses petits’ d’abord au détriment de la sécurité du pays. En plus les gens qui gèrent l’état-major général de l’armée sont des affairistes. Ils font du business privé au lieu de se rendre au bureau pour traiter les problèmes liés à l’armée. En conséquence, cela occasionne les retards dans l’administration de notre armée, certains dossiers font plusieurs mois aucune solution par négligence dans l’exercice de leur fonction.

Même les formations vantées par l’EUSEC-RDC6 en vue de informatiser l’administration militaire congolaise pour la rendre optimale ne produiront aucun résultat concret. Cela n’intéresse pas les chefs ici qui voient dans cet appui un moyen de combattre leurs business ».

A ce propos, si avec une quarantaine de collaborateurs d’EUSEC-RDC, les résultats de cette mission ont été très mitigés, ce n’est pas avec une nouvelle mission plus réduite, débutée le 1er juillet 2015, pour une année, accompagnée d’un programme de développement sur

6Mission du Conseil et d’Assistance de l’Union Européenne en Matière de Réforme de secteur de la sécurité en République démocratique du Congo.

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six ans – PROGRESS7– qu’on atteindra des résultats spectaculaires. C’est de la poudre aux yeux car la volonté politique pour une bonne réforme de l’armée est quasi nulle chez Kabila et ses généraux. En effet, sans loi de programmation militaire attendue depuis 2012, avec un plan de réforme (2009) et sa feuille de route qui nécessitent une actualisation, à cela s’ajoute la corruption qui continue à avoir la peau dure au sein des FARDC, il ne faut pas en attendre des progrès réels dans cette nouvelle mission light de l’EUSEC-RDC, qui veut juste se donner un sentiment de bonne conscience. Mais au fond tout le monde sait que c’est un échec annoncé.

Concernant certains jeunes officiers, les premiers à être relativement bien formés sur le sol congolais depuis plus de 20 ans, à la suite de la pression internationale sur Kabila8, ceux qui ont échoué dans les écoles d’application travaillent déjà à l’état-major général des FARDC et obtiennent leurs primes régulièrement alors que leurs collègues qui ont réussi leur formation sont au combat aux environs de Beni au Nord-Kivu, sans RCA (Ration convertible en argent) ni prime. Ils sont d’ailleurs coupés de toute communication avec leur hiérarchie administrative. « C’est quelle armée ça qui gâte les incapables et démotive les compétents qui se battent sur le terrain?, m’interloque l’officier sidéré.

Il en est de même pour les autres officiers et sous-officiers retenus comme instructeurs à Kananga et Kitona dont les situations administratives dénoncées depuis 2014 n’ont jamais été régularisées.

Lors d’un entretien avec un ancien formateur de l’EUSEC, ce dernier m’a rapporté le cas d’une formation dispensée à un groupe d’officiers supérieurs à Kinshasa au sein duquel appartenait un jeune cadet du président Kabila. A la fin de la formation, ce dernier a été classé le dernier de sa promotion avec environ 30 % de la moyenne. Mais lors de la délibération, l’ordre est venu de la haute hiérarchie militaire pour qu’il puisse réussir avec satisfaction. Ayant appris cela, ses autres collègues qui avaient également échoué, avec des cotes meilleures que lui, ont exigé également de bénéficier de la même faveur. Quoi de plus logique ! En fin de compte, tout le monde a réussi.

Un autre fait rapporté par une connaissance FARDC qui venait d’être nommé major en 2013 et que je voulais féliciter. L’intéressé m’a manifesté sa déception en me disant : « Jean-Jacques, il me manquait seulement 500 $ pour que je sois nommé lieutenant-colonel

» et il insiste en lingala « 500 dol ya pamba ndeko na ngai !» (seulement 500 dollars mon frère et le tour était joué!).

Moi qui aime à comparer l’armée à la médecine parce qu’elles sont censées protéger des vies humaines, qui accepterait de se faire soigner par un charlatan ? Voilà l’état d’une armée censée protéger la vie des Congolais et à quel point on joue sur la sécurité d’un pays d’importance stratégique mondiale. Et lorsque DESC révèle ces faits, il devient subversif pour la sécurité du pays et fait l’objet des cyberattaques de la part des renseignements militaires du pays.

Désespéré, un autre officier nous a confié : « Enfin, j’ai compris que pour se retrouver dans notre armée (nationale) il faut être pistonné par ton frère du coin, là c’est maintenant l’armée régionale ou des groupuscules d’armées privées. Chacun défend et protège, voire affecte seulement ses frères. Vérifiez l’information M. Wondo, vous me donnerez raison.

Que l’Eternel Dieu des armées vous assiste dans tout ce que vous faites pour notre pays ».

7Ce programme vise à poursuivre le renforcement institutionnel du ministère de la Défense nationale, des Anciens combattants et de la réinsertion, à appuyer la modernisation de la gestion administrative et budgétaire au sein du secteur de la défense. Mais sans loi de programmation militaire attendue depuis 2012, avec un plan de réforme (2009) et sa feuille de route qui nécessitent une actualisation, à cela s’ajoute la corruption qui continue à avoir la peau dure au sein des FARDC, il ne faut pas en attendre des changements.

8C’est l’EUSEC-RDC qui a pratiquement réhabilité toutes les installations de l’ancienne EFO-Kananga et de l’école de Kitona qui n’ont jamais fait des priorités de Joseph Kabila.

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Pour rappel, en 2014, grâce à la publication de DESC, plusieurs officiers-élèves de la 126ème promotion de l’Académie militaire de Kananga ont vu leur situation administrative être régularisée. Mais de courte durée car le président Kabila avait promis de leur octroyer une prime supplémentaire de 50 $ mensuelle durant leurs formations aux écoles d’application9. Aux dernières nouvelles, cette prime n’était plus payées depuis avril 2015.

Ce qui est inquiétant dans tout cela est qu’en même temps, le président qui gère le portefeuille de la défense au sein de son cabinet privé, la maison militaire, en violation flagrante de la constitution, continue d’utiliser l’argent du contribuable public pour payer des cyber-mercenaires et suréquiper la Garde républicaine10, chargée de sa sécurité personnelle ou chercher à équiper vaille que vaille une armée11, alors que le personnel – l’humain – qui va utiliser cet armement est laissé-pour-compte. En même temps, ces chars exhibés pour la plupart du temps lors des défilés militaires et des manifestations populaires, ne parviennent pas à arrêter l’hémorragie des massacres à Beni (https://www.youtube.com/watch?v=qiK3vl2aizA#sthash.M02ht05q.dpuf) ni à éradiquer la menace FDLR, malgré des déclarations mensongères du Gouvernement congolais (http://desc-wondo.org/chronique-de-desc-rdc-le-mensonge-detat-sur-le-nombre-des- fdlr/).

Un militant de la Lucha disparaît à Kinshasa Christophe RIGAUD – Afrikarabia - 11 août 2015

Bienvenu Matumo avait fait la une des médias internationaux en septembre 2014, au moment où il sortait de la première promotion de la toute nouvelle Ecole nationale d’administration (ENA) de la République démocratique du Congo (RDC). Mais Bienvenu était aussi un militant de longue date du Mouvement citoyen pour le changement (Lucha), basé à Goma. C’est la Lucha qui a donné l’alerte en début de semaine, sans nouvelle de Bienvenu depuis ce week-end. Selon le mouvement citoyen, « Bienvenu a participé samedi entre 14h30 et 17h00 (heure de Kinshasa) à une réunion organisée par le Parlement des Jeunes ». D’après le témoignage du président du Parlement des jeunes, « Bienvenu est sorti de la salle en disant que quelqu’un venu le voir attendait dehors ». Depuis, plus aucune trace de lui.

Dans un communiqué, la Lucha affirme que « Bienvenu nous avait fait part cette semaine là d’appels « suspects » qu’il avait reçu de quelqu’un qui voulait l’inviter à une réunion à l’Ecole Nationale d’Administration, mais après vérification il n’y avait aucune réunion de ce genre à l’ENA. En mars, lors des enlèvements de militants par l’ANR, Bienvenu avait lui- même fait l’objet de recherche par l’ANR, parce qu’il avait participé à l’organisation de l’atelier de lancement de Filimbi ». Il faut dire depuis plusieurs mois, des mouvements citoyens, comme la Lucha ou Filimbi, font l’objet d’une forte répression du pouvoir en place à Kinshasa. Deux militants, Fred Bauma et Yves Makwambala, sont détenus à la prison de Kinshasa depuis bientôt cinq mois, lors de l’organisation d’une conférence de presse sur les mouvements citoyens africains.Bienvenu Matumbo était personnellement « très proche

» des deux militants incarcérés à Kinshasa.

Ce mardi, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) s’est déclaré « très préoccupé » par la disparition de l’énarque militant. La Lucha exhorte le

9http://desc-wondo.org/vers-la-regularisation-de-la-situation-des-officiers-de-la-26-eme-prom-acamil-desc/. 10Après la mission effectuée par le général Olenga à Tbilissi, en Géorgie, pour l’achat des armes au profit de la GR vers le 10 juillet 2015, la garde présidentielle, a reçu d’autres matériels de guerre le 13 juillet 2015 à Boma.

Ils ont été acheminés sur les sites militaires de la GR à Kibomango et à Mbakana, sur la route de Bandundu.

11http://acpcongo.com/acp/cooperation-rdc-chine-pour-la-relance-des-activites-de-la-societe-afridex/.

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Gouvernement « de tout mettre en oeuvre pour retrouver Bienvenu sain et sauf et de le remettre à sa famille et à ses compagnons. Des cas de disparition qui se terminent de façon tragique sont malheureusement trop nombreux dans notre pays ».

Les Nations unies préoccupées sur la disparition d’un activiste congolais Juvin Kombe joint par Eddy Isango – Voice of America – 11 08 15

Le mouvement citoyen "Lutte pour le changement" a confirmé qu’un de ses membres, Bienvenu Matumo est porté disparu depuis samedi dernier à Kinshasa au sortir d'une réunion d'un groupe appelé Parlement des Jeunes.

Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'Homme (BCNUDH) a déclaré mardi être "très préoccupé" de cette disparition à Kinshasa d'un énarque militant activement dans le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha).

Le BCNUDH a "reçu l'information [sur] la disparition de Bienvenu Matumo et nous sommes très préoccupés", a déclaré à l'AFP le directeur du BCNUDH en République démocratique du Congo, José Maria Aranaz.

"On espère le retrouver le plus tôt possible et s'il est arrêté, on espère qu'il y aura une explication" justifiant cette décision, a-t-il ajouté, soulignant que son bureau cherchait à savoir s'il avait été "arrêté ou non" par les services de sécurité.

Selon un communiqué de Lucha, basé à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu (Est), M. Matumo a disparu samedi après avoir participé à une "réunion organisée par le Parlement des Jeunes" autour du concept de la citoyenneté. Le texte précise qu'il avait reçu la semaine dernière des appels "suspects".

"Nous ne sommes pas du tout au courant" de cette présumée disparition, a déclaré à l'AFP Lambert Mende, porte-parole du gouvernement. La police, elle, ne disposait pas en début d'après-midi d'information sur une éventuelle arrestation de M. Matumo.

"Si le gouvernement dit qu’il ne sait pas où Bienvenu se trouve, nous lui lançons cette balle pour qu’il le cherche c’est aussi son devoir d’assurer de ses citoyens," a déclaré Juvin Kombe, un autre membre de Lucha.

"En mars, (...) Bienvenu avait (...) fait l'objet de recherche par l'ANR (Agence nationale de renseignement), parce qu'il avait participé à l'organisation de l'atelier de lancement de Filimbi", explique Lucha.

Le 15 mars, une trentaine de personnes avaient été arrêtées lors d'une réunion d'échanges sur la bonne gouvernance en Afrique organisée par Filimbi, qui se présente comme un collectif de mouvements d'éducation à la citoyenneté, non-partisan et non-violent.

Kinshasa avait dénoncé une "tentative de déstabilisation" des institutions de la RDC, et des journaux proches du pouvoir avaient titré sur la présence de "terroristes" à Kinshasa - un qualificatif réfuté depuis par une commission parlementaire.

Tous les détenus ont été libérés au compte-gouttes mais Fred Bauma, de Lucha, et Yves Makwambala, webmaître et graphiste du groupe Filimbi, sont incarcérés à la prison de Makala et notamment jugés pour complot contre la personne ou la vie du chef de l'État et tentative de renversement des institutions.

L'opposition dénonce l'empressement du pouvoir RFI 12-08-2015

En République démocratique du Congo (RDC), l'annexe à la loi électorale sur la répartition des sièges pour les élections locales prévues en octobre 2015 a finalement été adoptée hier, mardi 11 août, à la majorité, à la faveur d'une nouvelle session extraordinaire du Sénat, boycottée par l'opposition. Cette dernière dénonce un forcing de la part du pouvoir et souligne un procédé anticonstitutionnel dans la mesure où le texte avait été rejeté la semaine précédente au cours d'une première session extraordinaire. Sans surprise, ce vote suscite des réactions mitigées.

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Pour la majorité présidentielle, ce vote est une bonne chose. C’est une étape indispensable afin de respecter le calendrier électoral tel que défini en février 2015 par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Pour Ramazani Shadari, président du groupe parlementaire du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), « la Céni nous a dit qu’il faut que le Parlement adopte la loi portant répartition des sièges pour les élections locales et municipales. Donc il fallait avoir un instrument juridique, ça signifie que nous venons de lever une contrainte présentée par la Céni. Donc nous allons faire notre travail ».

Mais du côté de l'opposition, on estime que la répartition des sièges adoptée ce mardi est faussée car elle s'appuie sur un fichier électoral caduc. Le sénateur d'opposition Mokonda Bonza, président de la Convention des démocrates chrétiens (CDC) : « Entre 2011 et aujourd’hui, il y aurait près de 8 millions de Congolais qui ont atteint l’âge pour pouvoir voter. Tous ces 8 millions ne sont pas pris en compte. On les a donc privés de leur droit constitutionnel parce que de toute façon la Céni, dans son calendrier, ne peut commencer la mise à jour du fichier électoral seulement à partir de janvier 2016 ».

L'opposition dénonce surtout l'empressement du pouvoir et continue de réclamer le report des élections locales afin d'éviter tout retard dans l'organisation du scrutin le plus important à leur yeux : la présidentielle de 2016.

Le Congo, véritable Lego institutionnel Colette Braeckman – Le Soir - 13 août 2015

A tous les niveaux, la RDC est entrée dans la mise en œuvre d’un véritable « lego » institutionnel. Un processus complexe, dans lequel toutes les pièces se tiennent et déterminent un calendrier électoral qui passera par une impressionnante série de scrutins, dont la première étape sera l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de province le 6 octobre prochain. Si tout se déroule comme prévu, le cycle électoral devrait se terminer en novembre 2016 avec l’élection présidentielle. Cette échéance est la plus attendue, la plus sujette à polémiques car en principe, terminant son deuxième mandat, le président sortant Joseph Kabila ne peut se représenter et les spéculations à propos de son éventuelle succession vont bon train.

Dans l’immédiat, le Sénat vient de voter une loi sur la répartition des sièges électoraux à l’issue d’une session extraordinaire, le vote précédent ayant été invalidé car le quorum d’élus n’avait pas été atteint. Cette loi, qui fixe le nombre de sièges par circonscription, représente en quelque sorte la rampe de lancement du processus électoral. A ce sujet le politologue Bob Kabamba, professeur à l’Université de Liège, rappelle que « le premier fichier électoral présenté par le gouvernement avait été recalé en juin dernier. Les députés avaient estimé que la copie était mal faite, certaines circonscriptions étant même dépourvues d’électeurs… Une remise en ordre a donc été nécessaire… »

L’élection des gouverneurs et vice gouverneurs de province se fera dans le cadre d’un découpage territorial nouveau, qui depuis le 30 juin dernier redessine le visage administratif du Congo : le pays compte désormais 26 provinces (25 plus la ville province de Kinshasa) qui remplacent l’ancienne configuration de onze provinces.

Six des anciennes provinces sont concernées par ce découpage : Bandundu et Equateur dans l’Ouest du pays, Kasaï occidental et Kasaï oriental dans le centre, Province orientale dans le Nord Est et Katanga dans le Sud. L’Est du pays n’est pas concerné par cette réorganisation territoriale et administrative puisqu’en 1988 le « Grand Kivu » avait été scindé en trois entités (Nord Kivu, Sud Kivu et Maniéma) tandis que le Bas Kongo rebaptisé Kongo central cohabite toujours avec la « ville province » de Kinshasa.

Le principe de ce découpage fait l’unanimité : déjà du temps du maréchal Mobutu, les Congolais estimaient que dans cet Etat vaste comme 80 fois la Belgique, il fallait raccourcir la distance entre le pouvoir et les administrés et tant la conférence nationale souveraine

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du début des années 90 que le dialogue intercongolais des années 2000 ou la constitution de 2006 reflétaient ce souhait.

Dans la réalité cependant, non seulement il a fallu 10 ans pour que le processus soit mis en œuvre, mais aujourd’hui, la rapidité de son déroulement éveille crainte et suspicions.

Ainsi par exemple, le découpage du Katanga en quatre provinces distinctes suscite beaucoup de critiques car les recettes tirées des exploitations minières seront désormais concentrées dans la nouvelle province de Lualaba au Sud tandis que la jeune province de Tanganyika, avec capitale Kalémié au Nord sera dépourvue de ressources, à court terme en tous cas. De plus, les élus katangais, qui siégeaient jusqu’à présent à Lubumbashi, renâclent devant la perspective de regagner leur circonscription d’origine. D’aucuns soulignent aussi que ce redécoupage de la province du cuivre réduit aussi l’assise du très populaire gouverneur Moïse Katumbi, candidat potentiel à la succession de Joseph Kabila.

Bob Kabamba, lui, s’inquiète plutôt du poids de ces nouvelles institutions : « le processus est budgétivore, car de 11 gouverneurs et 110 ministres provinciaux, on va passer à 26 gouverneurs et 260 ministres provinciaux…Et cela alors que, du temps des 11 provinces, Kinshasa s’avérait déjà incapable de rétrocéder aux provinces les 40% des recettes budgétaires prévus par la constitution… »

Le politologue constate aussi que certaines des nouvelles provinces s’en sortiront mieux que d’autres : « dans le Nord, l’Ituri bénéficiera du commerce transfrontalier avec l’Ouganda et de l’exploitation de l’or ; le Lualaba, avec Kolwezi pour capitale, n’aura pas de problème, le Kasaï oriental, avec le diamant de Tshikapa s’en sortira également. Mais l’Equateur, le Nord Ubangi et le Sud Ubangi sont loin de disposer des ressources et des infrastructures nécessaires. »

A cette objection, les autorités rétorquent que toutes les provinces du Congo recèlent des richesses qui doivent encore être exploitées et qu’une caisse de solidarité nationale sera prévue… Cette promesse laisse sceptiques de nombreux citoyens qui redoutent de devoir supporter le poids fiscal du découpage…

Aux incertitudes sur le financement des nouvelles provinces s’ajoutent les doutes sur la faisabilité du calendrier électoral, l’opposition soupçonnant toujours le pouvoir de tenter de gagner du temps afin de bénéficier, pour quelques mois ou quelques années, d’une « rallonge », que les Congolais appellent «glissement », imposée par des raisons techniques ou budgétaires…

© CongoForum, le samedi 15 août 2015

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