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17/12/11/ SUPPLEMENT A LA REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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17/12/11/ SUPPLEMENT A LA REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

Notre revue de la presse pour ce samedi a été mise en ligne peu après 00h. Compte tenu de la maigreur habituelle de la presse congolaise du samedi, il était probable que la nouvelle de la proclamation de Kabila par la CSJ serait la seule nouvelle du jour et que les commentaires de la presse écrite ne viendront que lundi. Le présent « supplément » vise donc à apporter les commentaires ou informations parus durant la journée de ce samedi et qui sont, avant tout, des réactions venant des stations de radio ou de TV et d’Internet.

Silence et calme

En milieu de journée, quand Digitalcongo a mis en ligne sa revue de la presse congolaise de ce samedi, nous avons constaté que l’option que nous avions prise correspondait bien à la situation de l’heure, puisque nos confrères de Kinshasa n’ont pas trouvé davantage que nous à se mettre sous la dent. Voici intégralement leur revue de la presse : « Le sujet dominant d’actualité se rapporte à l’arrêt de la Cour suprême de justice confirmant Joseph Kabila, Président élu de la RDC à l’issue du scrutin du 28 novembre dernier.

« Joseph Kabila confirmé président », annonce LE POTENTIEL dans sa livraison de ce samedi. Le confrère rapporte que la Cour suprême de justice a fait d’une pierre deux coups. Dans une première audience, elle a déclaré non fondée la requête en annulation des résultats du scrutin présentée par Vital Kamerhe au nom de l’Opposition. Dans une deuxième audience, elle a confirmé les résultats provisoires de la présidentielle publiés par la CENI le 9 décembre dernier ».

Le Nouvel Obs (FR) constate : « La situation était calme samedi en République démocratique du Congo, au lendemain de la réélection du président Joseph Kabila, validée par la Cour suprême en dépit de multiples irrégularités dénoncées par l'opposition qui appelle à faire "échec à ce hold-up électoral". Dans la capitale Kinshasa, où la police est moins visible que ces derniers jours, les violences qui avaient suivi l'annonce des résultats provisoires le 9 décembre par la CENI ne se sont pas reproduites vendredi soir.

Les commerces étaient ouverts et les taxis circulaient comme habituellement le samedi.

La cérémonie de la CENI s'était déroulée en direct à la télévision d'Etat (RTNC). La CSJ a discrètement rendu son arrêt en début de soirée, avec un jour d'avance, et la RTNC a seulement affiché tardivement un bandeau déroulant donnant le nom du vainqueur du scrutin du 28 novembre. algré les multiples irrégularités ayant entaché le processus électoral, dénoncées par l'opposition mais aussi par des observateurs internationaux, la CSJ a confirmé à la virgule près les résultats de la Céni.

L’UDPS a annoncé des manifestations "lundi ou mardi" dans le pays pour "faire échec à ce hold-up électoral". Trois marches ont déjà eu lieu récemment dans des villes de l'est, mais ont vite été dispersées par les forces de l'ordre. Des opposants ont été arrêtés. A Kinshasa, la police a aussi procédé à de nombreuses arrestations depuis le 9 décembre.

"L'appareil sécuritaire est encore trop fort, avec un système d'arrestations qui paraît difficilement supportable pour la population", relève Thierry Vircoulon, directeur du programme Afrique centrale à ICG, sceptique sur une mobilisation de masse."L'enjeu maintenant, ce sont les législatives", couplées à la présidentielle, ajoute-il. La compilation des résultats de ce scrutin se poursuit, les chiffres provisoires doivent être annoncés mi-janvier. "Il faut une mission de vérification qui mette son nez dans les centres locaux de compilation. Les Américains ont fait une offre d'+aide technique+, il faudrait que les bailleurs se mobilisent rapidement", estime M. Vircoulon. "Les enjeux sont locaux et nationaux, c'est difficile de contrôler les forces locales", ajoute-il. Des cas d'interpellations momentanées d'agents de la Céni ont été déjà signalés. "Très souvent il s'agit de manœuvres pour les intimider" venant d'autorités "politiques ou judiciaires"

locales, a regretté le vice-président de la CENI, Jacques Djoli, interrogé par l'AFP ».

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Réactions

La veille de la proclamation, le Sénat des Etats-Unis avait organisé un « hearing » sur la RDC. Deux sénateurs, MM Coons (D-Del.) et Isakson (R-Ga.) ont publié un communiqué pour faire part de leur « inquiétude » du fait que cette proclamation a eu lieu « malgré de nombreux rapports sur des irrégularités » montrant que « ces élections ne se sont pas bien déroulées ».

Radio Okapi mentionne quelques réactions de l’Opposition : « L’UDPS) a qualifié, ce samedi 17 décembre, de «non événement», l’arrêt rendu la veille par la Cour suprême de justice (CSJ) confirmant la victoire à l’élection présidentielle du 28 novembre de Joseph Kabila (48, %), devant le leader de ce parti, Etienne Tshisekedi (32,33%). Selon le secrétaire général de l’UDPS, Jacquemin Shabani, la «RDC est entré dans une crise politique.» Jacquemin Shabani a rappelé pourquoi son parti avait refusé d’introduire un recours devant la Cour suprême de justice: «Joseph Kabila avait rendu la République démocratique du Congo pratiquement comme une jungle où la justice n’existait pas.

Donc, il n’y avait pas une institution habilitée pour juger un contentieux électoral ; étant donné que les membres étaient la solde d’un candidat (…) Cet [arrêt de la CSJ] était rédigé depuis longtemps, parce ces magistrats étaient internés, depuis le début de la campagne par Joseph Kabila, à l’hôtel Venus [de Kinshasa].»

Un autre candidat malheureux de cette présidentielle, Kakese Malela a dénonce la partialité de la CSJ et réaffirmé avoir rejeté cette victoire de Joseph Kabila depuis son annonce par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) le 9 décembre. Après le verdict de la CSJ, il a crié à l’injustice et à la partialité de cette juridiction: «Nulle part au monde on n’a jamais vu un jugement où celui qui se plaint sort et on ne le rappelle même plus pour dire ‘revenez pour qu’on voie les preuves…’ Ce n’est pas comme ça que nous allons gouverner ce pays ! Quand vous voyez comment [la cour]

refuse même à un candidat, séance tenante, de prendre parole.»

RFI cite comme suit son correspondant à Kinshasa : « La situation était calme ce samedi 17 décembre à Kinshasa. Les gens, pour la plupart, ont appris « la surprise » ce matin. Sans autre cérémonial qu’un petit coup de clochette marquant le début de l’audience, la proclamation du vainqueur a été faite dans la plus grande discrétion. Il n’y a pas eu d’annonce, pas de direct à télévision. La crainte de troubles est sans doute à l‘origine de cette proclamation surprise. Les quelques journalistes et rares hommes politiques qui ont assisté à cette audience étaient venus surtout pour attendre le jugement sur le recours déposé la veille par le candidat Vital Kamerhe. Certes, quelques rumeurs avaient couru dans la soirée sur le fait qu’il pourrait y avoir proclamation, mais sans plus.

Dans le climat de tension de la capitale, dont l’électorat est en grande partie acquis à l’opposition, cette annonce surprise a permis d’éviter que les contestataires s’organisent.

Cela a donc amené à cette situation paradoxale d’un pouvoir qui, au lieu de clamer sa victoire, l’annonce doucement, pour faire en sorte que le moins de gens possible le sachent… »

RM COMMUNICATION insiste aussi sur le caractère presque furtif de l’annonce. « Allez on y va, ils sont couchés on peut y aller, on peut annoncer la nouvelle. Après les résultats contestés de la CENI, la cour suprême n’ a pas eu d’autres choix que de les valider et de rejeter la requête de Vital Kamhere. Ce qui est surprenant encore une fois c’est la méthode. Coutumier des cérémonies avec les fastes de la république, la proclamation de Joseph Kabila comme vainqueur de l’élection présidentielle qui avait eu lieu le 28 novembre 2011 laisse un goût amère. Et cela des deux côtés, pour le camp des vainqueur il y aura pas de célébration de la victoire, pas de triomphalisme, ils vont jouer la victoire modeste. Du côté de l’opposition l’affaire est plus salée encore. La vérité des urnes qui est réclamée depuis bientôt 3 semaines n’a pas eu lieu. La colère est très

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vive mais si pour l’heure Kinshasa se réveille avec la gueule des mauvais jours ne sachant pas ou donner de la tête.

Peu de Kinois avait suivies la proclamation de la cour suprême pour cause, il y a eu ni de direct à la télévision nationale, ni d’annonce officielle. Pour le moment les congolais la nouvelle reste à vérifier mais plus les heures passent plus ils comprennent que c’est bien Joseph Kabila qui prêtera serment le 20 décembre 2011 devant des officielles d’un peu partout dans le monde. Les occidentaux seront représentés par leurs ambassadeurs sauf la Belgique qui elle enverra son ministre des affaires étrangères.

Mais pourquoi avoir procédé de la sorte ? Pourquoi donner cette impression que rien n’est assumer, rien n’est clair, que oui le peuple congolais est bien volé à tout point de vue. La crainte de troubles est sans doute à l‘origine de cette proclamation surprise. Dans le climat de tension de la capitale, dont l’électorat est en grande partie acquis à l’opposition, cette annonce surprise a permis d’éviter que les contestataires s’organisent… »

L’Express (FR) annonce : « L'opposition congolaise se réunira lundi à Kinshasa pour lancer un appel, à partir du lendemain, à une grande opération "villes mortes" pour protester contre la réélection, entachée selon elle de fraudes, du président Joseph Kabila…

Kabila devrait prêter serment mardi, à en croire l'ambassadeur du Congo démocratique à Londres, Kikaya Bin Karubi. Plusieurs chefs d'Etat étrangers ont confirmé qu'ils feraient le déplacement. "Lundi, l'ensemble des formations de l'opposition se réuniront à Kinshasa et nous appellerons mardi à des opérations 'villes mortes'", a déclaré Jacquemain Shabani Lukoo, secrétaire général de l'UDPS. Pour sa part, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a fait valoir que l'opposition avait le droit de manifester à condition de ne pas enfreindre la loi ou de ne pas déranger leurs concitoyens. "Nous sommes dans un pays démocratique. S'ils veulent manifester tous les jours, ils sont libres de le faire à condition de coopérer avec les autorités locales", a-t-il dit à Reuters par téléphone.

Libération (FR) a également constaté ce calme à Kinshasa. (Sans doute est-il bon de faire remarquer, quant aux possibilités de mobilisation de protestataires éventuels, que depuis une semaine l’usage des SMS a été bloqué en RDC. Or, les SMS sont le principal moyen de communication disponible pour appeler à manifester ou garder le contact entre différents groupes de manifestants. Justifiée au départ par la « circulation de résultats électoraux fantaisistes », la mesure qui n’a plus d’objet est cependant maintenue, sans doute dans le but de gêner la mobilisation des militants. NdlR)

Direct.cd relate une anecdote qui éclaire les rapports JKK/Monsengwo : « Le Cardinal Laurent Monsengwo a donné une information pour le moins inquiétante : le chef de l’Etat esquivait carrément tous ses appels, en refusant de décrocher son téléphone lorsqu’il l’appelait. Après mille et une tentatives de joindre le chef de l’Etat, il a, de guerre lasse, fini par passer le message à un conseiller proche de Joseph Kabila. En une seule phrase, il lui a dit : «Dites au président ceci : est-ce qu’il est fier des résultats que la CENI vient de donner-là ?». Quelques temps après, son interlocuteur le rappelle pour lui donner la réponse du chef de l’Etat : «Le président vous demande vous demande aussi si vous êtes fier du comportement d’Etienne Tshisekedi qui s’est autoproclamé président sans avoir porter l’affaire devant la Cour suprême de justice». Le Cardinal répond par la négative, et dit souhaiter que tout contentieux se règle par des voies légales. Mais il précise immédiatement que Joseph Kabila n’a pas répondu à sa question. On en restera là. Le conseiller présidentiel ne rappellera plus ».

Afrikarabia pose la question : « Qui boudera l'investiture de Joseph Kabila ? » et précise

« La cérémonie d'investiture de Joseph Kabila, prévue mardi 20 décembre, sera l'occasion pour le président congolais de compter ses alliés… essentiellement africains. Sa réélection est en effet très contestée et suscite de nombreuses critiques en Europe et aux Etats-Unis. Son investiture compte une première défection dans le camp occidental : le

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ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, qui n'assistera pas à la prestation de serment de Joseph Kabila…

Il y a quelques jours …, Thierry Vircoulon, responsable de l'Afrique centrale à ICG, estimait que "Joseph Kabila (était) aujourd'hui un président mal élu" et qu'il "(risquait) d'y avoir peu de gens importants à son investiture du côté des bancs occidentaux". La première absence remarquée sera celle du ministre des Affaires étrangères de l'ancienne puissance coloniale, Didier Reynders. Dans un communiqué, le ministre belge a regretté que la Cour suprême de justice congolaise "n'ait pas usé de ses prérogatives pour un examen plus approfondi, critique et indépendant des résultats". La Belgique sera donc représentée par son ambassadeur à Kinshasa, Dominique Struye de Swielande.

La Belgique, comme l'Union européenne ou les Etats-Unis mettent en doute la transparence et la crédibilité des résultats des élections générales en RDC. Didier Reynders a "regretté que de trop nombreuses déficiences et irrégularités aient dû être constatées lors de la collecte et de la compilation des résultats". "Bien que ces déficiences ne paraissent pas de nature à remettre en cause l'ordre des résultats, elles affectent malheureusement l'intégrité du scrutin", a souligné le ministre belge.

Concernant la symbolique prestation de serment du président Kabila, reste à savoir ce que feront les autres pays de l'Union européenne et particulièrement la France, très critique sur la crédibilité de ces élections. Les regards seront également tournés vers Washington, qui a aussi clairement contesté les résultats de la Commission électorale congolaise (CENI), mais n'a qui pas encore décidé quelles personnalités seront présentes mardi prochain à l'investiture de Joseph Kabila.

Du côté des voisins africains de la RDC, il est fort à parier que de nombreux présidents seront présents mardi à Kinshasa. A l'image de l'Afrique du sud qui a jugé les élections en RDC "globalement OK". La cérémonie de prestation de serment de Joseph Kabila risque donc d'afficher au grand jour les divisions entre "occidentaux" et "africains". Il faut dire que depuis quelques années, le président Kabila "soigne" ses voisins ou évite de rentrer en conflit ouvert avec eux. Rwanda, Congo-Brazzaville, Angola ou Afrique du Sud… ces pays préfèrent tous miser sur la continuité d'une mandature Kabila, plutôt que de tenter l'aventure en terre inconnue ».

Senego.com (Sénégal) écrit : « Joseph Kabila peut pousser un ouf de soulagement. La Cour suprême qui statuait sur les contestations des résultats par l’opposition notamment Etienne Tshisekedi, vient de lui attribuer la victoire. Le chef de l’Etat sortant, a ainsi recueilli 48,95% des voix, a dit le président de la Cour, Jérôme Kitoko. « En conséquence, Joseph Kabila est proclamé président-élu à la majorité simple », a-t-il ajouté… La Cour suprême a estimé que l’opposition n’avait pas été en mesure de présenter des preuves susceptibles de faire annuler les résultats.

« La Cour suprême n’est que l’instrument de Kabila, tout comme la commission électorale« , a réagi Alexis Mutanda, qui a dirigé la campagne électorale de Tshisekedi.

« Le parti va décider de la marche à suivre. Tout cela n’est qu’une mascarade », a-t-il ajouté.

Norbert Mitumba Kilombo, représentant de Kabila, a salué la décision de la Cour. « Je suis content de voir que malgré les difficultés cette période d’élection présidentielle connaît une heureuse conclusion », a-t-il dit.

En début de semaine, Joseph Kabila avait jugé que la crédibilité du scrutin ne pouvait être mise en doute tout en reconnaissant « des erreurs » dans le processus électoral. La mission d’observation du Centre Carter, chargée de surveiller le processus électoral, a estimé que les résultats donnant la victoire à Kabila n’offraient pas la crédibilité requise.

TF1 annonce : « Le président sortant de la RD Congo, Joseph Kabila, 40 ans, a été proclamé vainqueur de la présidentielle à un tour du 28 novembre, vendredi par la Cour suprême de justice (CSJ) malgré des semaines de contestation du scrutin au plan national et international. La CSJ a confirmé la totalité des résultats provisoires annoncés le 9 décembre par la Commission électorale (Céni) et rejetés par l'opposition, qui attribuaient la victoire à M. Kabila, avec 48,95% des suffrages, devant dix autres

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candidats, dont l'opposant de 78 ans Etienne Tshisekedi (32,33%), arrivé second. Ce dernier avait rejeté ces résultats et s'était autoproclamé "président élu" de la RDC.

TF1 annonce aussi que Le chef de la diplomatie belge Didier Reynders a regretté samedi dans un communiqué l'absence d'"examen plus approfondi, critique et indépendant des résultats" par la CSJ. Il a renoncé à se rendre à Kinshasa pour la prestation de serment du président Kabila. L'ancienne puissance coloniale sera représentée par son ambassadeur en RDC. (Information donnée également par Belga). De son côté, le gouvernement français a dit "prendre note" de la validation par la Cour suprême de la République démocratique du Congo de la réélection du président Joseph Kabila et a appelé "tous les acteurs politiques congolais au calme et au dialogue".

Sur Internet, un Congolais a adressé une « lettre ouverte » au Préident Kabila, disant :

« Monsieur le président, voici venu le moment de vérité où les adversaires doivent faire mieux pour le bien de tous. Cela nécessite qu’ils se parlent de choses difficiles, sans artifice protocolaire ni émotion, par patriotisme et pour l’honneur. En ma qualité de citoyen de la RDC, je me permettrais donc de vous exhorter à vous préparer à cet exercice éprouvant maintenant qu’il est encore temps de sauver l’essentiel. Et l’essentiel c’est la paix à laquelle vous croyiez lorsque vous avez déclaré, il y a quelques années, que vous iriez partout où elle se négocierait pour le pays. Cette même paix qui est aujourd’hui menacée par la fraude électorale commise par vos hommes pour confisquer le pouvoir en votre faveur.

Monsieur le président, vous savez que depuis quelques décennies, l’histoire politique s’écrit plus rapidement qu’avant. Ce qui prenait 30 ans à faire réagir les citoyens ne requiert plus que 2 à 5 ans dans ce début de millénaire marqué par la disponibilité de l’information et une nouvelle conscience politique. Il nous faut donc savoir interpréter rapidement les événements qui surviennent et réagir tout aussi rapidement avant de perdre le contrôle. La RDC n’est pas la Tunisie comme vous l’auriez observé, mais elle n’est pas non plus le Gabon, ni le Togo, ni le Tchad, ni le Cameroun. Notre peuple bouge difficilement, à cause peut-être de sa taille et de sa pluralité culturelle, mais une fois qu’il se met en mouvement il ne s’arrête habituellement qu’à un port de son choix. Il est important de le savoir pour ne pas se diriger inutilement à contre sens. Jusque là, la RDC n’a jamais raté les occasions de changement qui lui ont été offerts. La nonchalance apparente des congolais cache en fait une redoutable capacité de réaction qui a été expérimentée en des occasions variées de l’histoire de la RDC; vous-vous rappelez j’espère de la réaction décisive et inattendue des Kinois pour sauver le régime de feu votre père contre l’agression rwandaise.

Monsieur le président, la solitude et l’usure du pouvoir entretenues par des mensonges de l’entourage, la flagornerie des profiteurs, des sollicitations étourdissantes, l’autosatisfaction inhérente au pouvoir, la vanité humaine, etc. finissent toujours par affaiblir le plus puissant des chefs en le coupant des réalités de la société et faussant ainsi ses croyances pour finalement le perdre lui-même tout en causant d’inutiles souffrances aux citoyens. Toute personne de pouvoir devrait se préoccuper de cette menace personnelle qu’elle représente pour la société. C’est ainsi que certains dirigeants arrivent à éviter de martyriser inconsciemment les humains alors que d’autres regrettent leurs gestes quand c’est trop tard. Les dernières élections devraient représenter pour vous l’occasion d’envisager la possibilité d’erreurs graves de votre administration et d’écouter un peu ceux qui ne vous ont jamais parlé, sauf peut-être pour vous insulter. Ils ne sont pas toujours de mauvaise fois.

Monsieur le président, vous avez sans doute entendu dire que le projet démocratique congolais était en panne. Cela est l’avis de nombreux observateurs. Je vous prierais de croire que ce sentiment est largement partagé par la population congolaise et qu’il est à la base de l’engouement que vous avez constaté pour les élections du 28 novembre dernier. La cohue des Congolais vers les urnes était pour signifier leur volonté de changer ce qui a gêné la mise en place d’un État de droit au cours des 5 dernières années, c’est- à-dire votre administration. Il ne sert à rien de nier cela d’autant plus que cette quête congolaise ne date d’hier.

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Monsieur le président, il y a des transitions démocratiques qui réussissent presque facilement et d’autres qui dérapent puis s’éternisent. Ces dernières nécessitent parfois des corrections mineures et d’autres fois des interventions correctives majeures émanant des citoyens. Dans ces derniers cas, il s’agit généralement de remplacer le chef de l’État puisque dans la très grande majorité de situations le succès ou le dérapage d’une transition démocratique dépend principalement de lui. Et lorsqu’il s’agit de changer de chef d’État, les citoyens ne se trompent pas souvent parce qu’ils ont des modèles de chefs qu’ils souhaitent avoir. De la fin du dernier millénaire au début de l’actuel, par exemple, certains chefs d’État qui ont dirigé avec brio leurs projets démocratiques ont permis aux autres citoyens du monde concernés par le même projet, d’ajuster leurs attentes quant à la performance d’un chef d’État. On pourrait par exemple citer : Lech Walesa, Gorbatchev, Vaclav Havel, Mandela, Jerry Rawlings, Festus Mogae et Amadou Toumani Touré. Ces chefs n’ont pas nécessairement été des champions de l’économie ni de la modernisation mais simplement des leaders de l’implantation décisive des principes fondamentaux de la démocratie, notamment : respect de la vie des citoyens, respect des libertés individuelles en générale, indépendance de la justice, déconcentration du pouvoir, intégrité, imputabilité, etc. On n’a pas, non plus, beaucoup entendu de leurs services spéciaux et presque pas de vies humaines sacrifiées…

Monsieur le président, les peuples reculent rarement une fois qu’ils se sont engagés à changer leurs sociétés. Et leur opinion sur les chefs qui les dirigent changent difficilement; ils ont plutôt tendance à changer de chef plutôt que leur opinion sur lui. En 2006, les Congolais étaient presque sans opinion sur vous. Ils vous trouvaient sympathique. Vous-vous souvenez sans doute le sobriquet de « Bébé Rico » qu’ils vous avaient attribué; bébé étant quelqu’un qu’on aime et Rico, le nom d’une poupée muette, pour dire que vous étiez taciturne. Vous aviez le bénéfice du doute que vous n’avez malheureusement pas capitalisé. En cette année 2011, l’opinion des Congolais sur vous est néfaste alors que votre adversaire leur inspire tout ce qu’ils croient avoir perdu au cours de ces 5 dernières années : droits de la personne, justice, souveraineté, dignité patriotique, humanité, solidarité, prospérité et finalement confiance.

Je voudrais donc, pour conclure, monsieur le président, vous assurer que vous donneriez un précieux coup de pouce à la démocratie congolaise et rendriez en même temps un service mémorable à notre nation si vous concédiez la victoire à Tshisekedi, comme il le mérite, et si vous dénonciez aussi la fraude électorale qui a été commise à votre profit et surtout la honteuse décision de CSJ en faveur de votre élection. Votre honneur vous appartient, monsieur, mais il est susceptible d'influencer la cohésion nationale et le civisme, de par l’exemple que vous donnerez par un tel geste. Les Congolais vous en seront certainement reconnaissants et vous compterez parmi les démocrates de ce monde plutôt que les despotes.

Je vous prie d’accepter, Monsieur le président, mes salutations respectueuses, à vous- même et à votre famille ».

Les Grands de ce Monde reçoivent, de ci, de là, de telles lettres d’une belle élévation de pensée. L’Histoire l’atteste. Hélas, elle atteste aussi de ce que ces beaux et nobles conseils ne sont jamais suivis…

Suite du processus électoral

Mise à part la poursuite de la recherche des irrégularités dans les résultats de la présidentielle, on est loin d’en avoir fini avec les élections. Le dépouillement des législatives se poursuit. Et, là non plus, cela ne semble guère « tourner rond ».

Le Centre de droit de l’homme et du droit humanitaire (CDH) dénonce la fraude et la corruption dans les Centres locaux de compilation de résultats (CLCR) de Likasi et Lubumbashi. Dans un communiqué de presse parvenu à Radio Okapi, cette ONGDH basée au Katanga condamne «la manipulation à souhait des résultats moyennant de l’argent». Le CDH accuse les chefs de ces deux centres de compilation de refuser l’accès aux témoins des candidats et aux observateurs. Certains candidats contactés par Radio Okapi confirment que leurs témoins accèdent difficilement à ces CLCR. Mais d’autres

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affirment que leurs témoins assistent régulièrement aux opérations de compilation depuis le début.

Le communiqué cite aussi le cas des bureaux de vote dans lesquels des agents électoraux ont été invités à refaire des procès verbaux sans la présence des témoins des partis politiques et des observateurs. Raison invoquée: les procès verbaux ont été volés le lendemain du dépouillement.

L’ONG signale enfin le cas d’un candidat surpris entrain de corrompre le chef de centre de compilation de Likasi. Le secrétaire exécutif provincial de la Ceni/Katanga rejette toutes ces accusations et assure que tout se déroule normalement.

C’est toujours Radio Okapi qui, sous le titre « Législatives-RDC : La Ceni suspend momentanément les travaux de compilation » annonce que le vice-président de la Ceni, Jacques Djoli, a annoncé vendredi 16 décembre la suspension des travaux de collection des résultats dans tous les centres locaux de compilation des résultats. Il a affirmé que cette décision a été prise pour «essayer de recadrer les agents afin de traduire l’expression de la sociologie électorale telle qu’exprimée».

La CENI a décidé de cesser momentanément les travaux de collection des résultats dans tous les centres locaux de compilation (CLCR), a déclaré vendredi 16 décembre à Radio Okapi, son vice-président Jacques Djoli. Il affirme que cette décision est prise pour

«essayer de recadrer les agents afin de traduire l’expression de la sociologie électorale telle qu’exprimée». « Nous avons déjà beaucoup de mal par rapport à ce qui s’est passé [des irrégularités constatées lors de la présidentielle] et nous voulons cette fois-ci sauvegarder tant soit peu ce processus », a ajouté Jacques Djoli. Il a aussi annoncé que la Ceni a signé un accord technique avec la Monusco pour limiter les probables manipulations qui peuvent avoir lieu dans les CLCR. Selon Jacques Djoli, la Monusco devra être présent dans tous les CLCR, en commençant par ceux de Kinshasa.

Depuis le début de travaux de compilation des résultats, les agents de la Ceni sont accusés de falsifier les PV de vote. Ces plaintes émanent des candidats tant de l’opposition que de la Majorité présidentielle (MP). Cinq agents de la CENI ont été arrêtés mardi 13 décembre à Nyirangongo au Nord-Kivu. Alors qu’à Bokungu (Equateur), les candidats députés de la MP ont accusés les agents de la Ceni de falsifier les résultats au profit de l’opposition. Jacques Djoli a non seulement déploré les tentatives de soudoyer les agents de la Ceni, mais aussi la pression exercée sur eux par les autorités publiques à tous les niveaux.

Mise au point

Un lecteur a eu l’amabilité de nous faire remarquer que, dans une rubrique de la

« Revue » de ce matin, on discernait mal ce qui était relation d’un article du Soir et ce qui était le commentaire de la Rédaction. Encore qu’à notre avis il ait été assez aisé de les discerner, il nous a semblé que nous ne devions pas prendre exemple sur la CENI et que nous devions donc faire un véritable effort de clarification. On voudra donc bien lire comme suit le passage intitulé « Réactions »

« L’Afrique plébiscite Kabila, en dépit des critiques des observateurs », constatait récemment Le Soir.

Lorsqu’il s’agit de la République Démocratique du Congo, dit-il, les pays occidentaux, Europe et Etats-Unis, n’ont pas le même point de vue que les voisins africains. Ainsi, alors que la Cour Suprême de Justice ne s’était pas encore prononcée sur le recours déposé par l’un des candidats malheureux, Vital Kamerhe et n’avait pas encore proclamé le résultat définitif de l’élection présidentielle du 28 novembre, les chefs d’État des pays de la région des Grands Lacs, réunis à Kampala, rendaient leur verdict: l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, la Zambie, le Burundi, la République Centrafricaine, ont reconnu la réélection du président Joseph Kabila et appelé «ceux qui ne sont pas satisfaits du résultat de l’élection à l’accepter et à travailler pour reconstruire le pays.» Quant au

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Rwanda, il a préféré attendre la proclamation officielle des résultats pour se prononcer.

Le président ougandais Yoweri Museveni est allé plus loin, estimant que les préoccupations des observateurs n’étaient pas fondées, ajoutant même «il ne revient pas à ces observateurs de diriger des pays ». L’Afrique du Sud a abondé dans le même sens:

par la voix de sa ministre des affaires étrangères Maité Nkoana-Mashabane, elle a jugé que «globalement les élections congolaises ont été conduites «en accord avec la loi électorale du pays, avec les principes de la communauté de l’Afrique australe et ceux de l’Union africaine ».

Ces prises de position africaines diffèrent fortement des réserves et des critiques émises par les observateurs et les gouvernements occidentaux et semblent confirmer l’implication au Congo de l’Afrique et de nouveaux partenaires émergents. À la veille des élections en effet, alors que d’influents «think thanks” cccidentaux, comme International Crisis group ou le Centre Carter assuraient que la Commission nationale indépendante ne pourrait organiser le scrutin dans les délais fixés et plaidait pour un report négocié entre les divers protagonistes, c’est l’implication africaine qui fit basculer la donne: alors que la Chine organisait un pont aérien pour livrer à temps le matériel électoral et les bulletins de vote, l’Afrique du Sud, l’Angola, l’Ouganda et même Brazzaville prêtaient avions et hélicoptères afin que tout soit distribué à la date fixée. Par la suite, alors que plusieurs missions occidentales se préparaient à livrer des conclusions très circonspectes, soulignant les nombreuses violences ayant émaillé le scrutin et les graves irrégularités - sans toutefois mettre en cause l’ordre d’arrivée des candidats- les observateurs de toutes les missions africaines, prenant leurs collègues de court, délivraient un satisfecit global.

Autrement dit, les pays africains, que les exemples de la Côte d’Ivoire et de la Libye ont peut-être rendus circonspects, ont avant tout opté pour la stabilité au Congo, incarnée à leurs yeux par le président sortant.

(On se défend mal d’une impression de « déjà vu » : on se croirait à l’époque de l’OUA, surnommée « le syndicat des dictateurs africains ». Comment ne pas voir dans ces soutiens, au-delà de la peur du précédent ivoirien, des arrière-pensées intéressées et une solidarité louche entre régimes douteux ? L’Afrique du Sud compte sur Kabila pour être le principal bénéficiaire d’un « éléphant blanc » à Inga. La dictature rwandaise de Kagame a la décence diplomatique de ne pas encore montrer sa satisfaction ; l’Ouganda posséde en Museveni un « président à réélection perpétuelle et automatique », le Kenya vit sous un régime de « partage du pouvoir » après des élections bloquées, le Burundi a un président réélu alors qu’il était seul candidat, le régime de la République Centrafricaine, même entériné par des élections douteuses, est issu d’une guerre civile entachée de crimes contre l’humanité. Comme assemblée de démocrates, c’est édifiant ! La Tanzanie et la Zambie font, dans ce club, un peu figure de braves gens égarés dans un bouge. NdlR)

Les jours à venir, poursuit Le Soir, valideront ou non un tel pari. En effet, Vital Kamerhe a été le seul candidat à déposer un recours en bonne et due forme devant la Cour Suprême de Justice, accompagné de 15 avocats qui ont mené l’offensive en soulignant diverses violations de la loi électorale, comme la publication tardive des listes d’électeurs ou la circulation de bulletins de vote déjà cochés. Quant aux autres candidats, dont Tshisekedi, ils ont refusé de présenter leurs arguments devant la Cour Suprême, avançant qu’elle était acquise à Kabila, 18 de ses juges ayant été nommés à la veille des élections.

Même s’ils ont critiqué le déroulement du scrutin et surtout le désordre qui a régné dans les centres de compilation des résultats, les pays occidentaux ont tous invité les Congolais à résoudre leurs différends par la voie légale et à éviter la violence.

(La diplomatie – qui n’est souvent que la politesse appliquée aux états – ne permettait évidemment pas de dire autre chose. On voit mal un état quelconque appeler les habitants d’un autre à ne pas user de moyens légaux ! Mais sans doute attendait-on de la justice congolaise qu’elle joue décemment son rôle dans la comédie, prenne l’air d’enquêter et de réfléchir, affecte de méditer longuement sa décision. Au lieu de quoi la CSJ a tout simplement entériné, en quatre coups de cuiller à pot, les « résultats » auxquels même la CENI n’oserait plus dire aujourd’hui qu’elle croit ! Il se pourrait donc

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que les réactions internationales, dans les semaines qui vennent, réservent encore des surprises. NdlR)

« Les heures qui suivront la proclamation définitive des résultats auront, ce week end, une valeur de test: elles démonteront la capacité de mobilisation de Tshisekedi qui, se détournant des recours juridiques et s’autoproclamant président, veut faire descendre le peuple dans la rue, elles démontreront aussi jusqu’où les forces de sécurité gardent la maîtrise de la situation », conclut Le Soir.

© CongoForum, le samedi 17 décembre 2011

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