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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le vendredi 5 juillet 2013

Toujours exemplaire, DialogueDialogueDialogueDialogue donne la parole même à ceux qui ne l’aiment pas !

Année 2013, numéro 13 Année 2013, numéro 13 Année 2013, numéro 13 Année 2013, numéro 13

SOMMAIRE SOMMAIRE SOMMAIRE SOMMAIRE

Bolivie Bolivie Bolivie Bolivie

Evo Morales expulse l'ONG américaine USAID … page 1 25 vérités sur l’affaire Evo Morales/Edward Snowden … page 4

Justice internationale Justice internationaleJustice internationale Justice internationale

TPIY, 20 ans déjà - Bon anniversaire? … page 6 Les 20 ans du Tribunal (Sense Agency) … page 6

Incorrigible TPIY... page 7 Sénégal

Sénégal Sénégal Sénégal

Pan ! Dans la G… ! ... page 8 Afrique du Sud

Afrique du SudAfrique du Sud Afrique du Sud

Le Parti communiste et le syndicat Cosatu organisent des manifestations contre la visite d’Obama … page 10

RDC RDC RDC RDC

« Suffit-il qu'Obama interpelle les pays voisins du Congo pour y amener une paix durable ? »

… page 12

Le chasseur et le lion : quelle coopération culturelle pour quelles perspectives en RDCongo? … page 15 Rigolons un brin : Kinshasa - Venu pour voler, il finit par s’endormir sur le lit de sa victime… page 21

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Bolivie Bolivie Bolivie Bolivie

Evo Morales expulse l'ONG américaine USAID

Par Joseph Leonard ROHOYASIMBA

Il y a quelques semaines le 15 mai 2013, Evo Morales chassait USAID de Bolivie.

Evo Morales - pour ceux qui ne le savent pas – a un lien étroit avec l’Afrique, ayant œuvré aux côtés de Mouammar Kadhafi, Thomas Sankara et Hugo Chavez pour soutenir Nelson Mandela dans sa lutte contre l’apartheid durant toute sa captivité. Il a été un des premiers à obtenir le Prix Kadhafi des Droits Humains ou Droit des Peuples après Nelson Mandela en 1998 et les Enfants Opprimés de la Palestine en 1999, lui-même suivi du Pope d’Alexandrie, ensuite par Hugo Chavez et Recep Erdogan.

De plus en plus de livres et de films dénoncent le rôle nocif des ONGs occidentales pour les pays en développement. Les ONGs occidentales sont en fait des ONGs gouvernementales puisque financées grassement par les payeurs d’impôts dans les pays occidentaux, qui naïvement croient qu’ils viennent en

aide aux populations en détresse, alors que c’est complètement du contraire, leur argent servant majoritairement à payer les fonctionnaires des ONGs gouvernementales, leurs voitures etc. En témoigne le film récent du célèbre réalisateur Raoul Peck avec son film :

« L’Aide Mortelle – Comment la Mafia des ONGs a détruit Haiti ?». Pour en savoir plus concernant les ONGs gouvernementales et structures (d’aide) onusiennes il faut étudier les livres : « Lords of Poverty ! – Power Prestige and Corruption of the Multibillion Dollar Aid Business » de Graham Hancock, « Aid and Other Dirty Business de Gilles Bolton », « Death Aid » de Dambisa Moyo, « La Grande Désillusion » du Prix Nobel Joseph Stiglitz,

« Destruction Massive » du célèbre Professeur Genevois Jean Ziegler, « Course contre la montre » de Stephen Lewis, cet ancien fonctionnaire des Nations Unies qui s’occupe maintenant des enfants atteints du SIDA. Ce dernier n’hésite pas d’écrire dans son livre : « Si les Nations Unies, la Banque Mondiale et le FMI avaient pour objectif d’exterminer les populations africaines, pour que l’Occident ait toutes les ressources, ils ne pourraient pas faire mieux que ce qu’ils sont en train de faire ! ».

L’année passée je logeais chez un évêque catholique au Kivu qui m’affirmait que son plus grand souhait était que la Monusco et les ONGs occidentales quittent le pays, qu’ils ne sont là que pour soutenir les pilleurs étrangers . Ils parlent des entorses de Droits de l’Homme, de la transparence et de la bonne gouvernance pour ce qui concerne les noirs, mais pas des vols colossaux par les multinationales canadiennes-françaises-américaines avec des bandits de tout bord, lésant gravement les populations de toutes les façons possibles et imaginables ! Quel contraste alors avec les ASBLs ou ONGs congolaises de mamans africaines qui n’ont aucun subside mais qui aident réellement les personnes en détresse. J’admire tout spécialement les nombreux jeunes volontaires logeant souvent pendant des années dans des

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congrégations religieuses, non rémunérées, uniquement logées et nourries. J’ai ainsi vu de mes propres yeux des volontaires congolaises-flamandes-françaises-espagnoles se levant tous les matins à cinq heures pour aller chez les plus pauvres laver et soutenir des malades du SIDA et les encourager dans leurs dernières heures, revenant le soir crevées mais rayonnantes de la joie d’avoir aidé à survivre des frères et sœurs congolais. C’est peut être cela quand on dit que l’amour est plus fort que la mort !

Ce 13 mai 2013 le Président Bolivien Evo Morales a annoncé l'expulsion de Bolivie de USAID, l'agence américaine pour le développement international, en l'accusant de conspiration et d'ingérence dans la politique du pays, dans un discours enflammé devant des milliers de personnes. Il s'adressait à la foule pendant un rassemblement pour la Fête du Travail en mai 2013 sur la place d'Armes de La Paz, devant les bâtiments des pouvoirs exécutif et législatif boliviens.

« Nous avons décidé d'expulser l'USAID de Bolivie. L'USAID s'en va de Bolivie.

L'USAID, présente en Bolivie depuis 1964, se trouve dans ce pays ‘pour des objectifs politiques et non pour des objectifs sociaux’. L'USAID et d'autres institutions liées à l'ambassade des Etats-Unis à La Paz ‘conspirent contre le peuple, et particulièrement contre le gouvernement national’ » : a accusé le Président Morales, qui dirige la Bolivie depuis 2006.

En 2008, pour des motifs similaires, la Bolivie avait expulsé l'ambassadeur des Etats-Unis et l'agence anti-drogue américaine DEA. « En Bolivie plus jamais d'USAID, qui manipule, qui utilise nos frères dirigeants, qui utilise des camarades de la base en leur donnant des aumônes!», a déclaré le président bolivien, une des figures de la gauche radicale latino- américaine.

Tirant son origine du Plan Marshall d'aide à l'Europe après la Seconde Guerre mondiale, l'USAID fut créé le 3 novembre 1961 par le président des États-Unis John Fitzgerald Kennedy. Cette organisation a pour mission « d'aider à réduire la pauvreté, promouvoir la démocratie et la croissance économique, soulager les victimes des catastrophes naturelles et prévenir les conflits».

Cependant, nombreux sont ceux à critiquer cet organisme. Selon l'ONG « Les Amis de la Terre », les autorités américaines utiliseraient « la faim à des fins commerciales et politiques, au bénéfice des grosses industries agroalimentaires - notamment par le biais de l'USAID pour livrer du maïs transgénique dans les pays d'Afrique australe ».

L'USAID a fait notamment l'objet de sanctions du Government Accountability Office, bureau d'audit du gouvernement fédéral américain, concernant des scandales de fraudes.

Cette agence est régulièrement accusée d'espionnage ainsi que de troubler la politique intérieure en Russie, ce qui a mené à son interdiction dans ce pays depuis septembre 2012.

(Source http//cameroonvoice: Evo Morales et comment les États-Unis ont utilisé les ONGs pour soumettre l’Amérique Latine)

C’est quand Nelson Mandela était encore taxé de ‘terroriste’ par l’Occident que Mouammar Kadhafi avec Thomas Sankara, Hugo Chavez et Evo Morales l’ont soutenu envers et contre tous pendant ses longues années d’emprisonnement. Ce qu’ils ont fait pour la libération des peuples opprimés d’Amérique Latine et d’Afrique est considérable, malgré que pour l’Afrique le gros reste encore à faire. Le Colonel Kadhafi était le seul président africain qui a pu faire vivre tout son peuple, alors que les autres ne font vivre que quelques pourcents de leur

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population, parce que pour la plupart les carpettes des chefs d’états occidentaux. C’est là qu’il était démocratique avant tous les autres. Le Président Kadhafi était aussi aimé par la très grande majorité de son peuple, mais la France a stratégiquement semé la rébellion pour inventer sa guerre.

Les vrais raisons en étaient que Mouammar Kadhafi œuvrait avec tout son génie et avec toute sa générosité pour l’indépendance de l’Afrique. Lui avait compris que c’était la seule issue pour la liberté, la dignité, l’épanouissement et la survie des peuples de son continent. Le colonel Kadhafi a construit des écoles et des hôpitaux dans de nombreux pays africains, mais il a fait bien plus que cela. En 1992 peu après la montée du téléphone cellulaire, l’Europe exigeait 500 millions de dollars d’impôt de l’Afrique pour rendre possible aux populations africaines l’emploi du cellulaire au prix à la communication le plus élevée au monde. C’est ainsi que l’Occident créait de nouveau une dette colossale à l’Afrique, grimpant exponentiellement avec les taux d’intérêts surfaits que l’Europe pratique pour l’Afrique.

M.Kadhafi a mis fin à ce supplice en 2006 en installant lui-même le premier satellite africain, rendant pour toute l’Afrique la téléphonie cellulaire d’un coup la moins chère au monde, sauvant aussi ainsi indirectement des millions d’africains, encore plus qu’avec les dizaines d’hôpitaux qu’il a construit. Ensuite, la Chine et la Russie l’ont rejoint, cette fois en cédant leur technologie, permettant ainsi le lancement de nouveaux satellites.

Kadhafi travaillait à la création du Fond Monetaire Africain, de la Banque Centrale Africaine et de la Banque Africaine Des Investissements, pour lesquelles il avait libéré 30 milliards de dollars. Le Fond Monétaire Africain doit remplacer toutes les activités sur le sol africain du Fond Monétaire International qui avec seulement 25 milliards de dollars de capital a pu mettre à genoux tout un continent pendant des décennies. Le Fonds Monétaire et la Banque Africaine d’Investissements devaient entrer en fonction en année 2011. Ne serait-ce pas une des autres raisons cachées pour lesquelles S.E. Kadhafi devait disparaitre, parce qu’enfin il allait réussir à faire vivre l’Afrique ?

Kadhafi oeuvrait pour l’Union Africaine, tout en construisant patiemment « Les Etats Unis d’Afrique », une autre raison pour laquelle il devait disparaître.

Mais l’action la plus forte de Mouammar Kadhafi a été celle de la résistance contre l’apartheid, c'est-à-dire contre le racisme des blancs vis-à-vis des humains d’autres couleurs en Afrique du Sud. Pendant de très nombreuses années S.E. Mouammar Kadhafi a soutenu de toutes les façons possible Nelson Mandela en prison, alors considéré par l’Occident comme un dangereux terroriste de l’ANC. A peine sorti de ses 27 années d’emprisonnement, pour remercier son ami Kadhafi, la première action de Nelson Mandela a été de convaincre le Président Bill Clinton à lever l’embargo de l’Occident contre la Lybie qui durait depuis six longues années, mettant le pays au bord de la famine, que le Président Clinton a dû à contrecœur accepter.

En 1998 Kadhafi créa à Genève le Prix Al-Ghadafi des Droits Humains (ou droits des peuples). Le premier lauréat en 1999 fut Nelson Mandela, suivi en 1990 par ‘Les enfants de Palestine, puis par le Pope Shenouda III d’Alexandrie, Evo Morales, Hugo Chavez pour ne citer que les plus connus, et pour terminer en 2010 par le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, le prix n’étant plus octroyé depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi en 2011 . Comme dit le dicton « Qui se ressemble s’assemble ! » : D’un côté les oppresseurs esclavagistes modernes avec leurs valets africains aimant l’argent de sang, de l’autre côté les héros libérateurs voulant vraiment de tout leur cœur le bien-être de leurs peuples !

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25 vérités sur l’affaire Evo Morales/Edward Snowden

Par Salim Lamrani (Opera Mundi)1

Le cas Edward Snowden a été à l’origine d’un grave incident diplomatique entre la Bolivie et plusieurs pays européens. Suite à l’injonction de Washington, la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal ont interdit à l’avion présidentiel d’Evo Morales de survoler leur territoire.

1. Après un voyage officiel en Russie pour assister à un sommet des pays producteurs de gaz, le Président Evo Morales a pris son avion pour rentrer en Bolivie.

2. Les Etats-Unis, pensant qu’Edward Snowden ex-agent de la CIA et de la NSA – auteur des révélations sur les opérations d’espionnage de son pays – se trouvait à bord de l’avion présidentiel, ont ordonné à quatre pays européens, la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, d’interdire le survol de leur espace aérien à Evo Morales.

3. Paris a immédiatement suivi la directive en provenance de Washington et a annulé l’autorisation de survol de son territoire accordée à la Bolivie le 27 juin 2013, alors que l’avion présidentiel se trouvait à quelques kilomètres à peine des frontières françaises.

4. Paris a ainsi mis en danger la vie du Président bolivien, lequel a dû atterrir en urgence en Autriche, faute de carburant.

5. Depuis 1945, aucune nation au monde n’a empêché un avion présidentiel de survoler son territoire.

6. Paris, en plus de déclencher une crise d’une extrême gravité, a violé le droit international et l’immunité diplomatique absolue dont jouit tout chef d’Etat.

7. Le gouvernement socialiste de François Hollande a gravement porté atteinte au prestige de la nation. La France apparaît aux yeux du monde comme un pays servile et docile qui n’hésite pas un seul instant à obéir aux ordres de Washington, contre ses propres intérêts.

8. En prenant une telle décision, Hollande a discrédité la voix de la France sur la scène internationale.

9. Paris devient également la risée du monde entier. Les révélations faites par Edward Snowden ont permis de découvrir que les Etats-Unis espionnaient plusieurs pays de l’Union européenne dont la France. Suite à ces révélations, François Hollande avait publiquement et fermement demandé à Washington de cesser ces actes hostiles. Néanmoins, en coulisse, l’Elysée a fidèlement suivi les ordres de la Maison-Blanche.

1 Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son dernier ouvrage s’intitule État de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba, Paris, Éditions Estrella, 2011 (prologue de Wayne S. Smith et préface de Paul Estrade).

Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel

http://operamundi.uol.com.br/conteudo/opiniao/29791/25+verdades+sobre+o+caso+evo+moralesedward+snowd en.shtml

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10. Après avoir découvert qu’il s’agissait d’une fausse information et que Snowden ne se trouvait pas dans l’avion, Paris a décidé d’annuler l’interdiction.

11. L’Italie, l’Espagne et le Portugal ont également suivi les ordres de Washington et ont interdit à Evo Morales le survol de leur territoire, avant de revenir sur leur décision après avoir découvert que l’information était erronée et de permettre au président bolivien de poursuivre sa route.

12. Avant cela, l’Espagne a même exigé de fouiller l’avion présidentiel en violation de toutes les normes juridiques internationales. « Il s’agit d’un chantage et nous n’allons pas le permettre pour une question de dignité », a répliqué la présidence bolivienne. « Je ne suis pas un criminel », a déclaré Evo Morales.

13. La Bolivie a dénoncé une atteinte à sa souveraineté et à l’immunité de son président. « Il s’agit d’une instruction du gouvernement des Etats-Unis », selon La Paz.

14. L’Amérique latine a unanimement condamné l’attitude de la France, de l’Espagne, de l’Italie et du Portugal.

15. L’Union des nations sud-américaines (UNASUR) a convoqué en urgence une réunion extraordinaire suite à ce scandale international et a exprimé son « indignation » par la voix de son secrétaire général Ali Rodríguez.

16. Le Venezuela et l’Equateur ont condamné « l’offense » et « l’attentat » contre le Président Evo Morales.

17. Nicolas Maduro du Vénézuela a condamné « une agression grossière, brutale, impropre et non civilisée ».

18. Le Président équatorien Rafael Correa a exprimé son indignation : « Notre Amérique ne peut pas tolérer un tel abus ! ».

19. Le Nicaragua a dénoncé une « action criminelle et barbare ».

20. La Havane a fustigé « un acte inadmissible, infondé et arbitraire qui offense toute l’Amérique latine et la Caraïbe ».

21. La Présidente argentine Cristina Fernández a fait part de sa consternation : « Ils sont devenus fous. Un chef d’Etat et son avion disposent d’une immunité totale. Une telle impunité est inacceptable ».

22. Par la voix de son secrétaire général José Miguel Inzulza, l’Organisation des Etats américains (OEA) a condamné la décision des pays européens : « Aucune circonstance ne peut justifier de telles actions au détriment du président bolivien. Les pays impliqués doivent expliquer pourquoi ils ont pris cette décision, car elle a mis en danger la vie du président d’un pays membre de l’OEA ».

23. L’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) a dénoncé « une discrimination flagrante et une menace contre l’immunité diplomatique d’un chef d’Etat ».

24. Au lieu d’accorder l’asile politique à la personne qui lui a permis de découvrir qu’elle était victime d’espionnage hostile, l’Europe, en particulier la France, n’hésite pas à créer une grave crise diplomatique dans le but de livrer Edward Snowden aux Etats-Unis.

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25. Cette affaire illustre que l’Union européenne est, certes, une puissance économique, mais un nain politique et diplomatique incapable d’adopter une posture indépendante vis-à-vis des Etats-Unis.

Justice internationale

C’est à la fin du XX° siècle que les premiers tribunaux pénaux internationaux sont apparus. Avant d’en arriver à l’érection de la Cour Pénale Internationale, qui est un organe permanent et aimerait être universelle, deux « prototypes » furent mis en place, sous forme de tribunaux a compétence limitée dans l’espace et/ou dans le temps. Il s’agissait du TPYR d’Arusha, compétent pour les faits de 1994 au Rwanda et du TPIY de La Haye, pour l’ex- Yougoslavie2. Il était donc intéressant de savoir ce qu’en pense un « exyougoslave ».

TPIY, 20 ans déjà - Bon anniversaire?

Par Dragan Grcic

C'est la grande fête à La Haye : on fête les 20 ans du Tribunal Pénal pour l'ex-Yougoslavie.

Le gratin des personnalités distinguées se sont donc offert un légitime moment de ressourcement, pour célébrer la justice et la force du droit, consacrant à la face du monde la défense des principes humanitaires. Mais au fait, qui est ce « on » ? Qui est ce « on » qui fait la fête ? Si vous avez l'esprit critique, l'article qui suit ne vous laissera pas indifférent. Toutes les nuances se trouvent dans l'emploi des guillemets à certains moments, et dans la façon dont est agencé l'article. Cet article, si vous le prenez dans le contexte, est une petit pavé dans la marre, mais de façon implicite. Je vous laisse vous faire votre propre opinion. C'est la traduction d'un article de Sense Agency, une agence de presse qui suit l'activité du Tribunal de La Haye. Je signale qu'il y a plusieurs articles qui ont paru sur ce même sujet, dont un article intéressant dans Politika, qui donne la vision de Florence Hartmann. Un autre article a été publié il y a quelques semaines par un autre ancien porte-parole du TPIY, une véritable bombe. Hélas, les analyses critiques ne sont jamais relayées par les médias (qui se basent en général sur les seuls communiqués du TPIY) et encore moins par le TPIY.

Les 20 ans du Tribunal (Sense Agency)

La Haye, 27 mai 2013

Le roi des Pays-Bas Willem-Alexander et d'autres distingués invités ont participé à la cérémonie qui a marqué les 20 ans du Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Il n'y avait aucun représentant des cours et des procureurs de la région. Les membres des associations des victimes étaient absentes, pour lesquelles le tribunal avait été mis en place.

2 Pourquoi « ex », d’ailleurs, car « Jugoslavija » ne veut rien dire d’autre que « la région habitée par les Slaves du Sud ». Or, les Slovénes, Serbes, Croates, Bosniaques, Monténégrins et Macédoniens sont toujours des slaves et sont toujours ceux qui habitent le plus au Sud. Alors ?

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La cérémonie dans la grande salle du Tribunal a marqué le 20e anniversaire de la Résolution 827 du Conseil de Sécurité de l'ONU. Le 25 mai 1993, le Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie a été créé sur la base de cette résolution. En présence du roi des Pays-Bas Willem-Alexander, les hauts représentants de l’État et de la ville qui abrite le Tribunal, ainsi que le corps diplomatique de La Haye, les principaux représentants du Tribunal se sont exprimés sur l'héritage du Tribunal au cours des 20 dernières années. Patricia O'Brien, Sous- Secrétaire ONU pour les affaires légales, était la présidente de séance (keynote speaker) au nom du Secrétaire de l'ONU.

Les juges Camel Agius, O-Gon Kwon et Christoph Flügge, Richard Goldstone le premier procureur en chef, le Juge Alphons Orie et le juriste de Belgrade Novak Lukic ont pris la parole sur les défis qu'ils ont rencontrés lors des jugements des personnes accusées de crimes de guerre par le premier tribunal international créé après les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo. Lors du premier procès du Tribunal, le Juge Orie était un des conseils de Dusko Tadic.

Novak Lukic est le président de l'Association des conseils de la défense devant ce Tribunal.

Le Président Theodor Meron s’est exprimé avec une certaine fierté sur les principaux résultats des 20 dernières années : tenir pour responsables ceux au pouvoir pour des crimes est désormais « une règle, et non une exception », les personnes accusées de crimes de guerre se voient garantir un procès équitable, et le « paysage légal » dans le monde a changé. Seul le procureur en chef Serge Brammertz a parlé des victimes des crimes de guerre et de la justice pour ceux qui ont survécu. Le greffier du tribunal John Hocking a mentionné le rôle des médias dans le fait de tenir informé le public de l'action du Tribunal.

Plusieurs orateurs ont souligné que l’héritage permanent du Tribunal dépendra surtout de l'étendue dans laquelle les systèmes juridiques nationaux poursuivront les procédures juridiques contre les auteurs des crimes de guerre, après que le mandat du Tribunal aura été achevé. Il n'y avait aucun représentant des cours et bureaux des procureurs des pays de l'ex- Yougoslavie lors de la cérémonie. En outre, il n'y avait aucun représentant des victimes des crimes de guerre ; le Tribunal avait été établi pour leur donner la voix.

Incorrigible TPIY...

Voici un article publié par la Sense Agency, qui fait suite à celui au sujet de l'anniversaire du TPIY. Bravo à Sense Agency pour son courage. Traduction libre. D. Grcic

Sense Agency, La Haye, 4 juin 2013

Pourquoi le président du Tribunal Theodor Meron s'est-il plaint d'une dépêche de Sense Agency sur la cérémonie qui a marqué le 20e anniversaire du TPIY?

Au moment où les grands médias, comme le New York Times et The Economist de Londres, ont été contraints de conclure avec regret que la crédibilité du Tribunal a été brisée de façon irréparable, le président du Tribunal Theodor Meron a porté à notre attention une erreur dans la dépêche de Sense Agency, sur la cérémonie marquant le 20e anniversaire du Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie.

Dans notre dépêche, nous notions que le Procureur en chef Serge Brammertz était le seul orateur à mentionner les victimes des crimes de guerre et la justice pour les survivants. Le président Meron affirme que ce n'est pas exact, et nous a recommandé de regarder l'enregistrement de son exposé sur Youtube. Nous l'avons visionné et, en effet, nous avions

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tort: le président Meron a en effet mentionné les victimes à une reprise dans son exposé. A la fin d'une assez longue liste d'organisations et de pays auxquels le Tribunal devait sa gratitude (le Conseil de Sécurité, le gouvernement des Pays-Bas, la communauté internationale menée par l'UE et les USA...), le président Meron a « rendu un hommage aux témoins et aux victimes qui ont fait un pas pour fournir des preuves ».

Quand bien même nous considérons que réduire les victimes à de simples instruments utilisés pour fournir des preuves ou servir au processus judiciaire n'est pas la façon la plus appropriée d'évoquer leur rôle dans le cadre d'une cérémonie saluant l'institution établie pour leur donner une « mesure de justice », nous présentons nos excuses au président Meron pour notre erreur.

Ceci, cependant, ne change pas la conclusion de notre dépêche : que la cérémonie du 20e anniversaire a été marquée par une 'absence flagrante des représentants des associations de victimes, pour lesquelles le Tribunal a établi en premier lieu'.

Sénégal Pan ! Dans la G… !

Bousso Dramé lauréate du Concours National d’Orthographe refuse le visa de la France à cause du comportement vexant du consulat de France !

A Son Excellence, Monsieur le Consul Général,

A Monsieur le Directeur de l’Institut Français du Sénégal,

Mon nom est Bousso Dramé et je suis une citoyenne sénégalaise qui, en ce jour, a décidé de prendre sa plume pour porter haut et fort un message me tenant particulièrement à cœur.

Par intérêt pour la langue de Molière, j’ai décidé de participer en Avril dernier, au Concours National d’Orthographe 2013, organisé par l’Institut Français, dans le cadre des Prix de la Francophonie. Le concours a réuni quelques centaines de candidats, âgés de 18 à 35 ans dans les Instituts Français de Dakar et de Saint-Louis ainsi que les Alliances Françaises de Kaolack et de Ziguinchor. A la suite de joutes portant sur un extrait de L’Art Français de la Guerre d’Alexis Jenni, Prix Goncourt 2011, j’ai eu l’honneur d’être primée Lauréate dudit Concours. A ce titre, un billet d’avion Dakar-Paris-Dakar et une formation CultureLab en réalisation de film documentaire au Centre Albert Schweitzer m’ont été octroyés.

Durant ma petite vie, je n’ai eu de cesse, tout en étant ouverte sur le monde dont je suis une citoyenne, de

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défendre ma fierté d’être noire et africaine. Il va sans dire que je crois résolument à l’avenir radieux de ma chère Afrique. Je suis également d’avis qu’il est impératif que les préjugés qui ont prévalu au sujet des Africains et de l’Afrique, du fait du passé colonial et de la situation contemporaine difficile de ce continent, soient révolus. Il est temps que les Africains se respectent eux-mêmes et exigent d’être respectés par les autres. Cette vision d’une Afrique généreuse et ouverte, certes, mais fière et ferme dans l’exigence du respect qu’on lui doit et qu’on ne lui a que trop longtemps refusé est une conviction forte qui me porte et me transporte, littéralement.

Cependant, durant mes nombreuses interactions avec, d’une part, certains membres du personnel de l’Institut Français, et, d’autre part, des agents du Consulat de France, j’ai eu à faire face à des attitudes et propos condescendants, insidieux, sournois et vexatoires. Pas une fois, ni deux fois, mais bien plusieurs fois! Ces attitudes, j’ai vraiment essayé de les ignorer mais l’accueil exécrable dont le Consulat de France a fait montre à mon égard (et à celui de la majorité de Sénégalais demandeurs de visas) a été la goutte d’eau de trop, dans un vase, hélas, déjà plein à ras bord.

En personne authentique qui ne sait pas tricher, une décision difficile mais nécessaire s’est naturellement imposée à moi. Un voyage tous frais payés, fut-il le plus beau et le plus enchanteur au monde, ne mérite pas que mes compatriotes et moi souffrions de tels agissements de la part du Consulat de France. Une formation aussi passionnante soit-elle, et Dieu sait que celle-ci m’intéresse vraiment, ne vaut pas la peine de subir ces attitudes qu’on retrouve malheureusement à grande échelle sous les cieux africains. Par souci de cohérence avec mon système de valeurs, j’ai, donc, pris la décision de renoncer, malgré l’obtention du visa.

Renoncer pour le symbole.

Renoncer au nom de tous ces milliers de Sénégalais qui méritent le respect, un respect qu’on leur refuse au sein de ces représentations de la France, en terre sénégalaise, qui plus est.

Cette décision n’est pas une sanction contre des individualités, mais contre un système généralisé qui, malgré les dénégations de mes concitoyens, semble ne pas avoir l’intention de se remettre en cause.

Par ailleurs, je trouve particulièrement ironique que l’intitulé partiel de la formation à laquelle je ne prendrai pas part soit : « La France est-elle toujours la Patrie de Droits de l’homme. Jusqu’à quel point les Français sont-ils des citoyens d’Europe, du monde? » Cela aurait, sans aucun doute, fait un intéressant sujet de documentaire vu d’une perspective africaine et j’espère, avoir l’occasion, par d’autres voies et moyens, de participer à une future formation CultureLab.

Je tiens à remercier, l’Institut Français tout de même, pour l’initiative de ce concours, qui, à mon avis mériterait de continuer à exister, voire se tenir à fréquence plus régulière et ce, pour stimuler l’émulation intellectuelle entre jeunes Sénégalais et pour le plaisir des amoureux de la langue française, dont je fais partie.

Madame la Préposée au Guichet du Consulat de France, je ne connais pas votre nom, mais je vous dis au sujet de ce visa dont je ne me servirai pas : Non, merci.

Fièrement, sincèrement et Africainement vôtre.

Bousso Dramé

Consultante Internationale

Récipiendaire de la Bourse d’Excellence du Gouvernement Sénégalais

Récipiendaire de la Bourse d’Excellence Eiffel du Gouvernement Français pour les étudiants étrangers Diplômée de Sciences Po Paris, Master en Affaires Internationales

Diplômée de la London School of Economics, MSc in International Political Economy Nominée “Global Shaper” par le Forum Economique Mondial

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Afrique du Sud

Le Parti communiste et le syndicat Cosatu organisent des manifestations contre la visite d’Obama

Nous sud-africains, en tant que Parti communiste d’Afrique du sud (SACP), Jeunesse communiste d’Afrique du sud (YCL), Congrès des étudiants sud- africains (SASCO), Association des étudiants musulmans (MSA), Syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la santé (NEHAWU), Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), Société des amis de Cuba (FOCUS), Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israel en Afrique sud (BDS south- african) et la Fédération syndicale mondiale (FSM), déclarons notre opposition totale à la venue du président des États-Unis d’Amérique Barack Obama dans notre pays.

Notre opposition repose sur la politique étrangère américaine arrogante, égoïste et oppressive, le traitement des travailleurs et des relations commerciales étrangères enraciné dans le bellicisme, la super-exploitation néo-libérale, le racisme colonial et le mépris ainsi que la destruction de l’environnement, rendant ainsi la réalisation d’un monde juste et pacifique impossible.

La venue du président Barack Obama en Afrique du sud est la première depuis qu’il a été élu chef de l’Etat. Les Etats-unis, sous sa direction, ont intensifié leur offensive contre les droits de l’Homme, la militarisation des relations internationales et continue de gaspiller les ressources mondiales au détriment de l’environnement et des peuples opprimés du monde entier.

Les États-Unis sont profondément impliqués dans l’oppression du peuple du Sahara occidental, le seul pays qui reste colonisé sur le continent africain, par le Maroc. Et à ce jour, la libération des Cinq Cubains et la poursuite d’un embargo sans fondement contre le pays et le peuple de Cuba semblent toujours des questions sur lequel les Etats-unis restent inflexibles.

L’appel à la libération des Cinq Cubains a été une campagne internationale importante soutenue même par des vainqueurs du Prix Nobel qui ont publié un document pour leur libération : Zhores Alferov (Prix Nobel de physique, 2000), Desmond Tutu (Prix Nobel de la paix, 1984), Nadine Gordimer (Prix Nobel de littérature, 1991), Rigoberta Menchú (Prix Nobel de la paix, 1992), Adolfo Pérez Esquivel (Prix Nobel de la paix, 1980), Wole Soyinka (Prix Nobel de littérature, 1986), José Saramago (Prix Nobel de littérature, 1996), Günter Grass (Prix Nobel de littérature, 1999).

L’occupation criminelle de la Palestine par l’État d’apartheid d’Israël, quelque chose que nous connaissons bien dans notre pays, n’a été possible que par le soutien financier et politique qu’apportent les Etats-unis au régime raciste israélien. Cela se traduit fondamentalement à la fois par un soutien direct et des aides militaires qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars chaque année – avec une aide américaine à Israel qui surpasse celle destinée à l’Afrique,

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l’Amérique latine et l’Asie réunis.

En outre, les États-Unis ont depuis des années bloqué, seuls contre tous, tout progrès et se sont totalement isolés et coupés du consensus au sein de la communauté internationale. En fait, les États-Unis sont le pays qui a eu le plus recours au veto de l’ONU : il a utilisé son droit de veto plus de 40 fois pour défendre l’apartheid israélien. En tant que sud-africains, nous nous rappelons douloureusement comment les Etats-unis ont utilisé leur droit de veto pour défendre l’apartheid sud-africain, tout particulièrement contre les résolutions de l’ONU imposant des sanctions économiques et militaires. Les États-Unis, sous Reagan et sous d’autres présidents, ont soutenu l’Afrique du sud de l’apartheid et étaient du mauvais côté de l’Histoire. Pourquoi les États-Unis n’apprennent-ils pas de leur histoire, et ne seraient-ils pas du bon côté de l’Histoire, pour une fois ?

Enfin, la politique des États-Unis sur l’environnement, en particulier le fait qu’il est un des plus gros contributeur au réchauffement climatique mondial, et pourtant à ce jour il persiste à refuser d’observer et de signer le protocole de Kyoto, est tout simplement inacceptable.

Les forces progressistes en Afrique du sud ont constamment soulevé ces questions, et tant d’autres, sur le rôle des États-Unis dans la communauté internationale. Nous avons clairement fait connaître le fait que la visite du président des Etats-unis en Afrique du sud n’est pas la bienvenue, et qu’elle fera face à des protestations, des manifestations, des actes de résistances organisées par tous les sud-africains épris de paix et de justice. L’amitié avec l’Afrique du sud doit reposer sur les valeurs de justice, de liberté et d’égalité et c’est que ce les Etats-unis ont insulté, ébranlé et ridiculisé par ses actions sur la scène internationale.

Les questions suivantes seront mises en avant dans les manifestations à venir contre la venue du président Obama :

1 – Le parti-pris et la persévérance, côté américain, dans la militarisation des relations internationales et de la coopération. On sait bien que les Etats-unis privilégient une approche des conflits dans le monde en incitant, encourageant et parfois en fomentant la guerre, guidés essentiellement par leurs intérêts économiques souvent dissimulés derrière la rhétorique de la défense des droits de l’Homme. La militarisation des relations internationales se manifeste à travers des institutions comme l’AFRICOM, l’OTAN, et la politique perpétuelle du deux poids, deux mesures sur le désarmement nucléaire que les États-Unis prêchent lorsqu’ils s’adressent aux pays du Sud, tout en continuant à collaborer avec une puissance nucléaire comme Israël ;

2 – La rapacité constante dans la consommation des ressources mondiales par les Etats-unis, illustrée par son soutien à ses multi-nationales qui n’ont aucune considération pour l’environnement, les droits de l’Homme, les lois sociales progressistes etc ;

3 – Le soutien actif des Etats-unis et la défense des régimes oppresseurs et coloniaux. C’est un aspect de la politique étrangère des Etats-unis qui révèle le plus sa nature hypocrite, quand les régimes qui soutiennent ses intérêts ne sont jamais critiqués ; au contraire, ils sont non seulement soutenus mais maintenus en place par la machine de guerre américaine. Premier sur la liste, Israël, qui continue de servir les États-Unis, au front au Proche-orient, tout en réprimant et maintenant ses politiques d’apartheid racistes contre le peuple palestinien. Un autre exemple, c’est le soutien des États-Unis au Maroc, qui opprime et occupe la Sahara occidental, et le soutien de plus en plus net à des régimes oppressifs, comme en Colombie ;

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4 – Le rôle des États-Unis dans le maintien du continent africain dans le sous-développement ainsi que de relations commerciales impérialistes avec les pays africains ;

5 – Le blocus injustifiable contre Cuba et la détention injuste des Cinq Cubains ;

6 – Les États-Unis d’Amérique sont le premier contributeur mondial au réchauffement climatique qui condamne le monde à des catastrophes environnementales ;

Le peuple sud-africain est invité à participer à une Journée nationale d’action le 28 juin, avec une première initiative qui prendra la forme d’une manifestation du siège des Bâtiments de l’Union, siège du gouvernement, jusqu’à l’ambassade américaine à Pretoria.

RDC RDC RDC RDC

« Suffit-il qu'Obama interpelle les pays voisins du Congo pour y amener une paix durable ? »

Par Kambale Musavuli3

Le voyage du Président Barack Obama sur le continent africain s'est terminé le 2 juillet 2013. Après ses passages au Sénégal et en Afrique du Sud, son dernier arrêt a été la Tanzanie où il a rendu visite au Président Jakaya Kikwete. Les Présidents Obama et Kikwete ont tous deux fait des déclarations qui constituent des signes favorables à l'égard de la crise en République démocratique du Congo (RDC).

La semaine dernière, Président Kikwete a appelé le Rwanda et l'Ouganda à engager un dialogue avec leurs groupes de milices respectifs présents en RDC, au lieu de constamment utiliser la présence de ces rebelles comme prétexte rationnel aux interventions répétées au Congo.

Lundi 1er juillet 2013, pendant sa visite officielle en Tanzanie, répondant à une question d'un journaliste congolais, Président Obama réitère: « Les pays entourant le Congo doivent s'engager à cesser de supporter financièrement les groupes armés qui empiètent sur l'intégrité territoriale et la souveraineté du Congo».

La réponse du Président Obama est fascinante à plusieurs égards. D'abord, en dépit de 16 années d'intervention des alliés américains en RDC à savoir : le Rwanda et l'Ouganda, déclenchant la mort de millions de Congolais, le Président Obama s'est gardé de mentionner explicitement ces pays et a choisi d'y substituer l'euphémisme « les voisins du Congo ». De plus, tandis que les États-Unis ont reconnu à plusieurs reprises que ses États alliés, le Rwanda et l'Ouganda, supportent financièrement des groupes armés au Congo, ils continuent à armer,

3 Kambale Musavuli est le porte-parole de l'organisation Friends of the Congo (Amis du Congo), regroupant des Américains et des Congolais des Etats-Unis. Il est un des intervenants dans le court-métrage «Le conflit au Congo: la vérité dévoilée », une version abrégée d'un documentaire à venir qui examine le rôle du Rwanda et de l'Ouganda dans la guerre en RDC. Il peut être joint à kambale@friendsofthecongo.org. Twitter @kambale ou Facebook à https://www.facebook.com/kambalemusavuli

Friends of the Congo

email: info@friendsofthecongo.org phone: 202-584-6512

web: http://www.friendsofthecongo.org

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former, financer et fournir les couvertures diplomatique et politique nécessaires à ces deux pays.

Pour mieux dire, Philippe Bolopion de Human Rights Watch observe: « Ainsi, comment arrive-t-on à s'échapper d'une bavure telle que celle d'avoir armé une force rebelle qui attaque les soldats de la paix de l'ONU, violent des femmes et recrutent des enfants? En ayant des amis puissants. Et cela, le Rwanda en a. Né de la culpabilité de l'inaction de l'administration Clinton face au génocide rwandais et de la reconnaissance de l'utilisation relativement efficace de l'aide au développement par le Rwanda, les États-Unis ont prouvé qu'ils sont parmi les alliés les plus loyaux de Kigali.»

Lorsque les États-Unis demandent à leurs alliés de cesser de financer des groupes armés au Congo, il serait plus cohérent que les Américains eux-mêmes cessent de financer le Rwanda et l'Ouganda tant que ces derniers continuent à supporter financièrement le conflit en RDC.

Dans les faits, la loi américaine exige de l'administration Obama d'adopter une telle ligne de conduite. La Section 105 de la Public Law 109-456 - loi que le Président Obama a instaurée lorsqu'il était Sénateur et que Hillary Clinton et John Kerry ont appuyée - autorise le Secrétaire d'État à retenir l'aide fournie aux États voisins du Congo si ces derniers en venaient à déstabiliser le pays. L'administration Obama tarde encore à mettre cette loi entièrement en oeuvre.

La pression sur le Rwanda et l'Ouganda est de plus en plus élevée eu égard à leur appui à des groupes rebelles au Congo. À la lumière de deux rapports du Groupe d'experts de l'ONU publiés en 2012, le gouvernement des États-Unis affirme que: « Il y a un ensemble de preuves crédibles qui corroborent les découvertes clefs du Groupe d'experts des Nations unies - incluant la preuve de supports militaire et logistique significatifs, ainsi que de conseils opérationnels et politiques de la part du gouvernement rwandais au M23».

La réponse de l'administration Obama face à ces rapports a été la suspension du financement militaire étranger fourni à une académie militaire rwandaise à la hauteur de 200,000$ US et un appel téléphonique du Président Barack Obama à Paul Kagame pour discuter du rôle du Rwanda dans la déstabilisation du Congo. Malheureusement, non seulement ces actions n'ont pas suffi à arrêter les voisins du Congo dans leur agression, mais elles sont nettement insuffisantes face au niveau de souffrance quotidien auquel le peuple congolais est confronté dû aux meurtres brutaux perpétrés par les groupes de milices.

Un changement clé nécessaire à la politique américaine face à la région des Grands-Lacs africains doit être de cesser de supporter ses alliés qui alimentent le conflit en RDC. Comme il a fait lors de son voyage de 2009 au Ghana, le Président Obama réitère ceci durant son discours de Cape Town : « Nous sommes intéressés à investir, non pas dans les hommes forts, mais bien dans les institutions fortes ». Cependant, le support continuel du gouvernement américain des hommes forts au Rwanda, en Ouganda et en RDC, est en opposition totale avec la déclaration du Président Obama à Cape Town.

Un second changement clé requis à la politique américaine est que les américains supportent réellement les institutions fortes et la démocratie tant au Congo que dans la région. Le manque de démocratie et d'institutions démocratiques, ainsi que la militarisation de l'espace politique dans la région a été un catalyseur majeur de l'instabilité en RDC, en Ouganda et au Rwanda. Les changements structurels de la politique étrangère américaine exposés sont des pré-requis essentiels pour engendrer la paix et la stabilité au Congo et dans la région des Grands Lacs africains.

Malgré les millions de Congolais qui ont péri au cours des 17 dernières années dans ce que les Nations unies disent être le conflit le plus meurtrier dans le monde depuis la Deuxième Guerre mondiale, il est peu de dire que la réponse des leaders mondiaux et des États-Unis en particulier face à ce qui est probablement la plus grande tragédie humaine à l'aube du 21e siècle a été terne.

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Adopté récemment, « L'Accord cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région » en est un exemple. Cet accord n'arrive pas à désigner le Rwanda et l'Ouganda comme responsables de leurs actes, manque d’un élément important sur la justice, n'inclut pas le peuple congolais dans l'élaboration de cet accord, déduit par erreur que la légitimation du pillage du Congo par le Rwanda et l'Ouganda sous des apparences d'intégration commerciale et économique apportera la stabilité dans la région des Grands Lacs.

Le fait que l'action n’ait abouti qu’à ce que des pays agresseurs tels que le Rwanda et l'Ouganda aient pu être tenu pour responsables à un niveau aussi minime, est pourtant déjà le résultat d'une pression globale des citoyens ordinaires sur les leaders mondiaux. Nous n'avons cessé de constater le rôle constructif qu'une pression mondiale peut jouer dans le rétablissement de la paix au Congo. Récemment, la fuite d'un rapport du Groupe d'experts de l'ONU sur la RDC s’appuyant sur des documents pour établir une diminution du support des milices rwandaises et ougandaises au Congo est un signe clair que la pression sur les États- Unis et ses alliés, le Rwanda et l'Ouganda, doit être appuyée et intensifiée.

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Le chasseur et le lion : quelle coopération culturelle pour quelles perspectives en RD.Congo?

par Lye M. Yoka4

La République Démocratique du Congo est un pays en crise, c’est connu. Ce qui est moins connu, c’est que par rapport aux tragédies qui ont émaillé la vie des Congolais depuis cinquante ans et plus, le travail de deuil ne semble pas avoir été accompli comme il se doit.

Dans le jardin de l’école des beaux arts/Kinshasa (photo de cikuru batumike) 1. le syndrome de l’orphelin

Si le travail de deuil, c’est réconcilier le présent et le passé avec la paix, et reconnaitre le statut d’ancêtres aux morts (qu’ils soient ordinaires, héros ou martyrs), il n’a pas encore su réconcilier la mémoire avec les séquelles de la traite négrière, des campagnes léopoldiennes, de la tragédie de Lumumba, des rebellions à répétitions et des génocides camouflés5.

Il s’en est suivi un certain nombre de paradoxes, dont le plus remarquable pour moi, au cours des 50 ans d’indépendance, est que nous avons été globalement atteints du « syndrome de l’orphelin » : tous à la fois enfants-soldats, victimes collatérales des massacres ; enfants- sorciers, à la merci des malédictions irrationnelles ; enfants de rue, avatars de la crise socio- économique et de l’emprise de la culture informelle. Voilà pour l’envers de la médaille.

L’endroit de cette médaille, l’autre face de Janus, c’est qu’en même temps, pendant les mêmes 50 ans, les mêmes générations ont démontré des capacités inouïes de survie et de résistance : nous sommes tous ainsi à la fois des enfants de …cœur, avides de paix ; enfants

4 Lye M. Yoka enseigne à l’Institut National des Arts de Kinshasa

5 Lye M. YOKA, « A quand le travail de deuil ? », dans Combats pour la culture, Editions Hemar, Brazzaville,

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prodigues, flambeurs et sapeurs dans le corps et l’esprit comme pour contrevenir à la loi de la mort sans cesse présente en nous et autour de nous; enfants prodiges, génies de l’inventivité, notamment artistique comme cache-misère ou comme revendication des paradis perdus.

2. Quête des paradis perdus

Comme pour exorciser les paniques et faire valoir les ressources et les ressorts identitaires occultés, des tentatives ont été menées par diverses politiques et dynamiques culturelles depuis 1960, qu’elles soient d’inspiration intellectuelle (Mabika Kalanda, « la remise en question, base de la décolonisation mentale » V.Y Mudimbe, « L’autre face du royaume » ), religieuse (Cardinal Joseph Malula et le rite zaïrois de la célébration eucharistique ; ainsi que les intellectuels du Centre d’Etudes des Religions Africaines – CERA) ou politique (Président Mobutu, « le recours à l’Authenticité », Joseph Kabila, « la révolution de la modernité »), etc .

Deux moments me paraissent remarquables dans cette quête identitaire : d’abord « le recours à l’Authenticité » prôné par le président Mobutu comme antidote à l’acculturation et à la néo- colonisation mentale. Ce recours à la mémoire et à l’énergie ancestrale, tout intuitif, tout empreint de romantisme et de nostalgie d’une Afrique virginale, n’a cependant pas échappé aux dérives totalitaires du culte de la personnalité et du parti unique. Deuxième cas : la Conférence Nationale Souveraine, vaste palabre à l’africaine avec comme objectif la catharsis collective et le changement radical du système politique. L’on sait comment cette palabre, bilan autocritique a priori bénéfique, a ouvert la boite de Pandore et déclenché les violences de toutes sortes à partir de 1990.

3. Les voleurs de feu.

Si l’ex-colonie belge n’est pas arrivée à faire le deuil de la colonisation, il en est de même, mine de rien, de l’ex-métropole et de ses héritiers, habituellement hommes et femmes de bonne foi et de bonne volonté d’autant plus qu’ils n’ont pas connu la « parenthèse de feu et de sang » (Sony Labou Tansi) de leurs pères et grands-pères colonisateurs. N’empêche : leur bonne foi et leur bonne volonté ne sont pas à l’abri des épreuves de force et des rapports de domination entre ceux qui croient avoir et ceux à qui l’on fait croire qu’ils n’ont pas, entre ceux qui croient savoir et ceux à qui l’on dénie encore, dans la pratique, tout savoir et toute mémoire…

En face des nouveaux « Noko », héritiers des ex-colonisateurs, l’on voit pourtant émerger, comme en contrepoint, de jeunes intellectuels et surtout de jeunes artistes congolais passablement avant-gardistes et anticonformistes. Le paradoxe veut que ces « voleurs de feu » ont maitrisé ou tentent de maitriser avec un certain succès, le savoir et le savoir-faire des anciens maitres, mais leur légitimité sur le plan international et parfois même national dépend encore largement des critères externes à eux. Chéri Samba, Freddy Tsimba, Faustin Linyekula, Bibish Mumbu, Jean Goubald, Vichois Mwilambwe, Samy Baloji, Dieudonné Ngangura, Pie Tshibanda, Dieudonné Kabongo, Nzey Van Musala, Mampuya, Lokwa Kanza, Denis Mpunga, Jo Munga, Clarisse Muvuba, Phoba, Balufu Kanyinda, Ray Lema, Jean Bofane, Pius Ngandu, Antoine Tshitungu (pour ne citer qu’eux), ont beau prouver combien ils sont talentueux, leur succès continue à dépendre des réseaux étroits qui s’imposent ou s’interposent à eux. Sans compter que la plupart d’entre ceux que j’ai cités ont choisi une carrière professionnelle en Europe, alors que la caution du public congolais, sur place en RDC, reste à prouver…

4 « babélisation » et « labellisation »

C’est que ces nouveaux chantres congolais de la diversité culturelle, citoyens du monde, adeptes du nomadisme et reconstructeurs de la tour de Babel, ont volé le feu sans parvenir à

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bien éclairer les chemins de retour du pays natal. C’est qu’également les critères et les rites de labellisation outre-mer et outre-Atlantique ne semblent répondre qu’à deux sortes de grilles d’approche aux antipodes, mais de même valeur « exotique » : d’une part une sorte de tropisme sur des œuvres à valeur et à saveur plus au moins « indigènes », quelquefois sur commande des centres culturels étrangers établis en Afrique, à la limite du misérabilisme, du sensationnel, de l’apocalypse, de la superstition « fétichiste »… ; et, d’autre part, une sorte d’atypisme qui ne semble n’applaudir dans les œuvres africaines que ce qui est « excentré », ce qui « déstructure », ce qui « déconstruit », d’autant plus outrageusement qu’elles s’inspirent des soi-disant « contemporains » européens6.

5. Le chasseur et le lion.

Entre les deux pôles, la critique et l’anthologie des nouveaux « explorateurs » occidentaux ont décidé une sorte d’embargo : embargo contre les arts plastiques dits « académiques », contre les musiques populaires urbaines (profanes ou religieuses) ; embargo contre les littératures francophones modernes et engagées, etc. Or comme le rappelle un proverbe africain : « on ne connaitra jamais la vraie légende du lion tant que les histoires de chasse montreront le chasseur comme le seul héros ».

Or il existe des expériences et des pratiques partenariales récentes qui sont exemplaires et prometteuses en termes de regards croisés, de domestication de la modernité à partir des matériaux du terroir ou des ustensiles de récupération. En termes aussi de vision prophétique.

L’exemple du projet belgo-congolais « Yambi » (2005-2007) a montré, suite à une prospection laborieuse à travers le pays et suite à des productions professionnelles en communauté Française de Belgique, qu’entre le tropisme réducteur et un peu voyeuriste, et l’atypisme déconstructeur, il y avait place pour une gamme des possibilités géniales et originales7. Il en est de même par ailleurs du projet « Top 100 » entre l’ONG congolaise, « Observatoire des cultures urbaines en RD. Congo » et l’Université de Montréal concernant l’ethnographie de l’écoute de la musique congolaise moderne8 : outre des résultats de terrain inédits sur la réception de la musique populaire en milieu kinois, notamment celui des jeunes, le projet a démontré avec succès la part de l’« investissement » au sein des partenariats nord- sud , à travers des méthodes nouvelles d’investigation de la création et de la pratique musicales, à travers des missions d’études autant que des échanges d’informations et de formations croisées, actuelles ; et à travers la mise à disposition pour les chercheurs congolais des outils modernes de travail, de numérisation, de mise en réseau et répertoriage documentaires.

6. Lire avec « 4 yeux ».

Les sages de la cité qui savent déchiffrer les signes du temps et de l’espace, m’ont naguère dit qu’il fallait 4 yeux, 4 oreilles et 4 mains pour vraiment voir, écouter, et sentir l’ineffable. Pour cela il fallait non seulement être initié à regarder pour voir, à entendre pour écouter, à toucher pour sentir ; mais il s’agissait de s’immerger dans l’imaginaire de l’artiste-mage pour recréer à sa suite la magie…Les sémiologues, eux, m’ont appris deux choses essentielles : le signe est polysémique, et la quête de sens est tributaire du contexte. Sémiologie de la signification ou sémiologie de la communication, elle est au carrefour des grilles de lecture diverses. C’est dire combien on ne peut lire les arts africains (et congolais en particulier) qu’avec le concours

6 lire par exemple Lye M. YOKA, « Benda Bilili : éloge de la commisération », dans Le Potentiel, 26/02/2013 7 Lye M. YOKA, « ‘Yambi’, la fête congolaise au pluriel », dans Combats pour la culture, Hemar Editions, Brazzaville, 2012, pp.237-243

8 lire Bob W. WHITE et Lye M. YOKA, Musique populaire et société à Kinshasa . Une ethnographie de l’écoute, L’Harmattan, Paris, 2010

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de différentes disciplines et avec une certaine connivence enracinée du sujet pensant et de l’objet visé : l’anthropologie seule, avec ses nostalgies ethnologiques bon teint ne peut se satisfaire si elle ne s’adjoint les prédicats de la sociologie ou de la philosophie, autant que d’approches post-coloniales et post-modernes apprivoisées. La sociologie seule, avec ses querelles d’écoles et ses sauts dans l’inconnu ; la critique d’art seule, avec ses questions toujours pendantes sur la relativité ; la philosophie, avec ses tendances touche-à-tout, ne peuvent se satisfaire si les enquêtes de terrain ne valident. Les enquêtes de terrain elles- mêmes, risquent d’être indigentes à cause des « angles de vue » ou des « illusions d’optique », ou encore des « partis pris » propres à l’enquêteur déterministe et étranger, à cause de la présence intimidante pour l’enquêté souvent néophyte, du micro ou de la camera, à cause enfin de la longue tradition de la censure et du silence dans nos pays africains.

Par ailleurs les artistes congolais en particulier, ont été tellement confrontés depuis les années 80 à de multiples expériences à travers le monde que leurs œuvres portent nécessairement la marque enrichie de la diversité protéiforme et de la polysémie. La chorégraphie de Faustin Linyekula, avec la concrescence de gestes et de discours superposés, juxtaposés, interposés, est-ce encore de la danse contemporaine ? La sculpture de Freddy Tsimba, avec ses magies de forge et de monumentalisme, est-ce encore de l’art plastique ? L’artiste Vichois Mwilambwe, avec ses scènes d’ « installations » et de « performances » psychodramatiques et cathartiques, est-ce encore de la peinture ? Samy Baloji, avec ses photos-gravures et des vidéos-photos aux regards incisifs, translucides qui apprivoisent tout, les ombres et les lumières d’hier et d’aujourd’hui, est-ce encore de la photographie ? Lokwa Kanza, avec des airs butinés ici et là à partir d’inspirations inédites, est-ce encore de la rumba ? L’écrivaine Bibish Mumbu ou l’écrivain Fiston Mwanza Nasser, avec leurs récitst-chroniques atypiques, et .des anecdotes entremêlées, avec leurs dialogues à l’emporte-pièce, est-ce encore du roman ? N’est-ce pas ce qu’on entend aujourd’hui par « cumul-art »…

7. Regarder l’Afrique à partir de l’Afrique

1°) Depuis les années 70, il y a comme une épreuve de force épistémologique et une convocation des arts comme science, comme discipline. C’est la raison d’être des instituts d’arts comme l’Institut National des Arts, l’Académie des Beaux-Arts, l’Institut Supérieur des Arts et Métiers, l’Institut des Bâtiments Travaux Publiques, ou l’Institut d’Architecture et Urbanisme, à Kinshasa. Or, les expériences de ces instituts prouvent que derrière le concept de « discipline » se dressent du coup d’énormes défis actuels comme celui de regarder l’Afrique à partir de l’Afrique, et d’enraciner les recherches et les pratiques tout en les ouvrant aux souffles de la modernité. Comme celui d’ induire, avec le concours des décideurs et des opérateurs culturels, une politique culturelle innovante et cohérente, avec comme priorités : professionnaliser les métiers d’art et de culture, reconnaître et promouvoir les savoirs et les savoir-faire populaires, promouvoir des industries culturelles créatives, financer et autofinancer la culture, protéger la propriété intellectuelle, activer la «diplomatie culturelle », inverser la tendance entre le « centre » en ex-métropole, et la « périphérie » au sud…

Deux exemples me semblent éclairants par rapport à cette vision à inverser. D’abord celui du Festival International du Livre et du Film « Etonnants Voyageurs », manifestation fort médiatisée, qui s’est tenue pour la première fois en Afrique centrale (à Brazzaville, du 13 au 17 février 2013), mais qui a laissé plus d’un Congolais sur sa soif. Et pour cause ! Certes le thème a été attractif, à savoir « L’Afrique qui vient », autrement dit, « une nouvelle Afrique qui entend prendre sa place dans le siècle qui commence, une Afrique qui met à mal nos discours convenus. Une Afrique dont les artistes, les écrivains, les poètes nous dessinent les

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contours »9 ; le programme a été tout aussi alléchant, notamment avec le privilège et l’espace particuliers accordés aux deux Congo de dialoguer et de s’évaluer devant témoins, mais à travers leurs écrivains en principe représentatifs du génie des deux rives. Or la parole n’a été accordée qu’aux seuls représentants congolais de la diaspora pour évoquer finalement des villes de Kinshasa et de Brazzaville qu’ils n’avaient plus fréquentées depuis une dizaine d’années, si pas plus ! En plus Alain Mabanckou et Michel Le Bris, Directeurs du Festival, ont animé une conférence, en véritables magisters ex-cathedra, au cours de laquelle, il a été question de « littérature-monde », une façon de dénier catégoriquement (et même prétentieusement) toute forme d’existence de quelque « littérature nationale », et donc de faire valoir indirectement le « centre » par rapport à la « périphérie »10. Sur la même veine on peut épingler l’autre Festival « nomade », CONNECTION KIN, du KVS (Koninklijke Vlaamse Schouwburg), c’est-à-dire le Théâtre Royal Flamand de Belgique : bel idéal que celui de

« créer un espace libre et ouvert où la générosité a toute sa place », avec une brochette multidisciplinaire constituée essentiellement des arts visuels, du film et de la littérature.

Seulement voilà : initié en 2005 et à défaut sans doute d’un espace néerlandophone en bonne et due forme comme l’ont fait les autres concurrentes, la coopération française ou la Fédération Wallonie-Bruxelles à vocation francophone, la communauté flamande est en quête d’une raison d’exister en RD.Congo ; et à ce titre, le KVS semble s’être engagé dans les mêmes sillons et les mêmes réseaux, avec comme points focaux l’Institut Français et le Centre Wallonie-Bruxelles, et accessoirement quelques autres lieux périphériques typiquement nationaux. On ne peut pas dire honnêtement que les milieux culturels et artistiques de Kinshasa soient activement et massivement impliqués, en commençant par les autorités publiques et les institutions publiques de formation, de conservation et de diffusion culturelles. Finalement, tous comptes faits, c’est encore une fois la diaspora qui est mise en vedette, sans que l’on se pose la question de l’impact, et du field-back, en termes d’héritages techniques, de ressourcement et d’enracinement féconds, de regards croisés, de renforcement des capacités ou d’échanges institutionnalisés… Et surtout en termes de durabilité de cette initiative ‘import-export’, « à guichet plus ou moins ouvert », selon les expressions d’un dramaturge kinois…Et avec des sélections et des choix à l’emporte-pièce…

2°) Regarder l’Afrique à partir de l’Afrique, c’est briser le cercle vicieux du « centre » et de

« la périphérie ». Faut-il toujours se résigner à penser que toute forme de triomphe artistique et littéraire passe par Paris ou New York ? L’écrivain kinois Zamenga Batukezanga n’a pas eu besoin de l’onction métropolitaine pour être lu par des milliers de jeunes enthousiastes dans une ville, Kinshasa, de 2 à 3 millions de lecteurs potentiels. Les Editions Hemar que dirige le professeur Kadima-Nzuji et qui couvrent les deux Congo n’ont pas eu à recourir aux bonnes grâces de Paris ou de Bruxelles pour éditer à grand tirage et avoir pignon sur rue en 5 ans d’existence. Et cela grâce notamment aux contributions littéraires de l’Association des Ecrivains de Fleuve Congo.

3°) Regarder l’Afrique à partir de l’Afrique n’exclut pas l’intégration de nos structures et initiatives propres dans des réseaux d’homologues hors d’Afrique. Mais toujours dans un dialogue équitable, même si les rapports de force sont instables. Il faut à l’Afrique des

9 Prospectus du Festival « Etonnants Voyageurs », 2013

10 Argument du Document de présentation du Congrès international des Ecrivains francophones à Lubumbashi, du 24 au 26 septembre 2012 (en marge du XIV° Sommet de la Francophonie en RD.Congo) : « Par son enrichissement radical des imaginaires, la littérature pourrait proposer l’UTOPIE prospective d’une Afrique impliquée dans un monde global, et cela sans cesser de remettre en cause une histoire triomphaliste et univoque telle qu’imposée par l’Occident. (…) Les écritures contemporaines demeurent les lieux d’inscription d’un autre devenir face au manque d’imagination des projets politiques. La question est de savoir ce qu’on peut attendre de

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