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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le lundi 10 février 2014

Année 2014, Numéro 1 Sommaire

Sommaire Sommaire Sommaire

Rwand Rwand Rwand Rwandaaaa

Un mythe « revisité »… page 1

Un génocide, une sonnette et un chien… page 8 Israël

IsraëlIsraël Israël

Faut-il un Président ? … page 17

30 000 Noirs dans la rue à Tel-Aviv… page 18

Un système de détention pour les immigrés africains illégaux … page 20

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Rwanda Rwanda Rwanda Rwanda Un mythe « revisité »

François Soudan est directeur de rédaction de l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique1. En janvier 2014, F. Soudan séjourne au Rwanda où il a été dépêché pour voler au secours de

‘‘son ami’’ Paul Kagame en participant à la campagne d’enfumage de l’opinion pour la détourner des remous dus à la persistance avec laquelle les experts de l’ONU continuent à apporter des preuves et des témoignages prouvant l’implication de l’Ouganda et du Rwanda dans l’Est du Congo2 et surtout de l’indignation soulevés par l’assassinat du colonel Patrick Karegeya égorgé, dans un hôtel de Johannesburg, la nuit du 31/12/2013 au 01/01/2014. C’est dans ce cadre qu’il écrit alors un article décrivant la résidence privée de l’ancien président Juvénal Habyarimana assassiné le 06/04/1994 que le régime actuel a transformé en « musée de l’horreur ».

Avec cette « visite guidée » et le premier procès d’un génocidaire présumé, P.

Simbikangwa, qui s’ouvre à Paris, le « génocide » rwandais, principal « fonds de commerce » du régime Kagame, fait à nouveau la Une de l’actualité. Et, de nouveau, les grands médias rivalisent en matière de contrevérités flagrantes et d’insupportables raccourcis. La désinformation prévaut depuis le début des années 90 au sujet de cette tragédie. Nous voici donc à nouveau contraint de tenter de faire entendre une autre vérité, une vérité qui ne serait pas celle des vainqueurs.

Flash back

Tout d’abord, il convient de rappeler que le monde n’a pas été créé en 1994 et que l’assassinat du président Juvénal Habyarimana, tout comme les massacres qui ont suivi et ont reçu, à la légère, le nom de « génocide », ont fait partie d’une guerre. La guerre du Rwanda dura près de quatre années, d’octobre 1990 à juillet 1994. Or, les médias n’évoquent que les

1 Cet hebdomadaire est souvent désigné par dérision comme « Jeune à Fric » à cause de sa propension à décrocher des « contrats de communication » mirobolants mais immoraux surtout auprès des dictatures africaines, contrats dont François Soudant est souvent le maître d’œuvre. Le « cahier central » de JA, voué à la pub et à la louange (rémunérée) d’un régime représente souvent le degré zéro du journalisme.

2 Ceci alors même que Steve Hedge, autrefois accusé de « sympathie pour les génocidaires », n’en est plus le coordinateur.

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tragiques cent jours qui suivirent l’assassinat du président Juvénal Habyarimana, c’est-à-dire la période allant d’avril à juillet 1994. Toujours au sujet de cette guerre, on omet de nous dire qu’elle fut déclenchée par une unité de l’armée ougandaise, lorsque cette dernière attaqua un poste frontière rwandais, au nord du pays. Il ne s’agissait donc pas d’une guerre civile, mais d’une agression externe3.

Certes, ceux qui composaient cette unité ougandaise étaient, dans leur majorité, d’origine rwandaise, mais ils ont attaqué le Rwanda avec leur uniforme ougandais, avec des armes et de l’équipement ougandais, et leur logistique était assurée depuis le territoire ougandais. Qui pourra croire que Museveni, le dictateur ougandais, n’était pas au courant qu’une partie de son armée quittait ses casernes pour attaquer le pays voisin, ou que cette opération n’avait pas été planifiée et organisée, en Ouganda, à l’instigation ou du moins avec la complicité bienveillante des autorités de ce pays ?

Il faut ensuite mentionner que les massacres de populations civiles ne débutèrent pas en avril 1994, mais qu’ils commencèrent dès les premiers jours de l’incursion d’octobre 1990.

Malheureusement, durant toute la durée de cette guerre, la presse internationale n’a jamais pu se rendre en zone contrôlée par le « Front Patriotique Rwandais », alors qu’elle était très présente à Kigali et en territoire contrôlé par les forces gouvernementales. Les tueries commises par ces dernières, ou par les milices armées (les interahamwe), furent donc dénoncées, avec raison, par l’opinion internationale alors que celles perpétrées derrière la ligne de front ne furent jamais médiatisées. Or, de nombreux témoins, en particulier des anciens de l’armée « rebelle », ont rompu la loi du silence qui leur était imposée pour expliquer comment le FPR massacrait les populations civiles dans les zones qui tombaient sous son contrôle.

L’affaire de l’attentat contre l’avion présidentiel est un exemple flagrant de désinformation. Pour la première fois dans l’histoire moderne deux chefs d’Etat étaient assassinés en même temps (le président burundais se trouvait également à bord du Falcon).

C’est cet attentat qui fut l’élément déclencheur des massacres perpétrés durant les cent jours de 1994. Jusqu’ici, les « enquêtes » qui ont eu lieu à ce sujet ont été fortement marquées (c’est un euphémisme) par un désir rwandais de mettre en cause la France ou l’ancien régime rwandais et une forte envie française, si possible de mettre en cause le FPR et en tous cas d’innocenter la France. Depuis 20 ans, pourtant, aucune enquête internationale4 n’a été diligentée pour établir les faits, alors que l’assassinat d’un ancien premier ministre libanais a mobilisé les enquêteurs onusiens ainsi que les grandes puissances.

Or, qui veut comprendre ce qui s’est réellement passé durant cette horrible période doit commencer par tenter de savoir qui a donné l’ordre d’abattre l’avion du président. Il est difficile de ne pas percevoir l’attitude internationale comme une sorte de « complicité du silence » pour qu’aucne enquête impartiale n’ait jamais lieu !

On ne cesse de nous affirmer que les massacres d’avril-juillet 1994 (c’est-à-dire le

« génocide ») avait été planifié de longue date par l’entourage du président assassiné. Or, malgré vingt années d’enquêtes, le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) n’a jamais été en mesure d’apporter la moindre preuve de planification. Aucune des personnes

3 Cela présente bien des analogies avec la situation, dans l’Est du Congo, de a nébuleuse RCD – CNDP/ M23 et il serait étonnant que cette ressemblance soit purement fortuite.

4Celle diligentée par le juge Bruguière et poursuivie par le juge Trévidic, à la suite de la plainte déposée par les familles de l’équipage français de l’avion, n’a été que franco-rwandaise et fortement marquée par un contexte de relations tendues par le fait que la France a longtemps soutenu Habyarimana. Contrairement à l’exemple libanais, l’on n’a pas cherché à faire intervenir des enquêteurs impartiaux.

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condamnées par le TPIR n’a pu l’être au titre du chef d’accusation de « planification de génocide ».

Or, c’est là beaucoup plus qu’un détail car, sans préméditation, il peut y avoir tuerie ou massacre, mais il n’y a pas de génocide. L'article 6 du statut de la Cour pénale internationale, dans sa définition du crime de génocide, précise qu'il se distingue par l'intention d'extermination totale ou partielle d'une population etla mise en œuvre systématique (donc planifiée) de cette volonté. Il y a là-dedans le pire et le meilleur. Le pire, parce que le terme vague de « population » et la référence à une extermination « partielle » permettent en fait de classifier « génocide » tout massacre de quelque importance, ce qui banalise la notion. Le meilleur, parce qu’on introduit la notion, essentielle pour l’appréciation de tout homicide, individuel ou collectif, de préméditation.

Le génocide, fondamentalement, c’est la version collective de l’assassinat : homicide volontaire avec préméditation. C'est surtout la contestation de l'un de ces éléments - souvent de la préméditation -, qui fait débat pour la reconnaissance officielle d'un crime en tant que génocide. Le fait qu’on en tienne compte ou pas dépend beaucoup de rapports de force et de considérations d’opportunité politique, parfaitement étrangers à toute préoccupation de justice et de droit. Le « génocide rwandais » en est un exemple frappant.

Il ressort de cette définition que, contrairement aux idées reçues, un génocide n'implique pas nécessairement un critère quantitatif. Des massacres de masse ne constituent pas forcément un génocide. En pratique cependant, il apparaît que le critère quantitatif est un élément déterminant pour confirmer la volonté d'extermination, « en tout ou en partie ». Le terme de génocide ne s'applique qu'à des crimes ordonnés par un gouvernement ou un pouvoir de fait. Ce pouvoir dispose en général des moyens nécessaires pour légaliser ses actes après coup, ce qui justifie le recours à une législation internationale d'exception5. Les massacres commis par des bandes ou organisations illégales relèvent de la justice nationale ordinaire, sauf s'il est prouvé que ces bandes ont été organisées et soutenues par le pouvoir en place.

Le « génocide » des Tutsis au Rwanda, décrit comme commis par des milices hutues extrémistes créées par le régime Habyarimana, a été reconnu par l'ONU, dans le rapport de sa Commission des droits de l'homme le 28 juin 1994, puis lors de la création du Tribunal pénal international pour le Rwanda (résolution 955 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 8 novembre 1994. Cette résolution confirme la résolution 935 de la même année).

C’est incontestablement des plus bizarres si l’on se place du point de vue du bon sens et de la saine raison, ou le cas le plus transparent si l’on considère que la dénonciation d’un génocide est toujours beaucoup plus un acte politique6 que moral ou judiciaire ! On en arrive en effet à considérer que le massacre de 800.000 personnes environ (qui n’est contesté par personne) aurait constitué un génocide, alors que :

- il s’agissait de Tutsi et de Hutu « modérés », nous dit-on. La définition même des Tutsi et des Hutu n’a pas cessé d’être objet de controverse parmi les ethnologues (rwandais compris). Les Tutsi auraient été supprimés parce que soupçonnés d’office de pactiser avec le FPR, les Hutu pour leur modération qui en faisaient des « alliés

5Jusqu’ici, la législation et le justice internationales sont toujours perçues comme ayant un caractère supplétif.

Elles n’interviennent donc que si la justice nationale ne peut ou ne veut pas poursuivre.

6 D’autre part, il convient de noter que le génocide des Herero et des Nama en 1904 n’a pas été reconnu par l’ONU, alors qu’il l’a été en 2004 par l’état allemand ! Nous avons donc là encore une autre bizarrerie : le refus de tenir compte des aveux du coupable ! C’est un peu comme si quelqu’un se précipitait dans un commissariat de police en criant « J’ai tué ! Arrêtez-moi ! », et que les agents lui répondaient : « Foutez-nous la paix ! On joue aux cartes ! ». Il est probable que, là, la communauté internationale a préféré faire la sourde oreille, de crainte de voir s’ouvrir une boîte de Pandore contenant l’ensemble des massacres de l’esclavage et de la colonisation.

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objectifs » de ce même FPR. Le motif de leur exécution aurait donc été politique, ce qui sort de la définition du génocide.

- un massacre de grande envergure, perpétré sur peu de temps, requiert un « centre nerveux » qui l’organise et prenne les décisions. On en a supposé l’existence sous le nom d’Akazu. Mais il n’existe aucun embryon de preuve, pas le plus infime témoignage qui en confirme l’existence. La préméditation n’est donc pas établie.

- Mieux, tous les prévenus du TPIR accusés d’avoir « participé à l’organisation du génocide » ont dû être acquittés. On a donc affaire à une « préméditation sans personne pour préméditer » !!!

- en l’absence d’Akazu, « centre neveux de la conspiration génocidaire », la subordination7 des milices à l’Etat rwandais d’Habyarimana n’est pas davantage établie.

- Le génocide au Rwanda est censé avoir eu lieu du 6 avril au 4 juillet 1994. Le rapport de la Commission des droits de l'homme de l’ONU date du 28 juin 1994 et le TPIR est créé en novembre de la même année. Cela décèle à tout le moins une hâte suspecte.

Sed contra…

Par contre, personne ne semble avoir relevé le fait que le FPR a été en mesure de lancer une offensive générale, sur tous les fronts, dans les heures qui suivirent l’assassinat du président. Une offensive générale ne s’improvise jamais. Elle nécessite des jours, des semaines et même des mois de préparations minutieuses: mouvements d’unités, d’équipements, mise en place de moyens logistiques, etc. N’y avait-il pas là, de la part du FPR, ce que l’on pourrait appeler « planification » ? Or, si ce n’est pas le FPR qui a abattu l’avion présidentiel, comment savait-il qu’il allait l’être cette nuit-là ? De nombreux témoins étrangers et rwandais rapportent que, le lendemain de l’attentat, les officiels du gouvernement rwandais semblaient être en état de choc. La relève n’était pas prête. Si l’attentat avait été le fait de militaires gouvernementaux comme on l’affirme, il se serait agi d’un coup d’Etat. Un coup d’Etat, tout comme une offensive générale, ça ne s’improvise pas. La panique qui prévalait au sein des autorités rwandaises et l’absence d’un leader pour prendre les rênes du pouvoir semble indiquer qu’il n’y avait aucune planification.

Pour résumer les choses, pour croire à la version officielle de la « planification par l’Akazu », il faudrait admettre, contre toute vraisemblance, que les organisateurs de l’attentat et du génocide ont été surpris, paniqués, en état de choc et d’impréparation, et tenir pour chose négligeable que les FPR, eux, ont montré tous les signes de prévisions et de préparation. D’accord, c’est une preuve par l’absurde et ce n’est qu’une présomption. Mais c’est tout de même à tout le moins étrange…

Victimes

Aujourd’hui comme chaque fois qu’il est question du génocide rwandais, les médias affirment que l’immense majorité des victimes était d’origine tutsi. Les Tutsi représentaient entre 10 et 12 % d’une population qui s’élevait alors à environ 7 millions de Rwandais, soit entre 700.000 et 840.000 personnes. Le génocide fit officiellement environ 800 000 victimes, chiffre revu après d’autres approximations dont les plus dramatiques dépassaient le million. Si la majorité de ces victimes avait été tutsi, il ne serait quasiment pas resté de Tutsi au Rwanda

7 « Subordination » signifie que l’on reçoit des consignes et des ordres pour l’action et qu’on y obéit. Il ne suffit donc pas, par exemple, d’établir que les miliciens étaient de chauds partisans du « Hutu Power » ou qu’ils abominaient le FPR, qu’ils étaient sur la même « longueur d’onde politique » que le gouvernement. Il faut PROUVER qu’ils ont agi sur son ordre. On ne l’a pas fait.

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en juillet 1994. C’est pourquoi, bien qu’il soit souvent question du « génocide des Tutsi », l’on parle officiellement du « génocide des Tutsi et des Hutu ‘modérés’ »

Le plus probable est que le massacre fit des victimes hutu et tutsi. Durant la première phase du conflit, c’est-à-dire entre octobre 1990 et mars 1994, la majorité des victimes fut certainement hutu. Entre avril et juillet 1994, les victimes furent majoritairement tutsi en zone gouvernementale, et hutu en territoire « libéré » par le FPR. La fin de la guerre n’a malheureusement pas coïncidé avec la fin des massacres. Ceux-ci continuèrent dans les années qui suivirent la prise de pouvoir par le FPR, comme à Kibeho par exemple, en avril 1995, lorsque des milliers de déplacés hutu furent massacrés par l’armée du nouveau pouvoir.

Ces massacres se poursuivirent en territoire zaïrois à partir de 1996, lorsque des centaines de milliers de réfugiés hutu furent liquidés par l’armée du FPR.

Il ne s’agit pas ici de faire une macabre comptabilité afin de déterminer qui a tué le plus. Dans les deux camps, il y eut des crimes contre l’humanité. Malheureusement, les seuls

« génocidaires » poursuivis sont ceux du camp des vaincus Vae victis, malheur aux vaincus ! Une visite guidée ou une séance de voyance ?

Revenons à François Soudan et au « musée de l’horreur ». En visitant ces lieux, le journaliste François Soudan ne s’est posé aucune question sur comment une résidence privée construite dans une parcelle que Juvénal Habyarimana avait acquise quand il était encore ministre et dans laquelle il a construit, à ses frais et laborieusement, sa maison et dont la famille possède le titre de propriété, est devenue tout à coup après juillet 1994, « une résidence officielle du président » et donc propriété de l’Etat. L’admirateur et ami de Paul Kagame n’a pas trouvé étrange le fait que « le palais présidentiel » ait été construit sans qu’aucun article budgétaire ne soit voté à cet effet et qu’aucun service financier du pays n’ait payé la moindre facture à un particulier ou à une entreprise pour la construction de cette

« résidence officielle » des présidents rwandais. François Soudan sait pourtant que cette maison est squattée depuis 1994 par les conquérants venus d’Ouganda comme ils l’ont fait à travers tout le pays mais que la spécificité de la propriété de Juvénal Habyarimana est que 20 ans après, elle reste squattée alors que la plupart des propriétés squattées ont été restituées à leurs propriétaires légaux.

D’entrée de jeu, François Soudan commence par une contre-vérité énorme : selon lui, depuis avril 1994, rien n’a bougé dans cette villa de Juvénal Habyarimana, tout est resté en place. Le brave propagandiste croit que tout le monde a oublié que dès juillet 1994, le président hutu Pasteur Bizimungu a habité la maison de Habyarimana à Kanombe, histoire peut-être de l’exorciser, et que ce « hutu de service » y est resté plusieurs années. Le

« musée » qu’a donc visité le journaliste F. Soudan en janvier 2014 a été réarrangé après le déménagement de Pasteur Bizimungu qui, naturellement, y avait modifié quelque chose.

Le compte-rendu de la visite du journaliste donne à penser que Habyarimana avait placardé sur chaque pièce de la résidence un écriteau indiquant sa destination car il reconnaît sans hésiter : la salle des réunions de l’« Akazu » ; la salle de torture avec une salle de bain pour la remise en forme des suppliciés ; la salle des devins, etc. Comment autrement, 20 ans après, saurait-il à quoi servait chaque salle avec autant de précisions allant jusqu’à savoir qui y tenait discours et ce qu’il disait (salle Akazu) ? Pourtant, tous ceux qui ont été hôtes de la famille Habyarimana dans cette villa de Kanombe n’avaient jamais décelé dans chaque salle qu’ils traversaient la destination que François Soudan croit avoir été le seul visiteur 20 ans après à constater dès le franchissement de la porte d’entrée.

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De toute évidence, le vertueux journaliste reprend à son compte le discours convenu et bien rodé du guide de « musée » comme partout au monde, et il le présente à ses lecteurs comme ses propres observations sur les lieux. Dans ses fantasmes, plutôt son mépris envers les lecteurs, François Soudan revient sur les mythes qui ont été depuis belle lurette démystifiés et qui, même devant la justice, se sont révélés plutôt comme des slogans de propagande que de réalités sociales.

C’est le cas du terme « Akazu ». Il profite de l’occasion pour le recycler alors qu’il a été dégonflé. Devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Monsieur Protais Zigiranyirazo, qui était accusé notamment d’appartenir à « l’Akazu », une organisation criminelle qui aurait planifié le génocide, a été acquitté de tous les chefs d’accusation et le concept « Akazu » a été vidé de sa substance car ce n’était que du vent. Même un certain Michel Bagaragaza qui avait accepté de plaider coupable afin de charger les détenus notamment ceux accusés d’appartenir à cette organisation « Akazu » n’a pas pu en définir les contours (statuts, règlements,…), ni où et quand se tenaient ses réunions, qui les présidait et quel était l’ordre du jour…Et voilà que 20ans après, le brave journaliste de “Jeune à Fric”

découvre, comme par hasard, après la fermeture du TIPR, le lieu où se tenaient les réunions de « l’Akazu » avec, espérons-le, des comptes-rendus de ces réunions !

Heureusement, le ridicule ne tue pas » ! Car F. Soudan pousse le ridicule jusqu’à revendre la supercherie du FPR destinée à la consommation des non-rwandais car aucun Rwandais en âge de raison ne peut tomber dans le panneau. Il traduit le terme « INYENZI » par « cafards » pour clamer que les Tutsi étaient déshumanisés par les Hutu, alors que cet acronyme « INYENZI » était le nom que les combattants tutsi eux-mêmes, qui ont attaqué la jeune République Rwandaise de 1960 à 1968 à partir des pays voisins, s’étaient donnés, en référence aux guerriers tutsi du 19° siècle : INgangurarugo Yiyemeje kuba IngENZI : INYENZI. Donc rien à voir avec les « cafards ». L’un des derniers Inyenzi, Aloys Ngurumbe, dans une interview donnée au journal pro-FPR Kanguka en février 1992, a précisé la signification de ce nom de guerre. Dans le livre écrit par l'un des idéologues du FPR, Antoine Mugesera, il apparaît aussi que le terme Inyenzi est un nom de guerre inventé par un certain Umutayi dans un camp en Ouganda dans les années 60.

Pour détourner l’opinion qui commençait à se poser des questions sur les crimes commis par Paul Kagame, le journaliste François Soudan avait-il besoin de tomber si bas ? Est-il enfin au bout des arguments pour vendre l’image de son bailleur de fonds car visiblement il ne trouve plus que d’anciens mensonges à recycler et à relancer ? A-t-il encore du respect pour ses lecteurs ou est-il simplement préoccupé par caresser l’égo du dictateur de Kigali quelles que soient les balivernes lancées dans son média ? Ce serait vraiment triste.

Le génocide comme mythe

Comme beaucoup de mots, « mythe » a un sens original et fort, et un sens dérivé, populaire et quotidien, beaucoup plus faible. Dans le langage courant, on va parler de

« mythe » pour un récit de choses inexistantes, et « mythe » y figure dans la même rangée que « fichaises », « billevesées », « contes » ou « histoire à dormir debout ».

Au sens fort, un mythe est un récit originel (on compte d’ailleurs parmi les grands mythes diverses cosmogonies : récits sur l’origine du monde). Il n’est pas seulement le récit de certains faits, mais l’occasion d’actes d’adhésion et de cohésion sociales, autour de commémorations et de fêtes qui recréent l’événement originel, replacent le groupe dans un temps originel et lui permettent de revivre l’émotion originelle. Ce processus fait évidemment appel à la Foi des participants ce qui lui confère une auréole sacrée. La Foi ou le Sacré peuvent être ceux d’une Religion, mais ce n’est pas nécessairement le cas : le patriotisme,

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d’ardentes convictions politiques, toutes les formes d’engagement personnel dans un groupe, au service d’un cause, peuvent s’y prêter.

Alors que dans son sens populaire le mot « mythe » désigne le récit d’un événement dont la première caractéristique est de n’être pas vrai, de ne pas avoir eu lieu, le Mythe, au sens fort, au sens moteur, peut très bien concerner un fait réel. Il suffit pour cela que ce fait soit considéré comme originel et primordial pour un groupe, qu’il exerce un puissant magnétisme émotionnel sur ses membres, ravive leurs émotions, leur foi et leur adhésion au groupe... Bien sûr, autour du fait d’origine et lors de sa métamorphose en récit à fonction de mythe et de symbole, la fonction mythique, la piété chargent le récit de concrétions légendaires qui sont comme les ex-voto de la Foi … Au bout du compte, on en arrive à ces nombreux livres, qui chargent les rayons « Histoire » des librairies et des bibliothèques et qui ont pour titre « X, mythe et réalité ».

Il est donc courant que des événements, qui ont bien eu lieu, soient cités comme

« dates mythiques » de faits avec lesquels ils avaient peu de rapports. Il n’y a pas eu de partage de l’Afrique en 1885 à Berlin, ni de partage du Monde à Yalta en 1945, la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, est un événement tout à fait anecdotique dans la Révolution française et la bataille des Eperons d’Or de 1302, épisode des luttes de la royauté, des grands féodaux et de la bourgeoisie des villes à l’intérieur de la France médiévale, n’a aucun rapport avec le nationalisme flamand qui la choisira comme symbole, dans une Belgique dont l’existence ne commencera que 528 ans plus tard !

Toutes les sociétés ont des mythes et les utilisent pour motiver leurs membres et raviver leur adhésion. Le mythe est présent depuis le plus embryonnaire groupement d’humains, chasseurs de la forêt équatoriale, jusqu’à l’exaltation, par une société extrêmement technique, complexe et sophistiquée, de l’American Way of Life. Il est donc hors de doute qu’il s’agit là au départ d’un mécanisme spontané du psychisme humain, correspondant à un besoin inné de connaître et d’exalter ses origines. Mais qui dit « tendance du psychisme humain » dit aussi « possibilité de manipulations psychologiques ». Et celles-ci seront d’autant plus tentantes que les manifestations liées au mythe peuvent facilement dévier vers le fanatisme.

A côté de leur émergence spontanée dans la conscience collective, les mythes peuvent donc devenir l’objet d’une fabrication volontaire et raisonnée, d’une sorte d’ingénierie mythique, visant à donner à un certain fait le pouvoir mobilisateur, unificateur, voire fanatisant, du mythe. L’histoire a ainsi fourni un certain nombre de « grandes figures symboliques » autour desquelles put s’opérer cet investissement mythique. L’historiographie nationaliste et romantique du XIX° siècle fut particulièrement féconde dans ce genre de production.

On peut se demander pourquoi on a procédé à cette œuvre de mythification, comme si

‘on tenait absolument à ce que des mythes existent, à côté de l’histoire scientifique, de l’histoire patriotiquement débarrassée de ses plus vilaines scories, telle qu’on l’enseigne dans les écoles et des écrits de pure propagande. La réponse est sans doute dans le fanatisme que le mythe peut engendrer.

Lorsqu’une conviction est acquise par un apprentissage rationnel et raisonné, elle reste toujours accessible à la critique. Tout raisonnement peut être détruit par un raisonnement meilleur. Par contre, le fanatisme engendré par le mythe est du domaine de la Foi. Il s’agit d’une conviction que rien, pas même la raison, ne saurait entamer. Elle est non seulement conviction de savoir la Vérité, mais aussi – et peut-être même davantage – conviction que toute affirmation contraire est fausse et ne peut relever que d’une volonté mauvaise, d’une

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volonté démoniaque. Tout cela évoque bien sûr le domaine de la religion, mais a un champ d’application bien plus vaste. Si la religion proclame « Hors de l’Eglise, pas de salut ! » et voit facilement dans le contradicteur un « suppôt de Satan », nous connaissons aussi dans le domaine temporel des « Empires du Mal », des « vipères lubriques » qui n’ont rien à envier aux anathèmes et excommunications des églises.

L’invention du haut-parleur a certainement été un grand jour pour la propagande, puisqu’il donne à l’orateur au micro la voix d’un géant, et aux protestations du contradicteur, perdu désormais dans la foule d’un stade, l’importance d’un couinement de souris. Combien supérieure cependant est la foi dans un mythe, car elle rend impossible de même penser la contradiction. L’ingénierie mythique est faiseuse de pensée unique, d’engagement inconditionnel dans une seule direction : la bonne, qui est indiquée par le mythe… ou ceux qui, derrière le mythe, le manipulent ou même, peut-être, le créent.

L’acquisition de la qualité de mythe par certains faits, notamment par les génocides apparaît aussi dans le fait que, contrairement à ce que l’on fait pour toutes sortes d’autres faits, on veut rendre obligatoire d’y croire. On a en effet érigé en délits le négationnisme ou le révisionnisme. Et le Rwanda va jusqu’à poursuivre des gens comme « coupables d’idéologie génocidaire ». Même si dans ce dernier cas ce n’est qu’un camouflage assez maladroit qui permet d’avoir en fait une loi permettant de poursuivre toute forme d’opposition politique, il faut bien constater que ce sont là des démarches régressives dont le principe même est scandaleux. Vouloir imposer une vérité historique par la répression ou poursuivre des idées nous ramène purement et simplement à l’Inquisition.

Celle-ci envoyait au bûcher les personnes dont la Foi religieuse s’écartait de l’orthodoxie. Elles n’avaient pas les mythes religieux qui convenaient. Aujourd’hui, on parle de poursuivre ceux qui mettent en doute des faits érigés en mythes historico-politiques. La mythification est donc une opération fort avantageuse et on peut être très intéressé par le mythe, le manipuler ou même, peut-être, le fabriquer, le créer de toutes pièces.

Un génocide, une sonnette et un chien

Il faut bien le reconnaître, le fait de savoir si l’on a eu affaire, au Rwanda, à des massacres ou à un (ou plusieurs) génocides(s) est une querelle de mots. Quelques éléments pour comprendre le rôle du Rwanda dans la politique et les événements d’Afrique centrale sont nécessaires pour comprendre pourquoi le régime rwandais tient tant à cette appellation de

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« génocide ». Ce mot, et nul autre, a le pouvoir de déclencher un réflexe conditionné chez les Occidentaux et d’ouvrir ainsi des passe-droits.

Un processus bloqué.

Il est assez courant de lire dans la presse ou les commentaires d’experts, et en guise d’introduction : « Depuis le génocide de 1994 au Rwanda… », comme si c’était là, tout naturellement, la date-pivot qui divise désormais l’histoire de toute une partie de l’Afrique en deux parties « avant le génocide » et « après le génocide ».

Etrange manière d’aider à la compréhension des choses, d’abord parce qu’il y a eu des massacres, et non un génocide, que le mot génocide est utilisé du fait de tout un contenu émotionnel et irrationnel qui n’est pas celui du Rwanda, et que cet abus de langage est employé pour jeter un épais brouillard sur les véritables événements originels : ceux qui ont précédé le génocide.

Au début des années 90, la mode était au changement dans toute l’Afrique. On organisait partout des « Conférences nationales » dont le but avoué était de mettre fin au règne presque généralisé des dictatures corrompues dont on ne s’était accommodé si longtemps que par le fait de la guerre froide, qui venait de se terminer. L’Afrique faisait sa grande lessive et l’on allait voir émerger partout de vraies démocraties, dont les dirigeants seraient d’authentiques « Monsieur Propre », étincelants de vertus, de sens de la justice, de respect pour le peuple, d’honnêteté et de bonnes intentions…

(Le lecteur africain est peut-être en train de ricaner : relisez donc vos propres journaux de l’époque ! On y a cru… au moins pendant quelques jours…)

Le schéma général fut celui de la CNS : le pouvoir autoritaire et le parti unique annoncent la fin de leur monopole et l’on ouvre un vaste dialogue avec la société civile et l’opposition, jusque là illégale, qui quitte l’exil ou les maquis où jusque là elle se dissimulait (ce qui implique qu’elle renonce à la lutte armée tout comme le pouvoir renonce, au moins en principe, à la répression violente).

Derrière les apparences d’unanimité de la Communauté Internationale (Qui aurait osé dire qu’il était contre la transparence et la démocratie ?), il y avait un clivage assez important, toutefois, au sujet de ce que l’on recherchait exactement.

Pour les Européens, il s’agissait avant tout de changements qui infléchiraient le régime intérieur des états africains dans le sens des démocraties bourgeoises européennes. Mais ces états demeureraient tels qu’ils étaient, à la fois quant à leurs frontières et quant à leur clientélisme. La Côte d’Ivoire rénovée et dirigée par un Président « Monsieur Propre » assisté d’un Parlement honnête et dévoué à l’intérêt général resterait globalement dans l’orbite française, cependant que le Zaïre, sans doute redevenu Congo et nanti de dirigeants rayonnants d’altruisme et de probité, continuerait à avoir la Belgique pour interlocuteur privilégié.

Les Etats-Unis, de leur côté, se sentaient dispensés de l’obligation de ménager les pays européens. L’un de ces « ménagements » avait consisté à leur concéder que le rôle de

« gendarmes de l’ordre impérialiste en Afrique » serait joué par les anciennes puissances coloniales, et non directement par les Etats-Unis, ni par les pays africains eux-mêmes. Or, les Etats-Unis sont anticolonialistes. Ils le sont depuis toujours, mais d’une manière qui n’a rien d’humanitaire : elle ne repose pas sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mais sur le droit des USA à s’emparer de tous les marchés ! Spontanément, toute idée de situation privilégiée, de « régime de faveur » les énerve. Leur idéal est réalisé en Amérique centrale, dans les « républiques bananières ». Il y a indépendance puisque le pouvoir est exercé par la

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bourgeoisie locale. En réalité il y a sujétion totale, non seulement aux Etats-Unis, mais à l’une ou l’autre grande compagnie américaine. Les Démocrates de l’administration Clinton, appuyèrent une « Nouvelle Renaissance Africaine », sorte d’impérialisme « tropicalisé », appuyé idéologiquement sur un discours inspiré du panafricanisme des années 60, dont la figure de proue était Yoweri Kaguta Museveni. Et, faut-il le rappeler, celui-ci a dû son arrivée au pouvoir à des troupes parmi lesquelles il y avait de nombreux réfugiés rwandais, dont Kagame !

Mascotte de la politique subsaharienne de l’administration Clinton, la « dynamique de la renaissance » englobait notamment les régimes de l’Ougandais Museveni, de l’Ethiopien Meles Zenawi, de l’Erythréen Issaias Afeworki et du Sud-Africain Nelson Mandela. Les démocrates américains voulaient voir dans le volontarisme pragmatique affiché par ces nouveaux leaders la projection d’une Afrique idéale, alignée harmonieusement dans l’évolution d’un monde globalisé. En fait, cette catégorisation manichéiste reposait sur une perception biaisée de la réalité. Malgré l’existence de structures formelles de bonne gouvernance dont ils avaient été érigés en « modèles », les membres en vue de cet aréopage, étaient à la tête de régimes politiquement verrouillés.

Or, l’une des thèses qui hantaient les esprits des penseurs politiques de la

« Renaissance Africaine » était que l’intangibilité des frontières était une idée dépassée datant des « vieilles lunes » de l’OUA, que ce qu’une première Conférence de Berlin avait fait en 1885, une seconde conférence pourrait le revoir à la fin du XX° siècle et que l’on pourrait, notamment, dépecer le Congo « pays trop vaste pour être dirigé depuis Kinshasa »8

Dans un premier temps, toutefois, ces divergences ne se firent pas trop sentir, étant dissimulées largement par les objectifs communs de démocratie formelle,, bonne gouvernance, etc…

Les Conférences Nationales convoquées un peu partout en Afrique dans le but d’en finir en douceur avec des régimes autoritaires et corrompus donnèrent des résultats divers. En Afrique Centrale et des Grands Lacs, ils furent en général mauvais. Au Congo Brazzaville et en Centrafrique, on ne put éviter la guerre civile Lissouba/Nguesso et Bozizé/Patassé. L’état burundais implosa plus ou moins jusqu’à la quasi-inexistence. Quant au Rwanda…

Au Rwanda le problème était beaucoup moins le caractère « dictatorial » ou

« personnel » du régime Habyarimana, que la nature raciste du pouvoir établi. Et c’est sciemment que j’utilise le mot « raciste » et non « ethniste ». D’abord parce que les races n’existent pas et que proclamer leur existence revient en fait à se doter du droit d’exclure qui on veut au nom de sa « race », ensuite parce que l’antitutsisme des régimes rwandais successifs ressemble beaucoup plus au racisme tel que nous le connaissons et qui peut déboucher sur des projets démentiels à la façon d’Hitler, qu’aux phénomènes d’inimitié généralement qualifié de « tribale » ou « ethnique », par exemple au Congo. En particulier, on y trouve le mythe du « bouc émissaire »9, la race maudite responsable de tous le maux.

« L’Indépendance et la République peuvent attendre. Ces questions sont moins importantes que la question ethnique » était une formule que l’on entendait couramment à la fin des années 50 dans les milieux proches du Parmehutu. Car ce caractère raciste datait des origines, de la « Révolution Nationale Hutu » et du Coup d’Etat de Gitarama10.

8 Vaste, oui, mais le Congo est loin d’être le plus vaste pays du monde. Et il a bien été dirigé depuis… Bruxelles.

D’autre part, s’il est difficile de le diriger « depuis Kinshasa », cela prouve tout au plus qu’il faudrait déplacer la capitale coloniale, située à la sortie du pays, vers un emplacement central qui répondrait mieux à un rôle

« national ».

9 Mythe qui est aussi présent dans la seule forme de racisme à avoir sévi en RDC : celui des « pogromes anti kasaïens » au Katanga.

10 Les élections communales de 1959 donnent 70% des voix au Parmehutu. En Congres, ce parti se prononce pour la République, thème qui n'avait pas été abordé jusque-là. Même si ce n'est pas logique, il semble bien que

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Les Tutsi se virent immédiatement frappés d’interdit professionnel11 et soumis constamment à des vexations, menaces et violences allant jusqu’au meurtre. Il n’en faut pas tant, en régle générale, pour pousser à l’émigration. Il y eut donc bientôt une considérable diaspora de Tutsi rwandais installée un peu partout autour du Rwanda. Deux pays méritent à ce sujet une attention particulière : le Burundi et l’Ouganda.

Le Burundi connut une indépendance et une évolution en sens diamétralement opposé à celui du Rwanda. Après une brève période où la royauté se maintint, le régime pris la forme républicaine sous Micombero puis Bagaza, et il ne fut pas moins raciste, mais dans l’autre sens : la minorité tutsi se maintint au pouvoir par une oppression systématique et féroce des Hutu, appuyée principalement sur une mainmise tutsi sur l’armée. Avec notamment les massacres de 197312, le Burundi a un palmarès sanglant qui ne le cède pas à celui du Rwanda, mais qui a au moins le mérite de la logique, fût-elle atroce : un régime minoritaire ne peut se maintenir que par la violence et la terreur. Faut-il le dire, les Tutsi rwandais qui se réfugièrent au Burundi avec des souvenirs d’horreurs contribuèrent à la fois à radicaliser leurs frères burundais en leur apportant d’horribles nouvelles du Rwanda, et à se radicaliser eux-mêmes au contact du racisme burundais. Ils y apprirent aussi que la mainmise sur l’armée est un facteur important.

L’Ouganda allait précisément leur offrir une occasion de s’exercer au métier militaire.

Dans sa lutte contre Milton Obote, puis pour son maintien au pouvoir, Museveni utilise des Rwandais comme troupes de choc et comme « garde prétorienne ». Le parti de Museveni s’appelle alors le « Mouvement Patriotique Ougandais ». La parenté de la dénomination avec le « Front Patriotique Rwandais » de Kagame est flagrante !

l'opposition à la monarchie ait été moins répandue que le racisme anti-tutsi. Au mois d'Octobre, la Tutelle belge installe une assemblée et un gouvernement provisoire, sur base des voix obtenues aux élections communales.

Sans tomber dans les scrupules légalistes excessifs, on peut tout de même trouver un brin contestable la légitimité d'un pouvoir installé sur base d'élections locales, organisées dans une atmosphère qui cumulait l'ambiance de guerre civile (la "Toussaint Rwandaise") avec les contraintes d'une intervention militaire étrangère. Si la Belgique s'est distinguée, au Congo, par le fair-play avec lequel elle a organisé des élections législatives et en a accepté le résultat qui ne lui plaisait guère, elle n'a pas fait preuve des mêmes vertus au Rwanda!

Grégoire Kayibanda, Président du Parmehutu, devient Premier Ministre. Celui-ci ne s'est pas caché d'avoir une sérieuse dette envers les Belges. Son discours à l'installation du Conseil, le 26 octobre 1960, est significatif : " Le Rwanda espère qu'aucune influence n'empêchera le gouvernement belge de bien achever l'œuvre si magnifiquement commencée. Peuple ruandais, sous l'œil vigilant de la Belgique, sous l'égide de votre gouvernement, allez de l'avant". (Citation d'après HARROY, "Rwanda"... page 386).

Il restait à transformer le gouvernement provisoire en gouvernement définitif et à entériner la transformation du Rwanda en République en le dotant d'une Constitution ad hoc. Ce fut l'œuvre du Coup d'Etat de Gitarama (28 janvier 1961). Lors d'un rassemblement de tous les élus dans cette ville, des discours de Gitera Habyarimana et de G. Kayibanda annoncèrent la fin de la monarchie et la création d'une république parlementaire. Le premier Président élu est D. Mbonyumutwa. Le Premier Ministre reste G. Kayibanda, ce qui ne surprend personne. La Belgique, au minimum, laisse faire.

Les seules protestations ont lieu à l'extérieur, et viennent de Kigeri (le mwami renversé), de l'UNAR (parti nationaliste proche du mwami et très marqué tutsi) et de quelques pays africains. L'ONU organise un referendum et des élections législatives le 25 septembre. L'UNAR, qui avait exigé ces consultations, participe cette fois au scrutin. Il y a 80% de "oui" pour la République. Sur 44 sièges, le Parmehutu en obtient 35, l' UNAR 7, et l'Aprosoma 2. A la fin de l'année, une révision de la Constitution fait du Rwanda une République présidentielle, Kayibanda étant chef de l'Etat et du gouvernement. L'Indépendance du Rwanda est proclamée le 1er juillet 1962.

11 Les ethnies ne pouvaient plus occuper de postes que dans la proportion où elles étaient représentées dans la population. Soit 1 Tutsi pour 9 Hutu, alors que les diplômes étaient presque dans la proportion inverse.

12 Massacres qualifiés par le professeur canadien Lemarchand de « génocide sélectif », pour désigner le fait que l’élimination systématique fut celle, non des Hutu, mais des intellectuels hutu, perçus comme la potentielle élite qui pourrait encadrer une révolution populaire. On peut évidemment, sauf à transformer le Rwanda ou le Burundi en désert, éliminer a population Hutu. Il n’y aurait plus alors personne à exploiter ! Mais peut, par des massacres sélectifs, les priver de tout encadrement possible, et les inciter au calme en leur faisnt eur.

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Les termes du problème rwandais sont assez simples : depuis son Indépendance, le pays avait eu deux régimes successifs qui, au nom d’une équation simpliste « démocratie = pouvoir de la majorité », avaient établi un pouvoir empreint de racisme, dominé par les seuls Hutu majoritaires, au détriment des Tutsi.

Donc, quand Habyarimana se voit sommé (pardon ; « instamment invité »… Il peut d’autant moins discuter l’injonction que l’aide extérieure représente alors 52 % de son budget !) à entrer dans la ronde des « dialogues » et des « démocratisations », il a donc en face de lui, parmi les interlocuteurs avec lesquels on lui demande de s’entendre, un FPR aussi peu intransigeant dans son antihutisme qu’il l’est, lui, dans son antitutsisme.

Confronté à la demande de « s’ouvrir à l’opposition », Habyarimana pouvait certes le faire sans trop de peine vis à vis de partis qui représentaient les « malcontents » de la bourgeoisie Hutu, qui n’étaient demandeurs que sur le plan du fonctionnement des institutions ou la répartition régionales des moyens de l’Etat. Mais il y avait aussi des organisations à dominante Tutsi, d’autant moins maniables qu’elle s’étaient constituées hors du pays, soit au Burundi, dominé par un régime tutsi non moins marqué d’ethnisme, où leur « tutsisme » s’était radicalisé, ou en Ouganda, où ils étaient devenu un élément d’élite de l’armée de Museveni. Avec ces derniers, en particulier, dont l’expression politique était le FPR, les choses se gâtèrent et on en vint aux armes.

Le dialogue et la réconciliation nationale n’ont pas lieu et, au lieu du dialogue, c’est une guerre civile qui éclate. On en était là, avec déjà un net avantage militaire pour le FPR, quand l’avion d’Habyarimana fut abattu et que commencèrent les massacres auxquels on a donné improprement le nom de « génocide rwandais de 1994 ».

Le mot « génocide » et la sonnette de Pavlov

Kagame et le FPR tiennent beaucoup à proclamer que, dans l’affaire du génocide, ils étaient, comme on dit, « le chevalier blanc ». Leur action militaire est si bien décrite comme dirigée contre le génocide, qu’on en oublierait bien que les massacres ont commencé dans un pays qui était déjà en proie à la guerre civile ! La thèse qui a les sympathies de la France et qui sous-tend l’action de personnes comme le juge Bruguière consiste à faire de ces morts hutu les victimes d’un second génocide. Les Tutsi auraient entrepris une sorte de vengeance

« grandeur nature » pour le génocide des leurs par les Hutu. Cela présente l’avantage que dès lors l’Opération Turquoise 13 revêt un caractère « acceptable » d’opération humanitaire pour mettre à l’abri les Hutu menacés par ce second génocide.

Deux remarques s’imposent ici :

- si le nombre des morts est assez nettement établi, car le chiffre de 800.000 victimes semble faire l’unanimité, toute précision sur leur appartenance ethnique est absente. La formule la plus précise que l’on puisse obtenir est « ils ont tué les Tutsi et les opposants politiques hutu modérés ». Détail d’un humour macabre : le « Mémorial de Murambi », dit aussi « Mémorial du génocide des Tutsi » contient des restes dont la provenance, y compris ethnique, est inconnue. On a ramassé, au hasard, des cadavres dans un pays qui, en 1994, n’en manquait pas.

- comme il est presque de règle en matière de troubles « ethniques » ou « raciaux », il n’y a aucune définition claire et univoque de qui est Tutsi et qui est Hutu. La question a fait l’objet

13 Elle consistait à faciliter l’évacuation des FAR, Interahamwe et autres en direction de « sanctuaires » établis, avec la bénédiction de Mobutu, en territoire zaïrois. Pour cela, il fallait entraver l’avance du FPR, d’où l’accusation envers les Français de « complicité dans le génocide » dont ils auraient augmenté la durée en retardant les « sauveurs » du FPR.

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de polémiques interminables entre ethnologues, sans qu’on y voie plus clair dans la bouteille à encre. En effet, l’appartenance « ethnique » est déterminée par le seul père. Outre le fait qu’il est quand même aventureux de supposer que le mari de la mère est toujours le géniteur, les puissants ont toujours, comme partout, abusé de leur pouvoir pour collectionner les femmes.

Si l’on est donc, suivant la coutume, à 100% de l’ethnie de son père, il est probable, et c’est même une quasi-certitude, que dans la réalité génétique il n’y a qu’une infime minorité de Tutsi et de Hutu « purs », et que l’écrasante majorité de la population est issue de croisements répétés entre les deux groupes qui, rappelons-le, cohabitent depuis environ mille ans.

Nous avons donc la certitude que :

- plusieurs centaines de milliers de personnes ont péri de mort violente en un temps très court.

- parmi ces personnes il y avait des membres des deux ethnies et il est pratiquement impossible de déterminer dans quelles proportions.

Un amoncellement de cadavres hutu et tutsi, cela fait un massacre rwandais, non un génocide.

Il y a certes un point commun : il est manifeste que le régime rwandais, après le meurtre d’Habyarimana, a déclenché un plan d’éliminationde toute opposition et a dressé ses listes en fonction de l’idée que si les Hutu devaient être tués en fonction de leurs opinions politiques, les Tutsi, eux, seraient d’office considérés comme « opposants ». Ce la n’a malheureusement rien d’un fait exceptionnel. Il est hélas courant en Afrique, quand les haines politiques s’enveniment jusqu’à en venir aux meurtres et aux lynchages, qu’un certain nombre de personnes subissent des avanies diverses, allant du passage à tabac jusqu’au meurtre, simplement parce qu’ils sont de l’ethnie ou de la région d’origine de tel ou tel dirigeant. On en a vu de nombreux exemples durant les diverses guerres civiles qu’a connu le Congo. On vient d’en voir d’autres durant les troubles postélectoraux en Côte d’Ivoire et au Nigéria.

Ce dont nous avons des traces et des preuves, à propos du Rwanda, c’est d’une élimination féroce et impitoyable de tous ceux qui n’étaient pas de fermes et fanatiques soutiens du régime Habyarimana, avec, pour les Tutsi, le présupposé qu’ils étaient du nombre de par leur appartenance même à cette ethnie14. C’est féroce, monstrueux et inadmissible.

C’est un crime contre l’humanité. C’est Dachau! … Mais ce n’est pas Auschwitz ! Ce n’est pas un génocide.

Et l’on ne comprend pas pourquoi quelqu’un qui dirait cela, sans remettre aucunement en cause l’existence du massacre, devrait être taxé de « révisionnisme » ou de

« négationnisme ». On ne comprend pas pourquoi… à moins d’accepter la réponse suivante : parce que le génocide est le « fonds de commerce » politique de Kagame et de son FPR15. C’est essentiellement à des fins politiques que Kagame tient à l’utilisation du mot

« génocide ». Il lui permet de reprendre l’argumentation israélienne : « J’ai été génocidé, donc je puis me permettre n’importe quoi ».

Il y avait lieu, en effet, de trouver un levier psychologique puissant puisqu’il s’agissait d’aller tout à fait à contresens de la direction qu’au même moment la politique occidentale désirait imposer à l’évolution de l’Afrique. On souhaitait des CNS et des concertations ; il s’agissait de recourir à la confrontation armée. On prônait le dialogue et le multipartisme : on

14 Et comme (voir plus haut) il est impossible de savoir exactement à quelle ethnie appartient une personne, sauf ses proches voisins, il y a beaucoup à parier que bien des meurtres ont en fait eu lieu au hasard !

15 Les vrais « négationnistes », dans le genre de Faurisson, nient carrément tout massacre des Juifs durant le seconde guerre mondiale. C’est tout différent de ceux qui veulent évoquer un « double génocide » ou de ce que peuvent faire ceux qui, reconnaissant l’existence de massacres, estiment simplement que ceux-ci ne rentrent pas dans la catégorie des génocides.

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recourait au fusil pour mettre en place un régime autoritaire et unicolore. Pour faire accepter cela, il fallait recourir au plus puissant levier possible. Et l’on en avait un exemple remarquable dans la manière dont Israel et les sionistes ont exploité l’Holocauste. Il fallait donc un génocide !

Depuis la « Solution finale du Problème Juif » d’Adolf Hitler, le mot « génocide » est chargé affectivement pour les Occidentaux. Il est chargé d’idées de culpabilité, ou du moins de responsabilité, et de celle que, d’une certaine façon « une réparation est due à ceux qui en ont été victimes ». Il en va de même des mots « Holocauste » et « Shoah », à cause de deux célèbres réalisations audiovisuelles. Les mots « massacre », « extermination » ou « tuerie » n’ont pas cette connotation.

Le mot « génocide » a sur l’Occident un effet qui ressemble à celui de la sonnette chez le chien de Pavlov. Mais il ne déclenche pas un afflux de salive : ce qui afflue, ce sont des larmes et des envies de réparation. Sans ce réflexe conditionné, aurait-on accepté, comme si elle était évidente, la « réparation » qui, sous prétexte que les nazis allemands, et leurs complices fascistes et bourgeois d’une bonne partie de l’Europe avaient commis un génocide, consistait à donner aux sionistes (instaurés bénéficiaire des droits de Juifs morts qui n’avaient pas tous été sionistes !) une terre au frais de gens qui n’avaient tué personne, et à admettre que ces Palestiniens subissent toutes sortes de traitements inhumains et dégradants ?

Ce réflexe n’est pas moindre aux Etats-Unis qu’en Europe, et ce n’est pas seulement le reflet de la puissance du « lobby sioniste ». Souligner l’horreur du génocide des Juifs est un moyen commode d’en oublier un autre : celui des Amérindiens, qu’il importe d’autant plus d’oublier qu’il se poursuit.

Pourquoi avoir ainsi recouru à la « sonnette de Pavlov » ? Les mots « massacre »,

« extermination » ou « tuerie » n’ont pas cet effet magique, certes, mais ils pouvaient tout de même stimuler la compassion, déclencher des réflexes de solidarité, d’aide aux victimes et à la reconstruction...

La raison, c’est qu’il fallait davantage, que les plans n’étaient pas de réparation, mais de domination, et qu’il fallait d’abord et avant tout, tout en proclamant haut et fort son souci de « bonne gouvernance », jeter aux oubliette le plan « Monsieur Propre » et faire avaler à l’Occident agitant la queue devant la sonnette que, sur tout le continent africain, le Rwanda garderait seul un régime « à l’ancienne » : établi par un « coup » militaire, consolidé par l’absence de libertés, par le muselage de la presse, l’interdiction des partis d’opposition…

Car en matière d’impérialisme, Kagame dépasse largement son maître Museveni. Il vise à obtenir, pour le Rwanda, un statut analogue à celui d’Israël au Moyen-Orient : l’allié privilégié des Etats-Unis, qui peut tout se permettre et notamment de faire des conquêtes territoriales. Il faut aussi qu’il puisse, devant toute opposition ou toute critique, user de la même arme que les sionistes, pour qui tout antisioniste est évidemment un antisémite. Pour pouvoir découvrir partout des génocidaires, il faut bien sûr qu’un génocide ait eu lieu !

Ainsi, la présence au Congo de Rwandais qui ont pris la fuite devant l’APR en 94 lui a déjà servi de prétexte à attaquer le Congo en 96, avec l’espoir fallacieux qu’il parviendrait à faire de Kabila, authentique nationaliste, un Président fantoche du Congo, à réattaquer en 1998 et à y rester présent par « rebelles » de Nkunda, puis du M23 interposés, en attendant la prochaine attaque ouverte. Ses idées de grandeur ne s’arrangent pas, en effet, de son territoire misérable et surpeuplé.

Le « génocide » a déjà procuré à Kagame maintes occasions de jubiler sous sa protection magique, tant la communauté internationale salive, jappe et agite la queue à chaque coup de sonnette.

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Ainsi, Kagame a été chaleureusement congratulé en 2003, à l’occasion d’élections remportées avec plus de 90 % des voix. Il a remis ça en 2010. Autrefois, quand l’on publiait des scores pareils à propos de consultations électorales en Europe de l’Est, le commentaire était « un score pareil suffit à lui seul pour montrer qu’on a affaire à un régime totalitaire ! ».

Bienheureuse sonnette !

Le multipartisme existe au Rwanda… dans la mesure où le FPR veut bien l’autoriser.

Bien entendu, il faut être de mauvaise foi pour rappeler les critiques adressées autrefois aux pays où « l’électeur n’avait le choix qu’entre plusieurs partie communistes différents ».

Aveuglement ? Mais non ! La sonnette !

Il suffit de lire la presse rwandaise pour ressentir une sorte de nausée étouffante : on y sent à chaque ligne la conformité à la pensée unique imposée. Et les poursuites contre des journalistes coupables d’avoir pensé par eux-mêmes ne sont pas rares. On en parle étonnamment peu dans notre presse ou dans les associations qui n’ont que la liberté d’expression à la bouche. Toujours la sonnette !

Kagame tient carrément aujourd’hui le monde entier sous une forme de chantage éhontée dont le principal « truc » est de se présenter en héritier des rescapés du « génocide ».

La moindre enquête le mettant en cause ou le moindre article de journaliste discutant certaines idées reçues sur l’affaire, remettant en cause la « pensée unique » qu’il veut imposer, provoque à Kigali, une montée d’adrénaline et des procès. Par ailleurs, le régime a soigneusement bâti un réseau de lobby qui assure ses relations publiques à travers le monde et veille au maintien dans toute sa logique de même que dans toutes ses implications, les vérités inaltérables de ses historiens devenus des Dieux de la raison scientifique.

Simplement parce que Kagamé est la tête de pont d’importants intérêts géostratégiques dans la Sous-région, il a du coup acquis une immunité de fait, devenant intouchable. Depuis son avènement au pouvoir, le pays est installé dans une dictature sans pareille, un régime policier dont les médias aseptisés ou trop corrompus, ne parlent pas. Le Rwanda d’aujourd’hui n’est pas différent du Chili sous Pinochet et ce qui tient lieu d’élection, n’est que farce. Officiellement, le pays est sensé avoir dépassé les clivages ethniques16 et toute allusion à la discrimination, est jugée attentatoire à l’ordre public et à la morale publique. En réalité, c’est de la chasse à l’opposition qu’il s’agit. Il est strictement interdit de contredire le régime, de le critiquer, ou de se singulariser par rapport à ses mots d’ordre. En fait, toute opposition est proscrite, et tous les opposants sont contraints à l’exil.

L’impunité de Kagame va très loin. A en juger par quelques faits, il semble échapper à tout reproche au sujet de faits qui ont valu à d’autres les pires ennuis, en ce compris des faits qui pourraient avoir une connotation génocidaire :

- les déplacement forcés de population, très décriés lorsqu’il étaient l’œuvre de Pol Pot ou de Ceaucescu

- l’imposition de la vasectomie à 700.000 personnes de sexe masculin, parmi la population rurale pauvre (ce qui est une manière détournée de dire « Hutu »)

- la destruction des habitations couvertes en chaume, sans que rien ne soit prévu pour le relogement des gens privés d’abri, lesquels appartiennent en général à la population très minoritaire des pygmoïdes Twa

Or, l’on trouve dans la définition officielle que le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

16 Il est interdit de faire allusion au fait d’être Tutsi ou Hutu… sauf pour dire que le « génocide » visait les Tutsi.

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c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;

d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe.

Israël

Faut-il un Président ?

par Jean Philippe Touati pour Tel-Avivre -

En Israël, le Président dispose de prérogatives purement honorifiques. Actuellement, Shimon Peres est le Président en poste, mais pour combien de temps encore? Pas pour longtemps, à en croire une nouvelle loi qui vise la suppression du poste de Président d’Israël.

Le parlementaire Zevulun Kalfa, issu du parti Habayit Hayehudi situé à droite du spectre politique israélien, a récemment lancé un appel à la suppression du poste de président.

Dimanche, la Ministre de la justice Tzipi Livni et le Ministre de l’économie Naftali Bennett ont sérieusement abordé la question. Les deux Ministres sont tombés d’accord pour dire que l’institution présidentielle était inutile d’une part, et qu’elle coûtait de l’argent, d’autre part.

Quant à Kalfa, il avance des arguments proches de ceux défendus par les deux Ministres: Les fonctions que le Président tient sont « symboliques » et « protocolaires ». D’après lui, les instances gouvernementales pourront largement supplanter le Président d’Israël. S’il est vrai que le Président Shimon Peres a signé la totalité des lois et des traités internationaux, il n’en reste pas moins qu’il n’exerce aucun pouvoir exécutif.

Alors combien l’Institution présidentielle coûte-t-elle à l’État ?

17,6 millions de dollars, un chiffre trois fois supérieur au chiffre enregistré dix ans plus tôt, a fait remarquer Kalfa, Membre du Comité de finance. Il a également ajouté: « Pour rappel, la fête d’anniversaire du Président a coûté 450 000 dollars l’an dernier ».

Le principal argument avancé par Zevulun Kalfa, est financier: « En tant que Membre du comité de finance, je prends position. D’après moi, la suppression de cette institution ne peut qu’être positive. De cette manière, on fera des économies de budget non négligeables.

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Selon mes calculs, on parle de plusieurs millions de dollars par an. Une somme d’argent qui pourrait être utilisée à des fins sociales et éducatives. »

Autre argument avancé: Le Président a souvent exercé une pression politique sur des affaires qui ne relevaient pas de ses compétences, et plus particulièrement ces dernières années.

Les sympathisants de cette loi ont plusieurs exemples à l’appui. D’ailleurs, le dernier exemple en date, remonte à la semaine dernière. Naftali Bennett était outré que le Premier Ministre Benjamin Netanyahu puisse envisager la possibilité de laisser les juifs en Judée Samarie sous Autorité palestinienne. Un débat que Pères s’était empressé de rejoindre en déclarant: « Pourquoi avez-vous peur ? Vous pensez vraiment qu’ils vont tuer les juifs ? » rappelant, qu’ aujourd’hui, Israël était suffisamment armée pour se défendre.

D’autre part, Kalfa assume une position très tranchée sur la question.

« Il est temps de dire les choses sans passer par quatre chemins, le chef d’État a un rôle figuratif, inutile et superflu. On pourrait facilement redistribuer les pouvoirs qui lui sont confiés à d’autres autorités. On a déjà la Knesset, et le gouvernement, alors pourquoi rajouter une quatrième branche au gouvernement, d’autant plus quand elle se mêle des affaires qui ne sont pas de son ressort. » a t-il récemment déclaré.

Durs moments pour les Noirs

Décembre 2013. Selon notre confrère Médias-Presse-Info, le Magen David Adom, l’équivalent de la Croix Rouge en Israël, a refusé d’accepter le don de sang de la députée Pnina Tamano-Shata, parce qu’elle est d’origine éthiopienne. Un incident pas si anodin que ça qu’applaudissent les partis d’extrême droite religieux ou laïcs qui siègent depuis plusieurs années dans le gouvernement de Netanyahu. La question de la discrimination des Noirs en Israël se pose, comme elle se pose dans toutes les démocraties, avec la question lancinante : Israël est-il un état raciste ? Alors qu’il a grandement ouvert ses portes à des nombreux juifs noirs d’Ethiopie ? Le débat reste ouvert.

Alors qu’elle souhaitait offrir son sang lors d’une opération de don organisée par le Magen David Adom dans l’enceinte du Parlement à Jérusalem, une responsable de cet organisme, filmée et enregistrée par une caméra vidéo, lui a expliqué que « selon les directives du ministère de la Santé, il n’est pas possible d’accepter le sang spécial d’origine juive éthiopienne ». D’après les médias israéliens, le ministère de la Santé estime que le sang des juifs d’origine éthiopienne qui ne sont pas nés en Israël est susceptible de propager des maladies notamment le sida. « J’ai 32 ans, je suis arrivée à l’âge de trois ans en Israël, j’ai effectué mon service militaire et j’ai deux enfants, il n’y aucune raison de me traiter de la

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