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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le dimanche 30 mars 2014

RDC : Une jeune femme avec son bébé, devant sa maison où elle a été violée par trois rebelles FDLR

©. AFP/ MARC HOFFER.

Année 2014, Numéro 7 Sommaire

Sommaire Sommaire Sommaire

CIRGL CIRGLCIRGL CIRGL

Qui n’entend qu’une cloche… page 1 Syrie

Syrie Syrie Syrie

Une intervention turque en préparation ? Les plans terroristes du régime d'Erdogan en Syrie … page 6

Notre pause Notre pause Notre pause

Notre pause «««« humour et Sagessehumour et Sagessehumour et Sagesse »»»» humour et Sagesse Proverbe bulgare… page 11

Algér AlgérAlgér Algérieieieie

L’Algérie à la croisée des chemins. Résistons ! … page 12

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CIRGL CIRGL CIRGL CIRGL

L’inévitable « photo de famille », bien figée

Qui n’entend qu’une cloche…

Il y avait plusieurs raisons de s’intéresser au Sommet de a CIRGL qui s’est tenu à Luanda.

D’abord, l’arrivée de l’Angola à sa présidence et donc la prise des commandes par Mr. Dos Santos (photo).

Peut-être y avait-il quelque espoir qu’il puisse donner vie et chaleur à ce qui passe souvent pour une « organisation sans âme » ? La Cirgl peine à imposer sa marque, minée par des clivages qui limitent l’efficacité de son action. Lorsqu’il s’est agi d’aborder les problèmes sécuritaires de la région, la Cirgl a souvent eu une politique de deux poids, deux mesures. C’est le cas du schéma de négociations avec le M23/RDF qu’elle a imposé à la RDC, alors qu’elle a exclu une telle éventualité aussi bien pour le Rwanda que pour l’Ouganda. Pire, chaque fois qu’il s’est agi de résoudre la crise en RDC, la Cirgl s’est montrée aussi inefficace qu’inactive, camouflant ses faiblesses derrière des considérations diplomatiques. Cinq présidents de la Conférence internationale pour les Grands Lacs étaient présents à Luanda, le 25 mars : l'hôte et président en exercice de la CIRGL, l'Angolais José Eduardo Dos Santos, le Rwandais Paul Kagame, les Congolais Joseph Kabila et Denis Sassou Nguesso, l'Ougandais Yoweri Museveni, auxquels est venu s'ajouter le président sud-africain Jacob Zuma. Le Tanzanien Jakaya Kikwete, invité lui aussi, ne s'est finalement pas joint aux discussions.

Du point de vue de la RDCongo, sur le sol de laquelle se déroulent les exactions dont on devait discuter, on pouvait en tous cas se dire que « ce ne sera pas pire qu’avec Kampala ».

A n’en point douter, la présidence ougandaise à la Cirgl n’a pas véritablement été en sa faveur. Partie prenante aux conflits dans l’Est où il s’est visiblement rangé derrière l’ex- rébellion du M23/RDF – comme l’ont attesté divers rapports des Nations unies – l’Ouganda n’a pas été sincère et honnête dans l’administration de cette organisation sous-régionale. A

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noter que Kampala s’est arrangé pour rempiler de manière à gérer le dossier M23/RDF. Le Rwanda et l’Ouganda ont mis à profit ce cumul pour manipuler à souhait la Cirgl. Résultat, Kinshasa a été obligé de trouver avec un groupe rebelle classé force négative une voie de sortie honorable, notamment la conversion des crimes de guerres en fait de guerre pour certains membres du M23. Conséquence, le groupe est en train de reconstituer, à en croire les déclarations faites dernièrement par la Monusco.

Le changement de décor à la présidence de la Cirgl arrive donc à point nommé. Il est porteur de nouveaux espoirs autant pour la région que pour la RDC. Réputé neutre dans divers conflits qui minent la région, Luanda part avec les faveurs des pronostics.

A Kinshasa, l’on se souvient que l’Angola est un des pays qui ont appuyé le Congo pendant la « guerre africaine » déclenchée par l’ganda et le RFwanda, et l’on espère que la présidence angolaise augure de perspectives heureuses. C’est dans ce sens que l’ambassadeur de la RDC en Angola, Mayele Ebokwol Ghyor Bernardin, a déclaré samedi à Luanda que son pays considérait que la présidence angolaise à la Cirgl serait « une plus value » pour la région.

Le diplomate congolais a fait remarquer que la RDC attend voir l’Angola accélérer la résolution de diverses questions laissées en suspens par l’Ouganda.

Une deuxième raison de trouver cette réunion fort intéressante était qu’un face-à-face, sui pouvait se révéler passionnant, devait y avoir lieu. Certes, en termes diplomatiques, l’on devait discuter de la manière d’en finir avec les chefs rebelles en RD Congo. Mais parmi les participants chacun sait que la présidence en exercice de Museveni a été nuisible, qu’elle avait terni l’image de la Cirgl, qu’elle a trahi sa mission principale, à savoir celle de travailler pour la promotion de la paix dans la région. Chacun sait que le Rwanda et l’Ouganda ont nettement été pointés du doigt comme principaux tireurs des ficelles de tout le désordre qui déstabilise l’Est de la RDC.

Le dernier rapport des experts des Nations unies sur la RDC est largement revenu sur la question, confortant les affirmations des rapports antérieurs. Plusieurs rapports menés par des Ongs internationales telles que Human Rights Watch, Amnesty International ou encore International Crisis Group ont abondé dans le même sens, mettant unanimement en avant plan la forte influence de l’Ouganda et du Rwanda dans toutes les rébellions et groupes armés qui défilent dans l’Est de la RDC.

Paradoxalement pour qui tient compte de toutes ces révélations, la RDC s’est retrouvée bon gré mal gré dans l’obligation de cohabiter avec ses bourreaux dans la Cirgl.

Pire, certaines résolutions prises au sein de cette même organisation n’ont eu pour seule finalité que de fragiliser davantage la RDC en mettant à nu son plan sécuritaire et de défense.

C’est le cas du mécanisme conjoint de vérification des frontières et du Centre commun des renseignements des pays membres de la Cirgl.

Pour le cas spécifique de ce Centre dont le siège a été fixé à Goma, la Cirgl l’a spécialement mis en place juste pour centraliser toutes les informations nécessaires en vue de la traque des FDLR et des rebelles de la LRA. Voilà un Centre basé en RDC mais, en réalité, mis au service de l’Ouganda et du Rwanda. Aucun dividende donc pour la RDC.

Et, s’il ne fallait pas attendre trop de véhémence de la part de Joseph Kabila, dont l’éloquence est essentiellement silencieuse, Kagame et Museveni allaient certainement se retrouver en face de deux interlocuteurs qui n’ont ces derniers temps pas mâché leur mots à propos des menées rwandaises : Jakaya Kikwete de Tanzanie qui a rappelé à Kagame quelques vérités amères (il est vrai qu’il n’a pas participé aux discussions, mais il était représenté) et Jacob Zuma de la RSA qui a en travers de la gorge un assassinat d’opposant

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rwandais commis sur son sol par les « barbouzes de Kagame, qui relève tout simplement du terrorisme d’Etat. On était donc en droit de s’attendre à quelques échanges musclés.

Officiellement, ils n’ont pas eu lieu. Officieusement, c’est autre chose. Car il existe a niveau des comptes rendus une version « soft » et une version « hard ». L’adage, « Qui n’entend qu’une cloche, n’entend qu’un son », nous a inspiré l’idée qu’il pourrait être intéressant pour nos lecteurs de prendre connaissance de l’un et de l’autre.

Les voici :

Compte rendu, version « soft »

Les chefs d’Etat et de Gouvernement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), ont décidé d’en découdre avec les chefs rebelles en RD Congo. La décision a été prise à l’issue du mini-sommet de cette organisation sous -régionale, mardi dernier à Luanda.

Doit-on vite penser à un tournant décisif franchi dans l’affaire des forces négatives opérant dans la Sous-région ? On devrait sans doute éviter de tomber dans le piège des inductions amplifiantes et hâtives. Seulement voilà, le mandat de l’Angolais Eduardo Dos Santos à la tête de la CIRGL, semble augurer une nouvelle ère. La ,preuve est la décision prise par le président Edouardo Dos Santos et approuvée par ses pairs de la sous-région.

En sa qualité de président en exercice de la CIRGL, Dos Santos a suggéré qu’on mette fin aux forces négatives actives dans les pays de la sous-région, particulièrement en RD Congo.

Aux yeux de nombreux observateurs, le mini-sommet de Luanda aura été une opportunité pour Kinshasa. Non pas parce que les autorités congolaises présentes à cette rencontre ont eu gain de cause, plutôt au regard de la présence du Président angolais à la tête de la Conférence. En d’autres termes, les douze mois de pouvoir de Dos Santos à la présidence de la CiRGL mettent un certain optimisme dans les esprits de nombreux Congolais.

Est-ce un optimisme béat ? Sans doute pas. Les raisons, c’est qu’Edouardo Dos Santos observe une certaine distance par rapport à l’épineuse question des fameux ADF/NALU et autres FDLR qui prétendent défier toute la sous-région. De ce point de vue, Edouardo Dos Santos, comparé avec ses pairs rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni qui ont brigué le même mandat par le passé, mérite la confiance des Congolais.

Etant donné que l’on ignore encore l’avenir en termes de succession à la tête de la CIRGL, Kinshasa a intérêt à tirer le maximum de dividendes du bail de Dos Santos. En d’autres termes, le Gouvernement congolais a tout intérêt à faire en sorte que sous le mandat de Dos Santos, la question des ADF/NALU et des FDLR soit définitivement réglée. Ainsi, l’on aura franchi un pas important dans le processus de stabilité de la sous-région.

En plus de la neutralisation des chefs rebelles, les participants au mini-sommet de Luanda ont décidé de rapatrier rapidement, en étroite collaboration avec les Nations Unies, les ex-militaires du M23, de l’Ouganda et du Rwanda, qui constituent une charge pour les deux pays.Ils ont également décidé d’adopter une résolution globale dans la lutte contre les forces négatives, en tenant compte du rôle d’exploitation et de commercialisation illégale des ressources naturelles ou de financement de leurs activités, ainsi que l’application des sanctions politiques et économiques.

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Le sommet a salué la promulgation de la loi d’amnistie par le Gouvernement de la RDC, et appelé à mettre en œuvre les déclarations de Nairobi, pour faciliter le traitement de la question des ex-éléments du M23.

Les chefs d’Etat et de Gouvernement ont félicité le Gouvernement congolais des résultats obtenus et l’ont encouragé à poursuivre les actions visant à neutraliser la FDLR. Pour les FDLR, après avoir écouté les expositions des présidents du Rwanda, Paul Kagame et du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, les chefs d’Etat ont recommandé la coordination d’efforts pour continuer le processus de rapatriement, le désarmement et le retour volontaire, ainsi que de mener des actions contre ceux qui persistent à ne pas désarmer, conformément aux recommandations des chefs d’Etat-major. Pourvu que toutes les mesures prises soient traduites en actes concrets.

Compte rendu, version « hard »

Un sommet restreint de chefs d'Etat de la région des Grands Lacs s'est tenu mardi 25 mars à Luanda en Angola. Parmi les sujets en discussion : la lutte contre les groupes armés et notamment les Ougandais des ADF-NALU et les Rwandais des FDLR, deux groupes qui sévissent à l'est du Congo- Kinshasa.

Mais la lutte contre ces groupes armés n'était pas le seul sujet à l'ordre du jour et

certains chefs d’Etat ne sont venus qu’avec des pieds de plomb. A propos du. Terrorisme d’Etat contre les opposants : Jacob Zuma a fait convoquer Kagame (phoyo) à Luanda !

La crise diplomatique entre le Rwanda et l'Afrique du Sud a été largement abordée par les chefs d'Etat présents. Pendant un peu plus d'une heure, les six présidents sont restés seuls dans la salle de réunion. « Un huis clos, c'est l'opportunité d'une discussion franche et honnête de nature à aplanir les différends », explique une source au sein de la CIRGL. Le différend en question, c'est bien sûr la montée de tension entre l'Afrique du Sud et le Rwanda.

Selon plusieurs sources, c'est Pretoria qui aurait demandé à l'Angola de convoquer un sommet des chef d'Etats, alors que deux mois après le précédent sommet, un simple point étape avec les chefs d'état-major de la région aurait pu suffire à évoquer les avancées ou non dans les opérations militaires en cours dans l'est de la RDC. Depuis deux semaines, l'Afrique du Sud s'est lancé dans une offensive diplomatique auprès de sept capitales clés de la région.

L'objectif est d’expliquer les raisons de son différend avec Kigali, les attaques contre des opposants rwandais sur son sol mais aussi depréparer ce sommet restreint.

L'Afrique du Sud a-t-elle réglé ses comptes devant témoins ? C'est ce qu'avancent en tout cas certaines sources. Pretoria aurait souhaité montrer qu'on ne s'attaquait pas à la puissance continentale impunément.

D'autres se contentent de dire que le Rwanda est allé à Luanda à reculons, « craignant une certaine hostilité ».

D'autres encore s'interrogent sur l'absence du président tanzanien Kikwete accusé par Kigali d'être « proche des FDLR »1.

1 Dans le vocabulaire en usage à Kigali, être « proche des FDLR » n’est pas loin de l’injure suprême :

« génocidaire ». Ce titre a été décerné à Kikwete pour avoir fait la remarque que, si l’on exige de la RDC q’elle négocie avec e M23, il n’y a aucune raison pour que l’on n’en exige pas autant de l’Ouganda et du Rwanda. Or,

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Joseph Kabila aurait, quant à lui, hésité jusqu'à la dernière minute à venir. Il devait ouvrir le lundi une conférence à Goma sur les mines.

Il est en tout cas certain que, pour ce qui est des Grands Lacs, on est encre loin de ce qu’il faudrait. Car il faudrait une union des Etats de la région qui se rende enfin compte que lorsque l’on a affaire à des régimes comme celui de l’Ouganda et surtout du Rwanda, qui érigent l pillage de leurs voisins, pour compte des grandes puissances capitalistes qui les rémunèrent pour ce travail de mercenaires, en mode normal de financement et de fonctionnement de pays par ailleurs verrouillés à l’intérieur par des régimes autoritaires, il est vain d’attendre quoi que ce soit de la diplomatie ou de la négociation. Seule la force peut y mettre fin.

Luanda

Kagame a toujours refusé catégoriquement de négocier en quoi que ce soit avec les FDLR, bien entendu qualifiés de « génocidaires ».

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Syrie Syrie Syrie

Syrie / Turquie / Turquie / Turquie / Turquie

Turquie : Conversation fuitée entre officiels discutant d'une opération en Syrie

Une intervention turque en préparation ? Les plans terroristes du régime d'Erdogan en Syrie

Des enregistrements fuités de chez les hommes de la Confrérie de Fethullah Gülen, nouveau frère ennemi d'Erdogan, établissent la responsabilité flagrante du régime d'Ankara dans la guerre et le terrorisme en Syrie. Ces "AKP-Leaks" impliquent directement le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu, le directeur des services secrets de la MIT Hakan Fidan, le conseiller du ministère des affaires étrangères Feridun Sinirlioglu et le chef- ajdoint de l'état-major turc Yasar Güler.

L'une de ces conversations compromettantes porte sur l'enclave turque en territoire syrien appelée " Suleyman Shah" où se trouve le mausolée éponyme du grand-père du fondateur de l'empire ottoman Osman Ier. Les quatre conspirateurs invoquent le menace que fait peser le réseau terroriste Daech (EIIL) sur l'enclave comme prétexte à un assaut contre la Syrie. Le chef adjoint de l'état-major Yasar Güler évoque l'option de l'armement de 1000 djihadistes pour mener une opération en territoire syrien.

Dans un autre enregistrement, le même Yasar Güler martèle : "Nous avons besoin d'un casus belli". Mais le directeur du renseignement Hakan Fidan s'inquiète du risque de représailles, avouant que le frontière turco-syrienne échappe à tout contrôle. Cela ne l'empêche pas de proposer une opération sous fausse bannière en territoire syrien: "S'il le faut, je peux envoyer quatre hommes en Syrie. Ces hommes pourraient lancer 8 missiles en direction du territoire turc. J'aurai ainsi suscité un casus belli. Nous pourrions même attaquer le mausolée de Suleyman Shah."

A la veille des municipales prévues ce dimanche 30 mars, Erdogan tente de redorer son blason avec le sang syrien. L'assaut des djihadistes syriens contre le village arménien de Kassab dans le Nord de la Syrie à partir du territoire turc n'est donc pas tombé du ciel.

La destruction du MIG syrien en territoire syrien par l'aviation turque fait partie d'une stratégie globale orchestré par Erdogan avec le soutien d'Al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaïda, des Turkmènes syriens pro-AKP, d’agents turcs comme Selami Aynur abattu lundi par

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l'armée syrienne et des médias à sa solde comme Habertürk. Cette formidable campagne médiatique, politique et militaire du gouvernement AKP à la veille des élections municipales survient au moment où il se trouve confronté à un scandale de corruption et une fronde populaire sans précédent.

Le gouvernement turc a bloqué le site de vidéos en ligne Youtube après la publication d'une conversation fuitée entre officiels turcs. L'enregistrement fait état d'une discussion sur de possibles interventions en Syrie et sur les prétextes permettant de les déclencher. Le gouvernement turc a justifié la fermeture de Youtube par des raisons de sécurité nationale tout en dénonçant le fait que la discussion aurait été "partiellement" déformée. Le gouvernement affirme que le réseau sera rétabli quand le contenu aura été retiré. Édit : Il semblerait que des obus aient été tirés depuis la Syrie, vers le territoire turc aujourd'hui..., mais par qui ? Le

"plan" évoqué dans l'article a-t-il déjà été mis en application ?

Si l’on se fie à la transcription de la première partie paru sur le site internet Goodmorningturkey.com voici la teneur de la discussion.

Celle-ci implique Hakan Fidan, responsable du renseignement turc, Ahmet Davutoğlu, ministre des affaires étrangères, Yasar Guler, vice chef des forces armées et d'autres officiels.

La conversation n'est pas, comme d'habitude, authentifiable à 100% mais la célérité du gouvernement turc est confondante, de même que les déclarations d'Erdogan qualifiant le document de "scélérat" et "d'immoral". Je tiens à signaler que les responsables turcs ont déjà évoqué publiquement la possibilité d'une intervention sur le territoire syrien pour défendre des territoires qu'ils considèrent comme leur appartenant sous couvert de lutter contre Al-Qaïda tout en respectant le droit international. C'est la méthode employée qui va clairement choquer.

Synthèse de la première partie

Les officiels sont en train de peser les diverses possibilités permettant à la Turquie de s'impliquer plus activement en Syrie. Cette implication peut se faire avec des fournitures d'armes et de munitions directement ou en coordination avec le Qatar, mais aussi par l'implication directe de forces turques dont la mobilisation serait facilitée par la création de prétextes (fausses attaques sur le territoire turc, défense de la tombe de Suleyman Shah, intervention contre l'EIIL opportunément dépeint comme Al-Qaïda pour offrir une justification internationale - merci la doctrine américaine sur la question !).

Le vice-chef des forces armées et le chef du renseignement sont très favorables à une telle "opportunité" et appelent le ministre des affaires étrangères à agir en conséquences. Ce dernier à quelques réserves tenant à la question de la coordination des opérations, ainsi qu'au facteur humain des rebelles sur le terrain qui représentent un "facteur de risque". Les responsables partagent néanmoins l'idée que la sécurité nationale doit être utilisée comme un

"outil" (pratique et pas cher) dans la politique interne (merci la doctrine américaine version 2 !), une situation inédite.

Synthèse de la seconde partie

On apprend que l'état turc fonctionne très mal, mais qu'il fonctionne à travers un cercle très restreint de personnes qui ont l'air de se résoudre à prendre de graves décisions. Les États- Unis semblent être au courant de cet état de fait.

Un projet de No-Fly-Zone serait actuellement en discussion d'après l'un des responsables. Projet qui bien que décidé par les turcs, ne peux pas être implanté pour diverses raisons (le contexte géopolitique probablement). Les responsables turcs semblent se résoudre à devoir faire le travail par eux même et à provoquer une escalade avec la Syrie. Une partie de l'opération semble déjà avoir été lancée. La publication de la vidéo pourrait avoir un lien avec l'imminence de celle-ci.

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Voici l'intégralité de la discussion2

Ahmet Davutoğlu: Le Premier ministre a déclaré que, dans la conjoncture actuelle, cette attaque (aux alentours de la tombe de Suleyman Shah) doit être considérée comme une opportunité pour nous.

Hakan Fidan: Je vais envoyer quatre hommes depuis la Syrie, si c'est ce qu'il faut. Je vais faire une cause de guerre en ordonnant une attaque de missile sur la Turquie, nous pouvons également préparer une attaque aux alentours de la tombe de de Suleyman Shah si nécessaire.

Feridun Sinirlioglu (sous secrétaire d'État du MAE) : "Notre sécurité intérieure est devenue un outil pratique et peu cher de politique intérieure".

Yasar Güler : C'est une cause direct de guerre. Je veux dire, ce que nous allons faire est une cause directe de guerre.

Ahmet Davutoğlu: [...] Que doit faire notre ministère des affaires étrangères exactement ? Je ne parle pas de la chose. Il y a d'autres choses que nous sommes censés faire. Si nous nous décidons sur ce sujet nous devons informer les Nations Unis, le consultat du régime syrien à Istanbul, non ?

Feridun Sinirlioglu: Mais si nous décidons d'une opération [...], il faut créer un effet choquant. Je veux dire, si nous allons le faire. Je ne sais pas ce que nous allons faire, mais peu importe ce que nous décidons, je ne pense pas qu'il serait approprié d'aviser quiconque au préalable.

Ahmet Davutoğlu: D'accord, mais nous allons devoir en quelque sorte préparer. Pour éviter les courts-circuits en ce qui concerne le droit international. Je venais juste de réaliser quand je parlais au président (Abdullah Gül), si les chars turcs vont là-bas, cela signifie que nous sommes là-bas, dans tous les cas, non?

Yaşar Güler: Cela signifie que nous y sommes, oui.

Ahmet Davutoğlu : Oui, mais il ya une différence entre y aller avec des avions et y aller avec des chars...

Yaşar Güler: Peut-être que nous pouvons dire au consulat général syrien que l'État Islamique en Irak et au Levant travaille actuellement aux côtés du régime, et que ce lieu est une terre turque. Nous devrions certainement ...

Ahmet Davutoğlu: Mais nous avons déjà dit cela et adressé plusieurs notes diplomatiques.

Yaşar Güler: Pour la Syrie ...

Feridun Sinirlioglu: C'est exact.

2 Il va sans dire que les gens capables de comprendre une conversation en turc sur un enregistrement loin d’être toujours parfait et de la restituer dans un français décent ne courent pas les rues. La traduction a donc été faite hâtivement par des gens plutôt surchargés. Il en résulte un texte qui n’aurait sans doute pas l’agrément de l’Académie française. Nous l’avons laissé subsister tel quel, « coquilles » comprises.

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Ahmet Davutoğlu: Oui, nous les avons envoyé de nombreuses fois. Par conséquent, je voudrais savoir quelles sont les attentes du chef d'état-major envers notre ministère.

Yaşar Güler: Peut-être que son intention était de dire que, je ne sais pas vraiment, il a rencontré M. Fidan

Hakan Fidan: Eh bien, il a mentionné cette partie mais nous ne sommes pas allés dans le détail.

Yaşar Güler: Peut-être que c'était ce qu'il voulait dire ... Une note diplomatique vers la Syrie?

Hakan Fidan: Peut-être que le ministère des Affaires étrangères est affecté à la coordination ...

Ahmet Davutoğlu: Je veux dire, je peux coordonner la diplomatie mais la guerre civile, l'armée ...

Feridun Sinirlioglu: C'est ce que j'ai abordé. D'une part, la situation est différente. Une opération sur l'EIIL a des bases solides concernant le droit international. Nous allons le dépeindre comme étant Al-Qaïda, il n'y a pas d'inquiétude si c'est une question concernant Al- Qaida. Et si il s'agit de défendre la tombe de Suleyman Shah, c'est une question de protection de notre terre.

Yaşar Güler: Nous n'avons pas de problèmes avec cela.

Hakan Fidan: Quand cela va arriver, cela va provoquer un grand émoi interne. La frontière n'est pas sous contrôle ...

Feridun Sinirlioglu: Je veux dire, oui, les attentats vont se produire bien sûr. Mais je me souviens de notre conversation d'il y a 3 ans ...

Yaşar Güler: M. Fidan devrait recevoir de toute urgence du soutien et nous devons l'aider à fournir des armes et des munitions aux rebelles. Nous devons parler avec le ministre. Notre ministre de l'Intérieur, notre ministre de la Défense Nous avons besoin de parler à ce sujet et de parvenir à une résolution monsieur.

Ahmet Davutoğlu: Comment étions-nous arrivés à mettre nos forces spéciales en action quand il y a eu une menace dans le nord de l'Irak ? Nous aurions du faire pareil là-bas aussi.

Nous aurions du former ces gars et envoyer des hommes. Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons pas le faire, nous ne pouvons faire uniquement ce que la diplomatie...

Feridun Sinirlioglu: Je vous l'ai dit à l'époque, pour l'amour de Dieu, en général, vous savez comment nous avons réussi à avoir ces tanks la-bàs, vous y étiez.

Yaşar Güler: Quoi, vous voulez dire nos affaires?

Feridun Sinirlioglu: Oui, comment pensez-vous que nous ayons réussi à envoyer nos chars en l'Irak ? Comment? Comment avions nous réussi à impliquer des forces spéciales et des troupes ?J'ai été impliqué dans cela. Permettez-moi d'être clair, il n'y avait pas de décision du gouvernement à ce sujet, nous avions réussi cela avec un seul ordre.

Yaşar Güler: Eh bien, je suis d'accord avec vous. Pour une chose, nous n'avons pas discuter de cela. Mais il ya différentes choses que la Syrie peut faire dès maintenant.

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Ahmet Davutoğlu: Général, la raison pour laquelle nous disons non à cette opération est parce que nous connaissons la capacité de ces hommes.

Yaşar Güler: Regardez, monsieur, MKE (Mechanical and Chemical Industry Corporation)

*

Pour la paix en Turquie, en Syrie et dans le monde, il faut que la vérité explose à la figure des terroristes en col blanc de l'AKP et des terroristes en uniforme de l'OTAN.

Un aspect nettement plus sympathique de la Turquie

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Notre pause Notre pause Notre pause

Notre pause « « « humour et Sagesse « humour et Sagesse humour et Sagesse » humour et Sagesse » » »

Proverbe bulgare

Pensez-y cet été !!!

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ALGERIE ALGERIE ALGERIE ALGERIE

Alger : Le palais présidentiel d’El Mouradia

L’Algérie à la croisée des chemins.

Résistons !

Par Abdelhak Bererhi3

C

ette contribution devait être publiée au début du mois de novembre 2012 ! J’ai préféré la faire paraître après les résultats des élections locales, sachant que celles-ci ne sont qu’un leurre comme j’avais qualifié les élections législatives dans un précédent article. Son contenu est par conséquent bien antérieur à l’attaque terroriste de Tigentourine et à l’intervention française au Mali. Après beaucoup d’hésitations, je me suis finalement résolu malgré tout à la publier aujourd’hui, considérant que la résistance citoyenne pour un changement démocratique est plus que jamais d’actualité dans une Algérie véritablement à la croisée des chemins.

Sans aucun doute, l’Algérie est à la croisée des chemins tant au plan interne qu’externe. L’urgence d’un changement réel du système politique qui prévaut depuis l’indépendance s’impose de plus en plus. Anachro ni que, le pouvoir poursuit sa fuite en avant, n’ayant su tirer les leçons ni du passé ni de la conjoncture nationale et internationale actuelle particulièrement préoccupante. Une conjoncture pouvant, au niveau national, entraîner à tout

3Universitaire / Ancien Ministre de l’Enseignement Supérieur

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moment une violence incontrôlable, une explosion de la rue, aux résultats incertains, voire dramatiques.

Et ce, avec une possibilité d’ingérence et les risques d’une déstabilisation et d’une atteinte à l’unité nationale, voire à l’intégrité territoriale si chèrement défendues durant la guerre de Libération nationale et tout particulièrement durant les négociations d’Evian. Les exemples d’ingérence récente autour de nous sont suffisamment éloquents. Après l’Irak, le Soudan, le Yémen, la Tunisie, la Libye, la Syrie et pourquoi pas le Mali, l’Algérie ne risque-t- elle pas également de se voir programmée par les tenants de cette approche néocoloniale qui ne dit pas son nom, si la «situation» venait à l’exiger ? Malgré les efforts sécuritaires déployés, saurons-nous également appréhender et gérer les dangereux contrecoups qui ont commencé à se propager tout le long de nos vastes frontières (migrations de populations, armes, drogue, trafics de toutes sortes, terrorisme…) ?

Un constat alarmant

Le diagnostic a été fait et refait à profusion sur l’état de l’Algérie. Politologues, économistes, sociologues, intellectuels, journalistes, ont dressé un tableau peu reluisant de l’état de notre pays sur tous les plans. La presse indépendante rapporte au quotidien des faits inquiétants ou des classements mondiaux périodiques de l’Algérie (indice du développement, corruption…) peu flatteurs.

Les sondages sur les intentions de vote, les enquêtes d’opinion, les taux d’abstention records aux élections illustrent on ne peut mieux le fossé grandissant entre pouvoir et citoyens.

Au plan politique, on assiste à une sidération, à une désarticulation de la classe politique et à une dégradation de la vie politique. En même temps, on assiste à une atomisation de ce qui restait comme opposition et à une désaffection citoyenne de la chose politique. Sans être réducteur, le diagnostic peut se résumer schématique ment ainsi:

- un pouvoir autoritaire anachronique, aux abois, au verbe démagogique et populiste coupé du peuple ;

- un terrorisme islamiste plus que jamais présent et entreprenant, démontrant les limites, voire l’amoralité dans la manière dont a été conduit le processus de «réconciliation nationale» ; - une insécurité devenue endémique avec une exacerbation des fléaux sociaux ;

- une économie sans vision prospective enfermée dans la rente éphémère des hydrocarbures, avec une corruption exubérante, endémique à tous les niveaux et une bureaucratie toujours présente. Une économie important à tour de bras biens, produits et équipements, mais aussi des services, tout en laissant se poursuivre la fuite des cerveaux vers des cieux plus cléments. Une économie avec une agriculture qui marque le pas malgré les fonds investis, et avec une

industrie naufragée, à l’agonie. Une économie puisant à profusion dans le fonds de régulation, alors que d’autres pays, y compris non producteurs d’hydrocarbures, ont constitué des fonds souverains pour leurs générations futures ;

- une école désarticulée, malade, préparant les futurs exclus de la société ;- une université à la recherche incessante de son cap, classée à une place peu reluisante dans le concert universitaire mondial ;- une santé moribonde ;

- une injustice sociale criante et insupportable, émaillée de suicides, d’immolations et de harga, avec une misère insoutenable et une paupérisation galopante ;

- une jeunesse désemparée et déboussolée, en mal de repères et de valeurs crédibles, dans une atmosphère de dérives sociales de toutes sortes ;

- une justice à la recherche de sa liberté ;

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- au plan externe, une épée de Damoclès dangereusement suspendue, d’un éventuel droit et devoir d’ingérence, aux risques majeurs encourus bien connus. Et les cadres et les responsables honnêtes et compétents dont beaucoup sont marginalisés, certains ayant été touchés injustement dans leur dignité ou ayant eu à subir les affres des procès d’intention et de la chasse aux sorcières, sont malheureusement noyés dans l’ivraie du système.

Ce sont là, énumérés, les points de rupture entre un système obsolète et un peuple ; points de rupture, car il y a bien une crise de l’Etat, de son système et de ses institutions. Cette crise intervient à un moment où les aspirations des peuples à une vie meilleure, à la démocratie et à la justice sont devenues universelles. Elles se sont exprimées avec force ces derniers temps à travers «le printemps arabe».

Le peuple algérien, qui aspire depuis longtemps à ce changement, l’a initié en 1988, puis en 1992, sans succès, malgré de grandes souffrances, notamment celles de la

décennie rouge. On peut dire, sans se tromper, que l’Algérie vit dans une bulle dont l’explosion peut déboucher sur un réveil dont les conséquences pourraient être dramatiques.

Tout milite tant au plan national, régional qu’international en faveur d’un changement urgent, un changement à induire pacifiquement mais résolument, avec comme seule motivation, l’amour de la patrie.

Que faire et comment faire ? Résistons !

Ecrire, décrire, témoigner, analyser, constituent déjà un premier acte de résistance qui maintient en permanen ce un état de veille politique indispensable, nécessaire mais pas suffisant. Certes, se taire, c’est s’isoler, c’est abdiquer, c’est mourir un peu. Cependant, l’écrit seul, aussi courageux et pertinent fût-il, ne risque-t-il pas de nous confiner dans la confortable attitude de la «conscience tranquille» ? Résister, c’est aussi agir. Comment dès lors rétablir la confiance et l’espoir citoyens ? Résistons en constituant des noyaux, des poches de résistance citoyenne pacifiques, sous forme de groupes de réflexion, de sensibilisation et d’action participant aux luttes sociales, justes et légitimes. En septembre 2008, j’avais évoqué la nécessité d’une démarche collective, d’une réflexion solidaire plus efficiente que des prises de position ou des actions isolées (...).

Aujourd’hui, dans un contexte interne de plus en plus préoccupant, avec un facteur externe interventionniste de plus en plus entreprenant, la notion de «résistance» s’impose et prend toute sa signification salvatrice. Aussi, sortons du découragement et du défaitisme avec le : «Il n’y a rien à faire», et du fatalisme avec le «Est-ce que ça vaut le coup ?», ou du désabusé «Est-ce que ça sert à quelque chose ?» ; sortons également de l’illusoire confort du

«Il vaut mieux ça plutôt qu’un saut dans l’inconnu» échaudés, il est vrai, par dix années de feu, de larmes et de sang.

Que de personnalités politiques, de cadres, de retraités et autres citoyens ne se croisent plus que dans les cimetières pour enterrer un proche ou un ami ou à l’occasion de commémorations ou de mariages.

Il faut rompre ce cloisonnement inter citoyen qui s’est constitué peu à peu avec le temps par un pouvoir décapant et chloroformant. D’aucuns parlent d’impasse politique, d’autres de «trahison». Ne portons pas de jugements de valeur, laissons l’histoire faire la décantation. L’heure est plutôt à la mobilisation de toutes et de tous, car l’Algérie risque d’aller droit dans le mur. Aussi, tombons nos casquettes partisanes, nos casquettes syndicales et même associatives. Sortons de notre silence et de notre isolement. Agissons sans précipitation, patiemment, pacifiquement, en identifiant, sans préjugés, tous les partenaires républicains.

Organisons-nous en groupes citoyens républicains partout, dans les quartiers, les lieux de travail, les universités… en suscitant en particulier l’intérêt et l’adhésion des jeunes.

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Hommes politiques, moudjahidine restés sur leur faim, intellectuels, hommes de culture, journalistes, cadres, universitaires, étudiants, travailleurs…, tous engagés et préoccupés uniquement par l’avenir du pays, peuvent et doivent déclencher ce processus, en contribuant à la mise en œuvre et à l’animation de ces groupes. Çà et là, des réflexions et des propositions se font, des groupes se mettent actuellement en place. Démultiplions-les.

Le Web peut jouer un rôle important dans cette phase. Puis, faisons les converger, sans prééminence de l’un par rapport aux autres avec comme seul souci, la constitution d’une force de réflexion, de sensibilisation et d’action, une force crédible pour contribuer au changement que le peuple réclame à travers sa mal vie quotidienne et ses cris de désespoir incessants. Le prix du changement est à la résistance dans l’action dans une convergence républicaine puissante et pacifique. Cette convergence sera l’aboutissement d’un mouvement citoyen organisé, mouvement qui avait vu un début de structuration à partir de l’année 2000 (mouvement des arches, forums citoyens, forum social, collectifs d’initiative démocratique…), et qui, malheureusement, ne put aboutir malgré des débuts prometteurs.

Une Conférence Nationale pour un Projet pour l’Algérie

Cette convergence débouchera sur une Conférence nationale, véritables assises républicaines. Il faudra sortir des sentiers battus et tirer les leçons des rendez-vous manqués, des multiples appels citoyens républicains restés sans échos, des tentatives de rassemblements démocratiques sans lendemain. Tirons les leçons de ce non-aboutissement. Réfléchissons ensemble dans un esprit collectif débarrassé de l’individualisme et de la culture du leadership si préjudiciables. Dépassons faux clivages et procès d’intention. Dialoguons pour jeter les bases d’un projet pour une Algérie républicaine, une Algérie authentiquement démocratique (le CCDR avait ébauché un projet pour l’Algérie avec la participation efficiente du défunt, notre ami Hamid Aït Amara, et des conférences-débats tant politiques que socioéconomiques avaient été engagées). Un projet où le maître-mot sera celui d’une refondation profonde et totale du système.

Un projet prônant la pérennisation de la République par des garanties constitutionnelles, et l’édification de nouvelles institutions civiles, émanation de la volonté d’un peuple souverain. Un projet dont le citoyen sera la clef de voûte et la société civile un interlocuteur incontournable. Un projet où la jeunesse sera le fer de lance, une jeunesse réconciliée avec son histoire, la femme l’égale de l’homme, avec une citoyenneté retrouvée et une solidarité nationale renforcée. Projet pour un développement durable au service de l’homme et des générations futures.

Un projet qui redonne espoir au peuple, un peuple qui a été réduit dans sa majorité à lutter au quotidien pour sa survie, traité par le mépris, réduit à se préoccuper uniquement de son panier, blasé du politique qui l’a déçu avec l’érosion du temps, un peuple s’enflammant seulement le temps d’une rencontre de football ou d’un exploit sportif international ; un peuple pourtant acteur décisif pour l’indépendance du pays, un peuple enthousiaste, réceptif et prêt à tout durant les premières années de l’Algérie libre. Enfin, un projet s’appuyant sur les acquis de la Révolution du 1er Novembre et les valeurs républicaines.

Les grands axes de la Plateforme

Reposant sur ces principes de base, l’esquisse de cette plateforme pourrait s’appuyer de façon non exhaustive sur les axes suivants :

o une démocratisation de la vie politique dans un Etat de droit, ouvert sur le progrès, la modernité et l’universalité, un Etat où le temporel et le spirituel sont séparés dans un respect mutuel, où la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire est consacrée. La liberté

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de la presse et l’indépendance de la justice constitue ront des garanties essentielles de la démocratie ;

o un renforcement de la lutte contre le terrorisme et les fléaux sociaux, ainsi que celui de la sécurité du citoyen. Une politique économique, véritable redressement, favorisant l’investissement productif pour sortir de la funeste dépendance des hydrocarbures ;

o une économie orientée vers une diversification féconde (redéploiement de l’industrie, des PME, de l’agriculture), source de création de richesses et de nouvelles perspectives pour l’emploi ;

o une économie engagée résolument dans le développement durable, respectant biodiversité et environne ment, œuvrant pour une transition énergétique préservant les générations futures ;

o une refondation économique avec son pendant de réformes financières adéquates et de la mise en œuvre d’instruments efficaces et crédibles pour lutter contre la corruption et la bureaucratie. Bref, une économie capable de relever les défis de la compétitivité mondiale, pour répondre aux besoins nationaux et faire face aux aléas de la concurrence et des marchés internationaux ;

o une politique d’aménagement du territoire efficiente, avec une régionalisation dynamique féconde. Une école formant non seulement le futur acteur du développement, mais aussi le futur citoyen républicain, un citoyen fier de son identité plurielle, imprégné de l’histoire de son pays et de sa révolution, ouvert sur la connaissance, le progrès et l’universalité et à l’abri des manipulations idéologiques et politiques. Les ressources humaines sont le pilier du développement, car «il n’est de richesse que d’hommes» ;

o une université intégrée au développement, une université vivier fécond du savoir, de la connaissance et de l’innovation, une université miroir de la société, de la mémoire et de l’histoire, une université carrefour d’idées et de débats ;

o une restauration de l’enseignement technique et une réhabilitation de la formation professionnelle.

o une valorisation de la formation et de l’éducation permanente ;

o une politique de santé publique performante, proche des préoccupations des citoyens et des acteurs de son fonctionnement ;

o une justice sociale à l’écoute des préoccupations des citoyens ;

o une refonte du sport national à tous les niveaux (éducation physique-école, sport- université, sport-travail, sport-santé, sport-compétition, formation et recherche) ;

o une politique culturelle enracinée dans l’histoire et dans la Révolution de Novembre, avec une valorisation soutenue de notre patrimoine culturel. Une culture décomplexée, libérée

et ouverte sur l’universalité ;

- une justice indépendante, marquée du sceau de la rigueur et de l’impartialité ;

o une politique extérieure symbolisant une Algérie forte, respectable et respectée, à la voix écoutée, maîtresse de son destin, une Algérie œuvrant pour la paix dans le monde, pour une Afrique forte et solidaire, pour l’édification du grand Maghreb, pour un monde arabe libéré et soudé, pour un partenariat méditerranéen de paix, de prospérité mais aussi d’éthique et de justice politique, et pour une coopération universelle diversifiée où partenariat, coresponsabilité et réciprocité prévaudront.

A travers tous les paliers de ce projet, la jeunesse aura une place de choix.

Patriotisme, engagement, compétence et intégrité seront le dénominateur commun pour les

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acteurs de la mise en œuvre de ce redressement national, excluant tout clanisme, régionalisme, favoritisme et népotisme.

Un Pacte républicain et une transition démocratique

La Conférence nationale débouchera sur un consensus qui sera consigné dans un pacte national républicain ou une charte nationale d’un véritable projet de société. Une transition démocratique, patriotique, pacifique, excluant tout règlement de comptes et toute atteinte à l’unité nationale, une transition souple et réaliste pourrait mettre en œuvre cette démarche citoyenne consensuelle pour amorcer le changement démocratique avec toutes les conséquences y afférant : révision constitutionnelle, lois sur les partis, sur la vie associative, le code communal et wilayal… lois sur l’information, les libertés syndicales… la vie associative… ; bref, une démocratisation de la vie politique. C’est à une véritable refondation politique du système que nous devons nous atteler. En effet, concernant l’élection présidentielle 2014, le problème n’est pas celui d’être contre un quatrième mandat.

Le problème majeur, c’est celui du changement de système, système de la cooptation et du consensus. Même

s’il n’y a pas de quatrième mandat, pour une raison ou pour une autre, si le système perdure nous aurons encore une fois droit au choix d’un candidat «moins mauvais», avec un lâcher de lièvres qui n’attendent que le coup de starter, pour peu qu’ils se partagent les miettes du pouvoir. Les urnes, transparentes physiquement , resteront plus que jamais opaques et même si elles ne sont remplies qu’au tiers, elles seront à la proclamati on des résultats aux trois quarts pleines. La démarche idéale et la plus logique serait d’avoir des élections libres.

Cependant, le risque d’un résultat sanction reste réel, la Tunisie, l’Egypte et la Libye en sont un exemple éloquent. D’où une solution intermédiaire, la plus sage, est celle de la mise en œuvre d’une transition «douce», pour préparer une alternative démocratique avec un programme, une équipe et un homme, qui prendront d’abord pendant une période déterminée, équivalente éventuellement à un mandat, des mesures et des actions urgentes pour rétablir la confiance et l’espoir chez les citoyens.

Ensuite, comme cela a été dit précédemment, mettre en œuvre un programme politique avec la mise en place d’institutions crédibles. Le tout reposant sur une gouvernance animée par des femmes et des hommes choisis pour leur engagement, leur compétence et leur intégrité. Tout cela pour dire que ceux qui ont fait et défait jusqu’à présent «les rois», doivent réagir et envisager une démarche de sauvegarde de l’Algérie. Sinon, à terme, si le même processus de gestion du pays se poursuivait, la descente aux enfers serait alors inéluctable.

L’explosion de la «bulle» d’une rue longtemps contenue malgré les soubresauts sociaux risque de mener le pays au chaos, avec une déstabilisation régionale terrifiante, «un Maghrebistan»

sanglant, débouchant sur une intervention directe, sans état d’âme, des puissances étrangères dans le seul but de préserver leurs intérêts.

Cette transition pour préparer l’alternative démocratique peut revêtir plusieurs formes. Le CCDR en son temps avait proposé, dans son manifeste du 16 avril 2002, une démarche pour une alternative démocratique, rapportée par la presse indépendante et dont avaient été destinataires tous les partis démocrates, des associa tions de la société civile, et l’institution militaire. D’autres formulations partisanes, associatives ou individue lles avaient été également proposées. Par ailleurs, le CCDR avait inscrit son action pour la présidentielle de 2004 «dans un processus de transition démocratique progressive» en apportant son soutien à Ali Benflis, sur la base de l’engagement de ce dernier «d’inscrire sa candidature dans une perspective d’alternative républicaine» (cf. communiqué du CCDR du 22 novembre 2003).

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Ce qui est certain, c’est que le problème et la solution ne peuvent pas être ceux d’un homme, car il n’y a pas d’homme providentiel ; le problème est celui du changement d’un révolu système et d’une démarche démocratique privilégiant la formule — un programme, une équipe, un homme. Si les données politiques restent en l’état, aucune illusion à se faire pour 2014 qui ne pourra être qu’une étape supplémentaire pour le maintien du statut quo, et ce, quel que soit le locataire «élu» d’El Mouradia.

Même si nouvel «élu» il y a, quelle que soit sa «bonne volonté» d’ouverture et de bonne gouvernance, il ne franchira jamais certaines lignes qui lui seront tracées, préservation du système oblige, à moins d’un «cataclysme politique» imprévu ! Aussi, plutôt qu’attendre un

«miracle» fictif et utopique, attelons-nous résolument à la tâche pour une formulation consensuelle nationale pour le changement, pour une alternative démocratique gage de sauvegarde pour notre pays. Cette proposition n’est ni un appel ni un manifeste. C’est une démarche soumise à discussion, pour aboutir à un changement démocratique et pacifique, avec des étapes privilégiant dialogues et débats citoyens, prélude à une vraie démocratie participative. La presse indépendante aura à jouer un rôle majeur en faisant connaître notre action, en la commentant, en l’enrichissant, en démultipliant le débat à travers des tribunes citoyennes. Le Web sera un outil important non seulement pour la constitution des groupes, mais aussi pour le débat intra et intergroupes, et pour aider à la convergence.

La tâche sera rude

Il est certain que la tâche sera ardue, rude, très rude. Elle sera rude sur un double plan :

- au plan interne, compte tenu de la désaffection citoyenne, de la défiance et de l’indifférence des citoyens à l’égard du politique, ainsi que de l’isolement, voire du découragement de beaucoup d’hommes politiques, intellectuels, universitaires et autres. Le pouvoir a réussi avec le temps à provoquer l’usure, à semer le doute chez le citoyen devenu méfiant et suspicieux à l’égard de toute proposition et de tout projet d’où qu’ils viennent, aussi honnêtes et indépendants fussent-ils ;

- au plan externe, par l’attitude des pays occidentaux prêts à intervenir directement à tout moment, et, ou à coopérer avec des régimes fussent-ils islamistes, pour peu que leurs intérêts soient préservés ; et pour cause, un régime démocratique est moins facile à manipuler et à manœuvrer ! Pensant pouvoir instrumentaliser l’islamisme, ces pays jouent avec le feu.

L’exubérance salafiste et les menées criminelles des djihadistes sont l’expression la plus visible du danger islamiste qui nous guette. Ces pays ne semblent pas avoir tiré de leçon d’un passé récent particulièrement douloureux. La déclaration du président égyptien, le frère musulman Morsi, «la démocratie est un chemin sur la route de la charia», est des plus édifiantes ! Il est vrai que cette attitude des puissances occidentales ne voyant que leurs intérêts géostratégiques et économiques remonte notamment au fameux pacte du Quincy (1945), pacte toujours d’actualité, sans parler des accords secrets de Sykes-Picot (1914) pour le partage du Moyen-Orient en zones d’influence (le fameux projet du GMO en est le continuum naturel), accords sources de bien d’injustices et d’émergence de dictatures arabes.

Dictatures auxquelles les puissances occidentales apportèrent un soutien constant durant plusieurs décennies pour préserver leurs intérêts et, affirmaient-ils, pour faire barrage au terrorisme islamiste. Comme du reste les bases de la future Al Qaîda furent jetées en Afghanistan, avec le soutien apporté aux taliban pour combattre les Soviétiques, avec les conséquences mondiales dramatiques que l’on sait, avec un terrorisme islamiste devenu un chancre transnational. L’Algérie qui paya un lourd tribut à ce fléau n’avait reçu aucun soutien.

Touchés à leur tour dans leur chair et leurs intérêts, les puissances occidentales finirent par reconnaître sa dimension internationale et se décidèrent alors de le combattre.

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Aujourd’hui, elles apportent leur soutien aux révoltes arabes pour la démocratie, tout en affirmant, répétons-le, coopérer avec n’importe quel régime, pour peu que leurs intérêts soient saufs. Et l’ONU de rester soumise au diktat du veto dont elle est toujours l’otage. Et la Ligue arabe de montrer toujours son inconstance, son incurie, sa stérilité et son incapacité à défendre une cause arabe aussi juste fût-elle ; la Palestine et les souffrances endurées par le peuple palestinien en sont l’exemple le plus édifiant. Concernant l’Algérie, les satisfecit ont fusé après les législatives et les locales, et la simple annonce de réformes politiques a été qualifiée d’avancées démocratiques ! C’est tout dire ! La récente visite du président Hollande fut d’un grand «réconfort» pour le pouvoir en place, avec en contrepartie des dividendes politiques et économiques conséquents.

L’année 2014 ne sera qu’une étape, quel que soit le locataire d’El Mouradia. Le facteur externe est à prendre sérieusement en considération. Il a toujours été présent dans notre vie politique sans trop apparaître. Aujourd’hui, après l’Afghanistan, l’Irak, le Soudan…., avec les révoltes arabes et les soulèvements africains, l’intervention étrangère sera plus directe pour la préservation des intérêts des grandes puissances. Par le passé, il y avait le projet du «grand Sahara pétrolier», aujourd’hui il y a celui du grand Sahel et la séparation artificielle, Afrique blanche et Afrique noire, le GMO…

C’est à une sorte de «Yalta» du XXIe siècle auquel on assiste, un processus sans pitié pour les faibles avec une répartition des rôles et des tâches entre les puissants. Dans un tel contexte, il va de soi que notre démar che pour un changement démocratique ne recevra pas que des encouragements ! Oui, le chemin du change ment et de la démocratisation sera ardu, très ardu ! Cependant, malgré tous ces aléas et les embûches potentielles, citoyens républicains résistons ! Ne baissons pas les bras et ne sombrons pas dans les maux funestes que sont le fatalisme et la résignation, avec leurs corollaires, le désespoir et l’indifférence. Mobilisons- nous pour élaborer ce Projet pour l’Algérie, un projet déterminant pour son avenir, dans un monde en ébullition, où les plus forts dictent leur loi. Organisons-nous et faisons converger nos forces et nos efforts démocratiquement, pacifiquement, mais résolument pour le changement tant espéré. Un changement à notre portée si nous nous y engageons, si nous y mettons le prix.

Le temps et l’histoire y travaillent inexorablement.

Citoyennes, citoyens républicains, osons ! Résistons pour sauver l’Algérie !

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El Mouradia, vue intérieure

Referenties

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