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Année 2017, numéro 5

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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le mardi 17 janvier 2017

Année 2017, numéro 5

SOMMAIRE

On ne rigole pas… page 1

Donald Trump ou la fin de l’USAAmerican way of life… page 2 Technologies

Les GAFA ont-ils atteint l'âge de la raison... et de l'ennui ? … page 14 RDCongo

Diamonds forever: Israël restera-t-il loin du Congo?... page 17 Annexe : Rapport HRW sur la RDC… page 22

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On ne rigole pas…

La récente interview de Donald Trump y est peut-être pour quelque chose : outre une violente critique de l'OTAN, le nouveau président s'y réjouit de la décision du Royaume-Uni de quitter l'UE et prédit une longue série de départs.

On peut penser ce qu’on veut de l'analyse géopolitique de Trump mais reste qu'une explosion de la Zone euro et une dislocation progressive de l'UE sont de plus en plus dans les débats et l'actualité.

L’on pense que l'euro est, à terme, est condamné.

Bref, l'ambiance est morose ce matin en Europe.

Du côté américain, après le Martin Luther King Day hier, Wall Street va reprendre du service cet après-midi. Le Dow vise toujours manifestement les 20 000 points mais ses échecs répétés nous font douter de ses chances de réussite.

Quand le profit va, tout va…

Comment voit-on l’avènement de Trump du côté de l’Afrique ? On pourra lire dans ces pages l’avis d’un analyste africain.

Du côté de la RDC, un élément significatif peut avoir des conséquences déterminantes à terme ... Il ne s’agit pas des USA, mais d’Israël. Il ya des signes qu'Israël est en train de perdre patience avec ses milliardaires itinérants. En décembre, Benny Steinmetz , associé de Gertler, qui a également gagné des milliards de dollars en mines de diamants en Afrique, a été mis en résidence surveillée sous la présomption de corruption et de blanchiment de capitaux dans un conflit de longue date concernant le projet Simandou de 20 milliards de dollars en Guinée. Il doit encore faire face à des accusations et nier les actes répréhensibles. Gertler peut faire face à un sort semblable si ses activités d'entreprise sont sous le feu des projecteurs.

L'implication des diplomates dans les relations avec l'Afrique a modéré les inclinations plus militaristes du passé. Dans ce contexte, les diplomates mettent en garde les Israéliens, leur consillant de ne pas s'immiscer dans le bourbier de la politique de l'Afrique centrale au nom de Gertler, conscients des dommages à long terme que cela pourrait causer à l’influence diplomatique d’Israël en Afrique et d'abandonner Gertler pour obtenir une influence dans un scénario post-Kabila. "

Human Right Watch constate que la situation des droits de l’homme en RDC continue à se dégrader. Rapport en fin de ce numéro.

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USA

Donald Trump ou la fin de l’American way of life

Par Fodé Roland Diagne1

Après l’incroyable Brexit, l’impensable est arrivé : « Trump, raciste, islamophobe et misogyne », « Trump, milliardaire, populiste et démagogue », « Trump, pro-russe, agent de Poutine », etc…, celui que les médias coalisés n’ont cessé de disqualifier bruyamment a finalement remporté la présidence du pays défini par essence par les mêmes médias comme « la plus grande démocratie au monde ». L’élite médiatique, « intellectuelle », « experte », moralisatrice, sondagière a été magistralement démentie par les résultats sortis des urnes aux USA. Par un virage à 180 degrés, les mêmes nous assènent maintenant un discours à l’opposé de l’hystérie anti-Trump qu’ils avaient professé auparavant, pendant les primaires d’abord, puis durant l’élection elle-même. Après Obama, l’alternance bien huilée entre « Républicains » et « Démocrates » a été de nouveau écorchée par l’arrivée de Trump.

Bien entendu, les travailleurs et les peuples, assommés par tant d’inepties médiatiques et intellectuelles sur « l’American way of life » le présentant comme l’alpha et l’omega de la civilisation bourgeoise devant laquelle l’humanité entière devrait se prosterner, modèle que l’humanité entière est sommée d’adopter, ont voté contre la dictature de la « pensée unique ».

Les citoyens travailleurs expriment de plus en plus dans les urnes leur révolte contre la souffrance qui leur est infligée par « la démocratie » de classe, le désordre du mode de vie étasunien, les gadgets propagés par les télé-réalités (dont Trump est un produit), les orgies hollywoodiennes obscènes, l’individualisme forcené, l’immoralité de la loi de la jungle, les guerres criminelles de l’Oncle Sam. Ces « produits de consommation » toxiques sont la marque de fabrique de la barbarie inhumaine du capitalisme, libéré temporairement de l’antidote qu’a été, au vingtième siècle, l’existence du socialisme réel.

Confrontés quotidiennement à la mal vie, les travailleurs et les peuples commencent à ouvrir les yeux sur les fastes, les privilèges et les mensonges de la bourgeoisie malgré les sermons des médias, des professeurs et autres experts grassement payés par les milliardaires actionnaires dont la soif de profits est sans limite. La bourgeoisie tente, encore et encore, de vendre en vain des illusions et de couvrir ses forfaits prédateurs d’un vernis idéologique qui, à chaque coup de grisou de la crise générale, s’écorche toujours plus, dévoilant aux yeux des travailleurs et des peuples la nature sauvage du système d’exploitation de l’homme par l’homme.

Les Reagan, Bush, Clinton, Obama et maintenant Trump se révèlent peu à peu comme des étapes successives dans ce processus douloureux de prise de conscience que le mal réside dans le capitalisme lui-même. Mais à ce stade, la croyance qu’il faut un « sauveur suprême » est loin d’être épuisée. C’est ainsi que Trump apparaît encore pour beaucoup d’électeurs

1Repris à Investig’Action.

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étasuniens, tout comme ce fut le cas pour Obama, comme un « sauveur ». En effet, Obama, puis Trump sont les produits de l’état de conscience dans un processus évolutif des électeurs étasuniens qui subissent la duperie monumentale qu’est le jeu sordide de la « démocratie » bourgeoise bipartiste faisant alterner au pouvoir « Républicains » et « Démocrates », changeant les hommes au pouvoir mais ne changeant rien dans la vie des gens. Pour paraphraser nos « cousins » anarchistes, c’est le « piège à cons » qui continue à aggraver le sort des travailleurs et des peuples au fur et à mesure que s’approfondit la crise structurelle et systémique du mode de production capitaliste arrivé à son stade suprême, l’impérialisme.

Les principales causes du vote Obama puis Trump a) la paupérisation des travailleurs

Il n’y a rien de « plus grand, de plus prospère, de plus démocratique, de plus civilisé et de plus beau » que le capitalisme des USA. Voilà ce qu’a imposé « l’American way of life » comme « modèle » à suivre. C’est le produit commercial que n’ont cessé et ne cessent de nous vendre les médias et toute la soi-disant « élite pensante, cultivée, instruite » dans les pays impérialistes et dans les néo-colonies. Sur ce mensonge a été édifié le culte quasi divin de la « réussite individuelle » présentée comme le fondement du « bonheur des travailleurs et des peuples ». Mais quelles réalités se cachent donc sous le tapis de ces pubs propagées quasi religieusement, partout dans les sermons médiatiques, universitaires et des réseaux dits sociaux sur internet ?

Alors que la crise économique, celle de subprimes, a déferlé en 2008 sur le monde à partir des USA tout comme celle de 1929, les médias aux ordres continuent de nous bassiner les oreilles avec la croissance US de 2,4% pour l’année 2015. Il est vrai que les pays de l’UE, dépassant difficilement 1,5% de croissance, ont l’œil rivé sur le « grand frère » US définit par essence comme « modèle de référence ». Ce tapage bruyant sur la « croissance » a une fonction idéologique précise: imposer aux travailleurs et aux peuples le mensonge que l’amélioration de leurs conditions de vie dépend de celle-ci et donc qu’il leur faut prendre leur mal en patience.

Or pour l’ensemble de la période 1961-2015, on enregistre en 54 ans aux USA une moyenne annuelle de 3,13%. C’est en 1984 qu’on enregistre le plus haut niveau (7,26%) et c’est en 2009 qu’on enregistre le niveau le plus bas (-2,78 %)2. Ainsi, ce paradigme largement répandu se révèle pour ce qu’il est : un mensonge manipulateur afin de paralyser et d’affaiblir les luttes populaires contre la régression sociale dévastatrice régnant partout, conséquence du régime capitaliste et de son offensive libérale.

Ce que la grande presse des milliardaires cache aux peuples des USA et du monde, c’est une réalité dramatique bien éloignée des chimères de l’eldorado diffusées dans les émissions de télévision, notamment de télé-réalités. En effet, sous le règne de Obama, la pauvreté a atteint 90 millions d’habitants dans le « pays le plus prospère ». Ces « révélations » ont commencé à voir le jour dans certaines enquêtes qui vont encore plus loin en annonçant que 80% de la population du « plus civilisé » des pays survivent dans la précarité, le chômage déguisé en petits boulots fractionnés sur la journée, et que 50 millions survivent ainsi sous le seuil de pauvreté.

Sur ces 90 millions de pauvres aux USA, plus de 46 millions font la queue devant les banques alimentaires dès 6h du matin pour y recevoir de quoi ne pas mourir de faim.

C’est cette réalité que Trump a exploité contre les mensonges de l’establishment US :

« Eh bien pour commencer, nous ne sommes pas à 5% de chômage. Nous sommes probablement au-dessus de 20% si vous regardez les vrais chiffres. C’est un chiffre qui a été

2Université de Sherbrooke

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arrangé, statistiquement arrangé pour améliorer l’image des politiciens – en particulier des présidents. Je n’aurais pas les foules énormes que j’ai si ces chiffres étaient réels. Les gens sont extrêmement malheureux dans ce pays »3.

En fait les années 1960 et les années 70 ont été la période où le niveau de la pauvreté aux États-Unis était le plus bas. Depuis lors, le nombre de pauvres croît au fil des cycles de récession qui se sont succédé en 1980, en 1990, en 2000. En une décennie le nombre de pauvres aux États-Unis a augmenté de plus de 15 millions, passant de 31,6 millions en 2000 à 46,2 millions en 2010. Cette hausse importante est consécutive à la crise économique et financière de 2008. La proportion de pauvres n’a cessé de monter en flèche pour atteindre 15% de la population active. L’augmentation du taux de pauvreté s’est accélérée au cours de ces dernières années passant de 11,3 % en 2000, à 12,5 % en 2007 puis à 15,1 % en 2010.

La crise économique qui perdure depuis 2008 s’est enclenchée alors même que la pauvreté était déjà située à un niveau élevé au point que le nombre actuel de pauvres est le plus élevé jamais recensé depuis que l’on mesure la pauvreté aux États-Unis.

On peut dire que « l’American way of life » tant vanté est devenu un cauchemar social touchant toutes les communautés étasuniennes et de plus en plus ce que d’aucuns appellent les

« classes moyennes »: « Les Hispaniques et Asiatiques américains ont vu leur niveau de vie baisser, passant respectivement de 25,8 % à 27,8 % et de 11,8 % à 16,7 % de population vivant sous le seuil de pauvreté. Les Afro-Américains d’un autre côté, ont maintenant une vie un peu moins difficile (de 27,3 % à 25,8 %), notamment grâce aux programmes d’assistance lancés par le gouvernement. Les Blancs sont passés de 9,8 % à 10,7 % de pauvres » (dailygeekshow.com/etats-unis-pauvrete-population). Ces chiffres éloquents sur la généralisation à toute la Nation multinationale US de la pauvreté font dire à Sheldon Danziger, économiste à l’université du Michigan que « La raison principale qui maintient la pauvreté à un seuil si haut, vient du fait que les bénéfices d’une économie qui croît ne sont plus partagés par tous les travailleurs, comme c’était le cas dans le quart de siècle qui a suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Il conclut : « Etant données les circonstances économiques actuelles, la pauvreté continuera de se propager à moins que le gouvernement ne vienne en aide aux travailleurs les plus modestes » (idem).

Et pourtant, n’entend-on pas à longueur de journée, les fayots bien payés chanter des louanges sur le capitalisme US qui « réussit à faire baisser le chômage » et tient sa position de

« première économie mondiale » ? Ces mensonges commencent même à agacer certains au point qu’un éditorialiste étasunien n’a pu s’empêcher de s’écrier : « Si l’économie va mieux, alors pourquoi est-ce que la pauvreté en Amérique continue à croître si rapidement ? Oui, le marché boursier est au plus haut historiquement, mais le nombre d’Américains vivant dans la pauvreté a atteint un niveau jamais vu depuis les années 1960. Oui, les bénéfices des entreprises ont atteint des niveaux records, mais le nombre d’Américains bénéficiant de bons alimentaires également. Oui, les prix des logements ont commencé à se redresser un peu (surtout dans les zones riches), mais il y a aussi plus d’un million d’élèves des écoles publiques qui sont sans abri, et ce pour la première fois dans l’histoire américaine ». Et sous le titre « États-Unis : Les 21 chiffres édifiants de la pauvreté », voilà comment un étasunien décrit la triste réalité qu’est devenue « l’American way of life » :

« Avec chaque année qui passe, le niveau de souffrance économique continue à monter, et nous n’avons même pas encore atteint la prochaine vague majeure de l’effondrement

3Entretien avec le Washington Post

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économique. (…)

Selon le Bureau américain du recensement, environ une personne sur six vit maintenant dans la pauvreté. Le nombre d’Américains vivant dans la pauvreté est maintenant à un niveau jamais vu depuis les années 1960.

Lorsque vous ajoutez le nombre d’Américains à faible revenu, c’est encore plus inquiétant.

Selon le Bureau américain du recensement, plus de 146 millions d’Américains sont «pauvres»

ou à «faible revenu». (…)

Environ 57% de tous les enfants aux Etats-Unis vivent actuellement dans des foyers « pauvres » ou à «faible revenu».

La pauvreté est encore pire dans les centres-villes. Actuellement, 29,2 % des ménages afro- américains ayant des enfants souffrent d’insécurité alimentaire.

Selon un rapport publié récemment, 60 pour cent des enfants de Detroit vivent dans la pauvreté.

Le nombre d’enfants vivant avec 2,00 $ ou moins par jour aux États-Unis atteint les 2,8 millions. Ce nombre a augmenté de 130 pour cent depuis 1996.

Pour la première fois, plus d’un million d’élèves des écoles publiques sont sans abri. Ce nombre a augmenté de 57 % depuis l’année scolaire 2006-2007.

Le nombre de sans-abri dans la région de Washington DC (l’une des régions les plus riches de tout le pays) a augmenté de 23 % depuis la dernière crise. (…)

Il y a eu une explosion du nombre de «travailleurs pauvres» ces dernières années.

Aujourd’hui, environ un salarié sur quatre perçoit un salaire au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté.

Plus de 100 millions d’Américains sont inscrits à au moins un programme social géré par le gouvernement fédéral. Et ce chiffre n’inclut même pas la sécurité sociale ou l’assurance- maladie.

Record de tous les temps, 47,79 millions d’Américains reçoivent des bons alimentaires.

Lorsque Barack Obama a accédé au pouvoir, ce nombre était d’environ 32 millions. (…) Selon certains calculs , le nombre d’Américains bénéficiant de bons d’alimentation dépasse maintenant les populations combinées de « Alaska, Arkansas, Connecticut, Delaware, District de Columbia, Hawaii, Idaho, Iowa, Kansas, Maine, Mississippi, Montana, Nebraska, Nevada , New Hampshire, Nouveau-Mexique, Dakota du Nord, Oklahoma, Oregon, Rhode Island, South Dakota, Utah, Vermont, Virginie-Occidentale, et Wyoming. »

Dans les années 70, environ un Américain sur 50 recevait des coupons alimentaires.

Aujourd’hui, près d’un Américain sur six en dépend. Encore plus choquant est le fait que plus d’un enfant sur quatre est inscrit dans le programme de bons alimentaires.

Malheureusement, tous ces problèmes sont le résultat de notre long déclin économique. La vérité est que nous sommes au milieu d’un déclin économique à long terme, et que les choses vont devenir bien pires4.

Une telle hécatombe sociale a produit hier le vote Obama et aujourd’hui le vote Trump.

En effet le travailleur « blanc » avait voté Obama pour se débarrasser de Bush et maintenant le travailleur « noir » ou « hispanique » vote Trump, malgré son racisme, notamment anti- hispanique. En l’absence d’un parti communiste uni et fort, la majorité des travailleurs électeurs croient encore au « sauveur suprême ». Le capitalisme US en crise durable lamine sa propre population et l’enfumage de « l’American way of life » se dissipe pour laisser transparaître, sous le vernis médiatique et idéologique, la hideuse dévastation sociale et antidémocratique.

Il est clair que cette double expérience électorale, qui ne fera qu’empirer la situation sociale, favorisera le retour en force du combat de classe, en fécondant les organisations de

4SHTFplan.com

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classe syndicale et politique qui permettront de frayer la voie à l’avenir socialiste communiste des USA.

Même si comparaison n’est pas toujours raison, il est intéressant de signaler ce qui se passe sous le « socialisme de marché » ou capitalisme d’état chinois: « Selon le Global Wealth Report (Rapport sur la richesse mondiale, ndlr) réalisé par le Crédit Suisse, il y a plus de personnes pauvres en Amérique du Nord qu’en Chine. Selon les schémas présentés par le Crédit Suisse, l’Amérique du Nord compte 10% des personnes les plus pauvres de la planète et 30%

des personnes les plus riches. L’Europe, dont la population est supérieure, a des indicateurs encore plus élevés — 20% des plus pauvres et 35% des plus riches. En Chine, la part des personnes les plus pauvres est proche de zéro, celle des personnes les plus riches atteignant 7 ou 8% « (Sputnik). A méditer, n’est-ce pas ? En effet on est là bien loin du slogan de la pensée unique libérale imposé par Thatcher puis Reagan : « there is no alternative ».

b) L’explosion des profits

Parallèlement à cette tragédie sociale qui met fin aux illusions entretenues d’un « paradis yankee », les dividendes redistribués aux actionnaires des monopoles capitalistes du Dow Jones font perdre la raison : 900 Milliards $ en 2014. Le Figaro.fr avec l’AFP en font ainsi un résumé alléchant pour les chasseurs de profits capitalistes : « L’année 2014 a été un bon cru pour les actionnaires des entreprises cotées à la Bourse de New York: plus de 900 milliards de dollars leur ont été redistribués, un record, selon une étude de S&P 500 publiée lundi. Au total, les cinq cents entreprises cotées à Wall Street et reprises dans cet indice ont redistribué 903,7 milliards de dollars (827 milliards d’euros) à leurs actionnaires, contre 787,4 milliards de dollars en 2013, soit un bond de 14,8% sur un an, détaille cette enquête. Elles ont ainsi redistribué quasiment toute leur trésorerie, qui s’élevait à 1.333,2 milliards de dollars au 31 décembre, selon cette enquête. Dans le détail, les dividendes représentent 350,4 milliards de dollars de l’enveloppe totale, soit un niveau plus élevé qu’avant la crise, selon S&P Dow Jones qui gère cet indice. Les rachats d’actions comptent pour 553,3 milliards de dollars, en hausse de 16,3% sur un an. Outre les classiques dividendes, les entreprises ont recours de plus en plus aux rachats de leurs propres actions pour rémunérer leurs actionnaires. Le mécanisme est simple: quand une société rachète ses propres actions, elle les annule et augmente ainsi artificiellement la valeur des titres restants pour le plus grand bénéfice de leurs détenteurs. Par entreprise, c’est Apple (45 milliards de dollars en rachats d’actions) qui a le plus rémunéré ses actionnaires. Habitué des premières places, le géant pétrolier Exxon Mobil arrive deuxième, avec 13,18 milliards de dollars de rachats d’actions. Intel (10,79 milliards) complète le trio de tête »5.

On voit ici que la hausse de la pauvreté aux USA est proportionnelle à la hausse de la plus-value empochée par les actionnaires, véritables propriétaires et donc véritables patrons des entreprises monopolistes capitalistes.

L’obtention d’un profit constitue le but et le moteur de tout détenteur de capitaux, lequel donc n’investira que s’il espère en tirer un taux suffisant rapporté à son investissement : « Le taux de profit est la force motrice de la production capitaliste, et on n’y produit que ce qui peut être produit avec profit […] le taux de mise en valeur du capital total, le taux de profit, est bien l’aiguillon de la production capitaliste (de même que la mise en valeur du capital est son unique fin)… »6.

Ce que décrit Marx ici a été relativement contenu jusqu’à un certain point à partir de 1917, et surtout de 1945 jusque dans les années 1989/91. En effet, l’existence de l’URSS et du camp socialiste était un véritable épouvantail pour la bourgeoisie. Les luttes des travailleurs aux

5Le Figaro.fr avec AFP 23/03/2015

6K. Marx, Livre III du Capital

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USA et dans les pays de l’UE l’ont ainsi contraint à concéder des hausses de salaires et des conditions améliorées de travail et de vie, de peur de voir le socialisme réel se propager. Cette période a pu ainsi durer jusqu’à la défaite de l’URSS et du camp socialiste. C’est ainsi que le « compromis social » imposé à la bourgeoisie par le mouvement ouvrier a engendré la dite « société de consommation » à crédit et la dite « classe moyenne ». Les peuples colonisés ont aussi obtenu, par leurs luttes, des indépendances réelles pour certains et nominales pour d’autres. Mais ces conquis sociaux et démocratiques ont aussi été instrumentalisés par la bourgeoisie pour faire croire que le prolétariat a disparu. Des monographies statistiques ont émietté les travailleurs en catégories pour les rendre invisibles en tant que classe sociale. Le discours des opportunistes social-démocratisés s’y est adapté pour ne parler que des « classes moyennes » et de catégories socio-professionnelles de la soi-disant « société post-industrielle ».

L’élévation relative du niveau de vie dans les pays impérialistes consécutive aux luttes sociales et à la peur de la « contagion » socialiste a été modélisée et baptisée « l’American way of life » pour faire rêver et dés-idéologiser les travailleurs et les peuples. Le contre-modèle du socialisme réel a été présenté comme « l’erreur, l’horreur absolue et un accident de l’Histoire ».

L’existence de deux camps – l’un capitaliste impérialiste et l’autre socialiste – limitait objectivement l’internationalisation sauvage du capital que l’on appelle aujourd’hui

« mondialisation ». La sphère d’expansion du capital a été, dans un premier temps, orientée vers les pays du Tiers Monde contre l’indépendance réelle où l’impérialisme a jeté toute sa force dans les guerres (Vietnam, Algérie, etc), par les assassinats (Um Nyobé, Lumumba, les 500.000 communistes Indonésiens, Osendé Afana, Ben Barka, Cabral, Sankara, etc), les coups d’état (Nkrumah, Allende, etc) et autres subversions et agressions multiformes contre les peuples.

Et, à partir des années 70, la crise générale de l’impérialisme recommença à se manifester, engendrant l’adoption massive par la bourgeoisie et ses partis, d’abord de droite et puis sociaux-démocrates, du libéralisme sur fond d’introduction relativement massive des nouvelles technologies (robots, internet, etc).

Comme nous le citions dans notre brochure sur l’élection d’Obama, il y a plus de cent cinquante ans, vers 1858, dans une allocution pour le jubilé du journal ouvrier The People’s Paper sur la dialectique, Karl Marx faisait cette analyse qui trouve aujourd’hui un écho singulier : « A notre époque chaque chose semble grosse de son propre contraire. Nous voyons les machines, qui possèdent la force merveilleuse de réduire et de rendre plus fécond le travail humain, en faire une chose rabougrie qu’elles consument jusqu’à épuisement. Par un étrange maléfice, les nouvelles sources de richesse se transforment en autant de sources de misère. On dirait que les conquêtes de la science doivent être payées du renoncement à tout ce qui a du caractère. Même la pure lumière de la science ne peut apparemment briller que sur le sombre fond de l’ignorance ». La contradiction de base de l’époque de l’impérialisme est celle entre la socialisation mondialisée de la production et l’appropriation privée mondialisée des richesses produites par le travail. C’est sur ce fondement là que se manifestent, sous des formes de plus en plus brutales, toutes les autres contradictions de l’impérialisme : capital / travail, impérialisme / peuples opprimés, capitalisme / socialisme. C’est sur ces contradictions fondamentales que l’impérialisme a tenté, en vain, de remettre le couvercle par sa théorie de la

« fin de l’histoire ».

Toutefois l’encerclement capitaliste du camp socialiste et la trahison opportuniste des dirigeants révisionnistes anti-Marxistes-Léninistes débouchèrent sur la restauration du capitalisme en URSS et dans le camp socialiste à l’exception des rescapés qui résistèrent à la vague contre révolutionnaire que sont la Chine, la Corée du Nord, le Vietnam et Cuba.

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Ainsi relativement contenu jusqu’ici, le terrain de chasse aux taux de profits les plus élevés s’est de nouveau élargi à toute la planète, c’est ce que nous appelons la « re- mondialisation capitaliste ».

Cette « re-mondialisation » a tout de suite pris la forme visible d’offensives militaires de l’impérialisme en Irak, Yougoslavie, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye, Mali, tout le long du Sahel-Sahara, Syrie. Mais elle avait déjà pris, sur le plan économique, la forme insidieuse des délocalisations des productions industrielles vers la main d’œuvre sous payée de pays sous- développés, des externalisations ou des sous-traitances intra ou extra firmes multinationales. La restauration du capitalisme dans l’ex-camp socialiste offrait du coup une main d’œuvre technique hautement formée mais sous payée, ce qui devait accentuer la mise en concurrence entre prolétaires à travers le monde par les patrons dans une logique de maximum de profit. La mondialisation capitaliste, dont l’Union Européenne est une forme supranationale spécifique au sous-continent européen, organise ainsi la « concurrence libre et non faussée » pour les taux de profits les plus élevés dans le cadre de la division du travail entre les 28 puis 27 Etats et Nations.

Précisons toutefois que l’augmentation exponentielle des profits redistribués n’est nullement opposable à la loi de la baisse tendancielle des taux de profit découverte par Marx.

C’est ce que confirme le résumé analytique d’un économiste canadien qui a travaillé sur le taux de profit aux USA depuis 1945: « D’abord, le déclin séculaire dans le taux de profit d’EU depuis 1945 est confirmé et en effet, sur la plupart des mesures, la rentabilité est près des abaissements de l’après-guerre. Deuxièmement, la cause principale de la chute séculaire est clairement une hausse de la composition organique de capital, donc l’explication de Marx de la loi de la tendance à chuter du taux de profit est aussi confirmée. Troisième, la rentabilité sur la plupart des mesures a atteint un niveau maximal à la fin des années 1990 après le redressement “néolibéral’. Depuis lors, le taux d’EU de profit a été statique ou chutant. Et quatrième, depuis environ 2010-12, la rentabilité a commencé à chuter de nouveau.

Finalement, la chute du taux de profit aux EU a maintenant laissé place à une chute dans la masse de profits (…) Au cours de la période entière, 1946-2015, le taux de profit est tombé de 30 % (la mesure de coût historique), tandis que la composition organique de capital est montée de 46 % et le taux d’exploitation est montés de 2 % »7.

En fait la crise générale est le soubassement des récessions cycliques annoncées par la baisse tendancielle du taux de profit que Engels a résumé ainsi : « …depuis 1825, date où éclata la première crise générale, la totalité du monde industriel et commercial, la production et l’échange de l’ensemble des peuples civilisés et de leurs satellites plus ou moins barbares se détraquent environ une fois tous les dix ans. Le commerce s’arrête, les marchés sont encombrés, les produits sont là aussi en quantités aussi massives qu’ils sont invendables, l’argent comptant devient invisible, le crédit disparaît, les fabriques s’arrêtent, les masses travailleuses manquent de moyens de subsistance pour avoir produit trop de moyens de subsistance, les faillites succèdent aux faillites, les ventes forcées aux ventes forcées.

L’engorgement dure des années, forces productives et produits sont dilapidés et détruits en masse jusqu’à ce que les masses de marchandises accumulées s’écoulent enfin avec une dépréciation plus ou moins forte, jusqu’à ce que production et échange reprennent peu à peu leur marche. Progressivement, l’allure s’accélère, passe au trot, le trot industriel se fait galop et ce galop augmente à son tour jusqu’au ventre à terre d’un steeple chase complet de l’industrie, du commerce, du crédit et de la spéculation, pour finir, après les sauts les plus

7www.les7duquebec.com

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périlleux, par se retrouver… dans le fossé du krach. Et toujours la même répétition. Voilà ce que nous n’avons pas vécu moins de cinq fois déjà depuis 1825, et ce que nous vivons en cet instant (1877) pour la sixième fois »8. En d’autres termes se succèdent les périodes de relatives accalmies et de récessions qui charrient la généralisation progressive du chômage, de la misère, de la précarité à toutes les couches du monde du travail et accentuent la course effrénée au profit maximum des capitalistes.

Contre l’ennemi Soviétique d’hier, les impérialistes US avaient noué une alliance « anti- laïque et anti-athée » avec le fanatisme religieux terroriste des Emirs des pétrodollars Wahabites d’Arabie Saoudite, Salafistes du Qatar et Takfiristes. Confrontés à la crise systémique du capitalisme, les Bush et les Clinton ont profité de la défaite du camp socialiste pour se lancer dans une course guerrière pour préserver l’hégémonie mondiale du capitalisme des USA en Irak, Afghanistan, Libye, Syrie sur le contrôle des sources d’énergie que sont le pétrole et le gaz. En fait l’OTAN a élargi ses bases pour encercler militairement la Russie et la Chine.

L’agression contre la Yougoslavie, son démembrement et le réveil du Nazisme Ukrainien participent de cet objectif géopolitique et géostratégique US flanqué de l’UE.

Le nouveau cycle des guerres coloniales s’est opéré jusqu’ici avec les mêmes alliés fondamentalistes religieux. Mais si l’hégémonie mondiale rapporte beaucoup au capitalisme US, elle lui coûte aussi cher, même très cher, et crée peu à peu à l’intérieur du pays les conditions d’une révolte populaire contre les fauteurs de misère et de guerres. L’illusion que le libéralisme amène la « prospérité » pour les patrons mais aussi pour les travailleurs s’estompe aussi, d’autant plus que les « classes moyennes » se paupérisant de plus en plus, cette soupape idéologique devient de moins en moins crédible.

Obama et Trump sont successivement apparus dans ces conditions comme les

« sauveurs » qui vont « s’occuper du pays » et « désengager » les USA des bourbiers que les politiques de guerre des Bush et Clinton ont enfanté. Sur ce point il faut observer que les votes Obama et Trump émanent de toutes les classes et couches sociales, principalement le monde du travail sans distinction de ‘race’, d’origine, de religion, de langue, qui, dans l’urne, ont manifesté chacune leur mécontentement face à l’establishment US.

L’histoire des USA comme puissance dominante du monde capitaliste est jalonnée d’une succession de politiques fondées sur la « doctrine Monroe », préconisant un relatif isolationnisme et/ou sur la « doctrine Wilson », impliquant une ingérence dans les affaires du monde. Bush et Clinton représentent la « doctrine Wilson » et Obama et Trump la « doctrine Monroe ». Toutefois, il ne s’agit que de postures tactiques qui ne changent en rien le fond stratégique des objectifs de domination mondiale de l’impérialisme US contre son déclin inévitable. Le fait que Trump se démarque de « l’anti-poutinisme » et de la russophobie de Obama/Clinton et des Hollande/Merkel est une approche tactique consécutive à la débâcle en cours consécutives aux provocations agressives, en Ukraine et en Syrie, de l’OTAN et de ses alliés Nazis et autocrates monarchistes intégristes des pétro-dollars. Trump, tout comme Fillon ou Marine Le Pen cherchent aussi à rompre le front uni Russo-Chinois contre les fauteurs de guerre US et UE coalisés dans l’OTAN.

Pour bien comprendre les bouleversements en cours aux USA, ces brusques coups de volant vers le repli sur soi puis vers l’ingérence guerrière, il faut garder à l’esprit cet enseignement magistral de K. Marx : « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de plein gré, dans des circonstances librement choisies; celles-ci, ils les trouvent au contraire toutes faites, données, héritage du passé. La tradition de toutes les générations mortes

8F. Engels, Anti-dürhing

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pèse comme un cauchemar sur le berceau des vivants. Et au moment précis où ils semblent occupés à se transformer eux mêmes et à bouleverser la réalité, à créer l’absolument nouveau, c’est justement à ces époques de crise révolutionnaire qu’ils évoquent anxieusement et appellent à leur rescousse les mânes des ancêtres, qu’ils empruntent noms, mots d’ordre, costumes, afin de jouer la nouvelle pièce historique sous cet antique et vénérable travestissement et avec ce langage d’emprunt ». (En effet Obama puis Trump jouent exactement aujourd’hui les rôles que d’autres ont joué tout au long du 19ème siècle dans le contexte du passage du système féodal au système capitaliste : « C’est ainsi que Luther prit le masque de l’apôtre Paul, que la Révolution de 1789-1814 se déguisa alternativement en République romaine et en Empire romain, et que la Révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt 1789, tantôt la tradition révolutionnaire de 1793-1795. Il en est ainsi du débutant qui, ayant appris la langue nouvelle, la retraduit toujours en sa langue maternelle, mais il n’aura assimilé l’esprit de la langue apprise et ne pourra créer librement dans celle-ci que le jour où il saura s’y mouvoir sans nul ressouvenir et oubliera, en s’en servant, sa langue d’origine. (…) Camille Desmoulins, Danton, Robespierre, Saint-Just, Napoléon, les héros, ainsi que les partis et les masses de l’ancienne Révolution française, accomplirent sous le costume romain et avec des phrases romaines la tâche de leur temps : l’émancipation et la création de la société bourgeoise moderne. (…) Et ses gladiateurs trouvèrent dans les austères traditions classiques de la République romaine les idéaux et les formes d’art, les illusions dont ils avaient besoin pour se dissimuler à eux-mêmes le contenu étroitement bourgeois de leurs luttes et maintenir leur passion à la hauteur de la grande tragédie historique »9.

Hier il s’agissait des acteurs de la révolution anti-féodale et anti-monarchiste pour « la création de la société bourgeoise », aujourd’hui il s’agit d’acteurs pour sauver l’impérialisme occidental de la décadence.

L’impérialisme US, dans son long et progressif déclin, ne fait-il pas tout simplement que tantôt faire parodier Wilson (après la première guerre mondiale) puis Truman (après la seconde guerre mondiale antifasciste) par Bush et Clinton puis tantôt faire parodier Monroe par Obama et Trump sur fond de tentative illusoire d’enrayer la décadence du capitalisme, arrivé à son stade suprême, dont les conséquences sont tragiques, pour les peuples victimes de ses guerres, et pour les étasuniens eux-mêmes victimes des politiques libérales ?

Bernie Sanders catalyseur du réveil de la lutte des classes des travailleurs

Bernie Sanders a mené campagne lors des primaires du parti « Démocrate » pour l’assurance-maladie universelle et publique, une forte augmentation du salaire minimum, la gratuité des universités contre les diktats libéraux de Wall Street, des compagnies d’assurance, des fonds de pensions, des industries des énergies fossiles, des traités commerciaux comme CETA et TAFTA. Il s’est ouvertement prononcé contre le racisme, la ségrégation, la xénophobie, les meurtres racistes, les discriminations, les guerres coloniales, l’économie de la guerre permanente, etc.

Bernie Sanders s’est aussi positionné contre le colonialisme fanatique israélien en répondant à une question provocatrice d’Ezra Klein de Vox : « Un sioniste ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Voulez-vous définir le mot ? Est-ce que je pense qu’Israël a le droit d’exister ? Oui.

Est-ce que j’estime que les États-Unis devraient jouer un rôle impartial dans ses rapports avec la communauté palestinienne en Israël ? Oui, absolument. (…) Nous nous battons pour un Etat palestinien où les gens pourraient jouir dans ce pays d’un niveau de vie décent, ce qui n’est certainement pas le cas en ce moment. Je pense que la plupart des observateurs internationaux

9K. Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte

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diraient que les attaques contre Gaza étaient aveugles et que beaucoup de gens innocents ont été tués et ne devraient pas être tués. Israël a assassiné 10 000 innocents à Gaza en 2014 ».

Plusieurs syndicats de travailleurs, dont le réseau syndical « labor for Bernie », le National Nurses United, principal syndicat d’infirmières et infirmiers avec 180 000 adhérents, le Syndicat américain des postiers (APWU), qui en compte 200 000, et celui des Travailleurs de la communication (CWA, 700 000 membres) lui ont apporté leur soutien contre les grandes centrales qui soutiennent traditionnellement le parti « Démocrate ». Pas donc étonnant parce que « le spectacle d’un candidat à l’investiture du Parti Démocrate qui s’arrête devant un piquet de grève et prend la parole pour soutenir la lutte des grévistes, est suffisamment rare pour qu’il ne passe pas inaperçu , même par les médias des Etats Unis. Ceci est donc arrivé le lundi 11 avril à Times Square à New York. Le piquet de grève était de 40.000 travailleurs du géant des télécommunications Verizon, en lutte pour obtenir la convention collective refusée obstinément par le patronat, et le candidat était –évidemment- Bernie Sanders. Coup de pub électoral ? De la démagogie ? Du « populisme » ? Rien de tout ça, tout simplement cohésion et continuité d’une vie passée aux cotés des travailleurs. D’ailleurs, la dernière fois que Sanders avait fait exactement la même chose, c’était il y a seulement quelques mois, en octobre passé, à un autre piquet de grève, toujours a Manhattan »10.

Même si « sa vision du « socialisme » évoque l’ancien premier ministre suédois (1969- 1976 puis 1982-1986) Olof Palme, cet ancien militant de la Ligue des Jeunes Socialistes (YPSL) et de la lutte pour les droits civiques, contre la guerre du Vietnam, enregistre en 1979, pour le compte du label Folkway Records, les discours de celui qui fut cinq fois candidat du Parti socialiste d’Amérique à l’élection présidentielle, Eugene V. Debs. Il donne ainsi une seconde jeunesse à des déclarations telles que « Je ne suis pas un soldat capitaliste, je suis un révolutionnaire prolétarien » ou « Je suis opposé à toutes les guerres à l’exception d’une seule

». Des professions de foi à contre-courant dans un pays qui se prépare à embrasser la contre- révolution reaganienne »11. Et M. Sanders décrit sa candidature comme une tentative d’en finir avec la dispersion des forces de gauche étasuniennes : « Si je me présente, c’est pour contribuer à former une coalition qui peut l’emporter, qui peut transformer la politique »12.

La référence osée de Bernie Sanders à Eugène Debs indique que sa candidature annonce tout simplement la reprise de la lutte des classes aux USA. En effet Eugène Debs est un bolchevik à propos duquel Lénine a écrit : « Je me rappelle aussi les paroles d’Eugène Debs, un des chefs les plus aimés du prolétariat américain, qui écrivait dans l’Appel à la Raison (Appeal to Reason) – à la fin de 1915, je crois – dans son article « What shall I fight for » («

Pour quoi je me battrai »), (j’ai cité cet article au début de 1916 dans une réunion publique ouvrière tenue à Berne, en Suisse), – que lui, Debs, se ferait fusiller plutôt que de voter des crédits pour la guerre actuelle, criminelle et réactionnaire ; que lui, Debs, ne connaissait qu’une seule guerre sainte et légitime aux yeux des prolétaires : la guerre contre les capitalistes, la guerre pour affranchir l’humanité de l’esclavage salarié »13.

On comprend qu’un tel candidat ait été vilipendé et que l’on ait usé de la fraude pour imposer la libérale et criminelle H. Clinton, laquelle va perdre justement les fameux « Etats clefs » face à Trump après les avoir perdu face à Sanders lors des primaires.

10www.cadtm.org

11Monde Diplomatique janvier 2016

12idem

13Lettre aux ouvriers américains, « Pravda » n° 178, 22 août 1918

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Et une étape de plus sur le chemin de la révolution socialiste-communiste aux USA L’imaginaire qui a été construit par la toute-puissance de « l’American way of life » est que la révolution communiste est « impossible » aux USA. Même des militants se réclamant du communisme s’y sont laissé prendre. Trop souvent, on réduit les luttes sociales aux USA aux luttes des minorités nationales, amérindiennes, noires ou hispaniques en érigeant ainsi le racisme, la ségrégation raciale comme une muraille de Chine infranchissable entre les minorités nationales et la majorité « white ».

La division raciale a été instrumentalisée par le capitalisme US pour empêcher l’unité des travailleurs. Les USA ont été historiquement le laboratoire le plus abouti pour la mise en pratique du principe « diviser pour mieux régner ». A la base de cette stratégie historique, il y a le fait que le capitalisme US s’est bâti sur deux piliers: l’exploitation de classe et l’oppression nationale génocidaire des Amérindiens d’une part, l’esclavage des Noirs et la ségrégation raciale des Noirs, des hispaniques, des Asiatiques, etc. d’autre part.

Les luttes justes pour les droits civiques, pour l’égalité des droits contre le racisme d’Etat US ont été confinées dans une optique de démocratisation non racialisée du système capitaliste et impérialiste. C’est l’idéologie social-démocrate des « réformes humanisantes » qui a prévalu et non celle de la révolution anti-capitaliste, y compris même chez les plus radicaux des mouvements anti-racistes aux USA. C’est pourquoi le mouvement des droits civiques a débouché, au mieux, sur l’émergence d’une « classe moyenne », voire d’une bourgeoisie Noire et Hispanique.

Le Parti Communiste des USA a été miné, sous Forster et Lovestone, par les effets de cette stratégie de la bourgeoisie étasunienne et s’est ainsi embourbé dans l’incapacité de lier luttes sectorielles justes démocratiques des minorités opprimées et luttes générales de l’ensemble du mouvement ouvrier, uni pour renverser le capitalisme. Rappelons que la « commission Noire » de l’Internationale Communiste a produit des documents d’un intérêt majeur sur la « question nationale noire aux USA et en Afrique du Sud » en 1928 qui restent de nos jours d’une grande actualité. C’est la déviation opportuniste vis à vis de ces documents qui a conduit à l’effacement progressif du rôle dirigeant des communistes dans les luttes contre l’apartheid US, qui a favorisé l’hégémonie des Garveyistes, puis de Martin Luther King, des Black Panthers et même de Malcom X. On sait ce qu’il est advenu: assassinats de Martin Luther King et de Malcom X, emprisonnements et exils forcés, etc , et, à partir de là, intégration d’une

« classe moyenne » qui est devenue la face visible mais trompeuse de « l’American way of life ».

Il est significatif que le Washington Post ait attaqué Bernie Sanders lui reprochant de ne pas savoir « parler des questions de race sans tout ramener à la classe et à la pauvreté »14. Le comité de rédaction de ce journal des milliardaires pro – parti « Démocrate » explique que « le système – et par là nous entendons la structure constitutionnelle d’équilibre des pouvoirs – implique que les législateurs se contentent de changements graduels. M. Obama a orchestré plusieurs réformes ambitieuses, certes incomplètes, mais qui ont amélioré la vie des gens pendant que les idéologues des deux camps se gaussaient »15. Accusant Sanders et Trump de mener « une bataille des extrêmes », le journal conclut: « Le progrès viendra de dirigeants qui ont des principes mais qui sont prêts à bâtir des compromis, qui acceptent le changement graduel, qui admettent ne pas avoir le monopole de la sagesse »16.

14Monde Diplomatique, décembre 2016

15idem

16idem

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Ces sorties sur le « gradualisme » expriment en réalité la peur de la bourgeoisie de la convergence des préoccupations prioritaires qui se manifeste dans les urnes entre votes des « Whites », des « Noirs » et des Hispaniques dans les deux directions, celle de Trump et celle de Sanders. En effet les votes, bien que différents, expriment une préoccupation majeure principale: il nous faut du boulot, il nous faut avec nos familles pouvoir se soigner, aller à l’école et se loger décemment.

C’est la base d’une jonction entre luttes sectorielles contre les discriminations raciales, linguistiques, culturelles, religieuses et luttes globales contre le système capitaliste. Voilà ce qui inquiète les milieux bourgeois des USA.

L’élection d’Obama est, sur le fond, l’expression des luttes sectorielles contre l’oppression nationale dans le cadre de la recherche d’une solution globale à la paupérisation globale et celle de Trump exprime la « revanche des Whites » mais toujours dans le cadre d’une recherche de solution à la paupérisation globale.

C’est en cela que la double expérience Obama et Trump est porteuse d’une équation qui ne peut être résolue que par la révolution socialiste communiste parce que le déclin de l’impérialisme a atteint un tel degré de pourrissement et de putréfaction que le besoin du facteur subjectif, c’est à dire le Parti Communiste, apparaît comme une nécessité impérieuse, pratique et concrète.

C’est donc à la combinaison de la contradiction capital-travail et de la contradiction entre le capitalisme et l’oppression des minorités nationales aux USA que pensait certainement Fidel Castro quand il déclarait : « On verra une révolution victorieuse aux Etats-Unis avant une contre révolution victorieuse à Cuba » (13 mars 1961, un mois avant l’agression US de la Baie des cochons).

Le déclin des USA, impérialisme dominant surtout depuis 1945, est aussi un facteur qui impulse la montée des contradictions inter-impérialistes avec l’UE sous domination allemande.

Cette contradiction, insidieuse jusqu’ici, commence à se manifester de plus en plus ouvertement avec l’élection de Trump. Insidieuse parce que deux rapports du Pentagone donnaient des indications sur « les voies et moyens de dissuader toute nation ou groupe de nations de concurrencer les USA»17. Et le sénateur US David L. Boren, président de la commission chargée des questions de renseignement déclarait assez prophétiquement : « nous avons eu des relations étranges et symbiotiques avec l’URSS (…). Le déclin de l’Union Soviétique (…) pourrait tout aussi bien entraîner le déclin des Etats-Unis (…). Les pays européens, le Japon et d’autres pays ont volontiers accepté la direction américaine au cours des décennies passées.

Pourquoi ? Parce qu’ils avaient besoin de nous (…). Seront-ils désireux, dans ce nouveau contexte, d’accepter la direction des Etats Unis comme c’était le cas il y a quelques mois ? Je ne le pense pas »18.

Toutefois, disons-le tout net: si ce qu’annonce la candidature de Sanders ne se réalise pas à moyen terme, la menace d’une guerre mondiale plane sur nos têtes. En effet l’hégémonie mondiale multiséculaire de l’impérialisme occidental ne peut être préservée à terme qu’au prix de la guerre contre la Russie bourgeoise et la Chine rescapée de la défaite du camp socialiste.

Il n’est point besoin de développer outre mesure les conséquences pour l’humanité d’une telle perspective.

Alors, en cette veille du 100ème anniversaire de la Révolution d’Octobre 1917, au boulot camarades! L’avenir communiste inévitable de l’humanité réside dans la capacité des

17Monde Diplomatique avril 1991

18idem

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communistes dans chaque pays à mettre en pratique la devise plus que jamais d’actualité:

Prolétaires de tous pays et peuples opprimés, unissez-vous!

Technologies

Les GAFA ont-ils atteint l'âge de la raison... et de l'ennui ?

Les GAFA, ce sont Google, Amazon, Facebook et Apple. Des sociétés jusqu’ici débordantes d’imagination novatrice, de projets délirants… avec pas mal d’esbroufe, d’utopie, de surréalisme et de bling-bling… L’essentiel était de faire du vent

Seulement le vent, précisément, ça tourne…

Finie l'exubérance, finis les investissements dispendieux... l'heure est à la raison, à la rationalisation des investissements et à la réduction des projets. Quitte à devenir parfaitement ennuyeux ?

C'est ce que nous allons voir

Il y a quelques jours, Alphabet, la maison-mère de Google, a annoncé l'arrêt de son projet de drones solaires dont l'objectif était d'apporter l'accès à Internet à l'ensemble de la planète.

Alphabet, comme Facebook, a pour ambition de connecter tous les êtres humains au réseau mondial.

N'y voyez-pas un quelconque acte de philanthropie : il s'agit simplement pour eux d'augmenter la taille de leur marché potentiel. Avec leur position de leader dans leur secteur respectif, Google et Facebook s'assureraient mécaniquement de confortables bénéfices supplémentaires si les sept milliards d'humains utilisaient quotidiennement Internet.

Connecter l'intégralité de la population est un des derniers relais de croissance pour l'activité historique "Moteur de recherche" d'Alphabet. Sachant que ce pôle génère la quasi- totalité des bénéfices du groupe, les changements stratégiques s'avèrent riches en enseignements.

Alphabet siffle la fin de la récréation

La stratégie adoptée jusqu'ici par Alphabet pour connecter la planète relevait du saupoudrage à grands coups de millions de dollars. Drones solaires, satellites, ballons, toutes les pistes étaient explorées pour donner au géant le maximum de chances d'arriver à ses fins.

Le spécialiste du drone solaire Titan Aerospace avait, dans ce contexte, été racheté en 2014 avant d'être absorbé par le fameux centre de R&D Google X en 2015.

Si ce nom ne vous est pas familier, Google X (sobrement rebaptisé X depuis la restructuration du groupe) est le laboratoire-secret où Alphabet travaille sur les technologies du futur. La voiture autonome Google Car y est actuellement développée. Les (défuntes) Google

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Glass étaient également issues d'un projet porté par X. Pour beaucoup, X représente le summum de l'innovation.

Financées par les milliards issus de l'activité de moteur de recherche, les équipes de recherche et développement sont libres de se consacrer à l'élaboration de produits futuristes sans se préoccuper de leur rentabilité.

Des drones solaires capables de voler durant des mois et remplacer une coûteuse flotte de satellites entrent parfaitement dans ce cahier des charges. Pourquoi alors les avoir abandonnés ?

Vers une rationalisation de l'innovation

L'arrêt du programme de drones solaires entre en fait dans une stratégie plus large de réduction des dépenses de recherche et développement.

L'été dernier, Google a déjà jeté l'éponge en ce qui concerne l'accès à Internet par satellites. L'américain a cédé sa participation dans O3b Networks, qui possédait pourtant une douzaine de satellites en orbite.

L'arrêt de deux projets sur trois relève d'un pragmatisme financier assez nouveau pour le géant qui avait plutôt l'habitude de faire rêver les foules en finançant des projets presque farfelus.

Il ne reste aujourd'hui plus que le projet Loon pour mener à bien cette mission d'interconnexion mondiale.

Un ballon Loon © Doug Coldwell

Soyons clairs : Loon reste un projet futuriste. L'idée de lancer une flotte de dirigeables au-dessus des zones rurales ou désertiques peut tout à fait être qualifiée de farfelue et innovante.

Le nom même du projet, que l'on pourrait traduire par "foufou" en français, le confirme. Après tout, suspendre des antennes 4G à 20 kilomètres au-dessus du plancher des vaches dans des dirigeables alimentés par panneau solaires n'a rien de banal.

Ce qui crée la surprise, c'est que Google a abandonné successivement la possibilité d'offrir un accès par satellite (une technologie sans surprise et dont les coûts sont acceptables) et le projet de drones qui n'en était qu'à la phase d'expérimentation technique.

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Pour mémoire, le projet Google Glass a été financé jusqu'à la commercialisation des premières séries. Google a utilisé sa force de frappe pour promouvoir les lunettes connectées durant plusieurs mois avant de jeter discrètement l'éponge.

Arrêter les projets avant la fin de la phase de R&D est une nouveauté pour Alphabet.

L'habitude était plutôt de les proposer aux utilisateurs afin de tester leur potentiel commercial.

Ce qui est certain, c'est qu'Alphabet ne s'interdit plus d'arrêter les projets (même viables) avant de les avoir présentés au public.

Il est bien sûr impossible de prévoir quels projets de X seront maintenus dans les prochaines années. Le géant ne va pas cesser du jour au lendemain son financement de l'innovation prospective.

Cependant, la tendance est bien là : l'époque où Alphabet finançait les projets à fonds perdus est bel et bien révolue.

Si l'écrémage se poursuit, les marchés ne risquent-ils pas de changer le regard qu'ils ont sur leur favori ?

2017, l'âge de raison des GAFA

Ce qu’on aime, c’est détecter les tendances lorsqu'elles sont encore balbutiantes, quitte à flirter avec l'exercice périlleux de l'anticipation. Et si les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) étaient à un tournant dans leur rapport à l'innovation ?

Au vu des démissions des spécialistes du sujet, Apple semble avoir abandonné son projet de voiture électrique. Visiblement, l'objectif n'est plus de concevoir une voiture autonome à la Google Car, mais plutôt de proposer des systèmes électroniques (guidage, aide à la conduite et intégration avec les iPhones) aux constructeurs historiques.

Nous l'avons vu aujourd'hui, Alphabet réduit la voilure sur un sujet pourtant prioritaire.

Il ne reste visiblement plus qu'Amazon pour communiquer tous azimuts sur ses projets futuristes, entre livraisons par drones et assistants personnels.

Les investisseurs se méfient du changement de perception par les marchés. La hausse stratosphérique des cours de ces dernières années pourrait connaître une pause si ces sociétés (très rentables au demeurant), se recentraient sur leurs activités historiques.

N'oublions pas qu'avec les capitalisations boursières actuelles, les GAFA sont valorisées comme des entreprises de croissance. Pourtant, il est notoirement difficile de croître lorsqu'on est déjà leader sur son marché. Si le recentrage sur les cœurs de métier se confirme, les investisseurs pourraient cesser de voir les GAFA comme des sociétés innovantes pour les considérer comme des utilities19. C’est évidemment, pour parler comme Charles Michel,

« beaucoup moins sexy » aux yeux des investisseurs… d’autant plus que la majorité de ceux- ci ne sont que des spéculateurs.

D’ailleurs, percevoir ces sociétés comme « de services » que comme d’audacieuses innovatrices n’est pas faux. Après tout, avons-nous l'impression d'utiliser une technologie innovante lorsque vous faites une recherche sur Google ? Pour les jeunes nés après l'an 2000, Facebook n'est pas un réseau social à la mode mais un moyen normal de communication, qui pour eux a toujours existé. Il en est de même pour l'utilisation d'un smartphone.

Parions que, d'ici une dizaine d'années, l'usage d'Internet (et des services associés fournis par les GAFA) sera aussi banal que l'utilisation de l'éclairage électrique dans un foyer.

On peut même se demander si les GAFA d’autrefois, à l’époque où on les disait débordantes d’imagination novatrice, de projets délirants, ont fait autre chose que de cultiver

19Le terme utilities désigne les valeurs de services des collectivités comme la production et la distribution de l'eau, du gaz et de l'électricité. Les utilities se sont développées surtout avec l'apparition de la concurrence dans certains secteurs de la décentralisation. Les enjeux de ces sociétés se situent au niveau du déploiement des nouvelles technologies, des énergies renouvelables et du caractère cyclique de leurs activités.

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l’effet d’annonce… C’est-à-dire qu’elles ont sciemment attiré les investisseurs avec pas mal d’esbroufe, d’utopie, de surréalisme et de bling-bling… L’essentiel était de faire du vent

D'ici quelques années, les GAFA ne seront plus valorisés pour leurs innovations potentielles mais pour leur service rendu. Avec des PER aujourd'hui déconnectés de toute réalité (jusqu'à 186 pour Amazon), il se pourrait bien que leurs cours boursiers connaissent quelques secousses en chemin...

Au fond, les GAFA devraient se méfier des capitalistes….

RDCongo

Diamonds forever: Israël restera-t-il loin du Congo?

Les mineurs d'or forment une chaîne humaine en creusant un puits ouvert à la mine Chudja dans la concession de Kilomoto près du village de Kobu, à 100 km de Bunia,

au nord-est du Congo, le 23 février 2009. © Reuters Par Daniel Brett20

"Rien ne se passe au Congo sans Dan Gertler et Gertler ne peut rien faire sans jouer la carte israélienne", a déclaré un conseiller d'un conglomérat minier international. Mais le filet se resserre autour du magnat milliardaire israélien de l'exploitation minière, qui domine la vie économique de la République démocratique du Congo (RDC), riche en ressources, mais appauvrie sur le plan économique.

20Ecrit pour Al Arabiya Anglais, le Mercredi, 11 janvier 2017. Traduction électronique améliorée.

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Construire un empire au Congo

Le magnat minier israélien a été une pièce fondamentale dans le contrôle de la famille Kabila de la RDC au cours des deux dernières décennies. Mais le milliardaire de 42 ans, qui a l'inspiré le film Blood Diamond, avec en vedette Leonardo Di Caprio, est maintenant dans le viseur du contrôle international sur la corruption.

Pendant ce temps, son principal allié congolais, le président Joseph Kabila , s'accroche par le bout des doigts au pouvoir. La fragile situation de l'Etat rentier centrafricain menace de traîner l'establishment de sécurité israélien dans un nouveau conflit pour défendre les intérêts du milliardaire.

Il y a toujours eu une relation de réciprocité entre Gertler et Kinshasa qui est fortement liée à ses intérêts corporatifs. Son influence politique en RDC aurait commencé peu de temps après son entrée en 1997, quand il a assuré le gouvernement de Laurent Kabila en offrant au défunt président 20 millions de dollars pour mener une rébellion dans l'est. Les rebelles représentaient un risque majeur pour le régime alors qu'il cherchait à s'établir. En échange de cette aide, son entreprise IDI Diamonds a obtenu des droits exclusifs sur l'achat de diamants artisanaux.

Joseph Kabila a mis fin au monopole après l'assassinat de son père en 2001. Mais un accord a été conclu par lequel Gertler a versé 15 millions de dollars pour les droits à 88 pour cent de la production de la société nationale de diamants, la Société Minière de Bakwanga (MIBA). L'oncle de Gertler, Shmuel Schnitzer, est président honoraire de l'échange de diamants d'Israël.

Une source militaire israélienne a également prétendu que Gertler avait versé au gouvernement de Kabila 40 millions de dollars pour s’assurer les services d’un ancien chef du Mossad et d'anciens soldats afin d’armer, former et diriger les forces spéciales congolaises pour renverser le brutal groupe rebelle rwandais M23 dans une opération avec l’ONU en 2013. Selon cette source, le matériel proveaint d'Israël et de la Russie.

On prétend que l'opération n'a pas été officiellement soutenue par le gouvernement israélien, mais étant donné l'ampleur de la participation de la sécurité israélienne, il apparaît que ce gouvernement avait probablement donné un signe d'assentiment informel. Réputé pour ses viols massifs et ses massacres, le M23 opérait depuis le Parc national des Virunga, dans la province instable du Nord-Kivu. Les opérations violentes du groupe entravent les efforts pour développer les réserves de pétrole potentiellement massives de la région. Mettre fin à la rébellion a aidé à éliminer un problème pour Kabila.

Suivre les traces de Léopold

Les sommes que Gertler a consacrées à consolider le contrôle du régime de Kabila sur un vaste territoire sont une fraction de la richesse qu'il semble avoir accumulée prétendument comme un intermédiaire entre le capitale international et Kinshasa. Depuis que le célèbre roi Léopold II de Belgique a pillé le Congo pour l'ivoire et le caoutchouc, c’est la première fois qu’un étranger a acquis un tel contrôle et une telle influence sur le pays.

Gertler a la réputation d'acquérir des droits d'exploration minière et de prospection pétrolière auprès du gouvernement, grâce à ses relations politiques de haut niveau, et de les vendre avec des marges de profit énormes. Pendant plus de deux décennies, sa position de portier lui a permis de dominer les secteurs miniers du cuivre et du cobalt dans la province riche en ressources du Katanga, lui donnant le contrôle personnel de près de 10 pour cent de la production mondiale de cobalt.

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Au cours des dernières années, il s'est penché sur l'exploration pétrolière dans les perspectives potentiellement très lucratives mais potentiellement risquées du pays. Le pétrole de Gertler de la RDC a trouvé des réserves estimées à 3 milliards de barils de pétrole dans le lac Albert. Mis en contexte, ses concessions contiennent potentiellement plus de pétrole que la Syrie ou le Royaume-Uni. La production de pétrole de ces réserves stimulerait l'économie de la RDC de 25%, consolidant ainsi la base de pouvoir de Gertler dans le pays.

Pour exporter ces produits hors du pays, Gertler a également pris des intérêts dans le développement des infrastructures, qui lui donne le contrôle des secteurs stratégiquement les plus importants de l'économie et amasser lui-même une énorme valeur nette digne d'une entrée dans la liste Forones Billionaires .

Beaucoup de ces actifs appartiennent à Gertler Family Trust ou sont regroupés sous le groupe Fleurette qui détient des participations dans diverses mines congolaises par l'entremise d'au moins 60 sociétés holding dans des paradis fiscaux offshore tels que les îles Vierges britanniques. Placé hors de portée de l'examen public, les investissements de Fleurette sont considérés par la critique comme un démantèlement d'actifs avec ses acquisitions faites à une fraction de leur valeur réelle.

Gertler et le réseau de corruption du Congo

Gertler estime que les critiques de son rôle politique en RDC sont injustes. Au lieu de cela, il a dit Bloomberg qu'on devrait lui décerner le prix Nobel de la paix pour son rôle.

Cependant, la relation symbiotique entre Gertler et le président Kabila sont au bord de l'abîme cependant que la société congolaise est de plus en plus fâchée contre ses tentatives de tripoter la constitution pour allonger son mandat.

Dans le même temps, les enquêtes sur la corruption dans le monde referment le filet sur le milliardaire, ce qui le rend vulnérable aux poursuites et à une réaction politique post-Kabila en RDC. La RDC aurait subi d'énormes pertes de recettes en raison de la présumée sous- évaluation des avoirs de l'État dans diverses privatisations, dont beaucoup concernaient Gertler.

En septembre, le Groupe de gestion du capital d'Och-Ziff a convenu de verser plus de 400 millions de dollars dans un arangement avec les autorités américaines au sujet d’un prétendu paiement par Gertler qui prétendait soudoyer des fonctionnaires congolais à hauteur de 100 millions de dollars pour les droits miniers. Aucune accusation n'a été portée contre Gertler par le ministère de la Justice ou la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis.

Deux mois plus tard, le pire ennemi de Gertler, Global Witness, une ONG qui lutte contre la corruption dans l'industrie mondiale des ressources naturelles, a rapporté que la société minière d'Etat Gecamines a signé des droits de redevance à la ploutocratie israélienne. Des redevances s'élevant à 880 millions de dollars qui étaient dues à Gécamines du fait du projet de cuivre KCC de Glencore dans le sud-est du Congo ont été attribuées à une société anonyme appelée Africa Horizons, qui fait partie du groupe Fleurette.

On ne sait pas ce qui a été versé à la Gécamines, dont les revenus pourraient apporter une contribution fiscale importante à l'atténuation de la pauvreté dans l'un des pays les plus pauvres du monde. L'ONG a accusé Glencore de s'engager sciemment dans des transactions déficitaires pour apaiser le milliardaire en tant que courtier central de la RDC.

Selon Bloomberg, en décembre, l'Office britannique de lutte contre la fraude (SFO) a enquêté sur Gertler et quatre anciens cadres de la Eurasian Natural Resources Corp. (ENRC)

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