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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le mardi 19 février 2013

Année 2013, numéro 3 Année 2013, numéro 3 Année 2013, numéro 3 Année 2013, numéro 3

Sommair Sommair Sommair Sommaireeee

Introduction… page 1 Introduction… page 1 Introduction… page 1 Introduction… page 1

Quelques citations de Radio Okapi…page 2

Moise Katumbi, repentance, intimidation et mayi-mayi ou les Tribulations de Thierry Michel … page 4

Quelques notions indispensables pour comprendre le « Sécessionisme

katangais »… page 10

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Introduction

Par Guy De Boeck

Les médias se voient couramment faire deux reproches. Celui de « ne parler que de ça » ou, par contre, d’« observer volontairement un silence coupable ». La plupart du temps, la raison est facile à discerner : le sujet dont parle sans cesse permet de faire de la réclame pour (ou de la propagande contre) quelque chose ou quelqu’un, par rapport à une certaine ligne qui sert les intérêts (politiques ou économiques) que la direction du média souhaite promouvoir. Par contre, le sujet dont on ne parle pas, risquerait, s’il « faisait la Une » de nuire à ces mêmes intérêts.

Lorsque l’on consulte les média de RDC, l’on peut faire quelques constatations qui correspondent à cette situation « standard » habituelle. Il est fréquent d’y lire ou d’y entendre des appels sur le thème de la « Patrie en danger ». Cela correspond à un danger réel le long chapelet d’atrocités commises dans les Kivu et la Province Orientale, et désignés par les vocable très pudiques d’« insécurité à l’Est » et de « balkanisation ». On ne peut que constater que cela fait aussi merveilleusement le jeu du pouvoir1. Les tragiques événements de l’Est servent à sonner l’appel au grand rassemblement patriotique autour du drapeau. Le pouvoir compte visiblement obtenir ainsi, à la faveur d’un sentiment d’urgence, un soutien qu’il ne peut tirer d’une légitimité démocratique qui lui manque2.

Par contre, là où l’on reste perplexe, c’est lorsque l’on constate cette autre réalité : des faits relevant aux aussi de l’insécurité due à des groupes armés, incluant des morts et des violences diverse et liés eux aussi, peut-être, au niveau des thèmes politiques, à des idées de

« balkanisation » et ces autres faits sont rarement mentionnés dans la presse kinoise, tous titres confondus. Quand ils sont mentionnés, c’est, vite fait,dans un artculet au bas d’une page intérieure. Cela mène à un interpelant « deux poids, deux mesures » puisque, pendant qu’un pinaille sur des virgules aux discussions de Kampala – relatives aux Kivus - a droit aux gros

1 C’est peu après les élections, alors que les commentaires négatifs tombaient de partout, que JKK a brusquement décidé un retournement des alliances. De fin 2008 à fin 2011, la thèse officielle était que le Rwanda était un allié, que tous les ennuis venaient du FDLR et que Ntaganda était indispensable à la paix. Subitement, le Rwanda devenait un ennemi et il fallait arrêter Bosco Ntaganda. Cela prenait dans le sens du poil l’opinion congolaise et la communauté internationale. Mais il ne pouvait échapper à personne que cela allait rallumer la guerre, d’autant lus qu’au lieu d’arrêter Ntaganda par surprise, on annonça à grand bruit l’intention de le faire. Le bandit n’a bien sûr pas attendu les gendarmes ! Comment ne pas en retirer l’impression que le pétard qui a éclaté à Goma a été allumé volontairement et en connaissance de cause par le pouvoir, en vue, précisément, de créer la psychose d’urgence nationale dont il s’efforce, maintenant de profiter.

2 Il faut rappeler que les élections du 28/11/11 ont été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un

« corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en

« plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus.

L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.

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titres en manchette, cependant que des violences avec morts d’hommes a Katanga se voient enterrées sans fleurs ni couronnes dans les « chiens écrasés »3.

Et l’on a d’autant plus l’impression que l’on s’est donné le mot, que le seul média qui en fasse mention régulièrement est Radio Okapi, dont le pouvoir organisateur n’est pas congolais4, même si ses journalistes5 le sont.

Quelques citations, que voici, illustreront ce fait à suffisance.

Quelques citations de Radio Okapi

28 janvier 2013, Katanga: 4 morts lors des affrontements entre Maï-Maï et policiers à Kasomena et Bukama

Des affrontements entre la police aux miliciens Maï-Maï à Kikondja dans le territoire de Bukama au Katanga ont fait, dimanche 27 janvier, quatre morts côté milicien. Tandis qu’un policier a été blessé lors d’autres accrochages entre les combattants Bakata Katanga et les éléments de la Police nationale congolaise (PNC) à Kasomeno dans le territoire de Kasenga. Un mouvement de la population locale vers la brousse et le village Kipemba a été signalé. Vers 5 heures du matin (locales), quinze hommes ont encerclé la maison d’un commandant de la police afin de lui demander son arme et des minutions. Le policier a ouvert leur feu. Les assaillants se sont dispersés.

Leur départ a permis au commandant d’aller chercher du renfort. Une fois arrivés les autres policiers se sont mis à pourchasser ces combattants qui se réclament du groupe armé Bakata Katanga. Les affrontements ont duré plus de trente minutes. Un policier a été grièvement blessé. Pris de panique, les habitants de Kasomeno se sont terrés chez eux.

Le même jour dans la chefferie Kinkondja, les Maï-Maï ont fait incursion au village kitembo. Ils s’en sont pris à un policier dont ils ont fracturé les bras. Une fois relâché, ce policier a alerté ses collègues. Après des combats, les miliciens se sont enfuis pour se refugier le long du lac Kisale. Jusqu’à midi (heure locale), la situation était calme tant à Kasomeno qu’au village Kitembo.

14 janvier 2013 - Katanga : les groupes Maï-Maï de Gédéon et de Tanda Imena insécurisent le nord de la province

Le groupe Maï-Maï de Gédeon Kyungu et les Bakata Katanga du chef Tanda Imena sont à la base d’une insécurité grandissante dans le nord de la province du Katanga. Leurs multiples incursions font de plus en plus de morts. Six personnes ont été tuées jeudi dernier dans le groupement Tondo, entre Bunkeya et Mitwaba, après l’attaque d’un de ces groupes Maï-Maï. Le grand chef Msiri, de la communauté Bayeke, appelle les autorités à barrer la route à ces criminels.

3 Ceci, nonobstant le fait que les rédactions ont fréquemment un journaliste chargé de suivre l’actualiité d’une ou plusieurs provinces. Voir, par exemple, Willy Kabwe – grand supporter du gouverneur Katumbi – dans Le Potentiel.

4 Créée au moment de la « Transition », Radio Okapi est financée par l’ONU et organisée par une brochette d’intervenants internationaux, (services de coopération ou ONG)

5 Journalistes dont plusieurs, comme Maheshe ou Namujimbo ont été « liquidés »… on ne sait toujours pas par qui.

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Le groupe Maï- Maï du milicien Kyungu Mutanga Gédeon a semé la terreur dans les territoires de Mitwaba, Pweto et Manono entre 2004 et 2006, avant l’arrestation de leur chef.

Après son évasion de la prison de Kasapa à Lubumbashi, en septembre 2011, Gédeon Kyungu s’est réinstallé dans le territoire de Mitwaba où il s’est réorganisé.

Procès de Gedeon Kyungu, seigneur de guerre, Lubumbashi, 2008,RDC

Le second groupe dit « Bakata Katanga 6», de ceux qui réclament l’indépendance du Katanga et sa scission de la RDC, a pour chef Tanda Imena. Ce denier vit à cheval entre le Katanga et la Zambie, où il avait déjà été arrêté par les autorités en 2004, puis transféré à Kinshasa, avant d’être finalement relâché. Ce groupe, qui semble le plus actif des deux, avait pour bastion le village de Mukanga à près de 30 km de Mitwaba centre. On lui attribue notamment les deux dernières attaques contre l’aéroport de Lubumbashi.

Pour le grand chef Msiri de Bayeke, le gouvernement doit utiliser les options tant militaires que diplomatiques pour mettre fin à ces activismes armés. «Il faut les stopper, qu’ils sentent qu’il y a une force en face d’eux. Autrement, ils auront l’impression qu’ils peuvent tout faire. Il faut que le gouvernement intervienne dans les plus brefs délais», a-t-il expliqué.

Le chef coutumier invite aussi le gouvernement à dialoguer avec ces groupes afin de « récupérer ceux qu’on peut récupérer ». «C’est des jeunes gens désœuvrés, qui n’ont pas d’avenir, qui ne voient pas où aller qui s’enrôlent dans ces histoires», a-t-il soutenu.

18/02/2013 Katanga: les Maï-Maï Bakata Katanga tuent 3 personnes à Kinsevere

7

6 « Kukata » signifie « couper ». Les « Bakata Katanga » sont donc « Ceux qui coupent le Katanga ». S’ait-il de

« couper le Katanga du este du Congo », ou de « découper le Katanga », c’est ce qui n’apparaît pas toujours clairement.

7 Ne fût-ce que pour se rendre compte du caractère récurrent de l’insécurité katangaise, on peut, outre ces échantillons, lire aussi sur radiookapi.net :

Katanga : l’aéroport de la Loano n’a pas été attaqué, selon l’enquête officielle Lubumbashi: un mort et 2 blessés dans une attaque contre l’aéroport de la Loano

Katanga: 9 des 13 chefs coutumiers kidnappés par les Maï-Maï à Mitwaba se sont échappés Katanga : des leaders religieux invitent le chef de guerre Gédéon à un symposium de paix Katanga : 7 morts dans des attaques de miliciens de Gédéon contre les FARDC à Manono Lubumbashi : des coups de feu entendus autour de l’aéroport

Troubles de Lubumbashi: 7 suspects arrêtés et cette liste n’est pas exhaustive…

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Les Maï-Maï Bakata Katanga du chef Tanda Imena ont tué, dimanche 17 février, trois personnes lors d’une incursion dans la localité de Kinsevere, à près de 40 km de Lubumbashi (Katanga). Selon des sources locales, ces miliciens ont abattu un agent de l’Agence nationale de renseignement (ANR), un policier et le chef du village Kinsevere avant de se retirer du village. Les mêmes sources affirment que le calme est observé ce lundi matin dans la localité de Kinsevere qui s’est vidée de sa population suite à ces attaques. C’est vers 16 heures que le premier groupe d’habitants de Kinsevere, fuyant ces attaques, a été aperçu au niveau du quartier Kimbembe dans la commune Annexe, à l’entrée de la ville de Lubumbashi. Cette situation a également semé une panique dans la ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga.

D’autres sources par contre indiquent qu’il ne s’agissait pas d’une attaque Maï-Maï mais plutôt d’une dispute qui a dégénéré entre le chef du village Kinsevere et un groupe de jeunes gens. Le Conseil provincial de sécurité du Katanga s’est réuni dans la nuit de dimanche pour analyser la situation mais rien n’a été filtré de cette réunion.

Du 22 janvier au 8 février, les Maï-Maï Bakata Katanga avaient tué plus de soixante cinq personnes dans le groupement de Mwemena, en territoire de Kasenga, à plus de 250 km de Lubumbashi (Katanga). Selon le chef de ce groupement, Mwemena wa Kilembwe, ces miliciens tuaient, quatre à six personnes par village par jour. Ces tueries en série avaient provoqué la peur dans les habitants de Mwemena qui avaient fui leurs maisons pour se réfugier dans les localités voisines.

Un milicien dans l'Est de la RDC.

Moise Katumbi, repentance, intimidation et mayi-mayi ou les Tribulations de Thierry Michel

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Le film "Moise Katumbi, Foot, Business & Politique qui vient d'être présenté en avant première mondiale au Festival International des Production Audiovisuelles de Biarritz (et en avant première africaine au Tchad) sortira sur les écrans en avril prochain. L’auteur nous fait part des remous qu'il a suscité, comme un caillou tombé au sein du marécage congolais.

8 Le texte qui suit repose sur des informations données par Thierry Michel, dans un courriel qui s’ouvre sur la mention « Ceci est un courrier et en rien un communiqué. Bon à vous de voir qu'en retenir... qu'en diffuser ». Il s’agit donc bien d’informations données par Thierry Michel et non d’un article de T.M.

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Je pense en effet que l'avenir du Congo se joue bien sûr au Kivu mais que les luttes de pouvoir se passent surtout au Katanga entre 3 acteurs

* Le clan des Balubakat Kiungu/Numbi/Mai mai - les sécessionnistes et les milices.

* Le clan Joseph/Masangu qui maitrise les forces de sécurités et

* Le clan Moise Katumbi fort seul mais très populaire, qui à l'argent et un sens exceptionnel de la communication.

Les repentis

Suite à la présentation du film "Moise Katumbi, Foot, Business & Politique" au festival International de Biarritz (FIPA, le plus grand festival de production pour la télévision en France et en Europe), l'on a assisté au phénomène des "repentis" (dixit la presse congolaise) du journaliste Yantumbi Yamukena et de l'activiste Timothée Mbuya

En 2008, le journaliste Yantumbi Yamukena avait été, en son temps, exflitré du Katanga par la Monuc suite aux menaces dont il disait avoir fait l'objet après la parution de son livre "Moise Katumbi, affairisme, populisme et parapolitique". Aujourd’hui, cinq ans après, et deux jours après la projection du film à Biarritz, il s’en repent. Son repentir, l’écrivain l’a exprimé le vendredi 25 janvier 2013 de vive voix devant le gouverneur de province, Moïse Katumbi.

Dimanche, 27 Janvier 2013 Katanga.cd Le repentir d’un écrivain sur les réalisations de Moïse Katumbi Chapwe .

Cet écrivain s’appelle Kalenge Yamukena Yantumbi. Il a publié en 2008.un livre intitulé : « Moïse Katumbi ou l’ambition du pouvoir. Affairisme, populisme et para politique ». Cela, quelques mois seulement après l’élection de Moïse Katumbi Chapwe à la tête de la province du Katanga.

L’auteur avait prématurément et à priori fustigé les réalisations du gouvernement provincial du Katanga.

Aujourd’hui, cinq ans après, il s’en repent. Son repentir, l’écrivain l’a exprimé le vendredi 25 janvier 2013 de vive voix devant le gouverneur de province, Moïse Katumbi, celui-là même qu’il avait torpillé dans son livre. Cet écrivain affirme avoir en son temps eu un regard prématuré sur les réalisations du gouverneur Moïse Katumbi. Il reconnaît que les réalisations du gouvernement provincial du Katanga sont aujourd’hui visibles et profitent à la population. L’auteur de l’ouvrage a indiqué que son livre est sorti très tôt qu’il ne fallait. Son livre, a-t-il encore ajouté, n’a malheureusement pas tenu compte de certains paramètres. C’est ainsi qu’il compte publier un nouvel ouvrage sur le bilan de Moïse Katumbi pour les cinq ans passés à la tête de la province du Katanga. Ce livre tiendra compte de toutes les réalisations du gouvernement provincial du Katanga. Kalenge Yamukena, qui a pour la première fois rencontré le gouverneur, a démenti toutes les rumeurs des menaces dont il serait victime de la part du gouverneur de province, Moïse Katumbi en 2008. Après avoir rencontré pour la première fois Moïse Katumbi, Yamukena a affirmé avoir été devant un homme humble et modeste.

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Quant à l'activiste Timothée Mbuya, le lendemain de la présentation du film au festival international de Biarritz il m'avait alerté (Email, SMS et appels téléphoniques) ainsi que la Monusco (Nations Unies en RDC) à propos de menaces anonymes et d'une tentative d'enlèvement dont il aurait fait l'objet. Une semaine plus tard il niait avoir jamais été menacé et apportait un démenti formel contre ces rumeurs et soutenait ne pas avoir souvenance des menaces ! !

La menace

Mais ce qui me parait plus inquiétant, c'est d'avoir personnellement reçu à plusieurs reprises sur mon adresse email, et vu multi-diffusé sur la toile internet, le communiqué intitulé "UNE CABALE GROTESQUE, etc.. » et qui se termine par une menace qui me concerne en premier chef.

UNE CABALE GROTESQUE CONTRE LE GOUVERNEUR DU KATANGA, MOÏSE KATUMBI CHAPWE, CURIEUSEMENT

PAR LES MEMBRES DE SA PROPRE FAMILLE POLITIQUE

Il n’est un secret pour personne que depuis un certain temps le torchon brûle entre deux anciens amis, deux frères bemba, le Gouverneur du Katanga Moïse KATUMBI CHAPWE et le Ministre honoraire, le bâtonnier Jean-Claude MUYAMBO.

Après avoir été l’objet d’une injustice flagrante, téléguidée par le pouvoir en place, en donnant une injonction au Président de la CENI, le Pasteur NGOY MULUNDA d’enlever le nom du bâtonnier MUYAMBO sur la liste des élus de Lubumbashi ainsi que les noms des membres de son parti dans les autres circonscriptions du Katanga, le bâtonnier MUYAMBO a piqué une colère bleue.

L’opinion se souviendra, comme on devait s’y attendre, que cette colère a poussé le bâtonnier MUYAMBO, et connaissant son tempérament de katangais, à dénoncer publiquement à la télévision et à la radio l’injustice dont il a été victime et a affirmé que c’était à l’initiative de KATUMBA MWANKE avec l’accord de Joseph KABILA. Tous les congolais qui avaient suivi la télévision et la radio à cette époque s’en souviennent !

La question que le bâtonnier MUYAMBO s’était toujours posée était celle de savoir pourquoi Joseph KABILA le haïssait, ou mieux lui en voulait à ce point, allant même jusqu’à l’humilier sur le plan politique après le travail de titan que le bâtonnier avait abattu pour son compte ? Le bâtonnier MUYAMBO avait jugé que c’était de l’ingratitude et/ou un complot visant tout simplement à l’effacer sur la scène politique katangaise.

Le même pouvoir de Joseph KABILA, après avoir utilisé le camp de KATUMBA MWANKE contre Jean-Claude MUYAMBO, voulant à tout prix, c’est un secret de polichinelle, placer le petit frère de Joseph KABILA, le nommé Zoé KABILA, comme Gouverneur du Katanga, a décidé cette fois-ci de récupérer le bâtonnier MUYAMBO et de l’utiliser, à travers de multiples lettres ouvertes, pour vilipender Moïse KATUMBI, sans que le pouvoir de Kinshasa ne s’en émeuve.

Après des recherches approfondies, les Katangais qui ne sont pas dupes et attachés à leur Gouverneur bien aimé, Moïse KATUMBI, ont compris qu’il s’agissait d’une manipulation de Joseph KABILA et de son entourage.

D’après divers sondages, aujourd’hui, l’on ne doit pas oublier que le Gouverneur du Katanga, Moïse KATUMBI, est le plus populaire du Katanga et le meilleur Gouverneur issu du PPRD, même si nul n’est parfait. Alors que reproche-t-on à Moïse KATUMBI ? Le fait d’être près du peuple et de répondre à ses attentes ?

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C’est certainement les échecs essuyés par les candidats gouverneurs aux dernières élections en province Orientale et au Bas-Congo, qui ont amené une sorte d’accalmie au combat injuste mené contre le Gouverneur du Katanga, Moïse KATUMBI, oubliant tout ce qu’il fait pour la population du Katanga.

Ce jour, d’après les informations en notre possession, le laboratoire du mal de l’entourage de Joseph KABILA, évidemment avec son accord, a décidé de monter au créneau avec une autre stratégie pour déstabiliser le Gouverneur Moïse KATUMBI.

L’opinion tant nationale qu’internationale se souviendra du film du réalisateur belge Thierry Michel sur le Gouverneur et les mines du Katanga. Pour ceux qui ne le savent pas, ce long métrage n’avait pas plu au pouvoir de Joseph KABILA, considérant que Moïse KATUMBI faisait ombrage à Joseph KABILA dans son fief électoral.

Faits curieux car, de façon systématique, Joseph KABILA est comme un auteur qui efface ses propres œuvres, un chef qui se débarrasse de ses meilleurs éléments. Et on l’a vu qu’à chaque fois qu’un membre de son parti ou de sa famille politique avait acquit une certaine notoriété, sa destination était connue : « le mettre au feu », l’écartait ou le livrer aux injures et abatages médiatiques des fou du Roi tels que Zacharie BABABASWE, Jean-Marie KASAMBA, YULANA et bien d’autres.

Tels sont les cas de Théophile MBEMBA, Didier MUMENGI et de Eddy ANGULU qui étaient considérés comme des grands leaders au Bandundu auxquels Joseph KABILA a substitué malicieusement par les leaders du PALU et Olivier KAMITATU. C’est le chemin que suivra aussi l’Honorable LUKIANA MUFWANKOLO Marie-Ange, l’ancien Premier Ministre MUZITO, après avoir fait le sale travail que Joseph KABILA et Augustin KATUMBA MWANKE lui ont demandé. Il a fallu même le livrer aux griffes de députés après son limogeage.

Pierre LUMBI l’a échappé grâce à la forte présence de ses députés MSR à l’Assemblée Nationale. TAMBWE MWAMBA a eu trop peu de chance après avoir endossé et défendu acharnement le dossier de la présence rwandais en RDC ainsi que l’accord secret du 23 mars avec le CNDP et s’est vu tout simplement remplacé par Raymond TSHIBANDA, qui avait pourtant lamentablement échoué aux dernières élections de 2011.

Ce fut le cas aussi de YAGI SITOLO élu massivement au stade par la population de Kisangani lors des élections organisées par Laurent Désiré KABILA mais auquel Joseph KABILA a préféré AUTSAI ASENGA. Le même AUTSAI, quand il a acquit une certaine popularité, il fallait le sacrifier. Avant lui, le jeune BANGAKIA, accepté par tous en Province Orientale, a été sacrifié.

A l’Equateur, Joseph KABILA préfère des têtes brûlées comme Jean Claude BAYENDE, qui veut embraser la province à la place des gens comme LOKONDO, Louis KOYAGIALO, Jeanine MABUNDA, Bernard MENA, etc.

Tel est le cas aussi de Claudel André LUBAYA au Kasaï-Occidental. La montée en flèche de ce jeune gouverneur avait inquiété le camp de Joseph KABILA. Gouverneur pendant neuf ans, il était toujours en itinérance dans tous les coins de la province. A sa place, KABILA a préféré MUTOMBO BAKAFUA NSENDA et TSHIONGO TSHIBI NKUBULA WA NTUMBA qui le traitaient même de tous les maux quand ils étaient encore dans leur ancienne famille politique du MPR.

Le Général LIWANGA s’est vu écarter sans raisons pour plu tard laisser place à un affairiste, le Général Didier ETUMBA.

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Ce fut également le cas de MWENZE KONGOLO, leader katangais. A sa place, KABILA a préféré KATUMBA et SAMBA KAPUTO, tous deux très effacés qui étaient même les créatures de MWENZE KONGOLO.

Que dire du doyen YERODIA, de BABI MBAYI, de Victor MPOYO, de Raphaël GHENDA, de MUTOMBO TSHIBAL, … ?

Ce fut le cas aussi de Vital KAMERHE, reconnu notoirement par tous comme étant l’architecte du pouvoir de KABILA.

Evariste BOSHAB, qui a conduit la campagne de Joseph KABILA, n’a aujourd’hui que ses yeux pour pleurer, Joseph KABILA aura préféré MATATA PONYO, un illustre inconnu à son Secrétaire Général qui a pris beaucoup de risque et qui avait même accepté de couvrir le Chef de l’Etat dans le détournement de l’argent de la SNEL venu de Brazzaville.

Tels sont les cas enfin de SHE OKITUNDU à la place de qui Joseph KABILA a préféré Lambert MENDE, de NGOY MUKENA à la place de qui Joseph KABILA a préféré MWANDO SIMBA qui a même fait faire une fausse photo de Joseph KABILA comme garde du corps de Paul KAGAME lors de la campagne de 2006 à Moba et Kalemie. C’est qui va expliquer la victoire de pierre PAY-PAY dans cette contrée.

Les braves femmes comme Vicky KATUMWA, Adèle KAHINDA, Marie-Louise MWANGE, Bernadette MPUNDU, Wivine MOLEKA, Madame MIENZE se sont vues reléguées dans les oubliettes.

Malheureusement aujourd’hui, le Gouverneur du Katanga, Moïse KATUMBI, risque de subir le même sort qui a été réservé à tous les précités, par ailleurs des proches de Joseph KABILA.

D’après les informations à notre possession, un budget conséquent vient d’être débloqué par le pouvoir de KABILA pour réaliser un autre film (métrage) en vue de salir Moïse KATUMBI.

Tout cela c’est pour préparer un coup de force au niveau de la province du Katanga.

Mais cette cabale n’épargnera pas non plus KYUNGU WA KUMWANZA qui avait déclaré haut et fort que si le Gouvernement central ne rétrocède pas les 40 % des recettes de la province, il possède une milice capable de faire la guerre dans la province du Katanga.

Nous pensons que gouverner c’est prévoir. Et Joseph KABILA doit savoir, si ce n’est pas lui qui allume le feu au Katanga, qu’il lui sera difficile de l’éteindre dans cette partie du pays où Gédéon avec sa milice met déjà en difficulté les FARDC à Mitwaba, Manono, Kasenga et Pweto.

Aujourd’hui on parle de la guerre au Nord-Kivu, en Province Orientale mais si l’on n’y prend garde, il risque d’avoir guerre aussi dans la Province de Katanga.

Est-ce que pour faire partir un Gouverneur, qui du reste a bien travaillé, faut-il, pour l’entourage de KABILA, allumer le feu ? Joseph KABILA est-il incapable d’éteindre ce feu ? Il est facile d’allumer le feu au Katanga mais il sera difficile de l’éteindre car, on ne sait pas prédire la réaction de la population du Katanga acquise à son Gouverneur Moïse KATUMBI.

Rappelons aussi que la guerre à l’Est est l’œuvre de Joseph KABILA qui n’a pas le sens du respect des accords et de la parole donnée à ses anciens partenaires le Rwanda et le CNDP, aujourd’hui M23.

Le Congo n’a pas besoin d’autres problèmes de plus. Le cas de la province du Katanga risque tout le pays.

Joseph KABILA doit se ressaisir et se mettre au dessus de la mêlée. Est-il incapable de réconcilier, comme ont tenté de le faire certains sages Katangais, le Gouverneur Moïse

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KATUMBI et le bâtonnier MUYAMBO, le bâtonnier MUYAMBO et KYUNGU WA KUMWANZA ?

Nous mettons sérieusement en garde tous les gens qui travaillent sur le film pour déstabiliser Moïse KATUMBI et nous restons vigilants s’ils s’obstinent à le diffuser.

A bon entendeur, salut ! La voix des jeunes Katangais.

Fait à Lubumbashi, le 30 janvier 2013.

-

KYUNGU MULABA

-

KABONGO ILUNGA

-

SENDWE JEAN

-

MUKALAY JOSEPH

-

BANZE NGOY

« Qui se cache derrière ce groupe de soit disant "Jeunes Katangais"9 ? C'est la question auquelle je souhaite avoir une réponse car je devrais prendre les mesures de protection adéquate’ demande Thierry Michel.

Les Maï-Maï

Reste à voir quel rapport il pourrait y avoir entre les critiques violentes émises envers Joseph Kabila dans ce communiqué et les évènements que vit pour le moment le Katanga avec les attaques dont ont été l'objet les villages de Kasongo Nyembo et de Kinsevere à 40 km de Lubumbashi par les Mayi-Mayi.

Les Bakata Katanga réclament l’indépendance du Katanga et sa scission de la RDC.

Certaines sources leur attribuent notamment les attaques du février 2011 et d’août 2012 contre l’aéroport de Lubumbashi.

Compte tenu du fait que les Katangais sont présents dans le gouvernement central, il est assez probable que toutes ces convulsions soient la face visible d’une lutte pour le partage du pouvoir. Mais, quand quelque chose se passe au Katanga, la peur se répand toujours très vite, de voir repousser la tête d’une hydre : le fameux « Sécessionnisme katangais ».

9 Les noms des cinq signataires sont Luba du Katanga, mais c’est à peu près comme si un communiqué écrit en France était signé « Dupont, Durand et Martin ». NdlR.

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Quelques notions indispensables pour comprendre le « Sécessionisme katangais ».

Par Guy De Boeck

Un « Grand Serpent de Mer » reparaît lors de maints épisodes de l’histoire congolaise : le Sécessionisme Katangais.

Ce monstre est un peu comme le Démon dans la religion traditionnelle : il sert à expliquer tout ce qui va mal, du moment que cela se passe au Katanga. Or, comme nous allons le voir, on met sous cette étiquette commode tout ce qui résulte de trois tensions différentes, agissant parfois seules, parfois combinées, qui toutes trois sont particulières à cette province et s’expliquent par sa géographie, ses populations et ses importantes ressources minières. Il est donc nécessaire de faire ici une brève présentation de la province du Katanga.

La province du Katanga est située au sud-est de la République Démocratique du Congo. Elle est bornée au nord par quatre provinces : le Kasaï-occidental, le Kasaï-oriental, le Maniema et le Sud-Kivu ; à l’Ouest par la République d’Angola ; au sud par la Zambie et l’Est par la Tanzanie.

La province s’étend sur une superficie de près de 496.887 km² représentant plus de 20% du territoire national. Une estimation de l’année 1992 recense 5.000.000 d’habitants . Elle compte trois villes (Lubumbashi, chef-lieu de la province, Likasi et Kolwezi) et cinq districts (Haut Katanga, Lualaba, Tanganyika, Haut-Lomami et le district urbano-rural de Kolwezi).

Les trois tensions du Katanga.

On sait que l’on a parlé, à propos du Katanga, de « scandale géologique », à cause de la richesse des mines de cette province. Ces richesse ne sont pas étrangères, non plus, aux trois tensions auxquelles je faisais allusion, et que l’on retrouve derrière toutes les particularités katangaises. On peut les résumer comme ceci :

1. Le Katanga, par ses mines, produit à lui seul la plus grande partie du revenu congolais à l’exportation. D’où parfois des impatiences et des revendications de « juste retour ».

Pourquoi devons-nous attendre pour qu’on bâtisse une route ? Un pont ? Pendant ce temps-là, on en construit à l’autre bout du pays, avec notre argent ! » Il en résulte des tensions entre la province et la capitale. Elles sont anciennes : avant 1960, on parlait déjà de la grogne « d’E’ville contre Léo »... Ces revendications, qui concernent les infrastructures et les impôts, émanent surtout de ceux qui utilisent les infrastructures et payent les impôts : les milieux d’affaires. Dans l’épisode Tshombe (sécession de 60- 63), elles expliquent l’attitude de beaucoup de colons blancs10.

2. Les fameuses mines (que l’on a parfois appelé « le Katanga utile ») se trouvent uniquement dans une partie du quart Sud Ouest de la province, souvent collées contre les frontières angolaise et zambienne. Si l’on se réfère aux territoires ethniques traditionnels, elles se trouvent chez des peuples partitionnés comme les Lunda (Congo, Angola) ou les Cokwe (Congo, Angola, Zambie). Le reste de la province est agricole.

Or, parmi les Nord-Katangais11 dépourvus de mines, il y a les Luba, l’un des groupes

10 Une autre explication est la haine de Lumumba. Celle-ci, et le fait que la sécession lui coupait les vivres. Ce peut être une clé de l’attitude très favorable à Tshombe du gouvernement de Bruxelles. Je crois cependant que ce facteur n’a été déterminant que pour la Belgique officielle. Les Belges locaux, eux, ont réellement cru, pour une bonne part, à la sécession.

11 Dans le langage politique katangais, on entend généralement par «Nord-Katanga » l’ancienne province du Nord-Katanga créée le 11 juillet 1962 qui comprenait les territoires de Kalemie, Bukama, Kamina, Kaniama,

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humains les plus importants du Congo tout entier. Il en résulte de part et d’autres des complexes et des craintes. Les « nordistes » se sentent à la fois nombreux, donc forts, mais défavorisés et méprisés comme « paysans ». Les « sudistes », de leur côté, se sentent assis sur le coffre-fort, mais ils ont d’autant plus peur de la prépondérance numérique du Nord que, si l’on raisonne en termes tribaux, ils se sentent privés d’une partie de leurs « frères » par les frontières. D’où, de part et d’autre, un mélange « sui generis » de sentiments à la fois de supériorité et d’infériorité.

3. Pour ne rien arranger, les richesses minières katangaises se situaient, au départ, dans des régions de faible population. Et, là comme partout, l’industrie a apporté avec elle la nécessaire concentration de la population laborieuse où elle trouve sa main d’œuvre.

Il y eut immigration et, comme partout, par vagues. Le « nordistes » n’ont pas suffi aux besoins et certains sont venus de fort loin : d’autres provinces du Congo et même d’autres pays. Le mot « katangais » est donc un mot « à géométrie variable ». La population est composée des «originaires », des «non originaires » et des «expatriés ».

Cette définition est retenue selon que chaque habitant se sent appartenir à un groupe avec lequel il partage son histoire, son patrimoine culturel, ses mythes, etc. Les

«originaires » se définissent par rapport à leur «identité tribale» et les «non-originaires

» se définissent par rapport à leur «identité provinciale ».

Qui sont les «originaires » ou «katangais authentiques » ?

Ils sont, ou se disent, les ressortissants des tribus basées sur le territoire de la province depuis plus longtemps que les « non originaires » qui sont des récentes migrations, et se regroupent au sein de la Fondation Katangaise, une plate forme des ressortissants du Katanga pour la défense des intérêts culturels et économiques, où se discutent à huis clos des réels problèmes politiques que les partis politiques n’abordent pas. Cette plateforme compte treize12 organisations, et je crois qu’il est intéressant de les énumérer. On trouvera au tableau ci-après leur nom, suivi de la dénomination du groupe ethnique concerné, puis des territoires ou zones où leur influence est prépondérante.

Associations socioculturelles membres de la Fondation Katangaise.

1 ASBAKUL

Association des Bakusu de Lubunda Bakusu Kongolo 2 ASHILAC

Association des Bashila du Lac Moëro Bashila Mpweto 3 ASSOBAKAT

Association des Songye du Katanga Songye Kabalo, Kongolo 4 ASSONDEF

Association Ndembu-Freres Dembo (G5) Mutshatsha, Kolwezi, Dilolo 5 BALUBAKAT

Association des Baluba du Katanga Luba Kalemie, Bukama, Kamina, Kaniama, Malemba- Nkulu, Kabongo, Manono, Kabalo, Kongolo, Nyunzu, Mitwaba, Lubudi

6 CEPROMA

Cercle pour la promotion du Marungu Benye Marungu Moba, Nyunzu

Malemba-Nkulu, Kabongo, Manono, Kabalo, Kongolo et Nyunzu . Et le terme «Sud-Katanga » est compris comme l’ensemble des villes de Lubumbashi et Likasi, et les territoires constitutifs des trois districts restants qui sont : Kolwezi, Kambove, Kasenga, Kipushi, Mitwaba, Pweto, Sakania, Mutshatsha, Lubudi, Dilolo, Sandoa et Kapanga.

12 C’est peu. Au regard du nombre de tribus de la province et l’intérêt du sujet traité, seuls les grands ensembles devenus des véritables acteurs politiques sont pris en considérations.

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6 LWENA

Association des Lwena Lwena et Luvale (G5) Dilolo 7 DIVAR

Association des Ruund Rund (G5) Kapanga, Kolwezi 8 KULIVWA

Association des Tshokwe Tshokwe (G5) Sandoa, Dilolo, Kolwezi, 9 LUHENDE

Association des Bakalanga et Baholoholo Bakalanga et Baholoholo Kongolo, Nyunzu, Kalemie

10 LWANZO LWA MIKUBA

Association des Sanga Sanga Kambove, Kolwezi, Lubudi, Mitwaba 11 MINUNGU

Association des Minungu Minungu (G5) Dilolo, Kapanga, Sandoa, Mutshatsha 12 SEMPYA

Association des Bemba, Lamba et Lala Bemba, Lala et Lamba Kasenga, Kipushi, Pweto, Sakania

13 TWIBUNGE

Association des Hemba Hemba Kongolo et Nyunzu On notera que :

1. Les Balubas occupent 10 territoires sur 20 que compte la province. La répartition démographique ferait de la Balubakat une force politique prépondérante, mais souvent en difficulté avec les autres tribus qui ont l’avantage d’occuper les territoires qui recouvrent les zones minières de la province.

2. Les Sempya occupent 4 territoires ; 3. Les G5 vivent mélangés sur 5 territoires ;

4. MARUNGU renvoie à deux groupes ethniques : Tabwa et Bemba, dont les villages sont juxtaposés dans ce massif. Ils ont souvent tenté de jouer la neutralité ou l’isolationnisme.

5. Les autres tribus sont éparpillées sur plusieurs territoires à la fois, côte à côte avec d’autres tribus.

6. Incorporation et intégration sociale ont créé des identités, notamment celle de

"Congolais", diverses identités de classe, diverses identités religieuses, et une série d'identités ethniques. Ces identités ne sont pas de même étendue et se rapportent à des domaines différents: elles seront donc "à tiroirs": dans des contextes différents, une même personne pouvait s'identifier en tant que l'une quelconque de ces innombrables identités. L'ethnie à eu ses "bâtisseurs", parmi lesquels des étrangers, surtout missionnaires, ont joué un grand rôle. Ces intervenants Blancs vont les répertorier dans un vaste éventail d'activités, allant des mouvements religieux aux mobilisations politiques en vue d'une guerre.

Plusieurs identités ethniques (ou tribales ou sous-ethniques) ont reçu une empreinte idéologique. Certaines s'appliquent, par exemple, à l'ensemble des gens ayant la même langue maternelle D'autres identités sont plus larges ou plus restreinte. C'est typique du Congo, où les dénominations, ethniques et autres, ont tendance à être multiples et conjoncturelles; l'ennemi dans un tel contexte est un frère dans tel autre.

Catégories et appellations ethniques sont ainsi des instruments, voire des armes, dont on peut se servir pour susciter un conflit ou pour en favoriser l'apaisement.

L'ingénierie ethnique est donc aussi, par certains aspects, fabrication d'armes...

Tensions entre Katangais « d’origine ».

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L'ethnie luba est l'une des plus importantes de la RDC, à peu près à égalité avec les Bakongo.(18/20%). Leur présence au Congo est extrêmement ancienne. On a découvert des restes humains remontant au VIII° siècle de notre ère, qui ne se distinguent en rien des Luba actuels. Des sépultures nombreuses attestent leur présence massive autour des lacs du Haut- Lualaba au IX° siècle. On peut considérer cette région comme le « berceau » des Luba. La région offrait de multiples possibilités : les lacs du haut fleuve sont poissonneux, on peut s’y adonner à la métallurgie du cuivre et du fer et commercer, à travers la savane, tant vers l’Est que vers l’Ouest. On appelle d’ailleurs aussi les Luba Katanga les « Luba du Fleuve » en français et, en swahili, les « Luba ya Maji », c’est à dire les Luba « de l’eau », par référence à ces lacs du haut-Lualaba.

Au XIII° siècle, il existait déjà une structure sociale qui devait perdurer, car les fouilles de Katoto ont mis à jour des dépouilles revêtues d’ornements honorifiques semblables à ceux que les chefs Luba portent encore aujourd’hui.

Ce peuple s’est alors répandu sur une aire très vaste, dans la partie Nord du Katanga et dans le Sud du Kasaï. Cette expansion a eu deux résultats :

· Les Luba se sont trouvés si bien séparés les uns des autres, qu’ils parlent maintenant deux langues distinctes, le tshiluba au Kasaï (qui est d’ailleurs la langue véhiculaire de cette province et l’une des quatre langues « nationales » du Congo) et le kiluba au Katanga.

· Leur évolution politique s’est différenciée. Les peuplements kasaïens n’ont pas développé d’autorité centralisée, cependant que les Luba du Katanga vont créer des états de grande étendue, sont l’un portera même le nom d’Empire.

L’un et l’autre fait militent en faveur d’une date assez ancienne pour leur expansion, car tant l’évolution des langues, que celle des institutions, requièrent du temps.

Comment ces déplacement de populations, il y a parfois mille ans, se sont-ils passés, et de quelle manière les Luba ont-ils côtoyé, ou conquis, ou assimilé les populations qu’ils ont trouvées sur les lieux de leur expansion ? C’est difficile à dire. On sait que l'un des grands problèmes de l'histoire africaine est de parvenir à reconstituer et à expliquer les migrations des peuples. La relation entre celles-ci et les espaces étatiques ne saurait, elle non plus, être envisagée de manière univoque, même si cela s'oppose au caractère linéaire qu'avaient beaucoup des constructions phylogénétiques des ethnologues d’antan et qui les amenait d'ailleurs, curieusement, à considérer comme "faux", ou du moins ne relevant que d'une

"vérité" mythique ou symbolique, les récits mêmes sur lesquels ils se basaient. Dans ces récits, souvent, des groupes polysegmentaires revendiquaient bel et bien une origine située dans un ensemble étatique centralisé, dont leurs ancêtres auraient fui pour, précisément , créer un nouveau groupe polysegmentaire.

Or, dans une vision linéaire allant du simple au multiple, le polysegmentaire est un élément simple et préalable, une sorte de brique ou d'élément de construction qui (peut-être?...

un jour?...) pourrait s'intégrer dans une construction étatique. Les sociétés lignagères devaient donc fatalement devancer les sociétés étatiques et la coupure radicale qu'ils imaginent entre lignage et Etat représente une sorte de "saut qualitatif"13. Il apparaît plutôt qu'il y a un mouvement perpétuel de systole et diastole, ou plutôt en trois temps : composition / décomposition / recomposition.

En ce sens, il serait possible de procéder à une première distinction assez grossière qui consiste à opposer les "sociétés englobantes" aux" sociétés englobées". Les premières,

13 Dans le même ordre d'idée, il n'y a plus lieu dès lors de considérer qu'il y a une différence culturelle entre les modes de vie "les plus primitifs" (Pygmées, Hottentots) et les autres. Ils ont été refoulés en forêt ou dans le désert, et le caractère rudimentaire de leur mode de vie tient, non à une incapacité culturelle, mais à ce mode de vie de "réfugiés".

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c'est à dire les Etats, les empires, les royaumes et les chefferies sont du côté de la détermination: ce sont elles qui possèdent la capacité maximale de délimitation de l'espace.

Ces Etats exercent une forte pression sur les sociétés d'agriculteurs et favorisent les divisions dans leur sein, accentuant ainsi leur caractère "segmentaire". Ils font de ces sociétés de simples appendices et les feront apparaître plus tard, sous la colonisation, comme de faux archaïsmes, des sociétés interstitielles ou enclavées qui dans bien des cas se sont réfugiées dans des massifs montagneux14 De même le village, institution socio-spatiale intemporelle, n'est en fait que le résultat d'une création datable, liée à une pression "englobante" qui pousse au regroupement des localisations lignagères dispersées.

Les rapports englobant / englobé peuvent être de plusieurs types:

- relations tributaires : il y a alors payement d'un tribut : or, cauris, etc...

- relations prédatrices : l'englobé subit des razzias.

-relations médiatisées : elles sont plus complexes car ça se joue à trois (au moins): un Grand Prédateur razzie un petit prédateur qui à son tour rançonne des segmentaires.

Ces relations, plus tard, engendrèrent d'importants mouvements de population servile vers les Etats à économie esclavagiste de la côte, et de là vers la traite.

Il y a sans doute eu un peu de tout cela dans les relations entre les Luba et les gens qui devinrent leurs tributaires et finirent par s’assimiler à eux. Il n’en est de meilleure preuve que ce fait, rapporté par les Luba eux-mêmes, qu’ils ont eu des chefs, y compris des rois, d’origine hemba ou lunda. En dehors du passage du temps, un autre facteur brouille quelque peu les cartes, c’est que la civilisation matérielle des Luba a été abondamment copiée, y compris par des « ennemis héréditaires irréductibles » comme les Tabwa. A se fier avant tout à la civilisation matérielle, Verhulpen, qui a consacré un ouvrage aux « Baluba et balubaïsés », à force de faire entrer dans cette seconde catégorie tout groupe sur le territoire duquel on pouvait trouver un clou qui avait l’apparence d’être forgé suivant une technique luba, finirait par faire de cette ethnie la plus grande nation impérialiste de l’Afrique !

Chez les Luba du Katanga, donc, ce que nous savons de science certaine, c’est qu’on y trouvait au XVI ° siècle quatre ensemble étatiques organisés :

1. Le royaume de Kikonja, avec des rois d’origine hemba ;

2. Le royaume des Kaniok ou Bena Kanioka, avec des rois autochtones ou d’origine lunda.

3. Le royaume de Kalundwe

4. L’état qui est rentré dans l’histoire comme l’Empire Luba.

(Notons en passant que les petits royaumes n’ont malheureusement pas fait l’objet d’études suffisantes)

L’Empire fut l’œuvre de deux hommes : un Fondateur, Kongolo Mwamba, et un Réformateur, Kalala Ilunga, venu moins d’un siècle après lui. Kalala Ilunga, à ce que disent les traditions, venait du pays hemba. L’Empire s’unifia et s’étendit par des guerres, au détriment des Luba Kasaï, des Songye et des populations comprises entre le Lualaba et le Tanganyika. Ils n’atteignirent cependant pas la Lac, faute de vaincre de manière décisive les Hemba et les Tabwa.

Vers 1660, cette expansion se heurte à un nouvel obstacle : la fondation de l’Empire Lunda par Mwaant Yav Nawej. Les Lunda copièrent beaucoup d’institutions luba, et les Luba leur rendirent la pareille. L’un, puis l’autre des deux empires avait alternativement le dessus, mais ce n’était jamais que momentané. Il arrive que l’on parle de l’empire luba-lunda tant il est parfois difficile de savoir qui est qui et quel est la part de chacun dans le tissu institutionnel.

14 AMSELLE, Jean-Loup & ELIKIA M'BOKOLO, ed. "Au coeur de l'ethnie. Ethnies, tribalisme et état en Afrique" Paris, La Découverte, coll. Textes à l'appui, 1985., page 29.

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L’Empire (tout comme d’ailleurs son concurrent Lunda) était suffisamment loin de la côte et suffisamment puissant pour garder son autonomie tant envers les « pombeiros » angolais qu’envers les Ngwana. Mais il s’intégra dans l’économie de traite avec les conséquences habituelles sur sa vie interne : despotisme, militarisation, substitution du pillage à la production, dépendance envers la traite.

Vers 1860, Kasongo Kalombo(*) accède au pouvoir après une guerre successorale féroce : il a battu trois de ses frères et un de ses oncles, assassiné un quatrième frère. Le cinquième, Dai Mande, s’est réfugié à Kikonja. Kasongo Kalombo réussit à restaurer le pouvoir affaibli par la guerre civile, mais c’est à force de sévérité et de cruauté. A sa mort, éclata une nouvelle guerre de succession entre Kasongo Nyembo et Kabongo Kumwimba Shimbu. L’Empire s’y affaiblit tant qu’il se trouva incapable de résister aux émissaires de Msiri, souverain de l’état prédateur Yeke du Garenganze, et accepta d’en devenir tributaire.

C’est alors qu’arrivèrent les représentants de l’EIC de Léopold II...

Même s’ils ont été de farouches opposants à la sécession tshombiste, on peut difficilement disputer aux Luba, qui sont là depuis un bon millier d’années, le titre de « vrais katangais ». Il a existé , entre eux et les Lunda, une sorte de « jeu de la bascule » qui fait que la prépondérance soit des uns, soit des autres, n’est pas claire. Mais, du point de vue Lunda, ce jeu est désormais faussé, parce que le tracé des frontières coloniales a mis tous les Luba au Congo, alors que certains Lunda sont désormais angolais. Les Yeke, même si l’aventure de Msiri fut courte, se souviennent avec nostalgie d’avoir été les maîtres15. Les autres groupes peuvent tout au plus faire l’appoint ou voler au secours de la victoire.

Les «Non originaires ».

C. Kabuya Lumuna Sando, attribue la présence des «non originaires » au Katanga à l’installation de l’industrie minière dans la province par le colonisateur belge, en 1906, bien que d’autres historiens la situent un peu plus loin dans le passé. Il est difficile de trancher ce point, dans la mesure où l’installation de l’EIC dans la région, à la fin du XIX° siècle, se fit en des temps troublés où se produisaient des mouvements de populations confus aux causes diverses. D’autre part, la métallurgie du cuivre était pratiquée par les Africains longtemps avant l’arrivée des Blancs. Nous savons que le fil de cuivre servait de monnaie d’échange jusque chez les Tetela du Kasai, à l’orée de la forêt équatoriale. Et Livingstone, qui ne fit qu’effleurer le territoire aujourd’hui congolais, fut soigné d’une mycose aux pieds au moyen de « jiwe Katanga », la « pierre du Katanga », c'est-à-dire la malachite. Toute cette extraction et transformation n’allait certainement pas sans un peu de monde sur place !

Quoi qu’il en soit, les villes de Kolwezi, Kambove, Likasi, Lubumbashi, Kipushi, Shinkolobwe, etc. attirèrent intensément la main d’œuvre et furent peuplés d’immigrés venant des différents coins du Congo d’alors, particulièrement des Kasaiens et des gens du Kivu16 employés dans les mines. Dans la province du Katanga en général, et en milieu rural en particulier, « non-originaire » équivaut à « Kasaïens », au regard de leur grand nombre

Plus tard, sous le régime Mobutu, la population non originaire en provenance des provinces de l’Equateur, Bandundu, Bas-Congo et la Province-Orientale s’est accrue à cause de l’administration publique, l’armée, la police, et autres services de l’Etat. Le dictateur, en

15 Il est incontestable que le plus férocement particulariste des leaders katangais, l’homme qui était prêt à faire tout sauter plutôt que d’abandonner, n’était pas Tshombe mais Godefroid Munongo, Yeke et descendant de Msiri. Resterait à déterminer dans quelle mesure cette attitude lui était personnelle, et dans quelle mesure elle correspondait au point de vue de tout son groupe ethnique.

16 Au sens ancien de ce mot. On dirait aujourd’hui : Nord Kivu ; Sud Kivu et Maniema

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effet, recrutait ses hommes de confiance dans sa province d’origine, et nommait de préférence des cadres ailleurs que dans leur province d’origine.

A ce jour, un grand nombre des ressortissants des deux Kivu et du Maniema sont contraints de s’installer dans les provinces voisines dont le Katanga à cause de la guerre.

Ajoutons que l’insécurité dans le Nord Katanga les pousse plutôt, pour autant bien sûr qu’ils aient le choix, à s’installer loin à l’intérieur de la province.

Une autre raison, valable pour toutes les provinces de la RDC, est ce qu’on pourrait appeler les « migrations académiques ». Elles résultent de l’implantation des grands établissements d’enseignement supérieur qui accueillent sur leurs campus des jeunes universitaires qui après leurs études s’installent sur place.

Les difficultés d’expression politique des «non-originaires » font que ceux-ci se sont également réunis en association socioculturelles, qui font figure d’interlocutrices (voire d’ennemies) de la Fondation Katangaise. Si l’on en dresse un tableau analogue à celui de la FK, on obtient ce qui suit.

Associations socioculturelles des «non-originaires » du Katanga 1 COKA

Communauté Kasaienne Kasaï-Occidental et Kasaï-Oriental 2 COREBAC

Communauté des ressortissants du Bas-Congo Bas-Congo 3 COREBAND

Communauté des ressortissants du Bandundu Bandundu 4 KIVU Holding Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema 5 MONANO Equateur

6 OKAPI Province-Orientale

C. Kabuya, parlant des forces politiques des années 60 dans les villes du Katanga dit que les Balubakat représentaient 28%, les autres Katangais 28% et les Kasaïens et alliés 38% . A cette période, les ressortissants d’autres provinces n’avaient pas une influence politique qui valût d’être notée. La Balubakat, de manière générale représentait sociologiquement, une population estimée à près de 60% de la population totale du Katanga. Rapport paradoxal qui est due au fait que la tribu majoritaire du Katanga ne couvre pas la région minière et urbaine, et demeure essentiellement dans une région à vocation agricole. Sur cette considération se fonde l’association socio-culturelle des Baluba du Katanga qui s’appelle depuis l’avènement de l’AFDL «Buluba Ibukata ».

Pour faire face à cette démographie disproportionnée, base du déséquilibre politique, différents acteurs politiques, à commencer par le colonisateur belge, se sont toujours associés les «non originaires » et les Kasaïens plus particulièrement, afin de s’assurer un avantage à l’issue de la partie. Ce qui met de manière régulière les Kasaïens, en tant que groupe de

« non-originaires » le plus saillant et les plus visible, au centre du débat et des conflits politiques au Katanga.

Les conflits au Katanga

Le premier conflit est le plus spectaculaire, et c’est celui dont on agite le spectre à chaque fois que le « Serpent de Mer » fait surface. Il s’agit bien sûr de la sécession de Tshombe. Celui-ci passe souvent pour le type le plus achevé de la « marionnette des Blancs » ou du « fantoche néo-colonial ». Il est d’ailleurs hors de doute que sa tentative de sécession

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n’a eu un brin de durée et d’importance internationale, qu’elle n’a reçu l’appui des Belges (appui allant jusqu’à la modification, en dernière minute, de la loi provinciale pour rendre un gouvernement « unicolore » Conakat possible), qu’en tant que machine de guerre économique dirigée contre le gouvernement Lumumba. La gestion de la province du Katanga a un très grand impact sur la scène politique nationale. On ne peut pas régner sur le Congo sans s’assurer d’un bon contrôle sur le Katanga. Cette phrase qui lie l’histoire politique à l’importance économique de la province, explique le comportement des leaders politiques congolais en général et ceux de la province du Katanga en particulier et ce, depuis l’indépendance de la RDC à nos jours.

A côté des considérations anti-lumumbistes et de proclamations anticommunistes à usage externe, Tshombe a réussi à faire converger vers le soutien à son pouvoir les trois tensions. Les colons blancs17, puis les politiciens congolais de la province ont toujours réclamé plus de droits dans la répartition du revenu national brut et plus de représentativité pour le Katanga dans les institutions nationales. D’après Tshombe, «puisque le Katanga, économiquement, financièrement et politiquement est réellement l’élément vital de cet ensemble appelé aujourd’hui Congo Belge et qui sera demain […] la fédération du Congo, c’est le Katanga qui doit être le nœud de toute la discussion. Ou l’on comptera avec lui, ou on le forcera à aller son propre chemin, seul s’il le faut […] ». C’est ce sentiment qui a alimenté l’esprit sécessionniste et lui a valu le soutien du colonat blanc.

Ce thème du « Katanga vache à lait du Congo » est loin d’âtre mort. L’Archevêque de Lubumbashi, Floribert Songa Songa, dans son message du 13 juin 2004, intitulé «Vous voilà prévenus » stigmatisait le mobile de la conquête du pouvoir de certains nationaux à des fins personnelles : «L’absence d’institutions politiques fiables favorise l’abus du pouvoir de la part de quelques nationaux et l’accaparement éhonté des richesses du pays par certains étrangers profiteurs. Pour nous en convaincre nous n’avons qu’à voir ce qui se passe dans notre province du Katanga. Pourquoi l’affût d’expatriés en cette période précise de notre pays ? Les richesses minières qui auraient dû être exploitées de manière transparente pour l’intérêt de tous, les sont anarchiquement au profit de quelques expatriés et de ceux qui travaillent à leur solde ».

Ce point de vue était celui de la CONAKAT, alors que la BALUBAKAT faisait partie du cartel Lumumba et était donc unitariste. Les étiquettes veulent donc dire tout le contraire de leur signification apparente. La CONAKAT, qui se dit « nationale » est une confédération tribaliste, alors que la BALUBAKAT, malgré son nom qui sonne « tribal » est nationaliste et unitariste. En fait, on se trouvait dans la situation de l’Empire dont on ne savait plus s’il était Luba ou Lunda : la BALUBAKAT était en mesure de bloquer Tshombe. Il fallut un bricolage de dernière minute de la loi provinciale, obtenue du Parlement belge, pour rendre possible la proclamation de l’indépendance du Katanga par Moïse Tshombe, leader de la CONAKA, le 11 juillet 1960, avec le soutien du gouvernement et des sociétés minières belges, la gendarmerie katangaise et le Conseil des ministres provinciaux. Ici, joue la deuxième tension : le Sud contre le Nord, « Katanga utile » contre le « Katanga agricole ».

La Jeunesse des Baluba du Katanga, JEBAKAT, a été créée au Nord Katanga pour constituer la branche armée du mouvement politique Balubakat , en réaction à la sécession du Katanga proclaée par la Conakat . La Balubakat et leur allié Cokwe avait décidé la division de la province du Katanga en deux : le Katanga Nord-Est par opposition au Katanga-Sud. Cette province était composée des Baluba, Tshokwe, Babembe, Bahemba, Basonge, Bazela, Balubasania, Baholoholo, Balomotwa se répartissant en quinze territoires dans trois districts.

17 Une autre particularité importante du Katanaga d 1960 était l’importance du colonat blanc dans cette province.

Important en 60, ce facteur perdit de son importance par la suite.

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Devant la résistance et la détermination de la Conakat de Moïse Tshombe à faire sécession en s’appuyant sur les gendarmes katangais et les belges, la Balubakat , à son tour, proclame l’indépendance de la « République Populaire du Lualaba » dont elle implante le gouvernement à Manono qui n’a pas résisté à l’avancée des hommes de Tshombe. A la fin du mois de mars 1961, Manono tomba aux mains des gendarmes katangais et l’Etat du Nord- Katanga disparut.

Enfin, Moïse Tshombe usa de la troisième tension « originaires contre immigrés » pour faire de ceux-ci, à l’époque presque uniquement des Kasaïens, les boucs émissaires sur qui les mécontents pouvaient soulager leurs nerfs. Malgré tous les moyens financiers et militaires, et soutien politique des puissances étrangères, Tshombe n’a pu régner sur l’Etat indépendant du Katanga que du 11 juillet 1960 au 14 janvier 1963, avant de renoncer à la CONAKAT pour créer la CONACO et devenir Premier ministre de la République du Congo de juillet 1964 à octobre 1965.

Les « guerres du Shaba ».

On entend parfois dire que la sécession a été matée dans les années 60, mais que le ressentiment est resté pour aboutir à ce qu’on a appelé dans la décennie 70 les deux guerres du Shaba (1977 et 1978). Les gendarmes Katangais, qui avaient constitué la force publique de l’Etat indépendant du Katanga lors de la première tentative de sécession, sont rentrés de leur exil en Angola, pour tenter une incursion de la reconquête de la province du Katanga. De toutes les réapparitions du Serpent de Mer, cette interprétation des attaques du du FLNC par le par le particularisme katangais illustre magnifiquement la manière dont on semble parfois hypnotisé par le seul nom de « Katanga ».

Certes, chez Alexandre Dumas, d’Artagnan est encore vigoureux et souple « Vingt Ans après... ». Toutefois, les gendarmes katangais ne se recrutant pas chez les surhommes, on devrait parler tout au plus des « fils de gendarmes katangais ». Ils ne s’étaient pas seulement réfugiés en Angola. Ils y avaient combattu et avaient été influencés par la Révolution portugaise, dite « Révolution des Œillets ». Leur intention déclarée était d’en finir avec Mobutu, et ils auraient pu y parvenir, aux dires des observateurs, si à l’époque le dictateur n’avait pas bénéficié encore d’un large soutien international. Il n’a jamais été fait sérieusement mention, de leur part, d’un quelconque projet sécessionniste ou limité au seul Katanga. Simplement, venant d’Angola, le « Katanga utile » est à portée de la main, ils y étaient en pays de connaissance et, pour qui veut faire la guerre au Congo, le priver d’emblée de sa province la plus riche est un choix logique.

Depuis lors, Jean Nguza Karl-I-Bond a été reconnu comme l’un des penseurs politiques de ce projet que le Général Nathanael Mbumba, commandant militaire du FNLC, avait mis en exécution. Il était l’un des membres de l’appareil mobutiste les plus compétents en matière d’économie, et l’intérêt de « frapper droit au coffre-fort » ne lui a certainement pas échappé. Quelques mois plus tard après son échec, Nguz Karl-I-Bond rejoindra le camp de Mobutu au pouvoir pour devenir Ministre des affaires étrangères. Le Général Nathanael Mbumba, quant à lui, attendu la tenue de la Conférence Nationale Souveraine des années 90 pour revenir au pays.

Le Katanga à la renaissance des partis politiques.

Après les « guerres du Shaba », Mobutu dut lâcher du lest cependant que son régime se déglinguait chaque jour davantage. « Diviser pour régner » en jouant des sentiments ethniques et régionaux était l’une des ficelles qu’il tirait avec le plus de succès. On se doute

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que, au Katanga, cette tactique trouva un terrain fertile et donna des fruits somptueux ! Le Katanga apporta ainsi une contribution de choix à la plus énorme pantalonnade du régime moribond, celle qui valut à Mobutu quelque sept années de survie politique : la Conférence Nationale Souveraine.

Profitant du sentiment de tension ethnique permanente, des politiciens ont créé des partis «nationaliste katangais » au début des années 90. Le premier parti à naître au Shaba, autour de Kyungu Wa Kumwanza18, Mulongo Freddy, le docteur Muteta, etc. s’est appelé FENADEC (Fédération Nationale des Démocrates Chrétiens). Dirigée par Muteta, la FENADEC catalysa les sentiments katangais les plus durs en regroupant les Katangais nostalgiques des mouvances sécessionnistes. Ce parti fusionna rapidement fusionné avec le Parti des Républicains Indépendants (PRI) de Jean Nguza Karl-I-Bond devenant l’Union des Fédéralistes et des Républicains Indépendants (UFERI), dirigé par lui-même Jean Nguza Karl-I-Bond qui plus tard va adhérer à l’Union Sacré de l’Opposition politique. L’UFERI alliée à l’opposition dite « radicale » mit le régime de Mobutu en difficulté, agitant cette fois effectivement le spectre d’une sécession du Katanga.

On peut se demander si Nguza Karl-I-Bond ne s’est pas inspiré de la « ligne Tshombe » : se faire un tremplin du particularisme katangais pour « rebondir » vers des responsabilités nationales. En effet, dans le contexte mouvementé de la vie politique et du vent de «démocratisation » qui souffle alors sur le pays, Nguz Karl-I-Bond est de nouveau nommé premier ministre par Mobutu en novembre 1991 et devient même le chef de file de la famille politique mobutiste, «les forces politiques du conclave ». Plus tard, son collègue Gabriel Kyungu Wa Kumwanza est nommé Gouverneur de la province du Katanga. Où allait vraiment Karl-I-Bond ? Nul ne sait, puisque la mort a interrompu sa carrière...

Conflit des «originaires » contre les «non-originaires »

L’UFERI crée et met en place son réseau de milices armées en recrutant surtout des jeunes désœuvrés. Disposant du contrôle direct sur la milice de la Jeunesse de l’UFERI (JUFERI) ; Kyungu Wa Kumwanza va mettre à exécution un programme de contrôle de la province, afin de permettre à Mobutu d’avoir une grande marge de manœuvre sur le Katanga.

C’est ainsi qu’intervient l’organisation de l’épuration ethnique des «non originaires», principalement des personnes d’origine Kasaienne, portant atteintes à la vie de plus de 5.000 personnes et le déplacement forcé d’au moins 1.350.000 personnes entre 1992 et 1994 , dont 75.000 restreintes de leurs mouvements et contraintes à vivre dans un camp aux conditions tellement précaires qu’il a été considéré comme un «camp de concentration » à la gare de Likasi en 1993.

Cet encouragement de Mobutu aux manifestations les plus violentes des animosités tribales trouve son origine dans le fait que l’opposition politique dirigée par Etienne Tshisekedi tendait à évincer le régime dictatorial de Mobutu. Tshisekedi étant Luba KAsai, la présence de beucoup de ses congénères près du « coffre-fort » katangais pouvait paraître une menace pour Mobutu. Alors, ce dernier soutint l’épuration ethnique au Katanga qui y affaiblit considérablement la communauté kasaïenne dans les années 90.

Cette épuration ethnique, préparée avec l’assentiment du régime Mobutu dans l’intention de détruire tous ou en grande partie les ressortissants d’ethnies kasaiennes et menée la participation directe des autorités provinciales, a finalement coûté son poste au Gouverneur Kyungu quand les évènements sont devenus trop publics pour le gouvernement de Mobutu qui était dans une position de plus en plus faible avec le retrait du soutien de la

18 Qui est l’un des 13 parlementaires du « complot de la Saint Sylvestre ».

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