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Année 2012, numéro Année 2012, numéro Année 2012, numéro Année 2012, numéro 19191919 SOMMAIRE SOMMAIRE SOMMAIRE SOMMAIRE

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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le dimanche 25 novembre 2012

Année 2012, numéro Année 2012, numéro Année 2012, numéro Année 2012, numéro 19 19 19 19

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RDCRDC RDCRDC De Kampala à Bruxelles

De Kampala à Bruxelles De Kampala à Bruxelles

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De Kampala à Bruxelles : négociations, manifestations …

Le chef politique des rebelles congolais du M23 a déclaré samedi avoir rencontré à Kampala le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, en assurant que des "négociations directes" étaient "prévues", une information en partie confirmée de source gouvernementale.

"Des négociations directes sont prévues entre nous (le M23) et Kabila", a déclaré le président du mouvement rebelle, Jean-Marie Runiga, joint par téléphone dans la capitale ougandaise. "Demain (dimanche), nous allons discuter de tout ça. On va parler des modalités de ces négociations et des points" qui seront à l'ordre du jour, a-t-il affirmé.

"Effectivement, ils se sont rencontrés", a déclaré à l'AFP le ministre congolais des Affaires étrangères Raymond Tshibanda, indiquant toutefois qu'un tête-à-tête entre le chef de l'Etat congolais et celui du M23 ne semblait pas envisagé.

M. Runiga a évoqué une entrevue "dans une ambiance tendue" au départ mais qui s'était "très bien passée", la médiation étant assurée par le président ougandais Yoweri Museveni.

Joseph Kabila participait, dans la capitale ougandaise, à un sommet extraordinaire avec son hôte et ses homologues Mwai Kibaki (Kenya) et Jakaya Kikwete (Tanzanie).

Dans leur déclaration finale, les quatre dirigeants ont demandé aux rebelles d'arrêter la guerre dans l'est de la RDC et de se retirer de la ville de Goma (est) qu'ils avaient prise mardi, mais ont aussi enjoint à Kinshasa de prendre en compte leurs revendications.

A la question de savoir s'il était satisfait de la réunion, M. Kabila a simplement répondu qu'il serait satisfait "quand la paix reviendrait" dans l'est de son pays. Son homologue rwandais, Paul Kagame, n'avait pas fait le déplacement. Des responsables

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ougandais avaient pourtant assuré que le sommet serait "dénué de sens" si MM. Kagame et Kabila n'étaient pas tous les deux présents1.

La presse internationale, la semaine dernière, a largement diffusé la nouvelle, photos et vidéos à l’appui, d’un accord entre Kabila, Kagame et Museveni à Kampala. Il y a eu une exception, et elle est de taille, puisqu’il s’agit de Voice of America2. La radio porte-parole de l’administration américaine a, elle, fait référence à des entretiens Kabila – Kagame CHEZ Museveni. Qu’est-ce que ça cache ?

On l’apprendra sans doute petit à petit, à mesure que l’on saura sur quoi portent des

« négociations » dont on se demande surtout quel pourra être le contenu.

« L'obligation » de négocier

Kinshasa n’exclut plus l’option des négociations directes avec le M23 dont, curieusement, certaines revendications ont été jugées « légitimes » par la dernière tripartite qui a réuni à Kampala les chefs d’Etat de la Rdc, du Rwanda et de l’Ouganda. Beaucoup de Congolais pensent que Kigali et Kampala n’attendent plus que ce moment pour se dédouaner de toute implication dans la crise qui sévit dans l’Est de la Rdc.

Après avoir longtemps résisté, Kinshasa serait sur la voie de lâcher du lest en acceptant enfin de rencontrer les rebelles du M23 pour, selon les de la déclaration du mini- sommet de Kampala, « examiner les causes du mécontentement » et voir dans quelle mesure « y répondre dans la mesure du possible ». Somme toute, estime le quotidien Le Potentiel, les négociations directes avec le M23 ont deux grandes conséquences fâcheuses sur le plan diplomatique. Dans un premier temps, elles légitiment le président Kagame dans sa position qui a toujours considéré la situation dans l’Est comme un problème congolo-congolais. Elles remettent par conséquent en cause le travail des experts de l’ONU sur la Rdc. Sur un autre tableau, le revirement de Kinshasa aura également des répercussions sur son crédit à l’étranger. Les négociations avec le M23 jettent un discrédit sur la Rdc.

Le Potentiel s’est toujours fait le champion de la « lutte contre la balkanisation » et donc de toute autre attitude que le refus vis-à-vis du M23. Cette attitude implique la guerre, et implique donc que la RDC soit en mesure d’écraser militairement le M23, y compris ses soutiens extérieurs. La RDC n’y est pas arrivée, c’est le moins que l’on puisse dire. Elle est donc forcée de faire des concessions, au moins verbalement. Tout le problème, c’est qu’il est fort bien d’avoir raison en droit et donc de se draper dans ce droit en disant sèchement

« non », mais qu’il faut alors être capable d’appuyer son droit sur sa force. La RDC ne l’a pas.

Cela ne change rien à la validité en droit de sa position. Et cela ne change rien aux constatations des experts de l’ONU. Quant au crédit de la RDC l’étranger, il est d’ores et déjà faible, mais c’est moins parce que les FARDC ont été battues que parce que le pouvoir installé à Kinshasa n’est pas légitime.

"Négocier avec un groupe rebelle ? Jamais !", avait souvent répondu Joseph Kabila.

Mais depuis la chute de Goma, tombée aux mains du M23 mardi 20 novembre et la prise de Sake le lendemain, JKK n'avait plus guère le choix. Pour se sortir de l'ornière, Joseph Kabila ne peut plus compter sur son armée, qui n'a (pour le moment) jamais été en mesure d'inquiéter les rebelles puisqu'elle fuit pratiquement sans combattre, ni compter sur les casques bleus (Monusco) qui ont assisté à la prise de Goma… les bras croisés.

1 Les informations relatives à l’entrevue JKK – Runiga sont reprises à AFP.

2 Comme on peut s’en rendre compte en consultant l’information donnée par VoA (en anglais) à http://www.congoforum.be/en/nieuwsdetail.asp?subitem=1&newsid=190381&Actualiteit=selected.

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Samedi à Kampala, les chefs d'Etat de la région des Grands Lacs ont tenté de trouver une solution au conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Les participants du Sommet ont exigé le retrait des rebelles de Goma sous 2 jours et ont appelé le gouvernement congolais à entamer des négociations avec le M23. Les rebelles avaient prévenu qu'ils ne se retireraient pas de Goma avant d'avoir négocié avec le président Kabila.

Tout convergeait donc pour que Jean-Marie Runiga, le président du M23 et Joseph Kabila se retrouvent autour d'une table. Négocier quoi ?

Appliquer les accords du 23 mars

Les revendications du M23 ont évolué depuis la création de la rébellion en avril 2012.

Au coeur des discussions, il y a les fameux « accords de Goma » du 23 mars 2009, qui ont donné leur nom au M23. Dans ces accords, la rébellion de l'époque, le CNDP (dont sont issus les membres du M23), demandaient l'incorporation des rebelles dans l'armée régulière (FARDC) et l'intégration politique de leur mouvement dans les institutions congolaises. Pour les rebelles, ces deux exigences n'ont été pas été correctement respectées par Kinshasa. Ils accusent notamment JKK d'avoir voulu éloigner ses soldats de leurs fiefs du Kivu et de ne pas avoir maintenu tous les officiers dans leur grade.

Côté politique, l'ex-CNDP, devenu M23, n'a jamais pu avoir accès aux institutions politiques centrales de la RDC. Il serait mal venu de s’en plaindre. En réalité, il est surreprésenté dans les Kivu où il détient de fait tous les postes-clés de l’administration, qui sont attribués par simple nomination. On n’a pu trouver une entourloupette légale pour l’introduire au gouvernement central, parce que le CNDP n’était pas représenté au Parlement.

Concernant le Kivu, le M23 a deux raisons de ne pas s'en éloigner. La première parce que la région est richement pourvue en minerais divers, or, coltan, cassitérite… qui constituent la principale source de financement de leur mouvement. La deuxième raison est ethnico-géographique. Le M23 prétend défendre la communauté tutsi menacée, notamment par les FDLR. Mais surtout, il ne peut s’écarter de la frontière rwandaise, afin de ne pas se couper de ses bases opérationnelles.

Bosco Ntaganda

Le M23 évoquera sans doute la situation du général Bosco Ntaganda, inculpé par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Intégré dans l'armée régulière en 2009, Ntaganda a d'abord fait le jeu de Joseph Kabila, en se retournant d'abord contre Laurent Nkunda, le patron du CNDP, en 2009 et ensuite en assurant une forte "victoire" dans les Kivus du candidat Kabila aux élections frauduleuses de novembre 2011. Mal élu, Joseph Kabila a décidé d'arrêter Bosco Ntaganda, en avril 2012, afin de redorer son blason aux yeux de la communauté internationale.

C’est peu après les élections, alors que les commentaires négatifs tombaient de partout, que JKK a brusquement décidé un retournement des alliances. De fin 2008 à fin 2011, la thèse officielle était que le Rwanda était un allié, que tous les ennuis venaient du FDLR et que Ntaganda était indispensable à la paix. Subitement, le Rwanda devenait un ennemi et il fallait arrêter Bosco Ntaganda. Cela prenait dans le sens du poil l’opinion congolaise et la communauté internationale. Mais il ne pouvait échapper à personne que cela allait rallumer la guerre, d’autant plus qu’au lieu d’arrêter Ntaganda par surprise, on annonça à grand bruit l’intention de le faire. Le bandit n’a bien sûr pas attendu les gendarmes ! La fuite

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de Ntaganda a donné lieu à la création du M23. Il est donc fort probable que le M23 veuille protéger Ntaganda de toute tentative d'arrestation.

Mais comment ne pas en retirer l’impression que le pétard qui a éclaté à Goma a été allumé volontairement et en connaissance de cause par le pouvoir, en vue, précisément, de créer la psychose d’urgence nationale dont il s’efforce, maintenant de profiter.

Quelles « concessions » Kabila pourrait-il « négocier » ?

C’est difficile à dire, tant la situation militaire est versatile. Tant que le président Kabila n'arrive pas à reprendre la main sur le terrain militaire (et c'est actuellement le cas), il sera dans l'obligation de faire quelques concessions sur l'application des accords du 23 mars (localisation des soldats intégrés dans les Kivus, grades, versements des soldes… ). Mais il faut tenir compte de ce qu’un désavantage militaire peut représenter un avantage politique ! Etant entendu que la « politique », comme à tant d’endroits en Afrique, hélas ! se résume à un seul objectif : le maintien au pouvoir du Président.

Ce n’est pas la première fois que les événements de l’Est servent à sonner l’appel au grand rassemblement patriotique autour du drapeau. Le pouvoir compte visiblement obtenir ainsi, à la faveur d’un sentiment d’urgence, un soutien qu’il ne peut tirer d’une légitimité démocratique qui lui manque.

Les élections du 28/11/11 ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus.

Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.

Au niveau politique, Joseph Kabila pourrait peut-être concéder une intégration politique au niveau provincial du M23 et, pourquoi pas, un poste au gouvernement. On parle également à Kinshasa de la possibilité de former un "gouvernement d'unité nationale" qui permettrait à Joseph Kabila de pratiquer une "ouverture politique" qui lui permettrait toutefois de se maintenir à la présidence. Ce serait la seconde tentative en ce sens, une première tentative en ce sens ayant eu lieu en août, avec le « groupe consultatif national ».

L’on voit mal en tous cas comment on pourrait trouver une manière cohérente d’expliquer l’intégration du M232 dans une « union sacrée » qui ne pourait être que « anti- M23 ». L’une des tactiques utilisées actuellement par le pouvoir est même d’assimiler toute opposition au M23 puisque celui-ci se proclame « anti-Kabila ».

L’Opposition, de son côté, essaie bien sûr de mettre à profit la déstabilisation de JKK par ses échecs militaires pour le renverser, ce qui est au demeurant de bonne guerre, le régime étant issu d’un coup d’état de fait.

Chasser Joseph Kabila ?

Loin de ses premères revendications "corporatistes", le M23 s'est rapidement doté d'une branche politique, affirmant des ambitions plus grandes. Un "cabinet fantôme" a été

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créé pour administrer les territoires occupés par la rébellion : le poste-frontière de Bunagana et la ville de Rutshuru.

Puis, très vite, le M23 – qui reconnaît pourtant avoir été la cheville ouvrière de la

« fraude pro-Kabila dans l’Est - a revendiqué "la vérité des urnes" à propos des élections chaotiques de novembre 2011. Du côté du M23, on affiche aujourd'hui clairement la couleur : la chute du « président » Kabila. La rébellion en a-t-elle les moyens ? Militairement, pas complètement. Pour aller jusqu'à Kinshasa, les rebelles devraient avoir l'aide direct d'un pays tiers. On voit mal, pour le moment, le Rwanda voisin ou l'Ouganda se lancer dans l'invasion de la RDC. Trop risqué diplomatiquement. Selon des observateurs, seule "une révolution de palais" pourrait débarquer le « président » Kabila.

Mais une révolution de palais (euphémisme pour « coup d’état militaire ») ne servirait à la bourgeoisie congolaise, à ses complices des Grands Lac et aux autres vampires du Grand Capital International qu’à mettre en place d’autres hommes liges qui pourraient assurer leurs intérêts en RD Congo, même si cela doit occasionner le déplacement de milliers de congolais… Même si des Congolais devraient continuer à mourir… des Congolais pratiquement considérés comme des sous-hommes.

Dans le jeu de poker menteur des négociations dans la région des Grands Lacs, seule la situation militaire donnera l'avantage à l'une des deux parties. Pour l'instant, l'avantage militaire tourne au M23, mais depuis samedi, des renforts de l'armée régulière sont annoncées dans la zone, notamment autour de Bukavu, la prochaine cible annoncée des rebelles.

Le terme même de "vérité des urnes" provient du candidat malheureux à l'élection présidentielle, Etienne Tshisekedi, qui a toujours contesté la réélection de Joseph Kabila et a même déclaré sa "victoire". Le M23 pourrait-il faire alliance avec Tshisekedi ? Pour l'instant les contacts3 n'ont rien donné et l'UDPS est très réticente face à cette rébellion dont tout le monde sait que sa base arrière est au Rwanda.

Je l’ai écrit plus haut, la seule vérité des urnes, c’est que les élections du 28/11/11 ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. On ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus.

En outre, ces élections, même si elles avaient été dignes de ce nom, ne représentaient en fait aucun choix. La démocratie bourgeoise ne laisse au peuple que le choix d’élire la fraction de la bourgeoisie qui dirigera son exploitation. Elle n’a rien à voir avec un choix clair entre des chix de société.

Enfin, il y a le fait que la critique la plus fondamentale que l’on puisse faire à TOUTE élection congolaise, celle du « corps électoral inconnu » puisque les listes électorales ne s’appuient que sur un bricolage et non sur un recensement sérieux de la population, a pour résultat de frapper d’invalidité tout résultat électoral prétendu.

La seule vérité des urnes qu’il y ait au Congo, ces que les élections y ont toutes et toujours été nulles, invalides et qu’elles n’ont jamais été que des comédies dépourvues de sens et de valeur. Les fraudes n’ont fait que surdéterminer cette nullité fondamentale.

3 Il faut bien sûr mettre entre parenthèse l’annonce par l’Apareco d’Honoré Ngbanda d’une coalition générale de toute l’opposition, mariant l’eau et le feu, dont elle ferait partie. Ce « hoax » reparaît aussi régulièrement que les radis à chaque fois que des troubles se produisent quelque part au Congo.

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Manifestation

A Bruxelles, le samedi 24 novembre 2012 à partir de 14H00, un peu plus de quatre cents Congolais4 ont répondu à un appel pour une marche contre la guerre à Goma et son occupation, et pour dénoncer le régime de JKK qui, un an après les élections se cramponne toujours au pouvoir. Le rassemblement a eu lieu à la sortie du métro Trône sous la statue du Roi Léopold II ( !) , et la marche devait mener les manifestants à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique. Première puissance mondiale, qui ne peut ignorer les tenants et les aboutissants de l’aventure guerrière de Paul Kagame en terre congolaise. Après des discussions avec la police, le contentieux est résolu et la marche reprend la direction de l’ambassade des Etats- Unis, où les organisateurs de la marche vont déposer un mémo à l’ambassade des Etats-Unis.

À leur retour, ils rendent compte aux manifestants et clôturent la manif.

Durant la manifestation le message lancé se résumait en quelques phrases:

- Non au M23 qui n’est qu’une soldatesque à la solde de Paul Kagame.

- Non à « Joseph Kabila » auteur d’un hold-up électoral en novembre 2011 et qui se cramponne toujours au pouvoir grâce aux armes. Et paradoxalement, ces armes sont incapables d’assurer la sécurité des biens et des personnes à Goma ainsi que l’intégrité du pays.

- Oui à la vérité des urnes.

- La présence de « Joseph Kabila »à la tête de la RD Congo est la cause principale de la guerre à Goma.

Malheureusement, là aussi, quand on parle de « vérité des urnes », ce n’est pas la vérité, c'est-à-dire la nullité de la farce électorale que l’on a en tête. Ce message, dit-on, « vaut également pour tous les tireurs de ficelles tapis dans l’ombre qui ne veulent pas de Tshisekedi à la tête de la RD Congo ».

La RDC, faute de voir clair, n’est pas sortie de l’ornière…

4 Il s’agit des chiffres donnés par les organisateurs. Les données factuelles relatives à cette manifestation sont reprises à http://www.cheikfitanews.net/article-des-manifestants-congolais-a-bruxelles-clament-ni-kabila-ni- m23-112803149.html

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Dans le de D D D D P P P P

La rubrique des vieux articles qui retrouvent de l’actualité…

La rubrique des vieux articles qui retrouvent de l’actualité…

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La rubrique des vieux articles qui retrouvent de l’actualité…

(Le fait qu’un article nous paraisse digne d’un coup d’œil dans le « rétroviseur » parce que, à quelques années de distance, il apparaît prémonitoire, ou parce qu’il reste insurpassé dans la description d’une situation souvent plus complexe que ne le laisse imaginer une information quotidienne trop souvent simpliste ou manichéenne, ne signifie nullement que DP en partage toutes les vues. Ainsi, dans le second article présenté aujourd’hui, dont le mérite est de décrire l’enchevêtrement complexe des appétits et convoitises autour de l’Est du Congo en 2001, il nous parait que l’auteur a cédé à la tendance, dominante dans les médias occidentaux de l’époque, à peindre de manière fort sombre la présidence de Laurent Kabila. NdDP.)

EBOLA, VIRUS DE L'INDIFFERENCE?

(Carte blanche dans « Le Soir » du Jeudi 1er juin 1995)

Par Viktor Rousseau

La tuberculose tue par an, à elle seule, trois millions d'hommes, de femmes et d'enfants dans le monde. Le paludisme aura causé en 1994 le décès de plus de deux millions d'êtres humains (95 % de ces décès dans les pays du tiers-monde).

Au Zaïre, virus (grippe, hépatite B, poliomyélite, rage, sida, etc.); bactéries (tuberculose, pneumonie, diphtérie, méningite, peste, choléra, typhoïde, etc.); parasites (paludisme, bilhariose, etc.) tuent par an des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. Dans la région du Bandundu, le virus Ebola a provoqué la mort d'une centaine de personnes.

Pourquoi un tel émoi ?

Contrairement au scénario terrifiant du film «Alerte», rien ne porte à croire qu'un virus se transmettant par les sécrétions corporelles puisse brutalement muter et se mettre à se déplacer par la voie des airs. D'ailleurs, même si c'était le cas pour le virus Ebola, il ne survivrait pas plus de quelques minutes dans l'atmosphère : les ultraviolets le détruisent. Aussi mortel soit-il, le virus Ebola est mal adapté pour devenir un fléau mondial et la société occidentale bien équipée pour endiguer sa progression, assure Gerald Myers, chasseur de virus au Los Alamos National Laboratory, dans «Newsweek».

De Kikwit à Bruxelles et dans le reste du monde s'est propagé, à une vitesse encore plus grande que le virus, un choix d'images ou du moins de leurs représentations hors contexte dans des prismes déformants. Leurs interprétations et leurs significations appellent quelques observations. Nous commençons à nous habituer au sida, il nous fait moins peur, une autre frayeur nous est nécessaire, surtout si elle donne une raison supplémentaire à notre bonne conscience d'enterrer une fois pour toutes ce continent dans nos mémoires.

Cette Afrique que nous aimons tous tant, le temps nous a permis d'oublier qu'elle était peuplée d'hommes, de femmes et d'enfants faits comme nous d'émotions, de chair et de sang (en ce qui le concerne, l'actualité ne manque pas de nous le rappeler).

Au risque de surprendre et de choquer, à l'heure où la mémoire s'estompe, où les jeunes générations ont été laissées dans l'ignorance de ce qu'a été la colonisation où, sous prétexte de prétendue mission morale ou culturelle, la notion de profit a toujours été essentielle. Rappelons pour cette raison-là uniquement, que si la colonisation ne mérite

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aucune réhabilitation sous quelque forme que ce soit, c'est parce que le colonisateur a dénié au colonisé le droit le plus précieux reconnu à la majorité des hommes : la liberté (et cela quoi qu'il en fasse).

Si une certaine adhésion du colonisé au colonisateur a existé (ou existe encore) à cause notamment du souvenir des infrastructures nécessaires (sociales entre autres) à l'exploitation économique de la colonie, le lien entre le colonisateur et le colonisé a été plus destructeur que créateur. Je refuse cette lecture révisionniste de notre histoire sous prétexte Que tout n'était pas si mauvais en ce temps-là, nous décharge de toutes responsabilités et non seulement nous excuse, mais nous justifie dans nos arrière-pensées d'aujourd'hui. Cette vision resurgit dans des thèses de moins en moins discrètement évoquées, qui voudraient sauver ce continent par une reconquête sous les habits modernes du «libéralisme économique».

Kikwit n'est pas un village, c'est une ville de plus de quatre cent mille habitants, autrefois (comme dans les contes de fées) chef-lieu d'une région prospère. Si cette ville sombre, ce n'est pas le virus Ebola qui en est la cause, mais l'abandon à elle-même par un État qui n'existe presque plus et qui a délégué aux organisations humanitaires, non seulement l'assistance la plus élémentaire pour sa survie, mais aussi sa communication avec le monde.

Quelles autres images nous feront oublier celle, terrible, de ce médecin pourchassant les photographes européens dans les couloirs de l'hôpital de Kikwit en les qualifiant de

« Vous êtes obscènes ! » et celles des chercheurs occidentaux vêtus de combinaisons étanches rappelant des cosmonautes prêts à l'embarquement face à ce personnel zaïrois volontaire et quasi bénévole (240 FB par mois, impayés par ailleurs et menaçant de se mettre en grève alors que ce personnel a fourni le tiers des statistiques de décès dus à ce foudroyant virus) habillés sommairement de tabliers et se protégeant le visage sous 35 degrés avec de dérisoires morceaux de tissus imprimés, enterrant de leurs mains rarement gantées, à même le sol, les victimes, souvent leurs proches, parents ou amis ?

L'autre coopération

Soudain, d'autres images me reviennent. Le souvenir d'un long voyage au Kivu en 1990, où j'ai eu la chance pendant une vingtaine de jours de visiter un ambitieux mais intelligent programme de l'Union européenne conçu avec les organisations de base qui, au niveau du village, s'étaient constituées en comités de développement et choisissaient en s'impliquant les projets qui amélioreraient la qualité de vie de leur quotidien (adduction d'eau, périmètres irrigués, dispensaire et maternités, etc.). Ce programme de développement dont les résultats étaient concrets et mesurables (quatre cents millions d'écus engagés sous forme de dons sur une période de quatre ans) a été interrompu après les pillages de septembre 1991.

Dans les villes aussi, existe une société civile constituée d'un tissu associatif extraordinairement dynamique, ingénieux et convivial qui mériterait d'être aidé. La suspension de la coopération internationale dont la reprise est conditionnée essentiellement à des exigences politiques et économiques interdit l'espoir de la voir reprendre dans un avenir proche.

Pourtant, seule la population en subit les conséquences. Le budget adopté au Zaïre pour 1995 est de moins de cinq cents millions de dollars (les institutions de Bretton Woods considèrent que le budget d'un peu plus de deux cents millions de dollars proposé par le

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gouvernement Kengo est plus réaliste !) alors qu'en 1990 encore ses seules recettes d'exportations étaient de plus de 1,5 milliard de dollars.

Le PNUD dans son rapport mondial 1994 sur le développement humain indique qu'une taxe minime sur le montant de chaque opération de change pourrait rapporter cent cinquante milliards de dollars par an (mille milliards de dollars passent d'un pays à l'autre, toutes les vingt-quatre heures, en réponse au moindre frémissement des taux de change ou d'intérêts). Il paraît naïf de rappeler que de nombreux pays donateurs ont assisté en silence aux coupes claires pratiquées dans les budgets sociaux alors que les dépenses militaires continuaient d'augmenter.

En Afrique subsaharienne, les dépenses militaires sont passées de 0,7 % à 3 % du PNB entre 1960 et 1990.

Le PNUD, dans le rapport déjà cité, souligne que l'aide d'urgence draine de plus en plus de fonds au détriment de ceux destinés aux actions de développement. Espérons que le gouvernement en voie de formation donnera des impulsions fortes et courageuses à une politique de coopération plus généreuse avec l'Afrique centrale.

Simenon écrivait, en 1932...

Une histoire belge pour finir : en 1932, un reportage de Georges Simenon intitulé

«L'heure du nègre» a troublé la douce quiétude des Belges et des Français d'alors, tranquillement installés dans les images d'Epinal du colonialisme «Y a bon Banania».

Simenon est inspiré par la curiosité. La recherche de la vérité implique pour lui toute la vérité.

L'homme tel qu'il est et tel qu'on l'oblige à être : par l'oppression, l'exploitation, l'aliénation. Ses reportages finissent toujours par déboucher sur la solidarité, sur la dénonciation de l'inégalité.

« L'heure du nègre» se terminait par ces lignes qui raillaient un slogan encore à la mode : « L'Afrique vous parle » et, ajouta-t-il en guise de réponse « Elle vous dit merde ».

Attendons-nous cela ?

La RDC peut elle se réapproprier son histoire ?

Par Viktor Rousseau

(Une version amputée de cet article est parue en janvier 2001 dans MTM 2281) La République démocratique du Congo a perdu tous les attributs de sa souveraineté.

Le président Mobutu, au bout de 32 ans de régime de fer avait réussi à convaincre sa population qu’il était le garant de l’unité nationale et que le ZAIRE était un pays puissant et craint de ses voisins. Si cela a été une réalité à une certaine période dans un monde bi polaire ou la guerre froide expliquait des alliances et des soutiens qui ont perdu aujourd’hui la plus grande partie de leur importance.

Que reste t’il de cette affirmation ? Rien, le pays est fragmenté, voire en cours de démantèlement, six armées étrangères (Ouganda, Rwanda, Burundi, Angola, Namibie et

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Zimbabwe) s’affrontent par congolais interposés sans compter les interventions du Tchad, du Soudan, de l’Erythrée et d’autres pays moins visibles mais dont les actions ont été déterminantes.

L’assassinat de Laurent Désiré Kabila président " auto proclamé " comme son prédécesseur, Joseph Désiré Mobutu remet une fois de plus ce pays dans des conditions dramatique à l’avant scène de l’actualité. Les circonstances connues de son assassinat éclairent encore peu les mobiles de cet acte. Elles sont du reste secondaire par rapport aux conséquences. Les hypothèses en ce qui concerne les raisons de cet assassinat sont tellement nombreuses que l’on n’a que l’embarras du choix et sans hiérarchie de choix dans les probabilités.

Lassitude de ses alliés, l’Angola en particulier qui le jugeait peu fiable et surtout difficile à gérer. Ses anciens alliés à l’est, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi qui n’ont jamais pardonné à celui qui a oublié " qui l’a fait roi ". Les militaires originaires du Kivu qui lui reprochait le traitement discriminatoire par rapport aux militaires originaire du Katanga, région d’origine du président défunt, la lenteur avec laquelle Kinshasa apportait son soutien aux " mais-mais ", terme générique recouvrant les milices armées autochtones du Kivu qui harcèlent les forces du RCD et ses soutiens étrangers. La disparition et l’exécution probable ces dernières semaines de plusieurs dizaines d’officiers dont le commandant Masasu, ancien chef et figure emblématique et populaire chez les enfants-soldats surnommés " Kadogos "

dans lesquels ont été puisés l’essentiel de la " chair à canon " qui a nourri la marche de l’AFDL vers la conquête du pouvoir en 1997 pourrait figurer au nombre de ces motifs.

Les militaires originaire de sa région n’ont pas non plus, été épargnés par sa fureur lorsque récemment il leur a reproché comme une trahison la chute de Pweto, sur les rives du lac Moero a 500 km au nord de Lubumbashi dans le Katanga, abandonné sans combat et ayant entraîné la désertion de plusieurs centaines de soldats des troupes " loyalistes " des forces armées congolaises (FAC) qui se sont réfugiés en Zambie à la fin de l’année dernière.

On peut aussi chercher chez certains de ses collaborateurs, humiliés en maintes circonstances. Ministres arrêtés, banquiers, hommes d’affaires, officiers interrogés par d’autres officiers qui seront à leur tour soupçonnés et interrogés (quelques fois par les précédents). Guerre des multiples services de sécurité, cloisonnés entre elles et ne répondant qu’au chef de l’état qui les divise pour mieux " régner ". Tous ces éléments peuvent être combinés et comme au jeu de " Go " multiplier à l’infini les hypothèses.

Le soutien logistique des USA a la marche qui a permis en 1997, aux armées ougandaises, rwandaises et ensuite angolaise sous couvert congolais de l’Alliance (de circonstances !) des forces de libération (AFDL) de marcher vers Kinshasa et de renverser le régime du Maréchal Mobutu a été probablement déterminante. La mise à disposition d’experts militaire et de renseignements, utilisation de valises géostationnaires (photos satellite) ont permis l’observation des mouvements de troupes et ont concouru à la réussite de cette équipée. Des mercenaires étrangers ont été également été sollicités par toutes les parties en conflit.

Endiguer les " foyers terroristes islamique " au Soudan était la priorité politique majeure des USA en soutenant les états frontières de ce pays. L’hypothèque à lever d’un Mobutu malade et empêchant toutes solutions dans la région par son attitude de " pompier pyromane " et s’accrochant désespérément à son pouvoir vacillant a été l’autre raison de

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soutenir avec discrétion mais efficacité la marche de l’AFDL et de ses parrains vers Kinshasa.

Les américains ne pardonneront pas en 1998 à monsieur Kabila d’avoir envoyé plusieurs centaines de recrues se faire former militairement par le régime de Khartoum alors qu’il avait flirter à la fin des années 80 avec John Garang le leader sécessionniste chrétien du sud du Soudan.

Les enjeux de cette guerre pour les pays de la région impliqués dans ce conflit sont nombreux ! Pour l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, elles sont d‘abord sécuritaire ; réduire et neutraliser à leurs frontières les mouvements rebelles qui les menacent, désenclaver leurs économies en exploitant et en s’emparant des ressources congolaises, or, diamants, coltane, café, bois dans le Kivu, la province Orientale, le nord Katanga, le Kasai et le Nord de l’Equateur, plus de 40% de l’ex Zaïre sont concernés par ces prédations.

Il ne faut pas oublier dans la constitution du paysage politique à l’Est de la RDC le rôle essentiel qu’a joué le président Nyereré de Tanzanie qui dans les années 80 à renverser en Ouganda avec les blindés de l’armée tanzanienne d’abord Idi Amin au profit du retour de Milton Obote qui se révélant pire encore que son prédécesseur a été déposé une seconde fois au profit de monsieur Museveni." en 1986 et aidé en cela par les futurs dirigeants du Rwanda actuels, monsieur Kagame entre autres.

Pour l’Angola, sécuriser son littoral pétrolier, par le contrôle de la bande côtière congolaise (30 km), elle parvient ainsi, a relier l’enclave de Cabinda avec la région de Soyo au nord de Luanda, 700.000 barrils/j dont plus de 300.000 b/j dans l’enclave de Cabinda. Le groupe Total/Elf contrôle en face de Soyo, des gisements (Girassol et Dahlia) qui porteront dans les années qui viennent à prés de 2 mios de b/j la production pétrolière totale de L’Angola, pas très loin du Niveau du Nigeria, premier producteur pétrolier Africain. La France va chercher 27 % de ses approvisionnements en Afrique Subsaharienne et les USA 4

% de ses importations de pétrole, cela n’en reste pas moins un enjeu important entres ces puissances supra régionales. Ces richesses n’ont pas profité aux populations du pays qui se comptent parmi les plus pauvres de la planète.

Contrôler la capacité de mouvement de l’UNITA (irréductible mouvement rebelle de Jonas Savimbi) à Luanda dans un axe bas-Congo, Kinshasa et Lubumbashi (1800 km de frontière commune avec la RDC) est un impératif majeur pour le régime de Luanda. Sa présence au Congo Brazzaville est une autre conséquence de cette logique. La suspicion d’hégémonie régionale de l’Angola n’est à considérer qu en fonction de ces facteurs.

Pour le président Mugabe du Zimbabwe, des raisons sentimentales liées à une archéologie idéologique marxisante des luttes de libération des années 60 peuvent expliquer les affinités qui existait avec Laurent Désiré Kabila, ancien compagnon de Patrice Lumumba, leader nationaliste, pionnier des luttes d’indépendance et premier ministre Congolais assassiné, il y a juste quarante ans.

D’autres raisons plus significatives ont joué pour expliquer la présence du Zimbabwe dans ce conflit. La rivalité avec la république d’Afrique du Sud au sein de l’organisation des états d’Afrique centrale (SADC) pour son contrôle politique. Le chef de l’état zimbabwéen contrôle avec fermeté la commission de sécurité de cette importante organisation régionale (SADC) D’autres éléments complètent ces motivations. Fourniture d’équipements militaire, exploitation du patrimoine industriel du Katanga et du Kasaï Oriental sont avec les exportations massives et frauduleuses du Cobalt, du diamant industriel,,artisanal et

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accessoirement du cuivre autant de raisons qui explique la présence des troupes de Monsieur Mugabe. Il est certain que les coûts de cette guerre ne sont pas couvert par les bénéfices de ces prédations qui ne profite qu’a l’entourage de monsieur Mugabe. Le Zimbabwe est en proie à une crise politique majeure qui ont entraîné de graves conséquences économiques pour sa population.

Le bilan des 45 mois de pouvoir de Laurent Désiré Kabila est catastrophique ! Il est juste de rappeler que le régime précédent était principalement responsable des conditions de cette faillite mais malgré quelques signes encourageant fin 1997 et début 1998, tentative de réforme monétaire, création du franc congolais, des mesures pour ressuscité un état quasi moribond (8827 % d’inflation en 1993) pour récolter à nouveau des impôts. Des efforts en matière de sécurité pour rassurer une population en proie de longue date à une soldatesque dévoyée avaient été mis en oeuvre.

Le début de la guerre en août 1998 a vu la fin de ces timides effort. Sous prétexte de "

il y a le feu aux frontières " des dépenses colossales ont été effectuées pour monter et équiper une armée estimée à prés de 200.000 hommes et cela en dépit de résultats militaires peu spectaculaires. Le budget de l’état congolais en 1999 était prévu en recettes pour un peu plus de 350 mios de USD (- de 200 mios USD réalisés) et plus de 750 mios de USD dépensés (financé par la planche à billets) 487 % d’inflation cumulée depuis le début de la seconde guerre en août 1998 La dette extérieure est de 14.5 MDS de USD soit deux fois et demi son produit intérieur brut. L e taux de croissance alors qu’il était encore légèrement positif en 1996 (+ 0.7 %) est tombé en 1999 à – 14%.

Sur le plan de la santé, la famine menace une partie du Bandundu, région pourtant relativement préservée des effets de la guerre, enclavement, état des routes et extorsion par les militaires et les différentes forces de sécurité aux accès routiers et fluviaux de la capitale.

Cette situation prévaut à un degré moindre pour le bas Congo.

La conséquence directe de cela est une menace de déficit alimentaire grave pour la population de la capitale estimée à plus de 7 millions de personnes. Les pressions des autorités économiques sur les importateurs de produits de première nécessité pour qu’ils maintiennent des prix imposés (souvent en dessous de leurs prix de revient) ont accéléré la difficulté d’accès de la population. Au Katanga, région natale de monsieur Kabila , une étude de la FAO indique que si un chef de bureau dans l’administration (15 usd/mois) consacrait la totalité de son salaire à l’alimentation de sa famille, ils mangeraient 5 jours par mois. La situation dans les territoires occupés est loin d’être meilleure.

Sur le plan des droits de l’homme, la situation est pire encore. Parmi ceux qui ont le plus souffert de cette répression se trouvent ses adversaires politiques, les représentants de la société civile, des droits de l’homme et les journalistes congolais. Les partis politiques ont été interdits d’activité comme dans les territoires occupés.

Suite à l’invasion du pays par le Rwanda et l’Ouganda en août 1998, Laurent Désiré a défendu son régime et lors de cette deuxième guerre, les forces de Kabila, ses alliés ainsi que celles des rebelles appuyés par les rwandais, les ougandais ont attaqué des civils et commis des exécutions extra judiciaires, des enlèvements et des destructions d’habitations qui ont provoqué des déplacements massifs de la population. Une catastrophe humanitaire est en train de se dérouler en Afrique centrale et dans la région des grands lacs. On estime d’après les

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principales associations humanitaires internationales à plus de un million et demi de personnes tuées par les conséquences directes ou indirectes de ces guerres.

Le régime de Laurent Désiré Kabila a été impliqué fin 1997 et début 1998 dans le massacre des réfugiés Hutus, on estime selon le rapport Garreton des nations unies à 200.000 refugiés Hutus tués dans cette longue traque a travers tout le pays et ensuite après le début du conflit avec ses anciens alliés dans des atteintes graves à l’intégrité physique des congolais d’origine Tutsis.

La situation à ce jour si elle reste encore confuse, permet néanmoins de tirer quelques enseignements de la situation. L’Angola, le Zimbabwe et la Namibie ont décidé de maintenir leurs troupes garantissant ainsi à Joseph Kabila une période de répit. Si cette état de grâce n’est pas mis rapidement à profit pour prendre des initiatives spectaculaires dans la réalisation des accords de Lusaka, cela risque de provoquer si blocage un embrasement généralisé surtout si des initiatives ont lieu en ordre dispersé. On sait que de discrètes négociations entre Kampala et Luanda se poursuivent et que le sort du (nouveau) régime se décidera ailleurs que à Kinshasa. La reconnaissance par les autorités de Kinshasa de monsieur Masire comme facilitateur désigné par l’OUA, l’autorisation d’activité des partis politiques devrait ouvrir la perspective de véritables négociations inter congolaise. Situation qui devrait ouvrir la voie au déployement des troupes de l’Onu après l’ensemble des belligérants se conforme aux engagements de retrait de leurs troupes du territoire congolais.

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Congo : een geschiedenis / Congo : une histoire…

Si David Van Reybrouck avait l’intention, avec cet ouvrage, de remuer beaucoup d’air et de faire beaucoup de bruit, il a incontestablement réussi. Le vacarme était même assourdissant car, pendant que les supporters de DVR applaudissaient en son honneur et soufflaient à pleins poumons dans les vuvuzelas de la renommée, ses adversaires huaient et sifflaient à qui mieux, mieux. Cela, toutefois, n’est pas vraiment nouveau. Des « Querelles », depuis celle des

« Anciens et des Modernes », cela n’a pas manqué dans le monde littéraire. Si l’on parvient à saisir quelques mots dans ce brouhaha – pas simple, car ça crie fort ! – l’on ressent tout de même de la surprise et comme une gêne. Y a quèq’chose qui grince ! Mais quoi ?

De façon un peu surprenante Congo, applaudi par les critiques laudateurs pour ce qu’il dit du Congo,

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a dans l’ensemble été plutôt mal accueilli par les Congolais. Ceci alors même que sa prétention et son mérite serait, d’après l’auteur et ses partisans, de « donner la parole aux Congolais » (notamment à un Congolais centenaire ayant semble-t-il assisté en personne à tous les événements importants…)

L’excellent accueil de la critique s’explique sans peine. David Van Reybrouck5 fait partie de l’establishment littéraire, qui est une « société d’admiration mutuelle ». En janvier 2011, succédant à Geert Van Istendael, il a été élu président du PEN Club de Flandre, la branche flamande du PENclub International6. Il est aussi une personnalité académique, même s’il a abandonné la carrière universitaire en 2007. Titulaire d’un "Master of World Archaeology" à Cambridge, il a soutenu en 2000 à l'Université de Leiden une thèse intitulée

"Des primitifs aux primates: une histoire des analogies ethnographiques et primatologiques dans l'étude de la préhistoire", a collaboré à des expositions sur l'évolution humaine (Kunsthal de Rotterdam), les singes (Musée Royal de l'Afrique Centrale, Tervuren), les Néandertaliens (Musée gallo-romain, Tongres) et le Zoo d'Anvers. Fin 2006, il est écrivain en résidence à l'Université d'Amsterdam.

Assez naturellement (mais est-il normal et souhaitable que ce soit aussi « naturel » ?), il sera récompensé par des Prix littéraires. Congo, à lui seul, a reçu aux Pays-Bas le Prix Libris Geschiedenis7, et en France le Prix Médicis, dans la catégorie « essais »8. Enfin, Congo,

5 David Grégoire Van Reybrouck, né à Bruges le 11 septembre 1971, est un scientifique, historien de la culture, archéologue et écrivain belge d'expression néerlandaise. Il a obtenu plusieurs grands prix littéraires. Son père Dirk Van Reybrouck (1939-2006) fut ingénieur des chemins de fer et travailla de 1962 à 1966 pour les Chemins de Fer du Bas-Congo-Katanga (BCK) à Likasi. Sa mère, Bernadette De Bouvere, fut enseignante (éducation artistique) et écrit des poèmes.

Van Reybrouck a grandi en Flandre occidentale à Assebroek (Bruges) dans une famille catholique de culture littéraire. Un des ses grand-pères, Grégoire De Bouvere, fortement inspiré par la JOC où il militait, travaillait comme relieur chez l'éditeur brugeois Desclée De Brouwer. Chez son grand-père Van Reybrouck, David trouva de quoi abreuver sa soif de lecture, entre autre de nombreux livres édités par le Davidsfonds. Lui-même est un admirateur de Stijn Streuvels, d'Hugo Claus et de Permeke.

Il a étudié l'archéologie et la philosophie à la KUL,a vécu et travaillé pendant un certain temps à Barcelone et Paris. En 1999 et 2000, il est coordinateur scientifique de l'AREA (Archives de l'Archéologie Européenne), un réseau de recherche européen pour l'histoire de l'archéologie. Il a travaillé ensuite plusieurs années comme historien de la culture à la KUL où il a mené des recherches sur l'histoire de l'archéologie belge et l'histoire et l'architecture des zoos en Europe Occidentale. Il a également été rédacteur en chef du journal "Archaeological Dialogues". Ses intérêts académiques le portent sur l'histoire de l'animal dans sa relation avec l'homme aux XIXe et XXe siècles autant dans ses aspects scientifiques comme l'archéologie, l'anthropologie et la biologie, que dans ceux de l'imaginaire populaire et littéraire.

En 2007, il quitta le monde universitaire pour se concentrer sur sa carrière d'écrivain. Il collabore comme billettiste au journal De Morgen, plus particulièrement au supplément hebdomadaire Zeno et au supplément littéraire. Il publie des poèmes dans le premier numéro de "Het liegend konijn" (Le lapin menteur), la revue de poésie de Jozef Deleu. Un deuxième texte pour le théâtre est "N", au sujet d'un encyclopédiste en Afrique. En 2007 il publie son premier roman, "Slagschaduw", puis, en collaboration avec Geert Buelens et Jan Goossens,

"Waar België voor staat", un plaidoyer pour un débat serein et solidaire sur l'avenir de la Belgique. À la fin de cette année, son monologue "Mission" est représenté au KVS (Théâtre Royal Flamand de Bruxelles). Le monologue a été développé à partir de conversations qu'il a eues avec de vieux missionnaires au Congo belge pour lequel il reçoit le Arkprijs. Le jury fait l'éloge de la pièce pour son approche souple, cohérente et originale dans les débats contemporains sur les sciences sociales et éthiques.Il reçoit en 2009 le "Jan Hanlo Essayprijs"

pour son essai "Pleidooi voor populisme" ("Un plaidoyer pour le populisme"7, non traduit en français)

6 Fondé en 1921, PENclub International est une association mondiale d'auteurs, qui favorise la paix et la compréhension internationale, la liberté d'expression et la résistance à toute forme de censure.

7 « C’est un prix très important, dit-il lui-même. A cause de la qualité du jury, de son renom et de son montant financier, 20.000 euros. Ce prix va d’habitude à un historien sur l’histoire des Pays-Bas. Ça me fait donc super plaisir que le Congo reçoive cette attention. A la fois, je suis très fier et très humble. Parce que le livre parle beaucoup de souffrance humaine. Samedi soir, je n’étais pas seulement dans l’euphorie. Car une partie de moi

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paru en 2010 livre est déjà traduit en plusieurs langues, à savoir l'anglais, le français, l'allemand, le norvégien, le suédois, l'italien et l'espagnol.

Des esprits chagrins (francophones) diront aussi sans doute que l’on fait plus facilement un succès littéraire si l’on est traduit du néerlandais, et d’autres esprits chagrins (flamands), que l’on a plus de chances de succès lorsqu’on est un « Flamand modéré, bilingue, ayant quitté Bruges pour Bruxelles 9». Bof ! Mais ceci est une « histoire belge ». Il faut donc bien qu’elle ait un aspect communautaire !

Soyons de bon compte, les prix littéraires récompensent la littérature et les lecteurs de Congo, qu’il s’agisse de Colette Braeckman, de Didier de Lannoy ou de Ludo De Witte10, sont unanimes à saluer « le beau boulot » d’écriture de l’auteur. Pour cet ouvrage, David Van Reybrouck est historien, journaliste, écrivain. « Et poète, ajoute-t-il. Car il y a pas mal de passages lyriques à côté de données économiques. » C’est un peu la marque de fabrique de cet écrivain, depuis Le fléau. Il mélange le journalisme, la littérature, l’historiographie. « Je me sens à l’aise dans cette façon de faire. »11. On nous dit même que c’est «Un livre monumental, à la mesure du géant (la RDC)» et que « Dès son premier séjour à Kinshasa, David Van Reybrouck a été fasciné par le Congo. Archéologue de formation, journaliste à ses heures, il a soudain voulu tout lire, tout savoir, sur le passé et le présent… Voyageur infatigable, curieux de tout, il a alors multiplié les séjours, dans la capitale mais aussi dans les coins les plus reculés. L’auteur …a bien sûr retrouvé des pères d’origine flamande, qui depuis leurs brousses lointaines ont suivi tous les soubresauts du premier demi-siècle d’indépendance. Mais l’auteur féru d’histoire a aussi voulu remonter aux sources, lorsque ce pays a été taillé au cœur de l’Afrique par la volonté de Léopold II. Van Reybrouck décrit ainsi la naissance de l’Etat indépendant du Congo, les aventures de Stanley, la reprise de la propriété personnelle du Roi par une Belgique réticente… Additionnant les faits historiques, les récits, les considérations personnelles, l’auteur traverse ainsi le siècle, aborde les heures brûlantes de l’indépendance, se demande, comme tant de Congolais, ce que ce peuple a fait de sa liberté… (Est-ce bien le peuple qui gâche sa liberté ? NdlR)

Alors que la plupart des historiens, en hommes prudents ou avisés, s’arrêtent pile à quelques encablures de l’actualité, Van Reybrouck lui ne craint pas d’aborder le Congo d’aujourd’hui.

Il décrit les défis auxquels est confronté le régime Kabila, s’attarde sur ses nouveaux amis, si controversés en Europe, les Chinois.

Pour mieux comprendre ce qui motive ces derniers, le chroniqueur s’est même rendu en Chine, interrogeant les Congolais qui y ont déjà ouvert des commerces, les Chinois qui se préparent à gagner l’Afrique… Enraciné dans l’histoire, cheminant tout au long des

est restée au Congo. » Article de C. Braeckman et JD Vantroyen dans Le Soir du Mardi 26 octobre 2010. DVR lui-même écrit des chroniques dans le Stoemp flamand du Soir.

8 Le prix Médicis est un prix littéraire français fondé par Gala Barbisan et Jean-Pierre Giraudoux le 1er avril 1958 afin de couronner un roman, un récit, un recueil de nouvelles dont l'auteur débute ou n'a pas encore une notoriété correspondant à son talent. (Ce qui cadre peu avec le « profil » de DVR). Le Médicis étranger est attribué depuis 1970 et le Médicis essai depuis 1985. Depuis 1970, le prix Médicis étranger est remis en même temps que le Médicis français. Sous le nom de Médicis sont donc regroupés trois prix : français, étranger et essai.

9DVR collabore au Soir. En 2007 il publie, en collaboration avec Geert Buelens et Jan Goossens, "Waar België voor staat", un plaidoyer pour un débat serein et solidaire sur l'avenir de la Belgique. Il reçoit en 2009 le "Jan Hanlo Essayprijs" pour son essai "Pleidooi voor populisme" ("Un plaidoyer pour le populisme", non traduit en français). En 2011-2012 il fut l'un des initiateurs et animateurs du G1000, une initiative rassemblant un millier de Belges des deux communautés linguistiques, à la recherche d'une meilleure organisation de la démocratie dans le pays.

10David Van Reybrouckmasseert westerse bemoeienissen in Congo weg’, apache.BE 18 mei 2010

11 C. Braeckman et JD Vantroyen, op.cit.

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décennies, l’ouvrage monumental de Van Reybrouck donne ainsi des clés, pour le passé et pour l’avenir »12

J’avouerai sans ambages que c’est ici que l’enflure du dithyrambe et l’épaisseur du nuage d’encens commencent à me paraître excessifs.

J’aurai à revenir sur la notion d’« histoire », mais je note quand même que l’on a là un ouvrage qui se défend d’être de l’histoire tout en mettant le mot dans son titre et que ses thuriféraires ne sont pas loin de présenter comme l’ouvrage historique définitif que l’on attendait, et à côté duquel tous les autre sont… disons… du pipi de chat, pour user d’une métaphore encore à peu près polie.

On nous parle de l’ouvrage monumental de Van Reybrouck… En quoi cet ouvrage de 700 pages est-il plus « monumental » que celui de Ndaywel é Nziem13, qui en compte un millier ou que « les Héritiers de Léopold II ou l’Anticolonalisme impossible »14 qui dépasse les deux milles pages ? Un livre s’apprécie-t-il à son poids de papier ?

« Ce travail de cinq ans » s’extasient ses collègues du Soir, et l’on cite à l’envi ses

« dix voyages à Kinshasa ». (10 tickets d'avion, des visas de longue durée, des "frais de subsistance", de déplacement, de « motivation » de certaines personnes interviewées ou de leur entourage, etc… tout le monde ne peut pas se les payer ! ). Ces trémolos admiratifs me semblent surtout indiquer que ceux qui les poussent n’ont aucune idée sérieuse du temps requis par le travail de reconstruction critique du passé humain. Je ne puis citer que ce que je connais, c'est-à-dire ma propre expérience : reconstituer autant que possible ce qu’ont été les

« révoltes de Batetela » entre 1895 et 190815 m’a pris dix ans de travail, dont au moins huit ont été consacrés à la recherche documentaire. Ce sujet ne concerne que treize ans de l’histoire du Congo et n’en est qu’une petite partie. Il occupe néanmoins quatre cents pages.

Or, de la traite du « bois d’ébène » à nos jours il s’est écoulé environ 500 ans…

Bien sûr, la qualité du travail littéraire ne s’apprécie pas non plus avec une minuterie ou d’après le budget que l’on peut y investir…

Travail littéraire ? Travail historique ? « Enraciné dans l’histoire, cheminant tout au long des décennies », l’ouvrage ne serait toutefois pas historique… Ces formules littéraires font penser à la pub de Canada Dry « ça sonne comme un nom de… ça a la couleur de… », mais ça n’en serait pas…

Comme sur les bouteilles, le problème est dans l’étiquette. Précisons même : l’étiquette en néerlandais. Le titre, en français, « Congo : une histoire » est relativement neutre, car « histoire » s’applique aussi bien à l’histoire de Cendrillon qu’à l’Histoire de Belgique. Le terme « geschiedenis » penche nettement plus fort du côté de l’Histoire, de la science historique.

Or, précisément, maintes critiques, surtout du côté des Congolais, concernent surtout cet aspect historique. Si on les lit mal, ou si en en caricature la logique et les positions, on pourrait presque se demander s’ils ne revendiquent pas que les récits sur le Congo et les Congolais soient rédigés uniquement par des Congolais et d’après les souvenirs de Congolais.

12 ibidem

13 « Histoire générale du Congo, de l’héritage ancien à la République démocratique », Paris- Bruxelles, De Boeck / Larcier / Duculot, 1998

14 Guy De Boeck « Les Héritiers de Léopold II ou l’Anticolonalisme impossible » 3 volumes, Braine-le-Château, Dialogue des Peuples, 2008.

15 Guy De Boeck ‘Baoni : les révoltés de la force publique sous Léopold II : Congo 1895-1908’ Anvers : EPO, 1987

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C’est d’autant plus étonnant que ces réserves portent surtout sur la période coloniale et sur celle de l’indépendance, où, normalement, l’on s’attendrait à ce qu’il paraisse logique que, la Belgique et le Congo ayant alors une histoire commune, les Belges s’y intéressent aussi.

Il est vrai qu’au bout de « ce travail de cinq ans, composé de voyages au Congo, d’entretiens nombreux, de consultations d’archives et de livres et de monastique travail d’écriture », DVR dans ses « mélanges littéraires qui ne sont pas de l’histoire mais… en arrive à retrouver, par un étrange hasard, quelques bonnes idées bien occidentales, telles que l’antilumumbisme ou la mise en garde contre la pénétration chinoise…

Le fait que l’historiographie est dominée par les vainqueurs et les dominants amène à se poser des questions sur le statut, l’appartenance, l’origine de l’historien, de celui qui raconte Congo : une histoire.

Qui est l'auteur ? D'où « vient »-il ? Quelle est sa société d'appartenance, d'origine, d'élection, d'adoption ou de destination ? De quel côté se situe-t-il (historiquement, culturellement, politiquement, socialement, financièrement, etc) par rapport à son « sujet » : dedans ou dehors ? Ce « sujet » a-t-il été choisi en concertation avec des acteurs locaux...

et/ou de sa « vendabilité » sur différents marchés extérieurs ?

Ben oui, quoi ! Même les historiens (ou prétendus historiens) ont une histoire ou (Balinga, balinga te !) héritent d’une histoire... qui, sans nécessairement les avoir"déterminés", permet souvent de mieux comprendre leur façon de lire, d'écouter et de raconter l’histoire...

L'auteur écrit-il de l'intérieur ou de l'extérieur, « sur » ou « avec » son « sujet » ? Est- on dedans ou dehors ? On fait du surf (et alors un “sujet” en vaut un autre et on est un “petit reporter”... un "faiseur" ou un mercenaire) ou est-on prêt à partager un destin, une condition humaine ?

Quelles sources documentaires choisit-il de consulter... ou d'ignorer ? Que choisit-il de regarder (ou lui fait-on regarder), dans quelle direction et avec quelles lunettes ? Qui choisit-il d'entendre (ou lui fait-on écouter) et dans quelle langue et en quels lieux, avec quel sonotone ? Des "gewone mensen" (gens ordinaires ) ? Pas toujours ! Jean Cordy, par exemple, ne fait certainement pas partie de cette catégorie de personnes !

A Kinshasa et à l'intérieur du pays ? Par quelle « entremise » l'auteur est-il entré en contact avec ses interlocuteurs ? Où logeait-il à Kinshasa ? Dans la République de la Gombe ? Sur l’avenue huppée des Batetela (vue imprenable sur l’Ambassade d’Arabie Saoudite) ? Qui l'hébergeait et/ou l'accueillait dans les différentes villes de l'intérieur de pays qu'il a

"visitées" ? Quel était son « angle de prise de vue » ?

Quels ont été ses "parrains", les quelques personnes dont l'auteur s'est entouré et dont il "respecte profondément le jugement" ? Les nommés Geert Buelens, Jozef Deleu, Luc Huyse et Ivo Kuyl que l'auteur (dans ses remerciements) présente comme étant ses "oncles" ? Aucun Congolais, historien, chercheur, auteur ou philosophe, ne pouvait-il accéder ou prétendre à ce "niveau d'expertise" ?

Qui ont été ses « assistants » ? Qui sont ses « mandants » ou ses « protecteurs » ? Pour qui « roule » l'auteur et « d'où vient l'argent »? A qui l'auteur s'adresse-t-il ? Quelle est sa cible première, originale et principale

?

Les « gens de chez lui », d'abord ?Les enfants, petits- enfants (etc) légitimes et illégitimes des coloniaux ? Les parents et alliés de ceux qui, depuis 1960, ont continué l' « oeuvre civilisatrice » des anciens chicoteurs?

Quel est son public ? Où le livre parait-il ? Dans quelle(s) langues(s) est-il disponible ? Où est-il diffusé ? Par quel réseau ? A quel prix le livre est-il mis en vente ? En vue de quel(s) effet(s) le livre a-t-il été écrit ? Pour « informer », « inculper » ou « disculper » qui ? Ou pour

« expliquer » quoi à qui ? Où « va » l'auteur ? Quels sont ses objectifs ? Où ira l'argent que le livre va rapporter à son auteur (sera-t-il affecté, pour partie, à l'éducation du « petit David »,

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