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Année 207 – Numéro 25 Sommaire

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Année 207 – Numéro 25 Sommaire

RDCongo

Et après le 30 juin 1960 ... page 1 Et après les 30 juin 2017 ?…. page 11 Message de Félix Tshisekedi…. Page 14

Centrafrique

A Bangassou, le pire côtoie le meilleur de l’humanité…. Page 20 Burundi

Communiqué de presse ào l’occasion de la journée internationale contre la torture…. page 25

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RDCongo

Et après le 30 juin 1960 ?

Par Michel Arseneault1

Des documents récemment déclassifiés par le ministère français des Affaires étrangères décrivent l’escalade qui débouchera sur une crise internationale et l’assassinat de Lumumba.

L’ambassadeur des États-Unis ? Obsédé par le communisme... La sécession du Katanga ? Téléguidée par la Belgique... Le ministère français des Affaires étrangères jette un regard nuancé sur le Congo, où s’opposent l’Occident et le bloc soviétique. Des pays occidentaux réfléchissent à « l’élimination » du Premier ministre Patrice Lumumba – y compris la France, montrent des documents français récemment déclassifiés.

1.- Vie et mort de Lumumba: quand la France encensait le dirigeant nationaliste

Patrice Lumumba en décembre 1960. Il était alors Premier ministre du Congo-Kinshasa. A ses côtés, le vice président du Sénat Joseph Okito (g). Patrice Lumumba sera assassiné avec 2 de ses proches, Joseph Okito et

Maurice Mpolo, le 17 janvier 1961. © AFP PHOTO / STRINGER STRINGER

C’est l’indépendance, enfin. A Léopoldville, les cérémonies sont empreintes de solennité. En ce 30 juin 1960, Baudouin, roi des Belges, et Patrice Lumumba, Premier ministre du Congo, prononcent des discours historiques. Deux hommes, deux mondes, s’affrontent.

Après le pape, dont on a lu un message, la parole est au roi. Au Palais de la Nation, ancienne résidence du gouverneur général, le jeune Baudouin vante le « génie du roi Léopold

1Il s’agit initialement d’une série de trois articles, publiés sur le site de RFI les 30 juin, 1° et 2 juillet 2017. Nous n’y avons apporté aucun changement, sauf le déplacement de quelques paragraphes qui nous semblait nécessaire en vue de la publication d’un seul tenant. Lorsqu’une remarque nous a paru nécessaire, utile ou éclairante, elle figure en bas de page. NdlR

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II », l’ex-propriétaire du Congo. Puis, c’est au tour de Patrice Lumumba, dirigeant charismatique qui incarne, au Congo et bien au-delà, l’anticolonialisme qui gagne l’Afrique et l’Asie. Le Premier ministre élu s’adresse aux Congolais – et non au roi --, charge la Belgique et dénonce « l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force ».

Le corps diplomatique, réuni pour l’occasion, est sidéré. La puissance coloniale devait remettre le pouvoir en grande pompe aux nouveaux maîtres de Léopoldville. En lieu et place, c’est le choc de deux hommes, de deux mondes.

Pour tenir Paris au courant, l’ambassadeur de France, Pierre-Albert Charpentier, rédige un télégramme sur les discours prononcés. Celui de Baudouin, flatteur pour la Belgique, était

« à l’extrême opposé de l’autocritique », raille l’ambassadeur.

Celui de Lumumba, rapporte le diplomate, se résumait quant à lui à « une violente diatribe contre le régime d’exploiteurs, de fusilleurs et de colonialistes dont le Congo était enfin débarrassé ». Les propos du Premier ministre embarrassent visiblement Baudouin qui, relève cet observateur attentif, « parlait avec ses voisins ».

« L’étoffe d’un homme d’État »

L’ambassadeur reconnaît des qualités au Premier ministre. Malgré sa jeunesse – il n’a que 35 ans --, il personnifie la nation congolaise face à de « frustes chefs de clans » empêtrés dans « leurs intérêts (et) leurs haines traditionnelles », estime-t-il.

Dans les télégrammes qu’il envoie par télex au Quai d’Orsay (siège du ministère des Affaires étrangères à Paris), Charpentier ne dissimule pas son admiration pour « l’habile, l’agressif, le courageux M. Lumumba ». A ses yeux, sa personnalité « se détache nettement des hommes politiques falots qui l’entourent ». Dans un autre câble, cet observateur va encore plus loin, déplorant l’absence d’hommes politiques au Congo -- « en dehors du Premier ministre ».

Cela n’empêche pas Charpentier de craindre que le chef du gouvernement ne se transforme vite en chef tout court. « Il est probable que (…) Lumumba sera, dans quelques mois, l’homme fort du Congo, écrit-il, le 7 juillet 1960. Ce qui est rassurant car il a, d’après ceux qui le connaissent, l’étoffe d’un homme d’État, mais préoccupant quand on sait son admiration pour Nkrumah et pour Nasser. »

Les présidents du Ghana et de l’Égypte n’inspirent aucune confiance aux puissances occidentales en ces temps de Guerre froide. Le premier, héraut du panafricanisme, a volé à l’aide de la Guinée du marxiste Sékou Touré. Le second, un des « pères » du mouvement des non-alignés, a nationalisé le canal de Suez, en 1956, provoquant un conflit armé avec la France, le Royaume-Uni et Israël.

Les ambassadeurs occidentaux à « Léo » n’ont pas tous un regard aussi bienveillant sur Lumumba. Charpentier le sait bien : « Les uns le considèrent comme l’homme fort du régime, souligne-t-il, d’autres, dont mon collègue américain [Clare Timberlake], estiment qu’il est fou. »

Tout oppose Lumumba à la Belgique

Au Quai d’Orsay, on voit moins ce dirigeant nationaliste basculer dans le bloc soviétique que dans le camp des non-alignés. La fiche que lui consacre le ministère insiste sur sa personnalité, laquelle suscite l’inquiétude. « M. Lumumba n’a cessé de passer d’un extrême à l’autre », assure ce document, faisant tantôt appel au maintien de la présence belge en Afrique, tenant tantôt des propos « d’un nationalisme outrancier ». T

Tout oppose Lumumba à la Belgique. Le Premier ministre ne veut pas du drapeau

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qu’elle propose pour le Congo; il le considère d’inspiration coloniale (parce que son étoile représenterait les lumières de la civilisation occidentale). Il ne veut plus de ses missionnaires;

Lumumba écrit au Vatican pour demander leur remplacement par des religieux français.

Surtout, il réclame l’élection du chef de l’État au suffrage universel direct. Pour la Belgique, qui y voit une simple manœuvre lui permettant de cumuler les postes de Premier ministre et de président, c’est le comble !

A Bruxelles, l’ambassadeur de France, Raymond Bousquet, ne cache pas l’inquiétude que lui inspire Lumumba. Dans les jours qui précèdent l’indépendance du Congo, le diplomate cherche à mettre Paris en garde contre ce fondateur du Mouvement national congolais (MNC).

Le Premier ministre joue, certes, un rôle important à Léopoldville. « Pour le meilleur et pour le pire, assure Bousquet, M. Patrice Lumumba tient à l’heure actuelle dans ses mains l’essentiel du destin du nouvel État congolais »

Mais ce diplomate craint que Lumumba ne se transforme en tyran s’il venait à cumuler les fonctions de chef de l’État et du gouvernement. Avec « une équipe à sa dévotion (sa) tendance à l’autoritarisme pourrait aller croissant, craint-il, le chef du MNC n’ayant jamais caché sa préférence pour les méthodes totalitaires. »

En tant que ministre de la Défense, Lumumba aura autorité sur la Force publique (en voie de devenir l’Armée nationale congolaise). Cela pourrait lui faciliter la tâche s’il décidait la « liquidation autoritaire des oppositions », soutient l’ambassadeur Bousquet, dont les télex reflètent le point de vue de ses interlocuteurs belges.

« Lumumba pouvait et devait réussir »

Le rôle de la Belgique au Congo est loin de faire l’unanimité, y compris en Occident.

La décolonisation « à la belge » est parfois décriée par l’autre puissance coloniale de l’Afrique centrale…

« La politique des Belges est décevante, écrit l’ambassadeur Charpentier depuis Léopoldville. Ils ne sont pas aimés et les Flamands sont détestés. Or, ils agissent comme s’ils conservaient leur responsabilité. » Surtout dans la Force publique, que tant de nationalistes considèrent comme une force d’occupation, d’autant plus qu’elle continue d’être dirigée par un général… belge.

11 juillet 1960 : Moïse Tshombe, que soutient l’Union minière du Haut-Katanga, le groupe belge, proclame l’indépendance du Katanga, province du cuivre. Lumumba, qui craint l’éclatement du pays, se précipite à Élisabethville. Mais son avion est empêché d’atterrir à

« É’ville » par des militaires belges. L’impuissance du Premier ministre est plus criante que jamais.

Au fil des mois, sa position continuera de s’effriter, surtout après le coup d’État du colonel Joseph Mobutu, chef d’état-major de l’armée, le 14 septembre 1960. Ambitionnant de

« neutraliser » le président, Joseph Kasa Vubu, et son Premier ministre, l’officier confiera le pouvoir à une junte composée de jeunes Commissaires.

Alors que s’installe « l’anarchie » -- terme qui revient constamment dans la correspondance diplomatique --, la position de Lumumba devient intenable, d’autant plus que les militaires et policiers se mutinent. « Avec une armée disciplinée et une police bien en main, écrit Charpentier, Lumumba pouvait et devait réussir. Mais l’armée et la police étaient et restent indisciplinées. » Le non-versement de la solde y est sûrement pour quelque chose...

Le Premier ministre a, malgré tout, certains atouts en main. « [Lumumba] dispose de l’appui des soldats de sa tribu qui sont littéralement à sa solde, poursuit Charpentier dans ce

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télégramme daté du 25 septembre 1960. En revanche, le restant de l’armée est contre lui et il a fort à faire pour assurer sa sécurité personnelle et celle de ses collaborateurs, qui passent la nuit hors de leur domicile pour échapper aux "commandos" du colonel Mobutu. »

Le président Kasa Vubu, qui cherche à l’affaiblir finira par révoquer son Premier ministre, provoquant une crise constitutionnelle. Alors que les cadres européens partent, que les usines, mines et magasins ferment, que le nombre de chômeurs augmente, la grogne monte presque partout.

« C’est ce qu’attendait patiemment le président de la République pour démolir, puis anéantir, son adversaire, analyse Charpentier. Avec une apparence d’impassibilité mais un talent extraordinaire de manœuvrier, il l’a petit à petit diminué, privé de ses appuis extérieurs et intérieurs, l’a usé, lui a fait perdre la face. » Avant que Lumumba ne perde la vie.

2 .- Vie et mort de Lumumba: Washington, Bruxelles et sa «marionnette»

Portrait officiel du Premier ministre Patrice Lumumba.

Dans la foulée de l’indépendance, le Quai d’Orsay déplore « l’anarchie » qui s’est emparée du Congo, la « mutinerie » qui s’est répandue dans l’armée. Le pays nouvellement indépendant est ingouvernable. Des diplomates occidentaux jettent la pierre à Patrice Lumumba. Le Premier ministre, jadis si populaire, suscite désormais la grogne.

Le ministère français des Affaires étrangères pointe néanmoins les responsabilités de la Belgique, l’ex-puissance coloniale, qui continue de tirer les ficelles à Léopoldville (Kinshasa).

Le royaume a maintenu, pendant 70 ans, « le régime paternaliste le plus strict », soutient une note, qui critique le refus belge de former des « élites autochtones ». Son auteur dénonce l’attitude « incroyablement bornée » du commandement de la Force publique, composé uniquement d’officiers belges, et son « échec retentissant » dans ses relations avec la troupe congolaise.

Pour remettre de l’ordre dans le pays et protéger les Européens qui fuient vers le Congo Brazzaville et la Rhodésie, l’ambassadeur des États-Unis à Léopoldville, Clare Timberlake, conseille au Premier ministre Lumumba et au président, Joseph Kasa Vubu, de demander l’aide

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des Nations unies. Ce conseil, ils le suivront. Ne serait-ce que parce que la présence de casques bleus est une bonne façon de se débarrasser des militaires belges.

Timberlake demandera aussi à la France d’envoyer des troupes au Congo, selon des documents récemment déclassifiés. Mais Paris ne jouera pas la carte de l’interventionnisme2 dans l’ancienne colonie belge –même si de nombreux mercenaires français seront recrutés par Moïse Tshombe, le président de la riche province du cuivre, après la proclamation de son indépendance, le 11 juillet 1960.

Dès le lendemain, une note du ministère des Affaires étrangères met en garde contre les répercussions de la sécession. Les événements du Katanga pourraient conduire, en ces temps de Guerre froide, à l’affrontement de deux grands blocs: d’une part, « le gouvernement du Katanga, appuyé par la Rhodésie et, peut-être aussi par la Belgique »; et d’autre part, « les

"unitaristes" avec l’appui des Soviétiques et de tout le bloc afro-asiatique ».

L’ombre du communisme plane sur le Congo

Ce dernier redoute que « l’Afrique du Sud-Est » -- en clair : les régimes racistes d’Afrique du Sud et de Rhodésie -- « arrache à l’Afrique noire un de ses territoires », souligne cette note. « Une telle situation serait catastrophique pour l’avenir de l’Afrique et doit à tout prix être évitée. »

Après la proclamation du « Katanga libre » (qui sera suivie de l’indépendance du Sud- Kasaï), le Quai d’Orsay commence à opérer un changement de cap. Depuis Léopoldville, l’ambassadeur Charpentier partage ses interrogations avec ses supérieurs: « L’éclatement du Congo est en voie de réalisation. Je me demande sur le plan politique si ce n’est pas l’intérêt bien compris de l’Occident de ne pas s’y opposer. »

C’est bien la position que finira par adopter l’Occident, qui ne fera rien pour ramener le Katanga dans le giron congolais. Après que les Nations unies ont rejeté la demande d’aide de Lumumba, qui souhaite mater la république autoproclamée militairement avec l’aide des casques bleus, le Premier ministre (à l’instar du président Kasa Vubu) s’adresse à Nikita Khrouchtchev, le « numéro un » soviétique.

L’ombre du communisme plane plus que jamais sur le Congo, du moins aux yeux de la Belgique, qui insistait déjà, bien avant l’indépendance du Congo sur les sympathies communistes du dirigeant du Mouvement national congolais. « Mes interlocuteurs (belges) redoutent son ambition et son absence de scrupules, écrit l’ambassadeur de France à Bruxelles, Raymond Bousquet. Ils craignent notamment (que Lumumba) ne fasse la part trop large aux puissances communistes dont l’emprise sur le Congo est vivement redoutée ici. »

La peur de Moscou est également invoquée par la Belgique pour justifier une intervention qui ne dit pas son nom. Alors que « l’anarchie » pousse des Belges à fuir le Congo par dizaines de milliers, Bruxelles envoie des renforts au Congo pour protéger ses ressortissants;

ces troupes, relèvent cependant des diplomates français, interviennent surtout au Katanga, la riche province minière...

C’est aussi pour « parer aux manœuvres venant de l’Est », soutient Bousquet, que Bruxelles installe des fonctionnaires belges comme conseillers dans les ministères congolais, notamment aux Affaires étrangères.

Des conseillers du bloc soviétique, il est vrai, sont de plus en plus nombreux à « Léo » et Lumumba a menacé de faire appel aux Russes si les troupes belges ne sont pas retirées du

2 Moins, sans doute, par refus de l’interventionnisme, que parce qu’elle avait toujours sur les bras la guerre d’Algérie, qui ne prendra fin qu’en 1962. NdlR)

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Congo le 19 juillet 1960. (Ces 10 000 soldats belges ne partiront qu’à la fin-août.)

« Jamais je n’accepterai le retour de M. Lumumba »

La peur de Moscou habite aussi l’ambassadeur des États-Unis à Léopoldville, Clare Timberlake. A tel point que son homologue français le trouve franchement un peu trop anticommuniste. « L’ambassadeur des États-Unis n’a qu’une idée en tête, c’est de trouver partout comme à Cuba l’influence sournoise des Soviétiques », assure Charpentier, non sans sarcasme.

Timberlake redoute, entre autres, que l’armée ne soit pas véritablement sous l’autorité de Lumumba mais « de son entourage communiste » et que, derrière la façade d’ordre relatif – nous sommes en août 1960-- ne se forme « une véritable force au service des agents communistes dont le nombre va grandissant à Léopoldville ». C’est du moins ce que rapporte l’ambassade de France à Washington dans un télégramme.

Mais, à Washington, l’administration Eisenhower ne voit pas en Lumumba une grave menace pour l’Occident. La CIA, qui avait pourtant ourdi un complot d’assassinat contre lui, l’abandonne au début décembre 1960. Et le département d’État ne croit pas trop à une éventuelle intervention russe.

Khrouchtchev a certes vociféré contre les Nations unies, accusées de ne pas en faire assez pour soutenir Lumumba; il a même menacé de prendre des « mesures énergiques » pour arrêter « l’agression impérialiste » de la Belgique. Mais l’ambassadeur de France à Washington, Hervé Alphand, voit mal l’URSS s’engager plus avant en Afrique centrale : « Un jeune agent chargé à l’ambassade soviétique de suivre les affaires africaines est venu voir hier un de mes collaborateurs (…) Comme mon collaborateur lui marquait son inquiétude devant les menaces de M. Khrouchtchev, le Soviétique a répondu "ce ne sont que des déclarations ".»

Certes, quelques jours après le premier coup d’État de Joseph Mobutu (le 14 septembre 1960), Timberlake cherche à s’assurer que Lumumba ne reprendra pas le dessus. Il demande donc au président congolais s’il envisage de s’entendre un jour avec le Premier ministre qu’il a révoqué.

« Jamais je n’accepterai le retour de M. Lumumba », lui répond Kasa Vubu, du moins selon le compte rendu que Charpentier fait de leur entretien. « L’ambassadeur des États-Unis a dit qu’il s’en félicitait, car le retour au pouvoir de l’ex-Premier ministre aurait été très mal vu à Washington », rapporte Charpentier.

Nous sommes en septembre 1960 et, pour la diplomatie américaine, la remise en selle du Premier ministre serait un succès considérable pour l’Union soviétique. « Si (le département d’État) est très conscient de ce danger, il voit moins bien comment y faire face, écrit Alphand le 18 octobre 1960. Il souhaiterait que certains pays africains manifestent expressément leur méfiance vis-à-vis de M. Lumumba. »

Ces vœux ne seront pas exaucés. Certes, les pays africains qui passent pour « modérés » se méfient de Lumumba et souhaitent éviter son retour au pouvoir. Mais, relève une analyse du ministère des Affaires étrangères, « dans le contexte actuel de surenchère à l’africanisme ils hésitent à prendre publiquement position contre le champion de l’unité congolaise ». Car la sécession du Katanga passe, même aux yeux des « modérés », pour une tentative de recolonisation de la région la plus riche du Congo.

Et ils ne sont pas les seuls à le croire ! C’est aussi le cas du secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, et de son représentant à Léopoldville, Ralph Bunche. « (Ils) sont fermement convaincus que les Belges favorisent le mouvement de séparatisme du Katanga et

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que M. Tshombe est une marionnette, écrit Charpentier. Mes collègues britanniques et américains sont de cet avis et je partage également cette opinion. »

Si la Belgique n’a jamais reconnu l’« l’État du Katanga », ce dernier a pu compter sur le soutien du roi, de l’armée belge, de la Banque centrale de Belgique et de l’Union minière du Haut-Katanga, un groupe minier belge, qui lui payait des impôts3.

3- Vie et mort de Lumumba: l’anticolonialisme assassiné

Le Congo n’est déjà plus le nom d’un pays, mais celui d’une crise internationale. A Léopoldville, le Premier ministre du Congo vit cloîtré. Privé de téléphone, il est assigné à résidence. Un premier cercle de casques bleus ghanéens le protège; un second cercle de soldats congolais le surveille. Le 27 novembre 1960, ce « prisonnier » se fait la belle : personne n’inspecte la Chevrolet dans laquelle ont pris place les domestiques à la fin de leur service.

Lumumba quitte la capitale. Direction : Stanleyville (Kisangani), son fief politique. Il espère y retrouver des troupes et des nationalistes qui lui sont restés fidèles.

Cette chasse à l’homme fera l’objet d’une cascade de courts télégrammes « très urgents

» et « confidentiels ». L’ambassade de France cherche à tenir le Quai d’Orsay informé des tout derniers développements.

Un de ces télex, daté du 2 décembre 1960, rapporte que Lumumba a été arrêté par les soldats du colonel Mobutu à Port-Francqui (aujourd’hui Ilebo) sur la rivière Kasaï. Des casques bleus ghanéens cernent la maison où il est enfermé mais se retirent lorsqu’ils en reçoivent l’ordre.

« Transporté par avion à Léopoldville, monsieur Lumumba a été transféré dès son

3Ce qui est partiellement exact. Les richesses du Katanga sont métallutgique et mières. Il faut donc, pour les exploiter, des installations qui pourraient souffrir d’une guerre civile, voire même d’un sabotage délibéré. (A la fin de la sécession, Munongo a envisagé de faire sauter le barrage Delcommune, et de noyer ainsi les mines de Kolwezi, mais les mercenaires chargés d’exécuter ces ordres ne l’ont pas suivi. La Belgique était à l’époque tiraillée entre deux lignes politiques : celle du gouvernement, qui respectait au moins formellement le gouvernement de Léopoldville, et celle du Palais et de l’UMHK, carrément pro-Tshombe. NdlR.

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arrivée au camp de para-commandos du colonel Mobutu, signale l’ambassadeur Pierre-Albert Charpentier. Il a ensuite été conduit au cours de la nuit, sous escorte militaire, à Thysville où il a été incarcéré.»

L’élimination de M. Lumumba est un objectif « désirable en soi ».

Au camp Hardy, non loin de Thysville, ville de garnison qui s’appelle aujourd’hui Mbanza-Ngungu, c’est le début de la fin. Lumumba sera battu par des soldats. Ces mauvais traitements, de plus en plus cruels, culmineront par son assassinat, le 17 janvier 1961.

Avant même son « évasion », beaucoup de diplomates occidentaux pensaient que la présence de Lumumba à « Léo » était un obstacle au règlement de la crise congolaise.

C’est le point de vue de Jean Sauvagnargues, un diplomate qui deviendra ministre des Affaires étrangères sous Valéry Giscard d’Estaing. « L’élimination de M. Lumumba, écrit-il, le 3 octobre 1960, est un objectif « désirable en soi ». Élimination politique ou physique? Sur ce point, le texte de Sauvagnargues n’est pas clair. Il ajoute cependant qu’il serait « sage que les puissances occidentales adoptent une attitude d’extrême réserve ».

Ce n’est pas le point de vue de la Belgique. Deux jours plus tard, le ministre belge des Affaires africaines, le comte Harold d’Aspremont Lynden, évoquera l’« élimination définitive » de Lumumba dans une lettre que cite le sociologue Ludo De Witte dans son « Assassinat de Lumumba » (Karthala). Ce même ministre insistera, après l’arrestation de Lumumba, pour que le prisonnier soit transféré au Katanga, où il sera fusillé.

L’arrestation du Premier ministre provoque de violentes réactions dans l’est du Congo, d’où Lumumba est originaire. Les troupes qui s’y sont soulevées, prévient le colonel Mobutu, alors chef d’état-major de l’armée, lors d’un entretien avec l’attaché militaire français, ont l’intention d’atteindre Léopoldville « en exécution d’un plan minutieusement préparé ».

L’arrestation d’un élu, qui bénéficie de l’immunité parlementaire, soulèvera l’indignation à l’étranger. Surtout après que les photos où l’on voit des soldats battre leur prisonnier sous l’œil de Mobutu commencent à circuler.

Le blessé sera examiné par le médecin personnel de Mobutu, le prince Stéphane d’Arenberg. Celui-ci évoquera l’état de santé du Premier ministre lors d’un entretien avec l’ambassadeur de France, Pierre-Albert Charpentier. Dans un télégramme « confidentiel » daté du 7 décembre 1960, le diplomate résume les propos du médecin:

« L’ancien Premier ministre portait quelques traces des mauvais traitements subis à Léopoldville (notamment un œil poché et une entorse bénigne à un pied). Il est maigre, a le crâne rasé, mais en bonne condition physique. L’homme est pourtant abattu, humilié, méconnaissable. »

Lumumba, qui n’aurait pas eu « de réclamation à formuler », du moins selon ce médecin belge, est « traité humainement et ne risque pas d’être assassiné4».

L’ambassadeur se doute bien que la visite de ce médecin est à visée politique. « Étant donné les photographies prises de Lumumba battu par des soldats, il était nécessaire de donner une certaine publicité à la visite de médecins belges à l’ancien Premier ministre », écrit-il.

4Qu’un médecin constate si un homme est ou n’est pas en bonne santé, ou déclare qu’il est ou n’est pas en danger de mort, il n’y a là rien que de normal. Par contre, il est étrange qu’un diagnostic médical inclue l’affirmation que le patient « ne risque pas d’être assassiné ». Comment le médecin peut-il le savoir ? Cette « viste » paraît bien plus politique que médicale ! NdlR.

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Journée fatale pour le dirigeant nationaliste

Depuis Thysville, le « traître Patrice Lumumba », persiflent ses ennemis, sera transféré à Élisabethville (Lubumbashi), capitale du Katanga indépendant, le 17 janvier 1961.

Dans « L’assassinat de Lumumba », Ludo De Witte décrit cette journée fatale pour le dirigeant nationaliste. Elle débute par un premier vol – des soldats amènent Lumumba de Lukala à Moanda – puis un second, à destination d’ « É’ville ». Pendant le trajet, le prisonnier est tabassé et molesté.

Après l’atterrissage du DC-4 dans la capitale minière, Lumumba est roué de coups --sur le tarmac -- par des soldats congolais et au moins un sous-officier belge. Jeté dans une jeep, ligoté, le prisonnier est conduit dans une maison inoccupée à quelques kilomètres de là et enfermé dans la salle de bain, où il sera à nouveau brutalisé.

Accompagné de militaires et policiers, Lumumba et deux autres prisonniers, Maurice Mpolo (ex-ministre des Sports) et Joseph Okito (ex-vice-président du Sénat), sont amenés, une fois la nuit tombée, à une cinquantaine de kilomètres de là, dans une savane boisée. Ils seront fusillés par trois pelotons d’exécution sur ordre d’un officier belge.

Ce jour-là, l’ambassadeur de France écrit à Paris pour expliquer que, malgré l’arrestation du dirigeant nationaliste, rien n’est joué: « Nous pouvons nous trouver rapidement devant un retour de monsieur Lumumba. » Charpentier ne peut savoir que le Premier ministre sera exécuté le soir même.

Le lendemain, le diplomate continue de tenir le Quai d’Orsay au courant de ses activités.

Il s’est entretenu avec le ministre congolais des Affaires étrangères, Justin Bomboko, qui reproche aux Occidentaux de ne pas fournir assez d’armes à une Armée nationale congolaise (ANC) menacée, à son avis, par le péril communiste. Lors de cette rencontre, Bomboko accuse Lumumba d’avoir expédié « plus de 10 000 » fusils en Algérie où la France est en guerre contre les nationalistes. Charpentier relaie cette information (et son incrédulité) dans un télégramme

« secret ».

Le diplomate peut difficilement savoir, au lendemain de l’assassinat, que Lumumba a été tué : le Katanga cachera ce meurtre pendant trois semaines. Radio Katanga n’annoncera son

« évasion » que le 10 février 1961. Les autorités katangaises ajouteront, trois jours plus tard, que Lumumba a été reconnu par des villageois qui l’ont tué. Un médecin belge signera un faux certificat de décès.

Au Katanga, cet assassinat de ne suscite guère l’indignation, au contraire. « Chez les étrangers, Belges et autres, peu de regrets sur la disparition du personnage, mais de l’inquiétude sur les conséquences de la publicité faite autour de l’événement, rapporte Marcel Thibault, consul de France à Élisabethville, dans un câble daté du 16 février 1961. Chez les Katangais, cela va de l’indifférence totale à la joie bruyante en passant par le soulagement. »

Le consul a du mal à croire que le « père » de l’indépendance du Katanga ait pu être mêlé à cet assassinat, même si l’on sait aujourd’hui que Moïse Tshombe a assisté à son exécution. « Il ne semble nullement établi que l’équipe gouvernementale et plus spécialement Tshombe, qui n’a rien d’un sanguinaire, ait déclenché l’opération », écrit Thibault.

Godefroid Munongo, bras droit de Tshombe, a pourtant joué un rôle de tout premier plan dans cette affaire, selon Ludo De Witte.

Thibault ne veut pas croire, non plus, à un éventuel rôle de la Belgique : « Il ne fait de doute pour quiconque ayant un peu d’honnêteté ou de bon sens, que (les Belges) ne sont

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absolument pour rien, ni dans le transfert de Lumumba, ni dans sa mort. »

C’est bien la Belgique, toutefois, qui a présenté des « excuses » au peuple congolais et exprimé ses « profonds et sincères regrets » en 2002 pour son rôle dans l’assassinat de Lumumba.

Photo de Lumumba, prise par Lynn Waldron

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Et après le 30 juin 2017 ?

Alors que le 30 juin est habituellement marqué par la retransmission à la télévision d'un discours du président et par un défilé militaire pour célébrer l'anniversaire de l'indépendance de la RDC, aucun de ces deux événements n'a eu lieu cette année.

Ni célébration officielle, ni discours présidentiel, ni défilé militaire en ce 57ème anniversaire de l’indépendance de la RDC. Si le 30 juin est traditionnellement marqué par le discours du Président sur l’état de la nation, cette année les Congolais doivent se contenter d’un court communiqué.

Dans le document publié dans la soirée du 29 juin sur le compte Twitter de la présidence, Joseph Kabila dit regretter ne pas pouvoir, « pour des raisons de santé », adresser son message aux Congolais comme il le fait habituellement, à la télévision. Il invite par ailleurs « la population congolaise, dans son ensemble, à célébrer […] l’anniversaire de l’Indépendance nationale dans le calme et la méditation. »

Basile Olongo, le vice-ministre de l’Intérieur et de la Sécurité se dit favorable à cette invitation : « Il faut que les Congolais réfléchissent sur la recolonisation que veulent nous imposer les Occidentaux, car aujourd’hui tout le monde veut s’ingérer dans les questions de la RDC. En quoi sommes-nous un État indépendant ? » s’interroge-t-il, avant d’indiquer qu’il se réunira avec sa base pour méditer lui aussi sur la situation du pays.

Les bourgmestres des communes de Kinshasa ont également été invités, sur instruction du gouverneur de la ville, à organiser des « messes de méditation » avec leurs concitoyens.

Les membres de l’opposition ainsi que de nombreux internautes n’ont pas tardé à réagir sur les réseaux sociaux pour critiquer le choix du président Kabila de pas s’adresser à la nation.

Sur la toile on s’est surtout amusé. Des internautes ont préféré la voie de l’humour pour commenter le choix du Président, certains publiant la couverture du Malade imaginaire de Molière, d’autres invitant la twittosphère à imaginer ce que Joseph Kabila aurait dit si son état de santé ne l’en avait pas empêché.

Olivier Kamitatu, porte-parole de l’opposant Moïse Katumbi, s’interroge sur Twitter :

« Désinvolture, manque d’inspiration ou tout simplement mépris à l’endroit de la nation ? » Le député de l’opposition et membre du Rassemblement Claude Lubaya parle quant à lui d’une

« erreur historique » de Joseph Kabila.

Un « Message du 30 juin », envoyé de Bruxelles par Félix Tshisekedi, dont on trouvera une copie5ci-après, annonce que « L’UDPS ne reconnait plus Joseph Kabila comme président de la République ».

Ce message a, comme il se doit, fait l’objet d’un point de presse du secrétaire général de ce parti politique de l’opposition, Jean-Marc Kabund-A-Kabund, organisé jeudi 29 juin au siège de l’UDPS à Limete (Kinshasa), au cours duquel lui aussi a affirmé que « L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ne va plus reconnaître Joseph Kabila comme président de la RDC ».

Il motive cette décision par le fait que l’actuel chef de l’Etat «ne respecte ni la constitution, ni l’accord de Saint Sylvestre qui, selon lui, a accordé au président Kabila le pouvoir de gouverner après ses deux mandats constitutionnels.»

Le secrétaire général de l’UDPS appelle tous les congolais à souscrire à la démarche de

5Pour la qualitéde laquelle nous présentons nos plates excuses. La copie qui nous est parvenue n’était pas blanc sur noir ou noir sur blanc, mais « anthracite sur gris foncé ».

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l’UDPS et à adhérer à des actions que son parti compte mener «pour que Joseph Kabila quitte le pouvoir avant le 31 décembre 2017.».

C’est là un réveil un peu bien tardif, puisqu’en réalité il y a cinq ans et quelques mois que JKK n’est plus président.

Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. On aurait pu attendre de l’UDPS, qui se donne pour la principale force de défense de la démocratie, qu’elle prenne la tête de cette protestation pour exiger la reconnaisance officielle decette nullité.

Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi. C’est précisément parce qu’à l’époque Etienne Tshisekedi s’est obstiné à se prétendre vainqueur d’élections nulles, que l’UDPS doit aujourd’hui feindre de découvrir l’eau chaude !

Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. En d’autres termes, il y a en RDC un Président, des ministres, des autorités DE FAIT. Il n’y en a plus aucune qui puisse légitimement se dire « autorité de droit ».

Réagissant à cette déclaration de l’UDPS, le porte-parole de la Majorité présidentielle (MP), André Alain Atundu, parle d’un «coup d’épée dans l’eau»; car, explique-t-il, cette position de l’UDPS ne tient pas compte de la réalité sur le terrain.

M. Atundu estime par ailleurs que la déclaration de l’UDPS illustre «le fossé qui existe entre les dirigeants de ce parti et l’intérêt de la base.» Selon lui, l’intérêt de la base c’est la paix sociale et l’aspiration aux élections crédibles pour lesquels, a-t-il soutenu, l’UDPS ne fait rien. En clair, cela revient à dire que la MP –car c’est elle, et elle seule, qui bloque le processus, estime qu’il faut attendre encore un peu car, à bref délai, le peuple sera suffisamment épuisé pour accepter n’importe quoi.

L’invitation au « calme, au recueillement, à la méditation » et même à organiser des « messes de méditation » avec leurs concitoyens est aussi une manière de commenter le dernier message de la CENCO suite à l’impasse politique actuelle en RDC, en renvoyant « les curés dans leur sacristie ».

D’aucuns soulignent qu’à l’orée de la commémoration dans 24 heures de l’indépendance du pays, la seule question qui se posait était celle de savoir jusqu’où les princes de l’église iraient dans leur croisade. Car on peut tout dire de l’église catholique, sauf lui dénier les capacités de mobiliser les masses. Avec ses quarante et un diocèses et six archidiocèses, elle est à ce jour, la seule force sociale structurée qui soit présente dans tout le pays.

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La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a lancé la campagne de sensibilisation pour des manifestations pacifiques. Le secrétaire général de la CENCO, l’abbé Donatien N’shole, qui l’a annoncé à ce site a indiqué que cette sensibilisation de la population à travers les différents diocèses a pour l’objectif principal d’amener la population à

«sanctionner» les responsables de la crise sociopolitique actuelle. L’abbé N’Shole a aussi indiqué que les évêques comptent bien déployer leurs envoyés partout dans le pays pour passer le message et faire en sorte que la situation politique actuelle ne ressemble pas à l’anarchie.

Mais, quoi qu’il puisse en coûter à la CENCO de l’admettre, son message aurait dû être moins équivoque.

Elle a continué à user de termes vagues et à double sens, comme « les politiciens » au lieu de désigner nommément la MP. Cela permet à celle-ci de feindre croire qu’il s’agissait des politiciens de l’autre bord. Il aurait fallu dire que, puisque JKK ne quittera jamais le pouvoir de son plein gré, il est moralement admissible d’user de violence contre lui et sa clique.

Avant de pouvoir tenir des élections qui aient la moindre chance de respecter la volonté des électeurs il faut : recenser la population, débiter Kabila en tranchettes d’une minceur extrême, recenser VRAIMENT les électeurs, mettre en place une CENI et une Justice auxquelles on puisse se fier… Cela ne se fera pas sans casse, mais c’est cela qui compte, et non la date des élections !

Il est essentiel de garder en mémoire que la RDC vit toujours sous un régime illégitime, depuis les élections de 2011.

Pourquoi se soucie-t-on tant de savoir si la fin du « mandat » du « Président » Kabila serait conforme à la Constitution, alors que la Constitution a été non pas violée, mais chiffonnée, jetée à terre et foulée aux pieds pour le maintenir au pouvoir en 2011 après des élections NULLES .. La réalité, c’est que l’usurpateur doit s’en aller. Si l’on a l’occasion de le faire partir

« en douceur » en lui accordant un délai jusqu’en décembre pour faire ses malles, tant mieux.

Sinon, qu’il subisse la violence qu’il a déjà infligée à tant d’autres !

Entre temps, le 57e anniversaire de l’indépendance de la RDC intervient alors que le pays reste miné par l’insécurité

Dernier exemple en date : l’attaque d’un commissariat de Kinshasa le jeudi 29 juin par des personnes non identifiées. Ces deux derniers mois, les assauts de ce type contre des postes de police ou des prisons sont devenus particulièrement fréquents. L’Est et le Sud du pays sont pour leur part déstabilisés par divers groupes armés. Des conditions qui ont amené l’armée à annuler le défilé militaire du 30 juin « pour des raison de sécurité », a indiqué le chef d’état- major adjoint de Kabila à l’agence Reuters, sans plus de détails.

Au plan politique, c’est l’incertitude qui prévaut. Le pays traverse une crise depuis le rendez-vous manqué de l’élection présidentielle de 2011.

Cette crise s’est aggravée à partir du 20 décembre 2016, qui aurait dû marquer la fin du second mandat de Joseph Kabila. Bien que la Constitution lui interdise de rester en poste, il a négocié avec une partie de l’opposition son maintien au pouvoir jusqu’à ce que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ait publié un calendrier électoral.

Et si ce calendrier était publié, ce ne serait qu’un rendez-vous pour le prochain « banquet des fraudeurs », puisqu’aucun recensement, n’a encore eu lieu, que l’actualisation du fichier électoral est donc sujette à caution, et que le processus reste entre les mains d’une CENI politisée acquise à Kabila et à une Justice à ses ordres.

Cela ne peut finir que dans le sang. Si possible, pas toujours celui des mêmes !

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