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Spécial mensongesSpécial mensongesSpécial mensongesSpécial mensonges !!!!!!!!!!!! Année 2014, numéro 13 SOMMAIRE

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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le lundi 5 mai 2014

Spécial mensonges Spécial mensonges Spécial mensonges Spécial mensonges !! !! !! !!!!!!

Année 2014, numéro 13 SOMMAIRE

VeneVene VeneVenezuela zuela zuela zuela

Lettre au médiateur du « Monde » à propos du Venezuela… page 1 Egypte

Egypte Egypte Egypte

Quand un juge égyptien condamne à mort 529 personnes d’un coup.

Faux crimes, vrais châtiments… page 6 Burundi

Burundi Burundi Burundi

Distribution d’armes aux « milices » ou le spectre des Grands Lacs… page 9 Russie / Ukraine

Russie / Ukraine Russie / Ukraine Russie / Ukraine

Ce n’est pas la Russie qui a poussé l’Ukraine au bord de la guerre !... page 18

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V V V

Venezuela enezuela enezuela enezuela

Lettre au médiateur du « Monde » à propos du Venezuela

par Maurice Lemoine1 Monsieur le médiateur,

Avez-vous conscience que votre quotidien accorde infiniment plus d’importance, en nombre de signes, d’articles, de pages (et de virulence) – examinez vos archives récentes, vous serez surpris du résultat ! –, à « la répression sans états d’âme » (28 mars) des étudiants et opposants vénézuéliens par le gouvernement de Nicolas Maduro qu’à (par exemple) la condamnation à mort, le 24 mars, de 529 partisans de l’ex-président égyptien Mohamed Morsi, pour des violences commises durant l’été 2013 ? C’est pourtant ce que tout lecteur du Monde, même moyennement attentif, peut constater. Curieuse disproportion…

Que votre collaborateur Paulo A. Paranagua mène une croisade personnelle et haineuse contre la gauche latino-américaine – et en particulier celle qui gouverne à Caracas, au terme d’élections reconnues par la communauté internationale – est son droit le plus strict. Qu’il entraîne Le Monde – en témoigne votre éditorial « Les Vénézuéliens dans l’impasse du

“chavisme” » (11 mars) – dans sa dérive obsessionnelle participe d’un pic de pollution médiatique particulièrement préoccupant.

Je ne reprendrai pas ici point par point la prose de votre « journaliste », tant il y faudrait de la place et du temps. Elle prête d’ailleurs parfois à sourire quand, par exemple, il présente l’opposant Teodoro Petkoff comme une « figure de la gauche » vénézuélienne : ministre du président néolibéral Rafael Caldera (1994- 1999), celui-ci a été à l’époque l’architecte des politiques de privatisation et de démantèlement du système de sécurité sociale !

Sourire encore lorsqu’il s’en prend, régulièrement, aux excellentes relations du Parti des travailleurs (PT) et du pouvoir brésilien avec les gouvernements « socialisants » – rebaptisés par vos soins « populistes » – environnants : si je ne me trompe, ce n’est pas moi, mais bien Le Monde, qui a fait de Luiz Inacio Lula da Silva, en décembre 2009, « l’homme de l’année » (il est vrai qu’à l’époque, il fallait un « bon » chef d’Etat progressiste à opposer à Hugo Chávez, « le méchant ») ! Chávez disparu, la grande Internationale conservatrice peut désormais s’en prendre à la gauche modérée (qui, je le précise, et pas plus que ses homologues se revendiquant du « socialisme du XXIe siècle », n’est exempte de critiques, cela va de soi). Mais le problème n’est pas là… Il réside dans une manipulation grossière de

1 Journaliste, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, spécialiste de l’Amérique latine.

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l’information, destinée à transmettre une image désastreuse des pays de la région qui, tout en mettant en oeuvre des politiques sociales et en réduisant considérablement la pauvreté, ne se soumettent ni aux dogmes néolibéraux ni aux desiderata des Etats-Unis, de l’Union européenne et de leur excroissance mutuelle, l’OTAN. Il réside, sous couvert de soutien au centre gauche, d’appuyer en sous-main la droite (ce qui, en démocratie, n’a rien de honteux), la droite radicale (ce qui est déjà plus problématique) et même l’extrême droite (ce qui est proprement scandaleux).

Le Venezuela connaît des difficultés économiques réelles – inflation de 56 % (plus de 1000 % en 1996 !, soit dit en passant), insécurité et pénuries (démultipliées par un sabotage économique bien réel lui aussi, bien qu’occulté par votre quotidien). Depuis début février, le président Nicolas Maduro fait face à de violentes manifestations « d’opposants et d’étudiants » « durement réprimées » (vos éditions des 3, 16 et 17 avril, pour ne citer qu’elles). De fait, dans un contexte de violence qui, à l’heure où j’écris, a malheureusement fait quarante et une victimes, on notera que, au 31 mai, la justice vénézuélienne avait déjà ouvert 81 enquêtes concernant les excès des forces de l’ordre – 75 pour mauvais traitements, 2 pour torture et 4 pour assassinats –, dix-sept agents étant détenus.

Toutefois, un journaliste professionnel digne de ce nom attirerait également l’attention sur le fait que sept des victimes sont des gardes nationaux (l’équivalent de nos CRS) ou des policiers (la majorité tués par balles) ; que huit des civils décédés ont été atteints par des tirs de l’opposition, alors qu’ils contestaient, fuyaient ou tentaient de déblayer les barricades ; que six doivent leur mort aux obstacles ou aux fils de fer barbelés tendus dans les rues par les groupes de choc de ce qu’un témoin objectif qualifierait de « guérilla urbaine », etc, etc.

Quand le diable se cache dans les détails, mieux vaut évacuer les détails, estime sans doute Paulo A. Paranagua…

Mais vos lecteurs sont trompés.

« Aucun manifestant n’a été arrêté avec une arme de poing », peut-on lire sous la plume de cet

« envoyé très spécial » (3 avril)… Les agents des forces de l’ordre tués par balles l’ont donc vraisemblablement été avec des fusils de bois, des pistolets à eau ou à bouchons ! D’ailleurs, l’affirmation s’est révélée quelque peu prématurée : détenu alors qui dirigeait les

« guarimbas » à San Cristobal, « épicentre des manifestations », Gabriel Alejandro Reyes est sous le coup d’un mandat d’arrêt d’Interpol pour… narcotrafic. Curieux étudiant ! Mais pourquoi Le Monde devrait-il mentionner les liens entretenus par certains des manifestants de cet Etat du Tachira avec les paramilitaires colombiens ? Ou même la présence de délinquants, rémunérés, au coeur des manifestations ?

Je me permets d’insister : est-il tout à fait secondaire que l’une des figures de proue de ce mouvement « pacifique » et « démocratique » que vous soutenez ostensiblement, le dirigeant étudiant Laurent Saleh (bien qu’il ait terminé ses études depuis longtemps !), ait assisté, le 6 juillet 2013, à Bogotá, en tant que représentant de l’ « opposition vénézuélienne », à une réunion politique organisée par un mouvement fascisant, l’Alliance nationaliste pour la liberté, en présence de Diego Cubillos, comandante de Troisième force, une organisation néo- nazie opérant dans la capitale et d’autres grandes villes de Colombie ? Comme l’a rapporté l’un de vos confrères d’El Espectador (21 juillet 2013), Saleh a déclaré à cette occasion : « Je viens vous dire que nous avons besoin de votre appui et que vous avez le nôtre ». Vous l’ignoriez ? Cela ne me surprend pas, si vous ne lisez que la prose de Paulo A. Paranagua ! Sa priorité réside dans la criminalisation des organisations populaires vénézuéliennes, en

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reprenant la propagande de l’extrême droite sur les fameux « collectifs » chavistes qui sèment la terreur en toute impunité (on prétendait la même chose des « cercles bolivariens », avant avril 2002, pour justifier le coup d’Etat en gestation).

Puisque j’ai rapidement évoqué la Colombie, permettez-moi une digression (les vacances de Pâques nous accordent un peu de temps !). Ne serait-il pas possible que Marie Delcas, votre correspondante à Bogotá, s’intéresse d’un peu plus près aux événements se déroulant dans ce pays ? On la sent certes passionnée par ce qui se passe de l’autre côté de la frontière : « Au Venezuela, pénurie et petits trafics en série » (12 mars) ; « Nicolas Maduro ne cesse de conforter l’emprise des militaires sur le Venezuela » (25 février) ; « Au Venezuela, les municipales deviennent un plébiscite » (7 décembre 2013) ; « Nicolas Maduro mobilise l’armée contre l’inflation » (14 novembre 2013 ; « Le Venezuela empoisonné par l’insécurité » (2 avril 2013) – j’en passe, et des meilleurs (façon de parler !), sans toutefois oublier « Les dessous chics de la révolution bolivarienne » (29 mai 2009) ou « Démocratie participative à la Chávez » (20 avril 2007).

Curiosité fort légitime, lorsqu’on a compris la priorité qu’accorde Le Monde à la stigmatisation de la « révolution bolivarienne » (bien que Delcas se montre moins caricaturale que Paranagua, ce qui, entre nous, n’est pas trop compliqué). Mais, à trop baguenauder dans le pays voisin, votre correspondante en oublie ce qu’un naïf pourrait considérer comme sa priorité : informer sur la Colombie. Certes, cette terre infiniment moins violente que le Venezuela « populiste » !!! ne mérite guère qu’on s’attarde sur elle, mais je n’en note pas moins que jamais vos lecteurs n’ont été informés, par un article détaillé ou une enquête fouillée, sans même demander qu’elle soit exhaustive, sur :

1) la découverte à La Macarena, en décembre 2009, d’une fosse commune contenant les corps de 1500 à 2000 paysans, syndicalistes, militants, opposants politiques assassinés par les paramilitaires et une unité d’élite de l’armée (imaginez une seconde qu’on ait trouvé un tel charnier au Venezuela… vous auriez mobilisé toute la « une » et doublé votre pagination !) ; 2) le scandale de la parapolitique (liens d’environ un tiers des membres du Congrès avec les paramilitaires) ;

3) le scandale des « faux positifs » : exécutions extra-judiciaires de civils ultérieurement revêtus de tenues de combat pour les présenter comme des guérilleros éliminés lors d’affrontements armés (plus de 1300 victimes identifiées) ;

4) la condamnation (décembre 2012) à treize ans de prison, aux Etats-Unis, pour narcotrafic, du général Mauricio Santoyo, chef de la sécurité et homme de confiance du président Alvaro Uribe au palais de Nariño ;

5) l’assassinat de plus de trente militants de la Marche patriotique, depuis la naissance de ce mouvement social, en octobre 2012 ;

6) la récente affaire de corruption touchant l’armée (fausses factures, détournement de matériel, trafic d’armes se chiffrant en millions d’euros).

Par action ou par omission, en taisant tous ces événements (d’autres parleraient de crimes d’une extrême gravité), Le Monde donne un sacré coup de pouce à l’extrême droite colombienne. J’ose espérer qu’il s’agit-il là d’un effet secondaire non désiré… Mais, dans ces

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conditions, et puisque Marie Delcas est monopolisée par les avanies du sulfureux régime

« chaviste », pourquoi ne nommeriez-vous pas un correspondant à Caracas, qui, lui, pourrait s’occuper des deux ou trois bricoles tout à fait anodines qui se déroulent en Colombie ?

En bref, et revenant au Venezuela…

– La Conférence des évêques vénézuéliens (largement citée dans votre édition du 17 avril)

« dénonce la promotion d’un gouvernement de type totalitaire » : le 12 avril 2002, lors du coup d’Etat contre Hugo Chávez, c’est par un décret contresigné par la hiérarchie de l’Eglise catholique, représentée par le cardinal José Ignacio Velasco, que le patron des patrons Pedro Carmona s’est emparé (pour quelques heures) de tous les pouvoirs, a dissout les institutions démocratiques et a déchaîné la répression contre les dirigeants de la « révolution bolivarienne ». La formule « persiste et signe » m’aurait paru assez adéquate pour commenter l’attitude de cette noble institution.

– « Aux élections législatives de 2010, les opposants étaient majoritaires en voix, à défaut de l’être en nombre d’élus » (16 et 17 avril, Paranagua ayant une fâcheuse tendance à rabâcher) : ici, la réalité est « trafiquée ». Le 26 septembre 2010, avec un taux de participation élevé (66,45 %), les candidats du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) ont rassemblé 5 399 574 voix contre 5 312 293 pour l’opposition (Plateforme d’unité démocratique ; MUD), soit 46,23 % des suffrages exprimés contre 45,48 %. L’ « arnaque » de la droite, reprise par votre employé, a été de s’attribuer le chiffre farfelu de 52% des suffrages en rajoutant à ses voix celles du parti Patrie pour tous (PPT), une formation de gauche critique (mais qui ne s’est jamais revendiquée de droite !) – qui, depuis, a d’ailleurs rejoint le camp chaviste.

Par ailleurs, quitte à évoquer les rendez-vous électoraux, pourquoi ne pas mentionner les deux derniers résultats (hors présidentielles) qui, lors des régionales du 16 décembre 2012, ont vu le PSUV triompher dans vingt des vingt-trois Etats du pays et, à l’occasion des municipales du 8 décembre 2013 – que l’opposition prétendait transformer en plébiscite –, remporter, avec ses alliés du Grand pôle patriotique (GPP), 76,42 % des municipalités, avec 54 % des voix contre 44 % (dix points d’écart) à l’opposition ?

« Maria Corina Machado, l’étoile montante de l’opposition (a été) déchue de son mandat de député pour avoir dénoncé les violations des droits de l’homme devant l’Organisation des Etats américains (OEA) à Washington » (16 avril) : on pourrait – on devrait ! – raconter l’histoire autrement… Le 21 mars, si M.C. Machado a pu s’exprimer devant le Conseil permanent de l’OEA – qui, réticent, n’a accepté de l’écouter qu’à huis clos – pour dénoncer son gouvernement et exprimer son soutien aux violences de l’opposition, c’est parce que le Panamá, aligné sur Washington et très hostile à Caracas, l’a accréditée en tant que représentante (une charge d’ambassadrice auxiliaire !) de la délégation du Panamá. Dès lors, la députée a violé l’article 149 de la Constitution vénézuélienne qui stipule : « Les fonctionnaires publics ne peuvent accepter de charges, d’honneurs ou de récompenses de gouvernements étrangers sans l’autorisation de l’Assemblée nationale. » La Constitution, vous avez dit la Constitution ? Oui, cela existe aussi au Venezuela. Héritière comme les autres leaders de la droite d’un grand groupe économique privé, Mme Machado signa le décret putschiste d’avril 2002 supprimant toutes les institutions démocratiques (parlement, etc…)

« Maria Corina Machado (…), comme d’autres opposants (entre autres Leopoldo López) était partisane de reprendre la rue aux chavistes sans attendre les législatives de 2015. Leur idée ? Pousser dans les cordes M. Maduro, favoriser une “issue pacifique et constitutionnelle” : un

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mensonge de la taille du soleil ! En dirigeants de la droite « radicale » ayant personnellement participé à la tentative de coup d’Etat de 2002, Leopoldo López, Antonio Ledezma et María Corina Machado ont annoncé vouloir provoquer « le naufrage du régime ». Dès lors, c’est avec un slogan particulièrement explicite – « la salida » (« la sortie ») – que l’un et l’autre, cherchant à provoquer un chaos débouchant sur la démission du président Maduro, ont appelé à l’insurrection – laquelle, à Caracas, Paranagua oublie ce détail, se cantonne aux beaux quartiers (qui, d’ailleurs, commencent à sérieusement s’en fatiguer). Même si cela ne transpire pas dans vos derniers articles, sous l’égide de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), une partie de la droite vénézuélienne négocie actuellement une (difficile) sortie de crise avec le gouvernement et a même, trahissant Paranagua et les siens, « condamné explicitement et clairement toute forme de violence », comme l’a déclaré, ce 17 avril, le ministre des Affaires étrangères équatorien, Ricardo Patiño.

Avant de terminer, car il ne serait pas raisonnable de reprendre toutes les manipulations relevées dans vos colonnes – le Venezuela n’étant pas seul concerné –, permettez moi de mentionner un point non dépourvu de signification.

Dans tous ses articles, je dis bien TOUS ses articles – si vous en avez le courage, relisez-les – Paulo A. Paranagua nous parle du « lieutenant-colonel » Hugo Chávez et du « capitaine » Diosdado Cabello. Curieux : l’un et l’autre ont quitté l’armée en 1994, il y a vingt ans ! Au cas où vous ne saisiriez pas l’intérêt du procédé, je vais vous l’expliquer : il s’agit de la formule qu’utilisent les médias vénézuéliens d’opposition (El Nacional, El Universal, Tal Cual, etc.) pour désigner, depuis 2002, feu le « président » Chávez et l’actuel « président de l’Assemblée nationale », exprimant ainsi qu’ils leur dénient la légitimité et le titre que les élections démocratiques et la Constitution leur ont pourtant octroyé. Tout en rappelant de façon subliminale la tentative de coup d’Etat à laquelle ils ont participé, le 4 février 1992, en omettant de rappeler l’une de ses causes, la terrible répression, trois ans auparavant, d’un soulèvement populaire – le Caracazo – qui a fait, selon les sources, entre 300 et 3000 morts (voire même davantage), sous les auspices d’un président social démocrate, Carlos Andrés Pérez, ultérieurement destitué pour corruption. A défaut du prix Pullitzer ou du prix Albert Londres, Paulo A. Paranagua peut donc postuler avec les plus grandes chances de succès au Prix franco-vénézuélien de la connivence et du « copier-coller ».

Néanmoins, cette dernière démarche amène une réflexion. Puisqu’il se plaît à figer, selon son bon vouloir, tel ou tel dans son passé lointain, pourquoi votre collaborateur ne s’appliquerait- t-il pas cette règle à lui-même ? Ainsi, au nom de Paulo A. Paranagua, journaliste, pourrait-il substituer la mention comandante Saúl, pseudonyme qu’il utilisait au sein de l’organisation armée Parti révolutionnaire des travailleurs – Fraction rouge (PRT-FR) lorsque, le 21 mai 1975, en Argentine, il fut arrêté, après une série d’actions que, par pudeur et omettant de les détailler, nous qualifierons de particulièrement musclées.

Très chanceux – et il y a lieu de s’en féliciter sans aucune arrière-pensée –, Paranagua, en pleine dictature, bénéficia d’un non-lieu et sortit de prison en 1977. Comme Chávez – « le lieutenant-colonel » – et Cabello – « le capitaine » – , qu’il semble tant mépriser, l’ont fait en 1994, dans d’autres circonstances, à leur tour amnistiés.

Cher Monsieur, au début des années 1970, en menant une campagne de haine et de mensonges, le quotidien chilien El Mercurio, a préparé l’opinion de ce pays au coup d’Etat qui, finalement, a bien eu lieu, le 11 septembre 1973, contre le président Salvador Allende.

Par son actuelle ligne éditoriale, Le Monde s’inscrit désormais, à l’échelle internationale (et il

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n’est malheureusement pas le seul), dans cette « glorieuse tradition ». Si, demain, sous une forme ou sous une autre, le président Nicolas Maduro est « sorti » du pouvoir par des voies non constitutionnelles, le public français – ou, pour le moins, votre lectorat – n’y verra que du feu, votre version des faits ayant préalablement soigneusement préparé l’opinion à un tel dénouement.

Je vous prie d’agréer, monsieur le médiateur, l’expression de mes sentiments atterrés, attristés – car c’est tout de même du Monde dont il s’agit – , mais aussi excédés.

E E

E Egypte gypte gypte gypte

Quand un juge égyptien condamne à mort 529 personnes d’un coup.

Faux crimes, vrais châtiments.

Alors que 529 partisans des Frères musulmans ont été condamnés à mort lundi 24 mars, le Parquet a ordonné mercredi deux nouveaux procès de masse pour 919 membres de la Confrérie et leurs sympathisants, faisant ainsi fi des critiques, y compris de celles d’ONG comme Amnesty international qui vient de publier son rapport 2013 sur la peine de mort.

Cette décision spectaculaire n’est que la partie émergée d’une répression violente qui s’est étendue des Frères musulmans à tous les opposants, avec des arrestations de masse et la pratique généralisée de la torture.

par Warda Mohamed2

L’homme, face à la caméra, raconte calmement : « Peu importe l’innocence ou qu’il y ait une erreur de jugement, j’exécute ma tâche ». Ashmawy, le bourreau d’Égypte — huit à dix ans d’apprentissage, seize ans de pratique — a 624 pendaisons à son actif. Dans le documentaire La larme du bourreau3, il décrit comment il a développé la meilleure technique pour briser les cervicales d’un coup. Les condamnés vêtus de rouge, eux, disent qu’ils meurent « à chaque fois qu’ils entendent des pas dans le couloir ». Durant son témoignage, Ashmawy, regard noir, visage fermé, uniforme aussi sombre que ses yeux finit par pleurer « à cause d’une condamnation injuste », mais après avoir bien précisé : « je ne critique pas la justice égyptienne ».

Lundi, la justice égyptienne a condamné 529 personnes à la pendaison, dont 350 jugées par contumace à l’issue de deux audiences de vingt minutes. Les inculpés étaient accusés d’avoir attaqué un commissariat et tué un officier de police en août, dans le gouvernorat de Minya, après les tueries de Rabea al-adaweya et Al-Nahda. « Il n’y a jamais eu dans l’histoire récente une telle condamnation, à l’issue d’un procès expéditif qui plus est », note Anne Denis, responsable de la commission Abolition de la peine de mort d’Amnesty international France 4.

« Imposer la peine de mort collectivement suite à un procès truffé d’irrégularités constitue une violation des droits de l’Homme », a commenté le porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH) Rupert Colville. Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne s’est dite « extrêmement préoccupée ».

2Journaliste freelance, elle collabore notamment avec Le Monde diplomatique. Elle a effectué de longs séjours au Caire en 2011, 2012 et 2013 et y a été correspondante pour Radio France.

3 Layth Abdulamir, Orok films, 2012.

4 Rapport d’Amnesty international sur la peine de mort dans le monde en 2013.

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Réaction similaire du côté des États-Unis mais bien moins ferme pour la France5 pourtant engagée pour la mise en place d’un moratoire contre l’application de la peine capitale. Les deux pays ont par ailleurs rappelé leur soutien au « processus de transition en cours ».

Les précédents

Le 26 février 2014, 26 personnes jugées pour avoir « fondé et dirigé un groupe terroriste » étaient déjà condamnées à mort6. Un procès de masse devait se tenir le mardi 25 mars avec 683 accusés partisans des Frères musulmans, dont le Guide suprême de la confrérie Mohamed Badie, arrêté le 19 août 2013. Il a été reporté au 28 avril. L’ancien président Mohamed Morsi est lui-même jugé, avec des hauts cadres des Frères musulmans. Tous sont passibles de pendaison.

« Amnesty international ne dispose pas de chiffres exacts pour l’application de la peine de mort en 2011 et 2012. Il semble qu’il n’y ait pas eu d’exécutions en 2012 suite aux 91 condamnations prononcées ; il y en aurait eu au moins une en 2011 pour 123 condamnations et 4 en 2010 pour 185 condamnations, contre 109 en 2013 », détaille Anne Denis avant de dénoncer « un déni de justice ». « Ils ne seront sans doute pas tués7, mais la peine de mort est utilisée comme un instrument politique quand les violations des droits humains par les forces de l’ordre restent impunies », accuse-t-elle. « C’est une faillite de la justice ».

Une justice très politisée et des juges redevenus, depuis le renversement de Morsi, un élément actif de la répression. Pour répondre aux critiques, le ministère de la justice a invoqué « la séparation des pouvoirs comme dans tout système démocratique et l’indépendance de la justice ».

Si cette condamnation de masse inédite a fait réagir, elle est à l’image de la politique menée par le pouvoir actuel depuis la destitution de Mohamed Morsi. Le général Abdel Fattah Al- Sissi, qui a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle, répète depuis le 3 juillet avoir pris le pouvoir « à la demande du peuple » pour combattre « les terroristes » — c’est ainsi que les Frères musulmans sont désignés, notamment par les médias de masse. C’est toutefois toute l’opposition qui est concernée et menacée.

Violence systémique

Quand la police a dit à Fadi Samir, 19 ans, qu’il était arrêté car il était un Frère musulman, le jeune copte a ri. Pendant plus d’un mois, il a été battu et agressé sexuellement8. Toute personne accusée - à tort ou à raison - d’avoir un lien avec les Frères musulmans est une cible.

C’est après un attentat revendiqué par un autre groupe opposé à Mohamed Morsi — qui le traite de « mécréant » — que la confrérie a été classée « organisation terroriste ». En novembre 2013, Ghada Salahi, plus haute autorité des Sœurs musulmanes, elles aussi arrêtées et emprisonnés, dénonçait une situation « pire que sous Nasser ». Après la tuerie de Rabea al- adaweya qui fit au moins 1318 morts en une journée, des Frères musulmans sont retombés

5 Des opposants égyptiens ont été arrêtés par la police française dans le cadre d’une manifestation autorisée le 28 janvier dernier devant le bureau militaire égyptien à Paris. Sept d’entre eux ont reçu un arrêté de reconduite à la frontière (« obligation de quitter le territoire français », OQTF).

6 Égypte : 26 condamnations à mort pour « terrorisme », L’Express, 26 février 2014.

7 Les peines de mort rejugées ont un précédent récent : celui du procès de Port-Saïd, NdlR

8 Leila Fadel, « A View On The Torture And Terror Of Egyptian Prisons », NPR.org, 21 mars 2014.

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dans la clandestinité ou ont fui. Très vite, les représailles se sont étendues aux activistes et opposants.

Il est difficile d’obtenir des chiffres fiables. Le Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux (Egyptian Center for Economic and Social Rights, ECESR) a constitué une base de données sur les violences politiques depuis la révolution du 25 janvier 2011. Michele Dunne et Scott Williamson l’ont analysée9. Ils font eux aussi le parallèle avec les phases de purge à l’époque où Gamal Abdel Nasser était au pouvoir, précisant « la répression actuelle est plus forte ».

Selon les estimations – certainement en dessous de la réalité — 3143 Égyptiens auraient été tués entre le 3 juillet 2013 et le 31 janvier 2014, dont au moins 2 528 civils dans des manifestations et des affrontements. Plus de 17 000 auraient été blessés entre le 3 juillet et le 28 février, dans les mêmes circonstances. Les ONG telles Human Rights Watch accusent les autorités de « faire usage d’une force excessive ». Le 18 août dernier, 37 personnes, dont des pro-Morsi, sont mortes asphyxiées dans le camion qui les conduisait à la prison de Abou Zaabal10. Quatre policiers ont été jugés coupables ; l’un d’entre eux a écopé d’une peine de dix ans, les autres de sursis11 .

2 590 leaders politiques – majoritairement des Frères musulmans - ont été arrêtés, 18 977 Égyptiens l’ont été entre le 3 juillet et le 31 décembre. Soit 21 317 personnes en six mois. En 1955, au pire de la répression menée par Nasser, 20 000 Égyptiens – islamistes, opposants de gauche, communistes – étaient en prison12 . Des camps avaient été construits pour les accueillir, ils fonctionnent à nouveau : les prisons sont débordées. Et elles sont le théâtre de violences dénoncées par les ONG et les opposants.

Empêcher toute contestation

Seize organisations des droits humains ont publié une déclaration exigeant des enquêtes rapides sur « des allégations choquantes de torture et d’agressions sexuelles contre les personnes détenues dans les postes de police » après la vague d’arrestations massives du 25 janvier, date du troisième anniversaire de la révolution13. Khaled El-Sayed, un militant de gauche de premier plan et ancien membre de la Coalition de la jeunesse révolutionnaire maintenant dissoute a publié un témoignage depuis la prison où il est détenu. « Ils nous ont déshabillés et nous ont aspergés d’eau froide. Tout le monde est battu chaque jour. » Il parle d’électrocution sur plusieurs parties du corps, y compris les parties génitales. Le militant des droits humains Amr Medhat évoque une cellule « trop petite pour vingt personnes mais qui en accueille soixante. » Essam Sultan, le leader du parti islamiste Al-Wasat, dit avoir été privé de nourriture et d’eau potable pendant 16 jours. Lors du procès des journalistes d’Al-Jazira, l’un des accusés égyptiens, Soheib Saïd, s’est plaint de « tortures physiques » et de « pressions psychologiques » et a accusé « la sureté de l’État » d’en être l’auteur. Le ministère de l’intérieur nie, comme il le faisait du temps de Hosni Moubarak. Les femmes et les mineurs

9 Michele Dunne et Scott Williamson « Egypt’s Unprecedented Instability by the Numbers », Carnedgieendowment.org, 24 mars 2014.

10 Patrick Kingsley, « How did 37 prisoners come to die at Cairo prison Abu Zaabal ? », The Guardian, 22 février 2014.

11 Patrick Kingsley, « Egypt police captain jailed for 10 years over death of 37 prisoners gassed in van », The Guardian, 18 mars 2014.

12 Abdel Aziz Ramdan, « Le nouvel élan des frères musulmans », Le Monde diplomatique, août 1977.

13 Salma Shukrallah, « Detainees detail stories of torture in Egypt jails », Ahram online, 12 février 2014.

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sont soumis aux mêmes traitements, des Soeurs musulmanes accusent les forces de l’ordre de leur faire subir des tests de virginité (pratiqués quand le Conseil suprême des forces armées était au pouvoir et justifiés par le général Al-Sissi) et de grossesse lors des arrestations.

Les militants des droits humains se plaignent également du fait que la détention provisoire soit utilisée comme une forme de punition ; ils fustigent les procès de civils par des tribunaux militaire et l’impunité. Car l’article 54 de la Constitution votée en 2013 garantit les droits des personnes arrêtées et emprisonnées et l’article 52 interdit la torture. « Toutes les formes de torture sont des crimes sans prescription ».

Dix jours après la condamnation en deuxième instance à dix ans de prison pour les deux policiers qui avaient battu à mort Khaled Saïd dans un commissariat d’Alexandrie, quatre personnes détenues sont mortes dans des circonstances troubles dans un commissariat.

Lorsque Mohamed Morsi était président, le procureur général Talaat Abdullah avait ignoré les plaintes pour torture déposées contre la police et les membres des Frères musulmans.

Plusieurs d’entre eux sont désormais jugés, mais pas les policiers accusés. Le premier ministre Hicham Qandil avait répondu à un journaliste qui l’interrogeait au sujet des tortures qu’il regardait trop la télévision. Il est désormais lui-même en prison.

Sous couvert d’anonymat, un officiel a reconnu les irrégularités du procès « Nous n’avons pas le temps de vérifier l’identité de chacun des accusés, prouver leur présence et dire qui sont leurs avocats » avant de prévenir « Après avoir vu cette peine de mort s’abattre sur la tête des dirigeants, plus personne n’osera penser à s’attaquer à un commissariat ou une institution étatique. »

Burundi Burundi Burundi Burundi

Distribution d’armes aux « milices » ou le spectre des Grands Lacs.

Une malédiction poursuit le Burundi comme un « signe indien » particulièrement tenace : sous prétexte que le kirundi et le kinyarwanda sont des parlers très voisins, que l’on retrouve les mêmes trois ethnies (Tutsi, Hutu et Twa) dans les deux pays, que l’étiquette

« pays des mille collines » s’applique aussi bien au paysage burundais qu’à celui d’à côté, qu’ils ont eu les mêmes colonisateurs allemands, puis la même tutelle belge, s’est développée l’idée que tout ce qui est burundais n’est jamais qu’un copié/collé de ce qui se passe au Rwanda14.

Cette façon simpliste de voir les choses, qui n’est pas différente de celle qui consiste à voir dans les Flamands des Hollandais qui s’ignorent, dans les Wallons des Français en exil momentané, dans tous les germanophones des Allemands et dans tous les Slaves des « quasi- Russes », se complique encore du fait que l’on ne sait pas précisément ce qui se passe au Rwanda et surtout ce qui s’y est passé entre 1990 et 1994.

Nous n’en connaissons que le vacarme assourdissant de la propagande de Kagame, qui veut faire des massacres considérables qui se sont produits alors un « génocide des Tutsi » et a fini par implanter dans l’opinion un réflexe conditionné : si l’on entend à propos des Grands

14 Pour corser la situation, il s’est aussi développé un simplisme en sens contraire qui, prenant appui sur des faits comme la volonté, dans la société précoloniale de mettre les princes de sang royal « au-dessus des ethnies », qui interdisait de les appeler Tutsi ou Hutu, comme la mise en place, après l’indépendance, de régimes « ethnistes » opposés, aussi férocement Tutsi au Burundi que brutalement Hutu au Rwanda, ont parfois amené à considérer que le Burundi était systématiquement le contraire du Rwanda. Inutile de dire qu’un copié/collé ne devient pas plus intelligent lorsqu’on l’effectue en négatif.

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Lacs les mots « armes » et « milices » associés, le spectre du génocide surgit de son placard et hante l’opinion. Et est-ce vraiment l’effet du hasard si c’est au milieu du tintamarre de la propagande autour du « 20° anniversaire du génocide », servilement relayé par tous nos médias, qu’est tombée la nouvelle que le BNUB faisait état de « distributions d’armes aux miliciens Imbonerakure15 », ce qui déclenchait aussitôt la rumeur d’un « génocide des Tutsi en préparation ».

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe. D’après l’ONU, le pouvoir serait impliqué dans une distribution d’armes aux Imbonerakure notamment dans le sud. Les Nations Unies affirment qu’il y a eu distribution d’armes, de tenues militaires et policières au cours de janvier et février aux jeunes affiliés au parti Cndd-fdd et aux démobilisés.

Ne tombons pas dans l’angélisme : les Burundais n’ont pas de petites ailes dans le dos et ils ont parfois des pensées qui n’ont rien de séraphique. Les sujets d’inquiétude et de tension ne manquent pas dans le paysage politique burundais, principalement du fait de l’échéance électorale de 2015. Nkurunziza est à la fin de son dernier mandat constitutionnel mais il aurait bien des envies de « rempiler », tout en jurant qu’il « respectera la constitution » (Ils disent tous ça !). Jusqu’ici, les tentatives de ses partisans pour « aménager » la Constitution ont échoué. Par contre, dans le domaine de la liberté de la presse et de la liberté d’expression des modifications restrictives et répressives inquiètent. Il faudrait, à tout le moins, se poser la question d’éventuelles « mises au pas » politiques avec autant d’acuité que celle de « massacres ethniques » et tenir compte aussi de ce que, le « spectre du génocide » faisant désormais partie du paysage politique des Grands Lacs, il peut être conforme aux intérêts de certains de l’agiter.

Toujours est-il que, dès la parution du document, le gouvernement burundais proteste et prend à témoin la Communauté internationale. En même temps qu’on apprenait que le gouvernement burundais aurait dépêché deux émissaires à New York, le communiqué de la position officielle sur les allégations de distribution d’armes aux jeunes tombait.

Réaction gouvernementale

Le sujet est le même : « Rapport confidentiel adressé au secrétaire général des Nations-Unies par Monsieur Onanga-Anyanga ». Et la teneur ne fait pas dans la dentelle.

Dans ce long texte en 19 points, le message essentiel se décline en quatre points.

D’abord, l’expression de la perte de confiance dans l’actuel BNUB, qui « a rédigé et transmis confidentiellement un rapport sur un sujet aussi sensible que la distribution des armes pour commettre un hypothétique génocide sans aucune collaboration avec les officiels/ou tout au moins leur réserver une copie. »

Et de noter que le message du chef du BNUB « vient appuyer le contenu d’une correspondance adressée au Secrétaire Général des Nations Unies le 6 février 2014 par le président de l’ADC-Ikibiri. » La lettre de l’ADC exprime, selon le gouvernement « une grande allergie au système électoral comme mode de gestion politique », et relève du

« mensonge et de la diabolisation par la globalisation des faits sociaux comme arme préférée de certains politiciens burundais. »

D’autant plus que la correspondance du BNUB a été faite « la veille de la passation de témoin du BNUB à l’Equipe pays, principe qui a été vivement combattu par l’ADC Ikibiri qui entend tirer profit de l’image d’un Burundi toujours sur le bord de la catastrophe », et que

« relaie le rapport confidentiel. »

15 « Ceux qui voient de loin », mouvement de jeunesse du Cndd-Fdd, parti du président Nkurunziza. Très généralement, en Afrique, les « jeunesses » des partis en sont aussi la « milice ».

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Deuxièmement, le gouvernement demande à toute la Communauté internationale et aux Nations Unies de « prendre toutes les responsabilités des conséquences qui peuvent découler du rapport. »

Exprimant ses craintes que la correspondance du représentant du BUNB ne « favorise la prolifération des armes aux mains des différents groupes criminels qui, depuis les élections de 2010, lancent des attaques ici-et là parfois avec la complicité des politiciens qui ont toujours misé sur l’insécurité pour accéder au pouvoir par voie de négociations », le gouvernement burundais demande au Secrétaire Général des Nations Unies et au Conseil de Sécurité de « prendre toutes les mesures nécessaires pour que ces groupes ne prennent prétexte au rapport du Représentant du BNUB pour déstabiliser le pays en se faisant passer pour des Imbonerakure. » D’autant plus qu’un rapport des Nations Unies a déjà épinglé

« certains groupes dont certains politiciens burundais qui s’adonnent au trafic des armes à feu dans l’Est de la République Démocratique du Congo. »

Troisièmement, «le rapport du représentant du BNUB évoquant le spectre d’un génocide imminent au moment où au Rwanda voisin on commémorait le 20ème anniversaire de cet ignoble crime » laissera des traces, « particulièrement en milieu rural, surtout que les médias relayent l’information sans interruption auprès d’une population paisible en pleine réconciliation. »

Malgré cela, le gouvernement du Burundi entend poursuivre le programme de désarmement de la population, lancé avec l’appui et le suivi du BNUB : « Il n’y a pas de violence au Burundi, encore moins organisée par ses propres services, car il n’y a aucune raison et il n’y en aura pas. » Et si cela devrait être le cas, « elle sera due à l’appui et aux financements incontrôlés que certains partenaires accordent aux activistes politiques et de la société civile sous prétexte de promouvoir les libertés publiques et la démocratie, sans s’assurer de la destination finale des moyens alloués. »

Et de pointer le président du MSD, Alexis Sinduhije. « recherché par la justice et actuellement en cavale, et sa bande de jeunes, dont des mineurs qui ont osé s’attaquer aux forces de l’ordre en prenant en otage les uns et en blessant d’autres » alors que « le Gouvernement n’avait cessé d’attirer l’attention de ces mêmes partenaires sur ce risque de dérapage. »

Dernier point : les recommandations du Gouvernement du Burundi qui assure que

« des mesures appropriées seront prises pour que la paix et la sécurité continuent à régner sur tout le territoire national ». La demande au Secrétariat Général des Nations Unies porte sur quatre points :

• mener des investigations approfondies pour vérifier la véracité de ces allégations et surtout le mobile de ce montage avant de tirer une quelconque conclusion ;

• établir les responsabilités et prendre les mesures appropriées pour rétablir un climat de confiance avec les mandataires du BNUB auprès des Institutions auxquelles ils sont accrédités ;

• s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une campagne destinée à couvrir l’entrée des armes dans le pays pour perturber la sécurité, créer un chaos pouvant saboter les prochaines élections pour exiger ensuite des institutions de transition tant rêvées par certains politiciens ;

• garantir la bonne tenue des élections en envoyant sur place à temps, de préférence dès maintenant, des observateurs qui vont accompagner le processus, avant, pendant et après les scrutins.

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Des arguments très légers

Antoine Kaburahe (photo), sur le site Iwacu, qualifiait ainsi l’argumentation gouvernementale, peu de jour après sa parution.

« Le Gouvernement du Burundi ne saurait qu’exprimer sa totale désapprobation quant aux mobiles réels (c’est nous qui soulignons) qui se cachent derrière les deux personnalités. »

Les « deux personnalités » dont il est question dans le long communiqué du gouvernement sont MM. Léonce Ngendakumana et Parfait Onanga Anyanga. Le communiqué parle de « montage », précise même que les deux personnalités partagent une même vision « sur le sort du peuple burundais. »

Le « rapport » (que Kaburahe préférerait appeler une « note d’information ») ne viserait qu’à montrer « l’image d’un Burundi toujours sur le bord de la catastrophe ». « Mensonge », « diabolisation », « globalisation ». Le 1er vice-président qualifiera même de« commérages » (Insaku) les allégations de l’ONU.

C’est tout ce que le gouvernement trouve à dire. Pire, le communiqué du gouvernement travestit la note : ainsi le mot « génocide » n’a jamais été évoqué par la représentation de l’ONU au Burundi.

(Est-ce « travestir » que de discerner entre les lignes les sous entendus que tout le monde connaît : si l’on entend à propos des Grands Lacs les mots « armes » et « milices » associés, le spectre du génocide surgit de son placard et hante l’opinion ? Là, c’est plutôt l’argumentation de Kaburahe qui paraît « faible » ! )

« Le représentant du Secrétaire Général de l’ONU serait donc de mèche avec le leader de l’ADC-Ikibiri dans un complot ourdi contre le pouvoir burundais ! Telle est la piètre ligne de défense du gouvernement. C’est très léger. Aucune réponse de fond aux « allégations ». Au contraire, le gouvernement dresse le tableau idyllique d’un pays et d’une « population paisible en pleine réconciliation. »

Bien sûr, pour le gouvernement, les fauteurs de troubles sont vite identifiés : les médias (comme toujours) et la société civile, naturellement. C'est-à-dire les deux secteurs les plus visés par les mesures restrictives des libertés auxquelles nous faisions allusion. Un peu de d’autojustification à posteriori, cela fait toujours plaisir.

Mais Kaburahe pousse peut-être la charrette un peu loin lorsqu’il voit « une menace à peine voilée » sans l’affirmation que « S’il y a retour à la violence au Burundi, elle serait due à l’appui et aux financements incontrôlés que certains partenaires accordent aux activistes politiques et de la société civile sous prétexte de promouvoir les libertés publiques et la démocratie. »

Mais l’on ne peut par contre qu’être d’accord avec lui pour dire que, si depuis plusieurs mois, des exactions sont rapportées, si des témoignages concordants montrent que les Imbonerakure sont impliqués dans des actes de violence, le gouvernement, au lieu d’accuser l’ONU et de chercher des boucs émissaires, devrait plutôt s’atteler à prouver que ce qui a été dit n’est pas une réalité.

Pierre Nkurunziza chez les Imbonerakure

Samedi 19 avril, le président de la République a organisé une réunion à huis clos avec les responsables de la ligue des jeunes du Cndd-Fdd, selon la RPA.

Pour François Bizimana, porte-parole du Cndd, s’exprimant sur la même radio, c’est un acte ordinaire, même si c’est une tâche qui revient aux responsables du parti : « Mais si le

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président de la République décide de prendre lui-même les choses en main, c’est une bonne chose. D’ailleurs, qui peut le plus peut le moins. Si le président d’un parti politique peut discipliner ses membres, celui de la République le ferait davantage. »

M. Bizimana souligne que cette initiative intervient alors que plusieurs voix ont dénoncé le comportement des Imbonerakure. En effet, l’opposition et la société civile accusent souvent les pouvoirs publics de fermer les yeux sur les dérapages de ces jeunes. « Le chef de l’Etat pourrait même discipliner d’autres citoyens qui ne sont pas membres de son parti, puisqu’il en a la charge », ajoute-t-il.

Pour le porte-parole du Cndd, ces exactions imputées aux Imbonerakure devraient donc cesser, suite à l’intervention du numéro un burundais. Cependant, si ces dérapages des Imbonerakure venaient à se poursuivre, de deux choses l’une, selon François Bizimana. Soit ils auraient acquis une force incontrôlable et seront devenus

ingérables, soit ils seraient en train d’exécuter un programme arrêté à l’avance.

Trois allégations du BNUB en partie vérifiées

D’après une enquête indépendante, certaines allégations du BNUB se sont révélées au moins en partie fondées.

D’abord, une rencontre laissant prise à d’inquiétants soupçons a bien eu lieu à Rumonge dans l’hôtel Kukanyamuneza qui appartient au général de brigade Nduwumunsi (photo) .

«Le général de brigade Nduwumunsi avait passé une commande de 40 kilogrammes de viande. Il y avait aussi de la pâte pour accompagnement et des boissons», confie une source. Elle précise que cette rencontre a eu lieu le 8 février 2014.

Une autre source qui a participé à cette rencontre indique que les invités étaient les démobilisés du Cndd-Fdd de la province Bururi, les Imbonerakure ainsi que des officiers de la même province, issus de ce mouvement. «Même Jimmy Hatungimana, commissaire général de la PAFE était là », raconte-t-elle. Malheureusement, les tentatives pour contacter Jimmy Hatungimana, afin de confirmer ou d’infirmer sa participation à cette réunion, sont restées sans succès.

L’organisateur (le général de brigade Nduwumunsi alias « Goliath », propriétaire de l’hôtel Kukanyamuneza, dont photo ci-desous) attendait plus de 300 personnes, mais seuls 200 invités environ se sont présentés.

Selon quelques participants, l’ordre du jour était l’échange de vœux. Le général s’est adressé à tous les démobilisés et Imbonerakure en ces termes : «Iyindi ntumbero ni iyo gupanga akarere kandi mukama mugavye » (Un autre objectif est de

« s’organiser » et de rester « toujours vigilants »). Les participants à cette réunion n’ont pas donné d’autres détails.

Cette rencontre a commencé aux environs de 11 h pour prendre fin vers 16h.

Néanmoins, d’après l’enquête, personne n’a vu le général Major Juvénal Niyungeko alias Kiroho, cité dans le même rapport des Nations

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Unies. Même si les deux généraux sont souvent ensemble à Rumonge, ce jour-là Niyungeko n’y était pas.

D’après plusieurs sources, les ténors du parti au pouvoir à Bururi auraient été choqués par cette réunion à l’intention des seuls Imbonerakure et démobilisés. «Pour calmer la situation, le général Nduwumunsi a alors organisé une autre réunion à leur intention au même hôtel, le 12 mars 2014». Nduwumunsi a promis de construire une grande permanence à Rumonge et de plaider pour que Bururi ait une place dans le comité des sages du parti présidentiel.

Les tentatives pour contacter le général de brigade Nduwumunsi via le porte-parole de l’armée sont restées sans succès.

Le rapport des Nations Unies indique aussi qu’une séance de formation à la manipulation des armes se serait tenue la nuit à côté de la prison de Rumonge, à Murembwe. La population des environs aurait entendu des coups de feu. Des coups de fusils ont été entendus à Kayange, dans la localité de Mutambara (photo)

Il se confirme en effet que des coups de feu ont été

entendus entre janvier, février et mars 2014. C’était dans la localité de Kayange, à presque deux kilomètres de Murembwe.

Vers la fin du mois de mars, à 3 h du matin, des coups de fusils ont également retenti.

Au même moment, des habitants de la 2ème avenue dans les paysannats de Mutambara affirment avoir vu Paul Mirerekano, alias Muheto, directeur de la prison de Rumonge. «Il était avec Gashindi, chef de secteur Mutambara, Ulimwengu, Hassani, Jonathan et Bosco, tous Imbonerakure, armés de fusils », confient ces habitants. Le matin, poursuivent-ils, Gashindi a organisé une réunion pour tranquilliser la population. «Il nous a dit que ce sont des bandits qui ont tiré, mais ses explications n’étaient pas convaincantes », explique G.A de Mutambara. Selon la même source, Gashindi a voulu arrêter Elie, alias Kadege, Désiré Bigirimana et Emile Bizimana, démobilisés du Fnl, les accusant de perturber la sécurité dans cette localité. «Toute la population s’est opposée à ces arrestations car elle a avait vu ceux qui circulaient avec les armes pendant la nuit. »

Interrogé, Gashindi rejette toutes ces accusations. D’après lui, Elie alias Kadege a tenté de voler un vélo à l’aide d’un couteau à Gahore. Quant à la détention d’armes, Gashindi parle d’un montage car d’après lui, seules les forces de défense et de sécurité ont le droit de porter des armes. Paul Mirerekano a nié toutes ces accusations et prend Dieu à témoin.

D’après lui, il ne s’occupe que des affaires de la prison.

Le rapport des Nations Unies parle aussi de la disparition de 500 uniformes dans des camps militaires et de police, de même que la distribution de pistolets de 9mm.

Concernant cette disparition des objets militaires, un certain Fundi, a été surpris par la population avec des grenades et plusieurs munitions dont des cartouches de pistolet de 9mm

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en avril 2013 à Bururi. « Ce natif de Makamba a été conduit au parquet de Bururi, nous ignorons la suite», témoigne un voisin.

Quant à la distribution des armes, des témoignages qui se recoupent confirment l’information. Ils parlent de quatre pistolets et une kalachnikov distribués sur chaque colline.

Toutefois, l’on n’a pu identifier ceux qui détiennent ces armes, ceux qui les ont distribuées, ou établir une liaison entre les deux généraux et la distribution de ces armes sauf qu’ils sont souvent ensemble à Rumonge.

Les Imbonerakure en train de faire du sport ©Iwacu

Si l’on résume tout cela, l’on aboutit à ceci : au moins une partie des allégations de l’ONU se basent sur des faits réels. Mais ceux-ci ne semblent pas avoir le caractère de gravité auquel les cris d’alarme nous mettaient en droit de nous attendre.

A Rumonge, il semble n’y avoir eu qu’un général sur deux annoncés et il s’est agi de distribuer de la boustifaille, non des armes. Nduwumunsi a plutôt fait une tournée politique à l’africaine (mieux vaut promettre de la bouffe pour qu’il y ait du monde) et fait des promesses quasimnt électorales qu’autre chose.

Paul Mirerekano, dit Muheto, directeur de la prison de Rumonge, a tout l’air d’un de ces garde-chiourme dont la moralité est encore plus élastique que celle de ses prisonniers.

Cela finira peut-être un jour par lui rapporter des ennuis, mais n’en fait pas forcément un génocidaire en puissance.

Enfin, à Bururi, on parle de quatre pistolets et une kalachnikov par colline, mais on ne sait ni qui détient ces armes, ni qui les distribue, ni quel est le lien entre cela et le reste.

Une atmosphère détestable

On ne eut donc donner entièrement tort au gouvernement qui trouve que l’Onu fouette un peu fort la sauce pour la faire monter, même si des termes comme « montage » et

« diabolisation » sont excessifs. Mais Antoine Kaburahe n’a pas tort non plus de constater qu’en dressant le tableau idyllique d’un pays et d’une « population paisible en pleine réconciliation », le gouvernement ne manque pas de culot.

Car ce qui frappe surtout dans tout cela, c’est l’impression d’une atmosphère détestable et tendue, où l’on se méfie dans tous les camps et où l’on s’énerve mutuellement. .

Ainsi, le représentant des démobilisés au niveau de la province de Bururi a tenu une autre réunion à l’hôtel Kukanyamuneza mardi dernier vers 9h. Il était avec quatre autres

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démobilisés. La réunion a duré plus de trente minutes. Cela a inquiété certains habitants de la commune Rumonge car depuis la publication du rapport des Nations Unies, des réunions des Imbonerakure et démobilisés se multiplient.

Le Forum permanent de Dialogue des Partis politiques agrées au Burundi (FDP) a tenu une réunion d’échange à l’intention des présidents des partis politiques membre du FDP, lundi 21 avril, à l’hôtel Sun Safari. « Le but de cette réunion est de voir comment le FDP peut contribuer pour créer un environnement propice aux élections de 2015 », a dit Festus Ntanyungu, le Président du FDP

Portant sur « l’environnement propice aux élections de 2015 », la réunion avait pour but de faire l’état des lieux de certains points de la feuille de route de Kayanza et de voir comment le FDP pourrait contribuer à leur mis en œuvre.Parmi les 5 points saillants à l’ordre du jour, un constat unanime a été observé quant à l’adoption d’un code électoral consensuel à promulguer : « Ce code n’est pas encore adopté alors qu’il était convenu qu’il serait promulgué au plus tard en décembre 2013 ». Une question qui, selon le Président du Cndd- Fdd, sera très vite réglée car la session parlementaire de février se termine la semaine prochaine et les élus ne peuvent partir en vacance sans l’avoir adopté.

« Il est clair que le climat politique actuel n’est pas très rassurant. Quant aux libertés des partis politiques qui sont constamment bafouées, il faudrait que le ministre de l’intérieur indique quel parti politique a ou n’a pas le droit de tenir des réunions ! », a souligné le représentant du Frodebu Nyakuri.

Un constat là aussi partagé par tous les participants. Ainsi sur les quatre autres points (le respect des libertés politiques et civiles fondamentales, l’impunité et la violence comme mode d’expression politique, la contribution de manière constructive de la jeunesse affiliée aux partis politiques et l’environnement sécuritaire) après moult débats, les échanges ont abouti à une proposition. « Une réunion nationale qui rassemblerait les présidents des partis politiques, les administrateurs communaux, les commissaires provinciaux et les procureurs afin de traiter toutes ces questions avec tous les concernés », a souligné Pascal Nyabenda, le président du Cndd-Fdd, « la sécurité étant une affaire de tous ! »

Notons que les partis de l’ADC-Ikibiri n’ont pas été conviés à cette réunion. Citant Jean-Jacques Rousseau, le président du FDP, Festus Ntanyungu, dira simplement : « En dehors de la loi, il n’y a pas point de loi. Par ailleurs, ceux qui n’ont font pas partie du forum n’ont qu’à s’organiser eux aussi !»

Le document des Nations Unes, tombant dans ce contexte, pourrait faire un effet détestable parce que bien des gens vont se

dire, comme l’ambassadeur Cyprien Mbonimpa16 : « Les Nations unies ne peuvent pas s’inquiéter pour rien ! ».

L’ancien ministre des Relations extérieures et de la Coopération internationale souligne, dans cette interview, que la sagesse oblige le gouvernement burundais à saisir le BNUB pour échanger sur les allégations du câble diplomatique confidentiel du 3 avril.

16 Interview par Ngabire Elyse, pour Iwacu, publiée le 23-04-2014

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Quel commentaire faites-vous du rapport du BNUB ?

Ce rapport des Nations Unies appelle deux commentaires majeurs. Les Etats-Unis, les Nations unies, l’Union Européenne, etc. sont des organisations sérieuses qui ne peuvent pas s’inquiéter pour rien !

Par ailleurs, le Burundi a envoyé ses troupes en Centrafrique pour empêcher qu’un génocide annoncé ne se commette. Pourquoi l’organiserait-il contre son propre peuple ? Quel intérêt nos autorités, disposant de forces armées, de la police, de services de renseignements, trouveraient-ils à armer une milice ?

Pourtant, le gouvernement burundais nie toute accusation …

S’il estime que c’est faux, il suffirait que ses services se mettent en contact avec le système des Nations unies et échangent sur ces informations. A l’issue de cet exercice, s’il s’avère que nos autorités ont raison, il faudra mettre la main sur ces individus qui veulent ternir l’image de notre pays et les punir.

Le gouvernement s’étonne de la procédure du Bnub de saisir le siège sans qu’il soit informé. Était- il tenu de le faire ?

La mission principale des Nations unies est de maintenir la paix et la sécurité dans le monde. Le BNUB doit suivre tous les faits et gestes qui pourraient compromettre la sécurité au Burundi et dans la région. C’est son obligation d’informer le siège à New York. Quand les relations sont au beau fixe, le système des Nations unies est en contact régulier avec les autorités locales. Le fait que ces problèmes apparaissent au grand jour, c’est qu’il y a un déficit de communication entre les Nations unies et le Burundi. C’est cela qui devrait être corrigé pour que l’information circule.

Du coup, le pouvoir évoque une vengeance suite à la décision de mettre fin au mandat du BNUB …

Les fonctionnaires des Nations unies ne peuvent pas se livrer à la vengeance.

Simplement, la Communauté internationale ne veut pas se retrouver dans la situation de 1994 où le génocide annoncé au Rwanda n’a pas pu être évité, la catastrophe ayant emporté des milliers de Tutsi. Au lieu de nier, le pouvoir doit approcher le système des Nations Unies pour analyser ensemble ces graves accusations. Et si ces distributions d’armes ont été faites à l’insu du gouvernement, des sanctions doivent être prises à l’endroit des coupables. Il doit montrer sa bonne foi et prouver qu’il n’a pas donné cet ordre. C’est la solution la plus sage.

Ne craignez-vous pas que le mandat du BNUB soit écourté ?

Pour quelle raison ? Dans le contexte actuel, il devrait plutôt être prolongé pour suivre de près l’évolution de cette situation, surtout que le pays s’achemine vers les échéances électorales de 2015.

Il faut espérer que le ballon burundais va se dégonfler plutôt qu’éclater. Mais on ne peut s’empêcher de constater une fois de plus que les Nations Unies seraient mieux dans leur rôle si elles avaient eu le courage de chasser le « spectre des Grands Lacs », c'est-à-dire d’admettre qu’elles ont été manipulées en 1994, que tout ce que l’on sait des événements du Rwanda, c’est qu’il y a eu des centaines de milliers de morts, qu’il faut de toute urgence faire ce que ‘on n’a jamais fait enquêter sans se laisser arrêter par aucune considération de frontières, d’immunités ou de barrières, sur ce qui s’est vraiment passé, de manière à savoir s’il y a eu un ou des génocides et divers autres crimes de guerre et contre l’humanité.

En reconnaissant leur erreur et leur précipitation (et leur servilité devant les desiderata de l’Oncle Sam), les Nations Unies se grandiraient et assainiraient d’un coup considérablement l’atmosphère dans toute la région des Grands Lacs.

Bien entendu, on n’en fera rien.

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Russie / Ukraine Russie / Ukraine Russie / Ukraine Russie / Ukraine

Ce n’est pas la Russie qui a poussé l’Ukraine au bord de la guerre !

Article traduit du « Guardian »17

La tentative de lever Kiev dans le camp occidental en évinçant un dirigeant élu rend le conflit certain . Ce pourrait être une menace pour nous tous

La menace de guerre a augmenté en Ukraine. Alors que le gouvernement non élu à Kiev se déclare incapable de contrôler la rébellion dans l’est du pays, John Kerry dépeint la Russie comme un État voyou . Les États-Unis et l’Union européenne intensifient les sanctions contre le Kremlin, l’accusant de déstabiliser l’Ukraine. La Maison Blanche est prête pour une nouvelle politique de la guerre froide avec l’objectif de transformer la Russie en un

«Etat paria».

Ce serait peut-être plus explicable si ce qui se passe dans l’est de l’Ukraine maintenant n’était pas le reflet de ce qui s’est passé à Kiev il y a quelques mois. Et puis, il y eu les manifestants armés place Maidan saisissant les bâtiments gouvernementaux et exigeant un changement de gouvernement et de constitution. Les dirigeants américains et européens ont défendus les “militants masqués” et dénoncés le gouvernement élu pour sa répression, alors qu’ils protègent maintenant le gouvernement non élu qui utilise la force contre les rebelles qui occupent les postes de police et les mairies dans des villes comme Slavyansk et Donetsk.

«L’Amérique est avec vous”, avait alors déclaré le sénateur John McCain aux manifestants (de Maidan), coude à coude avec le leader du parti d’extrême-droite Svoboda avec lequel l’ambassadeur américain a marchandé, sur qui composera le nouveau gouvernement ukrainien.

Lorsque le président ukrainien a été remplacé par une administration sélectionnée par les US, dans une prise de contrôle entièrement inconstitutionnelle, des hommes politiques comme William Hague, ont effrontément trompé le Parlement à propos de la légalité de ce qui s’était vraiment passé : l’imposition d’un gouvernement pro-occidental au voisin le plus névralgique et politiquement divisé de la Russie ;

Poutine à réagi, en répondant coup pour coup aux États-Unis, et aux protestations des partisans étasuniens dans la rue même si, comme à Kiev, les manifestations, qui se sont propagées de la Crimée à l’Ukraine orientale, ont évidemment reçu un soutien massif. Mais

17http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/apr/30/russia-ukraine-war-kiev-conflict

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

La seule manière pour les prélats congolais de plier Joseph Kabila, c’est d’utiliser la Parole de vérité et de libération dont ils sont détenteurs pour demander

Ces appréciations sont le plus souvent le plus court chemin pour tomber dans le pire tribalisme, celui qu’on a hérité de la période coloniale où il était avant tout outil de

C’est particulièrement important pour les agriculteurs les plus pauvres, qui sont les moins à même de pouvoir acheter des engrais inorganiques et qui sont fréquemment laissés

Les deux ministres, ajoute le Communiqué conjoint, «»ont trouvé un accord sur un texte amendant la convention d’entraide judiciaire franco- marocaine permettant de

Pendant qu’elle s’affirme comme une initiative internationale , crédible et susceptible de contribuer à l’amélioration de la gouvernance des ressources naturelles, notamment en se

Kinshasa, 28/03 (ACP).- Les femmes cadres et agents du ministère de la Santé publique ont été informées mercredi sur les causes et les moyens de prévention du cancer de sein, au

Plus d’un observateur, notamment les ONG présentes à proximité, ont fait remarquer à plusieurs reprises que la Guerre de l’Est du Congo ne devrait pas s’apprécier

(Une version amputée de cet article est parue en janvier 2001 dans MTM 2281) La République démocratique du Congo a perdu tous les attributs de sa souveraineté. Le