Adresse du Président du Réseau des Associations des Droits de l’Homme du Sud Kivu, RADHOSKI en sigle, à Madame M.
SEKAGGYA, Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme en visite à Bukavu
.Madame la Rapporteur Spécial,
Le Réseau des Associations des Droits de l’Homme du Sud Kivu, RADHOSKI en sigle, a le grand honneur de vous recevoir dans ce cadre où se partage au quotidien la situation des droits humains dans la province du Sud Kivu ; nous vous remercions vivement pour le choix porté sur nous pour ce contact historique qui nous réunit face à face pour échanger sur notre situation, nous les défenseurs des droits de l’Homme.
Madame, soyez donc la bienvenue.
Le RADHOSKI est un réseau mis en place le 8 juillet 2000, constitué de 42 associations membres opérationnelles sur toute l’étendue de cette province et avec comme objectif la promotion et la protection des droits de l’Homme dans toutes leurs générations.
Nos associations membres sont présentes partout dans la province et témoins des graves violations des droits humains qui s’y commettent au file des jours.
C’est sous un signe effectif d’espoir que vous visitez la province du Sud Kivu ; incontestablement la province la plus instable et insécurisée de la R.D.Congo suite aux guerres à répétition qui s’y déroulent et dont pour la plupart le Sud Kivu constitue la principale porte d’entrée.
Le Sud Kivu est un « bled » où opèrent presque toute impunité des groupes armés tant nationaux qu’étrangers causant massacres, assassinats, déplacement forcés, pillages, violences sexuelles atroces et utilisation des enfants soldats, aspects sur lesquels sont fondés nos actions sans relâches et qui devraient aussi intéresser votre particulière attention en votre qualité de défenseur des droits humains.
En ce qui concerne la situation de l’heure des défenseurs des droits de l’Homme dans notre province, tous les boutons vont au rouge. Nous évoluons dans un contexte où la recrudescence de l’insécurité est épouvantable car il ne passe pas une seconde que l’on ne signale un cas de violation grave de droits de l’Homme or cela doit nous préoccuper, ce qui élève de plus en plus des menaces dont nous sommes victimes directes et de fois sous formes de tracts ou encore par des appels téléphoniques anonymes.
Le taux de notre vulnérabilité va en croissant surtout dans ce pays, le notre, la R.D.Congo où le pouvoir judiciaire connaît beaucoup de problèmes, un dysfonctionnement évident s’y observe et l’impunité s’en suit confortablement. Les assassinats ciblés sont souvent orientés vers nous les défenseurs des droits humains et des journalistes. Tous ceux là qui voudraient à ce que les droits humains soient respectés. Nos collègues Pascal KABUNGULU, Serges MAHESHE, Didace NAMUJIMBO et Maître George KATETA en constituent des exemples illustratifs.
- Notre vulnérabilité devient encore beaucoup plus grande en ce moment où le pouvoir est décidé de traquer les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda, FDLR en sigle, sous la fameuse opération KIMYA 2 ici au Sud Kivu.
- Nous avions, à notre temps, interpeller les autorités pour nous fixer sur la façon dont ladite opération devrait être menée avec toutes les garanties susceptibles de sécuriser la population civile qui se trouve dans ces zones d’attaques. Les menaces persistant, notre inquiétude aussi se fonde sur la loi d’amnistie promulguée par le chef de l’Etat
le 7 mai courant. Une loi discriminatoire qui a ouvert la brèche aux délinquants de grands chemins de couvrir leur liberté et dont la plupart était poursuivie pour des faits non prévus par cette amnistie. Car il a été prouvé que plusieurs personnes condamnées et d’autres dont les dossiers sont en instances de jugement par la justice militaire du Sud Kivu sont reprises parmi les personnes à libérer. Cela constitue une autre menace pour les défenseurs des droits humains car ces criminels non seulement risquent de se venger contre les populations victimes qui les ont mis sous tôles mais aussi pour nous les activistes des droits humains qui assumons le suivi et dénonçons.
Le danger est donc éminent surtout lorsque nous savons la façon complaisante qui avait amenée l’Assemblée Provinciale du Sud Kivu à ne voter la proposition d’édit soumise par les associations membres de notre réseau pour adoption.
- Notre recommandation se traduirait en un seul point, vous vous impliquerez personnellement pour que le projet de notre édit soit examiné et voté par nos députés provinciaux ou à la rigueur une loi portant protection des défenseurs des droits de l’Homme en R.D.Congo soit votée à l’Assemblée Nationale.
Au nom de toutes les associations membres du RADHOSKI, nous vous remercions.
Pour le RADHOSKI
Raphaël WAKENGE
Président