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Actualité | International
La justice internationale au secours des enfants soldats
TANGUY BERTHEMET.
Publié le 06 février 2007 Actualisé le 06 février 2007 : 15h19
Alors que la conférence de Paris se termine aujourd'hui, la Cour pénale internationale doit bientôt juger Thomas Lubanga, un milicien congolais, pour enrôlement d'enfants soldats.
EN JUIN prochain, Thomas Lubanga sera le premier accusé à passer devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. L'ancien chef de l'Union des patriotes congolais (UPC), une milice ethnique, est poursuivi pour recrutement de mineurs de moins de 15 ans dans un conflit, un crime de guerre. L'enrôlement systématique d'enfants soldats aux côtés des combattants adultes dans l'UPC ne fait guère de doute. En 2003, au plus fort de la guerre, des dizaines de gamins rôdaient dans Bunia, la « capitale » de l'Ituri, une province du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Me Jean Flamme, l'avocat de Thomas Lubanga, dénonce pourtant un « procès politique ». Le procureur adjoint, Fatou Bensouda, se dit néanmoins
« confiante dans les preuves ».
« Ce premier procès entérine l'existence de la CPI cinq ans après sa création » , souligne Géraldine Mattioli.
Pour cette responsable de Human Rights Watch (HRW), plus que le chef d'inculpation lui-même, l'important du procès à venir réside dans son éventuel « effet dissuasif ». Thomas Lubanga n'est en effet pas le premier chef de guerre à être accusé d'avoir recruté et entraîné des gamins. Plusieurs responsables de factions de Sierra Leone sont soupçonnés ou inculpés par la cour spéciale pour la Sierra Leone (CSSL) des mêmes charges. Tout comme Charles Taylor, l'ancien président du Liberia. Pour autant, le cas Lubanga résonne différemment. Alors que la CSSL est un tribunal temporaire dont les compétences sont limitées aux seuls crimes commis en Sierra Leone, la Cour pénale internationale est permanente et dotée d'un champ d'investigation beaucoup plus large. « On peut espérer qu'elle pourra mettre fin à l'impunité qui a prévalu dans beaucoup de conflits ces dernières années », affirme Géraldine Mattioli.
Liste noire
La menace n'a pas échappé aux principaux responsables de l'embrigadement de mineurs. L'arrestation de Thomas Lubanga, en mars 2005 dans un hôtel de luxe de Kinshasa, la capitale congolaise, n'est pas passée inaperçue, particulièrement en Afrique. « Plusieurs chefs de milices africains nous ont contactés depuis lors pour savoir comment s'éviter une telle accusation » , affirme Radhika Coomaraswamy, représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU pour enfants et les conflits armés.
Reste que les poursuites contre l'ex-milicien congolais ne suffisent pas à expliquer cette brusque inquiétude.
Si la prise de conscience du fléau que représentent les enfants de la guerre a été tardive, la mobilisation est depuis très active. En huit ans, l'ONU a adopté six résolutions et ouvert une liste noire. Les trois cents participants de la conférence qui s'est ouverte hier à Paris entendent maintenant coordonner les nouveaux efforts. « La liste noire a montré son efficacité » , assure Radhika Coomaraswamy en se disant certaine que,
« comme pour l'esclavage, une pression mondiale est à même de venir à bout du phénomène ».
Dans les rangs des ONG, on prend garde à ne pas tomber dans un trop grand optimisme. Le nombre d'enfants soldats a certes été réduit ces dernières années. Mais au Darfour, où la guerre fait rage, les recrutements continuent auprès d'enfants de plus en plus jeunes.
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