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Onze gouverneurs

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LA CITE AFRICAINE N° 1283 DU 18 JUILLET 2017

Le Viseur

(suite en page 15)

26ÈME ANNÉE - N° 1283 DU 18 JUIL 2017 - BI-HEBDOMADAIRE - DIRECTION - RÉDACTION : 67, Av. Mont des Arts, Immeuble Golf View B - 5ème niveau - Local 5A - Kinshasa/Gombe B.P. 952 KIN 1 - RDC - E - mail : citafrdcongo@gmail.com - http: citaf.over-blog.com-Tél. : 0998 130 914 - 0820271613 - 0814927777 - 0999932655 - PRIX UNIQUE : 2000 FC

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(Lire en page 10)

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En politique, dans certaines situations de cristallisation des ambitions qui s’affrontent, celui qui ose tirer le premier est un homme mort. Moïse Katumbi l’aura appris à ses dépens.

L’ancien gouverneur du Katanga, pour avoir , le premier, at- tiré sur lui les projecteurs du monde entier en se portant can- didat à la prochaine présidentielle et montré à tous qu’il était le possible futur président de la République démocratique du Congo a vu s’abattre sur lui la foudre, sous forme de procédu- res judiciaires visant à le mettre hors d’état de nuire. Ici, une condamnation dans une affaire de spoliation d’immeuble. Là- bas, une accusation d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat dans un dossier de recrutement soi-disant de mercenaires étrangers. Un autre présidentiable sérieux semble aussi de- voir payer son imprudence d’avoir dégainé trop tôt. Sindika Dokolo, époux d’Isabel dos Santos, la richissime fille du pré-

Sans Kabila ?

(Lire en page 3)

Plaidoyer pour un 3

ème

Dialogue

Hon. Adolphe Muzito : ‘’La RDC souffre d’un choc endogène lié à sa propre gouvernance, et non d’un choc exogène’’

L’Honorable députée Yvette Mbadu remet deux couveuses à incubateurs à l’hôpital

général de référence de Boma

Kinshasa à la recherche

désespérée d’un soutien financier

Conseil économique et social

Le Bureau Kiwakana affûte ses armes

Entre insécurité, impasse politique et propos démagogiques des acteurs politiques

La Rue menace de gronder!

Séisme dans la grande territoriale

Onze gouverneurs

quittent leurs fonctions !

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NATION

Page 2 LA CITE AFRICAINE N° 1283 DU 18 JUILLET 2017

LA CITE AFRICAINE

Il suffit pour s’en convaincre de prêter attention à ce qui se raconte dans les rues dans la vaste cité de Kinshasa : les congolais ne ca- chent plus leur colère sur la dégra- dation continue de ce qui leur te- nait encore de train de vie. Chaque jour qui passe, suite à l’inflation galopante et au renchérissement des prix des produits de première nécessité, leur pouvoir d’achat, déjà insignifiant en période nor- male, ne cesse de s’étioler chaque jour qui passe. Le soir quand la Snel consent ce jour-là à leur don- ner de l’électricité, ils ne voient sur les chaînes de télévision que des politiciens occupés à leur vendre des illusions sur des lendemains qui chantent, alors que les chaînes étrangères diffusent au quotidien des dépêches et des reportages atroces sur les morts dans les Kasaïs et dans le nord-est du pays, avec leurs cohortes de déplacés internes et externes.

A Kinshasa et dans d’autres agglomérations à travers le pays, le point de rupture entre la popula- tion et les leaders politiques sem- blent sur le point d’être atteint, à cause notamment de la dégrada- tion des conditions sociales de base de la population et de l’enli-

sement actuel du processus politi- que dans le pays. Le report des élections annoncé la semaine der- nière par le Président de la Ceni encore avoir ajouté de l’huile sur le brasier qui couve. Ce report quali- fié de péremptoire par l’opposition puisque faite en l’absence d’un consensus de l’ensemble de la classe politique, n’a jusque-là eu comme seul résultat que de brouiller encore plus un paysage politique déjà confus, et de plon- ger encore le pays dans l’incerti- tude la plus totale, alors que les acteurs politiques rivalisent une fois d plus dans des surenchères irréalistes les unes que les autres.

Du côté de la Majorité au pou- voir, certains ténors jusqu’auboutistes appellent déjà à un référendum dont ils s’avisent à ne pas préciser les contours, pen- dant que d’autres proposent l’ins- tauration d’un état d’urgence, dont ils sont certainement les seuls à en connaître les tenants et les aboutissants. Les milieux des op- posants ne sont pas en reste dans cette escalade de diatribes incen- diaires. Des acteurs disposant apparemment de toutes leurs fa- cultés physiques et mentales, n’hé- sitent pas à proposer des pistes

de sortie de crise allant de l’instau- ration d’une transition politique de 18 à 24 mois avec ou sans le Chef de l’Etat actuel, à l’ouverture d’un troisième round des négociations politiques sans parfois en préciser les contours et la finalité, en pas- sant par le coup de force de la rue.

Mais des préoccupations essen- tielles de la population, rares sont qui en disent un seul mot.

Aujourd’hui, tout se passe comme si le seul mode de gouvernance du pays, se serait ré- duit à un ring de boxe ou le pouvoir en place pousse des cris de triom- phe à chaque fois qu’il boque un coup porté contre lui, tandis que les acteurs de l’opposition n’auraient comme seule stratégie que de sa- per toute initiative interne ou ex- terne de leurs adversaires. Les uns et les autres semblent prendre plai- sir à ce jeu et souhaiteraient le voir se prolonger encore longtemps, mais la population elle, en est de plus en plus lasse, et réclame la fin de la récréation. Et elle a le ven- tre de plus en plus vide…Et pour le remplir à plus ou moins brève échéance, ce n’est certainement pas un nouveau dialogue politique qu’il lui faut, ni encore moins un référendum ou un état d’urgence.

LOLO LUASU B.

La déclaration ambiguë et con- troversée du Président de la CENI, Corneille Nangaa, sur TV5 à pro- pos de la tenue des élections d’ici fin décembre ne cesse d’alimen- ter la sphère politique rd-congo- laise. Qualifié par les opposants d’être à la solde du Président Jo- seph Kabila, le propos de Nangaa

a provoqué un tollé général dans l’opinion au point où l’opposition, la société civile et l’église catholi- que appellent le peuple à se pren- dre en charge en vue de l’organi- sation des élections. Dans cette flo- raison de partis politiques pro-al- ternance figure la Convention des Républicains, chapeautée par le dur à cuire, Kitenge Yesu qui, au nom de la plateforme Convention des Républicains, pousse Cor-

neille Nangaa à la démission du fait d’avoir affiché son incapacité à organiser les élections à la date convenue selon l’accord de la Saint-Sylvestre. Selon Kitenge Yesu, les propos de Corneille Nangaa sont anti-démocratiques, anti-Peuple, anti-progrès car ve- nant d’une personne qui ne prône pas la démocratie. « Je prends avec dédain les propos de Corneille Nangaa. Des déclara- tions qui ne méritent donc aucune analyse», martèle Kitenge Yesu, au cours d’un entretien à bâtons rompus qu’il a accordé à la CITAF. A la question de l’argu- mentaire avancé par Nangaa selon lequel on ne pourra pas aller aux élections sans les deux Kasaï qui représen- tent 10% de l’électorat, Kitenge fait remarquer qu’il n’y avait jamais de problèmes. Dans tous les cas, les semeurs des troubles et tueries dans les deux provinces sont con- nus. C’est la raison pour laquelle il considère avec un certain mépris la déclaration de Corneille Nangaa, qu’il accuse d’ailleurs de faire le jeu du pouvoir.

Concernant le report des élec- tions, possibilité que Nangaa a fait valoir devant l’OIF, et suivant la- quelle la CENI, le gouvernement et le CNSA pourront décider du report des élections, sans mâcher les mots, le Président de la Conven- tion des Républicains et ancien ministre de l’Information a fait fi de l’accord auquel Corneille Nangaa fait allusion, celui du Palais du Peu- ple. L’accord authentique n’a ja-

mais été appliqué

consensuellement et a été, du reste, violé sur toute la ligne par la Kabilie. D’où, selon lui, l’accord dont fait mention Nangaa comme prétexte pour reporter les élections n’existe pas pour cet ancien cadre de l’opposition Républicaine, qui avait été le premier à avoir claqué la porte de cette plate-forme à la suite des démesures politiques de Léon Kengo, autorité morale de cette frange de l’opposition qui en- registre des départs en son sein.

Quant aux actions à mener au cas où les élections ne sont pas organisées, Kitenge se réfère à la déclaration politique du Rassem- blement du 10 juillet qui projette des actions de grande envergure après le 22 juillet, 2017 date de la clôture du conclave du Rassemblement.

Sur ce sujet, Kitenge préfère se taire pour éviter de dévoiler les stra- tégies de son regroupement politi- que qu’est le Rassemblement, où des ténors de ce regroupement po- litique ont levé des options afin de barrer la route à l’actuel locataire du Palais de la nation fin mandat depuis le 19 décembre 2016 ; mais qui ne cesse de multiplier les dila- toires et machiavéliques manœu- vres pour se maintenir au pouvoir nonobstant la volonté populaire.

Néanmoins, le Président de la Convention des Républicains invite les patriotiques, toutes tendances, aux bons sentiments. Bref, à reve- nir à l’accord pour éviter le chaos au pays.

YA MAKIESE

Entre insécurité, impasse politique et propos démago- giques des acteurs politiques

La Rue menace de gronder! Kitenge Yesu : « Nangaa est le symbole de l’arrogance poltronne

du pouvoir qui hystérise le débat en faveur du statu quo »

L’opposant Moise Moni Della Idi, Président du CONADE, est très remonté par les propos tenus par le très par le Président de la CENI, Corneille Nangaa, qui, au cours d’un entretien sur le plateau de TV5, a dit qu’il était techniquement im- possible que les élections se tien- nent au courant de cette année pour des raisons d’ordre technique.

Dans son analyse des faits, le CONADE Moni Della qualifie Nangaa d’être à la solde du pou- voir Joseph. « Nangaa n’est qu’un instrument que Kabila utilise. Il tra- vaille pour Kabila et non dans l’op- tique de l’organisation des élec- tions», lâche-t-il d’un ton sévère. Et de poursuivre : « Ça ne sert à rien de s’en prendre à Nangaa. Le vrai problème c’est Kabila qui ne veut pas organiser les élections. «Vous vous rappelez que Kabila avait déclaré dans un journal allemand qu’ « il n’a pas promis des élec- tions ». Nangaa ne manifeste que la volonté de son maître, Kabila.

D’où, nous, à l’opposition, nous devons changer des stratégies pour chasser Kabila.

Des stratégies qui doivent por- ter sur des actions. Parce que la Constitution nous l’autorise via l’ar- ticle 64 de la Constitution et d’autres dispositions constitutionnelles»,

fait remarquer le très pondéré et modéré, Moise Moni Della. Comme recette, le dur à cuire Moni Della, ce Tshisekediste de la première heure, propose le dédoublement des institutions comme potion magique pour faire fléchir Joseph Kabila.

Ce dédoublement doit se faire dans toutes les institutions. Selon lui, l’opposition doit mette en place son propre gouvernement qui va marquer à la culotte le gouverne- ment Tshibala, sa propre Centrale électorale-CENI comme le fait le PPRD et son CNSA, conformément à l’accord de la Saint-Sylvestre. Et d’après lui, c’est à ce prix que Kabila fléchira et comprendra que le peuple est bien debout. Ce dé- doublement aura pour objectif la mobilisation de toutes les forces pour qu’on aille aux élections. Donc, il faut qu’il y ait quelque chose sur lequel le peuple doit s’identifier, suggère-t-il. «Souvenez-vous avant la mort de Kadhafi, un gou- vernement de transition avait déjà été installé en Libye qui était reçu en Occident. C’était un rapport des forces qu’avait créé l’opposition li- byenne. Nous, aussi, nous devons créer ce rapport des forces avec Kabila», martèle Moni Della.

YA MAKIESE Lors d’une matinée politique

organisée vendredi 14 juillet au siège de son parti dans la com- mune de Kalamu, le président na- tional de Liberté (parti politique cen- triste) a, tout en déplorant la crise politique actuelle en RDC, pré- senté quelques propositions pour

jours maximum de travail effectif.

Le travail de ce nouveau round de négociations doit consister, se- lon l’ancien ministre de l’Industrie, à la consécration dans l’Accord d’une transition stable d’une durée de 18 mois dirigée par un Exécutif composé : de l’actuel chef de l’État comme président de la République et du porte-parole de l’opposition comme premier ministre.

« Cette transition de 18 mois n’entrera en vigueur qu’avec la mise en place effective d’un gou- vernement de transition accepté par les parties prenantes.

Cette période de transition se- rait susceptible de prorogation de 3 mois au maximum en cas de force majeure », a-t-il souligné.

Le leader du parti Liberté pro- pose également la consécration, au cours de ces 18 mois, d’un partage équitable des responsabilités en- tre Pouvoir, Opposition, les partis du centre et la société civile. L’éta- blissement dans l’Accord, de façon consensuelle, sincère et démocra- tique, d’une séquence des diffé- rents scrutins électoraux.

Sur le plan diplomatique, il évo- que l’organisation d’une confé- rence de haut niveau avec les prin- cipaux partenaires extérieurs de la RDC en vue de bénéficier de leur accompagnement, d’une part, et de les rassurer quant à la stratégie nationale mise en œuvre pour la poursuite du processus électoral, d’autre part.

Un cadre de dialogue trimes- triel devra être mis en œuvre pour faciliter des échanges d’informa- tions, d’après lui.

Travailler avec la communauté internationale, à la concrétisation des points de l’Accord amendé re- latifs à la levée des sanctions in- ternationales, suggère l’inventeur du concept Made in Congo.

« Sur le plan économique et

Moïse Moni Della préconise le dédoublement des institutions comme

recette pour résorber la crise

Germain Kambinga propose une transition de 18 mois avec Joseph Kabila comme Président dans son plan de sortie de crise

la résolution de cette crise sur le plan politique, diplomatique, social, économique et sécuritaire.

Sur le plan politique, Germain Kambinga propose la reprise des négociations sous l’égide de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) sous un for- mat élargi et pour une durée de 30

social, l’Accord devra dégager cer- taines orientations économiques et sociales essentielles, qui rassure- ront le peuple que cette énième ten- tative ne se fait pas au prix de son bien-être et que la quête démocra- tique ne soit pas antinomique de la quête du bien-être des populations.

Pour ce faire, l’accord devra notam- ment déterminer les critères devant militer aux choix des animateurs des secteurs économiques et finan- ciers, en vue de nous assurer de la pertinence de leur expertise face à la situation très complexe qui sera leur partage », a-t-il expliqué.

Sur le plan sécuritaire, poursuit- il, le gouvernement de la Républi- que devra prendre à bras le corps, la situation du Kasaï et proposer des solutions idoines afin que les populations de ce coin du pays vi- vent définitivement dans la paix.

A en croire Germain Kambinga, les options stratégiques, ici propo- sées par le parti Liberté, sont dic- tées en effet par le constat d’une impossibilité pour la RDC de se sortir de cette impasse politique sans la bonne foi de chaque prota- goniste de la crise.

Pour terminer, l’ancien ministre de l’Industrie a indiqué que son parti Liberté (parti centriste) a pour rôle de faire des propositions cons- tructives dans l’intérêt du peuple.

Pour rappel, dans une matinée politique, Félix Tshisekedi, leader de l’opposition, avait avancé l’idée d’une transition de 6 mois sans le président Kabila en cas de non-te- nue de la présidentielle cette an- née.

Germain Kambinga, réaliste, propose un autre schéma, sans doute pour éviter un clash entre le pouvoir et l’opposition. Clash qui risque d’envenimer une crise poli- tique qui a déjà atteint presque son paroxysme.

Ya MAKIESE

(3)

TRIBUNE

Page 3 LA CITE AFRICAINE N° 1283 DU 18 JUILLET 2017

LA CITE AFRICAINE

www.marierose-kasavubu.net

Dans cette tribune, avec la rigueur scientifique qu’on lui connaît, l’ancien Premier ministre Adol- phe Muzito vient ici contredire les évidences clai- ronnées par le gouvernement qui justifie la faillite du pays par les retombées d’un choc exogène.

L’économiste affirme que la RDC souffre se ses propres turpitudes liées à la mauvaise gouvernance économique, politique et sécuritaire.

I.POSITION DU PROBLEME

La République Démocratique du Congo souffre d’une crise multisectorielle qui se traduit par la faillite de la société. Il s’agit de la faillite économique et so ciale, d’une part et de la f aillite politique et sécuritaire, d’autre part.

I.1. Faillite économique et sociale Notre pays est au bord du chaos. Les budgets du Gouvernement central, des gouvernements provin- ciaux, des villes et des entités territoriales décentrali- sées sont tous déficitaires.

L’Etat congolais est menacé de cessation des paiements faute de réserves de change. Le pays est en quasi dépôt de bilan, alors qu’il est sous-endetté, avec un encours de la dette publique très faible, avoi- sinant les 6 milliards de $ US et un service de la dette de moins de 200 millions de $ US.

Le Gouvernement recourt, depuis fin novembre 2016, à la planche à billets pour financer son déficit et ceux des entités publiques locales, engageant le pays dans une spirale inflationniste, en même temps qu’il a quasiment épuisé les réserves de change du pays.

La Banque Centrale du Congo (BCC) se décapitalise chaque année avec des pertes d’exploi- tation de plus en plus croissantes qu’elle finance avec la planche à billets, amplifiant elle aussi l’inflation.

Le crédit bancaire devient de plus en plus diffi- cile à mobiliser pour les entreprises et les ménages en raison des taux débiteurs élevés, alors que les banques sont sur-liquides. Le taux d’intérêt débiteur est passé, en monnaie natio nale, de 17% l’an en Juin 2016, à 25%à ce jour.

La spirale de l’inflation et de la hausse du dollar américain par rapport à la monnaie nationale, a fait perdre à celle-ci 40 % de sa valeur externe dès fin 2015, alors même que la chute des cours du cuivre et surtout du cobalt n’aura été que ponctuelle.

D’ici la fin de l’année, le dollar américain pourra s’échanger à 2.000 FC. La population, en général et les agents de l’Etat en particulier, vont perdre 50 % de leur pouvoir d’achat tandis que l’inflation pourra atteindre 45% en décembre 2017, selon les prévi- sions du Fonds Monétaire International (FMI). Les effets de la croissance projetée à 4% vont ainsi être annihilés et la crise sociale ainsi que la misère des populations vont s’amplifier.

I.2. La faillite politique et sécuritaire Sur le plan politique, les acquis de Sun City, consolidés par le quinquennat 2007-2012, ont été sabordés. Le pays n’a désormais ni Majorité, ni Oppo- sition. Les partis politiques ainsi que les alliances politiques ont implosé. Ils ont tout perdu, leur âme et leur légitimité.

La Constitution est défigurée. Le régionalisme constitutionnel n’a pas été mis en place. Les provin- ces et entités territoriales décentralisées ne jouissent ni de leurs compétences exclusives, ni de leurs parts de ressources dans les recettes à caractère national.

La classe politique ne dispose d’aucun compro- mis crédible pour les élections. La nation ne dispose plus d’institutions légales et légitimes. L’Etat a perdu son autorité sur des étendues entières du territoire où les milices règnent en maître, créant une insécurité généralisée.

Les provinces assistent impuissantes face à ce problème d’insécurité, de tueries et de banditisme de proximité ainsi qu’aux mouvements de déplacement de leurs populations.

A ce sujet, la Mission de l’Organisation des Na- tions Unies pour la Stabilisation en République Dé- mocratique Congo (MONUSCO), aux côtés de l’ar- mée congolaise, n’est pas encore au bout de ses pei- nes.

Et pourtant, au lendemain des élections de 2011, le pays disposait d’une stabilité économique, politi- que et sociale.

Même si à l’issue de ces élections de Novembre 2011, il y a eu des contestations de l’Opposition, le Gouvernement s’était engagé à dialoguer avec celle- ci. L’Accord d’Addis-Abeba allait dans ce sens, avec pour cadre général, des réformes institutionnelles et économiques.

Le pays était en programme avec le FMI et la Banque Mondiale (BM).

L’accord de financement chinois de 6 milliards de $US était, parallèlement à l’atteinte du point d’achèvement, bouclé et le pays attendait les décaissements de ses fonds en même temps qu’il s’apprêtait à encaisser les facilités du FMI dans le cadre de la 4ème revue en perspectives concluan- tes.

Les concertations de 2013 ainsi que les Dialo- gues de la Cité de l’Unio n Africaine et du Centre Interdiocésain de la Conférence Episcopale Natio- nale du Congo (CENCO) avaient pour objectif la co- hésion nationale et la stabilisation du pays avant d’aller à des élections apaisées.

Quelles sont alors les causes, cinq ans après, qui peuvent expliquer que le pays soit entré dans la crise actuelle ?

II.LA FAILLITE ECONOMIQUE ET SOCIALE :

Plaidoyer pour un 3

ème

Dialogue

Hon. Adolphe Muzito : ‘ ’La RDC souffre d’un choc endogène lié à sa propre gouvernance, et non d’un choc exogène ’’

La RDC : le faux malade, diagnostique Muzito L’inflation et l’érosion monétaire, ce double mal qui répand la misère et f ait la guerre à un peuple déjà déshérité, est une création du Gouvernement.

Car pour moi, celui-ci en aurait prémuni le pays avec un peu plus de volonté politique et de rigueur dans la gouvernance.

Le Gouvernement a ainsi tort, aujourd’hui, de se déclarer en difficulté de trésorerie et de solliciter un concours financier auprès des Institutions de Bretton Woods, en situation de crise politique et d’illégiti- mité, invoquant pour cause le choc exogène.

Dans le contexte actuel, le Gouvernement n’a pas besoin d’appui budgétaire pour réussir la stabili- sation de la monnaie nationale.

Du reste, même s’il obtenait cet appui, celui-ci ne suffira-t-il pas pour mettre fin à cette érosion mo- nétaire, les causes de celle-ci étant finalement ailleurs.

« L’héritage perdu

En effet, le quinquennat 2012-2016 a hérité du quinquennat précédent, 2007-2011, d’une bonne si- tuation économique et financière. Il a ainsi démarré avec un bon cadre macroéconomique.

Cette situation restée positive pendant 36 mois, de 2012 à 2014, se caractérisait par des dépôts im- portants de l’Etat dans le système bancaire jusqu’à fin 2014.

En effet en 2012, les avoirs extérieurs nets se sont élevés à 1.415 milliards de FC et les réserves exté- rieures estimées à 1,750 milliards de $US.

Quant aux dépôts du Gouvernement auprès du système bancaire, ils s’élevaient à plus de 711 mil- liards de FC.

En 2015, le Gouvernement a commencé à con- sommer lesdits dépôts en produisant des déficits.

C’est ainsi que l’exercice 2016 s’est soldé par un déficit de 300 milliards de FC, soit 230 millions de

$US, représentant 5,0% du budget en ressources pro- pres et 0,6% du PIB de l’exercice.

L’érosion monétaire et l’inflation qui ont sévi à partir de cet exercice, ne pouvaient être enclenchées par ce faible déficit surtout que la BCC avait en plus, au courant de cet exercice, injecté sur le marché, en vue d’éponger la surliquidité née dudit déficit, près de 750 millions de $US des réserves de change, ac- cumulées par le pays lors du quinquennat 2007-2011.

Le Gouvernement co nsidérait que l’écono mie avait atteint la phase de résilience. Il n’avait de fait pas jugé utile de retourner en programme avec le FMI et d’engager des réformes, profitant de la pé- riode de stabilité, en vue de prévenir tout choc exo- gène.

Malheureusement, celui-ci est arrivé. Lié à la chute ponctuelle des cours des matières au courant de 2016, ila dégradé la position extérieure du pays.

L’injection des réserves de change n’a pas pu l’amor- tir, à cause de la croissance monétaire continue.

Au premier semestre de l’année 2017 en cours, la reprise des prix des matières premières, bien qu’ayant amélioré la position extérieure du pays avec 170 millions de $ US, n’a pas atténué de façon signi- ficative le choc du fait toujours d’une création moné- taire excessive.

Cette perpétuelle création monétaire a toujours pour origine, au-delà du déficit du trésor public :

- Les refinancements souvent irréguliers des ban- ques commerciales ;

- Le financement du déficit de la BCC, toujours en f aillite ;

- le financement des dépenses hors-chaîne par la Banque centrale.

Car, le déficit du plan de trésorerie de l’Etat, lui- même pour le premier semestre 2017, a été léger, soit 20 milliards de FC (13 millions de $ US) et ne pouvait à lui seul occasionner une surliquidité jus- qu’à provoquer la rupture actuelle du cadre macroé- conomique et enclencher l’inflation massive qui per- dure dans le pays.

« Le budget 2017 et la continuité de l’érosion monétaire au second semestre

Avec des prévisions budgétaires en ressources internes de près de 6.000 milliards de FC, votées par le Parlement pour l’exercice 2017, le Gouvernement n’a mobilisé au premier semestre que 1.880 milliards de FC, pour des dépenses de 1.900 milliards de FC, soit le tiers (30%) des assignations.

Il a ainsi réalisé un déficit de 20 milliards de FC équivalant de 13 millions de $ US, que je viens d’in- diquer ci-haut.

Ce niveau de déficit ne pouvait donc être la cause de l’érosion monétaire que connait le Franc Congo- lais et de l’hyperinflation persistante. Car depuis le premier semestre, le pays a enregistré une améliora- tion de sa position extérieure avec des avoirs exter- nes nets qui ont connu une augmentation de 170 milliards de FC.

« La moitié du temps pour deux fois plus de ressources

Pour l’autre moitié de l’année 2017 qui reste, le Gouvernement devra mobiliser les 70% des ressour- ces internes lui restant ; soit deux fois plus de ressour- ces d’ici fin décembre 2017, pour boucler son budget et faire face à l’engagement des dépenses program- mées. Cette hypothèse me parait peu réaliste.

« Le programme avec le FMI et la BM Par contre, si le Gouvernement ne mobilise pour le second semestre que le même montant des recet- tes qu’au premier semestre, soit 1.880 milliards de FC représentant 1,250 milliards de $US, il sera toujours exposé au risque d’actionner la planche à billet, sauf s’il parvenait, profitant de l’embellie des cours des produits miniers, dont les prévisions des recettes en

devises pour fin 2017 sont estimées à 12 milliards de

$US, à améliorer les rentrées fiscales de ce secteur et le niveau de rapatriement des recettes des produits miniers.

En outre si le Go uvernement rentrait en pro- gramme avec le FMI, après normalisation de la situa- tion politique, il lui faudra s’imposer une discipline dans sa gestion budgétaire. Il pourrait ainsi espérer clôturer l’exercice 2017 avec une légère inflation, et atteindre ainsi les critères de performance pour espé- rer bénéficier du FMI des appuis à son budget et à la balance des paiements, vers fin 2017-début 2018. La discipline du Gouvernement consistera aussi à ré- duire le train de vie de l’Etat, en le ramenant à la réalité de ses ressources pour ainsi éviter la planche à billet.

Je ne suis pas très optimiste quant à ce. Car, je doute de la capacité du pouvoir de se priver le re- cours à la planche à billet pour financer les dépenses hors chaîne. Je ne vois pas non plus la Banque cen- trale réduire son déficit d’exploitation et arrêter la politique de refinancement des banques commercia- les sur fond d’actifs toxiques.

J’en déduis que la thérapeutique contre l’infla- tion comme maladie dont souff re le pays, a pour premier médecin, le Gouvernement lui-même et sa banque centrale.

Cette thérapeutique réside dans la volonté politi- que. Le FMI ne pourra venir qu’en appoint, avec son expertise et ses appuis pour financer les réformes à posteriori.

Comme médecin, le FMI ne peut donc pas guérir le malade contre sa volonté.

II.2. LA FAILLITE POLITIQUE ET SECURITAIRE

« Une feuille de route pour la RDC : plan d’aide internatio nale

C’est la gouvernance politique qui est la vraie racine de la crise multisectorielle.

Les deux dialo gues derniers de l’UA et de la CENCO ont réduit la crise congolaise à la seule ques- tion des élections, excluant de leur analyse les vraies racines de la crise, qui elle-même a trois têtes qui se nourrissent mutuellement.

Aussi longtemps que les questions économiques, politiques et sociales, au de-là de la questio n de l’élection « présidentielle « restent exclues de l’ana- lyse, du diagnostic et de la solution à la triple crise congolaise :»après les élections sera comme avant les élections. «

Il manque pour la RDC une feuille de route pour le Gouvernement de transition et celui qui sera élu après ladite transition.

Rappelons ici que les succès ou acquis de la gouvernance de la Transition 2003-2006 et de celle du quinquennat 2007-2011 sont le résultat de la feuille de route du Dialogue de Sun City.

Les négociateurs à ce dialogue avaient fait l’état de lieux du régime Mobutu, tiré des leçons et préco- nisé une thérapeutique ou mieux une feuille de route que la Transition et le Gouvernement élu ont succes- sivement mis en action.

Comme instrument de sortie de crise, cette feuille de route avait été élaborée par la classe politique avec l’accompagnement de la Communauté interna- tionale venue au chevet de la RDC et qui a accepté de financer toutes les réformes politiques, économi- ques et sociales arrêtées à cette époque. C’est plutôt le dernier gouvernement « 2012-2016 « qui a fait le malheureux choix de sortir de cette feuille de route.

Au nom de la soi-disant souveraineté du pays, il a abandonné les réformes en cours d’exécution en s’éloi- gnant de la Communauté internationale.

Aujourd’hui et dans le contexte de la nouvelle crise, il ne faudrait pas attendre jusqu’à l’élection des nouvelles institutions pour engager la RDC sur la voie des réformes. L’argument est facile. Il consiste à pos- tuler que seule une Majorité élue aurait la légitimité pour une telle tâche.

Il faut plutôt profiter de la crise pour qu’au cou- rant du dialogue, la classe politique et sociale trouve un consensus sur la feuille de route dont le Gouver- nement de transition et celui qui sera élu, appliquent les grands axes.

Cela aura l’avantage d’éviter à la nation de navi- guer à vue à travers une majorité qui sera surement hétéroclite, erratique et éclectique dans une société sans contre-pouvoirs institutionnel, politique et so- cial. Une société où il est souvent laissé libre voie à la minorité au pouvoir de confisquer, pour elle, toutes les prérogatives de l’Etat.

En RDC, les coalitions politiques comme les par- tis sont faibles et sans repères. De la Majorité comme de l’Opposition, ils ne sont pas capables de créer dans le pays des contre-pouvoirs sur l’action de l’exé- cutif.

A ce propos, il faut noter que le PPRD, principal parti de la RDC, abusant des leviers du pouvoir, a mangé tous les partis. Grands comme petits. De son camp comme du camp adverse. Il les a dépecés et dépiécés, donnant naissance à deux « frères siamois

« : La MP et le Rasop. Ceux-ci ont pour intercession le G7, présent à la MP et au Rasop. Ce n’est pas dans une telle société où on peut disposer d’un leadership politique stable et fort.

Le non-respect de la Constitution, des Accords et des Arrangements particuliers, ainsi que le débau- chage individuel des personnalités politiques ne pou- vaient favoriser la cohésion nationale, bien au con- traire tout ceci et à citer parmi les causes de la conti- nuité de la crise politique.

III.CONCLUSION

La RDC n’est pas malade. En tout cas, elle ne

souffre pas du mal pour lequel le Gouvernement de- mande le concours du FMI.

La RDC souffre plutôt d’un choc. Un choc, non pas exogène, comme aiment le dire le Gouverne- ment et ses experts, mais d’un choc endogène, lié à sa propre gouvernance.

Car, face aux acquis réalisés par le pays ces 10 dernières années, aucun choc exogène ne pouvait fragiliser ses équilibres macro-économiques à ce point.

La courte chute des cours des produits de base pour une période de quasi-un an (fin 2015-fin 2016) ne peut justifier une érosion monétaire aussi massive et continue, qui vient de réduire de plus de 40% la valeur externe de la monnaie nationale.

Le Gouvernement a eu et a toujours les capaci- tés de résister, comme tous les autres pays à écono- mie de rente, à ce choc. Le cas des pays de la zone FCFA est là pour nous le témoigner. Dans ces pays, alors que la baisse des cours des matières (produits pétroliers) perdure encore, leur monnaie reste pour- tant stable.

Le choc endogène à la base de l’érosion moné- taire et de l’inflation dans notre pays ne se rapporte pas au déficit de trésorerie de 300 milliards de FC avec lequel s’est clôturé l’exercice 2016. Car très fai- ble, la surliquidité qu’il a occasionnée, a été épon- gée par l’injection de 750 millions de $US des réser- ves de change constitués par le Gouvernement au courant des exercices antérieurs.

Le déficit du premier semestre de l’exercice en cours, évalué à 20 milliards de FC, soit 13 millions de

$ US, ne pouvait pas non plus suffire pour créer l’infla- tion.

Le choc endogène dont il est question ici reste invisible, aussi invisible qu’une hémorragie interne, aux effets néfastes.

Il s’agit :

1) des diverses créations monétaires au profit : - du trésor public ;

- des dépenses hors-chaînes ; - du déficit d’exploitation de la BCC ; - des refinancements sans contrepartie des ban- ques commerciales ;

- etc.

2) des manques à gagner sur le budget de l’Etat et sur la balance des paiements du pays, occasionnés par la question de la go uvernance minière et du laxisme de la BCC dans le suivi du rapatriement des devises issues de la vente des produits miniers.

3) de la mobilisation des recettes plombée no- tamment par la fraude et l’évasion fiscales ainsi que par des mesures gouvernementales d’octroi à cer- tains opérateurs économiques des exonérations et des autorisations de compensation contra legem, sans parler de la problématique de la TVA remboursable.

Dans ces conditions, les dépenses hors cadre bud- gétaire et hors chaîne, destinées à financer notam- ment des projets non budgétisés et le train de vie de certaines institutions, aggravent les déficits budgétai- res et amènent le Gouvernement à recourir à la plan- che à billets.

Le remède et la guérison à tous ces maux ne viendront jamais du FMI et de la Banque Mondiale.

Ils viendront du malade lui-même, le Gouvernement, qui fait partie du problème et doit être en fait son premier médecin. Celui-ci pourrait déjà engager à l’interne ses propres réformes à court terme.

Ainsi, les Institutions de Bretton Woods, elles vien- draient en appuis pour accompagner le Gouverne- ment, à engager les réformes pour :

* améliorer la performance fiscale par la collecte particulièrement dans le secteur d’exploitation mi- nière et le rapatriement des recettes d’exploitation ;

* améliorer les pro cédures nécessaires aux décaissements des crédits des partenaires extérieurs ;

* aider le payer à dégager des ressources internes pour financer les élections et éventuellement appor- ter un appui budgétaire complémentaire.

Quant aux réformes à moyen et long terme, avec l’appui de la Communauté internationale, il s’agira au regard de la durée de la transition, d’une feuille de route qui devra être arrêtée lors du dialogue.

Celle-ci devra comprendre des mesures à court terme que doit prendre le Gouvernement, ainsi que des mesures à moyen et long terme que ce Gouver- nement doit amorcer pour remettre sur orbite l’écono- mie du pays.

* des réformes économiques concernent : o la mise en place du partenariat Public-Privé ; o la restructuration et la recapitalisation de la banque centrale ;

o le développement du marché des capitaux dans les domaines des assurances (SONAS), de la sécurité sociale (INSS) et des institutions financières non mo- nétaires telles que la CADECO, le FPI, la SOFIDE, etc.

Enfin, pour résoudre la crise politique, nous pro- posons l’organisation d’un 3ème dialogue, après ce- lui de l’UA et du Centre Interdiocésain.

Pour avoir plus de chance de réussite, le 3ème dialogue devra :

* déterminer une date précise pour l’organisation des élections ;

* établir un mécanisme de mobilisation des res- sources au profit de la CENI pour des élections dans le délai ;

* intégrer dans la feuille de route des réformes économiques, politiques et sociales.

* être o rganisé avec l’accompagnement et la participation de la Communauté internationale ;

Fait à Kinshasa, le 17 juillet 2017 Adolphe MUZITO Député national et  Ancien Premier Ministre

(4)

NATION

Page 4 LA CITE AFRICAINE N° 1283 DU 18 JUILLET 2017

LA CITE AFRICAINE

« La position annoncée par le Président de la Commission électo- rale Nationale Indépendante, CENI, consistant en l’impossibilité d’orga- niser les élections présidentielle, lé- gislatives nationales et provinciales d’ici la fin de l’année 2017 est une violation flagrante du consensus politique conclu par les acteurs clé du processus électoral aux échan- ges directs de la CENCO, et surtout, une rupture de confiance et de légiti- mité reconnues par la population congolaise aux institutions en place et à la CENI.

L’opinion congolaise et interna- tionale a suivi, à travers les médias internationaux et nationaux la décla- ration du Président de la CENI, Mon- sieur Corneille NANGA, à partir de Paris au siège de l’Organisation In- ternationale de la Francophonie (OIF) sur l’impossibilité d’organiser la pre- mière séquence électorale telle que décidée par les parties prenantes aux pourparlers directs de la CENCO.

Pour le Président de la CENI, l’échéance de décembre 2017, con- clue pour la consommation politique et populaire, ne tient pas face à di- verses contraintes techniques qui caractérisent le processus dans le contexte actuel du pays.

A l’issue de l’analyse de cette déclaration du Président de la CENI, les organisations membres de la plateforme Agir pour les Elections Transparentes et Apaisées, AETA, font les constats ci-après :

1. Sur la forme :

a) Les élections étant une ma-

tière de souveraineté, ainsi que n’a cessé de marteler le Président de la République, cette déclaration offi- cielle du Président de la CENI ne pouvait être faite en dehors du pays.

Cela constitue un manque de res- pect flagrant au peuple congolais ; b) Le fait que cette déclaration ait été faite au siège de l’OIF, institution ayant accompagné techniquement la CENI, successivement par un audit externe du fichier électoral en 2015 et par une récente évaluation du pro- cessus électoral à l’étape actuelle, présage sans doute la complicité entre la CENI et cette institution inter- nationale.

Cette attitude de la CENI est pas- sible de sanctions sévères à l’en- droit des animateurs de la CENI;

c) La CENI, à travers son Prési- dent, anticipe unilatéralement l’op- tion relative à l’impossibilité de tenir au délai buttoir de décembre 2017 pour l’organisation des élections ; alors qu’elle renvoie, dans ses di- res, le mandat de l’extension de la période à la tripartite CNSA-Gouver- nement-CENI. Ceci non seulement s’écarte de la procédure consen- suelle, et constitue donc une entorse, mais surtout influence d’ores et déjà l’option des deux autres partenaires d’évaluation du processus électoral, selon l’Accord Politique.

2. Sur le fond :

a) la déclaration de la CENI est fonction des motivations psychana- lytiques tant elle confirme les inten- tions qu’elle exprimait jadis de n’être capable à organiser les élections

qu’entre 2018 et 2019. L’on se sou- viendra qu’au dialogue de la Cité de l’OUA, avant même que les contrain- tes sur lesquelles la CENI s’appuie aujourd’hui ne soient survenues, la CENI projetait la tenue des premiers scrutins du présent cycle en novem- bre 2018 ;

b) La CENI emboîte le pas à quel- ques acteurs de la Majorité Présiden- tielle et de trois ministres de l’actuel gouvernement qui, quelques jours avant elle, annonçaient déjà l’impos- sibilité d’organiser les élections au cours de l’année 2017 ;

c) En décidant illégalement de ne pas organiser les élections dans les limites du délai conclu par l’Accord du 31 décembre 2016, la CENI viole aussi bien l’une des dispositions in- contournables de cet Accord, notam- ment en son point IV.2 que la Réso- lution 2348 du Conseil de Sécurité des Nations Unies et, fort de cela, elle brise totalement la légitimité re- connue aux institutions en place par la population congolaise. De ce fait, la CENI serait à la base de l’instabi- lité du pays en créant une situation chaotique et ingérable ;

d) Il conviendrait de se deman- der sur base de quoi la CENI appré- cie-t-elle la non-possibilité d’organi- ser les élections d’ici décembre 2017, étant donné qu’elle n’a jamais publié un calendrier électoral devant servir d’outil d’évaluation du temps consommé et de celui requis comme nécessaire, en vue d’orien- ter en toute conséquence et objecti- vité les possibles projections. Preuve que le processus électoral est ainsi

conduit de manière opaque et « experticidaire ».

e) Le fait que l’opération préélectorale d’enrôlement soit me- née sans et/ou en dehors d’un ca- lendrier détaillé global présage non seulement de l’intention « chronophagique» de la part de la CENI, mais surtout enfreint grave- ment les principes de transparence, d’accessibilité et d’appropriation in- hérents aux élections crédibles ;

f) Hors de toutes manœuvres, ni l’absence du CNSA, ni la non-tenue des évaluations périodiques des opérations prévues par l’Accord, ni encore la situation sécuritaire des deux provinces du Kasaï central et du Kasaï ne peuvent nullement, dans les conditions actuelles, faire aussi bien obstacle à la publication du ca- lendrier électoral global, à la pour- suite de la révision du fichier électo- ral qu’à la tenue des élections dans le délai compromis ;

g. L’approche de gouvernance électorale appliquée par la CENI donne ascendance et privilégie dan- gereusement les exigences technico-opérationnelles au détri- ment des impératifs légaux. Ce qui est inadmissible.

Fort des constats ci-haut dé- crits, AETA :

a) Condamne avec la dernière énergie cette décision irresponsable de Monsieur Corneille NANGAA et l’appelle, de ce fait, à y renoncer ainsi qu’à abandonner toutes sortes de malices qui présagent le chaos dans le pays, au risque de porter les con- séquences qui en résulteraient ;

b) Porte à la connaissance de la CENI que dans le contexte d’un pro- cessus électoral basé sur un com- promis politique entre acteurs clé, elle n’a pas la pleine liberté, au nom d’une quelconque prérogative, de décider outre mesure ;

b. Recommande à la Plénière de la CENI de publier en toute diligence le calendrier électoral indiquant clai- rement en détail les dates des diffé- rentes opérations préélectorales et électorales conformément à l’Accord du 31 décembre 2016 ;

c) Invite M. Corneille NANGA à te- nir à son honneur, sa crédibilité et à son intégrité en démissionnant de son poste s’il ne peut publier aussi- tôt le calendrier électoral et s’estime, à cet effet, incapable d’organiser les élections dans le délai conclu par l’Accord Politique susmentionné ; d) Interpelle les représentants de la composante société civile au sein de la Plénière de la CENI à faire preuve de sens de responsabilité face à un second glissement déli- bérément causé par une gouvernance astucieuse du proces- sus électoral. Ceux-ci sont ainsi ap- pelés au devoir de redevabilité en fournissant aux membres de ladite composante l’explication rationnelle et objective requise concernant cette désastreuse option annoncée par M.

Corneille NANGA ;

e) Recommande aux confes- sions religieuses tout en privilégiant l’intérêt général du pays à désavouer, de ce fait, M. Corneille NANGA au poste de Président de la CENI et d’enclencher ainsi le processus de son remplacement imminent ;

f. Invite la Communauté Interna- tionale à appliquer des sanctions ciblées appropriées et drastiques à l’endroit de M. Corneille NANGA et tout animateur des organes de la CENI, au cas où ils s’accrocheraient à cette décision suicidaire qui fait entrave à la tenue des élections « à bonne date » pour une transition démocratique ;

g. Appelle les acteurs politiques et sociaux ainsi que la population congolaise à se mobiliser comme un seul homme contre cette décision de M. Corneille NANGA et tout schéma qui serait de nature à retar- der les élections et à déconstruire la démocratie congolaise.

Les organisations membres de l’AETA demeurent convaincues de la possibilité de réussir la tenue des élections crédibles et apaisées dans l’échéance conclue par l’Accord du 31 décembre 2016 dans les con- ditions d’être appuyé par une réelle volonté politique et technique. Elles promettent ainsi de le démontrer dans un avenir proche par une étude technique.

Elles invitent enfin les plates-for- mes d’action démocratique telles le CNONGD, le CASC, l’Observatoire du dialogue, la SYMOCEL, la COJESKI, la NSCC, le CCSC, etc., ainsi que les Mouvements Citoyens à se liguer pour un combat démo- cratique coordonné efficace et non violent en faveur de la tenue des élec- tions dans le délai convenu ».

Les Organisations membres de l’AETA Ni les condamnations du der-

nier sommet de l’UA tenu à Addis- Abeba, ni la frénésie diplomatique du vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères, She Okitundu, ne semblent détourner les Occidentaux de leur logique vi- sant à en découdre avec le régime de Kinshasa, accusé de violations massives des droits démocrati- ques du peuple congolais.

Tenez, la semaine dernière, les Etats-Unis ont encore menacé la République démocratique du Congo (RDC) de sanctions, si les élections ne se déroulaient pas comme prévu cette année et ont exhorté le Conseil de sécurité des Nations Unies à punir les respon- sables des violences au Congo.

Les Etats-Unis rappellent qu’un accord conclu l’année der- nière, soutenu par le Conseil de sécurité, autorise le président Jo- seph Kabila à rester au pouvoir au- delà de son mandat —achevé le 20 décembre 2016— jusqu’à la te- nue d’élections d’ici fin 2017. Mais l’inquiétude grandit au sein de l’Ad- ministration américaine sur un possible effondrement de cet ac- cord après les propos du président de la Commission électorale na- tionale indépendante, Corneille Nangaa, qui a déclaré que les scru- tins envisagés n’auront pas lieu cette année.

»Les retards sur les élections

ne peuvent pas continuer», a dé- claré l’ambassadrice américaine adjointe Michele Sison lors d’une réunion du Conseil sur la crise en RD Congo. «La communauté inter- nationale doit prendre les devants et intensifier la pression non seu- lement sur le président Kabila et son gouvernement, mais aussi sur la Commission électorale natio- nale indépendante», a-t-elle dé- claré.

La diplomate américaine a exigé que la CENI publie «immé- diatement» un calendrier électoral et spécifie précisément une date pour l’élection présidentielle cen- sée mettre en place la première transition démocratique du pouvoir en RD Congo.

«Nous sommes prêts à pren- dre des mesures supplémentaires pour sanctionner ceux qui tentent d’entraver la première transition démocratique en RD Congo», a martelé Mme Sison. «Le Conseil de sécurité devrait également en- visager des sanctions ciblées pour réduire la violence en RD Congo et aider à faire pression sur toutes les parties pour qu’elles jouent un rôle plus constructif dans l’avancée du pays», a-t-elle ajouté.

Pour leur part, la France et le Royaume-Uni ont également de- mandé l’annonce d’une date pour l’élection présidentielle et souligné qu’il n’y avait pas d’alternative à l’ac-

cord du 31 décembre 2016 pour mettre fin à la crise politique.

Le chef des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a dénoncé devant le Con- seil l’aggravation de la violence et cité «des informations inquiétantes concernant des exécutions som- maires et des viols, y compris de civils par les forces de sécurité» et l’existence «de dizaines de fosses communes» dans la province de Kasaï.

Devant le Conseil de sécurité mardi 11 juillet, le Secrétaire géné- ral adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix Jean-Pierre Lacroix, a appelé les acteurs nationaux et internationaux à se mobiliser pour remettre l’ac- cord sur les rails.

Dans son allocution, il a dé- ploré la mise en œuvre « largement insuffisante » de l’accord politique du 31 décembre 2016, censée ré- gir la transition en cours et baliser le chemin vers les élections en République démocratique du Congo.

Pour le Secrétaire général ad- joint, cet accord « a tracé les con- tours de la transition en cours », en vue de la tenue des élections à la fin 2017. Cependant, a-t-il alerté, à moins de six mois des élections,

«le consensus s’est progressive- ment effrité», relevant le fait que le vrai Rassemblement des forces

politiques et sociales acquises au changement s’est désolidarisé des arrangements politiques ré- cents destinés à mettre en œuvre l’accord. «Il est à craindre, a-t-il poursuivi, que la mise en place annoncée du Conseil national de suivi de l’Accord (CNSA) souffre également de l’effritement du con- sensus politique».

Quant aux récentes déclara- tions du président de la CENI évo- quant l’impossibilité d’organiser les élections en 2017, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU a es- timé qu’elles constituent «un motif supplémentaire de préoccupa- tions».

Jean Pierre Lacroix a cependant estimé que l’avancement de l’en- registrement des électeurs dans 24 des 26 provinces de la RDC re- présente un motif d’encourage- ment, avec, au 10 juillet 2017, 33 millions d’électeurs enregistrés sur un total de 41 millions atten- dus.

Mais il a souligné que les défis sécuritaires dans les provinces du Kasaï et du Kasaï central rendent l’enregistrement problématique, de même que les retards enregis- trés par la CENI en matière de pu- blication du calendrier électoral et l’incertitude sur le financement des scrutins.

Jay KUMWAF

Washington et les Occidentaux veulent à nouveau sanctionner la RDC pour le retard des élections

Report des élections

L’AETA pas d’accord en appelle à des sanctions de la

Communauté internationale contre Corneille Nangaa

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