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Dialogue

Organe de l ’ asbl « Dialogue des Peuples »

Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le mercredi 1er décembre 2010

Spécial Côte d'Ivoire

28/29/30 Novembre : vote et dépouillement Fin du scrutin ivoirien, premières accusations, 5 morts à Daloa… page 1

En Côte d'Ivoire, la tension monte dans l'attente des résultats… page 3 Sur des œufs !... page 4

Les électeurs suspendus à la publication des résultats… page 6 Nuit du 30/11 au 01/12 : La Nuit des Tentations ? Des pro-Gbagbo empêchent physiquement l’annonce de résultats … page 8 30.11.2010 : Laurent Gbagbo, le grand perdant qui ne quittera pas le pouvoir… page 9

A la Une : sans doute la fin du suspense ce mercredi en Côte d’Ivoire… page 10 La Côte d’Ivoire plongée dans l’incertitude sur la présidentielle …page 12

Mercredi 1 décembre, vers 19h, la proclamation a lieu Les Résultats … page 14

Réflexions et commentaires de « Dialogue » page … 15

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28/29/30 Novembre : vote et dépouillement

Fin du scrutin ivoirien, premières accusations, 5 morts à Daloa

par David Lewis et Loucoumane Coulibaly

© Reuters Bureau de vote à Gagnoa (ouest de la C.I.)

ABIDJAN (Reuters) - Les camps des deux candidats se sont mutuellement accusés dimanche d'avoir voulu intimider les électeurs, au terme d'un second tour de la présidentielle censé mettre fin à dix ans d'instabilité politique en Côte d'Ivoire.

Cinq membres des forces de sécurité ont été tués à Daloa dans l'ouest du pays peu avant le début du dépouillement, au moment où les bureaux de vote fermaient leurs portes à 17h00 locales (17h00 GMT). Il s'agit de deux policiers, d'un gendarme et de deux soldats, a déclaré Pascal Affi N'Guessan, directeur de campagne du président sortant Laurent Gbagbo, qui était opposé à l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara lors du second tour.

Selon deux sources proches des services de sécurité, ces hommes ont été tués aux abords de trois bureaux de vote où des Ivoiriens en colère se plaignaient d'être empêchés de voter.

De manière générale, le couvre-feu nocturne instauré la veille et les mesures de sécurité prises pour assurer le déroulement dans le calme du second tour de dimanche ont entraîné des retards.

Les bureaux de vote d'Abidjan où se sont rendus des journalistes de Reuters étaient moins actifs qu'au premier tour organisé le mois dernier, qui avait donné lieu à une participation de plus de 80% des inscrits. Deux observateurs ont dit avoir constaté la même tendance. Certains bureaux ont fermé comme prévu à 17h00 (17h00 GMT) et ont commencé le dépouillement, mais d'autres sont restés ouverts, a rapporté un journaliste de Reuters.

L'opposition a imputé des manœuvres d'intimidation à des partisans du parti de Gbagbo dans plusieurs bureaux de vote.

BLOCAGES

"Depuis le début du scrutin, nous avons observé des blocages systématiques", a dit aux journalistes Marcel Tanon, directeur de campagne d'Ouattara, ajoutant que des représentants du parti avaient été empêchés d'aller voter dans certains bureaux et chassés de divers autres.

Des barrages ont été mis en place par de jeunes partisans de Gbagbo qui contrôlaient les cartes d'électeur en repoussant les personnes susceptibles de voter pour l'opposition, a-t-il dit.

"(Nous) voulons (...) attirer l'attention sur le risque que cela éclipse la crédibilité du scrutin", a ajouté Tanon.

Selon la commission électorale, des résultats préliminaires devaient émerger à partir de dimanche soir mais aucune tendance claire ne se dessinera sans doute avant plusieurs jours.

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Au fil de la journée, de longues files d'attente s'étaient formées devant les bureaux de vote d'Abidjan, où les mesures de sécurité étaient renforcées. Le couvre-feu avait été réclamé par Gbagbo pour prévenir les violences. Sept personnes au moins ont été tuées lors d'accrochages entre factions rivales et forces de sécurité dans la semaine qui a précédé le scrutin.

Le couvre-feu a été levé une heure à peine avant le début du scrutin, et des électeurs impatients ont parfois dû faire le pied de grue durant des heures.

Le climat dans lequel a eu lieu ce second tour contrastait avec celui, plutôt bon enfant, du premier. "Le premier tour a été pacifique, mais maintenant nous craignons que cela chauffe", confiait l'avocat Anderson N'Guessan en attendant de voter.

COUVRE-FEU MAINTENU, DIT GBAGBO

Au premier tour, le 31 octobre, le président sortant a recueilli 38% des suffrages et Ouattara, ex-directeur adjoint du FMI, 32%. Ouattara a obtenu le soutien de l'ex-président Henri Konan Bédié (25% au premier tour), mais on ignore dans quelle mesure les partisans du successeur de Félix Houphouët-Boigny, "sudistes" en majorité, auront suivi sa consigne de vote.

"Je pense qu'il n'y a aucune possibilité que je perde (...) Nous devons (...) amener un véritable changement pour sortir le pays de la crise", a dit Ouattara après avoir voté.

Ouattara a déclaré que le couvre-feu décrété pour cinq jours était levé, mais Gbagbo a dit ensuite qu'il restait en vigueur. "Il n'y a qu'une personne qui puisse annoncer un couvre-feu ou le lever, c'est le président (...) moi", a dit Gbagbo après avoir voté dans le quartier abidjanais de Cocody. "Le couvre-feu reste en place."

La présidentielle, repoussée depuis cinq ans, vise à mettre fin à une décennie de violences ou de tensions dans l'ex-colonie française productrice de cacao, où une rébellion nordiste contre Gbagbo a provoqué depuis 2002 une partition de fait.

Le duel du second tour a ravivé le clivage Nord-Sud, au coeur du conflit des dernières années, et la crainte d'une nouvelle flambée de violences au cas où les partisans du perdant du second tour crieraient à la fraude. "Les enjeux sont énormes. Le premier tour s'est très bien passé.

Mais nous avons assisté depuis à une radicalisation", note Gilles Yabi, analyste politique indépendant. A Bouaké, ville du centre qui a servi de capitale à la rébellion nordiste et porte encore les stigmates des combats de 2002-03, la population a carrément ignoré le couvre-feu et, du coup, les bureaux de vote ont ouvert à l'heure.

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En Côte d'Ivoire, la tension monte dans l'attente des résultats

par Thomas Hofnung,envoyé spécial à Abidjan

Quelque 5,7 millions de personnes sont appelées à départager le sortant Laurent Gbagbo et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara. Les deux rivaux de longue date avaient réuni 38% et 32% des suffrages au premier tour le 31 octobre, marqué par une participation exceptionnelle (83%). (© AFP photo AFP)

«Le moment de sauvegarder le résultat est arrivé»: ce lundi matin, à Abidjan, le représentant spécial des Nations unies en Côte d’Ivoire, Youn Jin Choi, a voulu couper l’herbe sous le pied de tous ceux qui seraient tentés, au lendemain du second tour de l’élection présidentielle et dans l’attente fébrile des résultats, de biaiser avec le verdict des urnes.

« En dépit de l’environnement qui l’a précédé et en dépit des incidents, parfois violents, signalés dans l’ouest et le nord du pays, le second tour de scrutin s’est lui aussi tenu globalement dans un climat démocratique», a déclaré le patron de l’Onu dans l’ancienne colonie française. Choi n’a mentionné que trois morts dans l’ouest, alors que le parti de Gbagbo avait cité aussi le décès de cinq membres des forces de l’ordre tués dans la même région.

In fine, le diplomate sud-coréen sera chargé de certifier les résultats, mais après seulement que la Commission électorale indépendante aura donné les résultats « provisoires », validés ensuite par le Conseil constitutionnel. Prendra-t-il le risque, le cas échéant, d’être en désaccord avec les instances locales? C’est, peut-être, pour éviter d’en arriver à une telle extrémité qu’il a, sans tarder, évoqué ce « climat démocratique ».

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Ces propos vont à l’encontre de ceux tenus par les deux camps en Côte d’Ivoire depuis hier.

Celui d’Alassane Ouattara, le candidat de l’opposition, a évoqué des « empêchements systématiques » dans l’ouest visant des sympathisants du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix), mais aussi dans certains quartiers d’Abidjan, à Abobo et Yopougon. De son côté, le camp présidentiel a dénoncé les conditions de vote dans la moitié nord du pays, qui s’est déroulé, selon lui, sous la menace des armes des ex-rebelles.

Chacune des deux parties s’apprête à déposer des recours auprès du Conseil constitutionnel, habilité à invalider des votes.

D’après plusieurs observateurs, le camp présidentiel ferait montre d’une grande fébrilité. Car le report des voix d’Henri Konan Bédié sur le candidat Alassane Ouattara aurait mieux fonctionné que prévu dans le centre du pays, tandis que les deux adversaires seraient au coude à coude à Abidjan. Résultat: si Ouattara fait le plein des voix au nord, comme lors du premier tour, il pourrait dès lors faire la course en tête.

Pour l’heure, le pays est suspendu à l’annonce des premiers résultats partiels par la CEI.

Celle-ci a normalement prévu de communiquer aux alentours de 15 heures (heure locale, 16 heures à Paris). Du coup, la compagnie de bus d’Abidjan a annoncé qu’elle suspendait les transports à partir de 16 heures. Le centre- ville a déjà commencé à se vider, preuve s’il en était de l’angoisse qui étreint la population dans l’attente du verdict des urnes.

Le pays est toujours sous couvre-feu, à partir de 19 heures ce lundi jusqu'à 6 heures demain mardi.

Policiers déployés le lundi 29 novembre 2010 à Gagnoa. © AFP

Sur des œufs !

Par L. Mantha (article repris au journal congolais « Le Climat Tempéré »

S’agit-il de cette poussée de tension normale au moment d’affronter un verdict majeur ? Ou est-ce, en Côte d’Ivoire, le signal du retour en force des vieux démons non encore exorcisés de l’ivoirité et du rejet de l’autre ? Les avis sont unanimes à dire que le second tour de la présidentielle ivoirienne, dimanche, a été beaucoup moins serein que le premier. Les camps des deux rivaux, le président sortant Laurent Gbagbo et son challenger Alassane Ouattara, évoquent des irrégularités : empêchements au vote, érection de barricades, pressions physiques sur les électeurs, intimidations, partialité des forces de l’ordre… Il est fait état aussi d’affrontements entre les partisans des deux camps. Il s’exprime d’ores et déjà des réclamations tendant à demander l’invalidation des élections dans certains départements. Une décision du président sortant instituant le couvre feu au soir même de l’élection est venue en

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rajouter au malaise. En raison de la psychose collective qui l’entoure, le couvre feu est diversement interprété. Côté Gbagbo, l’on fait valoir une démarche d’apaisement. Côté Ouattara l’on dénonce une volonté de dramatiser, de faire peur et de pousser à rester chez eux les électeurs, surtout les moins motivés, notamment ceux qui avaient voté pour Bédié au premier tour et dont le report des voix était très attendu par le RHDP pour donner la victoire à son champion. Et puis, le couvre feu, avec cette atmosphère de rues désertes mettant à l’abri des indiscrétions, quel tripatouillage n’a-t-il pas pu favoriser ? Ce second tour s’est déroulé sous une tension perceptible, avec des incidents graves recensés à travers le pays. Déjà, prenant la mesure du danger, en raison des menaces de violences qui pesaient sur le second tour de la présidentielle de dimanche, le Conseil de sécurité de l'ONU a eu à décider de transférer du Libéria en Côte d'Ivoire trois bataillons d'infanterie (500 hommes) et une unité aérienne composée de deux hélicoptères de transport militaire. Dans une résolution adoptée à l'unanimité, le Conseil soulignait que "la situation en Côte d'Ivoire continue de mettre en péril la paix et la sécurité internationales dans la région". Les développements futurs de la situation sont si imprévisibles que le transfert de la mission des Nations unies au Liberia (Minul) à l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) est prévu pour une période de quatre semaines.

Il faut dire que les clichés véhiculés durant cette présidentielle prédisposaient à une telle issue.

L’on s’est trop complu à souligner le contraste entre les deux frères ennemis, Ouattara et Gbagbo. L’un, l’ancien Premier ministre, un intellectuel froid, ancien Numéro deux du FMI, candidat de l’étranger, libéral, de lignée aristo. L’autre, le président sortant, un tempérament emporté, populiste, nationaliste, socialiste. Deux hommes à qui l’on se plaisait à trouver des traits de personnalité inconciliables. C’est l’eau et le feu. Sachant que le feu réagit mal au contact de l’eau. Soit il s’éteint soit il s’enflamme de plus belle. Dans ce contexte là de surenchère, la perspective même du débat radiotélévisé entre les deux candidats promettait d’être explosive, une espèce de rendez-vous de la mort. Au lieu de quoi, ce débat a montré deux personnes toutes en conscience de leur responsabilité historique, deux débatteurs courtois et sereins, jouant l’apaisement, et tout acquis à l’idée d’une Côte d’Ivoire prête à reconquérir son leadership régional, à renouer avec le redressement, la croissance, la prospérité.

Maintenant, lorsque l’on considère cette alternance de moments de fièvre et de détente, de violences et d’apaisement, dans le processus électoral ivoirien, deux observations méritent d’être portées et qui valent pour l’ensemble de nos pays. Et d’abord, nos élites doivent se garder de se laisser engouffrer dans ce schéma tout occidental de positionnement et de pensée qui aime à poser les concurrents africains en termes contrastés, avec , d’un côté, le bon, et de l’autre, le méchant . Quand on se plait à souligner la différence supposée entre Alassane et Gbagbo, c’est en réalité pour aboutir à avaliser ce schéma là. Or donc, hors des transports de meetings, lorsque vient chez l’un et l’autre, l’heure de la réflexion vraie, d’aller au fond des choses, de penser Côte d’Ivoire, sur des questions de développement, l’on chercherait vraiment à la loupe les différences entre leurs deux projets. Lors de ce débat historique, plusieurs fois, l’on a entendu les deux s’accorder : « je suis d’accord avec ce que dit Alassane », « ce qu’a dit Gbagbo est exact »… Même que l’on a entendu l’un des candidats dire qu’il envisageait un gouvernement comprenant des gens de l’autre camp ! En fait les deux camps ne sont pas si inconciliables qu’on le présente. Deuxièmement, le sens de responsabilité. Il y a un consensus chez tous les Ivoiriens que l’on a entendus durant cette présidentielle qu’il faut mettre fin aux dix ans de crise économique et politique. Qu’il faut que la Côte d’ivoire reprenne sa place. C’est de tous les avis qu’il faut au nouveau président impérativement rassembler et panser les plaies du passé. Cela dit, la situation globale reste très fragile. Dans ce processus concerté de reconstruction de la Côte d’ivoire, il va falloir aux uns et aux autres, à l’interne comme à l’international, marcher sur des œufs.

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© Reuters – 28.11.10 - Dépouillement dans un bureau de vote à Gagnoa (ouest de la Côte d'Ivoire).

Les électeurs suspendus à la publication des résultats

France 24

Les Ivoiriens attendent maintenant que la Commission électorale publie les résultats du second tour de l'élection présidentielle qui a mobilisé 70% des électeurs. Le pays vit au ralenti, au rythme cadencé par le couvre-feu. La Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne a annoncé hier que le taux de participation au second tour de la présidentielle, qui opposait dimanche le chef de l’État sortant Laurent Gbagbo à l'ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara (ADO), s'élevait à 70 % environ des 5,7 millions d'électeurs inscrits sur les listes électorales. Un chiffre plus faible qu'au premier tour, au cours duquel 83 % des électeurs inscrits s’étaient rués dans les bureaux de vote.

Attendues tout au long de la journée de lundi, les premières tendances pourraient être finalement dévoilées ce mardi à 10 heures (heure locale). La CEI a jusqu’à ce mercredi soir pour annoncer les résultats provisoires, qui seront ensuite soumis à l’avis du Conseil constitutionnel. Pour le moment, les Ivoiriens doivent se contenter des chiffres de la diaspora.

Sur l’antenne de la Radio télévision nationale (RTI), la CEI a annoncé, hier soir, les scores obtenus par les deux finalistes dans 16 pays étrangers. Alassane Ouattara, candidat de la coalition du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), y récolte 59,97 % des suffrages. Laurent Gbagbo, qui concourt sous les couleurs de La Majorité présidentielle (LMP), obtient 40,03 % des voix.

Un second tour "globalement démocratique", selon l'ONU

En attendant les résultats de l’intérieur du pays, les états-majors des deux camps, qui se sont engagés à plusieurs reprises à respecter le verdict des urnes, se disent confiants. Mais dénoncent, l’un et l’autre, des irrégularités et des obstructions un peu partout dans le pays…

La Majorité présidentielle (LMP), sous les couleurs de laquelle concourt Laurent Gbagbo, évoque "un scrutin non-transparent" dans le nord, bastion de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), où deux personnes auraient trouvé la mort dimanche, selon le ministère de l’Intérieur. Un bilan que le cabinet du Premier ministre, Guillaume Soro, a qualifié de

"dangereusement partisan".

Du côté du RHDP, on fustige les intimidations et les pressions exercées sur des électeurs dans le sud-ouest et dans le centre-ouest du pays, où l’Onuci a confirmé la mort de trois personnes hier (deux militaires et un civil). Des incidents qui pourraient amener la CEI à réexaminer les résultats des bureaux de vote concernés mais qui ne devraient toutefois pas remettre en cause le vote de dimanche.

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Le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci), Young-Jin Choi, au cours d'une conférence de presse le 29 novembre,

au lendemain du second tour de l'élection présidentielle.

© Émilie Régnier, pour J.A.

Lors d’une conférence de presse organisée hier, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire, Young-Jin Choi, a affirmé qu’en dépit de ces incidents, le second tour s’était révélé "globalement démocratique". Soucieux de couper court aux

"rumeurs, soupçons et fausses alertes", le patron de l’Onuci a par ailleurs indiqué que le transport des procès-verbaux, dont l’organisation a la charge, s’était passé normalement. "Je ne doute pas que la volonté du peuple ivoirien sera respectée", a-t-il tenu à rassurer.

Une issue du second tour incertaine

À quelques heures de la proclamation des résultats, l’issue de ce scrutin censé rétablir l’unité d’un pays mis à mal par une décennie de crises politico-militaires reste incertaine. Durant la campagne du second tour, les deux finalistes n’ont pas ménagé leurs efforts pour s’attirer les faveurs de l’électorat de l’ancien président Henri Konan Bédié (1995-1999), arrivé en troisième position le 31 octobre avec plus de 25 % des voix.

Pour Laurent Gbagbo comme pour Alassane Ouattara, l’équation est assez simple : crédité de plus de 38 % des suffrages exprimés à l’issue du premier tour, le chef de l’État sortant doit s’adjuger la moitié des voix de son prédécesseur pour espérer sortir vainqueur du scrutin.

ADO, qui a réalisé un score de 32,03 %, doit quant à lui rassembler les deux tiers de l’électorat de Bédié pour être en mesure de l'emporter. Si ce dernier a appelé à voter Ouattara au second tour, rien n’indique cependant que ses électeurs ont voté comme un seul homme pour le candidat du RHDP.

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Nuit du 30/11 au 01/12 : La Nuit des Tentations ? Des pro-Gbagbo empêchent physiquement l’annonce de résultats

Bamba Yacouba, porte-parole de la CEI. © N.Navarro/RFI

Scène surréaliste au siège de la CEI ce mardi 30 novembre 2010 en fin de journée : des représentants du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, appartenant à la commission électorale, ont empêché physiquement l'annonce de résultats partiels du second tour de la présidentielle de dimanche.

Alors que le porte-parole de la Commission électorale indépendante (CEI) Bamba Yacouba s'apprêtait à communiquer devant la presse les premiers résultats partiels concernant trois régions, deux commissaires de la CEI l'ont interrompu, en lui arrachant les feuilles de résultats des mains avant de les déchirer. « Ces résultats sont faux, ils ne sont pas valides, ils n'ont pas été consolidés ! », ont affirmé les deux hommes, dénonçant un « hold-up électoral » devant de très nombreux journalistes au siège de la CEI à Abidjan.

« Ces résultats ont bel et bien été consolidés par le comité central de la CEI »

Après cet incident, les deux représentants de la majorité présidentielle ont quitté la salle en emportant la feuille de résultats avec eux. Bamba Yacouba a par la suite assuré que les résultats qu'il avait tenté en vain d'annoncer étaient « bel et bien consolidés par le comité central de la CEI », avant de s'éclipser entouré de gendarmes. +-

La tension est montée dans le pays en l'absence de résultats partiels, qui avaient pourtant été promis pour mardi matin. Le camp de l'autre finaliste du second tour, l'opposant Alassane Ouattara, a accusé le chef de l'Etat de vouloir « confisquer le pouvoir ».

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30 novembre 2010 : Laurent Gbagbo

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, le grand perdant qui ne quittera pas le pouvoir

Le 30 au soir, et dans la nuit du 30/11 au 01/12, la situation devient assez confuse. Voici ce que disent les dépêches :

Mises à jour du 30/11/2010 à 20:15 (Paris)

Le représentant de Gbagbo a refusé que la CEI annonce les résultats sur la RTI et sur TV5, nous vous donnons en exclusivité les derniers chiffres: 56% pour ADO et 44%

Gbagbo.

Le 30/2010 à 12:00 (Paris)

La victoire est déjà acquise pour Alassane Ouattara, les chancelleries ont été informées des résultats par les membres de la Commission électorale indépendante (CEI). A présent, Laurent Gbagbo, président sortant et candidat malheureux à la propre succession invoque l’article 48 de la constitution qui lui confère des pouvoirs exceptionnels, il devrait dissoudre le gouvernement et la CEI…

Nos confrères de la télévision ivoirienne, la RTI, sont menacés directement et les techniciens ont été sommés de débrancher les équipements installés dans les locaux de la RTI.

En France, à l’Élysée, les réseaux activés depuis de nombreux jours portent leurs fruits, Nicolas Sarkozy suit avec beaucoup d’attention le dossier. Les services français auraient été chargés de veiller à la sécurité de Alassane Ouattara en ce moment même. Suivez, minute par minute les informations vérifiées en provenance d’Abidjan et les confidentiels en provenance de notre rédaction parisienne.

Mises à jour du 30/11/2010 à 12:00 (Paris)

- URGENT ALERTE: Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié sous haute protection en ce moment même, la RTI va diffuser les résultats en différé, Gbagbo va dissoudre le gouvernement.

- URGENT ALERTE: Le Général Philippe Mangoux, chef d’état major en résidence surveillée.

1TV 5 Monde a diffusé, le 30.11.10 au soir, une émission sur la situation de la démocratie en Afrique. En rapport avec la Côte d'Ivoire, il y a eu une interview avec Laurent Gbagbo, alors opposant dans les années 90 du siècle dernier, interview dans laquelle il dénonçait le pouvoir du "Vieux" en ces termes: "ceux qui sont au pouvoir font tout pour rester aux commandes". Dans la foulée, il propose que le mandat présidentiel soit "limité à 10 ans...". .Que fait-il aujourd'hui? Il s'accroche au pouvoir.

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- URGENT: Elections Côte d’Ivoire : le RHDP et Ouattara ont communiqué les résultats des élections à toutes les chancelleries. 53% pour Alassane Ouattara. L’actuel président sortant, Laurent Gbagbo n’accepte pas la défaite.

- URGENT: Laurent Gbagbo qui serait le perdant de ces élections va invoquer l’article 48 de la constitution qui lui confère des pouvoirs exceptionnels pour dissoudre la CEI. La télévision ivoirienne (RTI) a été sommée de quitter les locaux de la commission électorale indépendante.

- URGENT: Il n’y aura pas de proclamation des résultats depuis les locaux de la CEI (commission électorale indépendante), la télévision ivoirienne a été sommée de débrancher ses équipements.

La même nuit, vers 3 h du matin, un journaliste français résumait comme suit les réactions de la presse :

A la Une : sans doute la fin du suspense ce mercredi en Côte d’Ivoire

Par Frédéric Couteau

La plupart des journaux ivoiriens l’annoncent, à l’instar de Soir Infos : « la CEI a décidé de reprendre la proclamation des résultats, ce mercredi 1er décembre, à partir de 11h à son siège aux Deux Plateaux à Abidjan. » Dans la foulée, Young Jin Choi, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire, devrait tenir une conférence de presse.

De toute manière, rappelle L’Intelligent , la CEI a jusqu’à ce soir minuit pour donner le résultat provisoire du scrutin. L’Intelligent qui annonce que, d’après des sources diplomatiques, « des tractations étaient en cours (ces dernières heures) auprès des acteurs politiques pour permettre à la CEI, de reprendre le travail », après les incidents de ce mardi 30 novembre. « Au niveau des contacts diplomatiques, précise par ailleurs L’Intelligent, un émissaire du Chef de l’Etat était annoncé ce mardi à Ouagadougou, chez le facilitateur. Et des chefs d’Etats de la sous-région essayaient d’entrer en contact téléphonique aussi bien avec Laurent Gbagbo qu’avec Alassane Ouattara, pour obtenir à nouveau qu’ils tiennent leurs engagements de respecter le résultat des urnes. Selon des sources concordantes, affirme le quotidien abidjanais, le blocage résiderait dans le refus de la LMP, la Majorité présidentielle, d’accepter la validation des résultats du Nord. (…) Tous les observateurs, poursuit L’Intelligent, assurent que la clé de la paix se trouve entre les mains de Laurent Gbagbo, dont tous les proches et l’environnement seraient viscéralement hostiles à toute idée de défaite ou pis, de victoire d’Alassane Ouattara. »

Pour Albert Mabri Toikeusse, le porte-parole du RHDP (le rassemblement de l’opposition), cité par L’Intelligent , « Laurent Gbagbo est dans une logique de confiscation du pouvoir.

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» Un thème largement repris par la presse d’opposition qui fait feu de tout bois ce mercredi matin : « Gbagbo, ce mauvais perdant qui refuse de quitter le pouvoir », titre ainsi Le

Nouveau Réveil qui s’interroge : « peut-on être au pouvoir et accuser l’opposition de fraude

? »

Pour Le Mandat , autre quotidien d’opposition, les jeux sont faits : « Adieu Gbagbo, bienvenue à Ado », s’exclame-t-il. Un triomphalisme qui tranche avec le silence, pour l’instant, sur internet, des journaux proches de la mouvance présidentielle.

Ouattara en pôle position ?

Toujours est-il que pour la presse de la sous-région, le scrutin semble plié… « Les dernières manœuvres de Gbagbo », titre L’Observateur au Sénégal. « En attendant la proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale indépendante, les dés semblent pipés pour le Président sortant Laurent Gbagbo, candidat du Front populaire ivoirien, affirme le quotidien sénégalais. Selon des sources dignes de foi, poursuit-il, Alassane Dramane Ouattara, candidat du Rassemblement des républicains, serait en pôle position. Les deux camps commencent à s’accuser réciproquement d’irrégularités dans le déroulement du second tour de l’élection présidentielle, remarque L’Observateur. Mais les observateurs des Nations unies et de la CEDEAO se disent satisfaits du déroulement du scrutin. »

Même interprétation pour Le Républicain au Mali qui note que, de même que l’ONUCI, «les observateurs de l’UA, de l’UE, de la CEDEAO et du Centre Carter déplorent de sérieux incidents mais estiment que la validité du scrutin ne devrait pas en être remise en cause. Les issues se bouchent donc peu à peu pour les réclamations à l’emporte-pièce, s’exclame le quotidien malien. Surtout pour le camp Gbagbo qui demande l’annulation des votes de trois régions Nord et accessoirement pour Ado qui dénonce aussi des infractions électorales de la part de son adversaire. » Et Le Républicain d’estimer que « le pire, selon toute vraisemblance, se dessine pour Gbagbo déjà suspecté par l’opposition de vouloir confisquer un pouvoir qu’il aurait perdu. Mais Ado n’aurait été installé qu’au forceps, déplore le quotidien malien. Dommage. Car c’est dans la tristesse que s’achève une des élections les plus coûteuses au monde dans un pays qui sait pourtant faire la fête. »

Attention au hold-up électoral !

Un peu plus prudent, L’Observateur au Burkina, lance cette injonction au camp du président sortant : « l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire et l’image d’homme d’Etat dont s’est drapé le président sortant, Laurent Gbagbo, commandent que la Majorité présidentielle, qui, selon toute vraisemblance, est à l’origine du blocage de la proclamation des résultats, laisse la CEI poursuivre son travail dans la sérénité. Quitte à saisir le Conseil constitutionnel pour faire prévaloir ses droits de contestation. Sinon, poursuit L’Observateur, toute attitude contraire s’apparenterait à des velléités de hold-up électoral. Déjà, conclut L’Observateur, bien des observateurs politiques voient en cette agitation, le signe d’une victoire écrasante de l’opposant que l’actuel locataire du palais de Cocody avait vite pris pour du maïs. »

Enfin, dans la presse française, beaucoup de commentaires également sur cette présidentielle ivoirienne. « Abidjan est la proie de toutes les rumeurs », s’exclame La Croix. « Ouattara accuse Gbagbo de vouloir 'confisquer le pouvoir' », constate Le Figaro. Et puis, « le camp Gbagbo aux abois », affirme Libération qui estime lui aussi que « le scrutin serait favorable à Ouattara » et qui s’interroge : « que va faire Gbagbo ? Ecoutera-t-il ceux qui lui suggèrent une 'sortie par le haut' ? En reconnaissant sa défaite, il serait l’homme qui a su réunifier son pays et organiser la première élection réellement démocratique. » Ou alors, se demande encore Libération, « choisira-t-il la fuite en avant en mobilisant la rue ? »

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Dans la province de Sassandra (Sud-Ouest)

La Côte d’Ivoire plongée dans l’incertitude sur la présidentielle

Par Ch. Koffi

A quelques heures de la date limite, l’ancien Premier ministre ivoirien Alassane Ouattara a appelé mercredi la commission électorale à proclamer "immédiatement" les résultats provisoires du second tour de la présidentielle de dimanche, qui l’opposait au sortant Laurent Gbagbo. De son côté, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a également réclamé la publication avant minuit de ces résultats. Le pays, où le couvre-feu qui devait s’achever ce mercredi a été prolongé jusqu’à dimanche, était plongé dans l’incertitude alors que les résultats provisoires, qui doivent légalement être annoncés ce mercredi avant 00H00 (locales et GMT), n’étaient toujours pas publiés dans l’après-midi. Le camp Gbagbo réclame l’annulation de votes "frauduleux" dans le nord, tenu par l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) depuis le coup d’Etat manqué de septembre 2002. En plein blocage de la Commission électorale indépendante (CEI), M. Ouattara a jugé "impératif" que son président Youssouf Bakayoko "proclame immédiatement les résultats provisoires", dans une déclaration faite à Abidjan. Se disant "inquiet", l’opposant a exhorté son "frère Laurent Gbagbo" à respecter l’appel qu’ils avaient signé ensemble la veille du vote, et dans lequel ils s’engageaient à se plier au verdict des urnes. Entourée d’un important dispositif de sécurité, la CEI était toujours silencieuse mercredi en fin d’après-midi, alors qu’elle avait promis de premiers résultats nationaux pour 11H00. Mardi, une altercation était venue illustrer, devant les caméras du monde entier, l’ampleur des tensions en son sein. Au moment où son porte-parole Bamba Yacouba allait annoncer de premières indications chiffrées, deux membres de la CEI pro- Gbagbo lui avaient arraché des mains les feuilles de résultats de différentes régions, au motif que ces données n’avaient pas été validées selon les règles, ce que Bamba Yacouba a contesté.

Un porte-parole de l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara, Albert Mabri Toikeusse, a

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accusé le président Gbagbo d’être "dans une logique de confiscation du pouvoir", en tentant d’"empêcher" l’annonce des résultats. Le camp Gbagbo ne cherche "aucunement" à

"confisquer le pouvoir" mais "se battra" contre "toute logique d’usurpation du pouvoir", a rétorqué le porte-parole du président-candidat, l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan."Nous nous battrons jusqu’au bout" pour faire invalider le vote "frauduleux" dans des régions du nord ex-rebelle, notamment celle de Bouaké (centre), fief des FN, a-t-il dit.

M. Affi N’Guessan a expliqué que son camp misait désormais sur l’annulation de ces votes par le Conseil constitutionnel, auprès duquel il devait déposer un recours. Il revient au Conseil, présidé par un proche du chef de l’Etat, de proclamer les résultats définitifs en validant ou non les résultats provisoires de la CEI. "Au niveau du Conseil constitutionnel tout est encore possible", a-t-il averti. La communauté internationale suivait avec attention cette situation tendue. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a exhorté la commission électorale de Côte d’Ivoire à annoncer les résultats provisoires du second tour, tout comme le président français Nicolas Sarkozy qui juge "essentiel" d’annoncer les résultats "dans le délai prévu, c’est-à-dire avant ce soir". La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a demandé que la "volonté du peuple ivoirien soit entièrement respectée" et l’Union africaine a appelé au respect du "verdict des urnes". A Abidjan, de nombreux habitants avaient choisi de rester chez eux par crainte de troubles, et la circulation était exceptionnellement fluide sur les grands axes, comme depuis lundi. Le quartier du Plateau (administration et affaires) était désert.

Immeuble à Yopougon

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Mercredi 1 décembre, vers 19h, la proclamation a lieu

RESULTATS AUTHENTIQUES COLLECTES SUR LE TERRAIN AUPRES DES CEI REGIONALES PAR DES BENEVOLES

GBAGBO Laurent OUATTARA Alassane

RESULTATS DES REGIONS

Nombre de voix Part de suffrages

ADO Gbagbo Total voix ADO Gbagbo

18 Montagnes 116 020 121 641 237 661 48,82% 51,18%

Agneby 29 762 156 798 186 560 15,95% 84,05%

Bafing 26 871 5 555 32 426 82,87% 17,13%

Bas-Sassandra 126 202 113 373 239 575 52,68% 47,32%

Denguele 70 353 1 551 71 904 97,84% 2,16%

Fromager 51 721 105 576 157 297 32,88% 67,12%

Haut-Sassandra 98 821 128 785 227 606 43,42% 56,58%

Lacs 129 331 31 632 160 963 80,35% 19,65%

Lagunes district hors Abidjan 51 900 124 163 176 063 29,48% 70,52%

Marahoue 62 851 77 329 140 180 44,84% 55,16%

Moyen Cavally 40 956 72 146 113 102 36,21% 63,79%

Moyen Comoé 35 141 42 070 77 211 45,51% 54,49%

Nzi Comoé 120 311 69 456 189 767 63,40% 36,60%

Savanes 307 530 21 203 328 733 93,55% 6,45%

Sud Bandama 78 878 61 457 140 335 56,21% 43,79%

Sud Comoe 45 423 78 632 124 055 36,62% 63,38%

VallEe du Bandama 244 471 41 789 286 260 85,40% 14,60%

Worodougou 93 990 5 263 99 253 94,70% 5,30%

Zanzan 78 878 70 113 148 991 52,94% 47,06%

Diaspora 6 371 4 252 10 623 59,97% 40,03%

ADO Gbagbo Total voix ADO Gbagbo

Total REgions 1 815 781 1 332 784 3 148 565 57,67% 42,33%

RESULTATS DU DISTRICT D'ABIDJAN

ADO Gbagbo Total voix ADO Gbagbo

Abobo 171 019 119 978 290 997 58,77% 41,23%

Adjame 58 056 27 947 86 003 67,50% 32,50%

Attécoubé 32 682 36 332 69 014 47,36% 52,64%

Cocody 70 277 102 902 173 179 40,58% 59,42%

Koumassi 61 429 56 000 117 429 52,31% 47,69%

Marcory 33 336 36 436 69 772 47,78% 52,22%

Plateau 6 872 12 810 19 682 34,92% 65,08%

Port-Bouet 30 818 49 077 79 895 38,57% 61,43%

Treichville 24 008 15 686 39 694 60,48% 39,52%

Yopougon 155 026 218 346 373 372 41,52% 58,48%

Anyama 27 358 31 947 59 305 46,13% 53,87%

Bingerville 9 846 18 400 28 246 34,86% 65,14%

Songon 5 695 14 820 20 515 27,76% 72,24%

ADO Gbagbo Total voix ADO Gbagbo

Total District Abidjan 686 422 740 681 1 427 103 48,10% 51,90%

RESULTAT GLOBAL OUATTARA GBAGBO Total voix ADO Gbagbo

Total GLOBAL 2 450 303 1 949 302 4 399 605 55,69% 44,31%

© 2010 - Présidentielles 2010

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Réflexions et commentaires de «

Dialogue »

Rien ne dit bien sûr que l’histoire s’arrête là. Toutefois, comme dans cette série nous nous intéressons moins à l’histoire de la Côte d’Ivoire qu’aux élections en Afrique, il nous est loisible, déjà, de faire quelques réflexions.

Nous avons rencontré quelques ingrédients classiques des élections à l’Africaine : le Président qui se cramponne à son fauteuil, la tentation du « coup de force », la personnalisation du débat et l’absence d’idéologie (tout le monde se réclamait d’Houphouët-Boigny, le débat télévisé a fait ressortir plus de convergences que de différences, ce qui fait bien ressortir que les choix était beaucoup moins entre des programmes qu’entre des personnes). On n’y retrouvait aucun des « points cardinaux » de nos boussoles politiques européennes ni le clivage « gauche / droite », ni même le conflit des générations (les deux candidats du second tour étaient tous deux sexagénaires). Et l’on ne peut même pas encore dire – on ne le pourra pas avant quelques mois – si, dans ce « Combat des Chefs » qu’est toujours, au moins un peu, une élection africaine, l’échec de Gbagbo a quelque chance de sonner le glas de cet argument haïssable entre tous qui consiste à dire que l’adversaire n’est pas né au bon endroit.

Il reste toutefois à savoir si le président sortant, après avoir renoncé à un coup de force le jour même des élections, ne tentera rien au moment de l’examen des résultats par le Conseil constitutionnel, auprès duquel il devrait déposer un recours (cela pose tout autant la question de l’indépendance de la magistrature, que celles d’éventuelles pressions de la rue sur cette institution) et résistera à la tentation d’un coup d’état « lourd et musclé », avec intervention de l’armée et risques de guerre civile.

Il faut d’autre part remarquer que, si Gbagbo a fait usage d’un thème de campagne aux désagréables relents de xénophobie, il a aussi essayé de donner de lui-même une image nationaliste, peut-être plus verbale que réelle. En particulier il se plaignait – ou se vantait – d’être un président qui déplaisait à la France. Encore qu’on ne voie guère en quoi la politique de Gbagbo aurait été plus « nationaliste » que celle de ses prédécesseurs, il faut certainement inclure, dans les calculs que l’on peut faire quant à son attitude présente et future, le fait qu’il a conscience de ce que les résultats du scrutin sont, d’une certaine manière, ceux que la

« communauté internationale » attendait.

La Côte d’Ivoire et le République Démocratique du Congo partagent le (très douteux) privilège d’être les deux pays dits « post-conflit » qui « bénéficient » depuis une dizaine d’année d’une présence et d’une assistance de l’ONU, jusques et y compris dans leurs processus électoraux. Dans l’un et l’autre cas, les élections étaient censées mettre fin à des luttes violentes. Et cela ne peut que mener les observateurs à se demander si la « communauté internationale » ne se mêlerait pas un brin de leurs élections…

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Ya-t-il en RDC un décalque de « l’ivoirité » ?

Sur base d’une concordance de dates, les Congolais qui rejettent comme artificiel le thème de la « congolité » avancent qu’il s’agirait là d’une importation pure et simple. Ce serait un décalque de la notion d’ivoirité qui a fait de considérables ravages en Côte d’Ivoire en 2002 et les années suivantes.

Il faut d’ailleurs remarquer d’emblée que cette « concordance dans le temps » est inexacte en fait. Le concept d'ivoirité est apparu en 1945 à Dakar, avec des étudiants ivoiriens. Il réapparait avec le président Henri Konan Bédié en 1993. Il en fait un usage plutôt libéral, nationaliste. Mais, repris par ses adversaires politiques, ce concept est bientôt imprégné d'idées nationalistes et xénophobes. Des campagnes de presse ont ainsi imposé ce concept, qui conduit alors notamment à l'élimination du candidat du nord de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, le vainqueur des présentes élections. Ce rejet de Ouattara est facilité par le contexte de "méfiance identitaire". Le 19 septembre 2002, des soldats rebelles venus du Burkina Faso tentent de prendre le contrôle des villes d'Abidjan, Bouaké et Korhogo. Seule cette dernière explosion, manifestation, il est vrai, la plus violente de l’ivoirité, offre un certain caractère de concordance avec des événements congolais, notamment avec l’émergence du thème de la

« congolité » dans la « pré-campagne » électorale à la même époque.

Néanmoins, l’hypothèse mérite d’être examinée. Il faut donc rechercher si les situations se ressemblent. La population ivoirienne se monte à plus de 20 millions d’habitants et est multiethnique.

au nord, le groupe voltaïque (Gur) ou sénoufo, 13 % de la population ;

au nord-ouest, le groupe mandé du Nord ou malinke, 12,2 % de la population ; à l’ouest, le groupe mandé du Sud, 7,4 % de la population ;

au sud-ouest et au centre-ouest, le groupe krou, 9,4 % de la population ; au centre et à l'est, le groupe akan, 31,1 % de la population.

Il faut ajouter à cette diversité ethnique une diversité confessionnelle : il y a des ivoiriens musulmans et d’autres qui appartiennent à diverses confessions chrétiennes. Comme dans toute l’Afrique, plus on monte vers le Nord, plus l’Islam est présent.

Composée d'une forte proportion de jeunes (en 1998 les jeunes de moins de 15 ans représentaient 43% de la population totale, contre 4% pour les personnes âgées), la population ivoirienne est inégalement répartie sur le territoire national. Les variations s'observent d'une région à l'autre, mais également entre zones rurales et zones urbaines. Comme partout, c’est surtout en zone urbaine que les contacts entre ethnies se produisent. Et ce qui est vrai pour les viles en général l’est encore bien plus pour Abidjan, qui est à la fois la plus grande ville, le principal port et la capitale économique du pays. Il est quasiment impossible, à Abidjan, de retrouver des familles entièrement d'une ethnie ou d'une religion

Au détriment de la zone du nord, le sud, l’ouest et l’est sont en effet, en plus des étrangers, fortement peuplés d’allogènes dont le déplacement est dicté par la recherche de terres arables ou propices au développement des cultures de rente comme le café et le cacao. Ces allochtones sont surtout de souche burkinabé, et représentent environ un quart de la population. De ce fait le groupe Gur est perçu comme menaçant de devenir le plus important du pays. Le taux de peuplement est également élevé dans les zones urbanisées, compte tenu de l’exode des populations rurales constituées en majorité de jeunes en quête d’emploi. La

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crise déclenchée en septembre 2002 a pour sa part accéléré le clivage entre les zones nord et sud.

La RDC a, pour une population plus que triple, un peu plus de groupes ethniques, mais sa complexité linguistique et culturelle est moindre : les bantous sont nettement majoritaires, et les quatre langues dites « nationales » appartiennent toutes à cette famille. On pourrait donc dire, d’une certaine façon, qu’il y a plus de groupes ethniques au Congo, mais qu’ils sont moins distants les uns des autres que ceux de Côte d’Ivoire. Mais il y a somme toutes assez de points communs pour que la comparaison ne soit pas absurde.

L’immigration en Côte d’Ivoire des « étrangers à l’ivoirité discutable », c’est à dire fondamentalement des peuples du groupe Gur, est ancienne, même si elle n’a cessé de se poursuivre, du régime français à nos jours. Son origine lointaine est à chercher dans la mise en valeur par le colonisateur des territoires de l’AOF, époque à laquelle fut décidée la spécialisation de la Côte d’Ivoire dans la production de cacao. Il fallait de la main d’œuvre.

On la fit venir. Et il en alla de même ensuite de l’expansion connue en son temps sous le nom de « miracle ivoirien ». Les « immigrés » sont donc là depuis longtemps, sont souvent unis par le mariage à des originaires et ceux qui sont arrivés plus récemment ont fréquemment rejoint leur parentèle établie depuis belle lurette en Côte d’Ivoire. Bien entendu, au fil des générations, ils ne sont pas restés confinés dans les tâches de manœuvres qui étaient les leurs à l’origine. Certains sont devenus enseignants, commerçants, cadres…

Tout cela rappelle effectivement quelque chose de congolais. Mais ce n’est pas la

« congolité ». Le portrait du burkinabé ou plus généralement du « nordiste » de Côte d’Ivoire rappelle de façon frappante ce qu’on est accoutumé d’entendre au Congo, et singulièrement au Katanga, à propos de la « diaspora kasaïenne » : elle a été organisée très tôt par le colonisateur en fonction de ses besoins en main d’œuvre et beaucoup de « non-originaires » n’ont jamais vu leur région dite « d’origine » et n’en parlent même pas la langue. Même leurs portraits moraux sont similaires : on les dit plus intelligents, plus dynamiques et plus travailleurs que les « originaires »2. On se trouve donc là devant autre chose, devant la thématique du « non-originaire » qui n’est rien d’autre qu’une version africaine d’une attitude largement répandue : la xénophobie envers le travailleur immigré, « l’étranger qui vient manger le pain des nationaux ». Toutefois, personne ne peut remettre en cause le fait que les Kasaïens sont bien des Congolais.

La nationalité qui est visée par la « congolité » est surtout la rwandaise, et elle ne l’est pasau nnom d’une prépondérance qui se baserait sur le nombre. Il s’agit plutôt d’une prépondérance basée sur l’infiltration sélective des milieux dirigeants. Il semble donc bien que le seul emprunt que le Congo ait fait à la Côte d’Ivoire se situe au niveau du vocabulaire, le mot

« congolité », calqué sur « ivoirité », ayant eu la préférence sur d’autres possibles, comme par exemple « congolitude ».

Il y a cependant aussi entre a problématique congolaise et l’ivoirienne une ressemblance dans la façon dont ce concept de nationalité a été mis en œuvre. Dans les deux cas, il a été mis en

2 Comme le faisait marquer un « kasaïen », on s’empresse de remarquer qu’un kasaien est premier de sa classe, mais l’on ne mentionne pas le fait que le denier est de la même ethnie. On pourrait relever aussi que l’on envie leurs succès en affaires u en politique, mais que l’on mentionne peu le fait que la pesse congolaise est majoritairement écrite par des kasaiens, alors que cela leur donne une possibilité d’influencer l’opinion publique.

Masi, au Congo, journaliste est un métier de crève-la-faim et cela ne suscite donc l’envie de personne !

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œuvre pour barrer la route à un candidat. On a remis en cause l’ivoirité de Ouattara aussi bien que la congolité de Joseph Kabila.

Elections « surveillées » ou « assistées » ?

Ne feignons pas d’être des anges ou quelque autre forme d’esprit désincarné, au-dessus des passions terrestres : il est fort rare que l’on puisse s’intéresser de près à une élection, fût-elle à l’autre bout du monde, sans prendre parti, ou du moins sans avoir ses petites opinions sur tel ou tel candidat à qui l’on souhaite, plus chaleureusement qu’aux autres, de l’emporter. C’est tout simplement humain.

Tant qu’il ne s’agit que des opinions que peuvent avoir, par exemple, les journalistes correspondants de divers journaux étrangers, la chose n’est pas bien grave. Elle prend une signification toute autre, lorsque des étrangers sont impliqués dans le mécanisme électoral lui- même. Dans un contexte comme celui des élections africaines avec « assistance de l’ONU pour l’exportation de la démocratie en kit », on est toujours tenté de se demander si l’on a distingué suffisamment « assistance », « surveillance « et « orientation », notions qui ne sont déjà séparées que par l’épaisseur d’un cheveu.

La défaite de Gbagbo, président sortant, est de nature à faire penser que les élections ont été honnêtes, dans la mesure où le perdant est précisément celui qui, étant au pouvoir, avait le plus de facilités pour manipuler. Mais il est aussi, précisément, celui dont l’Occident ne voulait pas. On peut trouver – certains Africains ne se sont pas fait faute de le dire sur Internet – que l’on a réagi singulièrement vite aux velléités de Gbagbo de ne pas accepter les résultats et que Sarkozy n’a pas à se mêler d’exiger quoi que ce soit d’un état souverain.

Les prochaines semaines seront difficiles, ou au moins délicates. Elles le seront d’autant plus que Ouattara, si sa victoire est confirmée, aura un autre point commun avec Joseph Kabila : il sera minoritaire dans la principale ville du pays (les chiffres d’Abidjan – 48,10 % et 51,9 % - sont presqu’exactement l’inverse du pays - 55, 69 et 44,31 %). Or, les grandes villes snt des leux où il est relativement plus facile d’organiser des troubles ou des incidents, d’autant plus qu’il y a des quartiers « gnagbistes » et d’autres « ouattaristes ».

On peut craindre que la « sortie de crise » soit ratée. On peut avoir peur que ce pays ne retombe dans la spirale infernale de « vengeance » : « on nous a empêchés de gouverner ; nous aussi, nous allons les empêcher de gouverner» ou, inversement, « on vient de nous voler notre victoire, il n’y aura pas de paix » ! Il va falloir que celui qui sortira « gagnant » fasse preuve d’une grandeur d’âme hors du commun, et le perdant d’une modération au-dessus de tout éloge !

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