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Organe de l ’ asbl « Dialogue des Peuples »

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Dialogue

Organe de l ’ asbl « Dialogue des Peuples »

Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le jeudi 23 décembre 2010

Sommaire

RDCongo

Un texte intéressant, publié en Juin 2005… page 1

TSHISEKEDI, ENFANT ADOPTIF DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE… page 10 Côte d’Ivoire

Deux articles de Colette Braeckman… page 11

Anthologie : Les Africains parlent des élections africaines Page 15

Côte-d’Ivoire : Encore de la subversion par l’Onu Par Hilaire SIKOUNMO Menaces sur les pays africains Par J.-P. MBELU

« Nous ne sommes pas en nombre… » Par Calixte BANIAFOUNA.

Une année avant les élections = 50 ans de recul. Par Shungu M. TUNDANONGA-DIKUNDA L’alternance au pouvoir en Afrique Par Chems Eddine CHITOUR

« Dura lex, sed lex ! » Par Daniel NKOUTA

Ma lecture des déclarations de Mr. Vital Kamerhe, l’architecte ingénieur de la démocratie en RDC Par Hélène MADINDA

Et si le régime parlementaire était la solution… Par Mamadou KOULIBALY

REFLEXIONS SUR LA CRISE POST-ELECTORALE EN COTE D'IVOIRE Par MALONGA MIATUDILA

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RDCongo

Un texte intéressant, publié en Juin 2005.

J’ai maintes fois émis ici l’opinion que le grand succès remporté en Afrique par la Constitution de la V° RF, sur laquelle sont calquées la plupart des Lois Fondamentales adoptées en Afrique francophone, n’était peut-être pas un bon choix. Il se fait qu’il y a cinq ans, une analyse du professeur Mampuya1, publiée par Le Potentiel, abondait dans le même sens et ceci en faisant une critique détaillée de la Constitution alors à l’état de projet. Voici ce texte.

Projet de Constitution : copie à refaire

Prof Auguste Mampuya © Photo Cheik Fita

Dès l’adoption du projet par l’Assemblée nationale, nous avons entendu que toute la communauté internationale, Afrique du Sud, Union européenne, Ciat, Onu, Belgique, France, USA, était satisfaite par ce texte, « équilibré » et « qui ouvre des perspectives nouvelles pour les Congolais », tandis que d’autres invitaient ces derniers à l’adopter lors du référendum ! La communauté internationale, mais pas les intéressés, qui ne connaissent même pas encore ce document et ignorent totalement s’il rencontre leurs aspirations et leurs intérêts. Certes, contrairement d’ailleurs à ce que par démagogie on raconte, une constitution n’a pas pour fonction de résoudre les problèmes socio-économiques du peuple, mais on peut se demander si elle peut créer le cadre institutionnel et normatif susceptible d’y aider.

Après avoir attendu de lire le texte officiel du projet, mon pessimisme n’a pas reculé : les mêmes tendances subsistent (déséquilibre, pouvoir personnel, impunité et immoralité). Je ne suis pas peu fier que mes critiques aient bénéficié d’un relais par les puissances et l’ONU,

1 Auguste Mampuya, Professeur Ordinaire de Droit public international à l'Université de Kinshasa depuis 1972, est aussi Professeur associé à la faculté de Droit de Nancy II. Il a également enseigné aux universités de Reims et de Metz.

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pourvoyeurs des « animateurs » de la transition, et poussé les rédacteurs à abandonner la témérité arrogante et provocatrice qu’ils avaient avec des options allant à contre-courant et ostensiblement dictatoriales. Mais, en fait, ils ont apporté de petites retouches superficielles sans renoncer à leur projet d’un pouvoir personnel, fourre-tout et assuré, dans l’impunité, de continuer toutes les formes d’immoralité constatées jusqu’à présent. Réservant à une autre parution la lecture technique et légistique de ce document truffé à cet égard d’incorrections, incohérences et contradictions inadmissibles, j’étayerai ici l’opinion que je viens d’indiquer par l’examen de quelques points de fond.

L’exposé des motifs affirme que « Les préoccupations majeures qui président à l’organisation de [ces] institutions sont les suivantes : 1. assurer le fonctionnement harmonieux des institutions de l’Etat ; 2. éviter les conflits ; 3. instaurer un Etat de droit ; 4. contrer toute tendance de dérive dictatoriale ; 5. garantir le bonne gouvernance ; 6. lutter contre l’impunité ; 7. assurer l’alternance démocratique. ». Délibérément, j’éviterai de me voir imputer un procès d’intention ou un jugement politicien sur ce texte ; c’est pour cela que, outre l’alternance démocratique, je ne retiendrai pas, aux fins de mon analyse, les préoccupations formulées dans l’exposé des motifs dans des termes généraux comme le fonctionnement harmonieux des institutions, instaurer un Etat de droit et contrer toute tentative de dérive dictatoriale qui ne sont du reste rencontrées que partiellement ou de façon insatisfaisante. Retenant trois de ces préoccupations, je m’arrêterai aux seules dispositions susceptibles de concerner un aspect du sort des Congolais au quotidien, et je montrerai à chaque fois que les parlementaires ont tout oublié de l’histoire même immédiate de nos déboires constitutionnels ; mais, quand on n’est pas capable de connaître l’expérience du passé pour en tirer les conséquences pour l’avenir, on ne peut faire une constitution.

Eviter les conflits : le texte crée et entretient plutôt les conflits et favorise un pouvoir personnel peu démocratique Non seulement l’exposé des motifs n’indique pas de quelle manière le projet évite les conflits ni quels conflits il s’agit d’éviter, mais aussi les dispositions concrètes consacrées à ce qu’on peut appeler l’équilibre entre les pouvoirs publics, notamment les articles 78 relatif à la nomination du Premier ministre et 91 sur la détermination de la politique de la nation, peuvent être génératrices de conflits.

La nomination du Premier ministre. L’article78 dit, à son alinéa 1er, que « Le président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire » et, à son alinéa 2, que « Si une telle majorité n’existe pas, le président de la République peut confier une mission d’information à une personnalité en vue d’identifier une coalition ». Que les lecteurs sachent que cet énoncé dont la logique remonte, pour sa dernière partie relative à la nécessité d’une coalition, à la pratique belge « informateur - formateur », tronque une proposition d’experts présentée au comité sénatorial de Kisangani, acceptée par le comité de rédaction de Kisangani, récupérée par l’expertise de l’Université de Liège avec une majorité d’excellents experts de la mouvance présidentielle, sans doute aussi mais peut-être déjà tronquée par l’avant-projet soumis par la commission constitutionnelle à la plénière du Sénat (je suis dans le doute à cause de la brume dans laquelle eut lieu le travail de la commission), devenue l’une des options constitutionnelles ralliant les faveurs de la classe politique congolaise depuis la Cns, mais ici totalement charcutée à des fins de pouvoir personnel. Ce qui a été visé ici c’est de faire du président l’unique maître absolu de la désignation du Premier ministre : il est libre, pourvu qu’il choisisse une personnalité « au sein de la majorité parlementaire ». Une première obscurité : c’est quoi la majorité « parlementaire » ? dans l’Assemblée nationale et le Sénat à la fois ou uniquement dans la première ?

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Pourquoi, si ce n’est en vue d’un pouvoir personnel, ces personnalités expérimentées ne se rappellent-elles pas le fameux débauchage, le vagabondage et la prostitution politiques qui émaillent la vie politique congolaise de 1990 à ce jour, manœuvres et intrigues pourrissant le climat politique, distrayant l’opinion lorsque le pouvoir est incapable de résoudre les problèmes de la nation et permettant par la corruption des débauchés d’encore dilapider les maigres ressources nationales ? Comment ces « politiciens professionnels » oublient-ils les Mungul Diaka, Nguz, Birindwa et autres Lobitch débauchés de l’opposition pour l’affaiblir?

Comment ne savent-ils plus que, dans ce même flou constitutionnel Mobutu a pu nommer en la personne du général N. Likulia B. quelqu’un de son sérail là où la logique constitutionnelle de l’époque eût voulu un homme désigné par « la famille politique autre que celle du président de la République » ? Ont-ils déjà oublié ce qui se passe sous leurs yeux, à savoir qu’on ne sait plus de quel bord sont réellement quelques-uns des dirigeants congolais appartenant pourtant officiellement à une « composante » donnée ? En concédant qu’ils n’aient plus honte du débauchage et de la prostitution politique, après tout c’est le sport dans lequel certains sont passés maîtres, comment ne pas voir dans une telle disposition une source de conflit entre le président et la majorité parlementaire, si celui-là, semant la zizanie dans l’opposition, jette son dévolu sur quelqu’un qui n’est ni le chef ni le leader ou le candidat « naturel » de la majorité ou, tout simplement, n’a pas la confiance de cette dernière ? C’est oublié qu’en vertu de l’alinéa 5 de l’article 90 c’est l’Assemblée nationale qui « investit » le gouvernement, sans quoi il n’entre pas en fonction et tombe. Par rapport à cela, pourquoi fait- on semblant d’ignorer les mésaventures du Président Kasa-Vubu face à la majorité tshombiste, s’accrochant à sa volonté de nommer un de ses inféodés à chaque tentative rejeté par l’Assemblée, avec les conséquences gravissimes qui ont fait déraper le train Congo, crise constitutionnelle et conflit institutionnel, blocage de l’Etat qui a servi de prétexte à cet inoubliable coup d’Etat du 24 novembre 1965 et l’interruption jusqu’à ce jour de l’expérience démocratique ? Le rapprochement avec la constitution française qui a vraisemblablement inspiré nos rédacteurs est un mimétisme irresponsable ; en France cette liberté du président est purement théorique, elle n’est réelle qu’en cas de concordance politique entre le président et la majorité à l’Assemblée nationale, F. Mitterrand en fit une malheureuse expérience avec la nomination d’E. Balladur, il s’en est vite ravisé. Une telle cécité politique est inexcusable de la part des gens qui prétendent nous donner un Etat stable ayant un fonctionnement harmonieux ; sauf l’attente de quelques ténors de la scène politique de bénéficier du débauchage, voilà une disposition intuitu personae, de celles qu’il convient d’éviter dans une constitution. Signe ou ironie, le n° de cet article ne fait-il pas penser à un autre fameux 78 de l’acte constitutionnel de transition de 1994, toujours sur la nomination du premier ministre, ou nos constituants n’existaient-ils pas lors de la crise qui aboutit à « l’élection » de Kengo ? Plus grave pour la lisibilité de la vie politique, dans l’intention d’accorder la liberté totale au président, le même article 78 du projet trahit les vraies intentions: contrairement à la proposition des experts, cet article ne dit pas que le président nomme la personne présentée par «le parti ou la coalition de partis qui a la majorité à l’Assemblée nationale », mais le président nomme « au sein de la majorité parlementaire », concept vague qui pour ses auteurs doit aboutir à ce que, comme il est impossible qu’un parti ait à lui seul la majorité absolue parce que c’est celle prévue pour l’investiture du gouvernement (art.90), le président puisse ainsi, dans tous les cas, forger avec la personne qu’il désignera librement, non une vraie majorité mais ce que le texte appelle « coalition », en réalité un assemblage qui réunira autour de président le plus grand nombre de députés pour lui permettre de disposer d’un gouvernement à sa dévotion. Cette conception d’un gouvernement du président dirigé par un

« premier ministre » ou celle d’un premier ministre du chef de l’Etat qui ramène au pouvoir personnel, inexistante dans la tradition constitutionnelle de 1960, 1964 et depuis la Cns, ne s’est mise en place au Congo que sous le parti-Etat avec Mobutu ayant « son » gouvernement

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avec un « premier ministre » plutôt coordonnateur de l’action du gouvernement, de 1977 au gouvernement Mulumba Lukoji inclu, malgré la révision constitutionnelle de juillet 1990 ; elle est inacceptable en démocratie représentative pluraliste sauf en cas de concordance politique, le président et la majorité parlementaire étant du même bord. Il y a là, toujours et encore, cette hantise de coalitions fourre-tout propices à des gouvernements « d’union nationale » qui arrangeraient les experts de la pêche en eaux troubles. La volonté est donc, à travers ce concept vague de « majorité parlementaire » impossible à identifier, de faire un président maître de tout, derrière qui les professionnels du flou, du vagabondage et du dévergondage politiques espèrent voir leurs espoirs comblés ; ayant divisé, affaibli et même anéanti l’opposition par le débauchage, un tel président devient tout puissant, malgré cette incohérence que le texte ne lui permet pas de révoquer à son gré le premier ministre. Où est la volonté d’assurer « le fonctionnement harmonieux des institutions » affichée dans l’exposé des motifs ? Que tendance autocratique et gouvernement d’union où chacun tirerait son épingle du jeu, au prix d’un pouvoir personnel et de conflits ! Il n’est pas de mots assez forts pour qualifier telles cécité et irresponsabilité politiques ignorant les quatre décennies de pouvoir personnel fort sous des prétextes divers (unification, développement …) sans résultat probant. En fera-t-on jamais un plus fort que celui de JD Mobutu ou de LD Kabila ? La détermination de la politique de la Nation. Sans doute sous le coup de nos critiques répétées et surtout relayées par la force des puissances pourvoyeuses qui nourrissent nos dirigeants, l’Assemblée a abandonné ses précédentes velléités de confier la détermination de la politique au seul président de la République. Inversant un peu l’ordre entre les deux organes, sans pour autant que ce soit mieux, l’article 91 stipule à l’alinéa 1er que « Le gouvernement définit en concertation avec le président de la République la politique de la Nation et en assume la responsabilité» ; son alinéa 2 précise que « Le gouvernement conduit la politique de la Nation. La défense, la sécurité et les affaires étrangères sont des domaines de collaboration entre le président de la République et le gouvernement ».

Pour montrer que je ne vise nommément personne en particulier ni le concept même de président de la République, je ne m’acharnerai pas à contester le bien fondé de l’implication du président dans la détermination de la politique selon l’alinéa 1er ou dans la détermination et la conduite de la politique de la défense, de la sécurité et des affaires étrangères déclarées domaines de collaboration. Je peux d’ailleurs révéler sans honte ni fausse modestie que, libéré des clichés, et pour tenir compte de certaines « vérités » de logique absolue, le président étant conçu comme garant de l’indépendance politique et de l’intégrité du territoire mais aussi chef suprême des forces armées, je fus, à Kisangani, à l’origine d’une proposition impliquant le président dans ces domaines de défense, sécurité et affaires étrangères en ne présidant que les seules réunions du conseil consacrées à ces matières. Mais, ma proposition ajoutait que, à cause de cela, le président devait être « responsable », ayant une responsabilité conjointe avec le gouvernement dans ces affaires ; et, n’étant pas membre de la secte des adorateurs du pouvoir politique, je concevais sans difficulté que tout chef de l’Etat qu’il est, un président de la République impliqué de cette manière devait répondre et être responsable devant l’Assemblée nationale (les présidents nigérian et sud-africain le sont). Mais, confessant que le président de la République, ou tel président en particulier, doit détenir beaucoup de pouvoirs, les sénateurs ont charcuté encore cette proposition pour confier ces compétences au président en même temps qu’il préside toutes les réunions du conseil des ministres, surtout en écartant l’idée de responsabilité politique devant le parlement. Pour éviter tous ces problèmes et clarifier les responsabilités, sous la coordination de l’université de Liège, les experts proposaient : « Le gouvernement détermine la politique de la nation », étant entendu que le chef de l’Etat préside le conseil des ministres,… Mais dans le projet, tout a été fait pour élever le président de la République, avec une double supercherie : d’abord contrairement à ce

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qu’affirme l’exposé des motifs aucune constitution de l’époque où il a existé un « premier ministre » n’avait jamais fait de la défense et des affaires étrangères des « domaines réservés du président de la République », tandis que la notion de « domaines de collaboration » n’est pas inventée par l’Assemblée nationale, qui la présente comme une innovation majeure, elle est empruntée à l’Acte constitutionnel de transition de 1994 ; pourtant à l’époque on ne considérait pas cette formule comme traduisant l’harmonie mais le climat conflictuel entre Mobutu et « la classe politique autre que celle du chef de l’Etat » qui devait fournir le premier ministre ; ensuite on voudrait que « l’élu » du suffrage universel ne doive répondre que devant le peuple. C’est à la constitution bonapartiste de 1852 (Louis Napoléon Bonaparte) en France que remonte une telle idée ; et nous avons là une belle référence ! Selon quelle logique veut- on que, alors qu’avec le gouvernement le président détermine la politique (art.91/1) et conduit la politique de la défense, de la sécurité et des affaires étrangères (art. 91/2), le gouvernement soit le seul qui « en assume la responsabilité » (art. 91/1) conformément aux « articles 90 et 100 », mauvaises références comme beaucoup d’autres ailleurs car ces articles n’ont rien à voir avec la responsabilité gouvernementale ?. La seule fonction d’un tel gouvernement et d’un tel premier ministre dans la poche du président, alors que c’est ce dernier qui est le réel « chef du gouvernement », est de servir de fusible au chef tout puissant mais « inviolable ».

De plus, enfin, cette solution est génératrice de conflits, notamment en cas de « cohabitation

», dans la mesure où il faut obligatoirement réussir à concilier deux politiques issues en principe d’idéologies et de projets de société différents, idéologie et projet de la majorité parlementaire et de son gouvernement d’un côté, ceux du président de l’autre ; en tout cas, conflit si la conciliation n’est pas obtenue ou, en tout état de cause ce serait une politique illisible. A qui veut-on mentir en affirmant, dans ces conditions, avoir élaboré une constitution qui évite les conflits et garantit un fonctionnement harmonieux des institutions ?

Le Potentiel poursuit la publication2 de l’étude du Pr. A. Mampuya qui a l’intention de démontrer que le projet de constitution ne réussit pas les ambitions que ses auteurs affichent dans l’exposé des motifs. Après avoir examiné à cet effet la préoccupation du texte de « éviter les conflits », il procède à la même analyse concernant deux autres objectifs : « garantir la bonne gouvernance » et « lutter contre l’impunité », concluant que sur tous ces points, ce texte échoue dans ses prétentions et qu’il est un complot dangereux à amender ou à rejeter.

GARANTIR LA BONNE GOUVERNANCE ET LUTTER CONTRE L’IMPUNITE : AU CONTRAIRE, CE TEXTE FAVORISE ET ENCOURAGE LA MAUVAISE

GOUVERNANCE ET L’IMMORALITE.

L’exposé des motifs ne montre pas non plus de quelle manière concrètement le projet garantit la bonne gouvernance et lutte contre l’impunité. De fait, la bonne gouvernance implique et même commande, selon les critères des institutions de Bretton Woods qui l’ont imposée dans la pratique de la coopération internationale, la transparence du processus de décision, la bonne gestion, la juste répartition des richesses produites, la responsabilité, la lutte contre la corruption, le contrôle et la sanction. Outre le fait qu’aucune disposition du texte, y compris la clé de répartition des revenus entre l’Etat et les provinces, n’est consacrée aux préoccupations sociales, celles relatives à la responsabilité, au contrôle et à la sanction susceptibles d’induire la pratique et des comportements de bonne gouvernance, sont des coquilles vides. Certes, les articles 138, 146 et 147 fixent respectivement les moyens du contrôle parlementaire sur le gouvernement, et la mise en jeu de la responsabilité du gouvernement par les procédures de la

2 Le texte a paru dans Le Potentiel sus forme de « feuilleton », d’où la résence de « chevilles », que nous avons conservées. (NdlR)

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question de confiance, des motions de censure et de défiance ; mais le président qui choisit le premier ministre, détermine la politique avec la gouvernement, qui en plus conduit avec la gouvernement la politique dans les matières de la défense, de la sécurité et des affaires étrangères, est, lui, irresponsable et n’en répond devant personne, comme un bon roi de droit divin ou un président de régime parlementaire sans aucun pouvoir gouvernemental. Inique, immoral et antidémocratique.

Quant à la responsabilité pénale, celle qui sanctionne tout citoyen ayant commis une infraction, il existe des dispositions très précises mais, qui dans leur précision vident toute éventualité que la Justice, même théoriquement prévue, ait jamais la possibilité de s’exercer à l’égard des dirigeants de l’Etat. L’article 153 al.3 énonce le principe de la responsabilité pénale des membres du gouvernement autres que le Premier ministre, devant la Cour de cassation, tandis que le président de la République et le Premier ministre relèvent de la Cour constitutionnelle (art.164). Par ailleurs, les articles 164 et 165 déterminent la compétence matérielle de la Cour constitutionnelle, les crimes et infractions pour lesquels ces deux hautes autorités sont justiciables devant elle : certains crimes « politiques » et crimes de droit commun ; sauf que le comportement contraire aux bonnes mœurs, la malversation, la corruption et l’enrichissement illicite constituent une nouvelle catégorie de « crime d’atteinte à l’honneur et à la dignité » (art. 165) paradoxalement, surtout vu son contenu, considéré comme un crime politique (art.164) ! Sans doute la sacralisation du pouvoir par nos rédacteurs leur impose-t-elle que les dirigeants suprêmes ne soient jamais coupables de dégradants « crimes de droit commun » juste bons pour les citoyens d’en bas, mais qu’ils ne soient dignes que de la catégorie « honorable » des crimes politiques, réservée aux citoyens d’en haut ! Mais, surtout, l’article 166 soumet la mise en accusation du président et du premier ministre à la décision des deux chambres réunies en Congrès et prise à la majorité des deux-tiers des membres, tandis que concernant les autres membres du gouvernement, la décision est prise par l’Assemblée nationale prise à la majorité absolue. Il y a là deux écueils majeurs. Premier écueil, on fait intervenir une institution politique dans l’exercice d’une fonction relevant du pouvoir judiciaire, le législatif décidant à la place du pouvoir judiciaire si tel sera ou non traîné en justice, alors que l’article 147 affirme que « Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif ». Par ce droit donné au parlement, le législatif fait plus qu’intervenir, il se substitue au pouvoir judiciaire. L’indépendance de ce dernier est ainsi vidée, or elle est la base de l’Etat de droit et de la garantie des droits de l’homme. De plus, cette solution est hautement immorale dans la mesure où la justice ne pouvant s’exercer que si les politiciens le veulent, on leur donne ainsi le droit de disculper leurs compères, de les faire échapper à la Justice alors que selon la même constitution « tous les Congolais sont égaux devant la loi » et que personne n’est au-dessus de la loi ; voilà donc que la constitution elle- même protège d’une manière imparable certaines personnes quand elles deviennent des criminels.

Second écueil, la décision est prise à de très fortes majorités des deux-tiers des membres des deux chambres ou, pour les ministres, à la majorité absolue de l’assemblée : condition pour le moins difficile sinon impossible à réunir dans un pays où le tribalisme et la solidarité régionaliste se manifestent aujourd’hui avec ostentation et violemment, où le clientélisme fait vivre, où la corruption et l’achat des consciences, de l’avis même des « animateurs », ne sont pas si rares qu’on le penserait au sein des institutions. L’article 166 contient un énoncé purement putatif, une disposition faite avec l’intention de ne jamais la voir appliquée. Autre gravité, pour les crimes commis hors l’exercice de leurs fonctions par le président et le premier ministre, les poursuites sont « suspendues jusqu’à l’expiration de leurs fonctions »

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(art. 167). Nous risquons donc un jour d’avoir un Etat ou un gouvernement dirigé pour tout un mandat par quelqu’un qui est gravement suspecté de crimes, parfois horribles, politiques ou de droit commun, ayant fait des victimes privées en plus de l’Etat lui-même. Ce dirigeant continuera de représenter et de diriger l’Etat qu’il aura déshonoré, sans oublier les particuliers victimes éventuelles de ces infractions qui doivent se résigner et renoncer à leur droit à la justice et à la réparation parce que leur bourreau est une haute autorité. Est-ce combattre l’immoralité et l’impunité ou garantir l’impunité et encourager l’immoralité au sommet de la société ? Quel exemple et quelle direction donne-t-on aux subalternes et aux citoyens ? Je sais que cela se fait ailleurs, sans que ce soit partout ; mais à chacun son expérience, peut-on dire que les responsables de certains pays dont on s’inspire si facilement commettent des infractions et des exactions de la nature de celles que nos dirigeants nous ont habitués de craindre de leur part ? Les mœurs politiques congolaises n’inspirent-elles pas, au contraire, quelque méfiance et plus de circonspection ?

En ce moment des voix étrangères se lèvent pour dénoncer à notre place le pillage et l’appauvrissement délibéré des Congolais, des agences de presse rapportent le constat de certains services de contrôle qui ont été scandalisés par l’ampleur du mal et déplorant que ses auteurs soient aux yeux de la population des intouchables, que des dépassements et des rallonges budgétaires exorbitants sont injustifiés et inexpliqués, que certaines autorités dénoncent les faux voyages et missions comme voies de pillage, que quelque ambassade s’enquiert du sort des 8 millions USD destinés à la solde mensuelle des militaires qui demeurent impayés parce que « l’Onu a à plusieurs reprises exhorté la RDC à payer ses militaires » (Reuters, dépêche du 23 mai 2005) ? En ce moment, l’on constate, comme l’Institut pour la Liberté et la Démocratie (ILD), que « Sous cette législature il y a eu des détournements, gabegie financière, corruption, exactions de toutes sortes, persistance de la misère…, destruction du pays » (le Potentiel n°3434, « 30 juin 2005 : Ce que pense l’ILD ») ? Est-ce alors vraiment le moment de compliquer et rendre impossible la sanction des dirigeants politiques, eux qui brassent de la manière que l’on sait toute la richesse nationale produite et provenant de la coopération alors que les auteurs de menus larcins sont soumis à la rigueur de la loi ? Dire que ce sont les auteurs du calamiteux fiasco du rapport « Bakandeja », oublieux de cet épisode encore si proche mais honteux du travail parlementaire, qui recopient le même système des art.141-144 de la constitution de la transition ! Irresponsable, indigne ! Le domaine de la responsabilité politique et pénale sanctionnant les mauvais dirigeants est le seul qui concerne presque directement l’intérêt des citoyens en protégeant leurs droits et les ressources et les biens de la nation. Or, les solutions retenues par nos constituants, on vient de le voir, ne donnent aucune garantie quant à cela, au contraire la constitution conforte les dirigeants violant ces droits et cet intérêt des citoyens, les assurant d’une impunité à toute épreuve. En rien ce texte ne réussit la prétention de ses auteurs d’assurer la bonne gouvernance et de lutter contre l’impunité, il est immoral ; le « peuple », je préfère dire les citoyens, n’ont rien à y gagner. Le salut, de ce point de vue, ne pourra commencer à être concevable que s’il n’existe plus une justice des Congolais d’en haut et celle des Congolais d’en bas, que si tout le monde est soumis aux mêmes règles de fond et de procédures, à des incriminations faisant l’objet des mêmes règles devant les mêmes juridictions compétentes pour juger tous les Congolais, en rendant au pouvoir judiciaire son indépendance et tous les moyens d’exercer sa mission au service des droits de tous les citoyens, du patrimoine national et de l’Etat de droit. Mettre fin à cette justice d’exception faite de privilèges et d’immunités, donc d’impunité au profit des dirigeants qui, en commettant les crimes et infractions visés, foulent tout de même aux pieds la dignité et l’honneur de leur charge et ne méritent manifestement plus la considération et la vénération que leur confère une législation comme celle dont les gratifient nos constituants actuels.

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J’ajoute, pour terminer ce point, qu’on a voulu que, outre le président et le premier ministre qui relèvent de la Cour constitutionnelle, toutes les autorités supérieurs de l’Etat et des provinces ne soient justiciables que de la Cour de cassation, même ceux qui n’y étaient pas soumis jusque là ; en effet, l’article 153/3 donne une longue liste : députés, sénateurs, membres de la Cour constitutionnelle, de la Cour de cassation, du Conseil d’Etat, de la Cour des comptes, ainsi que ceux des parquets près ces cours, premiers présidents de Cours d’appel et Cours administratives d’appel ainsi que leurs procureurs généraux, gouverneurs et vice- gouverneurs et vices gouverneurs, présidents des assemblées provinciales. Certes, cette solution est conçue comme un privilège au profit de ces dirigeants à cause de la dignité de leurs hautes charges. Mais en plus du fait que ceci relève de cette vénération injustifiée dont fait l’objet le pouvoir politique au Congo, cet article éloigne la justice des citoyens éventuelles victimes des infractions commises par ces autorités (arrestations arbitraires, extorsions, spoliations de biens immobiliers et fonciers, viols et attentats à la pudeur, menaces, etc.) ; l’intérêt de ces citoyens d’en bas est ainsi sacrifié à « l’honneur » des citoyens d’en haut. Je voudrais surtout dire aux bénéficiaires de ce soi-disant privilège qu’en réalité ce n’est pas un privilège mais un désavantage par rapport au commun des mortels : les arrêts de la Cour constitutionnelle et de la Cour de cassation, rendus en premier et dernier ressort, ne sont susceptibles d’aucun recours, qui est une deuxième chance grâce à laquelle tout justiciable espère un jugement plus doux ou plus juste. Outre ce désavantage, cette solution est contraire à un principe fondamental du droit procédural en même temps qu’un des droits humains au sens du titre II de la constitution, le principe de la double juridiction repris à l’article 21 al.1 du projet (« Le droit de former un recours contre un jugement est garanti à tous ») : il y a là une des nombreuses contradictions dont est truffé le texte. Les bénéficiaires, imbus de leur hauteur, préfèreraient peut-être conserver ce « privilège », mais en droit, face à cette norme fondamentale, le principe dit de la lex specialis ne joue évidemment pas et la constitution ne devrait pas contenir cette contradiction fondamentale qui contrarie en plus, au détriment de ces autorités, le principe de l’égalité des citoyens devant la loi ; cet alinéa doit être supprimé du texte.

UN TEXTE DANGEREUX, COMPLOT CONTRE L’ETAT ET LE PEUPLE : AMENDER OU A REJETER.

On vient de voir que dans les deux aspects où la constitution concerne directement les citoyens, garantir les droits et la démocratie, mais surtout préserver par la sanction les dirigeants portant atteinte au patrimoine national et aux intérêts judiciaires des particuliers, le texte présenté ne rencontre pas les aspirations et les attentes des Congolais. En l’approuvant tel quel ils donneraient aux politiciens le droit de les traiter comme moins que rien et de spolier impunément l’Etat tandis que le fruit du travail de tous serait volé par quelques-uns, les citoyens devenant en fait des esclaves et des serfs taillables et corvéables à merci.

Les corrections que ma critique et celle des autres suggèrent au nom, pas d’un militantisme partisan, mais de la technique légistique et de ce que je revendique comme mon militantisme patriotique et citoyen au service de l’intérêt général et du bien des Congolais, devraient pouvoir être introduites dans le texte avant le référendum. En effet, je ne crois pas aller, ce faisant, fondamentalement contre le droit parlementaire. De fait, ce projet n’est pas une loi et n’est pas voté dans les formes d’une loi. Rien n’interdit que, à froid après une adoption précipitée et bâclée comme le montre l’analyse légistique, les membres de l’Assemblée nationale et, pourquoi pas, le président de la République qui en principe est l’autorité qui consulte le peuple par le référendum et qui peut même demander la deuxième lecture d’une loi, se ravisent et, les premiers comme le second, s’honorent à supprimer du texte les

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dispositions intuitu personae, tendancieuses et immorales qu’il contient. Cela se pourrait dans la forme d’une commission ad hoc comme celle que suggère la déclaration de l’Eglise (CENCO) du 27 mai [point 3.3°.3)], à cette différence que c’est avant et non après le référendum qu’il faut le faire. Si non, sans les propos du genre « faites confiance au chef- d’œuvre que nous avons concocté pour vous, le texte proposé est génial parce qu’il permettra d’aller aux élections et de choisir vous-mêmes les dirigeants que vous voulez », quels arguments les partisans de ce texte utiliseront-ils lors de la campagne référendaire pour convaincre que leur produit rencontre les aspirations du « peuple ? Et, justement, il faudra exiger et imposer une campagne de fond pour que s’affrontent les vrais arguments et que soit mise à nu l’intention de continuer dans le pouvoir personnel, la prédation, l’impunité et l’immoralité gestionnaire.

De fait, la constitution ne doit pas servir qu’à organiser le pouvoir pour garantir une vie douillette à ses détenteurs et à faire élire les citoyens. Elire les dirigeants pour qu’ils fassent quoi ? J’estime personnellement que la constitution et les élections ne servent à rien si leur unique fonction est de régler la dévolution du pouvoir, de légitimer les tenants du pouvoir et leur donner un chèque en blanc. Je viens de démontrer que le seul intérêt du texte qu’on cherche à nous imposer est de fixer, sans aucune originalité positive du reste, les structures et un fonctionnement cahoteux de l’Etat, ainsi que les règles de désignation des dirigeants, sans rien qui soit la gouvernance adéquate à la situation réelle du Congo et des Congolais et qui, dans un Etat de droit, assure la démocratie et garantisse la bonne gouvernance par la lutte contre l’immoralité gestionnaire et l’impunité.

Ce texte ne contient rien d’effectif dans le sens de la gouvernance qui convienne au Congo an fonction de la gouvernance de pillage à laquelle l’Etat et sa population ont été soumis jusqu’à présent, ses auteurs s’étant contentés de ficeler les moyens de se reconduire dans les fonctions politiques et de ménager pour les dirigeants qu’ils sont et qu’ils espèrent devenir une sinécure d’honneurs et d’avantages matériels ; on le voit par le luxe des détails avec lequel sont rédigées les dispositions sur le statut, les compétences et attributions des institutions et le soin avec lequel on préserve les intérêts juridiques et matériels du personnel politique que la constitution ne doit en aucun cas inquiéter.

Ce projet ignore le peuple; il est fait sur le dos de l’Etat et du peuple, il est une conspiration de politiciens contre l’Etat et les Congolais. Pour ne pas être complices de cette conspiration, pas être du côté des puissants et des opulents contre le peuple, les faibles et les pauvres, les patriotes démocrates, les églises et les moralistes devront cesser de ne faire qu’appeler le peuple à aller voter ou même à « bien voter », on ne peut pas « bien voter » si c’est pour installer le pouvoir personnel et le pillage ; ils ont le devoir de s’engager dans une campagne de fond, expliquant ces implications négatives si nombreuses de ce texte par rapport à l’intérêt général, afin que, ainsi, assurément, les citoyens électeurs, pour notre salut, le rejettent.

Prof. Auguste Mampuya K’aT

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TSHISEKEDI, ENFANT ADOPTIF DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Par CongoVirtuel

Après avoir passé plus ou moins trois ans en Europe pour raison de santé, Etienne Tshisekedi est rentré, totalement métamorphosé tant sur le plan physique que sur le plan idéologique. Le chantre du changement radical a fini par fléchir ses genoux devant la communauté internationale, qu’il a toujours vilipendée durant sa carrière d’opposant.

Nul n’ignore la phobie qui animait le leader de l’opposition radicale depuis des décennies. Phobie de participer au jeu alors que même ceux qui étaient nés de la dernière pluie y avaient pris goût. En 2006, sous prétexte du boycott, le vieux Tshitshi a brillé

par le refus de jouer. Se faisant passer pour un ancien meilleur joueur mais redoutant évidemment les nouveaux talents de jeunes joueurs capables de le dribler, voire de le battre sur terrain, le Sphinx de Limete s’est contenté d’être simplement en mouvement sur terrain (la scène politique) ; mais refusant qu’on lui passe la balle.

L’opinion se demande alors : pour quel but Etienne Tshisekedi est reçu par le conseiller de Nicolas Sarkozy à Paris, alors qu’il s’est rendu en Europe pour des raisons médicales. Dans son interview accordée ce lundi 20 décembre à la Rfi, le candidat de l’UDPS reconnait avoir demandé au conseiller de laisser le jeu démocratique se jouer normalement en RDC. Une demande assortie des intentions insoupçonnées. Continue-t-il d’être le candidat du peuple ou celui que l’occident soutient. Et si la dernière hypothèse parvenait à s’avérer, on comprendra facilement que Tshisekedi est un Alassane Ouattara au Congo. Car ce n’est plus auprès du peuple congolais qu’il espère trouver son soutien mais auprès de la communauté internationale.

« Oui, Tshisekedi a changé, parce que d’abord il faut être réaliste. Nous sommes dans l’ère de mondialisation. On a besoin de tout le monde pour notre développement. Donc, c’est évident que le Tshisekedi d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui », réponse d’Etienne Tshisekedi à Christophe Bouabouvier (Rfi) sur la question de savoir s’il a changé ou non. Or, il y a dix ou vingt ans, le leader maximo avait sans doute refusé cette rencontre à l’Elysée.

Quelles sont alors les motivations de ce changement subit ? L’on comprendra que les trois ans passés en Europe ont permis au Sphinx de Limete, de se faire adopter par la communauté internationale afin d’avoir le courage de prétendre au poste du Président de la République. Ce, en oubliant sa vocation d’opposant radical non seulement au régime en place, mais aussi et surtout à la communauté internationale. Parce qu’il y a quatre ans, ya Tshitshi avait boycotté la présidentielle de 2006, estimant que la communauté internationale avait choisi son candidat à l’avance et que le jeu était truqué. Mais aujourd’hui, c’est vers la même communauté internationale qu’il tourne son regard et tend sa main. La scène commence avec le conseiller de Sarkozy à l’Elysée. L’on annonce, par ailleurs qu’il est attendu aux Etats-Unis et au Japon où il sera reçu par 100 mille hommes d’affaires à qui il a tendu la main pour le financement de sa campagne électorale. Dès lors, il est le candidat de ceux dont il est enfant adoptif et doit cesser de se faire passer pour candidat du peuple comme il l’a toujours prétendu. Tshisekedi a tourné casaque. Il s’est donc trahi et s’est tiré dans le pied. Car il veut jouer le jeu d’Alassane

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Ouattara contre Laurent Gbagbo ici au Congo. Mais le peuple congolais est le seul souverain primaire et la RDC, une République indépendante voici 50 ans déjà.

Côte d’Ivoire

Deux articles de Colette Braeckman

Quelques questions…

1. Le scrutin s’est il déroulé dans de bonnes conditions ?

Malgré le satisfecit de l’ONU, la présence de nombreux observateurs étrangers et le bon déroulement du premier tour des élections présidentielles, les conditions, au départ, n’étaient pas optimales : dans le Nord, les ex-rebelles des Forces nouvelles n’avaient pas désarmé, le pays n’était pas réunifié et Laurent Gbagbo, après avoir tardé à organiser le scrutin, n’imaginait pas l’hypothèse d’une défaite. En outre les instances nationales supposées être neutres ne l’étaient pas : la Commission électorale indépendante était composée aux deux tiers d’opposants au président sortant Laurent Gbagbo et ce dernier avait noyauté de ses partisans le Conseil constitutionnel (équivalent de la cour Suprème aux Etats Unis)

2. Le vote s’est il déroulé sur une base ethnique, opposant les musulmans du Nord aux populations chrétiennes du Sud ?

La réalité est plus complexe : le réservoir électoral de Laurent Gbagbo a largement dépassé les effectifs de son groupe, ethnique, les Bétés et il a donc bénéficié d’un vote pluriethnique ; Alassane Ouattara a obtenu un nombre significatif de voix dans les quartiers populaires d’Abidjan, une ville censée lui être hostile. Dans certains bureaux du Nord cependant, il y a eu plus de votants que d’inscrits et les scores ont été décrits comme « soviétiques », ce qui a amené Gbagbo a demander l’annulation des votes dans neuf départements du Nord. Par ailleurs, Henri Konan Bédié, l’ancien dauphin du président Houphouet Boigny et inventeur de l’ « ivoirité », a appelé à voter en faveur de Ouattara et le report des voix s’est bien déroulé.

Autrement dit les Baoulés, partisans de Konan Bédié et censés être opposés aux originaires du Nord, ont voté pour Ouattara, un homme que naguère ils honnissaient.

3. Les irrégularités dénoncées par les deux camps sont-elles réelles ?

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Des intimidations ont eu lieu dans le Nord mais dans l’Ouest, fief de Gagbo, il y a également eu des violences. Il y a eu une discordance entre le taux de participation annoncé par les Nations unies (70% de votants) et le chiffre annoncé par la Commission électorale indépendante (81% de votants) soit une différence de 630.000 voix ; la CEI, ayant été empêchée d’annoncer le résultat et redoutant les intimidations du camp Gbagbo, l’a fait en dehors des délais, dans un lieu non officiel (l’hôtel du Golf, siège du parti de Ouattara) et…

devant les caméras de France 24, qui fut aussitôt interdite d’antenne pour avoir proclamé Ouattara vainqueur avec 54,1%…

Quant au Conseil constitutionnel, relevant les nombreuses irrégularités, il aurait pu se contenter d’annuler purement et simplement le scrutin, au lieu de proclamer la victoire de Gbagbo avec 51,5% des votes.

4. La victoire remportée par Ouattara est-elle incontestable ?

Laurent Gbagbo et les siens n’acceptent pas le verdict rendu par la CEI, mais ils font face à l’avis convergent de tous les observateurs internationaux et à la certification des Nations unies dont les 721 fonctionnaires répartis dans les bureaux de vote ont procédé à leurs propres comptages. De toutes manières, l’écart de voix entre les deux candidats semble trop grand pour permettre le doute.

5. Une solution à l’africaine (la cohabitation entre les deux présidents) est elle encore imaginable ?

L’antagonisme, sinon la haine entre les deux hommes est trop profonde pour imaginer un compromis comme au Kénya ou même au Zimbabwe. En outre, chacun des deux « présidents

» incarne des valeurs trop différentes : Ouattara, l’ancien directeur adjoint du FMI, est l’ami des puissants de ce monde, il est soutenu par Obama et par Sarkozy (ce dernier avait naguère célébré son mariage à Neuilly), il défend la bonne gouvernance sur le modèle libéral.

Laurent Gbagbo, aujourd’hui seul contre tous, se dépeint volontiers en héros nationaliste, héritier de la lutte anti coloniale et il joue sur la fibre populiste. S’il se présente comme un panafricaniste, il n’est cependant pas soutenu par ses voisins africains de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, dont le puissant Nigeria, ni par l’Union africaine, ni par l’Afrique du Sud. Seul l’Angola et le Liban étaient représentés lors de sa prestation de serment.

6. Quels sont les atouts de chacun ?

L’isolement international n’effraie pas Gbagbo, soutenu par son clan (son épouse Simone, les

« jeunes patriotes » et leurs milices, certains milieux d’affaires, des milieux nationalistes). Il compte toujours sur la fidélité des Forces de défense et de sécurité, dont 4000 hommes membres des troupes d’élite et sur 5000 gendarmes et CRS qui détiennent un arsenal important. Cette fidélité pourrait cependant vaciller si des combats plus rudes s’engageaient et surtout si les soldes n’étaient plus versées. Si Gbagbo compte sur les revenus du cacao, du pétrole, sur les recettes du port de San Pedro, son rival Ouattara veille à couper les financements internationaux (FMI, Union européenne) et à bloquer les comptes des banques étrangères. En outre, les avertissements de Sarkozy, de l’Union européenne et surtout d’Obama s’apparentent à des ultimatums.

Si Ouattara a mis à la tête de son gouvernement Guillaume Soro, (dont Gagbo avait fait son Premier Ministre) c’est aussi parce que ce dernier est l’ancien chef de la rébellion, qui peut

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donc mobiliser les 4000 hommes des Forces nouvelles dotés d’un armement léger. Les ex rebelles ont aussi des combattants dissimulés dans certains quartiers populaires de la capitale (Abobo, Koumassi, Adjamé), ce qui pourrait susciter une très dangereuse « chasse aux infiltrés ». Outre un soutien international quasi unanime, et qui n’est pas du à la seule action diplomatique de la France, Ouattara peut aussi compter sur de puissants réseaux dans le monde économique international et au sein de l’Internationale libérale dont fait partie le président sénégalais Abdoulaye Wade.

7. Un scenario à la rwandaise, ou à l’angolaise ?

Malgré l’intervention de médiateurs comme Jean Ping, le secrétaire général de l’Union africaine ou de l’ancien président sud africain Thabo Mbeki, qui recherchent une sortie de crise négociée, deux scenarios sont concurrents : un développement « à la rwandaise » passerait par un « soulèvement populaire », avec armes de poing et machettes ; il serait dirigé contre les « infiltrés », les « étrangers » définis comme un « ennemi intérieur », ce qui mettrait en danger trois ou quatre millions de ressortissants du Nord qui vivent dans les plantations du Sud. Le calme dans lequel s’est déroulé le scrutin, les aspirations à la paix d’une population fatiguée (la guerre a éclaté en 2002) infirment cependant ce scenario-catastrophe. Mais l’autre hypothèse n’est guère meilleure : en Angola, en 1988, les élections auraient du trancher entre deux adversaires irréductibles, Eduardo dos Santos et Jonas Savimbi. Le deuxième tour n’eut jamais lieu et les élections débouchèrent sur une guerre de quinze ans, qui ne se termina qu’après l’assassinat de Savimbi.Les Ivoiriens croient encore au miracle, ou au pourrissement…

Le syndrome rwandais

L’épreuve de force, annoncée depuis plusieurs jours, a bien eu lieu en Côte d’Ivoire: les sympathisants de M. Ouattara, reconnu comme vainqueur des élections par la communauté internationale, ont tenté de marcher sur la Radio télévision ivoirienne, aux mains des partisans de Laurent Gbagbo, avec d’autant plus de détermination que les sources d’information étrangères, France 24 et RFI sont soit coupées soit très difficiles à capter.

Ce mouvement a été fortement contré par l’armée et la gendarmerie, fidèles au président sortant: le quartier de Cocody, où se trouve le siège de RTI ? a été bouclé de même que des quartiers populaires comme Adjamé et Yopougon, où se trouvent des ressortissants du Nord du pays, censés appuyer M. Ouattara. Les partisans de ce dernier ont dénoncé «des tirs à l’arme lourde » dans les environs de l’hôtel Golf, le quartier général de Ouattara, transformé en forteresse protégée de près tant par les casques bleus de la Mission de l’ONU en Côte d’Ivoire que par des soldats français de la force e Licorne. Selon des partisans de M. Gbagbo, ces tirs auraient été de simples «sommations» et ce sont les partisans de Ouattara qui auraient ouvert le feu, faisant une dizaine de morts dans les rangs des militaires. Les Forces nouvelles, qui soutiennent M. Ouattara, auraient eu deux tués dans leurs rangs. Selon des témoins interrogés par l’AFP, quatre personnes auraient été tuées par balles au moment où les forces de l’ordre tentaient de disperser les manifestants qui marchaient en direction du siège de la télévision. Dans un autre quartier populaire, Koumassi, un journaliste de l’AFP a vu la Croix Rouge emporter le corps d’une victime tuée par balles.

Si le centre d’Abidjan, totalement verrouillé par les forces favorables à Laurent Gbagbo, est relativement calme, c’est dans les quartiers populaires que l’on craint des débordements et des règlements de compte nocturnes. Dans ces quartiers en effet, des armes à feu circulent, et aussi des machettes, ce qui, aux yeux de certains observateurs, fait déjà revivre le «syndrome

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rwandais». Ce dernier pourrait être aiguisé par les informations selon lesquelles les rebelles des Forces nouvelles, appelées par leur ancien chef Guillaume Soro, nommé premier ministre par Ouattara, auraient fait mouvement dans le nord et le centre du pays et pourraient se diriger vers la capitale. Des combats ont d’ailleurs eu lieu dans le centre du pays, à Tiébissou, à 40 km de la capitale administrative Yamoussoukro où une colonne de jeeps transportant des éléments de l’ex-rébellion auraient tenté de forcer un poste de contrôle des forces de défense et de sécurité, favorables au président sortant. En début d’après midi, les tirs auraient repris aux abords de l’ancienne «zone tampon» qui depuis 2003 séparait les ex-belligérants.

Echauffant davantage les esprits, rumeurs et informations contradictoires se multiplient: les Forces nouvelles auraient reçu le soutien de combattants traditionnels, les Dozos et de mercenaires venus du Liberia et de Sierra Leone, tandis que d’autres sources assurent que les forces fidèles à Gbagbo, seraient désormais appuyées par des militaires angolais….

Sur le plan politique, on attend l’arrivée à Abidjan de Jean Ping, le secrétaire général de l’Union africaine tandis que la société civile africaine et plusieurs ONG internationales, faisant état de plusieurs dizaines de morts, de centaines de blessés et de la présence de miliciens étrangers, exhortent les parties en présence à éviter le recours à la violence.

Dozos

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Anthologie

Les Africains parlent des élections africaines

Pourquoi cette publication ?

Par Guy De Boeck, pour Dialogue des Peuples

Poser une limite, c’est toujours arbitraire et c’est souvent se poser un problème à soi-même.

Lorsque nous avons décidé, devant l’abondance des échéances électorales prévues en Afrique en 2010 / 2011, de consacrer une série de numéros spéciaux aux élections africaines, nous décidions aussi, par ce fait même, de diviser désormais les numéros de Dialogue en deux catégories : ceux consacrés aux élections, et ceux qui seraient consacrées au reste de l’information.

C’est ici qu’intervient l’arbitraire car, bien entendu, il est toujours possible de commenter l’actualité, à longueur d’année, sous l’angle des derniers résultats électoraux, puisque la vie politique en découle plus ou moins directement. A part les éruptions volcaniques, les cyclones et les épidémies, tout peut toujours être mis en rapport avec le fait que telle force politique soit au pouvoir, et non telle autre et donc, par là, avec le dernier scrutin en date.

Mais il allait de soi que notre intention, avec cette série spéciale, était de voir les choses sous l’angle de la législation, de l’organisation, de la sécurisation des scrutins, puis de leur dépouillement, de leur traitement, de leur publicatio et de l’application faite des résultats, en essayant de voir où pouvaient se situer les causes d’une situation déplorable qui peut se résumer par « Plus on vote pour que ça change, et plus c’est la même chose ».

Il est d’ailleurs à remarquer que, si l’examen de ces données fait certes ressortir certaines faiblesses africaines, comme la personnalisation excessive de la politique, le manque de partis permanents et soucieux de formation entre les échéances électorales, elle amène surtout à pointer du doigt l’ingérence perpétuelle et excessive de la « communauté internationale », ses exportations de « démocratie en kit » toujours calquées à l’excès sur des modèles occidentaux, sans cesse donnés comme modèles alors qu’ils ne sont eux-mêmes que très relativement démocratiques. Bref : le colonialisme est loin d’être mort.

Dans des cas comme celui de la Côte d’Ivoire, on assiste bel et bien au « fiasco » de toute l’opération électorale. Ce qui va suivre – et ne sera sans doute guère beau à voir – sera la poursuite des tensions après une tentative ratée de conciliation par les élections. Après avoir occupé une place importante dans cette série spéciale, l’actualité ivoirienne sera désormais traitée ailleurs.

Mais le fait que les élections y aient tourné en crise, c'est-à-dire en une série d’événements se suivant rapidement à un rythme rapide et syncopé, a aussi amené nos comptes-rendus à puiser leurs données, plus que d’habitude, dans les médias européens. Le but de Dialogue des Peuples n’étant pas de perpétuer les inégalités entre ceux-ci, nous avons souhaité terminer cette période où la crise ivoirienne a occupé le devant de la scène, en publiant des commentaires africains. Nous avions d’ailleurs déjà entamé cette démarche dans un numéro antérieur en rendant largement compte des commentaires qui circulaient sur « l’Internet congolais ».

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En dehors de toute espèce de considération de sympathie à leur égard, les RDCongolais sont en l’espèce des commentateurs d’un grand intérêt. Précisément parce que leurs commentaires visent au moins autant leurs propres élections que celles de Côte d’Ivoire. Certes, cela amène parfois à des appréciations erronées. Par exemple, il est fréquent qu’ils accordent une importance primordiale à la nationalité « étrangère » de Ouattara, qui ne joue qu’un rôle mineur, évidemment parce que, en RDC, l’origine indécise de Joseph Kabila est un élément du débat. Ils ne sont pas les seuls et chacun voit midi à sa porte : on constatera par exemple qu’un Algérien accorde, lui, de l’importance, dans le clivage Nord/Sud ivoirien, à l’appartenance religieuse, qui ne joue qu’un rôle mineur, sinon nul.

Pour dire les choses franchement, nous trouvons de l’intérêt à cette manière de commenter sans faire abstraction de sa propre situation. Le « Point de vue de Sirius » n’est pas forcément toujours le meilleur ni le plus valable. De plus le « Point de Vue de Sirius » est souvent tellement teinté d’eurocentrisme que l’on soupçonne que, par une aberration astronomique, cette étoile est récemment tombée quelque part à mi-chemin de la Grand’Place de Bruxelles et de la Place de la Concorde… L’étude des péripéties qui découlent d’un certain mécanisme électoral et de sa mise en œuvre relèvent non de l’entomologie, mais de la politique. Et celle- ci cherche à tirer parti des erreurs ainsi découvertes pour éviter de les reproduire à domicile.

De ce fait, n trouvera ici des articles très « ivoiriens », et d’autre manifestement beaucoup plus « congolais ». Cela cadre avec notre propos, qui regarde les élections africaines en général. Et le Passage entre Abidjan hier et Kinshasa après demain pourrait bien être le passage du mal au « bien pire ».

Côte-d’Ivoire : Encore de la subversion par l’Onu

Par HilaireSikounmo3

Pour sa perpétuation, le Grand Capital pousse à la guerre civile, en donne le coup d’envoi médiatique (tristes souvenirs de la Radio « Mille Collines »), dans une incessante campagne de désinformation, de harcèlement coordonné des partisans du camp diabolisé.

Comme depuis toujours, « l’Empire de la Honte » se retire derrière son masque préféré, l’Organisation des Nations Unies, plus que jamais traînée dans la boue, le total déshonneur. En gros : -Il n’y a - selon les tentaculaires médias internationaux de la recolonisation, à la fois rampante et arrogante - d’observateurs électoraux crédibles, consultés, montés en épingle, que les Non Africains. Des Nègres de service, soigneusement choisis, pour leur propension à l’obséquiosité (« les bons nègres à leurs maîtres » ), font passablement illusion, permettent aux requins de la Communauté Internationale, alias la Françafrique, de se voiler un moment la face.

-L’ONU réinstallée dans son rôle historique, devenu quasi institutionnel, du simple cache-sexe de l’impérialisme marchand, d’une mondialisation cannibale. Avec son

3 Hilaire Sikounmo est auteur de plusieurs ouvrages parus aux éditions l'Harmattan : JEUNESSE ET

ÉDUCATION EN AFRIQUE NOIRE, HS - Préface de Pierre Erny , L'ÉCOLE DU SOUS-DÉVELOPPEMENT Gros plan sur l'enseignement secondaire en Afrique, DÉBRIS DE RÊVES,Pensées à la carte, AU POTEAU, AFRIQUE AUX ÉPINES,Nouvelles ,OUSMANE SEMBÈNE ÉCRIVAIN POPULAIRE

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Secrétaire Général érigé en gouverneur de la Côte d’Ivoire (agissant cavalièrement sur place par un simple garçon de course des plus effrontés ; de peur sans doute que l’on ne lui réserve le sort de l’un de ses malheureux prédécesseurs assassiné au « Congo belge » avec Lumumba.

Un Secrétaire Général fantoche de l’Onu, on l’humilie comme Kofi Ata Annan à son époque face au dilemme du génocide rwandais et au moment de déclarer la seconde guerre du Golf persique, de pulvériser l’Irak sous prétexte de sauvegarder la sécurité du monde, celle qui laissera piller les « scandaleuses » ressources du sol et du sous-sol du pays dévasté, aux citoyens humiliés, en faisant semblant de donner une chance au progrès de la Démocratie, ce nouveau Cheval de Troie de la reconquête néocoloniale à l’échelle planétaire.

 -Comme toujours, dans le monde noir, la France se situe aux avant-postes, en véloce attaquant de pointe, en liquidateur sans pitié de tout ce qui peut faire penser au nationalisme panafricaniste, et contribuer à asseoir la dignité collective d’un continent longtemps défiguré. L’arme de prédilection pour déblayer le terrain est la désinformation tous azimuts, corrosive, incessamment aliénante. Ensuite, de dangereuses manœuvres multiformes, polyvalentes pour offrir en holocauste des vies nègres, comme ce fut en prélude à l’assassinat de Sankara, Um Nyobe, Lumumba, …, défenseurs incorruptibles des intérêts fondamentaux de leurs peuples :

o Wade et Compaoré sont prestement réactivés dans leur rôle fameux de chiens de chasse éhontés, exposés en vrais pantins agents enthousiastes de sombres réseaux mafieux centrés en Hexagone ;

o Recours sans vergogne à l’éculé épouvantail du TPI, dans l’évidente intention d’intimider les patriotes ivoiriens ; on a vite passé sous silence le cas des milliers d’Ivoiriens qui n’ont pas pu voter à Paris comme à Rome, en signe très révélateurs des manœuvres de plus amples envergures déployées à l’intérieur du pays de Bagbo, derrière les lignes rebelles notamment pour bourrer les urnes, entretenir la flamme de l’insoumission (le non-respect ostentatoire du couvre-feu par exemple).

o

Le prétexte de la Démocratie

Où existe-elle même ? Surtout pas en France où elle est restée bourgeoise (après avoir liquidé en sourdine, dans un mémorable bain de sang, les véritables héros sincères de la Révolution de 1789) et se trouve désormais engagée dans un processus planétaire de féodalisation criminelle en grandes enjambées. La lutte des classes a cessé faute de combattants, la classe dominante ayant accédé à la toute-puissance par sa si pesante envergure internationale, pendant que les déshérités semblent plier l’échine un peu partout.

En Occident même la Démocratie tant claironnée est inexistante entre les classes sociales : la voix du milliardaire vaut bien celle du mendiant, sans l’empêcher de mourir de faim, comme l’égalité de l’enseignant et de l’homme d’affaires ne met pas sûrement le gratte-papier à l’abri de la manipulation médiatique tendant à lui imprimer une image malheureuse de lui-même comme de toutes les valeurs saines d’une société solidaire.

La Démocratie n’est même pas envisagée entres les États, les Nations de notre monde-ci.

L’UNESCO a vite proclamé l’égalité des cultures, sans que l’on puisse observer sur le champ des relations internationales à quoi cela correspond concrètement. La Loi du Marché, la Vérité des Prix, sont des euphémismes pour exprimer la diabolique mécanique de la jungle internationale faite de l’Esclavage de la Dette privée prévue pour s’éterniser comme moyen d’émasculation continue des peuples qu’une foule de motifs pousse au soulèvement, à la

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révolution.

Que l’on commence par démocratiser l’ONU dont on se sert pour vouloir implanter ce régime alibi en Côte-d’Ivoire ou au Zimbabwé, à Cuba et ailleurs partout où l’on croit détecter une classe politique quelque peu soucieuse de préserver la dignité collective du pays, envisager sérieusement un brin de solidarité agissante entre les peuples. Ne siègent jusqu’ici au fameux Conseil de Sécurité que des super puissances nucléaires.

Et toute la terre réunie ne peut rien imposer à l’une quelconque d’entre elles : Bush à déclaré et fait sa guerre en Irak, qu’il a laissée en héritage au peuple américain ; qui parle de punir la France pour sa place déterminante dans le génocide rwandais, pour le massacre des nationalistes camerounais, de se retrouver en sous-main si ce n’est à l’avant-scène des coups de forces plus ou moins sanglants en Afrique ? au contraire elle s’emploie depuis une quinzaine d’années à protéger nombre de ses complices du génocide, à faire souffrir davantage des rescapés, à se venger des meilleurs de ceux qui ont fait avorter sa criminelle manœuvre.

L’ONU défigurée aussi en Côte d’Ivoire : invité en facilitateur impartiale de la paix, elle se comporte en pâle chargé de mission de la recolonisation. Elle s’appuie sur une observation toute symbolique du vote : moins de 1000 observateurs (les « vrais », les Non Africains) pour 22 000 bureaux de vote, pour ériger subitement son représentant en proconsul de ce pays fare de l’Afrique de l’Ouest, un Monsieur capricieux, hautain, désormais irrespectueux des lois du pays, peu soucieux des vies humaines, du sort des habitants qu’il pousse par ses grossières manœuvres à s’entredéchirer.

Il se comporte en vulgaire dictateur tropical. Sans foi ni loi. Pendant ce temps, son mentor Secrétaire Général claironne le point de vue de son auguste organisme, sans attendre la réunion du Conseil Sécurité. Tout semble être prévu dès le départ pour régler l’équation ivoirienne, le cas Bagbo en un tour de main. On n’avait pas prévu la « dissidence » russe et chinoise. La diabolisation grossièrement mensongère tend à vouloir contourner ce contretemps, pour que des Africains aliénés fassent eux-mêmes ce que l’élection massivement et arrogamment truquée au 2e tour n’a pas réussi à faire : la décapitation du nationalisme ivoirien malicieusement confondu à l’ivoirité inventée jadis par Bédié pour mieux défendre les intérêts néocoloniaux.

Grand merci au peuple ivoirien de tous bords de n’avoir jusqu’ici cédé que très modérément à l’incitation onusienne multiforme au soulèvement aveugle, propice à la pêche en eaux troubles d’une recolonisation arrogante, mafieuse. Même si le conflit armé doit s’imposer un jour, ne vous engagez qu’à celui qui a quelques chances de déboucher tôt ou tard à la véritable libération nationale, à la consolidation de la dignité collective.

Des signes de votre maturité existent, visibles à l’œil nu. En une dizaine d’années de cohabitation avec le diable, vous n’avez pas favorisé l’irruption d’un colonel Mobutu, d’un sergent Eyadéma, d’un Sassu Guessau, pour trancher d’un coup sanglant la tête du peuple en marche vers plus de liberté. Maintenez à tout prix le cap, en attendant que les peuples frères de la Passion nègre puissent vous suivre, vous accompagner sur le chemin du salut que nous indique, d’un doigt vibrant de colère indignée, la splendeur de l’antiquité égyptienne nègre.

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

Ainsi, en guise de première conclusion ou de premier rapprochement entre les deux œuvres, nous pouvons dire que dans Mon Nom est Rouge, les récits enchâssés permettent au

La MONUC s’est associée aux agences du système des Nations Unies, aux ONG et autres structures œuvrant en faveur du respect et de la promotion des droits des enfants

On peut dire que ce texte est historique, dans la mesure où l´application du droit international en Cisjordanie et à Jérusalem-Est est réaffirmé par le Conseil

raient de leur mieux ce que cinquante écrivains, au fait de notre action coloniale au Congo, ont pensé de l’homme noir, comment ils l’ont goûté, ce qu’ils

Si nous faisions le rêve d’une production suffisante d’électricité, d’infrastructures de transports modernisées, d’une formation professionnelle adéquate, d’une plus

C’est bien d’acheter des armes sophistiquées en Russie ou en Ukraine mais aussi longtemps qu’on oublie que derrière ces armes ce seront les hommes qui vont les manipuler afin

Aujourd’hui, les jeunes femmes comme Bridget Jones (notre photo) aiment bien se détendre certains soirs dans un pyjama en

Le flysurf (ou kitesurf) a pris, cet été, son envol. Il est l’enfant du surf et du cerf-volant 4) , auquel le flysurfeur est relié par des câbles.. Le principe