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L Résister à la tempête

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Academic year: 2022

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Journal de promotion de la démocratie avec la femme Novembre-Décembre 2012 - 19ème année - n°70 20 pages - 1000 FC

L

’écran de fumée est d’abord une tactique du domaine militaire, utilisée afin de masquer la position exacte d’unités de combat à l’ennemi, par l’émission d’une fumée dense qui peut être naturelle, mais est le plus souvent produite artificiellement à partir de grenades fumigènes. L’écran de fumée est aussi dans la vie courante, un subterfuge, qui consiste à masquer ses intentions réelles en effectuant ou promettant de faire autre chose.

«You can fool some people sometimes. But you can’t fool all the people all the time», chante Bob Marley, dans sa célèbre chanson Get-up Stand-up, qui nous appelle à défendre nos droits. Vous pouvez tromper certaines personnes un certain temps, mais vous ne pouvez tromper tout le peuple tout le temps. Qui croit tromper tout un peuple avec des slogans?

Qui peut prétendre libérer un peuple épris de paix, en pre- nant les armes contre lui? Qui prétend défendre les droits de quelques uns en piétinant les droits de toute une nation? Qui prétend ne parler que de ses droits, en oubliant qu’il a aussi des devoirs à accomplir?

En dépit des insuffisances de notre jeune démocratie, nous pensons que toute légitimité en RD Congo ne peut provenir que de la loi commune (notre Constitution) et du mandat donné par le peuple congolais. De quoi le M23 est-il le nom?

De quel mandat est-il investi et par qui? Dissipons l’écran de fumée! Les citoyens congolais ne doivent pas se tromper de cible! A Kampala, le M23 tente de se légitimer en brassant tous les thèmes potentiellement populaires auprès du public congolais : de la dénonciation du déroulement des dernières élections à la condamnation des commanditaires de l’as- sassinat de Chebeya. De la levée des mesures de sûreté de- vant la résidence de Etienne Tshisekedi à la tenue d’assises nationales sur tous les maux du Congo!

Quelles leçons avons-nous à recevoir de ce mouvement en matière de respect des droits de l’homme ? Loin de nous l’intention de nier les manquements et les atteintes fréquen- tes aux droits humains dans notre pays, y compris par nos propres forces armées. Loin de nous l’intention de nier le bi- lan social et économique insatisfaisant en RD Congo. Mais, qu’apporte à l’avancement du Congo, ce mouvement armé de l’extérieur contre les intérêts de toute une nation? Davan- tage de ruine, et le désespoir quant au relèvement rapide du Congo...

Le temps est venu de mettre un terme aux primes à la vio- lence et à l’impunité. A Kampala, le Congo ne peut négocier ni sa dignité, ni sa jeune démocratie. La seule instance qui doit dialoguer avec les Bosco Ntaganda, Sultani Makenga, Jean-Marie Runiga et compagnie: c’est la CPI!

Mais, il faudra aussi que des responsables de notre armée expliquent aux citoyens pourquoi et comment les FARDC, victorieuses le 16 novembre 2012, ont dû reculer jusqu’à abandonner Goma…

Il faudrait surtout que la redevabilité devienne le maître-mot de l’exercice politique en RD Congo, afin que tous les Congo- lais agissent réellement comme les garants d’un Congo de dignité, de grandeur et de prospérité.

Ecran de fumée

L a l i b e r t é d e l a p r e s s e : u n d r o i t e t n o n u n c a d e a u d u p o l i t i c i e n

Solange Lusiku

Résister à la tempête

Politique Editorial

Dans ce numéro

P.2

Mwalimu Pascal, enseignant

jusqu’au bout Football, la 2ème

division prend corps à Bukavu

Sports Portrait Ecologie

Dangers des constructions anarchiques P.20

P.19 P.15

P.14

Gouvernance au Sud-Kivu : Mauvais temps Politique P.4

Budget 2011 : Se servir ?

Economie P.6

(2)

2 Politique s

Solange Lusiku

Rd Congo

Résister à la tempête

P

our la toute première fois depuis que une partie de la Rdc vit sous la botte de l’oc- cupant Rwandais camouflé en Mouvement du M23, Joseph Kabila cite nommément le pays agresseur, le Rwanda. Soudain, c’est des bruits fré- nétiques dans la salle des Congrès du palais du peuple de Kinshasa. Les Ka- bilistes veulent re-entendre le nom de l’agresseur.

Le Président poursuit son speech sans désemparer. Kabiliste ou pas, le message est bien compris : le peuple congolais attendait impatiemment que le magistrat suprême défie verbale- ment son agresseur. Mais ce samedi 15 décembre 2012, le congrès ressemble à tout sauf à quelque chose qui se passe un parlement.

Artistes musiciens, comédiens, mili- tants des partis membres de la Majorité présidentielle sont rangés comme un seul homme. Ils agitent drapeaux et chapeaux tout en scandant des slogans à la gloire du raïs.

C’est peut-être celle-là la mobilisation à laquelle Kabila fait allusion. Alors sans condition. Si pour la Mp le discours sur l’état de la nation est entièrement bien accueilli, par contre pour l’opposition, l’appel du chef à la cohésion nationale ne doit pas être obligatoire. Car, pense- t-elle, il y a des préalables.

Quels sont ces préalables ?

Une table ronde politique avec toutes les forces vives de la nation pour dia- gnostiquer les vraies causes de cette guerre injuste. Respect de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance ; libéra- tion des leaders politiques et d’opinion;

levée des mesures de surêté devant la résidence de Etienne Tshisekedi . C’est tout un chapelet des revendications préalables à l’unité nationale en vue de sauver la patrie.

Mais le temps joue actuellement contre Paul Kagame du Rwanda et ses poulains du M23, pourfendeurs de l’in- tégrité et intangibilité territoriale de la Rdc. Ces défenseurs de la thèse de la balkanisation sinon d’une annexion des riches provinces du Nord-Kivu et

Sud-Kivu font des insomnies. Peu à peu, l’on assiste au réveil de conscience des Congolais. Ces derniers restent at- tachés à l’unité de leur pays.

Les comptes à rebours ont commencé pour Kagame. Ses soutiens extérieurs dont l’Américaine Suzan Rice dans son plan machiavélique, concocté avec les Clinton, s’éloigne de plus en plus de sa vision. Déboutée par le Congrès amé- ricain, son influence sur la Région des Grands lacs s’amenuise.

De l’exil, les opposants au régime Ka- game délient leurs langues. Les Britan- niques délient les leurs. Joseph Kabila délie la sienne. Les Congolais, toutes tendances confondues, ne sont pas du reste. Le sentiment nationaliste et pa- triotique est si fort.

L’étau se resserre désormais autour du géniteur du M23. Celui-ci cherche vainement à exploiter les faiblesses du régime de Kabila pour s’attirer la sym- pathie des Congolais et par ricochet de l’opposition, afin de légitimer son mou- vement.

On ne vient pas habiter dans la mai- son du voisin où, après y avoir été cha- leureusement accueilli, on la dévaste en violant toute hospitalité offerte, pour enfin se placer en défenseur des droits de l’homme.

Famous politic reporter journalist

L’appel à la mobilisation tous azimuts sans condition est lancé par le chef de l’Etat Joseph Kabila. C’est devant une assemblée des congressistes acquise à sa cause, applaudissant à tout bout de champ. Kabila sort de sa réserve.

D’accord avec notre hymne national

Debout Congolais

Q

uoi de plus révoltant que de se rappeler que le drame du Congo commence en 1994 avec l’entrée des réfugiés rwandais sur le sol congolais ? Bientôt 20 ans de tueries, d’assassinats, d’agres- sion, de pillages, de viol, de vol...

et par-dessus tout, de l’hypocrisie de la communauté internatio- nale.

Pleurer ?

Sourde et volontairement, la communauté internationale a permis au fils du voisin d’entrer dans notre maison avec armes et munitions en 1994.

Aveugle? La communauté in- ternationale refuse de voir nos larmes après que le voisin ait tué nos pères et violé nos mères prétextant être venu attaquer son fils sanguinaire FDLR dans notre propre maison, sa maison d’accueil.

Sourde, ce monstre dit «com- munauté internationale» le fait exprès face à nos cris qui restent sans échos. Sinon, elle aurait déjà sifflé la fin de ce match macabre. Plus le match est long plus les visées économiques

croissent, plus les multinationa- les arrivent, plus, les nouveaux minerais sont découverts, plus les revendications du rebelle changent, plus on nous endort.

Atone, la communauté inter- nationale se décide de le demeu- rer face à nos pleurs et permet au voisin derrière qui se cachent les « grands sans état d’âme» de fouiller, de bêcher et de ne lais- ser nulle place (de notre conces- sion) où la main ne passe et re- passe.

Aphone, nos grands frères et sœurs se décident de le demeu- rer pour préserver leur pouvoir.

Insensible, l’humanité ne fait qu’observer une minute de si- lence face à plus de six millions de morts dans notre maison de- puis plus d’une décennie.

C’est le prix à payer de notre hospitalité légendaire. N’oubliez pas que pour 800 000 chez le voisin, le mot génocide a été pro- noncé et brandi en fond de com- merce et de compassion sur toute la planète.

Inerte, nos ainés et nous obser- vons impuissants avec «beaucoup de passivité» lorsque le fils du voisin que nous avons accueilli dans notre maison s’en déclare propriétaire. Il prend des armes sous prétexte de revendiquer nos droits, sans notre mandat. Dans notre lignée, y’a-t-il quelqu’un qui peut jouer le David pour faire face à Goliath ?

Prenons-nous en charge et je- tons-nous à l’eau, sinon, nous en aurons pour longtemps.

Un ami publie sur sa page facebook : « si les gens qui meurent méri- tent une minute de silence, l’humanité devrait se taire à vie pour l’Est de la Rd Congo ». Un calcul simple me fait aboutir à trois cent quarante sept ans de deuil, si l’on doit observer une minute de silence pour les Congolais qui sont morts depuis maintenant plus de seize ans.

Jeef Ngoy M23 passera, comme toute autre tempête d’ailleurs.

Crédit : Licence Libre (Google)

Révoltants incessants mouvements des populations congolaises dans le Kivu Crédit : Licence Libre (Google)

Pourquoi ces innocents d’enfants doivent errer dans le Kivu

Crédit : Licence Libre

Le Souverain | Novembre-Décembre 2012 Le Souverain | Novembre-Décembre 2012

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e Croco a demandé à Solange Lu- siku d’exprimer son point de vue sur le conflit armé qui déchire actuellement l’Est de la Républi- que Démocratique du Congo. Le moins qu’on puisse dire c’est que la journaliste a du mal à contenir sa colère.

Le Croco : Comment peut-on ca- ractériser la situation actuelle à l’Est de la RDC?

Solange Lusiku : C’est la confusion to- tale. La Monusco (Mission des Nations Unies au Congo) est elle même perdue devant une anarchie totale, un mouve- ment nommé «Raia Mutomboki» origi- naire du sud de Shabunda (l’un et le plus vaste des 8 territoires du Sud Kivu) prend de l’ampleur dans toute la province. A la base respectable, un mouvement d’auto défense civile et locale contre les FDLR (Forces Démocratiques pour la Libéra- tion du Rwanda) car les FARDC (For- ces Armées de la République du Congo) étaient absentes de certains coins du pays victimes des pires exactions. Ce groupe armé est en train de s’étendre surtout ces derniers mois. Le mouvement n’est plus seulement à Shabunda mais il est imité à Bunyakiri dans le territoire de Kalehe, à Kaniola dans le territoire de Walungu et partout dans Shabunda. Un groupe qui mène à une pluralité des chefs, et à beaucoup d’autres groupes. Ces derniers sont nés de l’incapacité des FARDC à as- surer la sécurité de la population contre les FDLR.

«Armez un civil, il devient vite cupide et avide de pouvoir». Un rançonnement de la population s’en suit. Il est perpé- tré par les Raia, les FDLR et même les FARDC. La chasse aux mines est à la base de leur approvisionnement en ar- mes et munitions. Ceci explique les af- frontements entre différents groupes dans les villages et dans les carrés mi- niers. Conséquences: déplacements des populations, tribunaux, sourde oreille de l’armée régulière et aussi le fait que les Raia Mutomboki se dissimulent de plus en plus dans la forêt. Au départ ils respectaient la population mais certains groupes commencent à abuser, à créer des bastions en édictant leurs propres lois au nom de la cupidité du pouvoir.

Les médias occidentaux se focalisent sur le M23 et ne comprennent pas la dimen- sion plus complexe du conflit. Ce qui se passe au Sud Kivu est ignoré par tous ces médias, et est en lien direct avec le conflit au Nord Kivu. Mais les médias ne veulent parler que du M23, car il est au centre de l’actualité. Alors que dans le

Kivu, tout se décide dans l’ombre et dans le secret depuis toujours. Le M23 est-il une énorme diversion ?

A l’Est du Congo, la population est donc appelée à faire face à une multitude de groupes armés en plus de l’armée régu- lière (FARDC) et des casques bleus de la Monusco. Ces groupes armés n’hésitent pas à utiliser la population comme bou- clier humain. Les civils et même des en- fants sont parfois abattus à tort sous pré- texte qu’ils appartiennent à des groupes armés. En juin 2012, à Shabunda, un en- fant de 12 ans a été abattu de sang froid par un commandant FARDC. Le crime a été reconnu tout comme l’innocence de l’enfant mais l’impunité a encore une fois eu le dernier mot.

Au Nord Kivu, fief du mouvement M23, c’est le désarroi devant l’incapacité de la CIRGL (Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs) à trouver une issue au problème qui mine la vie des populations. Les M23 ne sont pas inquiétés depuis plusieurs semaines (les négociations ont commencé) mais ils envoient des délégations au Sud Kivu pour embraser aussi cette partie qui leur résiste encore. Ils sont infiltrés partout mais ils ne se dévoilent pas au Sud Kivu parce que les M23 ont une mauvaise pu- blicité depuis leur origine en tant que groupe rebelle du RCD-CNDP-M23 de triste mémoire.

Le Croco : Comment les autorités pu- bliques, gouvernement et pouvoirs locaux, réagissent-ils à la situation ? Solange Lusiku : C’est l’aveuglement et l’incapacité totale pourvu qu’on ne touche pas à leur porte- feuille et à leur siège. Qui sont les personnalités et les vrais décideurs de l’ombre ? Les person- nalités publiques sont des enfants gâtés par les vrais décideurs de l’ombre. Tant que leurs comptes en banque sont rem- plis, ils ne s’inquiéteront pas. Plus de 5.millions de morts en 18 ans, qu’ont-ils fait ?

Au Congo, il y a cinq cents députés na- tionaux qui réclament 13.500$/mois d’émolument alors qu’un enseignant tous échelons confondus et tous diplô- mes confondus touche 56.000 Francs Congolais équivalent à 56 $ et un mili- taire 36.000 FC soit 36 $. Ce dernier se rend au front avec les femmes et les en- fants. Le président de l’UE touche peut- être 14.000 euros, mais lui il travaille et ils ne sont pas 500 à toucher ce salaire.

Nos députés travaillent deux heures par jour, et ils sont 500. Le salaire de Kabila serait estimé à 300 000 dollars.

C’est piller son propre pays et marcher sur les droits des autres, pour plus de 10 ans de pouvoir sans aucune politique menée tant au niveau éducation, social, économique. Les seules politiques qu’il a menées se situent au niveau sécuritaire.

Voyez la situation actuelle : les députés congolais ainsi que les membres du gou- vernement, ont-ils le temps de penser aux pauvres citoyens ?

Le Croco : Quelles perspectives dans ce contexte de la tenue d’élec- tions locales? Pourraient-elles contribuer à la résolution d’un certain nombre de problèmes liés au conflit ?

Solange Lusiku : Y aura-t-il des élec- tions ? Ça fait longtemps que la Consti- tution n’est plus respectée. Ça n’éton- nera personne si on se réveille un jour en apprenant l’annulation de ces élec- tions. Personne n’osera le dénoncer.

Même pas les médias congolais à grande audience. Au contraire, ils se mettront

à présenter cette tricherie comme une grande actualité digne d’un publi-repor- tage. Voilà notre honte. Et les médias occidentaux? Eux ne focaliseront leur attention que sur le tableau sombre du contexte congolais. Ils n’hésiteront pas à emprunter les yeux d’aveugles pour ne pas remarquer d’autres initiatives positives qui apportent une valeur ajou- tée en termes de combats contre le mal qui sévit dans ce pays. A terme, il faut résoudre la question de la gouvernance de manière globale et de la souveraineté de l’Etat sur les ressources. Tout citoyen congolais doit comprendre qu’Il n’existe qu’une seule voie de participation aux institutions : la voie pacifique par le mé- rite et par l’élection.

Le Croco : Qu’attendent les popula- tions et/ou les organisations de la société civile de l’opinion publique in- ternationale, de la Belgique en parti- culier (qui sera représentée par deux ministres, Didier Reynders (Ministre des Affaires Etrangères) et Rudy De- motte (Ministre Président de la Com- munauté Française) au prochain sommet de la Francophonie en octo- bre à Kinshasa ?

Solange Lusiku : C’est depuis l’époque de la dictature de Mobutu que les congo- lais attendent de la Belgique des actes et

non des paroles. La population attend qu’ils arrêtent de soutenir le Rwanda fi- nancièrement. Si les occidentaux veulent avoir les minerais du Congo, ils n’ont qu’à aider la population à recouvrer sa paix et tout se négociera sans bagarre ni tuerie. Ils vont pactiser.

On n’oublie pas que l’intégration du CNDP, mué en M23 aujourd’hui, a été dictée par les occidentaux. On mesure aujourd’hui les conséquences dramati- ques de ce brassage. D’autres program- mes comme Amani Leo ont permis au CNDP de dominer les deux provinces du Kivu. Les populations civiles ont-elles la possibilité de se mobiliser ? Elles le pourraient si la société civile congolaise, celle de l’Est du Congo en particulier en était encore une. On n’a plus de leaders charismatiques qui porteraient le flam- beau de la société civile comme ce fût le cas à l’époque du RCD.

Actuellement, on a affaire à des anima- teurs à double visage au sein de la so- ciété civile. Lors des manifestations, ils sont « société civile» tandis qu’ils sont par ailleurs «membre effectif» des par- tis politiques. Pour un petit montant, Ils n’hésitent pas à trahir. Dommage. Pour le moment, ce sont les églises, surtout l’église catholique, à partir de la base jusqu’au sommet, qui mobilisent enco- re. Les prises de position des évêques du Congo sont éloquentes à ce sujet.

Les partenaires du Congo doivent l’aider à réformer le secteur de la sécurité en l’aidant à sortir définitivement de cette logique de complaisance à l’égard des groupes armés. La rébellion du M23 s’est inscrite dans la durée grâce à l’im- punité qui règne à travers le pays.

L’urgence s’impose. Etant donné que dans l’immédiat, la CIRGL n’a pas la capacité militaire ou financière, et, sur- tout, la « neutralité » nécessaires pour établir et déployer une prétendue force neutre, les amis et alliés du Congo dans cette démarche qui vise le rétablisse- ment de la paix dans sa partie orientale doivent affiner leur stratégies et capaci- tés d’influence en vue d’amener l’Union Africaine ainsi que les Nations Unies à prendre des sanctions contre les Etats qui soutiennent le M23 et redonner les moyens d’action aux FARDC, sous la forme d’une action conjointe et concer- tée avec la Monusco pour un mandat renforcé.

Les dirigeants de la sous région, quant à eux, doivent prendre une décision claire en mettant fin aux politiques de pré- dation et de pillage, par le soutien aux groupes irréguliers dans les pays voisins.

L’instabilité que la politique d’ingérence de Kagame entraine au Congo risque de se retourner à terme contre le Rwanda!

La détresse des populations du Kivu ali- mente l’inimitié croissante à l’endroit des ressortissants du Rwanda. Le Congo ne restera pas toujours un Etat faible. Il dispose d’une population et de ressour- ces qui lui permettent de renverser à son avantage les rapports de forces... La démocratisation du Rwanda est aussi une condition à la paix.

Politique s

« Actuellement, on a affaire à des animateurs à double visage au sein de la société civile. Lors des manifestations, ils sont société civile tandis qu’ils sont par ailleurs

membres effectifs des partis politiques.»

Solange Lusiku, Présidente UNPC/Sud- Kivu, Dr. Honoris Causa UCL/Belgique

« Le Congo ne restera pas toujours un Etat faible »

Solange Lusiku à Le Croco :

Le Croco est la newsletter de l’ONG Solidarité Socialiste belge.

Tous les mois, il propose une sélection mordante de l’actualité!

Il a eu à interviewer Solange Lusiku, Editrice-Responsable du Journal Le Souverain à Bukavu. Le 2 février 2012, l’Université Catholique de Louvain lui décernait le titre de Docteur honoris causa, en reconnaissance de son combat pour la promotion de la démocratie couplée avec les droits de la femme en Rd Congo . Dans la presse écrite, solange Lusiku est une femme qui a su se tailler un chemin dans le roc.

Pourquoi ces innocents d’enfants doivent errer dans le Kivu

Le Souverain | Novembre-Décembre 2012

Le Croco

Crédit : Licence Libre

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4 Politique s

Gouvernance au Sud-Kivu

Mauvais temps…

En octobre, pour accéder aux plénières des députés provinciaux du Sud-Kivu, il fallait un parcours de combattant. Sinueuse et tortueuse était la route menant vers le lieu provisoire des plénières à l’Athénée d’Ibanda avant que les députés ne donnent un ultimatum à l’exécu- tif sur la réhabilitation de cette voie. Pendant tout ce mois, il pleuvait presque tous les jours à Bukavu. Moment choisi par les députés pour mouiller certains ministres provinciaux et pour- quoi pas le gouverneur du Sud-Kivu dans une province en proie à l’insécurité et à la mauvaise gouvernance. Reportage

D

epuis l’ouverture de la session à l’Assemblée provinciale du Sud- Kivu, le 1er octobre, les minis- tres sont dans l’œil du cyclone des députés. Sur le podium, certains députés excellent dans des paraboles tendant à faire croire à un divorce avec l’exécutif actuel.

«Un homme est appelé à sauver sa barque secouée par une forte tempête et prête à se noyer avec à bord deux précieux passagers : sa femme et sa sœur. L’une de ces deux per- sonnes doit être sacrifiée. Qui le sera?», de- mande le député Etienne Mushekuru Kayan- ge qui n’attend pas de réplique du Président de l’Assemblée provinciale. Il s’empresse à donner la réponse. «On est appelé à sauver sa sœur et laisser couler la femme. Pourquoi

? Parce que la sœur est unique, elle ne peut naître deux fois. Mais une femme on peut en marier autant qu’on veut ».

Cet élu du peuple était du haut de la tribune en face des députés, pour une fois très soudés et acquis à une même cause, attendant le 26 octobre la réponse du ministre des Finances, Boaz Amangu, à la question orale avec débat du député Venant Rugusha. Pour être plus clair, il explique sa métaphore. La sœur citée c’est le Gouverneur Cishambo, l’homme c’est l’Assemblée, la femme ce sont les ministres.

Dans ce cas précis, il faut faire le bon choix : soit laisser couler le Gouverneur soit certains de ses ministres qui ont failli. S’en suivent des applaudissements frénétiques de ses col- lègues. Tout semble alors scellé.

Un gouvernement d’invertébrés ?

Les députés provinciaux n’y sont pas allés des main morte pour mettre certains faits à jour. Ils ont fustigé haut et fort la gestion des ministères. Tout est parti de la question orale avec débat adressée par le député Venant Ru- gusha aux ministres des Finances et écono- mie et des Transports, des communications et Tourisme.

Si celui du transport a réussi à sauver sa peau- il est classé parmi les rares performants ministres-, et son discours a convaincu la ma- jorité des députés, son chef de division, Luc Mbiribindi, n’a pas pu sauver sa peau.

Quant à l’argentier de la province, il était visiblement sonné par les propos des députés lors de sa dernière sortie au Parlement.

Boaz Amangu a été recalé et cela lui a été hon- teusement signifié par les députés. La forme et le fond de son speech sur le recrutement à la DPMER ont été critiqués négativement.

Le député Mubalama n’a pas caché sa dé- ception en lisant le texte du Ministre. « Dans un texte de 14 pages, il a été constaté une multitude de fautes élémentaires d’ortho- graphe, de grammaire, de syntaxe qui n’ho- norent pas ce ministère. C’est indigeste». A croire qu’il n’y a plus des services techniques dans nos ministères se sont écriés avec amer- tume plus d’un député à l’exemple de Bu- hambahamba: « C’est un manque de respect manifeste à notre Assemblée et à nos élec- teurs quand une phrase française d’un Mi- nistre est truffée de fautes. Qui ignore qu’en mathématique et en français une double né- gation vaut une affirmation. Lisez ce texte et constatez la bourde avec moi».

Il faut des réponses

Sur le fond, de nombreux griefs ont été re- tenus. A la division du transport par exem- ple: le 18 juin 2012, le Commandant de la 10ème région militaire, le Général Pacifique Masunzu a envoyé au ministre une lettre de dénonciation. En effet, l’agent Chiruhula Mujegeza, chef de poste de contrôle routier de Mushweshwe a été attrapé en flagrant dé- lit par le général en personne, avec un carnet des quittances parallèles. Combien d’agents en utiliseraient et combien des carnets sont déjà utilisés ? demeurent des questions sus- pendues sur les lèvres des députés.

Alors que les faits lui étant reprochés sont graves, cet agent est appelé par son chef de division à reprendre service quelques mois après son passage à la prison centrale de Bu- kavu comme pour se moquer du général qui s’est fait le devoir patriotique de dénoncer un mal profond. Ce qui étonne, c’est que dans sa correspondance, le chef de division, soup- çonné d’être de mèche avec son agent, écrit ceci à cet employé: « il n’est un secret pour personne que le montant de recettes réali- sées par ceux qui assumaient votre intérim est d’environ dix fois supérieur au montant que vous déclariez à la comptabilité ». Qui peut comprendre ceci, se sont interrogés les députés. « Nous sommes sidérés », a déclaré Venant Rugusha. Et de marteler : « Au lieu

de confirmer ces agents qui ont mérité lors de leur intérim, on replace un incivique at- trapé la main dans le sac et qui au finish a fait preuve d’incompétence notoire».

Dans des accusations faites du haut de l’hé- micycle, il est reproché publiquement à Luc Mbiribindi, le chef de division en question, d’exceller par le tribalisme, la malversation, la déstabilisation des agents, l’insubordina- tion.

Le député Mustapha est plus précis: «En 11 mois de pouvoir, il a suspendu 36 agents, les recettes de la division sont en chute li- bre.» Son ministre provincial de tutelle, as- surément, n’a pas assez de pouvoir sur lui, parce que c’est toujours de Kinshasa d’où sont recommandés de tels agents et où l’on joue le parapluie, l’appui, pour des raisons bien évidentes de pourcentage. Les députés ont fustigé haut et fort cette tendance et ju-

rent vouloir y mettre un terme. Heureuse- ment que ce Chef de division a été suspendu sur demande de son Ministre de tutelle.

Ainsi comme pour aider son collègue Ani- cet Teganyi qui a introduit le sujet, la ques- teur Béatrice Kinja enfonce le clou : «Dans le transport aérien pourquoi 100 dollars sont soumis à chaque agence par vol ? Une taxe qu’on appelle « effort de guerre » passe de 20 à 100 dollars. L’agence Congocom par exemple fait 35 à 40 rotations par semaine.

Cela donne 16.000 dollars par mois pour une seule agence. Cette somme ne se retrouve pas dans les statistiques de la division de trans-

port ni dans la caisse du trésor public».

A côté de ces taxes, un autre député a dé- montré que le petit badge qu’on trouve dans chaque taxi à Bukavu portant le numéro et le prix d’une course de taxi est payé à 10 dol- lars. C’est la mairie qui encaisse cet argent. A quoi sert-il quand dans la ville il n’ y a pas de parking, s’est-il demandé. D’autres comme le député Lulihoshi parle d’une taxe que l’Etat ne connait pas et qui va droit dans les poches de certains messieurs. « Au parking de Ka- dutu des associations perçoivent quotidien- nement 100 dollars par véhicules comme droit d’alignement. Chaque jour ce sont une vingtaine des gros camions qui sont alignés là bas. »

Le député Mustapha s’est étonné que la machine pour produire des attestations te- nant lieu de permis de conduire soit dans une de chambres du Ministre. Il a voulu connaî- tre le nom de l’imprimeur de ces attestations et du nombre déjà fabriqué par l’imprimeur.

Cette attestation coûte 30 dollars, dont 20 sont versés à la BIAC et 10 à la division de transport. Alors que la province est parfois butée au manque d’imprimés de valeur, cette machine ne servirait-elle pas à leur impres- sion ?

La réponse du Ministre de transport sur la machine produisant ces attestations n’a pas plu à certains députés. Le Ministre n’a pas voulu dire où serait gardée cette machine et où l’impression se ferait. Pour ces députés, encore une fois, il y a eu violation de l’édit N°002/du 3 juin 2011 relative à l’organisa- tion de la passation des marchés publics en province du Sud-Kivu.

L’instabilité de la division du transport a été décriée ainsi que la mauvaise gouver- nance et le recrutement intéressé qui la ca- ractérise. A titre d’exemple en 14 ans, cette division a vu défiler 28 chefs de division, donc un chef de division pour 6 mois. Que cache ces changements intempestifs ?

Le nombre des faussaires n’est plus à compter à cette division au Sud Kivu. En témoignent certains rapports du Ministre provincial de transport qui fustigent cet état de chose adressés à sa tutelle à Kinshasa. Dé- cidément, le Ministre national de la fonction publique , Jean-Claude Kibala a du pain sur la planche.

« Un homme est appelé à sauver sa barque secouée par une forte tempête et prête à se noyer avec à bord deux précieux passagers : sa femme et sa sœur. L’une de ces deux personnes doit être sacrifiée. Qui le sera ? »

Député Etienne Mushekuru

Temps de chien au gouvernement provincial

Le Souverain | Novembre-Décembre 2012 Le Souverain | Novembre-Décembre 2012

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Baudry Aluma

Politique s

Sur 38 dossiers des prétendants chefs de bureau envoyés à Kinshasa par le Ministre provincial- qui se plaint-, 31 dossiers sont ir- réguliers, c’est-à-dire contiennent beaucoup de faussetés dont des numéros matricules falsifiés, ne leur appartenant pas et libellés aux noms d’autres personnes des autres pro- vinces.

Beaucoup reste à faire

Le Souverain venait de signer à la une de son précédent numéro : «Exit Cishambo et Baleke». Cette manchette a semblé forte pour un cercle qui a vu dans cet article une recherche de vedettariat et de gloriole, une sorte de journalisme sensationnel.

Pour nombreux lecteurs, cet article révé- lait le malaise qui frappe la province et qu’il était temps de dénoncer certaines dérives.

Les signes du temps semblent donner raison au journal.

Décidément le Sud-Kivu, l’une de petites provinces de la Rdc, la 9ème sur 11 provin- ces en terme de superficie, donne du torti- colis à ceux qui sont censés la piloter. Elle est en proie à des problèmes qui dépassent la force et l’anticipation de ses dirigeants.

La Plaine de la Ruzizi vit une situation volatile qui risque de s’enflammer à tout moment. Uvira connaît une insécurité in- quiétante. Le port de Kalundu, deuxième port du pays après Matadi est presque en désuétude.

Fizi est le théâtre de la même insécurité, les vols du bétail sont devenus courants et les coupeurs de routes y sèment la désola- tion. Selon un membre du parti politique Unc/Fizi, à Baraka en 6 mois, on a compté 30 intrusions et braquages dans les mai- sons des particuliers. Kalehe vit dans l’in- sécurité avec la présence des milices Raia mutomboki et Nyatura et enregistre des déplacements importants des populations.

Dans Idjwi, Kabare et Walungu les cultu- res les plus consommées dans la province -maniocs et bananes– sont attaquées par des maladies sous l’œil impuissant des gouvernants. Dans ces mêmes territoires, on est en proie à des croyances d’un autre millénaire : le phénomène «Kabanga», étranglement à l’aide d’un fil qui enrichi- rait le bourreau. Des enfants sont oppres- sés, tués par asphyxie à longueur des jour- nées, des albinos sont tués et le corps de certains d’entre eux sont déterrés.

La ville de Bukavu est saisie par la frayeur : de nombreux braquages et tue- ries y sont enregistrées et rappellent les films far West ou des Cow boys défiaient les Chérifs. Le célèbre et illustre médecin Denis Mukwege a failli être assassiné dans

un quartier hautement sécurisé, non loin de là le patron du service de gardiennage Delta Force a failli perdre sa peau, las bra- queurs de la Coopec Nyawera à Muhungu courent toujours, l’insécurité a monté de plusieurs crans dans la ville de Bukavu.

Des journalistes non inféodés qui osent chercher à investiguer sont intimidés. Cer- tains ont été forcés à l’exil, sous le regard railleur de certains confrères. D’autres jouent courageusement leur rôle sur place dans une province où l’insécurité, la jalou- sie, la complicité, la haine et la courdise sont les maîtres mots.

Le député Biemba Songa Yaya a même indiqué le 26 octobre devant ses pairs que: «143 policiers ont été formés dans le cadre de la police de proximité à Bu- kavu. Aujourd’hui on en compte moins de 40. Tous ont fui parce qu’ils n’ont rien à manger et ne sont pas payés ». Une cen- taine d’autres braves policiers de la légion d’intervention rapide viennent d’arriver de Kinshasa pour la plaine de la Ruzizi. La population de la plaine espère qu’ils seront encouragés matériellement à bien faire leur travail. Le député Kalenga a même rensei- gné que les britanniques retireraient leur aide dans la construction des bureaux de la police de proximité au Sud-Kivu si d’ici dé- cembre 2012 les autorités n’ont pas trouvé d’endroit où construire.

Dans le même ordre d’idées, quid de la gestion et de la répartition des maisons construites au camps Saïo de Bukavu avec l’apport de l’OIM, l’organisation internatio- nale de migration ?

Les constructions anarchiques pullulent, les destructions « ciblées » de certains espa- ces ont été dénoncées par certains habitants de Bukavu, la loi du plus fort se porte bien, les embouteillages monstres vous bloquent, les parkings inexistants, dépotoirs publi- ques et cimetières difficiles à trouver, les délestages honteux en énergie électrique et en eau potable alors que le lac Kivu est à la portée de la population, le comble avec une facturation jugée fantaisiste et élevée par la Ligue des consommateurs des services au Congo Kinshasa (LICOSKI), l’éclairage public aujourd’hui un souvenir lointain et quand on peut l’apercevoir, c’est la journée et non aux heures de nuit, les kilomètres témoin d’Ibanda et de Bagira demandent maintenance, des équipes de football venant d’ailleurs se retrouvent dans un champ de patate à Kadutu en lieu et place d’un stade de la Concorde.

Biemba Songa ne croyait pas bien le dire le 26 octobre. « Il apparait que nous dérangeons le Gouvernorat par nos

demandes en soins de santé, nos or- dres de mission, plus de deux ans nos commissions permanentes ne sont pas actives par manque d’argent, je ne me vois plus aller poireauter au Gouver- norat et de surcroît me faire ridiculiser par des agents de là, je nous demande d’en prendre bonne note ».

Mwenga et Shabunda, des martyrs !

Aller à Mwenga redevient un parcours de combattant. La route n’en est plus une et l’insécurité n’y a pas dit son dernier mot.

Selon Byemba Songa , on ne compte pas moins de 15 barrières sur cette route, l’or de Luhwinja divise la population et certaines de ses autorités. Shabunda, le martyr, ne se remet pas de son enclavement.

Certains coins de cette contrée n’ont ja- mais vu un militaire ou pire ne connaissent même pas le drapeau national. Il y a pres- que un an, lors d’une visite à Shabunda cen- tre, l’autorité provinciale et sa noble suite, ont été copieusement tancées par une partie de la population en colère au point que les mamans enlevèrent leurs camisoles pour laisser leurs seins nus en signe de déception des dirigeants qui les ont oubliées- une scè- ne qui porterait malheur- et pour dire merci pour s’être moqués des seins qui les ont nourris. Des images de ce scandaleux évé- nement existent et circulent dans la ville.

Une autre grande frange de la popula- tion de Shabunda et particulièrement celle d’Ikama Kasanza dans la chefferie de Wa- kabango I demande aux autorités provin- ciales de s’impliquer dans le problème de déplacement des limites observées entre le Maniema et le Sud Kivu au niveau de Na- moya et Salamabila. Selon les acteurs de la Société civile de cette partie du territoire de Shabunda, la limite naturelle entre les deux entités est la rivière Kama qui a été large- ment franchie par le Gouverneur de Manie- ma dans l’indifférence des autorités provin- ciales du Sud Kivu malgré moult appels des ressortissants de Shabunda.

Les députés devraient examiner ce dos- sier si réellement Shabunda comptent à leurs yeux. Des treize points à examiner lors de la session de septembre, ce point a été le cadet de soucis des honorables . Ceux de Shabunda- ils ont la vice présidence de l’Assemblée provinciale- n’ont même dai- gné imposer un seul point sur la situation de leur territoire martyr.

Il n’y a pas un seul territoire du Sud Kivu qui se sente aussi humilié, aussi délaissé que celui de Shabunda. Des joueurs de l’équipe représentative de cette contrée, la Jeunesse Electronique, volontaristes, peuvent arriver à Bukavu à pied, sur plus de 300 Km, cela

n’émeut personne. Malgré l’invitation de la ligue de football du Sud Kivu à l’appui et l’ordre de mission de l’administrateur de ce territoire, aussi grand que la Belgique ou le Rwanda, ces braves joueurs- qui ont été pillés dans la forêt en venant- sont pris comme cibles et arrêtés à Bukavu. Leur crime : ils seraient apparentés aux … Raia mutomboki.

Un médecin, pas n’importe lequel, un gy- nécologue de renom, Ernest Mundyo Mu- nzenze, ressortissant de Shabunda mais vivant à Bukavu en mécène de cette équipe, a été arrêté comme un vulgaire monsieur avec quelques joueurs. Il y a pire que cela à Shabunda : viols, vols, tueries, sont deve- nus le lot quotidien dans ce coin. L’humilia- tion à son comble pour ce territoire. Le jour où’ il se réveillera, le Sud-Kivu se remettra debout parce qu’il constitue le poumon et le grenier de la province.

L’ivresse du lait…

Tous les huit territoires et leur chef lieu paraissent donc en tenue de deuil. Voir tout ceci et le décrier devient un crime de lèse majesté et tout celui qui met son doigt pour décrier cette situation chaotique risque de se le faire couper ou taxé d’être de mèche avec les forces négatives.

Entretemps, des responsables de la pro- vince se la coulent douce. Certains membres du cabinet du Gouverneur entretiendraient même des relations honteuses comme le démontre les différents rapports des chefs de division à l’Assemblée provinciale ou de différentes missions qu’ils ont effectué.

Des frasques qui n’ont rien de commune mesure avec la pauvreté dans laquelle sont délaissés les damnés du Sud Kivu. Tout celui qui arrive nouvellement à Bukavu est éton- né de l’essor des bâtiments en étages, des restaurants et bars high class, de la grande présence de véhicules 4X4, pour éviter les secousses des trous des routes cahoteuses de la ville, la quasi totalité appartenant aux politiciens ou mieux à ceux qui sont de l’exé- cutif.

Malgré tout ce chapelet de problèmes égrené au Sud-Kivu, personnes de ceux qui gouvernent n’a le courage de démissionner.

Tous, comme pour narguer le peuple, disent travailler pour son intérêt, mais butés à un mauvais temps. L’histoire retiendra cette moquerie de mauvais goût.

Les députés provinciaux suivent avec attention les explications du Ministre provincial des Finances

Le Souverain | Novembre-Décembre 2012 Le Souverain | Novembre-Décembre 2012

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e budget de la province du Sud- Kivu a été exécuté à 42,5% sur une prévision des recettes d’en- viron 129 milliards de FC un peu plus de 140 millions de dollars.

Contre toute attente, l’Assemblée pro- vinciale a donné satisfecit à ce rapport et l’a adopté le jeudi 6 décembre 2012 à l’Athénée d’Ibanda, son siège provi- soire. L’insatisfaction est à son comble dans la population. Cishambo peut se frotter les mains. Il a joué gros.

Le Gouvernement du Sud-Kivu a orienté l’essentiel des dépenses de l’Etat en 2011 et au cours du 1er semestre 2012 dans l’entretien de son personnel et du charroi automobile négligeant le social de la population. Des choix ina- daptés. Ceci ressort des réactions des élus du peuple lors de la plénière du lundi 3 décembre réagissant au rapport du Gouverneur présenté le vendredi 30 novembre.

Aujourd’hui des critiques acerbes fu- sent de certaines structures comme la société civile, des scientifiques et des acteurs politiques. Elles ne s’expliquent pas certaines dépenses du budget 2011.

Elles regrettent que le Gouvernement ait considérablement préjudicié des secteurs qui devraient être privilégiés tels que l’agriculture, la santé ou l’édu- cation.

L’argent saigne en province. En té- moigne le tableau présenté par le Gou- verneur lui-même à l’Assemblée. Com- ment comprendre que tous les jours les Bukaviens se gavent des jus et eau minérale en provenance du Rwanda es- sentiellement (Inyange) et d’autres pays mais que la taxe sur consommation des jus et eau minérale ait réalisé 0%, tout comme celle sur l’autorisation de bâtir alors que tout le monde est témoin des maisons construites et des chantiers imposant qui pullulent à Bukavu.

Les recettes du trésor public suintent lamentablement. Le député Kalenga Riziki a tiré vainement la sonnette d’alarme en juillet 2012 lors d’un point

de presse à l’hôtel Bulungu en commu- ne Ibanda. Selon lui, les fonctionnai- res commis dans différents services de l’Etat malgré des notes de perception mises à leur disposition, établissent aux assujettis de vrais faux imprimés de va- leur non comptabilisés par la Direction Générales des Recettes Administratives et Domaniales, DGRAD. Il a démontré que le Sud Kivu, à titre exemplatif, perdait plus ou moins 22 mille dollars américains au cours de l’exercice 2011- 2012 pour seulement un acte. L’élu de Mwenga voulait demander à se pairs de voter une recommandation urgente à adresser à l’exécutif provincial afin de le pousser à renforcer le droit de regard sur tous les imprimés de valeur établis par la DGRAD et si possible les codifier pour suivre la chaine des opérations du trésor public.

La dette intérieure a été payée à l’or- dre de 7,49% soit un total de plus de 91 millions de FC. Pourtant la Regideso réclame au Gouvernement un montant de 450 mille dollars à titre de consom- mation d’eau. Le tableau des dépenses présenté par le Gouverneur ne donne pas malheureusement le répertoire des ses créanciers.

Pour revenir à la Regideso, la députée Kinja a renseigné que le projet portant programme d’urgence d’autosuffisance alimentaire, PUAA, initié pour alimen- ter entre autres le quartier Nguba en eau potable est à ¾ de sa réalisation et ne manque que 100 mille dollars pour son aboutissement. Kinja se dit être surprise qu’à la page 35 du dernier numéro du Magazine «Echo de la pro- vince du Sud Kivu», 3ème année, il soit écrit ce qui suit : «Toutefois la Regideso a débuté les travaux d’approvisionne- ment du quartier Nguba, en commune d’Ibanda, à Bukavu à partir du lac Kivu, travaux financés à l’ordre de 400 mille dollars et qui ont été achevés au cours du mois de juillet 2012 ».

La population de cette partie de la ville sait que ce n’est pas vrai, elle qui a

trop souffert de la pénurie en eau. Elle mérite une attention particulière. Le gouvernement dans son accompagne- ment ne peut-il pas payé même les 100 mille dollars manquants à la Regideso pour terminer son travail ? Quant à cet- te dernière, elle doit aussi des explica- tions à la population. Comment a-t-elle utilisé le fonds lui alloué par la Banque mondiale pour ce travail qui n’est pas arrivé à son terme. Les députés de- vraient chercher à le savoir.

Mystère

Le mauvais choix opéré par le gou- vernement dans l’exécution du budget est l’importance des fonds alloués à certains domaines. Il est inconcevable qu’un budget réalisé à 40 % puisse pri- vilégié les rémunérations du personnel, on les réalise à 119 % ; payer les pièces de rechange pour leurs véhicules 121%, carburant 206% ; frais de fonctionne- ment des services de la division genre, famille, enfants, réalisé à 546%. Une vraie énigme !

Par contre, d’autres secteurs sociaux ont vu leurs allocations ne pas être considérées. Tels livre, abonnement bibliothèque avec 0,89% soit presque 300 mille FC, matériel éducatif 0%, matériel médico-chirurgico 0%,-cela frustre. Quand ces autorités tombent malades, c’est outre-mer qu’ils vont se faire soigner- fertilisant, engrais, in- secticides 0% , semences et fertilisants 0%, - alors que les principales plantes qui nourrissent la population du Sud Kivu sont malades : manioc et banane

et qu’on ne sait pas y trouver solution-.

Comment ces secteurs peuvent être dé- laissés alors que le Gouvernement cen- tral vient de transférer la charge de la santé et de l’agriculture à la province ? L’entretien des routes et la réparation d’ouvrages 0%, indemnisation pour préjudice causée par la province 0%, constructions diverses (micro projet dans les territoires) 0,29% c’est-à-dire 10 millions de francs congolais à repar- tir pour 8 territoires ! C’est l’équiva- lent de 1 400 dollars par territoire. Ca s’appelle se moquer des territoires d’où proviennent 31 de 36 députés provin- ciaux . C’est qui a fâché David Ombeni.

Il a lâché : « A cette allure, c’est nous qu’on ne veut pas voir députés au man- dat prochain ».

Des fleurs tout de même

Au vue des résultats du tableau du Gouverneur, la réalisation par Minis- tère laisse à désirer. Incompétence ou vol? Il y a lieu de se demander si Cis- hambo ne peut pas travailler avec seu- lement trois ministres vertébrés. C’est là que le remaniement tant demandé a son sens. Cishambo devrait en tenir

compte ou profiter des faibles réalisa- tions de ses ministres pour remplacer la majorité de défaillants. En a-t-il la liberté quand on sait que nombreux lui ont été recommandés ?

Le ministère de l’intérieur tant décrié, a réalisé, contre toute attente, des re- cettes de l’ordre de 55% dans ce budget.

Plus de la moitié ! Il est suivi de celui de transport et communication avec 33%.

Ces deux Ministres, Etienne Babunga et Laban Kyalangalilwa, à la demande de certains députés, doivent être recon- duits pour leur performance dans cette équipe visiblement des «invertébrés».

Que font les 8 autres ministères si deux peuvent réaliser 88% de recettes. Une équipe des perdants ne peut pas indé- finiment et impunement continuer à jouer .

Chapeau bas à Cishambo qui est en train de réhabiliter la voirie urbaine, même si cela soit normal et cadre avec les prérogatives quotidiennes de tout exécutif. On l’a vu, avec ses ministres, les membres des cabinets de ces der- niers abandonner leurs bureaux pour superviser, depuis début novembre, des travaux de voirie urbaine à la satisfac- tion des uns et l’incrédulité et critiques acerbes des autres. Un acteur politique du Sud-Kivu, Aimé-Jules Murhula di- sait sans sentiment: «Une province doit avoir une vision. Je ne connais pas celle du Sud-Kivu». Occasions qu’affec- tionne Cishambo pour étaler à la face de ceux qui veulent l’entendre sa verve oratoire mais surtout la répugnance qu’il a vis-à-vis des Bukaviens qui lui tiennent tête. Il n’aime pas la contra- diction, ont remarqué singulièrement les journalistes affranchis, qu’il prend souvent à partie et qu’il traite de tous les maux à chaque fois qu’il est devant ses hôtes. Cette fois il a trouvé l’occa- sion de se venger avec la réhabilitation de la voirie urbaine. Même quand à la place Munzihirwa en «réhabilitation du tronçon », le numéro un de la police, un Général, à coté du Gouverneur, se rabat dans un rôle d’un policier de cir- culation routière et que le Gouverneur, pendant des jours, est le conducteur des travaux, personne ne doit piper mot. A chacun sa tâche et la cité sera bien diri- gée, c’est cela la division du travail.

Mais il serait aussi du droit de la po- pulation de savoir combien d’argent sortent pour cette rehabilitation. Si pour cette tâche, il faut 20 millions de dollars comme cela a été entendu sur certaines chaînes de radio de la place, alors les Bukaviens doivent circuler sur des routes à la norme internationale, pas du saupoudrage. Déjà le 26 octo- bre, le député Mushekuru demandait des comptes à l’exécutif provincial sur l’argent sorti du trésor public depuis plus d’un an pour l’achat de l’asphalte à Kampala, matière qu’on a jamais vu arriver à Bukavu. Quelle somme est sortie? Qui s’en chargeait ?

La population doit se faire violence en venant assister aux plénières de son Assemblée provinciale qui sont ouver- tes à tout le monde. Peu de gens vien- nent suivre le travail de leurs élus et se faire l’image de chacun d’entre-eux.

Economie s

Sud-Kivu/ Budget 2011

Se servir ?

Baudry Aluma

Le Gouverneur de la province, Marcellin Cishambo a répondu au peuple du Sud-Kivu via son Assemblée provinciale sur les questions ayant trait au rapport d’exécution de son budget de l’année 2011 et le premier semestre 2012. Rapport d’exécution réaliste ou vaine tentative d’explication de 0% d’exécution dans plusieurs secteurs? Décryptage

Gouvernement provincial défendant devant l’Assemblée provinciale l’exécution de son budget 2011

Le Souverain | Novembre-Décembre 2012 Le Souverain | Novembre-Décembre 2012

« Taux de réalisation: taxe sur consommation des jus et eau minérale 0%, autorisation de bâtir 0% ... »

in rapport d’exécution du budget 2011 du gouvernorat de la province

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Societe s 7

Gestion des recettes du Sud-Kivu en 2011

Les chiens aboient, les maîtres mangent

L

a salle exiguë de l’Athénée d’Ibanda, bureau provisoire de l’Assemblée, est archicom- ble le 13 décembre. Tour à tour, les 54 chefs de division du Sud Kivu expliquent les contrats de per- formance signés entre eux et le gou- vernement provincial. Ils n’hésitent pas à délier leur langue devant les dé- putés. Leurs ministres de tutelle sont humiliés. La plénière est houleuse et l’exercice périlleux. Plusieurs contra- dictions sont relevées entre les mon- tants repris sur le rapport d’exécution du budget 2011 et premier semestre 2012 et les données présentées par les chefs de division. Nous nous en vou- drons à Le Souverain de ne prendre que deux services.

A la division de l’économie, le mon- tant réalisé en 2011 est évalué à plus de 21 millions de francs congolais, soit 84,11%, alors qu’il est estimé à en- viron 18 millions, soit 11, 64%, dans le rapport d’exécution du budget. Au premier semestre 2012, plus de 39 millions FC de recettes ont été réa- lisées pendant que le rapport d’exé- cution du budget 2012 n’en présente qu’environ 19 millions de FC. C’est le chef de bureau Eninga Eshiyamba qui présente magistralement les recettes réalisées par ce service au nom de son chef de division.

A la division provinciale de la santé, les réalisations inscrites sur le rapport de la province sont de l’ordre d’envi- ron 5 millions 390 mille francs congo- lais pour 2011 . Le médecin inspecteur provincial de la santé, Dr Manu Bu- rhole Masumbuko ne s’encombre pas de grands mots pour faire jaillir la lu- mière. Il affirme avoir mobilisé envi-

ron 8 millions 500 milles francs, quel- que 3 millions de francs congolais se seraient volatilisés.

Pour le 1er semestre 2012 , le mon- tant inscrit sur le rapport de la provin- ce est d’environ 7 millions 140 mille francs congolais alors que l’inspection provinciale de la santé déclaré avoir perçu plus de 10 millions de francs congolais, soit une différence de plus de 3 millions 600 mille francs congo- lais. Manu Burhole précise que la taxe d’ouverture des établissements des soins est omise sur le rapport d’exé- cution des budgets du gouvernement alors qu’elle est activée et a fait des réalisations.

Plusieurs taxes ont affiché zéro francs en 2011 sur le rapport alors qu’elles ont généré des recettes. C’est le cas de la taxe sur la mise sur le mar- ché des produits cosmétiques qui a généré environs 1 millions 110 milles francs congolais et le frais de certificat de bonne santé environs 160 milles francs congolais. En 2012, le certi- ficat d’aptitude au travail et fiche mé- dicale individuelle a généré 202 mille francs et le frais de bonne santé; envi- rons 180 milles francs congolais. Ces constats sont également relevés dans d’autres divisions dont les responsa- bles en province ont défilé devant les élus du peuple.

Où va tout cet argent destiné au trésor public ?

Le président de l’organe délibérant a averti: tolérance zéro. Sévir et ap- pliquer cette courte phrase aiderait la province à sortir de la mauvaise gou- vernace. Le dire ne sera pas non plus l’occasion que toute une plénière se

penche sur comment Le Souverain se donne le courage de dénoncer les faits.

Et pourtant les députés devraient être derrière ce journal dans son combat pour son indépendance et pour le bien être des Sud- Kivutiens. Va-t- il l’appliquer pour démentir les ru- meurs sur la complicité de son bureau et le gouvernement provincial. Les responsables de cette disparité, s’elle est établie, doivent subir la rigueur de la loi et être sévèrement sanctionnés.

L’autorité budgétaire a adopté le projet d’édit portant budget du Sud- Kivu pour l’exercice 2013. Il est de l’ordre de 112 milliards de FC. Ce budget a été adopté le 26 décembre moyennant amendement.

Les 112 milliards équivalent à un accroissement de 4% par rapport au budget de l’exercice 2012 qui était de 107 milliards de FC. L’adoption est intervenu après que la commission économico-financière ait étudié et amendé le projet d’édit. Au premier semestre de l’exercice 2012, le budget a été exécuté à 20,4% soit une projec- tion linéaire de 40,8%.

Où sont passés les six milliards de francs congolais ?

Bien avant, une commission spéciale de l’Assemblée provinciale a contrôlé 23 divisions et services provinciaux après confrontations des recettes réa- lisées durant les exercices budgétaires 2011 et 2012 qui ont été présentés par le Gouvernement provincial. La com- mission a découvert un manque à ga- gner d’un peu plus de 6 milliards de FC soit plus de six millions et demi de dollars. Ce montant n’est pas apparu dans le rapport présenté par l’exécu- tif provincial alors qu’il a été versé par les divisions provinciales dans le compte de la province.

Comment sont gérées les recettes de l’Etat au Sud–Kivu? Les chefs de division démontrent que l’argent du contribuable est dilapidé. Les députés provinciaux ouvrent la boîte à Pandore.

Plus de 6 millions de dollars volatilisés. Les sous s’évapore- raient entre les divisions et les ministères. Reportage.

Une vue du bureau de l’Assemblée provinciale et des quelques ministres provinciaux lors d’une plénière à l’Athénée d’Ibanda

Le Souverain | Novembre-Décembre 2012 Le Souverain | Novembre-Décembre 2012

L

e Mwami Simon Ndare Simba, chef de la collectivité-chefferie de Bafuliru est mort le 22 décembre 2012 à Nairobi au Kenya. C’est là qu’il a été transféré après un accident car- dio vasculaire à Uvira.

Sa dépouille est arrivé à Bukavu via l’aéro- port de Kavumu le vendredi 28 décembre.

Il a été enterré dans son Lemera natal le samedi 29 décembre. Il laisse une femme et quatre orphelins. Que son âme repose en paix.

Qui est Mwami Ndare Simba ?

Il est né à Lemera dans la collectivité- chefferie de Bafuliru le 6 juin 1954. Il a fait ses études primaires à l’école primaire Saint François de Kadutu, secondaire à l’institut Bwindi de Bagira à Bukavu. Son cursus universitaire, il l’a effectué en Euro- pe, en France notamment. Il a une maîtrise en Théologie. Il est également doctorant en sociologie de la prestigieuse Sorbonne. Il a effectué des études accélérées en Anglais à Stockholm et à Londres.

Il a été intronisé Chef de la collectivité chefferie de Bafuliru en 1976 et a parti- cipé à la Conférence nationale souveraine de 1991 à 1992. De 1992 à 1993 il a été Administrateur de la Sucrerie de Kiliba et conseiller de la République, membre du Haut Conseil de la République/Parlement de transition. De 1997 à 1998, il est Pré- sident des Bami du Sud-Kivu, COBASKI.

En 2005, il est Président du Barza inter- communautaire du Sud-Kivu. En 2006 il est élu député provincial du Sud-Kivu au compte du parti DCF/Cofedec .

ADIEU MWAMI NDARE Nécrologie

Baudry Aluma

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8 Page d’histoire

Inoubliable

Trois évêques, une cathèdre, un destin

Octobre rappelle aux Sud Kivutiens le mois de la mort de leurs trois archevêques: Munzihirwa, Kataliko et Mbogha. L’abbé Richard Mugaruka, professeur à l’Université catholique du Congo (UCC) a été abordé, il y a plus d’un an par le quotidien kinois « le Potentiel » pour parler de ces hommes de Dieu et de leur engagement dans la résistance de la population du Kivu.

Interview

Mgr Munzihirwa: pasteur «mhudumu» a passé sa vie d’Archévêque à blâmer haut et fort les tentatives de balkanisation du pays

L

e Potentiel: Les Congolais, se trouvant à 2000 km du Kivu, connaissent mal cet- te région où on a toujours parlé de Mgrs Kataliko, Munzihi- rwa et Mbogha. Ils savent qu’ils sont morts. Mais qui étaient-ils ? Abbé Mugaruka: Si on veut parler de manière explicite, détaillée et claire de Mgr Emmanuel Kataliko, surtout de son œuvre, au-delà de sa personne, il faut l’inscrire dans la suite de trois archevê- ques de Bukavu qui ont été confrontés à la problématique de l’invasion et de l’agression de la RDC à partir de 1994, année du génocide au Rwanda. Génoci- de qui a donné lieu à la ruée de plus de 2 millions de réfugiés rwandais en RDC.

C’est dans la suite de cette guerre d’in- vasion, d’occupation commanditée par les grandes puissances qui pensaient que l’heure avait sonné de balkaniser le Congo et de s’emparer de sa partie orientale et piller ses ressources natu- relles. C’est dans les conséquences, et la manière dont la population a résisté à cette guerre lui imposée, qu’il faut situer l’action pastorale de ces trois ar- chevêques. Mgr Christophe Munzihirwa a été archevêque de Bukavu de 1994 à 1996, Mgr Emmanuel Kataliko, qui lui a succédé, de 1997 à 2000 et Mgr Charles Mbogha, de 2001 à 2005. C’était vrai- ment la période de la grande résistance de la population de l’Est à l’invasion de la RDC par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi instrumentalisés par les grandes puissances américano-britan- niques qui, comme je l’ai dit, pensaient que l’heure était venue de s’emparer finalement de cette partie du pays que Louis Michel a appelé « le coffre-fort du Congo ». Où vous avez une diversité de minerais, en particulier ceux dits straté- giques qui intéressent au plus haut point les grandes puissances parce qu’ils sont utilisés dans les industries de pointe, en particulier dans l’industrie militaire.

Donc, Mgr Munzihirwa a été parmi les tout premiers Congolais à découvrir les causes profondes de la guerre qui nous était imposée. En fait, cette guerre avait commencé déjà par l’assassinat du président hutu rwandais Habyarimana.

A travers cette guerre du Rwanda, c’est le Congo et ses minerais qui étaient vi- sés. Et cela va être justifié par l’arrivée de grandes multinationales occidenta- les pour les minerais de l’Est à l’issue de cette guerre. Il vous souviendra que le Rapport du Panel de l’Onu a épinglé 84 entreprises occidentales qui, à la suite de cette guerre-là, ont commencé à par- ticiper au pillage des richesses naturel- les du Congo via le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Donc, Mgr Munzihirwa

a été le premier à découvrir cela, peut- être parce que de par son état de Père jésuite, il avait des ouvertures et des contacts avec le monde international et qu’il pouvait avoir accès à des person- nes qui pouvaient lui révéler les causes profondes de la guerre. C’était donc la balkanisation du Congo et on commen- çait à s’emparer de ses richesses.

Mais lorsque Mgr Munzihirwa a com- mencé à parler, personne ne l’a com- pris. On l’a pris pour un rêveur. Les lob- bies pro rwandais l’ont fait passer pour un tribaliste, un raciste qui était anti- tutsi. Il était combattu même au sein de l’Eglise. Beaucoup de ses confrères, qui étaient manifestement pro rwandais, ont été, d’ailleurs, sanctionnés par l’Eglise à la suite de leurs prises de position qui étaient tellement partiales qu’elles sont devenues insupportables parce que lorsque votre tribu commet des assassi- nats, si vous êtes un chrétien, a fortiori un évêque, vous devez condamner cela au nom de l’Evangile, au nom du Christ.

Mgr Munzihirwa était combattu de tou- te part. D’abord, par ceux qui ne l’ont pas compris. Ensuite, par les autorités congolaises qui l’interpellaient. Et qui, comme d’habitude, lorsqu’on leur dé- voile leurs limites, elles pensent qu’on les attaque.

Ici, au Congo, nous sommes le seul pays où les dirigeants ne tiennent pas compte de remarques du peuple. Ils pensent que le peuple doit être soumis à eux alors que c’est le contraire qui doit se faire. Mais ils s’imaginent que être dirigeant, c’est être omnipotent, omniscient, en dehors de toute critique.

Donc, il était véritablement traqué par les autorités congolaises. Je n’entre pas dans les détails. Mais je vous apprends que j’ai travaillé très étroitement avec les trois archevêques décédés au Kivu depuis l’entrée de l’Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Et je connais de l’inté- rieur l’action qu’ils menaient, eux qui étaient dans les régions perturbées. Ce qui fait qu’ils avaient besoin d’un relais extérieur pour voir ce qu’ils vivent et mènent comme combat.

Mgr Munzihirwa a eu beaucoup d’en- nemis aussi bien parmi les Congolais que parmi, surtout, les étrangers qui, eux, le traitaient d’obstacle à la réali- sation de leurs projets, leurs ambitions hégémoniques. C’est à l’occasion de la première invasion du Congo par les Rwandais qu’il est mort, le 29 octobre 1996.

Mgr Munzihirwa avait compris aussi que, bien que la guerre nous impo- sée était menée par les Rwandais, les Ougandais et les Burundais, ceux-ci n’étaient que des instruments de la

communauté internationale. C’est pour cela que, dès le début, il a commencé à écrire à cette communauté internatio- nale pour lui dire de faire attention à ce qu’elle était en train de faire, et qui n’était ni moralement ni légalement acceptable. Il sera malheureusement assassiné lors de la première agression des Rwandais lors de leur entrée à Bu- kavu. C’était, d’ailleurs, la veille de la création de l’AFDL. C’est l’œuvre du conglomérat réuni à Lemera pour si- gner les accords du même nom et dont on connaît, aujourd’hui, les clauses et dans lesquelles il est indiqué clairement que les Rwandais soutenaient un mou- vement à condition que les Congolais leur cèdent une partie orientale de leur territoire. C’est noir sur blanc dans ce qu’on appelle les accords de Lemera.

Le Potentiel: Quand est-ce qu’est décédé l’autre archevêque, Mgr Charles Mbogha ?

Abbé Mugaruka: Il est décédé en oc- tobre 2005. Mais entre lui et Mgr Mun- zihirwa, il y a eu Mgr Kataliko qui était à Bukavu de 1996 à 2000. Il est décédé

le 4 octobre 2000.

Le Potentiel: Dans quelles condi- tions sont morts Mgrs Kataliko et MBogha ?

Abbé Mugaruka: D’abord, Mgr Mun- zihiriwa a été tué à côté du petit marché de Nyawera à Bukavu, devenu d’ailleurs Place Mgr Munzihiriwa.

Le Potentiel: Tué donc en dehors de l’archevêché ?

Abbé Mugaruka: Lorsqu’on a attaqué Bukavu, il se trouvait à l’archevêché.

Dès qu’il a entendu les premiers crépi- tements des balles, gardé par un soldat, il a pris sa voiture pour se rendre au col- lège Alfajiri chez les Pères jésuites. C’est là qu’il avait toute sa documentation et où il rédigeait ses lettres pastorales pour inviter la population à la résis- tance. C’est quand il est arrivé à la hau- teur de Nyawera qu’il a été arrêté par des soldats rwandais. Il est descendu de la voiture et s’est présenté. Les soldats rwandais ont demandé des instructions à leurs chefs qui leur ont dit qu’il fallait l’abattre. Et il a été abattu à bout por- tant avec une balle dans la nuque. Ce sont les novices des Pères Xavériens qui habitent tout près de là, dans la région qu’on appelle Vamaro qui sont venus récupérer le corps. Mais comme les Rwandais étaient encore en train d’oc- cuper la ville, il a été enterré dans des conditions très obscures, aussi hum- blement, petitement sans cérémonie, ni fanfare ni oripeaux. Il a été enterré comme il a vécu.

Quant à Mgr Emmanuel Kataliko, il est mort, comme je l’ai dit, le 4 octo- bre 2000 à Rome à l’hôpital Saint Jo- seph de Marino. Que s’est-il passé avant cela? Mgr Kataliko est venu à Kinshasa pour participer à la réunion des évê- ques. Mais il s’est précipité de rentrer à Bukavu parce la population qui résistait avait besoin de son pasteur qui était à

«Nous devons nous défendre. Mais c’est quelque chose que nous avons perdu aujourd’hui.

Les Congolais sont devenus des émasculés, des

défaitistes…»

Abbé Richard Mugaruka, professeur à l’université catholique de kinshasa/RDC.

Le Souverain | Novembre-Décembre 2012 Le Souverain | Novembre-Décembre 2012

Photo: Crédit libre

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