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Les archives de la ville de Liège montrent bien que la volonté était de répertorier les victimes liégeoises jusqu'à l'annexion

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Academic year: 2022

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Cette stèle reprend les noms des hommes décédés au Congo entre 1876 et 1908, période pendant laquelle après conférences et Traités le Congo est reconnu territoire indépendant mais confié à la gestion du Roi Léopold II.

Les archives de la ville de Liège montrent bien que la volonté était de répertorier les victimes liégeoises jusqu'à l'annexion.

Qui étaient ces hommes?

36 militaires, 28 employés, 8 ouvriers, 2 missionnaires, 1 magistrat, 1 médecin.

Pour la plupart, des sous-officiers de l'armée détachés des casernes.

En 1890, il y a 175 belges au Congo et effectivement au moins 1/3 d'entre eux perdront la vie.

Ils étaient agents territoriaux ou fonctionnaires, responsables de l'exploitation du pays.

Leurs salaires étaient versés depuis la Belgique sous forme de solde, salaire qui pouvait être doublé par l'octroi de deux sortes de primes.

La première est liée aux quotas de matières comme l'ivoire mais surtout le caoutchouc récupéré, racheté ou exigé des villageois.

La seconde a vu le jour suite à la nécessité d'augmenter le contingent de la Force Publique, l'armée en place, et l'apport de main d'œuvre pour la production. Dans un premier temps, elle est nommée prime de recrutement.

Les recrutés étaient appelés des « libérés ». Ils étaient soit rachetés à leur propriétaire, soit volés, soit ramenés de force des différents villages. Le mot d'ordre était de les déplacer de leur région d'origine pour qu'ils ne soient pas tentés de s'échapper malgré les chaînes aux pieds.

Ils devaient servir pendant 7 années avant d'être promis à la liberté. Malheureusement, leurs conditions de vie ne leur permettaient pas de survivre aussi longtemps.

Au fil des années, ces primes changèrent de nom pour devenir "allocation de retraite" : un terme qui est moins attaquable. Car sur la scène internationale, Léopold II est mis en cause dans des rapports de mission effectués par des Américains et des Anglais sur le système d'esclavage mis en place.

De 1876 à 1908, 76 Liégeois perdent la vie soit à cause des révoltes villageoises, soit à cause de maladies.

De 1876 à 1908, près de la moitié de la population congolaise est décimée par les tueries, les mauvais traitements et les maladies importées du continent européen.

Alors guerre pour la civilisation, je suis un peu troublée face à cette évocation.

Je me dois cependant de replacer cette stèle dans son contexte historique.

La demande en a été faite dès 1930 par l'association des anciens d'Afrique et concrétisée en 1934.

Je me suis demandée si la première entrée de l'extrême droite au conseil communal de Liège en 1932 avait pu influencer la décision. Or, ce n'est pas du tout le cas. La majorité de l'époque est socialiste libérale et les deux seuls élus du parti national d’extrême droite n'influencent aucunement le conseil.

Mais à cette époque, la Belgique comme le reste du monde est touchée par la récession économique. Liège est fortement atteinte et nombre de ses jeunes hommes se trouvent sans emploi.

L'inauguration de la stèle a lieu le 24 juin 1934, à la fin de la journée coloniale liégeoise. Le Bourgmestre Xavier Neujean dans son discours inaugural, rappelle aux jeunes adultes liégeois que si ici la situation est difficile, un meilleur avenir leur est certainement promis dans les colonies.

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A cette époque, les colonisateurs belges sont donc très valorisés car ils oeuvrent aussi à sortir la Belgique de la crise. Les manuels d'histoire et d’autres écrits les traitent en héros pour leur mission humanitaire et libératrice.

Plus près de nous, je voudrais citer la commission Lumumba et sa conclusion qui reconnaît au moins une responsabilité morale de la Belgique dans cette affaire et promet une commission parlementaire spéciale qui traiterait de la colonisation.

Plus proche de nous encore, le musée de l'Afrique de Tervuren dans son exposition "la mémoire du Congo" décrit l'histoire coloniale, un sujet controversé. Les organisateurs reconnaissent les côtés sournois de la domination coloniale qui était ciblée sur la rentabilité économique et qui a été accompagnée d'une violence extrême. Mais en même temps, ils prétendent que cette oppression s'est limitée à la période du caoutchouc, de 1880 à 1908, celle qui nous intéresse justement aujourd'hui.

Le MR, à l'occasion de cette exposition a invité ses membres à la visiter.

M. Louis Michel s'est exprimé de la sorte, je le cite ": Il faut être fiers de ce que nous avons fait de bien mais il faut aussi reconnaître les aspects moins honorables de la colonisation".

Et pour amener ma conclusion, je citerai aussi une phrase évoquée lors de cette journée "c'est l'occasion d'aller à la rencontre de notre passé et de parler d'un avenir commun".

Et c'est bien de cela qu'il s'agit aujourd'hui.

A la lumière de tous ces éléments, toute l'incongruité de la stèle portant l'inscription « morts pour la civilisation » parait évidente.

Il ne s'agit pas de jeter l'opprobre sur la situation individuelle des hommes dont les noms y sont gravés.

Sans doute étaient-ils des gens comme vous et moi, empreints peut-être de motivations louables et d'idéaux. Qu'ils reposent à jamais en paix, il nous appartient aussi de veiller au respect de leur mémoire.

Cependant, le malaise consiste à vouloir maintenir à tout prix dans un lieu éminemment public un symbole qui donne de l'histoire coloniale belge un point de vue biaisé, à sens unique, qui nie nécessairement tout l'effort de mémoire en cours et par-là même ceux avec qui Liège veut construire un avenir commun. En mettant en place tant de relations amicales et de projets de coopération dans notre ville et aussi au Congo, Nous, conseil communal, oeuvrons avec force à cet avenir commun. Nous devons alors poser ce geste difficile mais courageux pour que Liège écrive encore une page de l'Histoire.

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