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07 04 18/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Chers Visiteurs et Abonnés,

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Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyez www.CongoForum.be Encore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra:helene.madinda@gmail.com.

SOMMAIRE

La sortie médiatique de Shadary sur RFI déclassant, de facto, le candidat déclaré Moïse Katumbi de la présidentielle ainsi et le débat autour de la machine à voter ont notamment dominé la presse parue à Kinshasa en ce samedi 7 avril 2018.

Katumbi

Le Potentiel titre à la Une sur la sortie médiatique du secrétaire permanent du parti présidentiel (PPRD) autour des affaires judiciaires de Moïse Katumbi,: « Acharnement judiciaire contre Katumbi : le verdict de Shadary avant le procès ».

Il constate qu’alors que « Moïse Katumbi, candidat d’ « Ensemble pour le changement » à la présidentielle de décembre 2018, fait l’objet d’un acharnement devant les instances judiciaires, Shadary rend déjà le verdict. « ‘‘C’en est fini pour lui. C’est terminé’’, tranche- t-il, se substituant ainsi à la justice », écrit Le Potentiel. Ce tabloïd se demande s’il était question d’une « maladresse politique, excès de zèle ou amateurisme » de la part de Shadary. En tout cas, « tout y passe après le passage, vendredi sur les antennes de RFI, d’Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du PPRD », rajoute ce journal.

Cas-Info.ca fait parler un avocat au sujet de cette déclaration de Shadary et titre : « Une sorte d’injonction implicite faite à la justice ».

Répondant aux questions de ce média en ligne, Me Hervé Diakiese pense qu’il s’agit « d’un grave dérapage. Pour une haute personnalité de son rang, président du Groupe parlementaire du parti présidentiel à l’Assemblée nationale, ministre de l’intérieur et aujourd’hui Secrétaire permanent du PPRD, il faut prendre au sérieux ce genre de déclarations. Ce sont des propos susceptibles d’influencer le cours de la justice. », indique cet avocat. « En proclamant sur une grande radio internationale qu’un justiciable était d’office condamné, Emmanuel Shadary porte atteinte à la présomption d’innocence qui est pourtant garantie par la constitution et les lois congolaises ».

Elections et Machine à voter

Actualité.cd parle des doublons élagués par la CENI et titre : « La CENI affirme avoir radié 5 381 763 doublons et 902 290 mineurs ». La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a publié, ce vendredi 6 avril 2018, les statistiques des électeurs par entités électorales, annonce ce site. « Selon ces statistiques présentées par Corneille Nangaa, président de la CENI, le fichier actuel compte au total 40 287 385 électeurs. 5 381 763 doublons ont été radiés et 902,290 mineurs. », rapporte ce site

« Machine à voter en RDC : à Séoul, la commission électorale coréenne saisit la justice », annonce RFI relayée dans les colonnes du Potentiel. « La Commission électorale de Corée a saisi la justice de son pays après des soupçons de malversation contre le secrétaire général d'A-web, une association mondiale de Commissions électorales, basée en Corée,

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qui faisait justement la promotion de la machine à voter au Congo », annonce ce média international. Kim-Yong Hi est soupçonné, selon RFI, d'avoir favorisé la société coréenne Miru, alors que son organisation est censée favoriser la transparence du processus électoral. « La Corée du Sud avait déjà, ces derniers jours, dénoncé l'usage de cette machine au Congo, en évoquant des risques », rappelle cette radio. (Voir l’article entier ci- dessous dans notre partie « internationale ». NdlR)

Mais la machine n’a pas que des ennemis. Alors que l’opinion a toujours qualifié l’International Crisis Group comme opposant de la Commission Électorale Nationale Indépendante, les responsables de l’ICG, à la surprise de tous, croient fermement en la tenue des élections en RDC, le 23 décembre 2018. Car, ont-ils affirmé, « toutes les conditions sont réunies ».

Dans un rapport publié le jeudi 5 avril 2018, l’ONG de prévention des conflits Internationaux à appelé les parties prenantes au processus électoral congolais à redoubler d’efforts pour que les élections soient les plus crédibles que possibles.. Pour les experts de l’ICG le contexte politique en RDC a changé. Par conséquent, il faut en profiter.

« Les récentes déclarations du président JKK et les décisions de la CENI démontrent que les élections se tiendront cette année. L’enjeu est désormais de faire le maximum pour que les scrutins soient bien organisés ».

Pour cela, l’ONG internationale propose une série de mesures. Il s’agit, notamment, d’autoriser tous les candidats à participer aux élections sauf s’il y a des obstacles légaux réels; que la sécurité des candidats soient garanties. Enfin, que ceux qui ont la charge de financer les élections donnent, de manière détaillée, les budgets pour plus de transparence et que la CENI et le Gouvernement prennent des décisions pour redonner la confiance aux électeurs.

Concernant la machine à voter, l’ICG a conseillé aux congolais de ne pas la rejeter mais plutôt limiter leur utilisation aux endroits où il y a l’électricité et où elles peuvent être accessibles et aussi de faire procéder à leur vérification par la société civile et l’opposition pour éviter tout soupçon de tricherie.

ACPLe Bulletin de l’ACP annonce le changement dans sa direction et titre : « Les nouvelles autorités de l’ACP prennent leurs fonctions ».

L’agence rapporte que les nouveaux dirigeants de l’Agence congolaise de presse (ACP), Nicole Dimbambu Kitoko, présidente du conseil d’administration, Lambert Kaboy, directeur général et Sébastien Luzanga Shamandevu, directeur général adjoint, récemment nommés par ordonnance présidentielle, ont pris vendredi leurs fonctions, au terme d’une cérémonie de remise et reprise organisée dans la salle de conférence de l’Agence, en présence du ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende Omalanga.

Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.

L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacun de ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable.

Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout le processus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:

1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernier recensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiser des élections .

2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutre et apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.

3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en fin de mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personne consensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.

4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitement indépendant.

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5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent être parfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats que des observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être, soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles ne concernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de

« gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).

6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales et locales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours.

7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il ne saurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’on s’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple à l’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée.

L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectif de la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des pays africains eux-mêmes.

Presse et documents étranger

Entre Bruxelles et Kinshasa, des rapports sibériens…

Colette Braeckman – Le Soir – 30 mars 2018

Retenu ? Suspendu ? En congé forcé ? Depuis le 29 janvier, Bertrand de Crombrugghe, ambassadeur de Belgique à Kinshasa a quitté son poste, rappelé à Bruxelles en consultation à la suite de la brouille entre la Belgique et le régime Kabila. Initialement, il n’était parti que pour quelques jours, avec un bagage léger, mais voilà qu’à l’issue d’une série de réunions au département des Affaires étrangères, il a annoncé qu’il allait prendre des vacances… En son absence c’est le consul de Belgique à Lubumbashi, Philippe Bronchain, qui « assure » les affaires courantes, sans que sa présence rassure réellement la petite communauté belge qui se sent de plus en plus mal aimée.

Aujourd’hui sibérien, le froid entre Bruxelles et Kinshasa s’est installé depuis 2016. Où est le temps où Armand de Decker, Didier Reynders et Louis Michel s’envolaient pour Kinshasa puis Lubumbashi pour souhaiter « bon anniversaire » à un président dans lequel ils plaçaient encore beaucoup d’espoir et offraient de luxueux boutons de manchette à un homme qui préférait encore arborer des tenues sahariennes dont il relevait les manches ? C’est en 2016 que le vent a réellement tourné, lorsqu’il est apparu que l’engagement constitutionnel de tenir des élections d’ici la fin de cette cinquième année de deuxième et dernier mandat ne serait pas tenue. Auparavant, l’ambassadeur Latschenko, un ancien d’Afghanistan qui n’avait pas froid aux yeux, avait été remplacé par Bertrand de Crombrugghe. Ce dernier, alors qu’il était en poste à Moscou, avait été mêlé à l’affaire Suleiman Karimov . Lié aux protagonistes du Kazakhgate, ce ponte du régime avait invité le diplomate belge sur son yacht, de bonnes relations qui lui avaient permis de recevoir un visa pour la Belgique. La voie de garage indiquée à l’ambassadeur le mena à Genève, où il passa beaucoup de temps à suivre les travaux de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, puis à Kinshasa où il se démarqua de son prédécesseur par une attitude plus conciliante, dictée peut-être par sa relative faiblesse.

C’est qu’à Bruxelles, dès l’été 2016, en minimisant la capacité de temporisation des Congolais, maîtres des tempos longs de l’histoire, on s’était engagé dans une course de fond aux côtés des successeurs possibles de Kabila : le ministre Reynders avait lui-même patronné, à Genval, une réunion rassemblant une large part de l’opposition congolaise.

Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur du Katanga fut littéralement adoubé comme chef de file tandis qu’Etienne Tshisekedi le vétéran de l’UDPS apparut flanqué de son fils Félix, présenté comme son éventuel successeur.

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L’année 2016 s’étant terminée sans élections et la situation étant devenue explosive, les évêques du Congo réussirent à conclure l’accord dit de la Saint Sylvestre, prévoyant des élections en 2017 et, entretemps, la mise en place d’un gouvernement dirigé par un Premier Ministre issu de l’opposition. Bruxelles se réjouit de cet accord, y voyant une nouvelle source de légalité, mais la mort d’Etienne Tshisekedi, qui aurait dû diriger le Comité de surveillance des accords (CNSA) plongea son parti dans le désarroi. Joseph Kabila, habile manœuvrier, suggéra à l’opposition de lui proposer trois noms pour le poste de Premier Ministre, ce qui suscita, sans surprise, une âpre bataille qui fut tranchée d’autorité par la nomination du Premier Ministre actuel Bruno Tshibala. Ce dernier avait accompagné Etienne Tshisekedi et son parti l’UDPS durant des décennies et cet homme qui, à l’époque ne possédait même pas une maison à Kinshasa, fut aussitôt accusé par ses rivaux de s’être laissé acheter par un Kabila utilisant désormais les mêmes méthodes que Mobutu… Didier Reynders assura aussitôt que l’esprit des accords de la Saint Sylvestre n’avait pas été respecté. Même si le jugement était exact sur le fond, le ministre, en le formulant de manière abrupte, s’enfonçait davantage encore dans la « cuisine politique » congolaise pour ne pas dire dans le poto poto, ce qui fut mal perçu à Kinshasa.

Tout au long de l’année 2017 la crise s‘est accentuée, non seulement au Congo, mais aussi entre Kinshasa et Bruxelles : dans le pays, la violence s’est étendue, en particulier dans le Kasaï et en Ituri, jetant le doute sur la faisabilité des élections, la dépouille d’Etienne Tshisekedi n’a toujours pas été rapatriée… Alors que Moïse Katumbi était souvent reçu aux Affaires étrangères et apparaissait comme le favori des Belges, Kinshasa soupçonnait la Belgique d’avoir aidé l’Europe à dresser la liste des personnalités congolaises sanctionnées et interdites d’accès sur le territoire de l’Union. En réalité, alors qu’auparavant la diplomatie belge agissait plutôt en coulisses, sous Reynders, elle tenta d’affirmer son leadership sur le Congo, Bart Ouvry représentant l’Union à Kinshasa tandis qu’à Bruxelles c’est Koen Vervaeken qui est directeur Afrique de l’Union. Même la députée socialiste européenne Marie Arena, très active au Parlement européen et prônant une politique de sanctions, est perçue par Kinshasa comme une autre facette d’une politique belge offensive.

Le camouflet subi lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade de Belgique a traduit le malaise : alors que l’ambassadeur de Crombrugghe avait averti Bruxelles du fait qu’aucun officiel n’aurait l’autorisation d’assister à la cérémonie, Didier Reynders tint à faire l’aller retour mais, comme frappé par une « fatwa » présidentielle, il ne rencontra aucune personnalité congolaise.

Les manifestations des chrétiens congolais ont évidemment aggravé la situation. L’opinion belge a été choquée par l’usage excessif de la force, par des images montrant des policiers profaner des églises et tirer à balles réelles sur des chrétiens, à tel point que le pouvoir politique, se sentant soutenu par la population, a durci les mesures : Alexander de Croo a annoncé, par voie de presse, la réaffectation de 25 millions d’euros destinés à la coopération, frappant ainsi la population congolaise plus que l’élite au pouvoir.

Les mesures de rétorsion n’ont alors pas tardé : réduction des fréquences de Brussels Airlines (et cela alors que les Allemands menaçaient de faire disparaître le hub africain de Bruxelles au profit de Düsseldorf) fermeture des consulats à Lubumbashi et à Anvers. Mais surtout les Congolais démontrèrent que, pour se tirer une balle dans le pied, ils étaient aussi doués que leur ancien colonisateur : la fermeture de la Maison Schengen, une mesure destinée à sanctionner la Belgique, prive désormais 12.000 demandeurs de visa congolais d’accéder à l’espace européen, ce qui provoque un vif mécontentement au sein de l’establishment…

Aujourd’hui, l’impasse est totale : une délégation belge composée de représentants du Premier Ministre, de Didier Reynders et d’Alexander de Croo s’est rendue discrètement à Kinshasa pour tenter d’évaluer la situation (alors que l’ambassadeur restait en Belgique…) mais une deuxième réunion qui aurait dû se tenir à Bruxelles n’a pas eu lieu, les personnalités désignées par Kinshasa pour y assister étant interdites de séjour en Europe…

Il n’est pas sûr que la diplomatie belge, qui s’est avancée à découvert loin de sa « zone de confort » traditionnelle, sous estimant la ruse d’un Kabila capable de reculer pour encore gagner du temps, soit suivie par ses alliés européens, un peu surpris de ce radicalisme inusité. Du côté français en tous cas, on joue cavalier seul dans le plus grand pays francophone d’Afrique. Quant au Vatican, inquiet par les risques de dérapage, il aurait lui-

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même conseillé aux évêques congolais de s’engager à fond dans la perspective des élections et d’abandonner la voie dangereuse d’une « transition sans Kabila » qui, dans un premier temps, serait inévitablement synonyme d’un surcroît de violence.

Didier Reynders, privé d’ambassadeur sur le terrain, demeure bien seul sur la ligne de crête où il a choisi de cheminer…

Environnement : le silence de la forêt congolaise François Soudan - Jeune Afrique - le 02 avril 2018

La forêt congolaise, deuxième réserve forestière humide après le bassin amazonien, est aussi un gigantesque piège à CO2 aujourd'hui en danger. Un sommet se tient fin avril à

Brazzaville sur le sujet, dans un assourdissant silence médiatique.

Édito. Ce 25 avril se tiendra à Brazzaville un sommet de seize chefs d’État d’Afrique centrale et de l’Est, auquel devrait se joindre le roi du Maroc Mohammed VI. Sujet et objet capitaux – le bassin du fleuve Congo et son rôle majeur dans l’équilibre climatique de la planète –, mais exposition médiatique inversement proportionnelle, tout au moins faut-il le craindre.

Que pèse l’avenir de l’humanité face à la polémique sur la nationalité d’emprunt de Katumbi, le mutisme de Bédié, les dauphins furtifs de Biya ou le énième candidat à la présidentielle malienne ?

Rien en termes de clics sur la Toile africaine, tout pour peu que l’on prenne en compte les multiples enjeux – politiques, sociaux, économiques, existentiels – du réchauffement climatique.

La myopie du « fast thinking »

Lorsque les côtes du golfe de Guinée reculent chaque année un peu plus du fait de l’érosion, que les pluies hors saison font s’effondrer des quartiers entiers de Kinshasa, de Luanda ou de Monrovia, lorsque l’avancée du désert multiplie les conflits armés entre agriculteurs et éleveurs tout le long de la bande sahélienne, offrant au jihadisme un terreau fertile, la myopie du « fast thinking » pose un vrai problème.

En Afrique plus qu’ailleurs, l’information sur l’environnement demeure largement inégalitaire car réservée à une élite experte. Pour la grande masse des citoyens, obligés de se contenter d’une information gratuite de mauvaise qualité, pauvre pour les pauvres, ces défis qui les concernent échappent encore très largement à l’entendement.

Une bombe à retardement en mesure d’asphyxier la moitié de la planète

Et pourtant : quel extraordinaire poumon de notre globe que cette forêt congolaise, deuxième réserve forestière humide après le bassin amazonien !

Ici se concentrent près du quart des forêts tropicales du monde, plus de la moitié des espèces terrestres végétales et animales connues, une biodiversité halieutique unique et – si l’on n’y prend garde – une bombe à retardement en mesure d’asphyxier la moitié de la planète.

Cette arme fatale a un nom : tourbière. Un lieu : à cheval sur la frontière entre les deux Congos, quelque part entre Epéna et Mbandaka. Une fonction : celle de capturer en son sein trente gigatonnes de carbone, soit l’équivalent de quinze à vingt ans d’émissions toxiques de CO2 des États-Unis.

Intérêt vital pour l’humanité

Mise au jour il y a un peu plus d’un an, via une étude passée presque inaperçue de la revue scientifique britannique Nature, cette tourbière, la plus vaste au monde, est d’un intérêt vital pour l’humanité. La protéger et empêcher que son assèchement, déjà envisagé côté RD Congo par quelques prédateurs pétroliers, n’aboutisse à la libération dans l’atmosphère d’une couche toxique dévastatrice, sont considérés par les Nations unies comme une priorité écologique absolue.

Il en va du bois comme du pétrole en Afrique centrale : une richesse exportée brute dans le cadre d’une économie d’extraction rentière

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C’est pour le répéter que le « Monsieur Environnement » de l’ONU, Erik Solheim, s’est rendu, fin mars, à Brazzaville, à l’occasion de la première réunion en terre africaine de l’Initiative mondiale sur les tourbières.

Silence médiatique aussi quant à l’urgence de sauvegarder le biotope forestier et les quelque 5 millions d’Africains qui y vivent et en vivent, depuis le sud du Cameroun jusqu’au Maniema. Ici aussi, les pilleurs sont au nord (ou à l’est) et les victimes au sud.

Il en va du bois comme du pétrole en Afrique centrale : une richesse exportée brute dans le cadre d’une économie d’extraction rentière. Comment résister au rush mondial sur les réserves, évoluer vers une économie durable et diversifiée, sortir du Far West ?

Certes, depuis des décennies, les ministres chargés de ce secteur mettent régulièrement en scène saisies de cargaisons illicites de bois précieux, arrestations de braconniers et campagnes de planting télévisées.

Ce ne sont pas les outils qui manquent, c’est le courage de s’en servir

Mais les chiffres sont là : la grande forêt du bassin du Congo a perdu 700 000 ha entre 2000 et 2010, presque autant de 2010 à 2018. Car si l’appareil réglementaire destiné à contrôler la production de l’économie forestière et à réguler les aires protégées existe dans toutes les législations des pays de la région, encore faut-il l’appliquer.

C’est bien là le problème récurrent et quasi généralisé à tous les secteurs de la vie publique en Afrique centrale : on légifère, mais les décrets d’application tardent à venir et la volonté politique des acteurs de l’État est souvent aux abonnés absents. Ce ne sont pas les outils qui manquent, c’est le courage de s’en servir.

Pourtant, peu à peu, les temps changent. Depuis la COP21 de Paris et la COP22 de Marrakech, et sous l’impulsion de quelques-uns d’entre eux, les chefs d’État africains ont compris que l’environnement était sur la scène internationale une cause à la fois porteuse, éthique et potentiellement « bankable ».

Une prise de conscience s’opère aux allures de révolution copernicienne : alors que nombre de ses enfants continuent de migrer vers le nord, une partie de l’Afrique tient entre ses mains, au cœur de ses forêts, de ses tourbières et de son écosystème, une partie du destin de l’humanité.

Situation schizophrénique à laquelle une participation massive des bailleurs internationaux au Fonds bleu, cet instrument financier d’investissement durable de la Commission climat du bassin du Congo, lancé il y a un peu plus d’un an à Marrakech et à Oyo, apporterait un début de remède. Ce sera à l’ordre du jour du sommet du 25 avril. Et cela mérite que les médias s’y intéressent.

Le courage des militaires contraste parfois avec la légèreté des politiques Colette Braeckman – Le Soir – le 2 avril 2018

L’abnégation dont a fait preuve Arnaud Beltrame, cet officier français qui s’est sacrifié pour sauver la vie d’une otage a soulevé l’émotion générale et suscité de nombreux commentaires à propos de son courage, de son engagement, de son héroïsme. Il n’est pas inutile de rappeler à l’occasion que dans tous les pays et plus particulièrement dans de grands Etats tels que la France, les armées nationales accueillent et forment des hommes d’exception, sélectionnés précisément pour leurs qualités hors du commun. Des qualités physiques, multipliées par des entraînements extraordinairement rigoureux, des qualités intellectuelles mais aussi un sens aigu du devoir. Sans oublier cette qualité peu à la mode de nos jours, le patriotisme, qui incite à donner tout son sens au mot « servir » sinon à sacrifier son existence. .

Parmi ces hommes se retrouve l’élite d’une nation, une élite qui, en plus, se trouve, par définition, assignée à l’obéissance et… au silence. C’est pourquoi la vie de tels hommes ne peut être galvaudée. Ni dans des opérations imprudentes, hâtivement décidées, ni, pire encore, dans des opérations moralement et politiquement douteuses.

Or on constate, en France, aux Etats Unis et dans d’autres grandes démocraties, que les politiques engagent souvent à la légère la vie de troupes qui n’ont d’autre choix qu’obéir et se taire. Faut-il rappeler à propos du Rwanda les révélations du capitaine Ancel, du lieutenant Thierry Prugnaud ? Des hommes d’élite qui, envoyés au Rwanda en 1994, pour une mission ambigüe, se retrouvèrent non aux côtés des victimes mais acclamés par les

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tueurs, les auteurs du génocide dont ils apparurent, bien malgré eux, comme les alliés objectifs ? Ce sont des politiques, pour des objectifs purement géopolitiques, qui les avaient obligés à ce compagnonnage infâme, dont beaucoup revinrent avec des blessures psychologiques inguérissables ?

Faut-il rappeler d’autres opérations tout aussi contestables ? La guerre contre l’Irak, à laquelle la France, tout à son honneur, ne prit pas part, la guerre en Libye et l’assassinat du colonel Kadhafi, dont on mesure aujourd’hui les mobiles peu avouables, voire l’intervention en Côte d’Ivoire dont on mesurera un jour les motivations exactes.

Dans toutes ces occasions, des politiques, en leur âme et conscience, engagent la vie des militaires de leur pays. Mesurent ils à quel point ces hommes sont confrontés au sacrifice suprême ? A quel point c’est faire injure à leur compétence, à leur courage et parfois leur héroïsme que les engager dans des opérations « tordues » ou discutables ?

La lutte contre le terrorisme, la protection des civils, le rétablissement ou le maintien de la paix, voilà des causes qui ne souffrent aucune contestation. Mais il en est tant d’autres, pour lesquelles on envoie au feu l’élite d’une nation, sur base de calculs politiques ou d’intérêts inavouables…Lorsque l’héroïsme des hommes en uniforme contraste avec la légèreté des politiques, c’est la cohésion nationale qui s’en trouve ébranlée…

Séoul désavoue la « machine à voter » sud-coréenne Marie-France Cros – La Libre Afrique- le 2 avril 2018

C’est la dernière édition de Jeune Afrique qui l’annonce: une lettre de l’ambassade de Corée du Sud à Kinshasa désavoue la « machine à voter » sud-coréenne que la Ceni (commission électorale nationale indépendante) veut imposer pour les prochaines élections en République démocratique du Congo (RDC), fixées – cette fois – au 23 décembre.

Selon Jeune Afrique, l’ambassade de Corée du Sud à Kinshasa lui a adressé un Email pour exprimer sa « position officielle » sur la « machine à voter » que veut imposer, malgré la méfiance générale, la Ceni pour les prochaines élections congolaises. Cet appareil est fabriqué par la compagnie sud-corééenne Miru Systems.

Le courriel de l’ambassade sud-coréenne indique: « Le gouvernement coréen a dûment expliqué au fabricant (…) les risques potentiels en cas d’exportation de ces machines », rapporte J.A. « Plus particulièrement, exporter ces machines au Congo pourrait donner au gouvernement congolais un prétexte pour (obtenir) des résultats indésirables liés aux élections, notamment (un) retard additionnel (à leur) tenue ».

Ces machines n’ont encore été utilisées nulle part et les démonstrations effectuées en RDC sont loin d’avoir donné satisfaction. Les électeurs congolais sont nombreux, en outre, à redouter qu’elles soient utilisées pour organiser une fraude massive, plus discrète que celle qui avait poussé les observateurs à considéréer les élections présidentielle et législative de novembre 2011 comme « non crédibles ».

Félix Tshisekedi remis en selle ?

Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 02 Avril 2018

Son élection à la tête de l’UDPS et sa candidature à la prochaine présidentielle relancent le leadership de l’opposant Félix Tshisekedi, au moment où le favori, Moïse Katumbi, est

toujours en exil forcé en Europe.

L’horizon s’éclaircit pour l’UDPS de Félix Tshisekedi. Sans président depuis la mort du leader historique Etienne Tshisekedi et en guerre contre les ailes dissidentes du parti, l’UDPS revient dans la course après la tenue de son congrès ce week-end. Le parti s’est d’abord trouvé un successeur au « Sphinx de Limete » décédé en février 2017. Sans surprise, c’est le fis du leader emblématique, Félix Tshisekedi, qui a été désigné par les membres de son parti pour porter à nouveau le flambeau de l’UDPS, avec un score quasi soviétique (98,38%). Avec surprise cette fois, Félix Tshisekedi a également été investi pour représenter le parti aux prochaines élections générales de décembre 2018.

Seconde bonne nouvelle pour le parti, l’aile historique, représenter par Félix Tshisekedi, a récupéré le label UDPS face aux autres groupes qui en revendiquaient le nom. Bruno Tshibala, ancien cadre du parti avant d’être nommé Premier ministre par Joseph Kabila, estimait être le plus légitime à représenter le parti de feu Etienne Tshisekedi, dont il a été

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proche collaborateur. Mais le Conseil national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre (CNSA) a estimé que seule la branche « historique » de Félix Tshisekedi pouvait porter le label UDPS. Même si Bruno Tshibala paraît bien décidé à contester cette décision, le parti de Félix Tshisekedi semble désormais en ordre de bataille pour les prochaines élections de décembre. Des élections qui restent pour le moment très hypothétiques.

Kabila sans dauphin et Katumbi incertain

La désignation de Félix Tshisekedi à la tête de l’UDPS et comme candidat à la présidentielle donne en effet le coup d’envoi d’une bien étrange campagne électorale. Le président Joseph Kabila, qui devait quitter le pouvoir en 2016, s’accroche toujours à son fauteuil en retardant volontairement les élections. Dans l’impossibilité de briguer un troisième mandat, le chef de l’Etat tarde également a désigner un dauphin. Du côté de l’opposition, la situation est toute aussi floue. Le candidat le plus en vue, l’homme d’affaires Moïse Katumbi, qui est en exil forcé en Europe, pourrait être tout simplement empêché de se présenter. L’ancien gouverneur du Katanga, est harcelé par la justice congolaise, depuis son transfuge dans l’opposition, et risque l’inéligibilité. Deux affaires rocambolesques, une condamnation, et un problème de double nationalité, pourraient bien mettre hors-jeu Moïse Katumbi qui risque la prison s’il décidait de rentrer au pays.

Le fait que Félix Tshisekedi se fasse investir comme candidat à la présidentielle de l’UDPS tombe donc au plus mauvais moment pour l’équipe Katumbi. Attaqué de toutes parts par une justice « téléguidée » par le pouvoir, Moïse Katumbi vacille. Certains observateurs doutent désormais que l’ancien gouverneur du Katanga puisse aller au bout de sa candidature. L’annonce de celle de Félix Tshisekedi à la présidentielle, si elle n’est pas une surprise, prend tout de même tout le monde de court. Car officiellement Katumbi et Tshisekedi sont toujours alliés au sein de la plateforme du Rassemblement de l’opposition.

Mais avec une présidentielle à un seul tour, l’opposition est condamnée à ne présenter qu’un seul candidat si elle veut avoir une chance de remporter l’élection. Dans ce contexte d’incertitude, la candidature de Félix Tshisekedi pourrait bien apparaître comme une sorte de « plan B » pour l’opposition congolaise, si Moïse Katumbi venait à ne pas pouvoir se présenter.

Money money

Pour mener campagne dans ce vaste pays continent qu’est le Congo, il faut de l’argent…

beaucoup d’argent. Et l’UDPS de Félix Tshisekedi en manque cruellement. Le parti a d’ailleurs dû lancer un appel au don pour organiser le très modeste congrès de ce week- end. Le seul candidat d’opposition à être en capacité financière de mener une campagne électorale s’appelle… Moïse Katumbi. L’ancien gouverneur détient donc la clé du scrutin pour l’opposition congolaise. Avec lui (et son équipe y croit plus que jamais), ou sans lui.

En l’absence de Moïse Katumbi sur le terrain, en République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi continue de tracer sa route et de rassembler autour de son parti. Si les deux autres poids lourds de l’opposition, Vital Kamerhe (UNC) et Eve Bazaïba (MLC), n’étaient pas présents lors du lancement du parti de Moïse Katumbi, « Ensemble pour le changement

» en Afrique du Sud, Félix Tshisekedi a réussi le tour de force de les réunir pendant le congrès de l’UDPS. Signe qu’un axe Tshisekedi/Kamerhe/Bazaïba pourrait voir le jour. Mais pour l’heure, il est encore trop tôt pour nouer des alliances et l’ensemble des plateformes d’opposition prônent encore une unité (de façade).

L’alternance semble pourtant bien en marche en RDC. Un récent sondage de l’institut Berci et du GEC démontre que les Congolais rejettent majoritairement la politique du président Joseph Kabila. Mais pour qu’il y ait alternance, encore faut-il que Joseph Kabila accepte de quitter le pouvoir (rien n’est moins sûr) et que le scrutin ait réellement lieu, et qu’il se déroule en toute transparence. Sur ce point, il y a de nombreux motifs d’inquiétudes : le taux d’enrôlement des électeurs est anormalement élevé dans certaines provinces, ce qui fait craindre des irrégularités et des fraudes massives, comme lors des élections

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anarchiques de 2011, qui, rappelons-le, sont à l’origine de la crise de légitimité actuelle de Joseph Kabila.

RDC-Corée du Sud : Séoul dézingue les « machines à voter » de Miru Systems Jeune Afrique - le 03 avril 2018

Après l'article de Jeune Afrique sur les dessous du contrat entre la Commission nationale électoral indépendante (Ceni) et le sud-coréen Miru Systems pour les « machines à voter

», l'ambassade de Corée du Sud se désolidarise du fabricant et prévient des risques de « retard additionnel » à la tenue des élections.

À la suite de notre enquête sur la transparence des élections en Afrique (publié dans le n°2982 de Jeune Afrique, et diffusé sur notre site le 15 mars) l’ambassade de Corée du Sud à Kinshasa nous a adressé un e-mail précisant sa « position officielle » sur le sujet.

En termes très directs, elle s’y désolidarise de Miru Systems, le fabricant sud-coréen des fameuses « machines à voter », qui doivent être utilisées lors des prochaines élections congolaises.

« Le gouvernement coréen a dûment expliqué au fabricant […] les risques potentiels en cas d’exportations de ces machines, lit-on dans ce document dont la traduction a été assurée par les services de l’ambassade sud-coréenne à Kinshasa. Plus particulièrement, exporter ses machines au Congo pourrait donner au gouvernement congolais un prétexte pour [obtenir] des résultats indésirables liés aux élections, notamment [un] retard additionnel [à leur] tenue. »

L’ambassade nous informe par ailleurs que l’Association mondiale des organes de gestion des élections (A-WEB), une organisation sud-coréenne qui fournissait un soutien technique à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) congolaise, « a rompu ses liens avec le Congo, suivant la position du gouvernement coréen » en décembre 2017.

Infographie-RDC : 1 milliard de dollars de recettes publiques tirées des ressources naturelles en 2017

Victor Bérenger - Jeune Afrique – le 03 avril 2018

Alors que le nouveau code minier qui vient d'être ratifié par Joseph Kabila déclenche la colère des entreprises étrangères, on apprend que les recettes publiques tirées des ressources naturelles (mines, hydrocarbures, forêts) ont progressé de 45% en 2017 pour s'établir à 1,029 milliard de dollars.

C’est une année faste pour les finances de l’État congolais. Les recettes publiques tirées des ressources naturelles ont progressé de 45,2 % en 2017, dépassant la barre du milliard de dollars, dynamisées par la hausse des prix des matières premières sur les marchés mondiaux.

Cette hausse des entrées en devises a conduit à un stabilisation de la situation macroéconomique en RDC, avec une hausse de l’activité économique estimée à 3,7% en 2017, un ralentissement de l’inflation, qui a atteint 1,86% en février 2018 par rapport à la même période en 2016 et une stabilisation du franc congolais sur le marché des changes, d’après les données de la Banque centrale congolaise. La loi de finances pour l’exercice 2018 atteint 10 313,3 milliards de francs congolais, soit environ 5 milliards de dollars.

Objectif : plus du double des recettes budgétaires

Avec le nouveau code minier, qui a été promulgué le 9 mars par le chef de l’État Joseph Kabila, l’objectif affiché du gouvernement est d’augmenter les recettes publiques tirées du secteur minier, dans un contexte de hausse du prix des matières premières. Selon le directeur de cabinet de Joseph Kabila, cité par le communiqué de la présidence, « il est bien possible de faire passer les recettes budgétaires […] provenant de l’exploitation minière de 800 millions actuellement à 2 milliards de dollars américains demain ».

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Reste que pour certaines ONG et entreprises minières des efforts doivent être également fait du côté de la gouvernance du secteur. « Nous serions ravis de payer plus si nous étions sûrs que cela profite aux communautés et à la région où nous travaillons », assurait en février à Jeune Afrique Robert Friedland, patron d’Ivanhoe Mining, présent au Katanga, soulignant en creux son manque de confiance dans la gestion des recettes minières par les autorités ou la Gécamines.

Quelques semaines après la promulgation du code minier, la publication des statistiques des recettes publiques tirées des ressources naturelles (mines, hydrocarbures, forêts) par le ministère congolais des Finances permet de faire le point de ce qui a été perçu par l’État congolais en 2017.

Hausse de presque 100 % au quatrième trimestre 2017

Au quatrième trimestre 2017, les recettes publiques tirées des ressources naturelles ont progressé de 96,6 % par rapport au trimestre précédent (et de 121,8 % par rapport au quatrième trimestre 2016) grâce à l’envolée des revenus miniers (+70,8% par rapport au T3 2017) et pétroliers (+380,3% par rapport au T3 2017).

1 milliard de dollars de recettes en 2017

Sur l’année, les recettes publiques tirées des ressources naturelles sont passées de 708,8 millions de dollars en 2016 à 1 029,1 millions de dollars en 2017, avec une augmentation de 35,6 % des revenus miniers et de 102,8 % des revenus pétroliers.

Cette hausse des revenus miniers tient de la hausse des prix sur les marchés internationaux, avec par exemple une augmentation en 2017 des cours du cuivre de 13,3

%, de l’or de 13 % et du coltan de 59 %.

La production minière a suivi une tendance similaire, avec une hausse en 2017 de 6,9 % pour l’extraction de cuivre, de 2,7 % pour l’or et de 129,7 % pour le coltan, pour ne prendre 80 % proviennent des revenus miniers

Sur le milliard de dollars de recettes publiques tiré des ressources naturelles en 2017, presque 80 % provient des revenus miniers et environ 20 % des revenus pétroliers. Cette structure a légèrement évolué, puisqu’en 2016, les recettes minières comptaient pour 85,5 64 % issues des impôts directs et indirects

Ces recettes publiques proviennent de différentes sources. Comptant pour 63,6 % du total, la plus importante consiste aux impôts directs et indirects. Cette catégorie regroupe notamment l’impôt sur le bénéfice, la taxe sur la valeur ajoutée, ainsi que les pénalités fiscales et amendes.

Arrivent ensuite les recettes domaniales et les participations (redevance minière, droits d’explorations etc…) atteignent 30,9% du total. Plus marginal, les droits de douanes s’établissent à 5,6 % des recettes publiques tirées des ressources naturelles.

Parmi les changements introduits par le nouveau code minier figurent notamment le renforcement de la taxation, avec la hausse des royalties de 2 à 3,5 % du chiffre d’affaires sur les minerais « classiques » (tels que le cuivre ou l’or) et de 2 à 10 % sur les minerais

« stratégiques », et en particulier le cobalt. Ces changements pourraient être applicable immédiatement, y compris aux entreprises déjà présentes dans le pays, selon certaines dispositions du texte.

D’après le ministre des Mines Martin Kabwelulu, des ajustements pourront avoir lieu au cas par cas, grâce au règlement minier qui viendra régir son application. Le ministre a cependant souligné que ces aménagements ne pourront pas venir contrevenir aux dispositions inscrites dans le texte de loi.

Arts : l’envolée des peintres populaires congolais Léo Pajon – Jeune Afrique - le 03 avril 2018

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Portée par une nouvelle génération talentueuse, la peinture congolaise a pris d’assaut les musées européens, comme le prouve « Congo Paintings », au Musée africain de Namur.

Il fallait oser… Une peinture signée Sam Ilus montrant Patrice Lumumba brandissant un drapeau « Vive l’indépendance, vive l’avenir » accrochée à quelques centimètres d’un buste de Léopold II, artisan de la colonisation sanglante du Congo. La scène se passe dans l’improbable Musée africain de Namur (MAN). Conçu comme un outil de propagande coloniale, l’établissement l’est resté jusqu’au début des années 2000, longtemps pris en charge par des nostalgiques du Congo belge.

On y traverse des salles et des couloirs étroits aux couleurs délavées, éclairés au néon et chargés d’objets hétéroclites (photos, timbres, billets de banque, papillons…) qui replongent dans un passé lointain et mal digéré. C’est pourtant là que se joue jusqu’au 27 mai, grâce au nouveau conservateur François Poncelet, une exposition étonnamment vivante, libre et stimulante : « Congo Paintings. Une autre vision du monde », qui permet de découvrir une génération d’artistes volcaniques.

Popularité de l’art congolais

En tout, 80 toiles du mouvement des peintres populaires congolais (uniquement des hommes, les Congolaises peintres étant quasi introuvables) ont été rassemblées, issues des riches collections du Français Bernard Sexe et des Belges Philippe Pellering et Boris Vanhoutte. Autant de peintures qui osent ce que tant d’œuvres contemporaines ont mis de côté : la figuration, l’érotisme, la satire politique… et même l’humour !

Une constellation de talents qui est longtemps restée dans l’ombre de stars comme Chéri Samba. Ici l’artiste Papa Mfumu’eto Ier peint une scène de cannibalisme où le festin est constitué de trois missionnaires blancs. Là, JP Mika immortalise la Nuit de la francophonie au stade des Martyrs, dans une toile saturée de couleurs où apparaissent le coq français et l’okapi congolais. Plus loin, le provocateur Kiesse imagine des anges déchus affublés de pénis imposants tombant sur des pécheresses qui n’ont pas l’air particulièrement affolées.

Le collectionneur Philippe Pellering, très engagé dans la manifestation, et coauteur avec François Poncelet du catalogue, se félicite du récent retentissement international de l’art congolais. Il égrène les nombreux lieux où il a été mis en avant ces trois dernières années : les Fondations Cartier et Louis Vuitton, à Paris, Bozar, à Bruxelles, Garage Museum of Contemporary Art à Moscou… Un projet d’exposition pourrait faire voyager certaines toiles de Hong Kong à Macao et jusqu’en Corée du Sud.

Valeur en hausse

En parallèle, les cotes montent. En 2014, une toile de Chéri Samba, J’aime la couleur, était adjugée 77 420 euros… On est loin, très loin, des toiles vendues aux Kinois pour une bouchée de pain, dans les bars, par Moke dans les années 1970 ou, il y a encore 20 ans, des échanges d’œuvres « contre une caisse de bières » dont témoigne Bernard Sexe, collectionneur devenu l’ami de plusieurs artistes.

Loin aussi de ventes très « artisanales ». « Les artistes passaient chez moi, parfois j’étais dans ma piscine, ils étalaient leurs productions autour du bassin et je choisissais », se souvient l’amateur d’art et ancien diplomate, un brin provocateur, qui posséderait aujourd’hui quelque 500 œuvres. « Il y a toujours eu des tarifs divers, glisse Moke fils. On ne vendait pas au même prix à Bernard, qui nous prenait toujours quelque chose et quelque part nous soutenait, qu’à un grand intermédiaire comme André Magnin ou à un riche expatrié… Mais des toiles qui pouvaient partir entre 500 ou 1 500 dollars, en fonction de l’amitié, valent aujourd’hui dix à quinze fois plus. »

Avec les héritiers de grands noms (Moke fils, Bodo fils, Amani Bodo, Trésor Chérin) et leurs disciples (Sapin Makengele, élève de Chéri Chérin), une nouvelle génération de peintres est née, plus cosmopolite, plus soudée, mieux intégrée aux réseaux de collectionneurs. Et

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des diplômés d’écoles d’art, jusqu’ici honnis, sont venus rejoindre le clan, comme Pita Kalala, Peter Tujibikile ou JP Mika, issus de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa.

Nouvelle génération

« Longtemps les académiciens appelaient les peintres populaires les “naïfs”, et nous, nous appelions les académiciens les “déjà-vu” », rigole Sapin Makengele. « On nous a souvent dit que nous n’étions pas des artistes mais des artisans, se souvient Ange Kumbi, figure du mouvement, 66 ans aujourd’hui. La plupart de mes confrères, quand j’ai commencé, n’étaient pas fiers de ce qu’ils faisaient, ils travaillaient en cachette et ne se disaient pas peintres. »

Les nouveaux venus sont moins complexés, même s’ils digèrent toujours mal de n’être pas assimilés aux « artistes contemporains » dans certaines expositions. Ils abordent des thématiques plus diverses et maîtrisent souvent mieux la technique que leurs aînés… ou ont le temps de plus s’appliquer. « Il faut se rappeler que, lorsque mon père était en activité, l’atelier était dans la rue ! explique Moke fils. On disposait quinze toiles sur un mur, je faisais les croquis, parfois les habits, et mon père se déplaçait d’une œuvre à l’autre. »

Aujourd’hui, « la rareté faisant la valeur », la nouvelle génération ne mise plus sur les multiples. Et s’inspire de ce qu’elle vit, parfois très loin de Kinshasa. « En ce moment je travaille sur une toile de trois mètres de longueur, intitulée La Hollande et l’esprit du vélo, qui montre des personnages célèbres du pays, comme le roi, raconte Sapin Makengele, installé aux Pays-Bas. Notre peinture est née à Kinshasa, mais nous continuons à nous inspirer du pays, car nous suivons tout ce qui s’y passe via internet. Notre mouvement est un état d’esprit avant d’être une localité. Nous nous réinventons partout ! »

Pour Sapin, la peinture populaire congolaise, toujours plus dynamique, est à la veille d’une révolution. « Nous sommes déjà une centaine aujourd’hui à vivre plus ou moins de notre art, et chaque jour, au Congo, naît un nouvel artiste. » « Les Congolais comprennent qu’on peut avoir de l’argent, du succès en devenant peintre, souligne Moke fils, avant d’ajouter dans un sourire un argument imparable. Et quand tu es artiste, les femmes te courent après, même les Européennes… Chéri Samba a bien dit qu’il avait plus de dix compagnes ! »

En manque de matériel

« Peindre a toujours été de la débrouille à Kinshasa, regrette Moke fils. Jusqu’à aujourd’hui, on n’y trouve pas un seul magasin où acheter de la peinture, des pinceaux, des toiles…

D’ailleurs il nous est arrivé de peindre sur des toiles découpées dans des sacs de farine de la Minoterie de Matadi, faute de mieux ! »

Pour leurs fournitures, les artistes ont pris l’habitude de solliciter des confrères et des amateurs d’art locaux ou occidentaux qui importent pour eux de quoi créer. Certains échangent même du matériel contre des œuvres. Le calvaire des peintres kinois pourrait néanmoins prendre fin si Moke fils réussit, comme il le souhaite, à ouvrir rapidement une boutique spécialisée dans la ville.

La peinture, un art qui n’intéresse pas les riches Congolais Léo Pajon – Jeune Afrique - le 03 avril 2018

Si les peintres populaires congolais sont exposés dans plusieurs musées européens, certaines élites congolaises boudent encore cet art.

« Donner 10 000 dollars à un musicien, pas de problème… mais de l’argent à un peintre, pas possible. » Sapin Makengele ne cache pas son amertume. Depuis la chute de Mobutu, qui selon plusieurs artistes « aimait la peinture » (tant qu’elle ne lui portait pas préjudice), les élites congolaises ne goûtent plus les arts plastiques.

« C’est quasi impossible de voir une œuvre d’art, même chez les ministres… ou alors ce sera un portrait photo », lâche Moke fils. De fait, même si elle reste profondément ancrée

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dans la vie congolaise, la peinture populaire est principalement soutenue, achetée et exposée aujourd’hui par des Occidentaux.

Résidence informelle à l’étranger

Comme Sapin (qui vit aux Pays-Bas), Moke fils ou Chéri Samba (en France), beaucoup ont choisi de s’installer en Europe et font régulièrement la navette. Le collectionneur Bernard Sexe, après avoir favorisé la naissance de l’Association des peintres populaires congolais dans sa propriété de Kinshasa, continue d’accueillir en France, à Saint-Broing, des artistes en résidence informelle.

Jean-Jacques Lumumba accuse Nangaa et… questionne Macron Hubert Leclercq – La Libre Afrique - le 3 avril 2018

Jean-Jacques Lumumba est à peine trentenaire et pourtant il est devenu en l’espace de quelques mois une figure qui compte de la société civile congolaise. Il avait un nom, lui le petit-neveu de Patrice Lumumba, il s’est fait un prénom. Ce jeune banquier dont la route semblait toute tracée n’a pas hésité, en novembre 2016, à dénoncer les pratiques mafieuses de l’institution bancaire pour laquelle il travaillait, la BGFI, dont la succursale congolaise est entre les mains de Francis Selemani Mtwale, un proche du président Kabila depuis ses années d’exil en Tanzanie. Des accusations qui ne sont pas passées inaperçues parce qu’elles mettaient en lumière et de manière détaillée et documentée une partie des réseaux utilisés par la Kabilie pour laver son argent et le sortir du pays.

Aujourd’hui, exilé, Jean-Jacques Lumumba ne renie rien de son geste. Que du contraire, il est devenu une des figures emblématiques de cette jeunesse congolaise qui mène le combat contre le régime hors mandat de Joseph Kabila. Son credo, c’est le peuple. « Les Congolais doivent se prendre en mains. Ils ont compris que ce n’est pas la communauté internationale qui changera la donne dans notre pays, même si celle-ci pose parfois des actes tout à fait positifs. Vous constaterez d’ailleurs que Kabila n’a pas gagné une seule bataille diplomatique depuis de longs mois. »

Malgré cette relative mobilisation internationale, certains acteurs ne sont pas exempts de tout reproche. Jean-Jacques Lumumba pointe ainsi la France du président Emmanuel Macron auquel il vient d’adresser, en compagnie de Floribert Anzuluni, du mouvement citoyen Filimbi, une lettre ouverte intitulée « Liberté, égalité, ambiguité? » Les deux hommes s’indignent de la « tiédeur surprenante » de Paris face à ce qu’ils qualifient de « coup d’Etat constitutionnel dont est victime toute une nation ». Les deux auteurs du courrier dénoncent sans ambage « la poursuite de la coopération militaire et sécuritaire » avec Kinshasa.

LLA : M. Lumumba, pourquoi ce courrier et pourquoi maintenant ?

JJ Lumumba : Les activistes congolais en ont assez de la politique française. On pensait vraiment qu’avec l’arrivée de ce jeune président une page allait se tourner. Qu’on en aurait fini de la France-Afrique. Or, aujourd’hui, on constate que les intérêts économiques continuent de tout primer. La France est prête à supporter un régime qui tue les enfants, viole les femmes, emprisonne les militants des mouvements citoyens, les opposants politiques et qui n’hésite pas à faire tirer sur les marches pacifiques des chrétiens.

LLA : Dans votre courrier, vous parlez de « coopération militaire »…

JJ Lumumba : Tout à fait et nous avons des éléments en notre possession qui prouvent une position pour le moins ambigüe de la France. Aucun Etat, et surtout celui qui se veut le berceau de la démocratie et des droits de l’homme, ne peut entretenir des deals sécuritaires avec la RDC de Joseph Kabila. Ceux qui meurent au Congo ne sont pas moins humains que ceux qui meurent en Europe. On est bien renseigné, croyez-moi. On se pose des questions sur les relations qu’entretiennent avec Kabila certains membres du Quai d’Orsay. On est profondément indigné. On voit ce qui se passe avec Total et on veut dire

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à la France qu’elle doit cesser de jouer avec le feu et qu’elle doit prendre des positions claires pour se placer du bon côté de l’histoire.

LLA : Certains pourraient vous répondre qu’il s’agit de business…

JJ Lumumba. La France peut faire du business en Afrique mais pas avec des dictatures. En entretenant ce type de relations économiques, elle entretient de facto le régime. D’autant qu’aujourd’hui, il est visible que le régime de Kabila est aux abois. Aucun Etat sensé n’a intérêt à entretenir des relations avec ce régime moribond. La France ferait bien d’y réfléchir. Elle doit, je le répète, clarifier sa position et vite.

Machine à voter

LLA : Ce week-end de Pâques, on a vu que la machine à voter, tant vanter par la Ceni, était remise en cause par les autorités sud-coréennes, pays dont est originaire la société qui commercialise cette fameuse machine…

JJ. Lumumba : Je ne suis évidemment pas surpris. Cela fait des mois que j’en appelle à un audit international et indépendant sur le processus électoral. Corneille Nangaa et Norbert Bashengezi (président et vice-président de la Ceni, NdlR) ont toujours joué les sourdes oreilles face à ces demandes. Ils évitent ce débat et cherchent sans cesse à créer des écrans de fumée pour éviter de parler des vrais sujets.

LLA : Le courrier sud-coréen va dans le bon sens…

JJ Lumumba : Evidemment. On voit ainsi que l’espace de Nangaa et de Bashengezi se réduit. Mais ils ont toujours les cartes en mains. L’UDPS a posé une série de questions sur le fonctionnement de cette machine, sur les serveurs utilisés, les logiciels, sur ceux qui sont chargés de collecter les résultats en bout de ligne. La Ceni n’a jamais donné la moindre réponse. On constate simplement que personne, dans le monde, même dans des pays très démocratiques, ne s’est lancé dans cette aventure des machines à voter.

Avouez que ça pose question. C’est une solution suicidaire. Il faut aussi remarquer que ce courrier sud-coréen date du mois de decembre. Or, jusqu’ici, la Ceni n’avait pas communiqué sur ce point. Cela démontre bien sa volonté de refuser la transparence.

LLA . Quand il a fait face à la colère de Nikki Halley, l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Corneille Nangaa a expliqué que cette machine à voter était en fait une machine à imprimer les bulletins de vote. Surprenant, non ?

JJ. Lumuba : Surréaliste, oui ! Les bulletins de vote n’ont jamais été un souci. Ils n’ont pas fait défaut en 2006, ni en 2011. Ce qui a posé souci, c’est le comptage. Or, comme je vous le disait, la Ceni n’a jamais répondu aux questions sur ce point. La loi et même la constitution n’approuvent pas la machine à voter.

LLA : Pourquoi Corneille Nangaa s’entête-t-il, malgré tous ces voyants passés à l’orange vif ?

JJ. Lumumba : Cela démontre simplement que Corneille Nangaa n’a pas l’intention d’aller à des élections crédibles. La Ceni veut mettre le feu au pays. Nangaa et Bashengezi vont s’entêter pour aller au clash mais ils doivent savoir que le peuple aura le dernier mot.

LLA : Que prônez-vous face à une telle attitude ?

JJ. Lumumba : Il faut que le peuple se réveille. Son salut ne viendra de personne. C’est à nous, en tant que peuple, de penser à la restructuration de la Ceni. Les Congolais sont assez matures. Une lutte ne se gagne pas en un jour ou deux. Elle ne se gagne pas en une ou deux manifestations. Joseph Kabila a en face de lui tout un peuple et il ne pourra pas résister. Il n’est pas éternel. Il n’a pas le monopole de la violence et nous, nous nous organisons pour le mettre hors d’état de nuire.

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LLA : Vous ne pensez pas qu’il organisera les élections et en tout cas qu’il pourrait quitter le pouvoir de son plein gré ?

JJ. Lumumba : Je n’y crois pas un seul instant. Il n’a pas l’intention de céder le pouvoir. Il a tellement de dossiers à charge, que ce soit les meurtres des défenseurs des droits de l’homme, les crimes économiques et la liste est très longue, qu’il sait qu’il devra rendre des comptes. Il ne peut envisager ce scénario et tout prouve qu’il ne veut pas nous emmener aux elections démocratiques.

LLA : Vous avez dit : « Nous nous organisons pour le mettre hors d’état de nuire…

JJ. Lumumba : On ne va pas dévoiler ici notre stratégie. Monsieur Kabila est de plus en plus isolé, même au sein de la majorité présidentielle, beaucoup ne veulent pas aller au suicide pour lui. Je rassure tout le monde, il va partir. Mais le sort du Congo ne sera réglé que par les Congolais. Nous ne nous laisserons plus bernés.

LLA : Depuis la dernière marche du 25 février, toujours très violemment réprimée par le régime, on a le sentiment que l’Eglise catholique, qui était le ciment de l’opposition, s’est un peu désengagée de cette lutte contre le régime ?

JJ. Lumumba : L’Eglise catholique n’a pas fait marche arrière. Elle a laissé du temps à Kabila pour qu’il revienne à la raison.

LLA : Tout en insistant sur la date butoir du 30 avril, soit dans moins d’un mois ?

JJ. Lumumba : Cette date marque une réalité. On sera alors à 8 mois du passage par les urnes. Cela lui laisse tout le temps de sauver ce qui peut encore l’être, de sortir par une petite porte. Après ce cap du 30 avril, les actions vont reprendre de plus belle jusqu’à la chute du régime. Les Congolais sont déterminés. Ils ont assez souffert. Nous ne reculerons plus.

Machine à voter: la CENI répond aux réserves de Séoul Deutsche Wellen – le 04.04.2018,

La Commission électorale congolaise (CENI) maintient son intention d'utiliser la machine à voter malgré les réserves de la Corée du Sud. La CENI indique que le gouvernement sud- coréen agit sous la pression des milieux occidentaux.

La Commission électorale congolaise espère terminer ce mercredi 04 avril 2018 ce qu'elle appelle la "consolidation" du registre électoral en vue des scrutins prévus le 23 décembre.

Il s'agit en fait du processus de nettoyage du fichier électoral pour corriger les éventuelles double-inscriptions. Une fois cette étape passée, la CENI compte publier d'ici le vendredi 06 avril 2018 la liste électorale définitive par circonscription électorale.

Pendant ce temps, la machine à voter continue de faire des vagues. Mardi, la Corée du Sud par le biais de son ambassade à Kinshasa avait relancé la polémique en mettant publiquement en doute la fiabilité de cet outil pourtant fabriqué par la société sud-coréenne Miru-Systems.

Dans une lettre adressée au magazine « Jeune Afrique » en réaction à un précédent article, Séoul estimait que l'utilisation de ces machines « pourrait donner au gouvernement congolais un prétexte pour des résultats indésirables liés aux élections, notamment le retard additionnel de la tenue des élections, et aussi le danger de devenir une cible des critiques », écrit l'ambassade coréenne à Kinshasa soulignant exprimer la « position officielle du gouvernement » de Corée du Sud.

Des réserves balayées par le Rapporteur de la CENI, Jean Pierre Kalamba Mulumba N'galula, qui suggère que la Corée du Sud est sous la pression des milieux occidentaux en colère pour n'avoir pas eu le marché de la fabrication des machines à voter.

« Quand nous avions acheté des machines chez les Belges, on n'a pas eu à demander l'avis des autres. Nous avons acheté les machines pour l'enrôlement des électeurs chez les Français et nous n'avons pas eu de déclaration. Alors vous comprendrez ce que cela

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signifie... nous sommes dans le monde des affaires, il s'agit d'un changement de tactiques face à certaines pressions de milieux occidentaux.»

Il indique par ailleurs que son institution n’est pas inquiète, étant donné que Miru Systems, le fabricant coréen des machines à voter, n’a pas signalé un quelconque problème.

« Miru nous avait envoyé un premier lot de 200 machines qui étaient testées et remises à nos secrétaires exécutifs », a affirmé le rapporteur de la CENI.

S’agissant des réserves émises pas l’Ambassade sud-coréenne, Jean-Pierre Kalamba évoque des « dessous de cartes », sans plus de détails.

« L’ambassadeur vous dit qu’il n’a pas à imposer son autorité à l’entreprise coréenne qui a signé avec nous, mais ne s’engage pas. Donc ça ne nous inquiète pas, dans la mesure où c’est l’entreprise Miru qui traite avec la CENI », a ajouté Jean-Pierre Kalamba.

Il a précisé que les spécificités de ces machines sont une spécificité des logiciels congolais et l’entreprise sud-coréenne aide la CENI « à mettre ces logiciels en musique ».

Jean-Pierre Kalamba estime que pour l’heure, l’important est de se focaliser sur l’essentiel : la publication des listes électorales par circonscriptions.

En juin, devrait être adoptée la loi sur la répartition des sièges par circonscriptions électorales suivie de l'ouverture de l'inscription des candidats pour les élections couplées du 23 décembre.

Mines : Pourquoi les entreprises minières restent sereines malgré la révision à la hausse de l’impôt sur les bénéfices ?

Ben Radley - African Arguments (Traduction par mediacongo.net) - le 04.04.2018, Grâce à des méthodes de comptabilité astucieuses, les entreprises minières ont tendance

à déclarer des pertes pour éviter de toute façon cet impôt.

Le 9 mars dernier, juste deux jours après le tête-à-tête de 6 heures avec quelques-uns des principaux dirigeants des entreprises minières du monde, le président Joseph Kabila avait ratifié le nouveau code minier. Par cette nouvelle législation, la République Démocratique Congo (RDC) espère tirer un plus grand profit de ses vastes ressources.

Dans ce nouveau code, une bonne palette d’ajustements fiscaux a été aménagée, y compris l’impôt sur les bénéfices et l’augmentation des redevances, notamment les 10 % de redevance sur les métaux stratégiques et 50 % sur les superprofits.

Ces changements visent à augmenter l’apport du secteur minier aux revenus de l’État congolais. Une action fondée car, jusqu’à présent, les revenus de l’État provenant de ce secteur ont été loin en deçà de son potentiel réel.

Selon une étude menée entre 2010 et 2011, par exemple, la moyenne de la taxation appliquée au secteur au Congo n’était que de 13 %, loin en deçà des 46 % fixés par la Banque mondiale.

Une étude plus récente du GIZ révèle que les taxes perçues dans le secteur minier entre 2011 et 2014 n’ont représenté que 6 % du total des bénéfices réalisés par les miniers.

Même l’ex-chef de mission du FMI, Norbet Toé, a reconnu que le code miner congolais précédent était « trop généreux, au point qu’au final l’État ne pouvait en percevoir que très peu ».

Dans cette perspective, le nouveau code minier constitue une correction salutaire. C’est la tendance actuelle en Afrique. Les États commencent à s’affirmer eux-mêmes au lendemain des restructurations néolibérales conduites sous la houlette de la Banque mondiale.

Cependant, alors que les grands médias ont plutôt abordé la question sous l’angle des augmentations fiscales et du bras de fer entre le président Kabila et les miniers, un aspect, pourtant très important, est négligé – une réalité qui pourtant démontre que le nouveau code miner risque au fait d’apporter très peu de différence.

Profits ? Mais quels profits ?: Ou comment faire de l’évitement fiscal

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Ce n’est un secret pour personne que de grosses sommes d’argent du secteur minier congolais sont détournées. Comme indiqué dans nombre de rapports académiques et plaidoyers, de publications et mises en garde, la plupart de cette littérature est juste écrémée par des officiels de l’État corrompus.

Cependant, comme révélé dans les recherches de Stefan Marysse et Claudine Tshimanga, cet aspect n’est pas « le plus grand trou noir » considérant les faibles revenus de l’État. Le plus grand problème, ce sont en termes quantitatifs les pratiques d’évasion et d’évitement fiscaux des compagnies minières multinationales (MNC).

Sur la base d’une analyse des rapports financiers des entreprises minières, Marysse et Tshimanga ont conclu que « les multinationales, constituées en joint-venture avec la Gécamines [entreprise publique], essaient de payer le moins possible ». Leurs recherches ont prouvé que les entreprises « recouraient à des techniques juridiques et comptables consistant à placer leurs profits dans des pays où elles paient moins de taxes ».

Les compagnies minières y parviennent par le « prix de transfert », une pratique par laquelle les entreprises créent plusieurs filiales et établissent des liens d’affaires entre elles.

Par cette méthode, les MNC peuvent artificiellement manipuler les prix des biens et des services entrant et quittant un pays pour finalement transférer leurs profits vers des juridictions appliquant une fiscalité plus réduite ou nulle.

Une multinationale pourra, par exemple, créer une filiale au Congo, qui extrait du cuivre et le vend à perte à une autre filiale installée en Suisse. Et cette dernière le revend à profit ailleurs. Le bilan financier de la multinationale qui détient les deux entreprises restera pratiquement le même, mais la filiale congolaise enregistrera des pertes énormes – ce qui veut dire, elle ne paiera pas d’impôt – alors que la filiale en Suisse aura une manne financière.

Ce sont là, en effet, les conclusions de la recherche. Une étude réalisée en 2014 sur la firme suisse Glencore, par exemple, a révélé que sa filiale congolaise Kamoto Copper Company (KCC) a enregistré chaque année de 2009 à 2013 des pertes estimées à des centaines de millions de dollars. Pendant ce temps, sa filiale canadienne Katanga Mining Limited a enregistré un net profit de plus de 400 millions de dollars. En somme, une perte de revenu de l’État congolais de plus de 150 millions de dollars. Les récents états financiers de KCC montrent une dette brute de 8,8 milliards de dollars américains et un déficit de capitaux de 3,9 milliards de dollars.

Des études de cas menées par la société civile congolaise entre 2015 et 2017 sur cinq entreprises minières ont abouti aux mêmes conclusions. Elles ont conclu que « le paiement de l’impôt sur les bénéfices à l’État congolais est minimisé par les entreprises minières et, de ce fait, cet important flux reste hypothétique ou même presque égal à zéro ». Et l’honorable Alain Lubamba, dans sa réflexion, a récemment dit qu’une « contradiction se dégage chaque fois… que les miniers déclarent des pertes [en RDC] alors que leurs entreprises mères ne rapportent que de bons résultats ».

De la lumière sur les pratiques financières

Compte tenu de ces pratiques, un meilleur régime fiscal et une meilleure gestion par l’État de ses revenus contribuera pour peu dans son effort de trouver une solution à son incapacité à tirer profit des revenus miniers. Des augmentations fiscales ou de nouvelles taxations des superprofits n’y feront rien.

La première étape pour juguler ce problème en RDC doit être celle d’exiger que les résultats financiers des filiales soient publiés de la même manière que les MNC cotées aux bourses de new York ou de Toronto publient les leurs. Cela va encourager les efforts aux niveaux national et international à résoudre la question.

Actuellement, les rapports financiers des filiales sont jalousement gardés par les entreprises et les gouvernements et ce, pour une bonne raison. Une fois celles-ci rendues publiques, la question sera lancée ; et les détournements par les MNC des revenus de l’État

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