• No results found

22/03/14/

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Share "22/03/14/"

Copied!
12
0
0

Bezig met laden.... (Bekijk nu de volledige tekst)

Hele tekst

(1)

22/03/14/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Des impératifs techniques nos contraignent une fois de plus à diffuser notre RP sous forme de PDF. Nous présentons donc une fois de plus nos excuses les plus plates aux lecteurs dotés de connexions lentes, que cela gênera.

Disposant des restes copieux d’un ragoût de choix, la presse ne se fait pas faute de nous le servir réchauffé ce samedi. On ne s’étonnera donc pas de voir que la rencontre de Kingakati, qui a réuni jeudi dernier les membres de la Majorité présidentielle autour de leur Autorité morale, continue à alimenter la chronique. La presse étrangère s’y intéresse aussi, assez largement.

Kingakati

« Kabila rassure », affirme Le Potentiel dans son éditorial de ce week-end. Le confrère note que contrairement à ce que ses hôtes attendaient à Kingakati, Joseph Kabila, leur a réservé une surprise. Il a levé l’équivoque autour des rumeurs faisant état d’une initiative allant dans le sens de révision constitutionnelle pour prolonger son mandat. Il a déclaré, urbi et orbi, qu’il respectera la Constitution.

(Voire ! Il a dit qu’il respectera la Constitution quant aux élections de 2016, mais ne s’est pas engagé à ne pas la changer d’ici là. NdlR).

S’agissant du gouvernement de cohésion nationale, l’autorité morale de la Majorité continue d’entretenir le suspense. Aucun nom n’a été avancé à Kingakati.

(Logique. Le but des concertations où a été levé le lièvre du « nouveau gouvernement » était de faire oublier les élections trafiquées de 2011et de replâtrer en l’élargissant une majorité plus étroite et plus inconsistante que durant la législature précédente. Pour cela, on a fait jouer « la Loi de l’Entrecôte ». Tant que tous les membres de la MP et tous es

« concertateurs » rêveront d’un portefeuille de Ministre, JKK n’aura parmi eux que des amis dévoués. Mais il ne peut nommer plusieurs centaines de ministres. La publication du

«gouvernement de cohésion nationale » fera quelques heureux, mais énormément de mécontents. JKK n’a donc, au fond, aucun intérêt à se presser, ni même d’ailleurs à le nommer. NdlR)

Qu’à cela ne tienne, si la logique du respect de la Constitution est de mise jusqu’aux joutes électorales, les perspectives sont rassurantes. Bien que le premier citoyen de la République ait, à coup sûr, déçu tous les caciques dont la boulimie du pouvoir collent à la peau, conclut Le Potentiel.

LE POTENTIEL menacé ?

Dans son titre principal : « 1 000 dollars pour se payer la tête de Mutinga », Le Potentiel rapporte que Modeste Mutinga, sénateur et fondateur du journal, est dans le collimateur de certains zélés de la Majorité présidentielle qui, profitant de l’incise du chef de l’Etat à l’endroit du journal, jeudi dernier à Kingakati, ont juré d’avoir sa peau. Un membre du gouvernement Matata a fait le tour de quelques rédactions pour proposer à chacune une somme de mille USD que l’interpellation du chef de l’Etat à l’endroit du sénateur Mutinga soit interprétée comme un bannissement. Mal lui en a pris car les confrères l’ont éconduit.

Qu’a donc fait Le Potentiel ? Il ne s’est pas distingué, pourtant, par un ton plus critique que d’autres journaux réputés « proches de la MP ». Certes, il a constaté comme tout le monde les bons résultats du gouvernement Matata, alors que JKK a, semble-t-il, adopté à Kingakati les critiques de Kengo quant au «retard du ‘social’ sur le macroéconomique » qui devraient, en toute équité, être reproché plutôt aux banques commerciales qu’à Matata. Mais quand on veut noyer son chien…

Il faut cependant remarquer qu’à la sortie de la « fuite » d’un document attribué à la MP, Le Potentiel ne l’a pas seulement attribué aux « durs » de la MP, généralement qualifiés de « faucons », ce que d’autres, y compris Digitalcongo ont fait également, mais il

(2)

aaussi émis l’opinion que ceux-ci « poussaient JKK à la faute ».

Quelle faute ?

Peut-être faut-il en trouver l’explication dans ces considérations émises par le revue Dialogue, dans sa série sur les élections africaines :

« Que se passerait-il si Kabila devait finalement se décider à soumettre au référendum la fameuse question de l’article 220 ?

Sauf à supposer que la majorité de la nation congolaise se compose uniquement de débiles profonds, on doit admettre que personne n’ignorera que la question n’est pas posée dans l’abstrait mais qu’il s’agit d’autoriser JKK a être à nouveau élu en 2016. Plus qu’une consultation sur le prescrit constitutionnel, ce serait un référendum sur la personne de Kabila. Et, même avec les chiffres manipulés et douteux des élections de 2011, l’on n’a pas pu lui faire atteindre mieux qu’un score à peine supérieur à 40% des voix. Ce serait donc en apparence une entreprise suicidaire.

Toute la question est de savoir si JKK lui-même s’en rend compte. Ses atermoiements avant de se porter candidat en 2006, sa fuite peu glorieuse devant le débat télévisé prévu avec Bemba, la révision constitutionnelle surprise en dernière minute de 2010, tout cela montre surabondamment que la pugnacité n’est pas dans son caractère. Il préfère vaincre sans péril. On n’y trouve pas de gloire, mais c’est plus sûr.

Mais, après 14 ans de pouvoir, voit-il encore la réalité comme elle est ? Ou a-t-il fini par croire aux sornettes de sa propagande, qui attribuent tout à sa « vision », à sa

« pensée », à son « inspiration » ? Et parmi les menteurs qui l’y poussent, combien sont simplement des rats qui voudraient bien que le navire ne coule pas, parce qu’ils n’ont pas fini d’en ronger la cargaison, et combien caressent ses ambitions dans le sens du poil, dans l’espoir qu’il fera le pas de trop qui le fera tomber ? Peut-être l’avenir donnera-t-il raison à ces journalistes qui écrivaient qu’on le « pousse à la faute ».

Elections et recensement

Dans son numéro 48, l’hebdomadaire Le Télégramme du Congo consacre une pleine page aux élections de 2016. On en trouvera un peu plus loin la reproduction photographique.

Il faut rappeler – et nos lecteurs ne peuvent certes pas nous reprocher de ne pas le faire ! - que les élections du 28/11/11 ont incontestablement été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus.

Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus.

L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.

Ces calamiteuses élections du 28/11/11 ont aussi été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Or, cette absence de recensement, qui est à la surce de la plupart des polémiques sur les résultats électoraux, est de façon curieuse évoquée assez rarement entre deux élections.

Circonstance agravante, le responsable de tout cela, l’abbé Malumalu, qui s’était vanté de

(3)

pouvoir, avec le RAPTA, faire l’éconmis du recensement, est à nouveau à la tête de la CENI.

(4)

Presse et documents internationaux

RDC : et si Kabila partait en 2016 ? Christophe Boisbouvier – Jeune Afrique – 19/03/14

Il pourrait créer la surprise en quittant le pouvoir en 2016. À moins qu'un report

"technique" de la présidentielle lui permette de jouer les prolongations. Entre ces deux hypothèses, rien ne démontre que le chef de l'État a déjà pris sa décision.

"Le président Kabila respectera strictement ce qui est écrit dans la Constitution. Pas plus de deux mandats successifs. En 2016, il y aura un passage de flambeau civilisé entre un président qui sort et un président qui entre"... Cette déclaration de Lambert Mendé, porte-parole du gouvernement congolais, le 9 mars sur RFI et TV5 Monde, n'en finit pas de faire jaser. D'abord, il y a ce mot "civilisé". Il est vrai que, depuis l'indépendance, le Congo - comme la Russie du temps d'Ivan le Terrible - n'a jamais connu de transition pacifique. De Patrice Lumumba à Joseph Kabila, en passant par Mobutu et Laurent-Désiré Kabila, le pouvoir s'est toujours transmis dans la violence et le crime. Selon la Constitution, Joseph Kabila ne peut pas se présenter à la prochaine présidentielle et doit céder la place au plus tard le 19 décembre 2016. En avril 2000, les Sénégalais ont écarquillé les yeux en voyant Abdou Diouf faire l'accolade à son successeur, Abdoulaye Wade, lors de la cérémonie la plus civilisée au monde. Aujourd'hui, les Congolais se prennent à rêver de la même chose. Mais beaucoup ont du mal à y croire.

Après 2006 et 2011, Joseph Kabila va-t-il se présenter une troisième fois ? Pour cela, il doit toucher à l'article 220 de la Constitution, qui interdit de modifier "le nombre et la durée" des mandats du chef de l'État. Or cet article est intangible. Il lui faut donc changer de Constitution par référendum. Un acte lourd. "S'il ne trouve pas une porte de sortie, je pense qu'il ira au référendum", pronostique Pierre Jacquemot, ex-ambassadeur de France à Kinshasa et aujourd'hui chercheur associé à l'Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris). "Il est tenté parce qu'il est jeune - 43 ans -, il a pris goût au pouvoir, et l'opposition s'est beaucoup modérée grâce à la distribution de nombreuses rentes." Tout le monde ne partage pas cet avis. "Il est vrai que sa famille et les caciques du clan des Katangais vont tout tenter pour qu'il reste aux affaires. Mais toucher à la Constitution c'est mettre fin au processus démocratique et se couper de la communauté internationale", estime un proche de Léon Kengo wa Dondo, le président du Sénat. "Au contraire, s'il se retire, il aura la sympathie de l'opinion, qui ne cache plus son ras-le-bol à l'égard du contrôle excessif des Katangais sur l'appareil d'État."

"Joseph Kabila a déjà modifié la Constitution"

"Franchement, je ne le vois pas quitter le pouvoir", lance l'opposant Samy Badibanga, le chef du groupe de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, d'Étienne Tshisekedi) à l'Assemblée nationale. "Depuis les concertations nationales d'octobre 2013, il fait du forcing pour élargir sa majorité. Je crains qu'il n'organise un référendum avec le soutien de prétendus opposants." Réplique d'Aubin Minaku, président de l'Assemblée nationale et secrétaire général de la majorité présidentielle : "Le chef de l'État respectera la Constitution. Il partira le jour où il y aura un autre président élu." Oui, mais n'y a-t-il pas des résistances dans son entourage ? "Nous avons encore assez de temps pour que tout le monde comprenne qu'il est un homme de principes."

Au-delà des principes, il y a le rapport des forces. Dans l'opposition, Vital Kamerhe, le président de l'Union pour la nation congolaise (UNC), craint l'influence néfaste des

"courtisans" autour de Joseph Kabila - des courtisans qu'il connaît bien, puisqu'il a été le directeur de campagne du candidat Kabila en 2006. "Minaku et Mende promettent qu'il partira, c'est bien, dit-il, mais rappelez-vous que Joseph Kabila a déjà modifié la Constitution en 2011 pour supprimer le second tour de la présidentielle. Chat échaudé

(5)

craint l'eau froide. Et le peuple devra rester en éveil, comme au Sénégal en 2011, quand Dakar s'est soulevé contre la tentative d'Abdoulaye Wade de bricoler la Constitution."

Vital Kamerhe, qui se refuse à tout esprit revanchard contre Kabila et qui plaide pour la création d'un véritable statut d'ancien chef d'État au Congo, compte aussi sur la très influente Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui se bat pour le respect de l'article 220 de la Constitution.

À l'étranger aussi, le débat est lancé. Dans la sous-région, le Congolais Denis Sassou Nguesso (DSN) et l'Angolais José Eduardo dos Santos, arrivés tous deux aux affaires en 1979 - avec une parenthèse de cinq ans dans l'opposition pour DSN, entre 1992 et 1997 -, semblent vouloir garder la place, et n'ont sans doute pas intérêt à ce que leur cadet Kabila, qui n'occupe le Palais de la nation que depuis 2001, montre l'exemple de l'alternance au bout de quinze années de pouvoir. Le Rwandais Paul Kagamé et le Burundais Pierre Nkurunziza font peut-être le même calcul. En effet, ils accomplissent tous deux officiellement leur deuxième et dernier mandat, mais pourraient être tentés d'en briguer un troisième. En revanche, l'Américain Barack Obama tient au respect de la loi fondamentale et l'aurait récemment fait savoir à son homologue congolais par l'entremise de Russ Feingold, son envoyé spécial pour la région des Grands Lacs.

Côté européen, tout le monde a en mémoire la poignée de main glaciale Hollande-Kabila lors du sommet de la Francophonie d'octobre 2012 à Kinshasa. Aujourd'hui, les messages passent notamment par Jean-Pascal Labille, le ministre belge de la Coopération au développement - qui a été marié à une Belge d'origine congolaise dont il a eu trois filles.

Sans doute les relations Kabila-Labille sont-elles plus cordiales, mais, après la présidentielle de 2011, l'Union européenne n'a pas hésité à déclarer : "En raison de nombreuses irrégularités et fraudes, les résultats ne sont pas crédibles."

"Kabila attend les six derniers mois de son mandat pour se décider"

Joseph Kabila touchera-t-il ou non à la Constitution ? Un troisième scénario est possible : un report "technique" de la présidentielle au-delà de novembre 2016. Compte tenu de la polémique dont le fichier électoral fait l'objet depuis 2011, un recensement administratif de toute la population paraît nécessaire avant le prochain scrutin. "Vu les critiques qui ont été émises en 2011, nous devons sécuriser davantage les prochaines élections", admet Aubin Minaku. Et malgré les mauvaises relations entre le camp présidentiel et l'UDPS, le secrétaire général de la majorité présidentielle n'hésite pas à dire : "Pour une fois, ce recensement est une demande objective de l'opposition radicale." Pourra-t-il se faire avant novembre 2016 ? "Il faudra respecter les délais dans la mesure du possible, répond Minaku, mais s'il y a un cas de force majeure, la Ceni [Commission électorale nationale indépendante] pourra saisir la Cour constitutionnelle, qui pourra elle-même autoriser un report à une date bien déterminée. L'essentiel est de trouver un consensus pouvoir-opposition qui sauvegarde la stabilité et l'unité du pays." Un consensus avec tout le monde ? "Disons un consensus moins un, si Étienne Tshisekedi continue d'évoluer en marge du cadre républicain", précise le président de l'Assemblée nationale.

Que fera Kabila ? "Je crois qu'il ne s'est pas encore fait une religion et attend les six derniers mois de son mandat pour se décider", parie Pierre Jacquemot. "Vous savez, la première fois qu'il m'a reçu au Palais, il m'a dit : "Mon grand-père a été assassiné, mon père aussi, et je pense que mon destin est relativement précaire"."

Tentation d'un scénario à la Poutine

"Si Joseph Kabila quitte le pouvoir, il sera peut-être tenté de faire le coup de Poutine", souffle l'un de ses proches. En 2008, pour respecter la Constitution, le numéro un russe avait laissé la présidence à Dmitri Medvedev et s'était installé à la primature avec des pouvoirs élargis. Puis, en 2012, il était revenu à la tête de l'État. Pour Joseph Kabila, tout le problème est de trouver un "Medvedev congolais" qui acceptera de s'effacer au bout

(6)

de cinq ans de présidence. À Kinshasa, on évoque les noms d'Augustin Matata Ponyo, le Premier ministre, d'Aubin Minaku, le président de l'Assemblée nationale, ou d'Évariste Boshab, son prédécesseur. Dans le "clan des Katangais", on parle de Jean-Claude Masangu, l'ex-gouverneur de la Banque centrale, ou d'Albert Yuma Mulimbi, le patron des patrons. Circulent encore les noms d'Olive Lembe Kabila, la première dame, et de Janet Kabila, la soeur jumelle du président, qui est aussi députée. Reste à être élu au suffrage universel...

L'UDPS EN QUETE DE STRATEGIE

Propos recueillis par Christophe RIGAUD – Afrikarabia -19/03/2014

L’UDPS a-t-elle décidé de sortir de son silence ? Dans un entretien à Afrikarabia, Félix Tshisekedi promet une nouvelle stratégie pour contrer le régime de Joseph Kabila et la fin du « mutisme » de l’UDPS.

Le principal parti d’opposition congolais apparaît plus affaibli que jamais. Depuis la réélection contestée de Joseph Kabila en novembre 2011, l’UDPS s’est muré dans un silence assourdissant, pratiquant le boycott de l’Assemblée nationale, ou des Concertations nationales initiées par le pouvoir. Une politique de la chaise vide qui n’a pas permis au leader du parti, Etienne Tshisekedi, 81 ans, de s’imposer comme le patron de l’opposition. Le « sphinx de Limete » s’est autoproclamé président de la République démocratique du Congo en lieu et place de Joseph Kabila. Et même si le scrutin chaotique de 2011 est considéré comme « non crédible » par la communauté internationale, Tshisekedi s’est isolé dans son rôle de « président » sans pouvoir, que tout le monde a fini par ignorer. Certains de ses cadres ont préféré quitter le navire pour siéger à l’Assemblée nationale ou participer aux Concertations.

Pendant ce temps, deux « jeunes loups » de l’opposition ont profité de ce vide médiatique pour s’imposer sur le devant de la scène. Le premier s’appelle Martin Fayulu.

Le chef de l’Ecidé a lancé une pétition, « Sauvons le Congo« , demandant la démission du président de la commission électorale (Ceni), Apolinaire Malu-Malu, avec un certain retentissement. Le second est Vital Kamerhe, le président de l’UNC, qui s’est taillé un costume de « super opposant » après les mésaventures de sa « caravane pour la paix » dans l’Est du pays. Dans ce contexte, l’UDPS et son leader vieillissant cherchent à rebondir. Le fils d’Etienne Tshisekedi, Félix, nous a accordé un entretien depuis Bruxelles sur l’avenir du premier parti d’opposition congolais.

- Afrikarabia : L’UDPS n’est plus vraiment audible aujourd’hui dans l’opposition congolaise. Allez-vous continuer votre stratégie du silence ?

- Félix Tshisekedi : Nous allons désormais nous faire entendre. Il y a deux semaines, ici en Belgique, nous avons réuni tous les responsables de l’UPDS de l’extérieur. Nous avons passé en revue tous nos problèmes. Très bientôt nous enverrons une délégation à Kinshasa, que je vais conduire, et qui va rencontrer le président (Etienne Tshisekedi, ndlr) pour voir ce qu’il y a lieu de faire. Je vous le promets, on entendra parler de nous.

- Afrikarabia : Vous avez refusé que les députés de l’UDPS siègent à l’Assemblée nationale ainsi qu’aux Concertations lancées par le président Joseph Kabila.

Allez-vous continuer à tout boycotter ?

- Félix Tshisekedi : C’est pour ces raisons que nous nous sommes réunis à Bruxelles, pour analyser toutes ces prises de position et voir dans quelles mesures on peut en revoir certaines ou en requalifier d’autres. Ce n’est pas à moi de dire ce qu’il faudra faire, cela reviendra à notre président. Mais je peux vous certifier qu’à l’avenir la position de l’UDPS sera entendue et défendue.

- Afrikarabia : Le silence de l’UDPS c’est donc fini ?

- Félix Tshisekedi : Le mutisme c’est fini. Nous allons communiquer, expliquer pourquoi il y a eu ce mutisme. Nous communiquerons beaucoup plus.

- Afrikarabia : Dans le contexte d’un nouveau gouvernement d’union nationale, l’UDPS pourrait-elle y participer ?

- Félix Tshisekedi : Il n’est pas question pour nous d’entrer dans un quelconque gouvernement d’union nationale. Nous sommes toujours sur le contentieux électoral de 2011. Nous estimons avoir gagné les élections et tout ce que fait Kabila et son camp

(7)

n’est qu’imposture. Ce nouveau gouvernement d’union nationale sera illégitime pour nous.

- Afrikarabia : Allez-vous vous rapprocher d’autres partis d’opposition comme le MLC de Jean-Pierre Bemba, toujours détenu à la Cour pénale internationale de La Haye ?

- Félix Tshisekedi : Pour le moment, c’est une option qui n’est pas levée avec le MLC ou tout autre parti. L’UDPS est ouverte à toutes les discussions pour voir si cela vaut la peine de constituer des alliances ou pas.

- Afrikarabia : Pourriez-vous vous rapprocher de l’UNC de Vital Kamerhe ? - Félix Tshisekedi : Je vous ferais la même réponse. Nous échangeons de temps et temps, mais il n’y a pas d’alliance formelle.

- Afrikarabia : Il paraît peu probable qu’en 2016, votre père, Etienne Tshisekedi qui a 81 ans, décide de se représenter à l’élection présidentielle. Comment allez-vous aborder ces nouvelles échéances électorales ?

- Félix Tshisekedi : Peu probable, c’est vous qui le dites. L’avenir appartient à Dieu. Mais que ce soit Etienne Tshisekedi ou un autre, l’UDPS prendra rendez-vous aux prochaines élections, si elles sont démocratiques et transparentes.

- Afrikarabia : Un congrès du parti est fixé pour 2015, la succession d’Etienne Tshisekedi est-elle à l’ordre du jour ?

- Félix Tshisekedi : Pour le moment, non. Notre prochain congrès n’a pas pour vocation de trouver un successeur à Etienne Tshisekedi, mais de lever les grandes options politiques.

- Afrikarabia : Vous seriez prêt pour assurer la relève à la tête de l’UDPS ? - Félix Tshisekedi : La relève, ce n’est pas qu’une seule personne. La relève ce sont toutes les personnes qui ont accompagné Tshisekedi dans son combat. La relève reposera sur les épaules de toute une génération : la génération Tshisekedi.

- Afrikarabia : Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016, souhaitez-vous un positionnement plus clair de Joseph Kabila, que la Constitution actuelle interdit de briguer un nouveau mandat ?

- Félix Tshisekedi : Pour nous Kabila est éliminé depuis 2011, il n’a plus à se représenter. Mais nous avons des informations qui nous indiquent que Joseph Kabila est en train de préparer un référendum pour soumettre à la population une modification de la Constitution. C’est une manoeuvre politique supplémentaire destinée à provoquer les Congolais et nous en tirerons les conséquences qu’il faudra.

LA GUINÉE REFUSE TOUTE EXPULSION COLLECTIVE DE SES NATIONAUX Une « première » qui peut faire tâche d’encre

CRER - 18 mars 2014

L’Office des Étrangers avait organisé pour ce 17 mars une expulsion collective par vol militaire de Guinéens déboutés de l’asile. Ce projet a connu un échec notoire en ce sens que, pour la première fois, un Etat africain s’est opposé à la déportation groupée de ses nationaux.

En effet, le 17 mars au matin la Guinée a refusé l’atterrissage de l’avion militaire censé amener à Conakry une vingtaine d’expulsés. Des contacts sont alors intervenus entre Maggie De Block, Secrétaire d’Etat chargée de l’immigration et l’Ambassade de Guinée.

Des mots ont été échangés par communiqués interposés, la Belgique dénonçant « une moquerie » et le non respect par les autorités guinéennes des accords qui seraient intervenus lors de la visite de la Secrétaire d’Etat à Conakry il y a quelques semaines.

François Fall, le chef de la diplomatie guinéenne, vient de préciser la position de la Guinée dans cette affaire des 27 « expulsables » qui a mis un sérieux grain de sable dans les rouages diplomatiques belgo-guinéens. Cette position se résume en trois points : refus et interdiction de toute expulsion collective ; que les Guinéens en droit d’être régularisés sur le sol belge le soient dans le respect des lois internationales ; que des mesures d’accompagnement et de réinsertion soient effectivement accordées aux déboutés de l’asile ou de la régularisation.

(8)

Quant à l’octroi des laissez-passer indispensables à toute déportation, le Ministre rappelle que c’est du ressort exclusif de l’Ambassade de Guinée à Bruxelles. Une délégation de haut rang viendra tout prochainement à Bruxelles mettre cette procédure au point.

Rappelons qu’aucun document de voyage n’a été délivré aux Guinéens.

Au terme de ces tractations et du Conseil des Ministres guinéens qui s’est penché sur la question ce 17 mars, il semblerait qu’un accord soit intervenu entre la Belgique et la Guinée : les expulsions des déboutés seront désormais assurées par Brussels Airlines avec un maximum de quatre personnes par vol.

L’affaire se solderait donc par un match nul : un point pour la Guinée qui refusera désormais toute expulsion collective, ce dont se réjouissent les associations militant contre cette pratique ; un point pour la Belgique qui continuera à expulser au cas par cas.

C'est d'ailleurs en cours : un vol est prévu ce 19 mars avec 4 personnes via Banjul (Gambie) et un autre le 20 mars via Dakar.

Reste que derrière ces marchandages, des vies humaines sont en jeu et que la politique du chiffre dans les déportations ne résout pas du tout la question de l’immigration.

CRACPE – CRER Contacts presse : 0497/542 433 0478/503 727 CRER – Coordination contre les Rafles,

les Expulsions et pour la Régularisation

Modification des Constitutions en Afrique : "On ne peut pas diviser un pays pour le destin d'un seul homme"

Entretien avec Olivier Kamitatu, par Adama Ouédraogo Damiss – L’Observateur (Burkina Faso), 19 Mars 2014

En séjour à Ouagadougou, l'ancien bras droit de Jean-Pierre Bemba et ex-président de l'Assemblée nationale de transition de la République Démocratique du Congo (RDC), Olivier Kamitatu Etsu, dans cet entretien, parle de la situation sociopolitique de son pays et apprécie le débat en cours en ce moment sur la candidature de Blaise Compaoré à la présidentielle de 2015.

On ne peut pas dire que nos lecteurs vous connaissent très bien. Peuvent-ils faire plus ample connaissance avec vous ?

• Je m’appelle Olivier Kamitatu Etsu. Je suis le président du Réseau libéral africain. Je suis également le président d’un parti, l’Alliance pour le Renouveau du Congo (ARC), qui est dans la majorité avec 15 députés, 5 sénateurs et 1 membre du gouvernement. A titre personnel, j’ai présidé l’Assemblée nationale de transition qui a abouti aux élections de 2006, les premières élections démocratiques et transparentes en République Démocratique du Congo. Après ce scrutin, j’ai été nommé ministre du Plan, et j’ai occupé cette fonction pendant 5 ans dans les gouvernements qui se sont succédé de 2006 à 2012. Avant et pendant la transition, j’étais le n°2 du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean Pierre Bemba. J’étais chargé de la branche politique du MLC et j’ai participé activement à ce titre à tous les accords de paix.

Dans quel cadre séjournez-vous au Burkina?

• Je suis venu ici en tant que président du Réseau libéral africain, qui regroupe aujourd’hui 34 partis politiques dans 25 pays. Le secrétariat de ce réseau est basé à Cape Town en Afrique du Sud. Nous disposons d’un comité exécutif que je préside, assisté de 5 vice-présidents. L’un d'eux est Me Gilbert Noël Ouédraogo de l'ADF/RDA pour l’Afrique de l’Ouest.

Notre réseau a pour vocation d’assister tous les partis libéraux africains qui veulent, bien entendu, accéder au pouvoir. Les deux patrons de notre mouvement sont : le président Alassane Ouattara, qui est le premier des libéraux africains sur le continent, et Hélène Zile, qui est la chef de l’exécutif de la province de Western Cape et ancienne maire de Cape Town.

(9)

Votre organisation est également un cadre pour homme politique pour se faire un réseau et un carnet d'adresses surtout que l'objectif d'un parti politique, c'est la conquête du pouvoir.

C’est avant tout une organisation. Un réseau c’est en même temps un network à la britannique ; ça veut dire que nous avons un carnet d’adresses, et tous les membres doivent en bénéficier. C’est un lieu de rencontres, d’échanges d’expériences, un lieu de solidarité, et c’est à ce titre d’ailleurs que je suis ici au Burkina Faso pour exprimer la solidarité, l’appui et le soutien au président de l’ADF/RDA, Me Gilbert Noël Ouédraogo.

Nous avons vocation à constituer non seulement un réseau, un carnet d’adresses mais également à appuyer la formation des cadres de nos partis politiques. Dans cette mission de formation, nous sommes assistés par deux grandes organisations : la Fondation Friedrich Neumann pour la liberté et la Fondation Westminster. Il faut savoir que ces deux fondations sont d’obédience libérale et que nous voulons promouvoir cette idéologie par l’action politique à travers tout le continent.

Vous vous êtes séparé de votre ancien mentor, Jean-Pierre Bemba. Est-ce parce qu'il est devenu gênant du fait de ses déboires judiciaires?

• Jean-Pierre Bemba est un ami d’enfance. Nous avons cheminé ensemble parce que nous avions une même vision de la lutte et de l’engagement contre la dictature et l’oppression exercée par Laurent Désiré Kabila, qui avait pris le pouvoir par les armes.

Nous avons travaillé étroitement à faire valoir notre vision pour un nouvel ordre politique en République Démocratique du Congo, pour l’organisation d'élections libres et transparentes.

Pour ce qui est de cette mission, nous avons largement réussi dans notre combat; quant à la mise en œuvre d’une vision d’avenir en 2006, nous ne partagions pas les mêmes objectifs ni la même manière de diriger un parti politique. J'ai jugé utile de prendre ma route, de créer mon propre parti , qui est entré dans l’International libéral, et de suivre la voie qui me semble la meilleure.

Je me refuse à toute forme de partis patrimoniaux. Je considère que les partis sont les lieux d’accès au pouvoir, c’est également des lieux d’échanges et que la personnalité d’un chef à la tête d’un parti doit être à la fois empreinte d’autorité et de capacités d’écoute et de démocratie. Quant aux démêlés judiciaires de Jean-Pierre Bemba du fait de son arrestation par la CPI en 2006, personne ne pouvait imaginer qu’un jour ce destin tragique pourrait lui arriver.

Estimez-vous que votre ami est coupable des faits qui lui sont reprochés?

• Le dossier est pendant devant la Cour pénale internationale ; ça veut dire que je n’ai pas à estimer si Jean-Pierre Bemba est coupable ou non. Ce sont les juges de la CPI qui devront statuer sur cette question. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il y a énormément de mes compatriotes qui sont arrêtés au niveau de la Cour pénale internationale, et la République Démocratique du Congo paye un lourd tribut à cette juridiction internationale.

Tout ce que j’espère est que le droit soit dit en toute indépendance et qu’il ne soit pas l'otage de considérations politiques. Nous nous soumettrons ainsi à ce que les juges et le procureur décideront.

Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a annoncé récemment que Jospeh Kabila allait respecter la Constitution et ne se présenterait donc pas à la présidentielle de 2016. Croyez-vous vraiment à cette déclaration?

• Dans mon parcours politique, j’ai été le président de l’Assemblée nationale de transition. J'ai eu à participer activement à l’élaboration de la Constitution de mon pays, j’en suis donc l’un des pères. Dans cette loi fondamentale, l’article 220 dispose qu’on ne peut remettre en question la durée et le nombre de mandats du président de la

(10)

République. C’est donc une des dispositions intangibles de notre Constitution, adoptée par le peuple congolais par référendum en janvier 2006 à plus de 85%.

Aujourd’hui, le chef de l'Etat sait très bien que le peuple congolais s’est exprimé, que cette question ne peut même plus être posée. Ça veut dire qu’il n’est pas question d’un référendum sur l’article 220. Il n’est pas question non plus pour Joseph Kabila de tenter de toucher à quoi que se soit. Je pense que le porte-parole du gouvernement s'est exprimé pour rassurer l'opinion publique et calmer le climat politique. Sinon, ça coule de source, mais ça peut rassurer parce qu’on voit dans d’autres pays qu'on peut parfois tordre le cou à certaines dispositions constitutionnelles quand bien même elles ont été adoptées par les populations.

On parle d'un gouvernement d'union nationale en RDC. Qu'est-ce qui explique cette volonté d'ouverture de la part d'un Kabila dont l'élection a été qualifiée de hold-up?

• Cette ouverture n’est pas un fait totalement improvisé. Le président de la République en avait déjà évoqué l'idée. Il prônait la concertation parce qu’il était critiqué par l’opposition, qui le tenait pour responsable de tous les maux de la RDC. Vous savez également que des mouvements d’insurrection sont apparus dans l’est du pays, notamment le M-23 qui contrôlait la ville de Goma et qui a commis énormément d’exactions. La lutte armée qui s’est engagée par la suite a été très violente. Le M-23 était soutenu et parrainé par des voisins qui ont d'ailleurs été dénoncés par un rapport assez explicite des Nations unies.

En ce sens, le chef de l’Etat voulait absolument renforcer la cohésion nationale face à cette menace pour l’avenir du pays. Donc il fallait que le président Kabila, dont la légitimité a été mise en cause à l'issue des élections, pose des actes allant dans le sens du raffermissement des liens entre les fils et les filles du Congo. Il y a eu à cet effet des concertations devant aboutir à la cohésion nationale. C’est une logique qu’il a poursuivie tout au long de l’année 2013 au-delà de la contestation issues des urnes en 2011, que tout le monde connaît. Cette protestation, vous vous en êtes fait l'écho largement.

Ces concertations ont abouti à plus de 600 recommandations entre l’opposition et la majorité. Nous avons salué le fait qu’elles ont eu lieu et que les deux parties ont dressé un diagnostic de la situation, qui est sévère. Le chef de l’Etat, dans un message à la nation et dans un discours devant le congrès, en a pris note et a accepté toutes les recommandations issues de ces concertations. La première d’entre elles, c’est la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale. Nous attendons maintenant que le président respecte ses engagements par la mise en place de ce gouvernement dans les prochaines semaines.

Votre pays a toujours connu des troubles et des conflits armés. Quelle est finalement la solution pour une paix durable?

• Nous avons aujourd'hui une situation favorable depuis la victoire des forces armées contre le M-23. Il y a un climat d’entente et de paix sur l’ensemble du territoire national

; c’est donc un moment tout à fait particulier dans l’histoire de notre pays, qui n'avait pas connu une telle accalmie ces 20 dernières années. Le Président de la République considère que la période du conflit et de la guerre est révolue et qu’il faut trouver des solutions aux problèmes socio-économiques et politiques. Notre pays est fragile, il faut maintenant consolider très rapidement la paix et renforcer l’Etat.

Quand on parle de fragilité, on pense d'abord aux 30 années de dictature du président Mobutu qui avaient totalement disloqué l’appareil de l’Etat. Certes une nation congolaise existait mais l’Etat congolais n’existait pas, ses capacités régaliennes étaient toutes affaiblies, certaines pratiquement inexistantes. Cela veut dire que l’armée républicaine, la police, la justice, la capacité réelle d’un Etat à protéger, à sécuriser ses concitoyens n’existaient plus.

Aujourd’hui nous sommes dans une phase de reconstitution de toutes les fonctions régaliennes de l’Etat congolais, donc c’est une des périodes les plus importantes de notre pays. Parallèlement à cela, au cours des 10 dernières années, nous avons vécu la plus longue période de stabilité macroéconomique que notre pays ait jamais connue. Nous

(11)

avons terminé l’année 2013 avec 8% de croissance économique, ça veut dire que nous avons des capacités que nous renforçons progressivement et une stabilité économique remarquable depuis l'indépendance du pays. Ce sont des acquis qui nous permettent de passer à beaucoup plus d’exigence relative au modèle de gouvernance et de démocratie de notre pays.

Au Burkina Faso, il y a le débat sur la candidature du président Compaoré en 2015. Si vous aviez un avis à donner sur ce sujet, que diriez-vous?

• Je l’ai dit dans mon discours au congrès de l'ADF/RDA: tout le monde scrute attentivement le Burkina Faso. Le chef de l’Etat, le président Compaoré, ne s’est pas exprimé, il est l’autorité morale de la majorité. Au sein de cette majorité, certains partisans souhaitent la révision de l’article 37 et la prolongation du mandat du président du Faso. Ils considèrent que cela est légitime parce que ce n’est pas une disposition intangible comme en République démocratique du Congo. L’article 37 peut être révisé, donc c’est une démarche qui s’inscrit dans une forme de légalité.

Maintenant la légalité suffit-elle à un chef d’Etat pour remplir sa fonction symbolique qui est celle de père de la nation et de guide? Jusqu’à présent il s’est comporté comme le guide de la nation burkinabè et aussi comme le grand faiseur de paix dans toute la région. Maintenant, nous attendons de voir si sa sagesse pourra l’inspirer pour son destin personnel.

Que pensez-vous de la position de l'ADF/RDA, qui se réclamait de l'opposition pendant qu'elle était au gouvernement et soutenait la candidature de Blaise mais qui est aujourd'hui au sein de la majorité présidentielle tout en s'opposant au tripatouillage de l'article 37?

• Là, c’est une caricature, et la presse aime cela. Mon ami Gilbert fait partie de la majorité. L’autorité morale de cette majorité, c'est Blaise Compaoré, quand bien même elle refuse d’entrer dans l’arène politique parce qu’elle est au-dessus des contingences politiciennes. Cette autorité morale de la majorité ne s’est pas encore exprimée. Une grande partie de ses partisans demande la révision de l’article 37. En tant que membre à part entière de la majorité, le président de l’ADF/RDA pense que cela est totalement inopportun.

Il est donc dans son rôle. Il représente un courant qui peut être minoritaire au sein de la majorité, mais il exprime publiquement et de manière courageuse une voix qui est entendue par la jeunesse du Burkina Faso et par une grande partie, à mon avis, du peuple, de la classe politique et de la société civile. Reconnaissons au président Ouédraogo les vertus de la sincérité et du courage et un caractère bien trempé parce qu’il faut du caractère pour aller contre une tendance qui peut paraître majoritaire.

Il y a dans toute majorité des flatteurs et des courtisans qui sont prêts à aller à l’extrême pour plaire et séduire, peut-être pour obtenir des fonctions ou requalifier leur position;

d’autres veulent simplement consolider leurs privilèges. Me Gilbert Ouédraogo n’est pas dans cette optique ; il s’inscrit directement dans une cohérence qui est celle de sa famille politique. Lui en tant que libéral et nous en tant que membre du réseau africain considérons qu’on ne doit pas changer la Constitution pour rester au pouvoir.

La loi fondamentale ne doit pas être l’objet de tripatouillage ou de bricolage, donc je ne pense pas qu’il fasse de l’équilibrisme. Il respecte une ligne de conduite qu’il s’est tracée.

Il est bien entendu que nous ne devons jamais remettre en cause les acquis chèrement glanés, et l’histoire de la république montre ici qu’il y a eu nombre de coups de force, des coups d’Etat et des révisions constitutionnelles. Aujourd’hui il faut envisager l’avenir du Burkina Faso avec une alternance apaisée, un passage de témoin démocratique.

Il y va de la grandeur d’une nation et de son avenir, et je pense que Me Gilbert s’inscrit dans cette logique. Je ne cesse de le dire : en tant que libéral, il faut rester ferme sur ce qui n’est pas négociable. Maintenant, on peut être souple sur les formes, les discussions et les compromis. Il faut en toute chose cultiver le dialogue et définir la trajectoire et l’objectif, mais le chemin à emprunter ensemble est plus important que l’objectif lui-

(12)

même.

Il faut désormais faire preuve de compromis, de sagesse pour définir la route, l’emprunter ensemble, surmonter ensemble les obstacles parce qu’on ne peut diviser un pays sur une question aussi simple que celle du destin d’un seul homme. Derrière ça, l’idée de l’intérêt de la nation doit guider les actions. En politique, comme je l'ai dit, il faut être ferme, mais il faut savoir trouver les compromis.

Avez-vous d'autres relations dans le lanterneau politqiue burkinabè en dehors de Me Gilbert Ouédraogo ?

• J’ai eu le privilège d’être accueilli ici quand j’étais président de l’Assemblée nationale de transition par Roch Marc Christian Kaboré, qui occupait alors le Perchoir. J’avais à l’occasion prononcé un discours devant les députés burkinabè. J’ai retenu à l’époque un proverbe burkinabè qui dit que le handicapé qui est au sommet de l’arbre ne peut jamais oublier la main qui lui a porté secours. Mon pays était précisément dans un état presque de guerre et de division en dépit du fait que nous étions dans une période de transition ; nous ne pouvions oublier l’exemple que représente le Burkina Faso pour nous qui sommes en Afrique centrale dans un contexte de conflits alors qu’ici on était dans le libéralisme et la démocratie.

J’ai également un autre ami de longue date, Zéphirin Diabré, que j’ai invité à Kinshasa quand il était le numéro 2 du PNUD. Je l’ai non seulement invité mais après il est revenu régulièrement. Au-delà de mes deux amis libéraux que sont Me Gilbert et Diabré, qui ont en partage les mêmes valeurs, j’ai gardé un bon souvenir du président Kaboré, pour qui j’ai un profond respect.

C’est le lieu de lancer un appel à tous les acteurs de la scène politique burkinabè à cultiver le dialogue. Il me tient à cœur d’interpeller la jeunesse burkinabè et de lui rappeler qu'en politique, certes il faut être ferme, mais il faut aussi savoir trouver des compromis pour l’intérêt supérieur de la Nation, et l’intérêt supérieur, c’est la paix et la sécurité pour tout le monde, c’est le bonheur de ses concitoyens.

© CongoForum, le samedi 22 mars 2014

Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyez www.CongoForum.be

CongoForum est un site web unique qui existe depuis octobre 2005. Nous avons vraiment besoin de votre soutien financier. Merci de verser votre soutien sur le compte nro 738-0181033-53 de l’asbl CongoForum. Vous

pouvez le faire sur une base mensuelle ou annuelle, comme vous voulez. Un grand merci d’avance! Encore des questions? Mr. Klaas Vanhalst vous répondra: klaas@congoforum.be .

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

Elle ne ménagera pas ses efforts pour approfondir sa coopération, dans tous les domaines et en pleine transparence, avec les nouvelles autorités congolaises, et consolider la

Après un séjour de 4 jours en RDC, au cours duquel il a rencontré la plupart des acteurs politiques et ceux impliqués dans le processus électoral, le Sous-secrétaire général pour

« Nous ne sommes pas fer- més à toutes les contributions dans le cadre de la solidarité internationale, mais ce que nous avons refusé, c’est que l’on organise une

‘’Donc, au niveau de la MONUSCO, nous nous félicitons de cet accord qui a été signé, qui a bien sûr été l’objet de compro- mis, mais nous interpellons aussi les acteurs

Les Etats de l’OHADA doivent, dans un premier temps, faire un ef- fort herculéen pour instaurer l’état de droit, synonyme de transparence, de séparation des pouvoirs et de

 De larges fluctuations du nombre de voix : les résultats des deux législatives nationales et provinciales de 2006 montrent des différences énormes entre le nombre de voix

-- Une fois, le Père gobe trois œufs en guise de dîner... — Chacun ses goûts, petit. Vous avalez des œufs couvis et des œufs pourris qui me font horreur. Tandis qu’il

In navolging hierop heeft de Ombudsman in 2017 een kleinschalig verkennend onderzoek gedaan naar de kwaliteit van de schulddienstverlening bij enkele gemeenten