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LES FORMES DE DISCRIMINATION FAITES AUX FEMMES AU SUD-KIVU.

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ARCHIDIOCESE DE BUKAVU

COMMISSION DIOCESAINE « JUSTICE ET PAIX »

B.P. 162 BUKAVU/R.D.CONGO Tél. : (+243) 997 712 735 (+243) 998 665 862 E-mail : cdjpbukavu@yahoo.fr

N° 21

de novembre 2007 Bulletin d’information et de formation.

DEPASSER LES OBSTACLES CULTURELS A L’ELIMINATION DE TOUTES

LES FORMES DE DISCRIMINATION FAITES AUX FEMMES AU SUD-KIVU.

(2)

Malgré la ratification de la

convention sur

l’élimination de toutes les formes de discrimina-

tion à l’égard des femmes, et nonobstant les dispositions de l’article 14 de la constitution du 18 février 2006 relative à la parité, certaines pesanteurs culturelles continuent à maintenir la femme dans un état d’infériorité à l’égard de l’homme. Il faut pourtant dépasser ces attaches culturelles afin que la femme contribue, elle aussi, à la construction d’une société plus équilibrée, plus prospère et plus respectueuse des droits humains dans le respect de sa vraie valeur féminine et sans heurter brutalement les assises culturelles de la stabilité sociale.

Ce nouveau virage doit être bien négocié si non le

« Gender » risque de devenir un slogan des ONG sans assises ni impact réel dans la société. Et parfois les maîtres de chant du

«Gender » au lieu de favoriser l’harmonie sèment des propos

dualistes ou

revendicatifs au détriment de la stabilité de la famille africaine. Etre mère est une fierté et un honneur pour nos mères africaines.

Mais elles ne sont pas que ça !

I. Quelle est la perception de la femme et de la fille

dans les coutumes au Sud-Kivu ?

En R.D.Congo en général, et au Sud- Kivu en particulier, on a parfois une vision inégalitaire du rapport homme-femme. Cette inégalité se perçoit d’abord à travers le rôle procréateur de la femme, mère et éducatrice. En effet, un peu partout au Sud- Kivu, la société ne conçoit généralement pas la femme en dehors de ces 3 rôles : mettre au monde, garder les enfants et les éduquer. Si actuellement le rôle de la femme ne se limite plus seulement à la maison, c’est une

influence du

modernisme qui n’a pas encore atteint toutes les couches.

C’est pourquoi jusqu’à présent, dans les milieux où cette influence n’est pas très grande, la femme reste confinée dans son rôle domestique. Il existe malheureusement des coutumes réduisant la femme mariée à un bien faisant partie du patrimoine de son mari.

Au Bushi, par exemple, la dot signifie « NGULO », càd le prix d’achat ou d’acquisition. Ainsi la femme mariée devient presque, par l’effet de la dot, une propriété privée de son mari. En conséquence, elle n’a pas à dire sur le

nombre et

l’espacement des naissances, ni même sur sa vie affective.

Par endroit elle fait l’amour non quand elle veut, mais quand le mari veut. C’est très frustrant.

II. Quels sont les obstacles culturels

majeurs à

l’élimination de la discrimination à l’égard de la femme ? 1) La conception de la dot. Un peu partout au Sud-Kivu, la dot est perçue comme un prix d’achat, et donc un moyen d’imposer l’autorité absolue du mari sur la femme, faisant de celle-ci moins une partenaire égale et une aide complémentaire qu’un objet entre les mains toutes puissantes du mari.

Sans réduire la valeur de la dot, il y a lieu de comprendre qu’elle ne crée pas la puissance de l’homme, mais scelle le pacte de partenariat entre le couple. Ce qui était perçu dans la tradition comme un cadeau, un signe d’alliance entre familles est mal interprété jusqu’à créer une frustration dans le chef de la femme.

2) L’institution sociale du père chef du

ménage. Cette

conception fait que le jus sanguinis, principe de la transmission de la nationalité par filiation n’était pas l’option fondamentale pour l’acquisition de celle-ci. Ce principe n’était appliqué que pour le père. Même aujourd’hui ; bien que le code de la famille

l’ait étendu aussi à la femme en tenant compte des coutumes matrilinéaires, la transmission de la nationalité par la femme demeure mal acceptée.

3) L’éducation

familiale séparée et la répartition

discriminatoire des tâches. Aux termes de l’article 10 de la CEDF, les Etats parties sont tenus de prendre toutes les mesures appropriées pour

éliminer la

discrimination à l’égard des femmes afin de leur assurer des droits égaux à ceux des hommes en ce qui concerne l’éducation et pour assurer, sur la base de l’égalité de deux sexes, l’accès aux études et l’obtention des diplômes dans les établissements

d’enseignement de toutes catégories, dans les zones rurales comme dans les zones urbaines.

Il faut

reconnaître que des progrès ont été réalisés dans ce domaine, mais une frange importante des filles n’a pas accès à l’éducation à cause de la pauvreté et des coutumes. Un peu partout, on est convaincu que faire étudier une fille, c’est investir à perte soit parce qu’elle n’ira pas loin soit parce que c’est une autre famille qui retirera le profit de cet investissement.

S’agissant de la coutume, il faut dire

(3)

que même jusqu’aujourd’hui il y a encore des coins où les jeunes garçons suivent en brousse une initiation culturelle faite par leurs pères et les sages du village.

Le soir, ils sont dans la hutte de papa où on

leur apprendre

l’histoire du pays et les hautes faits de guerre des Bami alors que la jeune fille, à la cuisine de sa mère, est éduquée aux travaux de ménage et à jouer pleinement son rôle comme femme dans la société.

Tous les travaux ménagers reviennent à la fille pendant que son frère fait le chef. Et même à l’école, si par malheur la jeune fille tombe enceinte, elle est renvoyée alors que souvent le jeune garçon, auteur de sa grossesse, n’est pas inquiété.

4) La gestion des biens au sein du ménage : La CEDF invite les Etats parties à prendre

toutes mesures

appropriées pour

éliminer la

discrimination à l’égard des femmes dans toutes les questions découlant du mariage et dans les rapports familiaux, en assurant entre autres, les mêmes droits et les mêmes responsabilités au cours et lors de la

dissolution du

mariage. En R.D.Congo, le mari est le chef du ménage. Il doit protection à sa femme qui, à son tour, lui doit obéissance.

Cette disposition

exprime mieux la conception de la femme dans les traditions congolaises et affecte les modalités de gestion des biens du ménage.

Conformément à la mentalité

traditionnelle, le code de la famille prévoit que pour accomplir un acte juridique la femme mariée doit obtenir l’autorisation de son mari. Dans cette optique, la gestion des biens de valeur tels que les

immeubles, les

champs, les véhicules et autres relève du domaine exclusif du mari. La femme n’agit dans ce domaine que par délégation de pouvoir. Elle ne gère que les ustensiles de la cuisine, la nourriture et le budget familial que le mari a bien voulu mettre à sa disposition.

5) Les traitements cruels, inhumains et dégradants. Dans certains ménages, la femme reste victime des tortures physiques et morales de la part du mari. Ce dernier recourt à la bastonnade pour imposer son autorité. Les coutumes tolèrent cette situation tant qu’elle n’a pas excédé le spectre domestique. La victime doit se résigner et accepter la souffrance, car la femme doit apprendre à construire son ménage sur les épines.

Des proverbes comme

« Nafira oku bana bani » encouragent un tel état de choses.

Dans certaines

coutumes même, on tolère les sevices infligés à la femme à l’occasion de la mort de son mari.

Et dans plusieurs cas, la vieille femme est assimilée à la sorcière et peut être tuée par lapidation. C’est inacceptable.

6) Les abus en matière d’héritage. Alors que le code congolais de la famille prévoit la succession de la fille et de la femme, les coutumes prennent le dessus au moment du partage de l’héritage lorsque le défunt n’a pas laissé un testament.

Or la plupart de ces coutumes excluent la femme de la succession. On prétend que l’héritage de la femme provoquerait plus de problèmes qu’il n’en résoudrait, surtout en matière des champs et des maisons. C’est pourquoi la veuve se voit jeter dehors par ses enfants et les frères de son feu mari.

7) L’accès au travail rémunérateur.

Promouvoir l’égalité

des sexes et

l’autonomisation des femmes est un moyen efficace de combattre la pauvreté, la faim, les maladies … et de

promouvoir un

développement

durable. Or, dans plusieurs milieux, la femme est encore considérée comme incapable d’exercer un travail générateur de revenu. A cause de cette conception

traditionnelle, les

hommes sont

généralement préférés aux femmes dans presque tous les postes, sauf quelques rares exceptions.

Voilà autant

d’obstacles qui restent à combattre afin que la femme recouvre sa vraie place et sa dignité dans notre société au Sud-Kivu.

Et pour y parvenir, les hommes et les femmes doivent consentir un sacrifice réel de se défaire des stéréotypes modèles par des années d’éducation traditionnelle. Cela exige un peu de temps, mais ça vaut la peine de se lancer sur le chemin. C’est un chemin obligé.

Nous ne

devons pas avoir la mémoire trop courte.

L’histoire du bushi révèle que certaines femmes ont parfois été plus efficaces dans la gestion de la chose publique. En effet, on se rappellera que toutes les collectivités chefferies du Bushi ont connu des périodes de régence féminine et l’expérience d’un pouvoir féminin n’a pas toujours été décevante. Osons donc faire confiance à la femme, et ensemble gérons nos affaires privées et publiques.

Commission Diocésaine

« Justice et Paix » de Bukavu B.P. 162 Bukavu/RDCongo,

au n° 201, Av. P. Emery LUMUMBA, Nyawera

derrière le Magasin

(4)

LIKEMBE, Commune d’Ibanda.

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