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L’ECONOMIE D’ENTREPRISE ET SON ENSEIGNEMENT AU PORTUGAL

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L’E C O N O M I E D ’E N T R E P R IS E E T S O N E N S E IG N E M E N T A U P O R T U G A L

Caetano Léglise da C ruz V idal

L ’évolution des disciplines économ ico-adm inistratives s ’est déroulée, au P ortugal, selon un cours to u t-à-fait semblabe à celui qui était suivi dans beaucoup d 'au tres pays européens.

A bstraction faite des pages à ’A rith m étiq u e commerciale insérées dans plusieurs livres de m athém atiques du X V Ie et du X V IIe siècles et de références à des questions d ’organisation et de com ptabilité que l’on peut trouver dans quelques docum ents de cette époque 1 ), nous pouvons dire que l ’histoire littéraire des disciplines adm inistratives ne commence, au P ortugal, que vers le début du X V IIIe siècle.

Plusieurs ouvrages publiés à cette époque présentent un caractère spé­ cifiquem ent technico-com m ercial, comme:

„ T ra ta d o e arte de aritm ética p ara fazer um perfeito caixeiro” (T ra ité et a rt de l’arithm étique pour faire un commis p a rfa it), de N . G aspar.

„D icionârio de Com ércio” (D ictionnaire de C om m erce), de A. J. Sales.

„ T ra ta d o sobre as partidas d o b rad as” (T ra ité de la partie dou­ b le), Anonym e.

Le prem ier précis de com ptabilité imprimé au P ortu g al fut le ,,M er-cador exacto nos seus livros de contas ...” („L e m archand exact dans ses livres de com ptes ..." ) de J. B. Bonavie (1758), ouvrage qui n ’est, du reste, qu’une adaptation médiocre du livre du français D elaporte.

Le „ T ra ta tu s ” de Pacioli datait p o u rtan t de 1494!

C e long re ta rd p a r rap p o rt à l'Italie, le F ran ce et les P ays-B as, sur­ prend d 'a u ta n t plus que le P ortugal a occupé, pendant to u t un siècle, la première place parm i les pays navigateurs et com m erçants.

O n ne peut croire qu ’à l’âge d ’or des découvertes, q u 'à l’époque de l'In d e et du Brésil, q u ’au tem ps où Lisbonne — prem ier port du monde — débordait de m arins, de négociants et d ’aventuriers venus de V enise, de Florence, des F landres, d ’A ngleterre, on ne peut croire, disions-nous, q u ’en ces tem ps-là les P ortugais aient ignoré les m éthodes de la tenue des comptes selon le „modo di V e n eg ia” ou soient restés à l’écart du mouve­ m ent qui, de V enise à A nvers et M iddelbourg, cherchait à doter les com ­ m erçants de „m anières et procédés ingénieux” ou de „règles pour la tenue des livres” propres à aider ... chacun ... à diriger ses affaires et les m ettre en bon o rd re ”. T o u t porte à croire au contraire, que sous D. M a ­ nuel —- le R o i fo rtu n é ■— plusieurs com m erçants portugais aient fait tenir leurs com ptes en partie double. Ceci n ’est, m alheureusem ent, que simple conjecture car —- il faut bien l ’avouer — personne n ’a encore entrepris chez nous une étude approfondie de cette question.

N ous savons cependant que Jan Y m pyn a séjourné au P ortu g al et nous savons aussi que le chroniqueur célèbre des „D écadas d a A sia” , Joao de B arros •—- qui a été facteur de la C asa da India de 1533 à 1567 —- con­ naissait parfaitem ent les ouvrages de C ard an 2).

*) Cf., entre autres, le „Regim ento da Casa da India”.

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D ’au tre part, P edro N unes, notre g ra n d m athém aticien du X V Ie siècle, se réfère dan s son A lg èb re — d ’ailleurs imprimée à A nvers, en 1567 — aux ouvrages de C ard a n et de Luca Pacioli. O n sait encore que quelques- uns des grands m archands juifs établis à Lisbonne ont em porté leurs livres de commerce dans leur ém igration vers les P ay s-B as et, a u ta n t que l’on sache, ces livres étaient parfaitem ent tenus 3). C ’est là, m alheureuse­ ment, to u t ce que l’on sait sur l ’introduction de la partie double au P o rtu ­ gal.

V e rs le milieu du X V IIIe siècle, p ar contre, les études commerciales on t connu, au P ortugal, un essor soudain et to u t-à-fait rem arquable, q u ’elles devaient surtout à l’action énergique du M arquis de Pombal, m inistre du roi D. }osé Ier.

C ’est au M arquis de Pombal que nous devons les prem ières réglem en­ tations légales sur la tenue des livres de commerce, ainsi que la création de la fam euse ,,A ula de C om ércio” (E cole de Com m erce) -— la prem ière d ’E urope —- d ’où sont sortis les teneurs de livres et les ag en ts de com­ merce qui, peu à peu, ont rem placé les em ployés étran g ers que toutes les m aisons d ’une certaine im portance faisaient venir auparavant, à grands frais, de F ran ce ou d ’Italie.

C ’est à ce moment, et surtout vers la fin du X V IIIe siècle que virent le jour de nom breux ouvrages qui présentaient presque toujours un carac­ tère spécifiquem ent pratique. Ces ouvrages sont d ’ailleurs assez dissem ­ blables. E n effet, les uns n ’ont pour sujet que le calcul ou la tenue des livres, ou bien ces deux m atières à la fois, tandis que les autres, suivant en cela les vieux traités de „ mercancia” (négoce), tra ite n t un peu de tout ce qui se rap p o rte à l’activité commerciale: m archandises, institutions de commerce, technique des affaires, droit commercial, correspondance, etc. D e tels ouvrages contiennent en somme toutes ces m atières dont la réu ­ nion va constituer l’ensemble de connaissances désigné à to rt de nos jours encore sous le nom de science du com merce ou science des affaires (H andlungsw issenschaft, Science o f Business, etc.), ensem ble qu ’un auteur portugais du X IX e siècle c o n s id é ra it... extrêm em ent vaste par la m ultiplicité de connaissances q u ’il em brasse” 4 ).

M alg ré la publication de ces livres à caractère encyclopédique, on voit déjà se dessiner la tendance à une différentiation, c’est-à-d ire à la sép a­ ration en plusieurs disciplines de l’ensemble des connaissances ayant tra it à l’activité commerciale. U n point est acquis: on a établi la distinc­ tion entre l’arithm étique commerciale et la tenue des livres, d ’une part, et, d ’au tre p art, le champ vaste et incertain constitué p a r tous les autres sujets qui présentent un caractère commercial. D an s ces ouvrages, ,,l’art

3) A ce propos il convient de signaler un fait du plus grand intérêt pour les études concernant l'introduction et le développement de la partie double au Portugal au X V e siècle, fait qui est par ailleurs en rapport étroit avec les relations entre nos deux pays.

Il y aura bientôt une quinzaine d’années, le gouvernement néerlandais a offert au Por­ tugal la collection complète des livres de commerce de deux importantes maisons juives qui, précédemment établies au Portugal, avaient émigré aux Pays-Bas au début du X V Ie siècle. A u ta n t que nous sachions, cette documentation, dont il est inutile de souligner la valeur, a été réellement expédiée vers notre pays; malheureusement, malgré toutes les démarches entreprises, nous n ’avons pas réussi à retrouver sa trace. La guerre qui commençait à ce moment-là et la grande convulsion qui, peu après, a secoué toute l’Europe, sont sans doute à l’origine de cette perte malencontreuse.

Si d'aventure ces lignes tombaient sous les yeux de personnes intervenues dans cette négociation, nous leur serions fort reconnaissants de nous communiquer tous les ren­

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des nom bres” et la „tenue des livres” se trouvent en général nettem ent séparés de la „technique des affaire s” et des autres disciplines considérées nécessaires pour la form ation d ’un p arfait com m erçant. P ourtan t, suivant en cela l’exemple de V enise et de ses „m aestri d ’abaco et qu ad ern o ” du X lV e et du X V e siècles, ces diverses m atières sont souvent réunies en une même discipline (Science des Com ptes ou C om ptabilité) avec un même professeur 5).

D ’au tre part, vers le milieu du X IX e siècle, plusieurs auteurs portugais se ren d aien t com pte de la connexion intim e qui existe en tre les questions technico-com ptables et économ ico-adm inistratives et, à ce propos, nous pouvons citer le fait que, dans une Ecole de P orto, il existait une C haire intitulée: „Econom ie Industrielle ,(com prenant la C o m ptabilité)” .

C ependant, m algré les efforts de quelques précurseurs, nous devons reconnaître qu ’av an t l’organisation de l’enseignem ent commercial supé­ rieur, il n ’existait pour ainsi dire que deux disciplines au contenu scienti­ fique assez douteux: une „science des com ptes” qui se bornait à exposer quelques règles sur la tenue des livres, et une „science du com m erce” qui n ’était q u ’une juxtaposition informe de notions em piriques et fragm en­ taires concernant la technique des opérations commerciales.

C e ne fut q u ’en 1913, après la création des Instituts Supérieurs de Commerce, à Lisbonne et à Porto, que l’enseignem ent de la „C om pta­ bilité” , de la „T héorie Com m erciale”, de 1’,,O rg a n isatio n ” et de la „G es­ tio n ” , donna lieu à la création de chaires séparées et à l’élévation du niveau des études.

C 'est seulem ent à cette époque que se répan d en t au P ortu g al les ouvrages de C ourcelle-Seneuil, Cerboni, Besta, Gom berg, T aylor, etc. et que l’on commence à s ’intéresser à cette science em bryonnaire que C ossa et Gom berg nom m aient, respectivem ent, Econom ia Privata et E in zelw irt­ schaftslehre, science à laquelle Rossi attribuait la mission d ’étudier ,,1’an a- tomie et la physiologie des organism es économ iques” et que C erboni d é­ finissait comme „la science qui a pour objet l’étude des lois qui gouvernent les unités économiques (aziende) et dont la finalité p ratique est l’établis­ sem ent des norm es selon lesquelles ces unités doivent être organisées et dirigées” 6 ).

O n sait q u ’aucun de ces auteurs n ’est parvenu à donner à la discipline un contenu a d a p té aux définitions a priori q u ’ils avaient formulées. Ils ne furent que des précurseurs de ceux qui, plus tard , allaient élever à son niveau actuel la B etriebsw irtschaftslehre allem ande, l'Econom ia A zien d a le italienne, la Bedrijfseconom ie néerlandaise et la Science o f B usiness A d ­ ministration am éricaine. Leur influence a été toutefois fortem ent ressentie au P ortugal où elle a contribué à ré p an d re la notion d ’une p aren té étroite entre les études de la gestion, de l’organisation et de la com ptabilité des entreprises. A insi cette influence a contribué à faire adm ettre qui’1 est logiquem ent im possible de séparer com plètem ent ces trois ordres de recherches.

La dernière réform e de n o tre F aculté de Sciences Econom iques (In s­ titut Supérieur des Sciences Econom iques et Financières) a reconnu l’im­ portance des études m icro-économiques et de technique adm inistrative. 5) R. Pequito, l ’un des organisateurs de l'enseignement commercial supérieur au Por­ tugal, écrivait dans son „Curso de Contabilidade Comercial” (1875): „ ... la compta­ bilité - science des comptes - comprend le calcul et la tenue des livres”.

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La création d ’une chaire d ’Econom ie d ’E ntreprise a été l ’une des innova­ tions de cette réform e et elle en est l’une des plus heureuses 7).

C ette chaire est, depuis son inauguration, occupé p ar le professeur D octeur G onçalves da Silva et ce sont les bases de son enseignem ent que nous allons exposer ci-après.

La bibliographie à laquelle se référé ce professeur com prend de nom ­ breux ouvrages d ’auteurs germ aniques, am éricains, etc. ( Schm alenbach, M ellerovicz, F isher, P edersen, D ean, B uchanan, Doyle, B ranto, Brech, Cam pion, etc.). D ans ses conceptions, toutefois, l’on ressent surtout l'in ­ fluence des auteurs m odernes italiens (Z a p p a , Cecherelli, O nida, A m a- duzzi, etc.), d o n t il s ’éloigne p o u rtan t en quelques points essentiels.

Selon le P rof. G onçalves da Silva, une division de la science écono­ mique peut être établie d ’après deux points de vue différents: celui de l 'objet de la connaissance et celui du but de ces connaissances. D ans le prem ier cas on est conduit à distinguer a u ta n t de sciences particulières q u ’il y a de types divers d ’unités économiques séparém ent étudiés. D ans le deuxièm e cas on peut distinguer l'économie pure ou rationnelle, qui a un caractère désintéressé, et 1 économie pratique ou appliquée, qui est utilitaire et norm ative.

Unités Economiques

Privées Publique Sociale

Unités de con­ sommation Unités de Production Etat Economie nationale Economie pure ... Economie

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__

_ .

de Economie appliquée ... l'Entreprise

L ’Econom ie d ’E ntrep rise — écrit le prof. G onçalves da Silva -— ne pourrait jam ais se contenter, comme le faisait la vieille science de la ,,mer- cancia", d ’être une simple réunion de connaissances mal enchaînées, une juxtaposition de m atières dont la „co-essence” est assez douteuse. D 'a u tre part, elle ne pourrait non plus se limiter à l’étude de la structure et de l'histoire économique de l’entreprise.

D ans ces conditions, le rôle des économistes d ’entreprise, —• de ce „groupe d ’économistes spécialisés” , dont parle le professeur Lim perg, groupe qui ... doit être équipé d ’une connaissance pratique des exploi­ tations et connaître la technique com ptable ...” — , le rôle de ces économistes, disions-nous, consiste à énoncer les lois qui régissent la vie des entreprises, à d égager les uniform ités, les sim ultanéités et les relations fonctionnelles qui peuvent exister au sein de l'entreprise. Ils doivent enfin découvrir les interdépendances spatiales et tem porelles qui rendent p os­ sible et l’élaboration de concepts et toutes ces classifications, générali­ sations et prévisions qui constituent une des caractéristiques essentielles de la connaissance scientifique. Les recherches historico-descriptives et norm ativo-positives ■—- rappelons-le .— sont d 'a u ta n t plus fécondes que sont plus parfaits les outils conceptuels que, seule, la théorie peut m ettre à n o tre disposition.

7) Cf. Décret N o. 37.584, du 17 Octobre 1949.

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L 'observation de la vie concrète des entreprises perm et la construction et la mise au point de théories, mais la connaissance de ces théories rend à son tour plus aisée et plus féconde l’étude de la réalité dans tous ses détails.

Les pro g rès récents de la m icro-économ ie s'expliquent précisém ent p a r la com binaison de ces deux o rd res de recherches.

A u centre de l’Econom ie d ’E ntreprise nous trouvons l ’entreprise. Ceci constitue déjà un av an tag e m éthodologique, et suffirait peu t-être à la distinguer des autres branches de la science économique. E n effet, dans cette discipline, l ’entreprise constitue le point de référence, le pôle autour duquel se disposent et se développent toutes les connaissances. Son tra it distinctif, son caractère essentiel... son idée de base réside dans le fait qu elle envisage les entreprises comme des organism es dont l’acti­ vité peut faire l'objet de recherches systém atiques” (causales, téléolo­ giques et h istoriques). O n peut ainsi la définir comme la science qui traite de la structure et du fonctionnem ent des unités de production. Elle est, comme le dirait un organiciste, la science de la m orphologie, de la phy­ siologie, de l'oecologie et de la pathologie des entreprises.

B ranche de la science économique, l'Econom ie d ’E ntreprise appartient au groupe des sciences sociales et, comme toutes celles-ci, elle est de n atu re com plexe et présente, p ar ailleurs, un caractère qui participe beau­ coup plus du concret que de l’abstrait. N ée au cours de notre siècle, son existence en ta n t que discipline indépendante est encore courte. De là un re ta rd doctrinal révélé p ar l’élaboration insuffisante des observa­ tions recueillies, la systém atisation im parfaite des notions q u ’elle englobe et les incertitudes d ’orientation que reflètent les ouvrages qui lui sont consacrés.

Les connaissances que renferm e l'Econom ie d 'E n tre p rise ne constituent pas encore un tout solidaire et bien enchaîné; elles n 'o n t pas attein t cette m aturité qui est essentielle pour un passage du champ des concrétisations à celui des abstractions. N ous sommes donc, dans cette branche, assez loin encore de la parfaite systém atisation de concepts qui est un caractère propre aux sciences parvenues à leur pleine m aturité. Il s’agit, en somme, d ’une discipline qui, cherchant à se constituer en théorie scientifique, ne fait que sortir de sa phase em bryonnaire et qui, de ce fait, se contente souvent de décrire au lieu d'expliquer.

C ’est la réunion des recherches sur la constitution et la vie des en tre­ prises qui compose le dom aine de l’Econom ie d'E ntreprise.

E tu d ian t les entreprises, cette discipline cherche à diriger, d ’un point de vue économique, l ’élaboration et la réalisation de leurs plans respec­ tifs. E lle se préoccupe de la classification et de la définition des diverses sortes d ’entreprises; elle cherche à distinguer et à décrire les élém ents de l’entreprise; elle étudie la com binaison de ses facteurs hum ains et m até­ riels, l’exercise et la coordination des fonctions, l'obtention et l'em ploi des capitaux, la form ation des coûts et des produits, la politique de production et de prix, la distribution des profits, etc. Elle étudie donc systém atique­ m ent le développem ent du processus adm inistratif des unités de produc­ tion et elle observe les phénom ènes caractéristiques de l'organisation et de la gestion, elle dégage leurs relations et leurs interdépendances, leurs causes et leurs effets: tout cela dans le but de parvenir à la connaissance des régularités existantes et de découvrir les voies qui conduisent à la rentabilité à la stabilité et à l’économicité maxima.

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Silva adm et la distinction entre: d ’une part, les phénom ènes qui ont lieu à l’intérieur de l'unité considérée et qui correspondent au cycle des pro­ blèmes internes; d ’au tre part, les phénom ènes qui app artien n en t au cycle des problèm es externes, c’est-à-d ire ceux qui se ra p p o rten t aux relations de l’unité avec l’extérieur. D ans le prem ier cas, il y a lieu de considérer des valeurs calculatives qui sont pour ainsi dire des „prix in tern es” (basic costs), tandis que dans le second cas — qui correspond à l’aspect finan­ cier — ce sont les prix du m arché qui constituent les données de travail. La prise en considération des valeurs calculatives perm et de réaliser la séparation de la com ptabilité interne (com ptabilité d ’exploitation) qui en est l’utilisatrice, et de la com ptabilité externe (com ptabilité financière), qui use de valeurs m onétaires objectives.

Si nous nous reportons à la finalité des connaissances qui l’intègrent, nous pouvons distinguer dans n otre discipline une p artie pure et une partie appliquée. D ans son rôle de science pure l'Econom ie d ’E ntrep rise vise à la connaissance désintéressée, elle cherche à connaître pour connaître, s’identifiant à l'histoire quand elle élabore des connaissances ou des juge­ m ents concrets d ’existence, et à la théorie quand elle formule des concepts abstraits et généraux. C onsidérée comme science appliquée, elle a un caractère utilitaire et norm atif: son bu t n ’est plus alors la connaissance pour elle-même mais l’action. D ans ce dessein, elle cherche à éliminer toutes les causes de stagnation et d ’insuccès et à substituer à l ’empirisme des pratiques rationnelles et scientifiques. Son objectif direct est donc la rationalisation de l’activité économique de l’entreprise.

N ous dirons donc que, si, d ’un côté, n otre discipline cherche à atteindre l'explication des faits de l’entreprise, elle doit, d ’un au tre côté, form uler les principes fondam entaux de la gestion des entreprises et les règles de l’a rt de bien les adm inistrer.

L ’Econom ie d ’E n trep rise observe le com portem ent économique de l’en­ treprise p a r rap p o rt aux buts dom inants dans la réalité économico-sociale, buts qui sont révélés p a r l’expérience et qui doivent être considérés dans l’am biance historique où se situent les observations. A la recherche des relations de cause à effet elle ajoute l’étude de l’ajustem ent des moyens à la fin poursuivie et celui des principes connexes de convenance écono­ mique, et tout ceci — soit dit en p assan t ■—■ sans jam ais faire abstraction des faits économiques, juridiques, politiques et sociaux dont l’influence sur la solution des problèm es doit être reconnue.

C ette discipline considère donc l ’entreprise comme une entité complexe qui, continuellem ent, doit s ’ad ap ter et se réad ap ter, au fur et à mesure que surgissent des conditions nouvelles comme en reg ard des conditions futures présum ées 8).

T o u t fait économique peut être envisagé comme un échange où l’on recherche la plus g ran d e satisfaction au plus bas coût. Q ue la théorie des coûts constitue le noyau de notre discpline, voilà un fait qui ne pourra surprendre, car la connaissance des coûts est, sans conteste, d ’une im por­ tance prim ordiale pour la conduite économique d 'une entreprise.

E ta n t donné, cependant, que les entreprises ne vivent pas isolées et sont, au contraire, dépendantes des besoins des autres unités qui com po­ sent l’ensem ble du systèm e économique total, il nous fau d ra ajouter à l’étude des questions purem ent internes de l’entreprise, celle de ses ra p ­ ports avec les autres unités de production et de consom m ation. ( V erkehrs­ lehre).

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D ’au tre part, la discipline ne peut se désintéresser de l’influence q u ’exercent sur la vie des unités les conditions du marché, les particulari­ tés du milieu économique et la n ature même du systèm e dans lequel chaque entreprise est placée.

O n a nié — il est vrai -— l’autonom ie de cette nouvelle branche de la science économique, et quelques auteurs n ’arrivent pas à distinguer ce qui fait la séparation des problèm es de l’Econom ie Politique et de ceux de l ’Econom ie d ’E nterprise.

N ous pourrions rappeler les objections de W a lte r Eucken. P o u r cet au teu r les problèm es de l’Economie d 'E n tre p rise et ceux de l’Econom ie Politique sont les mêmes et rien ne pourrait justifier une conception selon laquelle la prem ière devrait se limiter à des données individuelles que la seconde devrait ignorer. „U n e T héorie Econom ique de l ’E ntreprise qui ne s ’élève pas au-dessus de l’entreprise isolée — écrit Eucken — ne réus­ sira jam ais à saisir le sens de la structure et de l ’activité de l'entreprise is o lé e ... D ’au tre p art, les économistes qui croient pouvoir se consacrer à l’étude de l'o rd re économique total ou des procédés économiques glo­ baux sans se préoccuper des sujets de cet ord re économique (entreprises et unités de consom m ation) ne réussissent q u ’à s ’éloigner du réel.”

Les objections d ’Eucken, quoique valables à un certain point de vue, ne peuvent rien contre une séparation de fait des deux disciplines, sép ara­ tion que les conditions actuelles im posent et dont la fécondité est tous les jours confirm ée p ar les faits.

P our acquérir le recul nécessaire à une vision générale, Eucken a dû élever d ’a u ta n t son point de vue: du fait même de cet éloignem ent, son optique ne lui perm et p eut-être plus d e distinguer certaines différences essentielles entre les deux cham ps d ’études. L ’étude de l ’entreprise par l’Econom ie Politique, en effet, a un caractère entièrem ent différent de cette même étude quand elle est menée p a r l ’Econom ie d ’E ntreprise.

Q u a n d on étudie les aspects économiques des opérations de l’entreprise, il im porte, certes, de ne pas oublier que le systèm e économique constitue un tout et que les recherches économiques trop spécialisées peuvent dégé­ n érer en simple technique. T outefois — rappelons-le — si, dans la divi­ sion de la science économique, nous pouvons nous su b o rd o n n er aux buts de la connaissance, il est égalem ent v ra i que l’objet de ces mêmes con­ naissances — la m atière à étudier —- peut aussi être pris comme point de départ.

Les frontières qui sép a ren t l’Econom ie d ’E n trep rise des au tres b ra n ­ ches de la science économ ique ne se p rê te n t p eu t-ê tre pas à une dém ar­ cation p arfaite, mais cela ne doit pas em pêcher u n e sép aratio n que réclam e depuis longtem ps le développem ent de l’économ ique.

N ul ne son g era à co n tester .— du moins en ce qui concerne l’Econom ie A ppliquée —■ la nécessité d ’une division des travaux de recherche et d ’enseignem ent 9).

E tym ologiquem ent, les expressions „économ ie politique” et „économ ie de l’e n tre p rise” désignent respectivem ent le „gouvernem ent du p a tri­ moine de la cité" et le „gouvernem ent du patrim oine de l ’e n tre p rise” : étym ologiquem ent encore, l’économ ie politique comme l'économ ie de l’en trep rise tra ite n t des richesses, mais, tan d is que ce tte dern ière étudie la richesse d 'u n point de vue individuel, la prem ière l’étudie p a r rap p o rt à la société tout entière. Le ploutocosm e social n ’est, en effet, que la somme des ploutocosm es individuels.

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E ta n t donné que ce critè re n ’est pas unanim em ent accepté, on peut ajouter q u ’a l’in v erse de l’Econom ie Politique, l ’E conom ie d ’E n trep rise n ’an aly se pas les facteurs qui déterm in en t la com position, le volum e et la distribution de la production globale; elle ne se préoccupe pas de l’emploi et du revenu sur le plan national, m ais seulem ent de l'em ploi et du revenu dan s le c a d re de l’entreprise.

A leur tour, les tra ité s d ’Econom ie Politique ne s ’a tta rd e n t jam ais sur l'étu d e des phénom ènes internes des unités, et, dan s l’an a ly se m icro économ ique, ils ne rech erch en t que des élém ents po u r des constructions plus générales. D ’a u tre p art, ils ne con stru isen t pas la théorie de la production avec des m atériaux recueillis dan s les entreprises concrètes et v ivantes.

L ’Econom ie Politique a fait l'objet de nom breuses et de bien diverses définitions: science de la richesse, science de la valeur, science des échanges, science des prix, du bien être m atériel, de l’équilibre écono­ mique, de la conjoncture économ ique, des ra p p o rts en tre la fin et les moyens, etc. T outefois, au cours de son évolution, d éjà longue, il n ’a jam ais été contesté q u ’elle envisage les phénom ènes économ iques du point de vue de la convenance collective. D ans ces conditions, ce qui, nous perm et surtout de distinguer les deux disciplines, c’est le fait que l’E co­ nomie Politique ne traite pas directem ent et d ’une façon approfondie de l'organisation et de la gestion des entreprises privées ou publiques, car elle ne considère pas les phénom ènes de l ’entreprise du point de vue indi­ viduel: elle les envisage d ’un point de vue national ou général.

V oici — brièvem ent esquissées —■ les g ra n d es lignes de l’évolution de n o tre jeune discipline au P o rtu g al et quelques tra its saillants de son enseignem ent tel q u ’il est donné actuellem ent à l’In stitu t S upérieur des Sciences Econom iques et F inancières, de l’U n iv ersité T ech n iq u e de Lisbonne.

N ous espérons que cette b rève étude p o u rra in téresser les économ istes n ée rlan d ais et nous serions heureux si elle po u v ait a p p o rte r une co n tri­ bution .— si faible fût-elle — à une m eilleure connaissance m utuelle et si elle po u v ait encore constituer un p oint de d é p a rt — si lointain fût-il -— pour un échange de vues qui ne pourrait que servir le progrès de notre discipline.

A N N E X E

C H A IR E S P R O F E S S É E S À L ’I N S T I T U T S U P É R IE U R D E S S C IE N C E S É C O N O M IQ U E S E T F IN A N C IÈ R E S

C ours A n n u els 1. M athém atiques générales

2. A n aly se M athém atique 3. S tatistique

4. M athém atiques F inancières et A ctuarielles I 5. M athém atiques F inancières et A ctuarielles II 6. G éographie Econom ique P o rtu g aise

7. E conom ie et A dm inistration C oloniales 8. Econom ie I

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10. Econom ie III

11. Politique Econom ique Internationale 12. Econom ie et Législation Industrielles 13. Econom ie des T ra n sp o rts

14. H istoire des F aits et des D octrines Econom iques

15. N otions fondam entales de D ro it et E tu d e D escriptive des In stitu ­ tions de D ro it C ivil

16. D ro it Civil (p a rtie générale et obligations) 17. D ro it C om m ercial et M aritim e

18. D ro it C onstitutionnel et A dm inistratif 19. F inances I (notions fondam entales) 20. F inances II (com ptabilité publique)

21. F inances III (d ro it fiscal; contributions et im pôts) 22. T h éo rie de la C om ptabilité

23. C om ptabilité A ppliquée

24. Bilans et E xpertises C om ptables

25. Spéculation Com merciale; O rg an isatio n B ancaire 26. Econom ie de l’E n trep rise

Cours Sem estriels Econom étrie

D roit International Public H istoire D iplom atique D roit International Privé D roit C orporatif

T echnique des T a rifs D ouaniers

Referenties

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