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De : Le Cri des Opprimés Date : 9/02/2011 13:57:54

A : lecridesopprimes@yahoogroupes.fr

Sujet : ***SPAM***[lecridesopprimes] News Chebeya

News Chebeya

Une compilation des articles sur Chebeya Par Le Cri des Opprimés

Procès Chebeya : un colonel tente de faire arracher une page d'enregistrement

(09/02/2011)

Pour effacer les traces de Chebeya, l'inspecteur provincial adjoint de la Province Orientale aurait essayé de soudoyer une policière de l'Inspection générale de la police, en l'incitant d'arracher la page des visites du 1er juin 2010.

Me Jean-Marie Kabengela Ilunga avait déclaré que l'affaire Chebeya a beaucoup de ramifications. A l'audience du lundi 7 février 2011, la déposition de Mme Mpila Shungu Corinne, sous-commissaire de police œuvrant au service du protocole de l'Inspection générale de la police, semble lui avoir donné raison.

En effet, la renseignante Mpila Shungu Corinne a fait une révélation inattendue dans le procès qui oppose le ministère public aux assassins présumés de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.

Elle a dit qu'en date du 2 juin 2010, étant à son poste à l'entrée principale de l'Inspection générale de la police où elle est chargée d'enregistrer les entrées et les sorties des visiteurs, le colonel Kanode Kamana, inspecteur provincial adjoint de la police de la Province Orientale, lui a demandé si c'était possible de lui arracher la page du registre contenant les enregistrements du 1er juin 2010.

Or, c'est à cette date que Floribert Chebeya et son chauffeur sont censés avoir franchi cette réception. En échange de ce service, a-t-elle dit, le colonel Kanode lui a présenté un billet de vingt dollars américains.

Devant sa résistance, celui-ci a appelé le capitaine Nehema.

Toujours selon Mme Mpila Shungu Corinne, elle a refusé cette offre, en expliquant au colonel corrupteur qu'elle est orpheline, et ne voudrait pas laisser ses enfants qui ont encore besoin d'elle. Pour terminer, cette policière a déclaré à la Cour militaire qu'elle est l'objet de menaces et se trouve maintenant en insécurité.

En entendant ce récit, le ministère public a dit à la Cour que l'on fasse venir ce colonel de l'Inspection de la Province Orientale qui a demandé qu'on lui arrache une page du registre des rendez-vous. Mais plus précis, le premier président de la Cour militaire de Kinshasa/Gombe, le colonel Masungi, a ordonné qu'on établisse un mandat d'amener à l'endroit du colonel Kanode.

Pour se faire une juste opinion sur cette déposition, la Cour a présenté le registre en question à la

renseignante. A la question du ministère public de savoir si c'est de cette façon que l'on termine le registre, voici sa réponse : «Ce n'est pas comme ça». Encore une question de l'organe de la loi : «Y'a-t-il des traces d'une page arrachée ?». Réponse de la sous-commissaire Mpila Shungu Corinne : «Négatif !».

La Cour a voulu alors savoir s'il y a un autre registre, et la renseignante a dit qu'elle ne sait pas s'il y en a à l'intérieur du bâtiment où se trouve un autre service de protocole.

A propos de ses jours de service, elle a affirmé avoir travaillé le 31 mai et le 1er juin 2010. C'est pourquoi la Cour lui a demandé si elle a vu son chef Ngoy Mulongoy dans la journée du 31 mai. En guise de réponse, elle a affirmé que ce dernier est là presque chaque jour ; tout en ajoutant qu'elle ne se souvient pas si elle l'avait vu en date du 1er juin.

L'autre apréhension du ministère public était d'avoir constaté que le 1er juin 2010, il n'y a que le

commissaire Kalonga qui a rempli le registre. Comme explication, la renseignante a déclaré que c'est lui qui était assis à ce poste. Elle a même dit avoir reconnu l'écriture de ce commissaire. Au sujet de l'horaire, elle a déclaré que le travail du protocole se termine à 16h00''.

Comme on le voit, la liste des prévenus pourrait s'allonger dans l'affaire Chebeya, et certains pourraient être poursuivis comme coauteurs ou complices de ce double assassinat. Mais seulement, aucun mot n'est encore dit sur Fidèle Bazana Edadi - l'homme qui s'est trouvé à un mauvais endroit au mauvais moment - quand

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bien même on aurait l'impression qu'on a déjà effleuré la prévention d'assassinat.

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Procès Chebeya en RDC : le chef de la police de Kinshasa mis en difficulté

Le chef de la police de Kinshasa, le général Jean Dieudonné Oleko.

Radio Okapi

Le défilé des hauts gradés de la police congolaise se poursuit au procès des policiers accusés d’avoir assassiné le défenseur des droits de l’homme, Floribert Chebeya. Les parties civiles ont demandé le 7 février une nouvelle audition du général Numbi, N°1 de la police au moment des faits. La cour réserve sa réponse. En attendant, c’est le général Jean Dieudonné Oleko, chef de la police de Kinshasa, qui a dû s’expliquer sur le premier communiqué officiel qu’il avait signé au lendemain du meurtre.

« Une voiture abandonnée, un corps sans vie allongé sur le siège arrière, celui de Floribert Chebeya, pantalon baissé, autour de lui deux préservatifs usagers, des ongles artificiels, des mèches de cheveux et des capsules de Viagra » : un communiqué officiel, le 2 juin 2010, avait décrit tout cela au grand public, ajoutant que « le corps ne montrait aucune trace visible de violence ».

Confrontée aux premières constatations de la police scientifique, la mention « aucune trace visible de violence» ne tenait pas la route puisque Chebeya avait des marques de menottes aux poignets, son cou avait visiblement subi une violente torsion et du sang sortait de sa bouche. Le général Jean Dieudonné Oleko, inspecteur provincial de la police de Kinshasa, avait signé ce communiqué et fait les premières déclarations à la presse en ce sens.

A la barre, harcelé de questions, le général Oleko avait fini par dire que ce n’était pas lui qui avait écrit le communiqué mais son état-major et qu’il l’avait certes signé mais de bonne foi.

Le camouflage des preuves et l’organisation du mensonge seront encore au menu jeudi 10 février de la prochaine audience.

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La disparition troublante d'un témoin-clé de l'affaire Chebeya (07/02/2011)

Membre du commando de policiers accusé de l'assassinat en juin dernier du militant des droits de l'homme Floribert Chebeya, Amisi Mugangu aurait été enlevé à Kampala (Ouganda) par des agents congolais alors qu'il s'apprêtait à expédier des pièces à conviction préjudiciables au régime de Joseph Kabila.

Chronique d'une disparition redoutée... Selon une source crédible, un témoin-clé de l'assassinat de Floribert Chebeya, fondateur de l'ONG congolaise La Voix des Sans-Voix et figure de proue du combat pour les droits de l'homme en République démocratique du Congo (RDC), aurait été enlevé le 26 novembre dernier à Kampala, capitale de l'Ouganda par des agents au service du régime de Joseph Kabila. En fuite depuis la découverte à la périphérie de Kinshasa, le 2 juin dernier, du corps sans vie de Chebeya, le commissaire- adjoint Amisi Mugangu avait admis avoir participé à la "mise à mort" par "étouffement" de ce militant intransigeant, bête noire du pouvoir kinois depuis le maréchal-président Mobutu. Le cadavre de Fidèle Bazana, compagnon de lutte et chauffeur de "Flo", officiellement porté disparu, aurait à en croire Mugangu été immergé dans une boucle du fleuve Congo, à hauteur du lieu-dit Kinsuka.

Floribert Chebeya en 2005.

AFP

Dans ses courriels, envoyés au hasard d'une cavale chaotique, le policier incriminait clairement le général John Numbi, inspecteur général de la police congolaise, présenté comme le commanditaire direct du

meurtre, agissant sur les instructions de "Jo" Kabila. Le fuyard affirmait aussi détenir des pièces à conviction dont il souhaitait "se débarrasser" et qu'il se proposait de faire parvenir aux parties civiles du procès ouvert le 12 novembre devant une cour militaire de Kinshasa, appelée à juger les membres du commando dirigé par le colonel Daniel Mukalay, patron des services spéciaux de la police et bras droit de Numbi.

Le 26 novembre, Amisi Mugangu, arrivé la veille de Kitgum, à l'extrême nord de l'Ouganda, se rend dans l'agence DHL de Kampala, afin d'expédier à Baudouin Amba Wetshi, animateur du site

www.congoindependent.com, basé à Bruxelles, le "colis" qui lui brûle les doigts: en l'occurrence, des

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documents d'identité appartenant à Chebeya ainsi que le téléphone portable de Bazana. Deux jours plus tôt, le policier fugitif, à l'évidence désemparé, avait prié son interlocuteur de lui suggérer où déposer

l'encombrant paquet: Amnesty International, le bureau des droits de l'Homme de l'Onu, l'ambassade de Belgique ou de France? C'est sur le seuil de la succursale DHL qu'il aurait été kidnappé par des hommes circulant à bord d'une Jeep noire pourvue de plaques diplomatiques CD18, matricule attribué semble-t-il à l'ambassade de l'ex-Zaïre à Kampala. Son dernier mail, adressé à Baudouin Amba, date du même jour.

Craignant pour sa vie, Mugangu y dénonce la présence en Ouganda de "tueurs" lancés à ses trousses par Kinshasa. Il désigne nommément un membre de l'Agence nationale de renseignement (ANR).

Dans une lettre adressée le 1er février à l'ambassadeur d'Ouganda à Bruxelles, l'animateur du "cyberjournal"

belgo-congolais livre un récit détaillé du rapt présumé et prie le diplomate de transmettre les informations aux autorités diplomatiques et judiciaires de son pays. Ce courrier, resté à ce jour sans réponse, fait état d'appels téléphoniques reçus par le commissaire-adjoint, émanant d'un portable attribué à un colonel en poste à la représentation de la RDC à Kampala.

Le 8 octobre, à l'avant-veille de la publication dans L'Express d'une enquête consacrée à l'assassinat de Chebeya, nous étions parvenus à établir par mail le contact avec le commissaire-adjoint hanté, selon ses termes, par "le sang de Floribert et de son chauffeur, qui "[lui] fait mal au coeur". "Ma conscience, confiera- t-il ultérieurement, ne me laisse pas tranquille." Ses messages, notamment le huitième et dernier, reçu le 31 octobre, trahissaient une peur intense. Hélas, pas plus que les initiatives entreprises par le site cité plus haut ou par des membres de la Monuc, mission des Nations unies en RDC, nos efforts n'avaient permis

d'organiser l'exfiltration de l'intéressé ou, à tout le moins, sa mise à l'abri et l'acheminement des effets en sa possession. Il va de soi que le silence d'Amisi Mugangu accrédite chaque jour davantage l'hypothèse de l'opération visant à faire taire un témoin gênant.

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Procès Chebeya : relevés d'appels, le ministère public en conflit avec l'expert

(05/02/2011)

Au sujet de l'assassinat de Chebeya, l'accusation et l'expert de Vodacom sont en désaccord quant aux appels entrants et sortants, bien que les relevés d'appels aient permis de découvrir le parcours emprunté par les différents protagonistes.

Grâce aux relevés d'appels explicités par l'expert Marcellin Bokungu de la société de téléphonie cellulaire Vodacom à l'audience du jeudi 3 janvier 2011, la Cour militaire de Kinshasa/Gombe a été édifiée, non seulement sur l'identité de différents acteurs, mais aussi sur l'itinéraire effectué par les policiers criminels qui transportaient les corps sans vie de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.

Mais le ministère public n'avait pas le même entendement que l'expert sur les appels sortants et entrants.

En effet, le décodage a posé problème. Selon l'expert, un appel entrant est représenté par le chiffre 1, un appel sortant par le chiffre 0, un SMS entrant par le chiffre 30, et un SMS sortant par le chiffre 31.

Du coup, l'organe de la loi s'est levé pour dire à la Cour : «Nous ne sommes pas d'accord avec l'expert». Il a expliqué que selon les différents experts de Vodacom contactés, le chiffre 0 veut dire que vous avez reçu un appel, le chiffre représente celui qui a émis un appel. Pour le ministère public, ce que disait l'expert Marcellin Bokungu ne correspondait pas à la réalité. Il a pris pour exemple l'appel émis par le major Christian Ngoy pour le colonel Daniel Mukalay à 17h43'', où l'on a mis le chiffre 1. Il a aussi ajouté que pour l'appel émis à 19h33 par l'inspecteur adjoint Paul Milambue à l'attention de Christian Ngoy, on a mis le chiffre 0 chez le major Christian.

Pour contourner cette difficulté, Me Kabengela Ilunga de la partie civile a sollicité que la société Vodacom puisse mettre à la disposition de la Cour et de la partie civile les relevés des comptes. De cette façon, on pourra découvrir le compte qui a été débité, qui est celui de l'appelant. Car selon Me Kabengela, il y a déjà des contradictions à partir du 24 mai 2010. Cet avocat a aussi fait remarquer que le ministère public a décélé des erreurs sur certains numéros, et même sur les sites qui ont pris les appels en charge. Du moins, les relevés ont prouvé que c'est le major Christian Ngoy qui s'est déplacé de Kimbondo, dans la commune de Bandalungwa, jusqu'au site de «Ma Vallée». C'est-à-dire à Mitendi où a été découvert le corps de Floribert Chebeya. Il a fini par demander: «Pourquoi les relevés d'appels échangés entre la colonelle Alaine Ilunga et le général John Numbi ne sont pas repris dans les relevés ?».

En guise de réaction, la défense a commencé par demander si l'expert était en mesure de donner le contenu

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des appels. Mais celui a dit que sa société enregistre seulement les SMS. Après quoi, la défense a fait remarquer que ce qui a été dit dans ces appels était dans le cadre du service. Toujours du côté de la défense, un avocat a dit avoir remarqué que le ministère public et l'expert sont en conflit. Et ce, du fait que l'organe de la loi se fonde par ce qu'il pense, tandis que l'expert dit le contraire. L'avocat de la défense a fini par demander : «Que reste-t-il encore de l'accusation ?».

Après avoir fait remarquer que lorsqu'on est pris en charge par l'antenne du Centenaire, cela ne veut pas dire qu'on est nécessairement à proximité de la Cathédrale protestante, un autre avocat de la défense a voulu savoir si l'appel du site «Ma Vallée» a été émis par le colonel Daniel Mukalay ou par le major Christian Ngoy. A cette préoccupation, l'expert a seulement dit: «Il va de soi». Conforté par cette réponse, l'avocat a déclaré à l'attention de la Cour militaire : «Nous mettons en doute cette expertise. C'est donc Christian Ngoy qui a appelé, mais non Daniel Mukalay». A son tour, le ministère public a repris la parole pour préciser que l'appel du site «Ma Vallée» a été émis par le major Christian Ngoy, et non par le colonel Daniel Mukalay.

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Procès Chebeya : le statut de John Numbi au cœur des débats ( 29/01/2011)

Une plainte de la veuve Chebeya contre le général John Numbi gît dans le dossier, la partie civile veut qu'il comparaisse comme prévenu.

Débat houleux que celui enregistré à l'audience du jeudi 27 janvier 2011 dans le procès qui oppose le ministère public aux assassins présumés de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana devant la Cour militaire de

Kinshasa/Gombe. Pomme de discorde : le statut du général John Numbi Banza Ntambo dans cette affaire. Le ministère public l'a traité comme renseignant. Mais pour la partie civile, celui-ci devait comparaître en tant que prévenu.

D'entrée de jeu, le bâtonnier Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba a déclaré à la Cour militaire que les parties civiles avaient beaucoup de reproches à

faire au renseignant. Et ce, du fait qu'elles ont déposé une plainte nominale contre le général John Numbi.

L'avocat a déclaré que sur base de l'article 75 du Code de procédure pénale, le général John Numbi a été entendu, et ces plaintes sont toujours en cours. Le bâtonnier Mukendi a fini par dire : «Nous considérons que cette notification n'est pas claire, car ces plaintes n'ont pas encore été classées».

Abondant dans le même sens que son confrère, Me Jean-Marie Kabengela Ilunga s'est ainsi adressé à la Cour : «Nos critiques sur le statut du général se basent sur l'article 119 du Code judiciaire militaire». Selon lui, des éléments nouveaux se sont révélés à charge du général John Numbi. Il a aussi noté que ce

renseignant et ceux qui sont dans le box des accusés ont tous été déférés devant la juridiction de jugement qui est la Haute cour militaire. Décidé à convaincre la Cour, Me Kabengela a déclaré que non seulement la veuve Chebeya a raconté les cironstances dans lesquelles sont mari a trouvé la mort, mais qu'en plus, les relevés téléphoniques révèlent à quelle heure le général John Numbi a quitté son bureau pour sa résidence.

Cet avocat de la partie civile a aussi affirmé à la Cour que si le major Christian Ngoy du bataillon Simba a quitté Kinshasa pour Lubumbashi, c'était sur instruction du général John Numbi. En outre, il a fait remarquer aux juges que toutes les unités, comme la PRI, la DRGSS, le bataillon Simba, n'obéissent pas à leurs

commandants, mais seulement au général John Numbi.

Réagissant à ces assauts, le ministère public a dit que sur base de l'article 76 du Code pénal ordinaire, les reproches sont appréciés par le juge. Il a souligné qu'après l'examen des plaintes, le Parquet a estimé que les seuls prévenus qu'il fallait renvoyer devant la Cour sont ceux qui sont dans le box des accusés. A ce sujet, a-t-il précisé, la Cour s'est déjà prononcée par un arrêt avant-dire-droit.

A propos des faits nouveaux, l'organe de la loi a conseillé les parties civiles d'attendre les éclaircissements des techniciens des sociétés de téléphonie cellulaire RTL, VODACOM et TIGO.

Non content, Me Richard Bondo a déclaré que la veuve Chebeya a dit qu'il y a des choses louches sur le comportement de certaines personnes. Le 31 mai 2010 par exemple, Chebeya avait envoyé un message à son avocat sur une plainte de la CPI. Et le 1er juin 2010, ce document avait circulé partout. Et quand il est arrivé à la police, il avait envoyé un message pour dire qu'il avait peur. En résumé, la partie civile a déclaré que cette plainte n'est pas classée sans suite, et qu'il n'y a pas eu d'amende transactionnelle.

En guise de réaction, le ministère public a dit que les officiers supérieurs sont justiciables devant la Haute cour militaire, la Cour militaire est incompétente. Pour trancher, la Cour a rappelé son arrêt avant-dire-droit, en soulignant que la Cour n'a pas le pouvoir de transformer un renseignant en prévenu.

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Par Donatien Ngandu Mupompa

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Procès Chebeya : le général John Numbi comparaît ce lundi 24 janvier

(22/01/2011)

Considéré au début comme le planificateur de l’assassinat de Floribert Chebeya, le renseignant John Numbi est appelé à comparaître le lundi 24 janvier 2011 pour éclairer la Cour militaire.

A l’audience du jeudi 20 janvier 2011, dans le procès qui oppose le ministère public aux assassins présumés de Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Edadi Bazana, l’emploi du temps du général John Numbi dans la journée du mardi 1er juin 2010 a posé problème. D’abord, le directeur du service des relations publiques et presse de l’Inspection générale de la police, la colonelle Alaine Ilunga Mwenze, a soutenu que le général n’avait pas travaillé pendant quatre jours, c’est-à-dire jusqu’au 31 mai 2010. Mais le général avait affirmé à

l’instruction pré-juridictionnelle à l’Auditorat militaire qu’il était à son bureau le 31 mai. Toujours à propos de cette date du 31 mai, la renseignante Alaine Ilunga a alléguée qu’elle est tombée un dimanche. Mais

vérification faite, il est certifié que le 31 mai 2010 était un lundi. Ici revient la question posée à cette audience-là par Me Kabengela Ilunga de la partie civile à la Cour militaire : « Entre elle et l’inspecteur général, qui dit la vérité ? ».

Concernant la date fatidique du 1er juin 2010, l’inspecteur général John Numbi avait déclaré à l’officier du ministère public qu’il avait quitté Maluku à 17h00’’ après la parade. Mais interrogée par les juges, la colonelle Alaine Mwenze a soutenu que son chef était parti de Maluku entre 14h30’’ et 1500’’.

L’autre point à éclairer concerne la déposition du Camerounais Gomer Martell arrêté le même 1er juin 20410 et qui a prétendu avoir été emmené à l’Inspection générale de la police vers 20h00’’. En effet, celui a affirmé aux juges militaires que lorsqu’on est venu avec lui menotté, il a vu Floribert Chebeya et son chauffeur debout dans le hall, qu’il a aussi appelé couloir. Ici aussi, un détail fait tiquer. En effet, celui-ci a répété plusieurs reprises que lorsqu’il était en train d’avancer, un policier se trouvant derrière lui a ordonné en lingala : « Zonga, zonga, général azali likolo ! ». Ce qui se traduit par « Rentre, rentre, le général est au- dessus ! ». En d’autres mots, le Camerounais Gomer Martell a voulu insinuer que lorsque Floribert Chebeya et son chauffeur attendaient dans le couloir de la mort, mais sans se douter qu’ils vivaient leurs derniers moments sur terre, le général John Numbi était au-dessus. C’est donc sûr que la Cour voudra bien vérifier ces dire du renseignant Gomer Martell, afin de se faire une conviction du lieu où se trouvait le général John Numbi quand Floribert Chebeya et son chauffeur sont arrivés à l’Inspection générale de la police.

TROP DE FLOU

Aussi, beaucoup de zones d’ombre subsistent sur la lettre écrite par le général John Numbi en réponse à celle lui adressée par l’ONG « La Voix des Sans Voix ». Cette lettre a-t-elle effectivement écrite et signée le 28 mai 2010 ? Par quelle magie le général Daniel Mukalay avait-il su que la lettre a été signée le même jour ? Pourquoi le colonel Daniel Mukalay, qui n’est pas du secrétariat général de la police, s’est-il empressé, non seulement de s’intéresser à cette lettre, mais aussi de charger le lieutenant Michel Mwila de la police de recherches et d’intervention d’aller la déposer chez Floribert Chebeya ?

Et le fameux rendez-vous ? Selon le renseignant Ollivier Kungwa de la « Voix des Sans Voix », c’est en parlant avec le lieutenant Michel Mwila, et après avoir lu la lettre du général, où il n’y avait rien de particulier, que Floribert Chebaya a émis le vœux de rencontrer le général John Numbi. Non seulement le prévenu Michel Mwila s’est chargé de la démarche, mais il a même rappelé à plusieurs prises pour confirmer que la demande a été agréée.

Mais le lieutenant Michel Mwila a dit à l’audience qu’il s’est limité à faire le rapport au colonel Daniel Mukalay sur la mission qui lui a été confiée.

Interrogé à ce sujet, le colonel Daniel Mwila a affirmé que c’est devant la Raw-Bank sur le boulevard du 30 Juin que Floribert Chebeya lui avait parlé, non seulement de sa lettre qui moisissait depuis le mois de février 2010 chez le général John Numbi, mais aussi de son souci de rencontrer le patron de la police congolaise.

Même la date prête à équivoque. Le ministre public soutient que le colonel Daniel Mukalay et Floribert Chebeya s’étaient retrouvés chez Raw-Bank le 29 mai 2010, c’est-à-dire après le dépôt de la lettre.

Réagissant à ces propos, le colonel Daniel Mukaly a dit que cette rencontre avait eu lieu longtemps bien avant. Du moins, le colonel prévenu a reconnu avoir parlé au général John Numbi du souci de Floribert

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Chebeya de le rencontrer. Le général avait-il accédé à cette demander et accepter de voir Floribert Chebeya le 1er juin 2010 ? On le saura à l’audience du lundi 24 janvier 2011.

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Procès Chebeya : la partie civile réclame John Numbi (04/12/2010)

Les avocats de la partie civile veulent voir le général John Numbi dans le box des accusés, à propos du double meurtre du défenseur des droits de l’Homme Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana.

Les parties civiles au procès des policiers assassins présumés du militant des droits de l’Homme Floribert Chebeya ont dénoncé vendredi la saisine, qu’il considère irrégulière, de la Cour militaire et demandé à plaider devant la Haute cour militaire.

Selon les avocats des parties civiles, l’auditeur général (procureur général) de la Haute cour militaire avait pris le 13 octobre la décision de renvoyer devant cette juridiction les huit policiers - dont le chef des services spéciaux- accusés de l’enlèvement et l’assassinat le 1er juin de M. Chebeya.

Mais, « une main noire a mis du vernis correcteur sur cette décision de renvoi pour faire partir le mot

«haute» en laissant seulement «cour militaire », a dénoncé Me Guillain Malere, lors de la deuxième journée d’audience qui s’est tenue devant la Cour militaire de Kinshasa, délocalisée à la prison centrale de Makala.

L’avocat a donc, demandé à la Cour de « constater la nullité de sa saisine et son incompétence » et de « rétablir (la décision) dans sa version originale et de prendre acte du fait que l’auditeur général a renvoyé cette affaire devant la haute cour militaire ».

Selon la partie civile le renvoi devant la cour militaire empêche de juger le chef de la police, le général John Numbi, qualifié de « suspect numéro un » dans cette affaire par la famille de la victime, les officiers

généraux ne pouvant être jugés que devant la Haute cour militaire.

LE PROCES

Vendredi 3 décembre 2010, la salle d’audience de la prison centrale de Makala est archicomble. Même dehors, les gens se sont agglutinés comme des abeilles. L’événement est de taille. En effet, la Cour militaire de Kinshasa/Gombe juge en chambre foraine les meurtriers présumés du directeur exécutif de la VSV, Floribert Chebeya Bahizire et de son chauffeur Fidèle Bazana Edadi.

Il y a là, non seulement plusieurs observateurs internationaux, mais aussi beaucoup d’associations – nationales comme internationales – de défense des droits de l’Homme. Avocats sans frontières (ASF) est représenté par Me François Cantier et Open Society Initiative for Southern Africa (OSISA) pour la RDC par son chargé des programmes, M. Hubert Tshiswaka.

L’audience ouverte, les deux parties au procès, c’est-à-dire la partie civile et la défense, s’empressent de déposer leurs mémoires préliminaires uniques. Parmi les préalables soulevés par la partie civile, il est d’abord question de la non saisine de la Cour militaire de Kinshasa/Gombe. Ils arguent que le dossier a été instruit par l’auditeur général qui, à son tour, a saisi la Haute cour militaire. En plus, il n’y a pas de trac d’un quelconque acte de transfert du dossier de l’Auditorat général à l’Auditorat militaire supérieur, celui-ci étant une juridiction inférieure.

Ainsi, de l’avis de la partie civile, c’est de manière irrégulière que l’auditeur militaire supérieur est entré en possession de cette affaire avant de saisir la Cour militaire par une décision de renvoi. Justifiant leur positon, les avocats de la partie civile ont rappelé aux juges militaires que dans ce dossier, il y a la plainte de la veuve Chebeya contre le principal suspect, qui se trouve être le général John Numbi.

LA BATAILLE DES JURIDICTIONS

L’un des avocats, le bâtonnier Ntoto Aley, a fait remarquer que ce dossier, instruit par l’auditeur général, devient irrégulier du moment que sur la décision de renvoi, une mention est biffée à l’encre correcteur.

Selon lui, ladite mention serait l’épithète « Haute ». Il est resté ferme pour dire que le suspect principal, le général John Numbi, ne peut pas être jugé par la Cour militaire, plutôt par la Haute cour militaire.

Me François Cantier a abondé dans le même sens, en disant qu’avant tout, la Cour doit d’abord répondre à la question de la saisine. Ceci, du fait que dans les exceptions soulevées, il est démontré que la juridiction qui doit connaître le cas du principal suspect, qui est le général Numbi, n’est pas celle-ci. Et aussi, il n’appartient pas à l’auditeur militaire supérieur de fixer un dossier qu’il n’a pas instruit.

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Pour sa part, le bâtonnier Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba a relevé que sur la décision de renvoi, il y avait bien les termes « Haute Cour militaire », mais que la mention « Haute » a été barrée au vernis correcteur. Il a aussi fait voir, comme ses autres confrères, que l’auditeur militaire supérieur n’a posé aucun acte

d’instruction. Selon cet avocat, il faut renvoyer cette cause à la Haute cour militaire, d’autant plus qu’il y a une plainte déposée contre le général John Numbi. En un mot, la partie civile a prié la Cour de dire le droit, et rien que le droit, au nom du peuple congolais.

Quant au collectif des avocats de la défense des prévenus, il a sollicité la mise en liberté provisoire du colonel Daniel Mukalay. L’un des avocats de ce prévenu a avancé comme argument que non seulement la mère du colonel Mukalay est malade, mais qu’en plus, lui-même est sérieusement malade. Il a aussi dit à la Cour militaire que la fuite de cet officier supérieur n’est pas à craindre, ayant une adresse fixe.

Cette démarche n’a pas plu aux avocats de la partie civile qui ont tout de suite prié la Cour de ne pas accéder à cette demande.

En réaction, l’un des avocats de la défense s’est ainsi adressé aux juges : « Nous n’avons pas mandaté la partie civile pour le problème de la mise en liberté provisoire de nos clients. La partie civile ne doit pas venir embrouiller la Cour ». Pour la défense, la Cour est souveraine et il n’appartiendrait pas à la partie civile de rejeter la demande de mise en liberté provisoire. Estimant que la pré-saisine est une prérogative de la Cour qui a la possibilité de pouvoir accorder la liberté provisoire. Le ministère public a demandé huit jours pour répondre aux parties civiles, et l’audience a été renvoyée au 10 décembre2010.

Présent dans l’assistance pendant près de 45 minutes, le ministre de la Justice et Garde des sceaux, Luzolo Bambi Lessa, a juste souhaité que « la justice s’assume et fasse correctement son travail ».

Directeur exécutif de la VSV, Floribert Chebeya, 47 ans, a été retrouvé mort le 2 juin dans sa voiture, au lendemain d’un rendez-vous, qui n’a pas eu lieu, avec le chef de la Police nationale congolaise, le général John Numbi.

Suspendu depuis de ses fonctions pour besoin d’enquête, John Numbi comparait à ce procès comme renseignant ou simple témoin. Il est apparu un court instant à l’appel des témoins lors de la première audience le 12 novembre.

Outre le chef des services spéciaux de la police, le colonel Daniel Mukalay, les autres accusés sont un major, un lieutenant, un sous-lieutenant et un adjudant. Les trois fugitifs sont deux majors et un adjudant. Tous sont jugés pour « association de malfaiteurs, enlèvement, assassinat, terrorisme et détournement d’armes

», et aussi« désertion » pour les absents.

Justice pour Chebeya: selon que vous serez colonel ou général

15/11/10

Une chose est sûre, le dossier de l’assassinat de Floribert Chebeya, fondateur et directeur exécutif de l’ONG sur les droits humains, La Voix des Sans-Voix (VSV), mort le 2 juin 2010, viendra s’empiler sur d’autres non élucidés en République démocratique du Congo.

Le corps sans vie de ce militant intransigeant des droits de l’homme, qui avait rendez-vous en fin de journée avec le général John Numbi, inspecteur général de la police nationale, a été retrouvé le lendemain sur le siège arrière de sa voiture, le pantalon baissé et menotté, les mains dans le dos.

Et nulle trace de son cousin par alliance, Fidèle Bazana, membre et chauffeur de VSV, qui l’accompagnait au QG du premier flic du Congo-Kinshasa. A l’évocation de ce sujet macabre, revient inéluctablement dans la mémoire collective des Burkinabè l’affaire Norbert Zongo. Le premier suspect, c’est naturellement ce général réputé proche du président Joseph Kabila.

Mais il y a un problème : le tribunal constitué pour la circonstance est dirigé par un colonel de la police nationale qui n’a le droit de juger que des officiers de rang égal ou inférieur à son grade. Beaucoup se demandent alors pourquoi l’Etat a pris pareille décision.

Est-ce pour noyer le poisson ? Questionnement légitime, sachant que le têtu militant des droits de l’homme fouinait sur la fortune du président congolais. Et pendant que l’opinion internationale réclamait à cor et à cri un tribunal international, le gouvernement congolais a vite fait de prendre les devants. Suspect.

Aux dernières nouvelles, le général John Numbi comparaîtra, mais en tant que témoin. La vérité éclatera-t-

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elle au fil des audiences ? Rien n’est moins sûr. En matière de justice, quand l’Etat et la haute sphère de la sécurité s’en mêlent, c’est parti pour un dossier qui gardera intact son mystère même si, quelque part, les faits sont têtus.

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RDC : avant l'ouverture du procès de ses assassins présumés retour sur le lieu de vie de Floribert Chebeya

La Voix des Sans Voix, l'association de Floribert Chebeya.

La Voix des Sans Voix Par RFI

Le procès des assassins présumés de Floribert Chebeya, leader de l’association de la Voix des Sans Voix, s’ouvre vendredi 12 novembre 2010 à Kinshasa. Ce défenseur des droits de l’Homme a été retrouvé mort le 2 juin 2010 dans sa voiture. Le corps de son chauffeur Fidèle Bazana et compagnon de lutte, n’a jamais été retrouvé et la famille le réclame. Le procès sera suivi de près par les ONG, et surtout, pas les proches des deux victimes. Dans son lieu de vie, le souvenir de Floribert Chebaya est toujours vivace.

Une petite rue ravinée en pente sur les hauteurs de la capitale. Un portail noir. C’est là qu’habitait Floribert Chebeya. Un gros cadenas est posé. Il n’y a personne. Sa femme et ses filles sont parties au Canada. La maison vient d’être louée, nous informent des voisins. Deux adolescentes dans la rue se disent toujours sous le choc de la mort de Floribert : « on était un peu comme des familles. Il venait nous voir, on se parlait…Ces hommes là, ce qu’ils ont fait, c’est impardonnable devant dieu. On attend que justice soit faite ».

Non loin de là, la maison de Fidèle Bazana. Il était à la fois le chauffeur et le confident de Floribert Chebeya, militant lui aussi de la Voix des Sans Voix, son compagnon de tous les jours, jusqu’au dernier. Fidèle n’a pas eu d’obsèques. Son corps n’a jamais été retrouvé. C’est une douleur insupportable pour Marie- Josée, sa femme. Elle veut la vérité lors du procès : « j’attends qu’ils me disent la vérité, là où ils ont mis le corps de mon mari. Ce que moi j’attends, que ça sorte de leur bouche. Il faudrait qu’il y ait au moins un tombeau, une place dans le cimetière ».

Il y aura du monde ce vendredi 12 novembre au procès, dans une salle dont on sait déjà qu’elle sera trop petite, avec une exigence de vérité qui risque d’être trop grande.

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Le procès Chebeya débutera vendredi

(10/11/2010)

La Cour militaire de Kinshasa donnera le coup d'envoi du procès Chebeya ce vendredi. Sur le banc des accusés : huit policiers congolais dont Daniel Mukalay, le chef des services spéciaux de la police nationale. Les accusés devront répondre du meurtre du militant des droits de l'homme, Floribert Chebeya, le 2 juin dernier.

Vendredi, c'est devant une Cour militaire que comparaîtront les huit policiers impliqués dans le meurtre de Floribert Chebeya. Le dossier avait en effet été transféré à la Cour militaire par l’Auditorat général des forces armées de la RDC. Mais pour les associations des droits de l'homme, ce subterfuge juridique permettrait de

"soustraire à la justice" le principal suspect de l'affaire, le chef de la police, le général John Numbi, qui n’est pas justiciable devant cette cour. "Aucun officier de la Cour militaire n’est du grade du général Numbi alors que selon la loi, il ne peut être jugé que par quelqu’un de son rang ou d’un rang supérieur" dénonce Rospin Manketa de l'association Voix des sans voix (VSV).

La veille de son assassinat ainsi que le jour de la disparition de son chauffeur Fidèle Bazana, Floribert Chebeya avait rendez-vous avec l’Inspecteur général de la Police Nationale Congolaise, le général John Numbi. Le Réseau national des ONG des Droits de l’Homme (RENADHOC) a toujours réclamé en vain une

Marie-José espère récupèrer les restes de Fidèle Bazana

Épouse de feu Fidèle Bazana, chauffeur et compagnon de lutte de Floribert Chebeya

Même s’il est décomposé, même une partie de ses os, je peux toujours les récupérer pour l’enterrer dignement comme notre coutume l’enseigne…

11/11/2010 par Bruno Minas Écouter (00:49)

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commission d’enquête indépendante ainsi que l’arrestation du général Numbi qu’il considère comme le premier suspect dans ce dossier. Pour l'heure, le dossier Chebeya est entre les mains de la justice militaire et donc sous contrôle des autorités congolaises... on est donc loin de la commission d'enquête indépendante réclamée par les ONG.

Militant respecté et connu, président de l'ONG congolaise de défense des droits de l'Homme la Voix des sans Voix (VSV), Floribert Chebeya, 47 ans, avait été retrouvé mort le 2 juin dans sa voiture, les mains liées dans le dos, sur une route en périphérie de la capitale, le lendemain d'un rendez-vous, qui n'a pas eu lieu, avec le chef de la police, le général John Numbi.

Christophe Rigaud

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Qui a tué Floribert Chebeya en RDC?

(L'Express 15/10/2010)

Il y a quatre mois, cette figure de proue du combat pour les droits de l'homme en République démocratique du Congo était assassinée. Les pistes de ce meurtre dévoilent les maux qui rongent le pays: brutalité et impunité.

L'ado fluet dégaine son téléphone portable et programme la chanson hip- hop enregistrée avec ses frères et soeurs en hommage au père assassiné.

Puis Florny s'éclipse sans un mot dans sa chambre. Sur la porte, des dessins au trait juvénile célèbrent un anniversaire in absentia: "47 ans de Papa Floribert", "Nous t'aimons plus que tout." Le lendemain 16

septembre, Annie, la veuve du défunt, et les cinq enfants du couple quitteront Kinshasa pour le Canada, leur terre d'asile. "Je les mets à l'abri, murmure la mère, et je reviens pour le procès." Si procès il y a.

Le meurtre de Floribert Chebeya, directeur exécutif de l'ONG La Voix des sans-voix (VSV) et figure de proue du combat pour les droits humains en République démocratique du Congo (RDC), jette une lumière crue sur les maux qui rongent l'ex-Zaïre: brutalité, opacité, impunité. Il révèle aussi les travers d'un pouvoir autiste, arrogant, miné par les luttes de clans, le primat de la force sur la loi, l'insigne faiblesse de la justice et l'emprise orwellienne de l'appareil sécuritaire - armée, police, services de renseignement. Il dévoile enfin une tenace propension à manipuler les faits comme l'opinion.

AFP/ETIENNE ANSOTTE

Floribert Chebeya.

Le 2 juin, on découvre dans le quartier de Mitendi le corps sans vie de Chebeya, menotté dans le dos et allongé sur la banquette arrière de sa Mazda. En revanche, nulle trace de son cousin par alliance, Fidèle Bazana, militant et chauffeur de VSV. Les assassins ont tenté, au prix d'une mise en scène hâtive et

grotesque, de maquiller leur forfait en crime passionnel, voire sexuel. Aux abords du cadavre de "Flori", dont le pantalon a été baissé jusqu'aux chevilles, ils ont semé préservatifs usagés, comprimés de Viagra, mèches de cheveux et faux ongles. Ne manquent que le sachet de coke et les sex-toys...

Scénario d'autant plus inepte que l'inlassable procureur des satrapes kinois, du maréchal Mobutu à la dynastie Kabila - le père, Laurent-Désiré, hier, le fils, Joseph, aujourd'hui - avait rendez-vous la veille à 17 h 30 avec John Numbi, inspecteur général de la police nationale congolaise (PNC). Quelques minutes avant l'heure H, Floribert envoie deux SMS à son épouse, Annie : "Suis devant le bureau", puis "Restons en contact". Plus tard, leur fille Merdie lui suggère par texto d'acheter des saucisses sur le chemin du retour. La réponse - "Bien reçu, bon appétit d'avance" - l'intrigue. "Papa n'écrit jamais comme ça", s'étonne-t-elle auprès de sa mère. Laquelle tente vainement de joindre son mari. Le soir venu, Annie alerte les amis. Et, le lendemain matin, tous filent au siège de la police. Peine perdue: on ne l'a pas vu... Mensonge éhonté: un témoin certifiera avoir aperçu "Flori" à deux pas des bureaux de John Numbi, le policier, et de son bras droit, Daniel Mukalay. Dire qu'au temps où les nervis de Mobutu persécutaient le même Numbi, Chebeya le

planquait chez Lolo la Crevette, un petit hôtel de son quartier, lui procurant vivres et vêtements...

Pourquoi lui? Pourquoi maintenant? Aux yeux d'un régime qu'obsède l'échéance présidentielle de 2011, les motifs de "liquider" ce gêneur natif du Kivu (Est) abondent. Harcelé, contraint parfois de plonger dans la clandestinité, Floribert Chebeya a exhumé des oubliettes congolaises les scandales et les tabous les plus brûlants. A commencer par les mystères de la lignée Kabila : l'incertaine filiation de Joseph ou l'assassinat, en janvier 2008, de son indocile demi-soeur Aimée. Le franc-tireur de VSV eut encore le tort de dénoncer l'exécution, dès 2000, d'Anselme Masasu, l'un des cofondateurs de l'Alliance qui porta au pouvoir Laurent- Désiré. Il fustigera les massacres des insurgés d'un mouvement mystico-politique du Bas-Congo, Bundu dia Kongo, ou la répression fatale aux militaires rebelles de la province de l'Equateur. "Le message est limpide, soupire un militant des droits civiques. Si l'on peut tuer Floribert, pas un de nous n'est à l'abri. On va tous y passer."

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IDE

"Il n'y a pas de crime parfait", assène un vieil avocat. Surpris par l'impact de ce deuil, tant au pays qu'à l'étranger, le pouvoir s'efforce, avec un empressement inédit, d'allumer des contre-feux. "Résolu à faire toute la lumière", Joseph Kabila convoque, le 5 juin, une session extraordinaire du Conseil supérieur de la défense. Elargie aux pontes du Parlement et de la justice, la réunion aboutit à la suspension, "à titre conservatoire", du général Numbi. Une demi-mesure qui ne suffit pas à apaiser l'émoi des partenaires occidentaux - et bailleurs de fonds - de l'ancien Zaïre. On consent donc à confier l'autopsie à une équipe de médecins légistes congolais et néerlandais. Evasives aux yeux du profane, ses conclusions alimentent la thèse du tabassage qui dérape. Les violences infligées à Floribert Chebeya, atteint d'une malformation cardiaque, n'auraient "pas joué un rôle significatif" dans son décès.

La riposte prend parfois un tour insolite: en août, Luzolo Bambi, ministre de la Justice et des Droits humains, publie un "Livre blanc", plaidoyer pro domo présenté sous la forme d'un "hommage" à Chebeya. Maladresse?

Le général John Numbi y apparaît au premier rang des "officiers soupçonnés". L'opération de diversion suppose le verrouillage de l'enquête, confiée à la justice militaire, et l'emprisonnement de quelques suspects, fussent-ils de simples lampistes.

"Nous avions reçu l'ordre de l'assassiner"

A défaut d'accéder au dossier, les avocats des familles Chebeya et Bazana apprennent l'inculpation d'une demi-douzaine de gradés de la police, dont deux en fuite. Tous originaires du Katanga, comme Numbi, et tous placés sous son autorité. Le plus capé d'entre eux : le colonel Daniel Mukalay, adjoint du général. Dans le courant de juin, un certain Amisi Mugangu, membre, à l'en croire, du commando, adresse par téléphone et par courrier électronique divers messages à une poignée d'expatriés en poste à Kinshasa, puis à un journaliste du site Congoindependant.com.

Ce commissaire adjoint des renseignements de la PNC soutient avoir été exfiltré au lendemain du meurtre vers l'Ouganda, via Brazzaville et Addis-Abeba. Et ce sur instruction de Numbi, lequel lui aurait fourni argent et billet d'avion. Truffé de détails, son récit accable le patron de la police ainsi que Joseph Kabila, dépeint sous les traits du commanditaire. Il y est question d'une embuscade avortée, dès le 23 mai, non loin du domicile de Floribert Chebeya, ainsi que de l'immersion dans les eaux du fleuve Congo du cadavre de Fidèle Bazana. Le 8 octobre, après un silence de plus de trois mois, Mugangu a envoyé à l'auteur de ces lignes un e-mail dans lequel il affirme avoir été arrêté et torturé au Kenya par des agents aux ordres de Kabila. Puis s'être enfui, échappant ainsi à un périlleux rapatriement, grâce à la bienveillance d'un "policier de bonne foi".

DPA/AFP/Maurizio Gambarin

Le général John Numbi (à gauche), inspecteur général de la police congolaise. Chebeya avait rendez-vous avec lui le jour de sa disparition.

Aveux crédibles ou manoeuvre visant à mouiller Numbi et Kabila? Les "congologues" ébauchent à ce stade cinq scénarios. Citons pour mémoire la bavure, rançon d'une raclée mal dosée par une bande de pieds nickelés. Thèse que balaie le fuyard Mugangu: "Nous avions reçu l'ordre d'assassiner Floribert." Le mobile selon lui? Un rapport que le pionnier de VSV était censé consacrer à la fortune de "Joseph", chiffrée en millions de dollars. Il n'empêche: les enquêteurs eux-mêmes enfilent les bourdes. Quand l'auditeur général militaire, maître de l'instruction, envoie à l'épouse de Fidèle, officiellement "disparu", une convocation, il l'adresse à la "Veuve Bazana"...

Maints experts jurent que l'arrêt de mort ne peut émaner que du chef de l'Etat; d'autres, tout aussi péremptoires, que John Numbi, 48 ans, naguère patron du bataillon Simba, unité d'élite de l'armée, jouit d'une assise suffisante pour prendre seul l'initiative de l'hallali. Vient ensuite la théorie du complot, qui exonère le général, relègue Chebeya au rang de victime collatérale et se décline en deux variantes. Il s'agit - version 1 - de fragiliser "Jo" Kabila et John Numbi, artisans l'un et l'autre du rapprochement amorcé avec le Rwanda de Paul Kagamé. La version 2? Joseph aurait sinon orchestré le meurtre, du moins tiré profit du drame pour réfréner les ambitions supposées du général. "Kabila et Numbi partagent trop de secrets; leurs destins sont liés", nuance un analyste onusien. Avant d'énoncer une ultime supposition: le superflic paierait le détournement d'une saisie de cocaïne opérée au printemps 2009 dans un avion venu du Brésil. Poudre aux yeux?

Kabila mise sur la veulerie de l'Occident

Les partisans de Numbi jugent douteuse la profusion d'indices tendant à l'incriminer. "John a beaucoup d'ennemis, glisse l'un de ses avocats, par ailleurs député du parti présidentiel. Surtout au sein de la faune politique." Etrangement vêtu d'un maillot du Onze de France de football, ce prof de droit dément la

confession de Mukalay; lequel aurait craqué à l'instant d'être incarcéré, s'offusquant de "payer pour l'autre".

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En clair, pour son supérieur. Le 2 octobre, quatre mois jour pour jour après le martyre de Chebeya, Armand Tungulu, opposant résidant d'ordinaire en Belgique, est retrouvé mort dans un cachot de la garde

présidentielle à Kinshasa. Version officielle: suicide. Trois jours auparavant, il avait été tabassé et embarqué pour une pierre jetée sur le convoi de Kabila.

Journalistes insoumis, militants de la société civile: en cinq ans, le pouvoir a inspiré ou couvert une dizaine de meurtres, souvent perpétrés dans ce pandémonium qu'est devenu l'est du pays. Asservie et corrompue, la justice congolaise épingle au mieux quelques sous-fifres. Nul doute que Kabila mise, cette fois encore, sur la veulerie de l'Occident, enclin, le temps de l'indignation passé, à se plier aux impératifs de la realpolitik. Au nom de la "stabilité régionale", des contrats miniers et - un comble - de la "consolidation de la démocratie".

"Calcul voué à l'échec, tonne un diplomate. Nous exigerons un procès équitable et transparent." Il faudra bien cela pour que Florny embarque un jour à bord d'un vol de retour Ottawa-Kinshasa.

De notre envoyé spécial

Par Vincent Hugeux, publié le 15/10/2010 à 14:30

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Affaire Chebeya : Tous les suspects devant les juges ! (La Prospérité 15/10/2010)

*Les carottes sont cuites. Désormais, les suspects, tous les suspects alors, seront devant l’autorité des juges. Depuis le 8 octobre dernier, l’Office de l’Auditeur Général près la Haute Cour Militaire a clos l’instruction pré- juridictionnelle sur l’affaire Chebeya Bahizire, Directeur Exécutif de la Voix des Sans Voix, dont le corps avait été retrouvé sans vie, le 2 juin 2010, à

Mitendi, sur l’axe Matadi-Kinshasa. Dans un communiqué signé ce 14 octobre, le Général de Brigade Joseph Ponde Isambwa, affirme ainsi avoir fini avec les auditions des parties civiles, les interrogations des suspects et des témoins, les confrontations, les perquisitions, les descentes sur terrain, les saisies d’objets, les réquisitions d’information et les réquisitions à experts. A ce jour, dit-il dans le communiqué ci-dessous, tous les éléments de preuve recueillis sont suffisants, pour justifier le renvoi de ce dossier judiciaire sur la table des juges afin que les suspects, quels qu’ils soient, présentent leurs moyens de défense. Est-ce le début de la fin du régime des intouchables ? Ce n’en est donc avec les titillements dans le dossier Chebeya Floribert, le talentueux activiste des droits de l’homme retrouvé sans vie, un certain matin du 2 juin 2010, sur la banquette arrière de sa voiture mazda 626 immatriculée KN 0282 BM, sur la route de Matadi, vers Mitendi, à quelques encablures du célèbre cimetière de Mbenseke Mfuti. L’Auditeur Militaire à qui le Parquet Général de la République avait transmis ce dossier, pour des investigations approfondies, a clos depuis le 8 octobre dernier, l’instruction pré-juridictionnelle. C’est le Général Joseph Ponde Isambwa, Auditeur Général près la Haute Cour Militaire, qui l’annonce, dans un communiqué signé ce jeudi 14 octobre 2010. A l’en croire, tous les éléments de preuve ont été recueillis. Il estime qu’ils sont suffisants pour justifier le renvoi de ce dossier judiciaire devant les juges. Ceci permettrait à tous les suspects, quels que soient leurs fonctions et rangs, de présenter leurs moyens de défense. L’Auditeur Général parle, en outre, de suspects dûment identifiés, à la suite d’un travail qu’il a abattu depuis le 24 juin, date à laquelle il avait reçu ce dossier, en provenance du Parquet Général de la République. En son temps, ce dernier, fort de ses investigations, avait qualifié de meurtre, les faits ayant occasionné la mort de Floribert Chebeya, sans la compter la disparition plus ou moins suspecte, de son Chauffeur Fidèle Bazana Edadi. Le 23 juin, le Parquet Général de la République avait conclu que les personnes suspectées étaient des justiciables des juridictions militaires. Au jour d’aujourd’hui, s’il faut revenir au contenu du communiqué de l’Auditeur Général, les auditions, les interrogations des suspects et des témoins, les confrontations, les perquisitions, les descentes sur terrain, les saisies d’objets, les réquisitions d’information et les réquisitions à experts sont complètement finis. Il faut donc répondre à l’appel de Joseph Kabila qui, au cours d’une réunion du Conseil Supérieur de la Défense, avait souhaité que toutes les mesures nécessaires soient prises afin de tirer au clair cette affaire et que les responsables de cet acte soient sévèrement sanctionnés, au regard des dispositions régissant la République Démocratique du Congo en tant qu’Etat de droit. En exécution de cette directive, Luzolo Bambi Lessa, Ministre de la Justice avait donné une injonction au Procureur Général de la République d’ouvrir une information judiciaire. Par la suite, plusieurs officiers supérieurs de la police nationale avaient été interpellés. D’autres ont été arrêtés alors que John Numbi Itambo, l’Inspecteur Général, avait été suspendu de toutes ses fonctions. Bisengimana assume, depuis lors, l’intérim, à la tête de la Police Nationale Congolaise. Vive le procès ! Tant attendu, ce procès, s’il est organi

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Affaire Chebeya : John Numbi parle (Le Potentiel 19/08/2010)

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L’affaire Chebeya ne rebondit pas. Elle atteint plutôt une étape intéressante avec

l’audition des présumés coupables. Cité en début d’enquête comme donneur d’ordres, John Numbi, inspecteur général de la Police nationale congolaise, suspendu de ses fonctions depuis lors, est passé en audition le mardi 17 août 2010 devant l’auditeur général des Forces armées de la RDC. La justice militaire s’étant saisie du dossier, les jours à venir promettent des révélations sur les contours exacts de cet ignoble assassinat.

L’assassinat en juin dernier de l’activiste des droits de l’Homme et directeur exécutif de la Voix des Sans Voix pour la défense des droits de l’Homme (VSV), Floribert Chebeya, a suscité un émoi général autant en République démocratique du Congo que dans le reste du monde.

Tous, unanimement, ont appelé à la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour lever tout pan de voile sur cet assassinant.

Le gouvernement, en premier, s’était alors engagé à tout mettre en œuvre pour que lumière soit faite non seulement sur les circonstances exactes de ce décès mais surtout sur ses auteurs.

Concernant les présumés assassins de Chebeya, dès l’annonce de l’assassinat du directeur exécutif de la VSV, retrouvé mort dans sa voiture sur la route du Bas-Congo dans la périphérie de Kinshasa, un nom - et pas de moindres - a été cité comme présumé coupable. C’est celui de l’Inspecteur général de la Police nationale congolaise, le général John Numbi Banza.

RECONSTITUTION DES FAITS

Selon divers recoupements, Floribert Chebeya devait répondre la veille de son assassinat à une convocation de l’inspection générale de la Police nationale. Il n’est jamais retourné vivant de son lieu de rendez-vous.

D’où, des soupçons de complicité mis à charge de l’inspecteur général de la PNC.

Aussi pour éviter toute forme d’amalgame ou d’empiétement à l’action judiciaire, le n°1 de la PNC sera suspendu de ses fonctions pour des raisons d’enquête.

Après un temps de flottement, la justice vient d’ouvrir l’instruction du dossier Chebeya. A en croire Radio France Internationale, qui a rapporté l’information mercredi matin sur son site Internet, le général John Numbi a été entendu, en présence de ses avocats et pendant toute la journée de mardi, par l’auditeur général des Forces armées de la RDC.

« C’est la première audition du général dans ce dossier. L’interrogatoire a duré toute la matinée et le général est reparti en début d’après-midi à son domicile en compagnie de ses avocats », indique RFI, faisant

remarquer qu’à l’ouverture de cette instruction, « l’auditorat militaire a été placé sous haute protection le mardi 17 août. Tout autour des militaires en armes et dans les environs patrouillaient, d’autres militaires à bord de véhicules ».

Selon des sources proches de la justice militaire, approchées par RFI, d’autres interrogatoires devraient suivre. C’est le cas du colonel Daniel Mukalay, officier supérieur des services spéciaux de la PNC et proche du général John Numbi.

Le colonel Daniel Mukalay a été le premier officier de la PNC à être mis en cause dans l’affaire Chebeya.

C’est également lui, renseignent des sources concordantes, qui aurait cité le nom du général Numbi, se défendant avoir agi sous ses ordres. La liste des gens à auditionner par la justice devait s’étendre jusqu’aux personnes ne relevant pas des services de la PNC. D’autres présumés meurtriers du directeur exécutif de la Voix des Sans Voix qui se trouvent déjà aux arrêts devaient aussi subir cette épreuve.

L’AUTOPSIE RESTE EVASIVE

Après l’annonce de la mort de Chebeya, un groupe de médecins légistes néerlandais avaient fait le déplacement de Kinshasa pour procéder à l’autopsie du corps du défunt. Mais, au terme de leur travail, auquel s’était joint un médecin légiste congolais, le rapport d’autopsie n’a pas pu établir clairement les causes du décès du directeur exécutif de la VSV.

Toujours est-il que le rapport a apporté néanmoins du nouveau pour l’enquête. Les médecins légistes néerlandais et congolais ont été formels sur un point, affirmant que Floribert Chebeya a été bel et bien tué

Dans leur rapport, ils mentionnaient avoir « trouvé des indications de contraintes externes limitées par choc, compression et/ou enserrement au niveau des bras et des jambes ». D’où, leur conclusion d’une mort par « arrêt cardiaque consécutif à des violences extérieures ». Toutefois, ils n’en ont pas spécifié le sens ni la forme, préférant laisser les services compétents reconstituer les faits pour établir les circonstances de ce qu’il fallait désormais appelé un meurtre, au regard du rapport de l’autopsie.

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Devant une telle incertitude qui ne pouvait nullement expliquer les griefs portés contre les services de la PNC, le collectif d’ONG des droits de l’homme congolais, relayé par d’autres organismes internationaux, ont unanimement défendu l’option d’une enquête internationale pour tirer au clair cette affaire. Sauf que, pour le gouvernement, à défaut d’une commission d’enquête, seule la justice devait se saisir du dossier pour

apporter toute la lumière.

Crime prémédité ou accident au cours d’une séance de torture ? Les commentaires sont allés dans tous les sens après la mort du directeur exécutif de la VSV. Premier à se prononcer sur ce meurtre, pour avoir assisté à la séance de torture qui aurait conduit à la mort de Chebeya, le colonel Daniel Mukalay aurait déclaré devant ce qui l’auditionnait qu’« il n’y avait pas intention de donner la mort ».

LES ZONES D’OMBRE

Pourquoi le directeur exécutif de la VSV a-t-il été soumis à la torture jusqu’à ce que mort s’en suive ? Qui avait donné l’ordre d’actionner la machine ? Et, pour quel but ? Des questions sur lesquelles la justice

militaire devait s’appesantir pour que lumière soit finalement faite sur ce crime crapuleux qui a failli ternir les festivités du Cinquantenaire.

Malgré l’alibi brandi par la PNC, via le colonel Mukalay, certains criminologues, qui se sont exprimés sur le dossier, estimaient que « les raisons mêmes de l’invitation du directeur exécutif de la Voix des Sans Voix à l’inspection générale de la police peuvent être révélatrices d’un meurtre prémédité ». Suivant cette version,

« la tentative de maquiller le crime ainsi que la disparition du chauffeur et beau-frère de Chebeya,

introuvable jusqu’à ce jour, pensaient-ils, peuvent toujours, selon les mêmes criminologues, être des indices supplémentaires ».

Avec l’audition du général John Numbi, les plus sceptiques doutent encore de la capacité de la justice congolaise à mener jusqu’à terme cette instruction. Mais, au nom de la « Tolérance zéro », mot d’ordre réitéré récemment par le président de la République, l’opinion publique estime que l’appareil judiciaire a là une belle occasion de s’affranchir de sa torpeur et de prouver qu’il peut servir de gardien de la démocratie pour l’émergence d’un Etat de droit où tous sont censés être égaux devant la loi.

Pour rappel, le directeur exécutif de la VSV avait été retrouvé mort dans sa voiture le mercredi 2 juin 2010 en milieu de journée, allongé sur la banquette arrière de son véhicule, garé dans un endroit très visible, sur la grand-route qui mène au Bas-Congo. Fidèle Bazana, son chauffeur qui l’accompagnait et avec qui il avait aussi des liens de parenté, n’a jamais été retrouvé jusqu’à ce jour.

Selon les faits reconstitués par son ONG, la VSV, le lundi 31 mai, à la veille de sa disparition, Floribert Chebeya avait reçu une convocation pour aller rencontrer le chef de la Police nationale congolaise, le général John Numbi. Il s’était alors rendu le mardi 1er juin, vers 17 heures, aux bureaux de l’inspection générale de la police.

Moins d’une heure après, il parlera au téléphone avec son épouse, l’informant que son rendez-vous était annulé. Puis, ce fût le trou noir, jusqu’à la découverte le mercredi 2 juin dans la matinée de son corps inerte et sans vie sur la route de Matadi.

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Assassinat de Chebeya en RDC : le chef de la Police nationale entendu par sa hiérarchie

L’inspecteur général de la Police nationale congolaise, John Numbi Banza Tambo (g) AFP / MARCO LONGARI

En République démocratique du Congo, nouvelle étape dans l'enquête sur l'assassinat du Floribert Chebeya, le général John Numbi, inspecteur général de la Police nationale congolaise a été entendu le 17 août 2010 par l'auditeur général de l'armée. Le président de l'organisation de défense des droits de l'homme La Voix des Sans Voix a été retrouvé mort dans sa voiture, le 2 juin. Il avait disparu alors qu'il devait se rendre la veille à une convocation de l'inspection générale de la Police nationale.

L’auditorat militaire a été placé sous haute protection mardi 17 août. Tout autour des militaires en armes et dans les environs patrouillaient d’autres militaires à bord de véhicules. Le dispositif de sécurité a été renforcé à cause de la présence dans le bâtiment du général John Numbi Banza Tambo.

Le numéro 1 de la Police nationale congolaise a été invité pour être entendu par l’auditeur général des forces armées dans l’affaire de l’assassinat de

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Floribert Chebeya, l’activiste des droits de l’homme tué le 1er juin 2010 dans les locaux de l’inspection générale de la police nationale.

C’est la première audition du général dans ce dossier. L’interrogatoire a duré toute la matinée et le général est reparti en début d’après-midi à son domicile en compagnie de ses avocats.

Selon des sources proches de la justice militaire, d’autres interrogatoires devront suivre. On parle également d’une confrontation prochaine avec d’autres suspects dont le colonel Daniel Moukalay et d’autres présumés meurtriers du président de La Voix des Sans Voix Floribert Chebeya qui se trouvent déjà aux arrêts.

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Mort de Chebeya: Kinshasa sous haute pression internationale

Qui a exécuté Floribert Chebeya et pourquoi ? A qui profite le crapuleux crime ? Pendant ce temps, choqués, l’ONU, l’Union européenne, les Etats- Unis, Amnesty International et de nombreuses autres ONG de défense des droits humains de par le monde non seulement expriment leur indignation, mais exigent également du gouvernement de la RDC une enquête

indépendante et transparente . Le président J. Kabila avait-il réellement besoin d’une telle tragédie pour préparer, en moins de trois semaines, les festivités commémoratives du 50ème anniversaire de l’indépendance du pays ? Non.

Cinquantenaire sous haute tension

Drôle d'ambiance à Kinshasa quelques jours avant le cinquantième anniversaire de l'indépendance de la République démocratique du Congo (RDC). Le meurtre du militant des droits de l'homme, Floribert Chebeya, le 2 juin dernier a provoqué une émotion considérable dans le monde entier. La police congolaise, mis en cause dans l'assassinat de Chebeya, place le président Kabila dans une position particulièrement

inconfortable au moment où tous les regards se porteront sur les célébrations du cinquantenaire. Les obsèques, prévu le jour même des festivités, ont été décalé in extrimis le 26 juin et des mesures de sécurité exeptionnelles ont été mis en place dans les principales villes du pays. La fête prévue le 30 juin pourrait se transformer en journée de défiance pour le pouvoir congolais.

Le 30 juin 2010 sera une journée à haut risque en République démocratique du Congo (RDC)... mais Joseph Kabila a échappé au pire : les obsèques de Floribert Chebeya devait avoir lieu le 30 juin, le jour même des festivités prévues à Kinshasa. Finalement, l'enterrement du célèbre militant des droits de l'homme aura lieu le 26 juin, pour (selon la version officielle) que les diplomates étrangers puissent assister aux obsèques de Chebeya sans être retenus par les festivités de l'indépendance.

Une certaine incertitude plane tout de même à Kinshasa, où les kinois redoutent des violences entre le 26 et le 30 juin. De nombreuses forces armées ont déjà pris position dans la capitale ainsi que dans les principales villes du pays. Radio Okapi note qu'à Mbuji-Mayi, le général Mushid a annoncé des mesures pour renforcer la sécurité pour dissuader d'éventuels fauteurs des troubles. Mediacongo relève également l'initiative de la police d'organiser des patrouilles de sécurisation à Kinshasa. A cette occasion, Kinshasa, accueillera plusieurs délégations étrangères dont celle du Roi des belges. Pourtant tout dérapage des forces armées et de police congolaise serait particulièrement mal venu pour l'image du président Joseph Kabila, fragilisé par l'affaire Chebeya et le début du retrait des casques bleus de RDC.

Christophe Rigaud

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Le sang de Chebeya ?

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