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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le jeudi 10 novembre 2016

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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le jeudi 10 novembre 2016

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Plan décennal 1949-1959

Lovanium

Dans le texte qui vous est présenté ci-après, publié en 1994, Mr Guy Vanthemsche se penche sur le « Plan décennal 49-59. Ce document a régi (ou du moins influencé, dans la mesure où tout ce qu’il prône n’est pas obligatoire) les dix dernières années de la Colonie. A ce titre seul il serait déjà intéressant.

Il a encore un autre intérêt : c’est qu’il a été entièrement financé par le Congo lui-même.

Or, c’est de l’exécution de ce plan que sortira, pour une bonne partie, le « paysage congolais » de 1960. Et l’on sait que, au délabrement près, c’est à peu près toujours celui d’aujourd’hui, si l’on excepte quelques « éléphants blancs » ajoutés sous Mobutu au paysage kinois, et une croissance anarchique et démesurée des bidonvilles.

Autrement dit, c’est de là que le Congo va sortir comme le pays le plus avancé, le mieux organisé et l’un des plus prospères d’Afrique. De cette période sortent toutes les magnifiques statistiques sans cesse mises en avant pour la défense et l’illustration de la colonisation belge.

Disons-le sans plus attendre, elles ne sont pas truquées. Matériellement, toute une série de retards vont être comblés. Malheureusement, on ne pourra en dire autant sur le plan humain.

Dès lors, deux facteurs vont se conjuguer.

D’une part, il va être de plus en plus manifeste que les bienfaits matériels, le béton ou l’asphalte ne sont pas une réponse à des demandes qui concernent la dignité humaine et le respect de soi. La surdité, à cet égard, des autorités coloniales, jointe à la mentalité du temps, où règne, partout dans les colonies, une « surchauffe » indépendantiste, vont persuader les Congolais qu’il n’y a pas d’autre réponse à leurs questions que l’indépendance. Et, aussitôt le mot « Indépendance » lâché, il n’y aura plus de surenchère possible que quant à sa date plus ou moins rapprochée.

D’autre part, les véritables Héritiers de Léopold II, je veux dire les Grandes

Compagnies, vont constater avec déplaisir que l’on s’écarte vraiment trop de la juste ligne qui

était, à leurs yeux, celle du Roi-Souverain. Il est temps que le rôle de la Belgique au Congo

cesse, parce que la Belgique est en train de tuer la poule aux œufs d’or.

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Malgré tous les ralentissements que peuvent apporter le caractère passéiste du Conseil Colonial, les collusions innombrables des milieux d’argent avec la politique belge et avec la famille royale, la Belgique semble diriger le Congo vers quelque chose qui lui ressemblerait beaucoup trop. C'est-à-dire qu’elle pourrait à terme de quelques années mettre au monde un Congo où les droits du Capital seraient limités par des travailleurs conscients et organisés et par un gouvernement où les progressistes auraient une large place. Ce serait la fin, non de bénéfices, mais des superprofits. L’Eglise est un peu du même avis : le confort matériel mène au matérialisme et elle préfère de loin consoler des miséreux. .Toutes ces tendances de gauche sont athées. Et, bientôt, on la concurrencera même dans le domaine de l’enseignement !

Heureusement, l’impatience des Congolais va les aider, avec le secours de leurs relais du côté du pouvoir en Belgique, à jeter le Congo dans une indépendance prématurée, improvisée, minée et sabotée, d’où l’on pourra à bref délai faire sortir une République Bananière. Cela coûtera des souffrances et des morts. Bah ! Est-ce que Léopold II s’en souciait, lui ? Le Plan a donc cet intérêt, d’être un portrait du Congo que voulait la Belgique, mais dont les Héritiers de Léopold II ne voulaient pas !

Ce plan a été publié en 1949 par le Ministère des colonies sous la signature du ministre de l’époque : Pierre Wigny, sous le titre exact de « PLAN DECENNAL POUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL DU CONGO BELGE » Il se voulait d’une part, une synthèse collective et anonyme , détachée sinon désintéressée, de la réalité socio- économique congolaise de l’après-guerre et, d’autre part, une vision très claire, précise, quantifiée et qualifiée des objectifs de développement sur lesquels les forces vives du Congo allaient devoir se concentrer durant les années 1949-1959.

Il était destiné non seulement aux dirigeants de la Colonie mais également au grand public. « Il n’y a pas que le spécialiste, le professeur, le technicien, le colonial, il y a aussi le simple lecteur, l’étudiant, le citoyen de bon sens, l’Européen conscient de ses devoirs; il y a I’

honnête homme. Tous ont le droit d’être initiés et sensibilisés à la grande entreprise dont plusieurs milliers de Belges assumeront la responsabilité devant le monde et devant l’histoire.

Cette volonté de transparence est remarquable, elle indique une incontestable volonté de réunir toutes les énergies et de rassembler tous les acteurs au profit du développement du Congo au profit des Congolais. »

1

Cette explication idéaliste et patriotique est fort probablement vraie, car la bonne conscience du colonisateur belge était incommensurable. Mais la large diffusion du document pourrait aussi s’expliquer par le contexte de l’époque. La colonisation était remise en cause vigoureusement à l’ONU, ainsi que par une partie de l’opinion publique belge. Ce plan veut, à leur usage, constituer la preuve éclatante de la bonne gouvernance du Congo Belge. En faisant un plan pour dix ans, l’on répond par avance à toutes questions sur l’usage des fonds engrangés pendant la guerre, l’on se montre à la pointe du progrès, car la mode est, précisément, à la planification, même dans les économies capitalistes, l’on étale ses bonnes intentions… Mais aussi, on met en porte-à-faux les critiques les plus acerbes de la colonie, c'est-à-dire les communistes, qui sont précisément les chantres et les adeptes des plans. Et, en planifiant pour dix ans, y compris la construction de multiples bâtiments, on montre ostensiblement, quoique tacitement, sa volonté de rester.

Le plan sera exécuté et mené à bien dans ses grandes lignes. Les réalisations, nombreuses, parfois exceptionnelles, incontestables, tangibles, dépasseront de loin les quelques échecs

1Introduction au Plan, par André Schorochoff , sur le site « UROME », Janvier 2007

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Classe des Sciences Morales et Politiques

M émoires in-8°, Nouvelle Série, Tome 51, fasc. 4, Bruxelles, 1994 A C A D É M IE R O Y A L E D ES S C IE N C E S D ’O U T R E -M E R

Genèse et portée du « Plan décennal »

du Congo belge (1949 - 1959 )

par

G u y V A N T H E M S C H E Professeur à la « Vrije Universiteit Brussel »

<

K O N IN K L IJK E A C A D E M IE V O O R O V E R Z E E S E W E T E N S C H A P P E N Klasse voor Morele en Politieke Wetenschappen

V erhandelingen in-8°, Nieuwe Reeks, Boek 51, afl. 4, Brussel, 1994

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M émoire présenté à la séance

de la Classe des Sciences morales et politiques tenue le 8 décembre 1992

Rapporteurs : MM. A. Stenmans et J.-L. Vellut

Publication décidée par la Classe des Sciences morales et politiques en sa séance du 19 janvier 1993

Texte définitif reçu le 8 ju in 1993

Aca d ém ie Royale des

Sc ien c esd’Ou t r e-Mer

Rue Defacqz 1 boîte 3 B-1050 Bruxelles Tél. (02)538.02.11 Fax (02)539.23.53

Ko n in k l ijk e Aca d em ie voo r Overzeese We t e n s c h a p p e n

Defacqzstraat 1 bus 3 B-1050 Brussel Tel. (02)538.02.11 Fax (02)539.23.53

D /l 994/0149/1

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T A B L E D E S M A T IÈ R E S

I. In tr o d u ctio n ... 5

II. La GENÈSE DE L’IDÉE DE PLAN DÉCENNAL POUR LE CONGO BELGE... 7

III. L ’ÉLABORATION D U PLAN DÉCENNAL ET LES IDÉES RÉGIS­ SANT C E L U I-C I... 13

1. La procédure de m ise au point ... 13

2. La conception d ’e n s e m b le ... 15

3. Le secteur a g r ic o le ... 17

4. L’industrialisation ... 20

5. Les infrastructures ... 24

6. L ’aspect s o c i a l ... 27

7. La dimension politique ... 31

8. Les m oyens fin a n c ie r s ... 34

IV . L ’ACCUEIL RÉSERVÉ AU P L A N ... 3 9 V. L ’application d u Pl a n... 43

VI. Conclusions ... 55

Annexe I. « Quelques réflexions critiques à propos de l ’exécu­ tion du Plan décennal actuel », par C. Halain, commissaire au Plan, 22 décembre 1956 ... 59

Annexe II. Prévisions de dépenses du Plan de 1949, des révi­ sions de 1954 et du plan de 1959 ... 68

Notesetréférences ... 69

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I. IN T R O D U C T IO N

Le p ro b lè m e du d é v e lo p p e m e n t d u tie rs m o n d e, p h é n o m è n e cru cial d e n o tre siècle, est in sé p a ra b le d ’un a sp e c t p lu s p récis : la p o litiq u e de d é v e lo p p e m e n t, c ’e st-à -d ire l ’e n sem b le d es m e su re s p rises p a r les d iv e rse s in stan ces é ta tiq u e s ou p a ra -é tatiq u e s, ta n t n a tio n a le s qu e su p ra n a tio n a le s, p o u r p a rv e n ir à ce fam eu x « d é v e lo p p e m e n t » q u e to u ­ te s d ise n t re c h e rch e r. M ais qu e re c o u v re ex a c te m en t ce te rm e ? D é v e ­ lo p p e m e n t de qu o i ? P o u rq u o i ? C o m m e n t ? La d é fin itio n m ê m e de l ’o b je c tif, ain si q u e les m é th o d e s m ises en œ u v re p o u r l ’a tte in d re so n t é v id e m m e n t l ’o b je t d e la p lu s g ran d e co n fu sio n o u d es p lu s â p re s c o n ­ tro v e rse s.

N o tre c o n trib u tio n v ise un b u t p récis. G ard an t à l ’esp rit ce s q u e s ­ tio n s e sse n tie lle s — q u ’e n te n d -o n p a r « d é v e lo p p e m e n t » et co m m e n t v e u t-o n y p a rv e n ir ? — n o u s v o u d rio n s a n a ly se r b riè v e m e n t un asp ect q u e lq u e p e u m é c o n n u d e la p o litiq u e d e d é v e lo p p e m e n t : ses o rig in e s co lo n ia le s. L a n a issa n c e de ce c o n c e p t n ’a pas su iv i, m ais a p ré c é d é la d é c o lo n isa tio n . F in 1 9 4 0 -d éb u t 1950, to u te s les p u issa n c e s c o lo n ia ­ les o n t m is a u p o in t e t e x écu té d es « p lan s d e d é v e lo p p e m e n t » p o u r le u rs p o sse ssio n s d ’o u tre -m e r. Il e st h o rs de q u estio n d ’e n tre p re n d re ici u n e a n a ly se c o m p a ra tiv e de ces d iffé re n te s m e su res ; n o u s n o u s lim ite ­ ro n s à l ’ex a m e n d e la v a ria n te b e lg e d e p la n ific a tio n é c o n o m iq u e c o lo ­ n ia le : le « P lan d écen n al p o u r le d é v e lo p p e m e n t é c o n o m iq u e et social du C o n g o b e lg e », p u b lié en 1949 [1] *.

M ê m e d élim ité d e la so rte, n o tre su jet e st e x trê m e m e n t v aste. T o u s les a sp e c ts de la v ie é c o n o m iq u e et so cia le de la C o lo n ie o n t été in flu e n c é s, d ’u n e faç o n o u d ’u n e au tre, p a r le Plan, et ceci p e n d a n t un e d é c e n n ie — c o m b ie n c ru c ia le — d e so n h isto ire. N o u s n e c o m p to n s d o n c p as e x a m in e r en d étail l ’ap p lic a tio n p ra tiq u e d u P lan. N o u s e ssa y e ro n s su rto u t d ’en re tra c e r l ’o rig in e , l ’éla b o ra tio n et les in te n ­ tio n s. Il est é v id e n t q u e ce s q u e lq u e s p a g es n ’ép u ise ro n t p a s le su je t ; c e lu i-c i m érite un trav ail b e a u c o u p p lu s am p le [2],

*

* *

* Les c h iffres en tre cro c h e ts [ ] ren v o ien t aux n o tes et réfé ren ce s, pp. 69-90.

(8)

N o u s te n o n s à re m e rc ie r c h a le u re u se m e n t les p ro fe sse u rs J e a n S te n ­ g ers et Je a n -L u c V e llu t, ain si q u e M . A la in S te n m a n s, q u i o n t b ien v o u lu re lire le m a n u sc rit d e c e tte é tu d e et o n t fo rm u lé de ju d ic ie u s e s re m a rq u e s, ain si q u e M me V a n S c h o o r, a rc h iv iste a u x A rc h iv e s a fric a i­

n es, q u i n o u s fa c ilita la c o n su lta tio n d es d o c u m e n ts q ui y s o n t d ép o sés.

Je tie n s é g a le m e n t à e x p rim e r m a re c o n n a issa n c e à M . Ja c q u e s B u m ia t, q u i a c o rrig é ce te x te au p o in t de v u e lin g u istiq u e , a in si q u ’à M . Jan G o ru s, p ro fe s s e u r à la « V rije U n iv e rsite it B ru ssel », à l ’in te rv e n tio n de qui de n o m b re u x d o c u m e n ts d ’a rc h iv e s c o n c e rn a n t le C o n g o o n t pu être sa u v é s (p lu sie u rs d e c e u x -c i so n t u tilisé s d a n s n o tre m é m o ire ).

*

* *

Les abréviations utilisées dans le texte figurent en fin de travail [3].

(9)

II. L A G E N È S E D E L ’ID É E D E P L A N D É C E N N A L P O U R L E C O N G O B E L G E

L a g ra n d e crise d es a n n é e s 1930 et la S e co n d e G u e rre M o n d ia le o n t eu u n im p a c t c o n sid é ra b le su r les c o n d itio n s m a té rie lle s e t p sy c h o lo g i­

q u e s de la c o lo n isa tio n b e lg e au C o n g o ; p a r c o n sé q u e n t, les d o n n é e s d e b a se de la p o litiq u e c o lo n ia le fu re n t é g a le m e n t m o d ifié e s. L ’e x ­ trê m e v u ln é ra b ilité de l ’é c o n o m ie c o n g o la ise e x tra v e rtie a v a it été m ise e n é v id e n c e d e fa ç o n trè s p é n ib le p a r la v io le n te c o n tra c tio n d e s m a r­

c h é s e x té rie u rs en 1929-32 [4], L a s itu a tio n é c o n o m iq u e se ré ta b lit dès 1 9 3 3 -3 4 [5], m a is la C o lo n ie c o n n u t u n n o u v e l e sso r p ro d u c tif lo rs de la p é rio d e d e g u erre. C e t e sso r n e se lim ita p a s à c e rta in s p ro d u its c la s ­ siq u e s d ’e x p o rta tio n p rim a ire s [6], m a is fut é g a le m e n t trè s m a rq u é d an s le se c te u r d e s in d u strie s se c o n d a ire s e t d e tra n sfo rm a tio n [7],

L ’e ffo rt d e g u e rre eu t d ’im p o rta n te s ré p e rc u ssio n s a u -d e là du d o m a in e d e la p ro d u c tio n . L e s in fra stru c tu re s e x ista n te s fu re n t m ise s à ru d e é p re u v e e t n é c e s s itè re n t d o n c d ’im p o rta n ts re n o u v e lle m e n ts à la fin d es h o stilité s. L a m a in -d ’œ u v re fu t a stre in te à u n la b e u r in te n sifié ; le sa la ria t c o n n u t e n o u tre u n e e x p a n sio n p a rtic u liè re m e n t fo rte (de 4 8 0 0 0 0 en 1938 à 8 0 0 0 0 0 sa la rié s en 1945). L e sa la ria t re p ré se n ta it 15,1 % d e la p o p u la tio n a c tiv e m a sc u lin e ad u lte en 1935, 2 0 ,6 % en 1940 e t 2 6 ,4 % e n 1945 [8], L es p re ssio n s a u x q u e lle s fu re n t so u m ise s la stru c tu re so c ia le et les c o n d itio n s de v ie d e la p o p u la tio n a fric a in e, fu re n t à l ’o rig in e d ’u n réel m a la ise so cial [9].

L es a u to rité s p u b liq u e s c o lo n ia le s se tro u v è re n t, e lles a u ssi, d an s u n e situ a tio n m a té rie lle et p sy c h o lo g iq u e m o d ifiée. L es fin a n c e s p u b li­

q u e s é ta ie n t flo rissa n te s, n o ta m m e n t g râ ce à u n a c c ro isse m e n t des c h a rg e s fisc a le s [10]. S u rto u t, l ’a d m in istra tio n s ’éta it m êlée d e fo rt p rès à la v ie é c o n o m iq u e : elle a v a it m is su r p ie d to u te u n e g a m m e d ’o rg a ­ n ism e s d e c o n trô le e t d ’o rie n ta tio n d e la v ie é c o n o m iq u e (c o n trô le d es c h a n g e s, d es p rix , de c e rta in s ty p e s d e p ro d u c tio n , d e d istrib u tio n et d ’a p p ro v isio n n e m e n t) [11],

L e m o n d e e n tier, lui a u ssi, so rtit c h a n g é d e la G u e rre M o n d ia le . In u ­ tile d e ra p p e le r lo n g u e m e n t l ’im p a c t d e la c ré a tio n d es N a tio n s U n ies, in stitu tio n d o n t l ’a ttitu d e h o stile a u c o lo n ia lism e , a c c u la les p u issa n c e s

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8 GU Y VA NTH EM SCH E

c o lo n ia le s à u n e p o s itio n d é fe n siv e : n o u s re v ie n d ro n s su r l ’im p a c t de ce facte u r. D a n s le c a d re d e n o tre su jet, il c o n v ie n t su rto u t de so u lig n e r la m ise en œ u v re d ’im p o rta n te s « p o litiq u e s de d é v e lo p p e m e n t c o lo ­ n ial » p a r la G ra n d e -B re ta g n e et la F ran ce. D o n n a n t su ite à d e s ré a lis a ­ tio n s tim id e s o u à d e s é b a u c h e s d ’a v a n t-g u e rre (le « C o lo n ia l D e v e lo p ­ m e n t A c t » de 1929 e t les tra v a u x d e m e u ré s à l ’é ta t d e p ro je ts de la C o n fé re n c e é c o n o m iq u e de la F ra n c e m é tro p o lita in e et d ’o u tre -m e r de

1 9 3 4 -3 5 ) [1 2 ], ce s d eu x p a y s a v a ie n t la n c é d ’a m b itie u x p ro je ts de d é v e lo p p e m e n t c o lo n ia l (le s « C o lo n ia l D e v e lo p m e n t a n d W e lfa re A c t s » de 1940 et 1945 e t la c ré a tio n d u F ID E S , F o n d s d ’in v e s tis s e ­ m e n t p o u r le d é v e lo p p e m e n t éc o n o m iq u e et so cial d e s te rrito ire s d ’o u ­ tre -m e r, e n F ra n c e en 1946) [13]. C e s p ro je ts p ré v o y a ie n t l ’é ta b lisse ­ m e n t de « p la n s d é c e n n a u x » p o u r les d iffé re n ts te rrito ire s c o lo n ia u x .

V o ilà d o n c , b riè v e m e n t e sq u issé , le c o n te x te d a n s le q u e l a p ris fo rm e l ’id ée d ’u n « p la n d e d é v e lo p p e m e n t » p o u r le C o n g o b elg e. L a B e lg iq u e d ’a v a n t-g u e rre a v a it-e lle é g a le m e n t c o n n u d e s v e llé ité s de

« p la n ific a tio n » o u d e « d é v e lo p p e m e n t » co lo n ia u x , c o m m e les g ra n ­ des n a tio n s v o isin e s ? L ’h isto ire c o lo n ia le b e lg e c o n n a ît en e ffet l ’e x iste n c e d ’u n « P la n F ra n c k ». M ais e n te n d o n s-n o u s su r les term es.

F in 1920, le m in istre d e s C o lo n ie s d e l ’é p o q u e , L o u is F ra n c k , av ait so u m is au P a rle m e n t u n v a ste p ro g ra m m e de tra v a u x p u b lic s (c h e m in s de fer, ro u te s, tra n sp o rt flu v ial, tra v a u x d ’h y g iè n e e t d e v o irie ), é ta lé su r u n e p é rio d e de d ix an s (lo i d u 21 a o û t 1921). F a it n o u v e a u d an s la p o litiq u e c o lo n ia le b e lg e , l ’É ta t b e lg e a v a it d é c id é « d ’a v a n c e r » au b u d g e t d u C o n g o b e lg e u n e p a rtie d es so m m e s n é c e ssa ire s à c e tte d é p e n se ; q u o iq u e th é o riq u e m e n t re m b o u rsa b le s p a r la C o lo n ie , ces a v a n c e s n e le fu re n t en fait ja m a is [14]. L ’a ssista n c e fin a n c iè re m é tro ­ p o lita in e e x p lic ite m e n t p ré v u e p a r les sy stè m e s b rita n n iq u e e t fra n ç a is d e 1929 et 1934-35, ne fu t d o n c , d a n s le c as b e lg e de 1921, q u ’« in v o ­ lo n ta ire ». E n o u tre , c o m m e n o u s l ’av o n s in d iq u é , les in v e stisse m e n ts d u « P la n F ra n c k » fu re n t e x c lu siv e m e n t in fra stru c tu re ls. Il n ’en te n d a it p a s a g ir s u r les fac te u rs so c ia u x (« w e lfa re »), ni in flu e r su r la p ro d u c ­ tio n , de q u e lq u e se c te u r q u e ce soit. D é jà en re tra it p a r ra p p o rt au

« P la n S a rra u t » q u e la F ra n c e , à la m ê m e é p o q u e , a v a it é la b o ré p o u r so n e m p ire c o lo n ia l (à c ô té d es d é p e n se s c la ssiq u e s d ’in fra stru c tu re , ce p ro je t a v a it é g a le m e n t p ré v u d e s effo rts fin a n c ie rs e n v u e d e la s c o la ­ risa tio n et d e l ’a ssista n c e m é d ic a le ) [15], le « P la n F ra n c k » é ta it d o n c trè s élo ig n é d es te c h n iq u e s de d é v e lo p p e m e n t a u x q u e lle s la G ra n d e - B re ta g n e e t la F ra n c e se ré fé ra ie n t a v a n t 1940 e t q u i v is a ie n t u n e a c tio n p u b liq u e b e a u c o u p p lu s v a ste et p ro fo n d e (en p a rtic u lie r la

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GEN ÈSE ET PO RTÉE D U « PLAN D ÉCENNA L » DU CON G O BELGE 9

« m o d e rn isa tio n » d e s m é th o d e s d e p ro d u c tio n e t m ê m e l ’in d u stria lisa ­ tio n ).

L e s c o n c e p tio n s en m a tiè re d e p la n ific a tio n et de d é v e lo p p e m e n t qui v ire n t le j o u r au C o n g o b e lg e so u s l ’im p u lsio n d es c irc o n sta n c e s g é n é ­ ra le s q u e n o u s v e n o n s d ’é v o q u e r, fu re n t d o n c b e l et b ie n n o u v e lle s d a n s l ’esp a c e co lo n ia l b e lg e . Il n ’e st p as aisé d e re tra c e r d ’u n e faço n p ré c ise la g e n è se d e l ’id ée d e « p la n d e d é v e lo p p e m e n t » a v a n t la d é c i­

sio n e ffe c tiv e p rise e n la m a tiè re en ju in 1947 : les a rc h iv e s fo n t d é fau t o u n e so n t p a s a c c e ssib le s [16]. E ssa y o n s n é a n m o in s de ra s s e m b le r q u e lq u e s é lé m e n ts d e d o c u m e n ta tio n . L es c irc o n sta n c e s d iffic ile s et m o u v e m e n té e s a u x q u e lle s fu t c o n fro n té le C o n g o a v a ie n t su scité d e s co n c e p tio n s n o u v e lle s d a n s le c h e f d e p lu sie u rs h a u ts re sp o n sa b le s d e l ’a d m in istra tio n c o lo n ia le a u C o n g o m ê m e . U n d e c e u x -c i fut le g o u ­ v e rn e u r g é n éral P ie rre R y c k m a n s. A v a n t d e q u itte r le C o n g o , au te rm e de ses fo n c tio n s à la c o lo n ie , il p ro n o n ç a en ju ille t 1946 u n « d isc o u rs d ’a d ie u x », d e v e n u fa m e u x e t so u v e n t c ité ; ce te x te re flè te le s n o u v e l­

les c o n c e p tio n s en m a tiè re d e p o litiq u e c o lo n ia le q u i s ’é ta ie n t d é v e lo p ­ p é e s p e n d a n t et ju s te a p rè s la g u erre . Il y év o q u a la d é tre sse m a té rie lle d e la p o p u la tio n a fric a in e et in sista su r la n é c e ssité d ’u n n o u v e a u ty p e d ’a p p ro c h e d e s p ro b lè m e s é c o n o m iq u e s e t so cia u x . Il p ré c o n isa l ’é ta ­ b lisse m e n t d ’u n p ro g ra m m e d e d é v e lo p p e m e n t ax é su r d es in v e stisse ­ m e n ts p e rm e tta n t d e re h a u sse r le n iv e a u d e vie et la p ro d u c tiv ité in d i­

g èn e s. P o u r fin a n c e r c e s lo u rd e s d é p e n se s n o n « re n ta b le s » à c o u rt o u m o y e n te rm e , il re je ta c a té g o riq u e m e n t le m o y e n d e l ’e m p ru n t (« C e se rait faire d u p la n ism e à re b o u rs ») et p ro p o sa , e n tre au tre s, u n e in te r­

v e n tio n fin a n c iè re d e la m é tro p o le , p a r e x e m p le en c ré a n t e t e n d o ta n t u n « F o n d s d e P ro g rè s so cia l et d e D é v e lo p p e m e n t é c o n o m iq u e » [17].

R y c k m a n s n e fu t é v id e m m e n t p a s le seu l à p e n s e r de la so rte. C o m m e n o u s l ’a v o n s vu, so n a d m in istra tio n s ’é ta it fro tté e au c o n trô le d e la v ie é c o n o m iq u e p e n d a n t et a p rè s la g u erre. U n e a ttitu d e n o u v e lle , p lu s a c tiv e , in te rv e n tio n n iste e t autonom e [18], e n é ta it ré su lté e . D ès a v a n t la fin d e la g u e rre , u n e c o m m issio n a v a it é té in sta llé e a u x fin s d ’é ta b lir un

« p r o g r a m m e d ’e n se m b le » p o u r l ’a p rè s-g u e rre [19]. U n h a u t fo n c tio n ­ n a ire d e l ’a d m in istra tio n é c o n o m iq u e d u C o n g o , H e n d rik C o m e lis (qui a lla it d e v e n ir u n e d es c h e v ille s o u v riè re s d u P lan d é c e n n a l e t q u i, à la v e ille de la d é c o lo n isa tio n , alla it m ê m e a c c é d e r au p o ste d e g o u v e rn e u r g é n é ra l) [20], a v a it e ffe c tu é d e s v o y a g e s d ’é tu d e au x É ta ts-U n is e n 1944- 45. Il y a v a it re n c o n tré l ’é c o n o m iste W a ssily L e o n tie f q u i œ u v ra it à la p la n ific a tio n é c o n o m iq u e m ilita ire su r b a se de l ’a n a ly se input/output q u ’il v e n a it de m e ttre a u p o in t (et q u i se rait c o u ro n n é e p a r le P rix

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10 G U Y VA NTH EM SCH E

N o b e l 1973) [21]. In flu e n c é p a r c e tte re n c o n tre , C o m e lis re n tra d o n c au C o n g o b e lg e a v ec d e s id ées n e u v e s. Il tra v a illa à l ’é la b o ra tio n de g ra n d s « ta b le a u x » de l ’é c o n o m ie c o n g o la ise , q u ’il so u m it à ses su p é ­ rie u rs, en p a rtic u lie r à R y c k m a n s [22], S o rte d ’ « in v e n ta ire » d e l ’état é c o n o m iq u e de la c o lo n ie , ce tra v a il d e v a it p e rm e ttre u n e g e stio n p lu s ra tio n n e lle d u p ré se n t e t d u fu tu r de la v ie é c o n o m iq u e c o n g o la is e : il in d iq u a it c e q u i e x ista it e t ce q u i p a ra is s a it p o ssib le et so u h a ita b le .

C e tte c o n c e p tio n tra n c h a it s u r les id é e s e t les m é th o d e s p ré v a la n t a n té rie u re m e n t : e lle su p p o sa it et e n g e n d ra it u n e ac tio n c o n s c ie n te et au to n o m e d es p o u v o irs p u b lic s p re n a n t en c o m p te l ’interdépendance de l ’entièreté d e s fa c te u rs é c o n o m iq u e s et so ciau x . E lle e ssa y a it d ’é v a ­ lu e r les e ffe ts d e te lle o u te lle m e su re s u r to u s les a u tre s fa c te u rs en je u . E t, b ie n év id e m m e n t, elle p a rta it d u p rin c ip e q u ’u n e p o litiq u e e ffi­

ca c e é tait im p o ssib le san s v isio n à lo n g te rm e . Il s ’a g it b ie n là d e q u e l­

q u e s id ées c lé s q u e n o u s re tro u v e ro n s d an s le P lan d é c e n n a l. C ette p o litiq u e a u ra it p o u r o b je t u n e tra n sfo rm a tio n d e s s tru c tu re s de l ’é c o ­ n o m ie c o n g o la ise : il fa lla it la re n d re m o in s v u ln é ra b le a u x so u b re sa u ts c o n jo n c tu re ls, fo rtifie r l ’ac tiv ité é c o n o m iq u e in té rie u re , d y n a m is e r et m o d e rn is e r le s e c te u r in d ig è n e a g ric o le e t a rtisa n a l [23],

N o to n s e n o u tre q u e les « id ée s n e u v e s » en m a tiè re é c o n o m iq u e ne se lim ita ie n t p a s au x sp h è re s d irig e a n te s d e l ’ad m in istra tio n . L es tra n s ­ fo rm a tio n s stru c tu re lle s de l ’é c o n o m ie c o n g o la ise q u e n o u s é v o q u io n s p lu s h a u t e t q ui se so n t p o u rsu iv ie s a p rè s la fin d e s h o stilité s, a v a ie n t am p lifié u n c o u ra n t d ’o p in io n e x ista n t d a n s les m ilie u x d ’e n tre p re n e u rs b lan cs. C e u x -c i re v e n d iq u a ie n t u n e « in d u stria lisa tio n » p lu s p o u ssé e d u C o n g o , so u te n u e p a r les p o u v o irs p u b lic s et a x é e su r les in d u strie s tra n sfo rm a tric e s et de c o n so m m a tio n , ain si q u e su r les p e tite s e n tre p ri­

ses [24]. S a n s p o u v o ir m e s u re r e x a c te m e n t l ’a ssise e t l ’a u d ie n c e de c e tte p o sitio n , n o u s tro u v o n s é g a le m e n t la tra c e d ’o p in io n s fa v o ra b le s à u n « p ro g ra m m e de d é v e lo p p e m e n t » a u sein d e s m ilie u x d u g ra n d ca p ita l p riv é [25]. N o u s re v ie n d ro n s b ie n tô t su r l ’im p o rta n t p ro b lè m e d e l ’a ttitu d e de c es m ilie u x face a u p ro je t de P lan.

D ès 1 9 4 4 -4 5 -4 6 , l ’id ée de « p ro g ra m m a tio n » et d ’u n e a p p ro c h e d if­

fé ren te d e s p ro b lè m e s d e la so ciété c o lo n ia le a v a it d o n c p ris c o rp s au C o n g o b e lg e ; to u te fo is, n o u s n ’av o n s p a s ré u ssi à m e ttre la m a in su r u n « p lan » b ie n p récis. E n c o re fa lla it-il q u e les a u to rité s p o litiq u e s m é tro p o lita in e s se tro u v e n t su r la m ê m e lo n g u e u r d ’o n d e. L e s a lé a s de la v ie g o u v e rn e m e n ta le — trè s a g ité e — de la B e lg iq u e d ’a p rè s-g u e rre se m b le n t a v o ir re ta rd é la m ise e n œ u v re d ’u n e « n o u v e lle » p o litiq u e c o lo n ia le s u r le m o d è le b rita n n iq u e et fra n ç a is. U n « h o m m e n o u ­

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G EN ÈSE ET PO RTÉE DU « PLA N DÉCEN N A L » DU CON G O BELG E 11

v e a u », a u x id é e s p ro g re ssiste s et o rig in a le s, fut p la c é à la tê te du M in istè re d es C o lo n ie s e n fé v rie r 1945 : le s o c ia l-c h ré tie n E d g a r D e B ru y n e [26], Il é ta it fa v o ra b le à l ’é ta b lisse m e n t d ’u n « p la n g ra n d io se » c o o rd o n n a n t les e ffo rts é c o n o m iq u e s b e lg e s au C o n g o . L es te m p s de l ’e x p lo ita tio n u n ila té ra le d u C o n g o a u p ro fit des g ra n d s in té rê ts p riv é s so n t ré v o lu s, d isa it-il : « L e s v é rita b le s p ro p rié ta ire s d es ric h e sse s c o n ­ g o la ise s so n t les in d ig è n e s e n v e rs le sq u e ls l ’É ta t (...) d o it re m p lir des d e v o irs, é g a le m e n t en m a tiè re é c o n o m iq u e » [27]. L e m in istre a p p ro u ­ v a it les id é e s de R y c k m a n s ; le u rs c o n v e rsa tio n s, lo n g u e s de p lu sie u rs se m a in e s, m e n è re n t à l ’é ta b lisse m e n t d ’u n e é b a u c h e de p la n [28],

D e B ru y n e n ’eu t to u te fo is p a s le te m p s d e ré a lise r q u o i q u e ce so it : u n e c rise m in isté rie lle lu i fit p e rd re so n p o ste q u atre m o is a p rè s so n en tré e en fo n c tio n s (ju in 1945). L e lib éral R o b ert G o d d in g lu i su ccéd a.

L ié au x g ra n d s g ro u p e s p riv é s p ré se n ts a u C o n g o , il é ta it h o stile à to u te id ée d e p la n ; u n e in fle x io n de la p o litiq u e é c o n o m iq u e tra d itio n ­ n e lle lui p a ra issa it su p e rflu e et d a n g e re u se [29], A u C o n g o m êm e, a p rè s le d é p a rt d e R y c k m a n s en ju ille t 1946, le g o u v e rn e m e n t g én éral fut c o n fié à Jü n g e rs q u i, d ’a p rè s le té m o ig n a g e d e C o m e lis, ne fu t pas, n o n p lu s, p a rtisa n d u c o n c e p t de p la n [30], L e v ic e -g o u v e rn e u r g é n éra l, L éo P é tillo n , se tro u v a it n é a n m o in s d a n s la d ro ite lig n e d es id é e s de R y c k m a n s [31].

U n n o u v e a u c h a n g e m e n t in te rv e n u à la tête d u d é p a rte m e n t d es C o lo n ie s a lla it to u te fo is a m e n e r la p e rc é e d é fin itiv e d e l ’id ée d e « p la n d e d é v e lo p p e m e n t ». E n m a rs 1947, le s o c ia l-c h ré tie n P ie rre W ig n y p rit la re lè v e d e G o d d in g . L e p a rc o u rs p u b lic p ré a la b le d e c e t h o m m e je u n e e t d y n a m iq u e a v a it ré v é lé ses g o û ts p o u r les g ra n d s p ro je ts p o li­

tiq u e s c o h é re n ts e t p o u r les la rg e s id ée s ré n o v a tric e s ; ses q u a lité s a lla ie n t é v id e m m e n t le re n d re trè s r é c e p tif a u c o n c e p t d ’u n « p la n d e d é v e lo p p e m e n t » p o u r le v a ste te rrito ire d o n t il a ssu m e ra it d é so rm a is la re sp o n sa b ilité [32]. L e c o n te x te p o litiq u e b e lg e é ta it é g a le m e n t fa v o ­ ra b le à u n e n o u v e lle a p p ro c h e d e la g e stio n é c o n o m iq u e : le n o u v e a u g o u v e rn e m e n t é ta it c o n stitu é de so c ia u x -c h ré tien s et de so c ia liste s (un d e c e u x -c i, P a u l-H e n ri S p a a k le p ré s id a it ; u n au tre so c ia liste , P a u l D e G ro o te , é ta it m ê m e — fa it s ig n if ic a tif p o u r n o tre su je t — m in istre de la C o o rd in a tio n é c o n o m iq u e . L es id ée s n e u v e s v iv a n t a u C o n g o a lla ie n t e n fin tro u v e r u n re la is au se in d e m ilieu x d irig e a n ts m é tro p o li­

ta in s [33], D ès ju in 1947, la d é c isio n fu t p rise d ’é la b o re r u n « P l a n d é c e n n a l » p o u r la c o lo n ie [34],

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III. L ’É L A B O R A T IO N D U P L A N D É C E N N A L E T L E S ID É E S R É G IS S A N T C E L U I-C I

1. La p rocédu re de m ise au point

A c c o m p a g n a n t le p rin c e -ré g e n t C h a rle s lo rs de so n v o y a g e au C o n g o d e ju in à a o û t 1947, le m in istre W ig n y p rit c o n ta c t av e c les h a u ts re sp o n sa b le s d e l ’a d m in istra tio n c o lo n ia le lo cale. L o rs de ces ré u n io n s, fu re n t é c h a n g é e s les p re m iè re s id ées c o n c e rn a n t la m ise au p o in t e t l ’o rie n ta tio n d u p la n [35]. D an s les m o is q u i su iv ire n t, l ’o n se m it d ’a c c o rd su r la p ro c é d u re d ’éla b o ra tio n . L e p la n se ra it u n e œ u v re c o lle c tiv e d es d iffé re n ts se rv ic e s a d m in istra tifs c o lo n ia u x co n c e rn é s, ta n t à B ru x e lle s q u ’à L é o p o ld v ille , m a is q u e lq u e s je u n e s é c o n o m iste s, s p é c ia le m e n t e n g a g é s à c e t e ffe t [36], fo rm a n t u n p e tit se c ré ta riat p e r­

m a n e n t, se ra ie n t les « a n im a te u rs d e to u te l ’e n tre p rise ». À le u r tê te se tro u v e ra it C o m e lis, lu i-m ê m e c h e f d e la D ire c tio n g é n é ra le d e s A ffa i­

re s é c o n o m iq u e s à L é o p o ld v ille : c e t h o m m e , p as très re p r é s e n ta tif du

« p ro fil-ty p e » d u fo n c tio n n a ire co lo n ia l b e lg e a u C o n g o [37], jo u e ra it d o n c u n g ra n d rô le lo rs d e l ’é la b o ra tio n d u plan.

C o m m e n t le tra v a il se rait-il ré p a rti e n tre B ru x e lle s e t L é o p o ld v ille ? Q u e lle s se ra ie n t les p h a se s d e la m ise au p o in t ? U n e im p o rta n te p ré c i­

sio n d u t être a p p o rté e d è s a v a n t le d é b u t d e s trav au x . W ig n y é c riv it au v ic e -g o u v e rn e u r g é n é ra l P é tillo n : « P rim itiv e m e n t, j e c o m p ta is g a rd e r le s e c ré ta ria t a u p rè s d e m o i. V o u s a v e z in sisté p o u r re c e v o ir les é c o n o ­ m iste s à L éo. J ’a i a c c é d é b ie n v o lo n tie rs à ce d é sir, m a is j e m a rq u e e x p re ssé m e n t le so u h a it q u e cette o rg a n isa tio n n ’a b o u tisse p a s à m ettre B ru x e lle s h o rs c irc u it e t à n e p ré s e n te r q u e d e s d é c isio n s à p re n d re , n o n d e s p ro b lè m e s à d é lib é re r a u p ré a la b le » [38], L e tra v a il d e b a se , c o lle c te d e s d o n n é e s c o n c rè te s e t ré d a c tio n d e s p re m ie rs ra p p o rts se fit d o n c a u C o n g o , d e d é c e m b re 1947, ju s q u ’à la m i- 1948 ; ce tra v a il p ré ­ lim in a ire fut su iv i d e p u is B ru x e lle s ; lo rs de l ’a c h è v e m e n t d e s tra v a u x à L é o p o ld v ille , le d é p a rte m e n t m é tro p o lita in p rit le re la is e t m it au p o in t la v e rsio n d é fin itiv e d u p lan . Il ap p a ra ît, à la le ctu re d e s d o c u ­ m e n ts d is p o n ib le s, q u e les tra v a u x d e L é o p o ld v ille fu re n t p a rfo is des

« in v e n ta ire s » d es d iv e rs b e s o in s e t q u ’à B ru x e lle s se fit, p a r c o n s é ­

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14 GU Y V A N THEM SCH E

q u en t, u n im p o rta n t p ro c e ssu s de c h o ix d a n s u n la rg e é v e n ta il d ’o p ­ tio n s p o ssib le s [39].

L es tra v a u x d u rè re n t j u s q u ’a u d é b u t de 1949 ; le m in istre eu t h âte d ’y m e ttre u n te rm e : il te n a it à p u b lie r l ’œ u v re , d an s la q u e lle il s ’était in v e sti, a v a n t l ’é c h é a n c e é le c to ra le d e ju in 1949 qui a m è n e ra it u n n o u ­ v e a u g o u v e rn e m e n t (et p a r c o n sé q u e n t, p e u t-ê tre u n n o u v e a u m in istre d e s C o lo n ie s...) [40], M a lg ré le fait q u e d e s fo n c tio n n a ire s d e L é o p o ld ­ v ille se so ie n t p la in ts, au d é b u t d es tra v a u x , de la p ré c ip ita tio n d o n t les re sp o n sa b le s se m b la ie n t faire p re u v e , a in si q u e de l ’im p re ssio n

« d ’é c ra se m e n t d e v a n t l ’im p o rta n c e , l ’e n c h e v ê tre m e n t et l ’e n ta sse m e n t d es p ro b lè m e s » [41], le « P la n d é c e n n a l » fut d o n c fin a le m e n t p u b lié à la m i - 1949, to u t ju s te d eu x a n s ap rè s la d é c isio n in itiale.

C e c o u rt a p e rç u d u p a rc o u rs e x te rn e d u P lan d é c e n n a l n o u s p e rm e t d ’o re s et d é jà de fo rm u le r q u e lq u e s c o n c lu sio n s c o n c e rn a n t la p o rté e m ê m e de c e lu i-c i : fo rm e e t c o n te n u so n t é v id e m m e n t é tro ite m e n t liés.

L e P la n n e fu t p a s im p o sé u n ila té ra le m e n t a u C o n g o p a r la lo in ta in e m é tro p o le ; les re sp o n sa b le s c o lo n ia u x p ré se n ts a u C o n g o — le m ilie u q u i a v a it fo rm u lé u n n o u v e a u d ia g n o stic d es p ro b lè m e s c o lo n ia u x e t où a v a it p ré c is é m e n t g e rm é l ’id ée d ’u n n o u v e a u ty p e d ’a p p ro c h e de ceu x - ci — a v a ie n t eu le u r m o t à d ire d a n s l ’é la b o ra tio n . L es d é c is io n s d é fi­

n itiv e s, les c h o ix p ré c is fu ren t faits à B ru x elles.

M a is so u lig n o n s é g a le m e n t c e t au tre a sp e c t im p o rta n t, q u i é tait loin d ’ê tre é v id e n t d a n s le sy stè m e c o lo n ia l b e lg e : ce tra v a il fu t l ’œ u v re des a u to rité s p u b liq u e s et a d m in istra tiv e s e t d ’e lles seu les. L ’in te n tio n d ’é ta b lir u n « P la n d é c e n n a l » a v a it été p u b liq u e m e n t a n n o n c é e d è s la m i - 1947, m a is le m in istre a v a it fo rm e lle m e n t in te rd it d e d iv u lg u e r les te x te s p ré lim in a ire s à d e s tiers a v a n t q u e lu i-m ê m e eû t p u p re n d re c o n ­ n a issa n c e d ’u n e p re m iè re v e rsio n g lo b a le [42], L es g ra n d e s s o c ié té s p ri­

v é es, g ro u p é e s a u sein de l ’A sso c ia tio n d es In té rê ts c o lo n ia u x b e lg e s (A IC B ) [4 3 ], n e fù re n t im p liq u é e s d a n s l ’é la b o ra tio n d u p la n q u e lo rs ­ qu e c e lle -c i fut d é jà b ie n av a n c é e. Il é tait im p o ssib le d ’é v a lu e r d e faço n q u e lq u e p e u ré a liste les p o ssib ilité s d e d é v e lo p p e m e n t fu tu r d e la c o lo ­ n ie san s a v o ir u n e id é e d e s b e so in s e n c a p ita u x e t e n m a in -d ’œ u v re de la p a rt d es e n tre p rise s p riv é e s. À la m i- 1948, l ’a d m in istra tio n c o lo n ia le d e B ru x e lle s d e m a n d a d o n c à l ’A IC B de s ’e n q u é rir au p rè s de se s m e m ­ b re s de le u rs in te n tio n s e n m a tiè re d ’in v e stisse m e n ts p o u r les d ix an n é e s à v en ir. C e s p ro g ra m m e s se ra ie n t e n su ite tra n sm is a u x ré d a c te u rs d u p lan , à titre d ’in fo rm a tio n [44], B ie n q u e les re sp o n sa b le s p riv é s e u sse n t d o n c d é jà eu c o n n a issa n c e d es g ra n d e s lig n e s d u p la n d ès c e tte é p o ­ q u e [45], P A IC B n e fut o ffic ie lle m e n t in v ité e à fo rm u le r so n o p in io n

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G EN ÈSE ET PO RTÉE DU « PLAN D ÉCENNA L » DU C O N G O BELGE

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q u e ta rd iv e m e n t, à p a rtir d e d é c e m b re 1948 [46]. N o u s re v ie n d ro n s sur c e s ré a c tio n s, a u fu r e t à m e su re q u e n o u s e x a m in e ro n s les g ra n d e s lig n e s d u P la n lu i-m ê m e ; n o to n s to u te fo is, dès à p ré se n t, le p e u d ’e n ­ th o u sia sm e m a n ife sté p a r le se c te u r p riv é à c o m m u n iq u e r ses p ro p re s p ro g ra m m e s d ’in v e stisse m e n t, « a b ste n tio n (...) ju s tifié e su rto u t p a r la c ra in te d ’ê tre e n c h a în é d a n s u n e p o litiq u e d e d irig ism e » [47], E n co re l ’A IC B et ses m e m b re s fu re n t-ils p riv ilé g ié s p a r ra p p o rt a u x a u tres ag e n ts é c o n o m iq u e s p riv é s d e la c o lo n ie ; les c o lo n s p ro te stè re n t v io le m ­ m e n t c o n tre l ’a b se n c e de c o n su lta tio n d o n t ils a v a ie n t été v ic tim e s [48], P e u t-ê tre n ’est-il p a s in u tile d e fo rm u le r ici u n e p e tite re m a rq u e m é th o d o lo g iq u e , q u i in c ite à u n e c e rta in e p ru d e n c e . N o tre a n a ly se est é v id e m m e n t fo n d ée su r d es d o c u m e n ts d ’arc h iv e s, té m o ig n a g e s

« m o rts » d ’u n e ré a lité v iv a n te b ie n p lu s c o m p lex e. P é tillo n ra p p e lle q u e « d e s ré u n io n s h e b d o m a d a ire s a v a ie n t lieu a u x q u e lle s p a rtic ip a ie n t, so u s la p ré sid e n c e d u m in istre , les fo n c tio n n a ire s re sp o n sa b le s et des spécialistes du secteur p riv é (je so u lig n e , G .V .) » [49]. A u -d e là o u à c ô té d es in d ic a tio n s fo u rn ie s p a r les d o c u m e n ts d isp o n ib le s, p e u v e n t d o n c a v o ir eu lieu d iv e rse s fo rm e s d e c o n ta c ts e t d ’in flu e n c e s in fo rm e l­

les d e la p a rt d u se c te u r p riv é ; il est, p o u r l ’in sta n t to u t a u m o in s, im p o ssib le d ’e n d ire p lu s. M a is il n ’en d e m e u re p a s m o in s fra p p a n t q u e le ty p e de re la tio n s e x ista n t e n tre se c te u r p riv é et p u b lic à l ’o c c a sio n d e l ’é la b o ra tio n d u P la n n e c o rre sp o n d a it p a s av ec la « tra d itio n » d u sy s­

tè m e co lo n ia l b elg e.

2. La con ception d ’ensem ble

A b o rd o n s m a in te n a n t le v i f d u su je t : q u e lle s fu re n t les c o n c e p tio n s qu i a n im è re n t les ré d a c te u rs d u p la n ? Q u ’e n te n d ire n t-ils p a r « p la n » et q u e l ty p e d e « d é v e lo p p e m e n t » e u re n t-ils e n v ue ? L e P la n d é c e n n a l a fa it l ’o b je t d ’a p p ré c ia tio n s c o n v e rg e n te s d an s la litté ra tu re sc ie n tifiq u e c o n sa c ré e à la p la n ific a tio n é c o n o m iq u e a u C o n g o /Z a ïre [50], C e s é tu ­ d e s so u lig n e n t à ju s te titre q u e le P lan , tel q u ’il fut ré a lisé d e 1950 à

1959, fu t a v a n t to u t u n p ro g ra m m e d e d é p e n se s p u b liq u e s d ’in fra stru c ­ tu re. Il se ra it p a r c o n tre in e x a c t d ’en d é d u ire q u ’il n e fu t q u e c e la et q ue ses c o n c e p te u rs n ’e u re n t q u ’u n e c h o se e n v u e : la c o n stru c tio n d e v o ie s de c o m m u n ic a tio n . L a ré a lité e st e n fait b e a u c o u p p lu s c o m p lex e.

C o n sta ta n t les g ra v e s d é fa u ts stru c tu re ls d e l ’é c o n o m ie et d e la so ciété c o n g o la ise s — e x tra v e rsio n e t d o n c fra g ilité e x trê m e s de la p ro d u c tio n , m isè re e t m a rg in a lité de la p o p u la tio n in d ig è n e e t d e so n se c te u r de p ro -

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1 6 GU Y VA NTH EM SCH E

d u c tio n a u to c h to n e — les é tu d e s p ré lim in a ire s d u p la n m ire n t to u te s l ’a c ­ c e n t s u r la n é c e ssité d ’in flé c h ir la p o litiq u e tra d itio n n e lle (a x é e su r la p r i­

m a u té a c c o rd é e au d é v e lo p p e m e n t de la p ro d u c tio n d ’e x p o rta tio n p ri­

m a ire ) e t d ’a b o u tir à u n e s tru c tu re é c o n o m iq u e et so c ia le p lu s éq u ilib ré e . C ito n s q u e lq u e s p a ssa g e s d ’u n d o c u m e n t d e b a se éta b li à L é o p o ld v ille fin 1947 [51] : « O b je c tif sp é c ia l p rim a ire : le b ie n -ê tre in d ig èn e. (...) L e s b e so in s d e s in d ig è n e s so n t d e s b e s o in s e sse n tie ls, u rg e n ts, à sa tisfa ire en to u te h y p o th è se . (...) L ’É ta t a la re sp o n sa b ilité d u d é v e lo p p e m e n t d e la c o m m u n a u té in d ig èn e. (...) (C e) d e v o ir est fo n d a m e n ta l : le p la n d o it être c e n tré su r ce tte d o n n é e . (...) L a p ro p o rtio n d u c o m m e rc e e x té rie u r p a r ra p p o rt a u c o m m e rc e in té rie u r e st e x c e ssiv e m e n t élev ée. (...) L e p la n d o it (...) c o m p o rte r u n e a c tio n d é c isiv e et ra tio n n e lle e n v u e d ’a c c ro ître la sta ­ b ilité d u re v e n u n a tio n a l, et s p é c ia le m e n t des re v e n u s in d ig è n e s. (...) L es d iv e rse s m é th o d e s d o iv e n t c o n v e rg e r p o u r sta b ilise r l ’é c o n o m ie s u r un m a rc h é in té rie u r v irtu e lle m e n t v aste. (...) É ta n t d o n n é le d é v e lo p p e m e n t c o n sid é ra b le d e c e rta in e s in d u strie s d e b ase, te lle s q u e les m in e s, il n ’est p a s q u e stio n q u e ce p la n so it a x é su r u n d é v e lo p p e m e n t e n c o re a c c ru de ces in d u strie s, ce c i n e v o u la n t c e p e n d a n t p a s d ire q u ’il y a it la m o in d re o p p o sitio n à c e d é v e lo p p e m e n t ». P a r ra p p o rt au se c te u r p riv é , il fa lla it q u e le n o u v e a u rô le d e l ’É ta t fu t b ie n d éfin i : « P a s d ’o p p re ssio n p a r des fé o d a lité s é c o n o m iq u e s d ’in té rê t p riv é ».

N o u s p o u rrio n s m u ltip lie r d e te lle s cita tio n s : e lle s se re tro u v e n t to u t au lo n g d es d o c u m e n ts p ré p a ra to ire s à la v e rs io n d é fin itiv e d u P lan . C e lle -c i p a rt é g a le m e n t d u c o n sta t d e c e rta in s d é fa u ts fo n d a m e n ta u x de l ’é c o n o m ie c o n g o la ise (v u ln é ra b le , c a r tro p e x c lu siv e m e n t c e n tré e su r l ’ex p o rta tio n , e t « d u a le », p a rc e q u e l ’é c o n o m ie in d ig è n e v é g è te , re p lié e su r e lle -m ê m e , à c ô té d u se c te u r m o d e rn e et d y n a m iq u e ) et d o n c de la n é c e ssité d ’y a p p o rte r d es re m è d e s [52], M a is il e st fra p p a n t de c o n sta te r à q u e l p o in t le P lan , tel q u ’il fu t p u b lié , se tro u v e , à m a in ts ég a rd s, en re tra it p a r ra p p o rt à la fo rce, la c o h é re n c e in te rn e et p a rfo is m ê m e la v iru le n c e d e c e rta in s d o c u m e n ts p ré a la b le s. F ru it de lo n g s m o is de ré é c ritu re s, d e c o n su lta tio n s e t d isc u ssio n s a v e c u n n o m ­ b re c ro issa n t d e p e rso n n e s e t d ’in sta n c e s, le P la n d e 1949 a rro n d it d e n o m b re u x a n g le s, a fin d e p o u v o ir re c u e illir u n c o n se n su s au ssi larg e q u e p o ssib le . À c e t é g a rd , il n e fau t é v id e m m e n t p a s p e rd re d e v u e q ue l ’é la b o ra tio n d ’u n te l d o c u m e n t n ’est p a s (se u le m e n t) le fru it d ’u n p ro ­ c e ssu s b u re a u c ra tiq u e « ra tio n n e l » et q ue le rô le d e p e rso n n a lité s in flu e n te s, d e se n sib ilité s p e rso n n e lle s est é g a le m e n t trè s im p o rta n t — a sp e c t q u ’il n ’est to u te fo is p a s fa c ile , v o ire m ê m e im p o ssib le d e sa isir à tra v e rs le p rism e d e s arch iv es.

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GEN ÈSE ET PO RTÉE DU « PLA N D ÉCENNA L » DU CON G O BELGE 17

C ito n s u n e x e m p le p a rm i d ’a u tre s, p o u r illu stre r ce p ro c e ssu s d ’« a t­

té n u a tio n ». A lo rs q u e tel p ro je t d ’in tro d u c tio n a u P lan d é c e n n a l d é c la ­ ra it sa n s a m b a g e s q u e « L ’a lim e n ta tio n d e c es p o p u la tio n s est (...) m a n ife ste m e n t in fé rie u re au x e x ig e n c e s de l ’é n e rg é tiq u e h u m a in e (et q u e) les c o n d itio n s d ’h a b ita tio n n e ré p o n d e n t p a s, p o u r l ’im m en se m a jo rité d e la p o p u la tio n , a u x n o rm e s les p lu s é lé m e n ta ires de la c iv ili­

sa tio n », l ’in tro d u c tio n liv ré e au p u b lic se c o n te n ta it d e c o n sta te r q ue

« c e rta in s d e ses b e so in s e sse n tie ls n e so n t p a s satisfa its » [53].

L o rs de so n p re m ie r c o n ta c t a v ec les re sp o n sa b le s c o lo n ia u x d e L é o ­ p o ld v ille en ju ille t 1947, le m in istre W ig n y a v ait c ru n é c e ssa ire d e p ré c i­

se r q u e le p la n q u ’ils a lla ie n t é b a u c h e r d e v a it « é v ite r d e fa ire p re u v e d ’e sp rit a n ti-c a p ita liste o u a n ti-so c ié té » [54], Il e st d iffic ile d ’év a lu e r l ’a m p le u r et la s ig n ific a tio n de c e t (é v e n tu e l) état d ’esp rit ; l ’o n n e p e u t to u te fo is s ’e m p ê c h e r d ’être su rp ris à la le c tu re de c e rta in e s n o te s p ro d u i­

te s lo rs d e l ’é la b o ra tio n d u P lan e t q u e l ’o n p o u rra it p e u t-ê tre m ê m e q u a li­

fie r d e « tie rs-m o n d iste s » a v a n t la le ttre : « L ’é c o n o m ie c o n g o la ise p ré ­ se n te c e tte a n o m a lie d ’a v o ir p o u r b u t le b ie n -ê tre d ’u n e c o lle c tiv ité é tra n ­ g ère, re p ré se n té e p a r les a c tio n n a ire s d es so c ié tés c o lo n ia le s. (...) L ’e x ­ p o rta tio n (d u p ro fit) v e rs l ’e x té rie u r c o n stitu e l ’a p p a u v risse m e n t g lo b al d e la c o lle c tiv ité p ro p re m e n t c o n g o la ise . (...) les a v a n ta g e s q u e n o tre e x p lo ita tio n a p p o rte à certains in d ig è n e s (...) so n t p u re m e n t a c c id e n tels, ce so n t les accessoires nécessaires d ’u n e o rg a n isa tio n é c o n o m iq u e q u i a p o u r b u t statutaire un p ro fit étranger (so u lig n é d a n s le te x te ) » [55].

Q u o i q u ’il e n soit, et sa n s q u ’il fa ille e x a g é re r l ’im p o rta n c e de te lle s p rise s de p o sitio n [56], u n e c h o se est c e rta in e : la c o n c e p tio n d e b a se d es tra v a u x d ’é la b o ra tio n d u p la n s o u lig n a it u n e d o u b le n é c e ssité . A fin d e sta b ilise r l ’é c o n o m ie c o n g o la ise et de re le v e r les re v e n u s de la p o p u la tio n n o ire , il fa lla it tra n s fo rm e r le se c te u r ru ral tra d itio n n e l et d iv e rsifie r la p ro d u c tio n d a n s le se c te u r sec o n d a ire . A rrê to n s-n o u s d ’a b o rd a u p ro b lè m e a g ric o le ; les c o n c e p te u rs d u p la n é ta ie n t p a rfa ite ­ m e n t c o n sc ie n ts d u rô le clé d e c e lu i-c i d an s les tra n sfo rm a tio n s à v enir.

3. L e secteu r agricole

L a d y n a m isa tio n d u se c te u r a g ric o le in d ig è n e n e fu t p a s u n c o n c e p t in v e n té à l ’o c c a sio n d u P lan d écen n al. L ’o n a v ait p u c o n sta te r d e p u is d e n o m b re u se s a n n é e s q u e « (th e ) C o n g o le se fa rm ers re a c te d o n e n la r­

g e d e c o n o m ic in c e n tiv e s b y e x te n d in g th e c u ltiv a te d a re a ra th e r th a n b y im p ro v in g fa rm in g m e th o d s », a v ec d es c o n sé q u e n c e s trè s n é fa ste s

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18 GU Y V A NTHEM SCH E

p o u r la fe rtilité d e s so ls [57]. L ’IN E A C (In stitu t n a tio n a l p o u r l ’É tu d e a g ro n o m iq u e d u C o n g o b e lg e ) a v a it e x p é rim e n té la m é th o d e d ite des

« p a y sa n n a ts » d è s 1936. R e p re n o n s la d é fin itio n trè s p ré c ise fo u rn ie p a r l ’a d m in istra tio n e lle -m ê m e : « L e p a y sa n n a t est u n sy stè m e d ’é c o n o m ie ru ra le o ù d e s m é th o d e s de c u ltu re c o n se rv a to ire s d e s so ls s o n t m ise s en œ u v re d an s u n e ré g io n d é te rm in é e , o ù la d é lim ita tio n d e s e n tité s fo n c iè ­ re s c o u tu m iè re s, l ’in v e n ta ire a g ric o le et so cial o n t été ré a lisé s et o ù des lo tisse m e n ts, in d iv id u e ls o u c o lle c tifs, o n t été ré p a rtis é q u ita b le m e n t en tre les h a b ita n ts » [58]. L e sy stè m e d e s lo tisse m e n ts re p ré s e n ta it « a ra tio n a liz a tio n o f th e tra d itio n a l sy ste m a n d a c o m p ro m ise b e tw e e n ag ro n o m ic c o n sid e ra tio n s, th e c a p a c ity o f th e so il fo r n a tu ra l re g e n e ra ­ tio n , a n d th e state o f e v o lu tio n o f th e lo cal p o p u la tio n » [59],

Il s ’a g is s a it d o n c d ’a tte in d re d iffé re n ts o b je c tifs d e fa ç o n sim u lta n é e e t c o n ju g u é e : é v ite r Im m ig ra tio n de la p o p u la tio n ru ra le , sta b ilise r c e lle -c i s u r so n te rro ir, é v ite r l ’é c la te m e n t b ru ta l d es c a d re s so c ia u x tra d itio n n e ls, lu tte r c o n tre l ’é ro sio n d es so ls, a u g m e n te r les re n d e m e n ts ag ric o le s, in té g re r d a v a n ta g e les p ro d u c te u rs ru ra u x d a n s le c irc u it é c o ­ n o m iq u e g é n é ra l, a u g m e n te r les re v e n u s et le n iv e a u de v ie d e ceu x -ci.

V a ste p ro g ra m m e o ù les a u to rité s p u b liq u e s a v a ie n t u n rô le c a p ita l à jo u e r : e lle s d e v a ie n t m e ttre a u p o in t et p ro p a g e r les n o u v e lle s m é th o ­ d es d e lo tisse m e n t e t d e g e stio n a g ro n o m iq u e d es so ls, s tim u le r l ’in tro ­ d u c tio n et la d iffu sio n de n o u v e lle s te c h n iq u e s e t d e n o u v e lle s v a rié ­ té s ; e lle s d e v a ie n t s u sc ite r la c ré a tio n de c o o p é ra tiv e s in d ig è n e s s u s ­ c e p tib le s d e so u te n ir et d ’o rie n te r c e tte n o u v e lle d y n a m iq u e p a y sa n n e . N o tre p ro p o s n ’e st p a s d ’a n a ly se r le p h é n o m è n e d u p a y s a n n a t en so i [60], N o u s n o u s lim ite ro n s ici à la fa ç o n d o n t le P la n l ’ap p ro c h a .

Il l ’a b o rd a b el et b ie n ; le p ro b lè m e a g ric o le in d ig è n e fû t m ê m e u n d e s su jets d e ré fle x io n m a je u rs lo rs de so n é la b o ra tio n [61]. Il sem b le q u e , c h ez d ’a u c u n s, ré g n a it u n c e rta in sc e p tic ism e q u a n t à l ’e ffic a c ité et l ’a p p lic a b ilité d u p a y sa n n a t. L a m é th o d e se m b la it tro p e x p é rim e n ta le , tro p lim itée d an s ses p o ssib ilité s d ’ex te n sio n , et m ê m e in o p p o rtu n e [62], L ’o n d é c id a n é a n m o in s d e s ’o rie n te r v e rs la g é n é ra lisa tio n d u p a y s a n ­ nat. C e la n ’e m p ê c h a p a s les p a rtisa n s de c e tte m é th o d e d ’ê tre p a rfa ite ­ m e n t c o n sc ie n ts d e s p ro b lè m e s q u i les a tte n d a ie n t. L e s é tu d e s p ré p a ra ­ to ire s c o n sta ta ie n t « ( q u ’)o n ne p e u t e n v isa g e r u n e m ise e n tra in m a s ­ siv e d u p la n » ; « L ’a b se n c e de p e rso n n e l in d ig è n e (...) n o u s a m è n e ra , to u t c o m m e la ra re té d u p e rso n n e l e u ro p é e n h a u te m e n t q u a lifié , à ré d u ire n o s p ro je ts c o n c re ts à l ’éc h e lle d e n o s m o y e n s ré els. (...) Il ne se m b le p a s o p p o rtu n d ’e n ta m e r d ’e m b lé e la g é n é ra lisa tio n de p ro g ra m ­ m e s d o n t le su c c è s n ’e st p a s m a th é m a tiq u e m e n t c e rta in » [63]. A u lieu

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GENÈSE ET PO RTÉE DU « PLAN D ÉCENNA L » DU CON G O BELGE 1 9

d ’é p a rp ille r les ra re s m o y e n s d o n t o n d isp o se ra it su r u n tro p v a ste te rri­

to ire , l ’o n o p ta d o n c p o u r u n sy stè m e d e « p ilo t sc h e m e s » o u « c e n tres d ’a m o rç a g e », d e n o y a u x o p tim a le m e n t en c a d ré s e t g é ré s q u i fe ra ie n t ta c h e d ’h u ile. D a n s le c a d re d u p a y sa n n a t, le P la n e n v isa g e a it ta n t la s tim u la tio n d e la p ro d u c tio n v iv riè re q u e d e la p ro d u c tio n d ’e x p o rta ­ tion.

Il fa u t é g a le m e n t s o u lig n e r q u e le d é v e lo p p e m e n t a g ric o le re c h e rc h é p a r le P la n d é c e n n a l n ’e n v isa g e a it p a s l ’im p la n ta tio n d e g ra n d io se s p ro je ts a g ric o le s « m o d e rn e s », te ls q u e le fam e u x (et c a ta stro p h iq u e )

« g ro u n d n u t sc h e m e » q u e la G ra n d e -B re ta g n e a v a it in tro d u it e n A fri­

q u e o rie n ta le [64], L a p o litiq u e b e lg e d es p a y sa n n a ts é ta it u n e m é th o d e a x é e su r le d é v e lo p p e m e n t g ra d u e l, à p e tite é c h elle : « C e d é v e lo p p e ­ m e n t se ra o b te n u p a r u n tra v a il d e p e rso n n e s, d ’in d iv id u s, e x é c u té à fa ib le é c h e lle » [65], L e P la n e stim a n é a n m o in s q u ’à la fin d es a n n é e s 1950 p rè s de 4 6 0 0 0 0 fa m ille s a fric a in e s p o u rra ie n t être in té g ré e s d an s le sy stè m e d u p a y sa n n a t (en 1949, le C o n g o b e lg e c o m p ta it e n v iro n 11 m illio n s d ’h a b ita n ts) [66].

L es g ra n d e s e n tre p rise s p riv é e s n e fu re n t p a s e n c h a n té e s d u p ro ­ g ra m m e a g ric o le d u P lan . O n le ju g e a tro p g ra n d io se , irré a lisa b le en d ix an s et, q u i p lu s est, d a n g e re u x . « Il se ra it p é rille u x d e la n c e r les c o m m u n a u té s in d ig è n e s (...) d a n s d e s a v e n tu re s d o n t l ’éch e c re te n tira it g ra v e m e n t su r le p re stig e d u tu te u r e u ro p é e n ». E n o u tre , v ic e ré d h ib i- to ire : « L e p la n ig n o re , o u p e u s ’e n faut, les e n tre p rise s p riv é e s. (Il fo rce ) to u te l ’é c o n o m ie ru ra le d a n s le c a d re d ’u n e rig id e é c o n o m ie é ta ­ tiq u e (d o n t l ’e ffe t) se ra it d ’in s titu e r l ’é c o n o m ie ru ra le en c o n c u rre n te et (...) d ’e n le v e r a u se c te u r p riv é d e s b ra s in d isp e n sa b le s e t d ’en tra v e r ain si so n d é v e lo p p e m e n t, v o ire de re stre in d re son a c tiv ité » [67]. N o u s v e rro n s p lu s lo in de q u e lle fa ç o n le p ro g ra m m e a g ric o le fu t in sé ré d an s le P la n g lo b a l et, su rto u t, ce q u ’il e n ad v in t d a n s la réalité.

A jo u to n s é g a le m e n t q u e les a u te u rs d u P la n fu re n t c o n fro n té s a u p ro ­ b lè m e d u c o lo n a t b la n c (su rto u t d an s le d o m a in e a g ric o le ) : fa lla it-il sti­

m u le r c e lu i-c i e t d a n s q u e lle m e su re ? B o g u m il Je w sie w ic k i a b ie n m o n tré c o m m e n t la lo g iq u e d u sy stè m e c o lo n ia l b e lg e a u C o n g o a lim ité le d é v e lo p p e m e n t d ’u n e c o u c h e d e p e tits e n tre p re n e u rs b la n c s, ta n t d a n s le se c te u r a g ric o le , q u ’en d e h o rs d e c e lu i-c i [68]. C e p h é n o m è n e é ta it d o n c re sté e x trê m e m e n t lim ité. B ie n q u ’u n e a ttitu d e p lu s fa v o ra b le au c o lo n a t se fu t d é v e lo p p é e a p rè s la S e c o n d e G u e rre M o n d ia le — ra p p e ­ lo n s, p a r e x e m p le , la c ré a tio n d ’u n e S o c ié té de C ré d it a u C o lo n a t en 1947, a in si q u e le s p rise s d e p o sitio n p lu s p o sitiv e s de re sp o n sa b le s p o litiq u e s, te ls q u e W ig n y lu i-m ê m e , fac e a u p ro b lè m e d e s « cla sse s

(22)

2 0 GU Y V A N THEM SCH E

m o y e n n e s » a u C o n g o [69] — , les a u te u rs d u P la n n ’a lla ie n t p a s m o n ­ tre r u n e n th o u sia sm e d é b o rd a n t p o u r c e tte fo rm e d e p e u p le m e n t e u ro ­ p é e n (su iv a n t e n c e la u n e lo n g u e tra d itio n de l ’a d m in istra tio n c o lo ­ n ia le). « D iso n s san s a m b a g e s q u e la c o lo n isa tio n (a g ric o le e u ro ­ p é e n n e ), d a n s les c o n d itio n s actu e lle s, n e p e u t p re n d re u n e sso r sé rieu x , et q u ’au su rp lu s, elle n ’e st p a s e x e m p te de risq u e s » [70]. E n o u tre , les c o n c e p te u rs d u P lan é ta ie n t d ’a v is q u ’il fa lla it a b s o lu m e n t re je te r to u te d é m a rc a tio n en tre les a c tiv ité s é c o n o m iq u e s d e la p o p u la ­ tio n n o ire et b la n c h e e t l ’in sta u ra tio n de « d o m a in e s ré se rv é s » p ro p re s e t e x c lu sifs à c h a c u n (ce q u i a lla it à l ’e n c o n tre d es d é sirs d e s p e tits co lo n s b la n c s) [71]. L e P lan , tel q u ’il fut p u b lié , p ré v o y a it d o n c b ie n u n p ro g ra m m e de stim u la tio n p u b liq u e d e p e tite s e n tre p rise s e u ro p é e n ­ n e s, m a is n ’en fit p a s u n e p rio rité [72].

4. L ’industrialisation

P e n c h o n s-n o u s d ’a b o rd su r d ’a u tre s a sp e c ts d u P lan. L a d iv e rs ific a ­ tio n d e la p ro d u c tio n n o n -a g ric o le fu t u n e au tre p ré o c c u p a tio n im p o r­

ta n te de ses c o n c e p te u rs. D ’ap rè s eu x , d eu x ty p e s d ’a c tiv ité in d u strie lle d e v ra ie n t ê tre re n fo rc é s au C o n g o . A u lieu de les e x p o rte r te lle s q u e l­

les, les m a tiè re s p re m iè re s b ru te s d e la c o lo n ie d e v ra ie n t s u b ir des tra n sfo rm a tio n s su r p lace. E t au lie u d ’im p o rte r d e s b ie n s de c o n s o m ­ m a tio n c o u ra n te in té rie u re , ce u x -c i d e v ra ie n t ê tre p ro d u its a u C o n g o d an s u n e b e a u c o u p p lu s larg e m e su re (« im p o rt s u b stitu tio n in d u s tria li­

z a tio n »).

E n ce q u i c o n c e rn e le p re m ie r a x e d ’in d u stria lisa tio n , le P la n e sc o m p ta it b e l et b ie n u n a c c ro isse m e n t d e la p ro d u c tio n d e s m a tiè re s p re m iè re s c la ssiq u e s (p o rté p a r la d y n a m iq u e d es g ra n d e s so c ié té s), m a is c e t a c c ro isse m e n t « n ’est c o n c e v a b le q u e si ce tte p ro d u c tio n su b it a v a n t de q u itte r le sol c o n g o la is, de sé rie u se s tra n s fo rm a tio n s q u i en so n t le c o m p lé m e n t n é c e ssa ire » : il fa lla it d o n c a llo n g e r le p ro c e ssu s d e p ro d u c tio n d é jà e x ista n t au C ongo m êm e [73]. E n ce q u i c o n c e rn e le se c o n d a x e : to u te u n e série de fa b ric a tio n s d e v ra ie n t se ta ille r u n e p la c e b e a u c o u p p lu s g ra n d e d a n s le tissu é c o n o m iq u e d e la c o lo n ie (te x tile , in d u strie s a lim e n ta ire s, de co n stru c tio n , etc.). L e p o in t d ’a n ­ c ra g e d e c e d é v e lo p p e m e n t d e v ra it ê tre le m a rc h é in té rie u r. « Il ne se m b le p a s s o u h a ita b le d ’e n v isa g e r u n e e x p a n sio n c o n sid é ra b le d e la p ro d u c tio n e n se b a sa n t su r les m a rc h é s d ’ex p o rta tio n . (...) L es d iv e rse s in d u strie s d o n t la c ré a tio n o u le d é v e lo p p e m e n t so n t à p ré v o ir d an s la

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