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Obstacles physiques aux migrations de remontée-dispersion des jeunes anguilles

In document Eel Management Plan for Belgium (pagina 48-54)

1.5 M IGRATIEKNELPUNTEN VOOR PALING

1.5.2 Obstacles potentiels aux migrations de l’anguille en Wallonie

1.5.2.2 Obstacles physiques aux migrations de remontée-dispersion des jeunes anguilles

a) Dans l’axe fluvial Meuse (Figuur 29)

Il est bien connu que tous les poissons grands migrateurs anadromes et particulièrement le saumon atlantique qui peuplaient jadis la Meuse et la partie basse de leurs affluents furent conduits à l'extinction régionalement par la construction, de 1840 à 1936 sur la Meuse internationale et sur la basse Ourthe, de barrages de navigation de plus en plus nombreux et de plus en plus hauts et modernes (Micha, 1985 ; Philippart, 1985, 2005). Ces barrages empêchaient les géniteurs venant de la mer d'atteindre leurs zones de reproduction situées dans la Meuse même, peu canalisée à l'époque (cas de l'esturgeon et des aloses) et dans leurs affluents (cas du saumon, du corégone oxhyrhinque, des lamproies marine et fluviatile). Chez une espèce amphihaline catadrome comme l'anguille, les barrages associés aux écluses de navigation constituèrent aussi des éléments de blocage de la remontée des jeunes anguilles de la mer vers leurs habitats continentaux de croissance mais sans entraîner l'extinction de l'espèce dans le bassin mosan. Grâce à sa petite taille et à son mode de nage, l'anguille est en effet capable, contrairement aux migrateurs

anadromes, de franchir des barrages en passant par de petits orifices noyés, en rampant sur l'ouvrage ou en utilisant une écluse à bateaux. Mais comme pour le saumon, la construction sur la Meuse, de 1926 à 1936, de neuf grands barrages à vannes, pourtant équipés d’échelles à poissons Denil, fit diminuer le nombre de pêcheries d’anguilles aux Pays-Bas (Deelder et Van Drimelen, 1960): 68 installations en 1917, 28 en 1936 et 15 en 1951. Les grands barrages mosans édifiées en 1926-1936 ont donc probablement entrainé une diminution de la colonisation du bassin par les anguilles jaunes et, une ou deux décennies plus tard, une diminution du nombre d’anguilles argentées dévalantes et pêchables. Si l’on considère le nombre des pêcheries néerlandaises d’anguilles comme un indicateur de l’abondance de l’espèce dans le bassin de la Meuse, on peut considérer qu’il y a eu, entre 1917 et 1951, un appauvrissement de 75 % de la population initiale attribuable essentiellement à la construction de barrages-écluses de navigation modernes sur l’axe migratoire Meuse.

A partir des années 1950 et jusqu'à ce jour, l'anguille a bénéficié des échelles à poissons construites sur la plupart des nouveaux barrages de navigation mosans ainsi que sur les anciens barrages rénovés à l’occasion des programmes Saumon, en Belgique comme aux Pays-Bas.

Combinés à la présence de nombreuses grandes écluses de navigation, ces aménagements écologiques ont permis d’assurer le maintien de l’accès de l’espèce à la plupart des affluents belges du fleuve et à la partie française de son bassin. Néanmoins, certains sous-bassins éloignés de la mer, comme celui de la Semois, souffrent un appauvrissement généralisé en anguilles sauvages qui fut révélé par les résultats de recensements par pêche à l’électricité réalisés dans les années 1950 (Huet et Timmermans, 1963). C’est suite à ce constat que furent organisés dans la Semois, d’abord puis dans d’autres cours d’eau, des repeuplements en jeunes anguilles ou civelles pêchées dans l'embouchure de l'Yser (voir deel 3) .

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Figuur 29. Degré de rétablissement de la continuité écologique et piscicole dans l’axe Meuse depuis la mer du Nord jusqu’à la frontière française.

Figuur 30. Exemple de barrage de navigation sans écluse sur la Meuse en Wallonie

Figuur 31. Localisation des obstacles physiques à la libre circulation en remontée des poissons, surimposée à la distribution actuelle de l’anguille en Wallonie.

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Figuur 32. Le barrage de Nisramont sur l’Ourthe, un obstacle totalement imperméable à la remontée des aguilles.

Figuur 33. Exemple de chute sur le Ruisseau de Mosbeux (affluent de la Vesdre à Trooz) qui constitue un obstacle infranchissable en remontée par les anguilles et par toutes les autres espèces de poissons.

(b) Dans les affluents et sous-affluents de la Meuse

Dans les cours d’eau à anguilles du bassin de la Meuse belge existent de nombreux obstacles physiques transversaux (Figuur 31) tels que ceux illustrés par les photos de la Figuur 30 Les plupart de ces ouvrages ne semblent pas empêcher la migration de remontée des anguilles jaunes, soit en raison de leur structure (faible hauteur, pente douce, présence de rugosité et d’enrochements, écoulement dans des interstices, possibilité de contournement dans l’herbe), soit en raison de leur ouverture temporaire lorsqu’il s’agit de vannes mobiles diverses). Certains ouvrages exercent certainement un effet de freinage-filtrage des remontées mais il n’y a actuellement aucune information quantitative sur ces phénomènes. Pour ce qui concerne le filtrage des remontées, il semble que les petites anguilles de 15-20 cm soient capables de franchir par reptation subverticale des obstacles impassables par des anguilles plus grandes et plus lourdes.

Une disparition de l’anguille toutefois observée dans des tronçons de cours d’eau situés en amont des grands barrages-retenues et devenus inaccessibles pour les migrateurs. De tels effets furent clairement constatés dans les Ourthe occidentale et orientale en amont du barrage de Nisramont (construction en 1960) (Figuur 32) et dans la Vierre en amont du barrage de Suxy (construction en 1970). Mais dans plusieurs lacs artificiels situés en Wallonie, furent opérés à partir de la fin des années 1960 des repeuplements (voir point 3) en civelles sauvages pêchées dans l'Yser puis en jeunes anguilles produites en pisciculture à partir de sujets sauvages. Ces rempoissonnements assurèrent le maintien artificiel de l'anguille dans des cours d'eau (haute Warche notamment) pourtant devenus totalement inaccessibles aux poissons migrateurs sauvages.

Des cas d’absence-disparition locale de l'anguille ont aussi été mis en évidence sur d'autres cours d'eau, surtout de petite dimension, barrés par un obstacle majeur infranchissable. C'est notamment le cas dans le cours aval du Ry Mosbeux, petit affluent de la Vesdre à Trooz (Figuur 33) et où l’anguille est totalement absente en amont de l’obstacle situé à 2,7 km de l’embouchure tandis qu’elle forme une population dense en aval (126 ind./ha et 51 kg/ha), par effet d’accumulation. Dans d’autres cas, par exemple le Ruisseau des Awirs, affluent de la Meuse dans le bief d'Ampsin-Neuville à Yvoz-Ramet (Baras et al., 1998), la présence d’un obstacle transversal très difficile à franchir se traduit par la rareté de l’anguille en amont et la présence d’une très dense population en aval (1.180 ind./ha et 254 kg/ha), car l’on se trouve à quelques centaines de mètres de la Meuse d’où remontent sans entrave les anguillettes venant de la mer.

De hautes concentrations d’anguilles en aval d’obstacles très difficilement franchissables ont été enregistrées dans d’autres cours d’eau (Tabel 9). On notera que les densités très élevées d’anguilles enregistrées dans la Berwinne en aval du barrage de Mortroux en 2001 et 2003 n’ont plus été retrouvées en 2005 après la construction d’une échelle à poissons à bassins en 2004*.

Tabel 9. Exemple de fortes concentrations d’anguilles observées dans certains cours d’eau et attribuables à un blocage-freinage des remontées par un obstacle transversal

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Figuur 34. Le barrage de Mortroux sur la Berwinne avant et après son équipement avec une échelle à poissons (canules).

1.5.2.3 Facteurs de perturbation des migrations de dévalaison des anguilles

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