Examinons d’abord la thèse dominante. Il s’agirait bel et bien du « putsch » capoté perpétré hier à Kinshasa aux endroits stratégiques du gouvernement.

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31/12/13/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE MARDI (CongoForum)

Un seul titre domine l’actualité des journaux parus ce matin à Kinshasa. Le coup d’Etat manqué du lundi 30 décembre fait la Une de l’actualité dans tous les journaux parus ce mardi dans la capitale congolaise.

Le « coup d’Etat manqué »

L’Avenir titre en manchette: «Plus de peur que de mal, Kinshasa sous contrôle, les terroristes confus à l’EMG, à la RTNC et à l’aéroport de N’Djili».

Il indique que des terroristes non autrement identifiés ont tenté de prendre, dans la matinée d’hier, trois sites stratégiques pour le gouvernement : la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), l’Etat-major général (EMG) et l’aéroport international de N’Djili. Le journal l’Avenir précise qu’en un laps de temps, les vaillantes Forces armées de la RDC (FARDC) ont mis «les apprentis sorciers» hors d’état de nuire. L’Avenir qui cite le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, indique que sur les trois sites, ces attaques ont fait un bilan de 52 assaillants tués et 39 capturés et les mesures de sécurité ont été renforcées pour que la population vaque à ses occupations, sans souci, en cette fin d’année

La Prospérité titre à la une: «Après l’échec de l’attaque, Kinshasa situation sous contrôle». Ce quotidien indique que ces assaillants ont même réussi à occuper, pendant quelques heures, le site de la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) qui a vu son signal momentanément interrompu. Il cite l’intervention du porte-parole du gouvernement, Lambert Mende qui, quatre heures après l’attaque, a annoncé que la situation était sous contrôle. Selon La Prospérité qui cite Lambert Mende, une trentaine d’assaillants ont attaqué la RTNC et une vingtaine ont tenté de prendre l’EMG et, enfin, une vingtaine, l’aéroport International de N’djili. Mende ne croit pas à autre chose, si n’est à une simple attaque terroriste consistant uniquement à troubler la tranquillité des populations, à la veille de festivités de fin d’année. La Prospérité cite aussi les témoignages des journalistes de la chaîne nationale, pris en otage par ces terroristes, cite Paul-Joseph Mukungubila, un soi-disant prophète de l’Eternel, mais pas très populaire à Kinshasa, candidat malheureux à la présidentielle 2006 et Visionnaire de son église, le Ministère dit de la ‘’Restauration’’, comme l’instigateur de ce coup de force manqué.

Le Potentiel titre en manchette « Panique à Kinshasa : Trnc, aéroport de N’Djili et camp

Tshatshi attaqués ».

Fin d’année sur une note noire en République démocratique du Congo, note ce journal, car selon lui, le démon de la violence a repris du service. Des assaillant sortis de nulle part, armés et en tenue civile, ont ciblé trois sites stratégiques à Kinshasa. Dans ces trois endroits, souligne-t-il, le sang a coulé et que l’onde de choc s’est fait sentir aussi à

Lubumbashi, à Kindu et Kolwezi.

Le Potentiel parle de la paralysie des activités à Kinshasa, après l’attaque terroriste des trois sites : aéroport international de N’Djili, la RTNC et EMG. Ce quotidien indique que la circulation routière a également été perturbée de l’Est à l’Ouest de la ville. Des transporteurs privés et publics, à l’instar des bus de la société « Transco », ont mis leurs engins à l’abri, aussitôt après les crépitements de premières balles dans la matinée, souligne Le Potentiel. Dans ce dilemme de transport en commun, poursuit le journal, il s’est ajouté la difficulté à trouver du carburant à la pompe car les stations –service avaient fermé pour ne pas prendre le risque.

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Contrairement à a presse écrite dont l’attention se focalise exclusivement sur Kinshasa, Radio Okapi et RFI donnent également des infos sur les troubles à Kindu et à Lubumbashi.

A Kindu, dans la province de Maniema, c'est la base militaire de l'aéroport qui a été prise d'assaut. Cette attaque aurait été menée par un certain Kaizar qui portait, selon des témoins, un t-shirt mentionnant « Joseph Mukungubila ». La base a été occupée pendant quelques heures jusqu'à la riposte des forces de sécurité. RFI a recueilli le témoignage d'un habitant de Kindu. « Nous avons de la famille à Kinshasa. On nous a appelés et, peu de temps après, c'était Kindu. Il y a eu des coups de feu qui se sont intensifiés vers midi.

Il y a eu des tirs d'obus, de lance-roquettes au niveau de l'aéroport. C'est à ce moment- là que la population a paniqué. Les gens se sont vite retirés et tout le monde est rentré chez soi », a précisé ce témoin qui fait état également des principales revendications des assaillants. « Les assaillants ont dit qu'ils n'avaient pas de problèmes avec la population et réclamaient de révoquer les officiers rwandais au sein de la police et des forces armées ».

C'est à Lubumbashi, dernière ville où des coups de feu ont retenti et c'est également à Lubumbashi que le pasteur Mukungubila a sa résidence. Les forces de sécurité ont fait mouvement vers cette résidence. A l'intérieur, des hommes en civil, toujours avec des t- shirts blancs et armés, selon les autorités. Les échanges de tirs auraient duré pendant près de cinq heures. En fin de journée, le ministre congolais de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, déclarait que la situation était « totalement » aux mains de l'armée et n'a pas voulu répondre à la question de savoir qui sont les assaillants, car « nous sommes en pleine investigation », a-t-il précisé.

Joint par RFI, le pasteur Joseph Mukungubila dénonce la violence des forces de sécurité face à des jeunes « désarmés ». Ces disciples auraient protesté, partout dans le pays, après des attaques, plus tôt dans la matinée de ce lundi, contre la maison d'un dignitaire de son église et contre sa propre résidence à Lubumbashi. Ces attaques de l'armée feraient suite, toujours selon le pasteur Mukungubila, à la distribution d'une lettre dénonçant « la nomination d'officiers rwandais dans les rangs de l'armée et de la police

».

(Cette allusion récurrente aux « nominations de Rwandais » vise bien sûr les récentes nominations au sein de la police nationale, dont la plus spectaculaire est celle de Bisengimana. NdlR)

Autres hypothèses

Une autre hypothèse, envisagée notamment par la RTBF dans son bulletin d’informations du 30/12/13 au soir est celle d’un mouvement de mécontentement au sein des forces armées. Le nom du général Numbi a notamment été mis en avant. L’intéressé, mis sur une voie de garage depuis la parodie de procès des assassins de Chebeya, et finalement limogé, serait, disent certains, très mécontent de ne pas avoir été rétabli dans ses fonctions.

(Un humoriste pourrait y voir un aveu de sa culpabilité dans l’affaire Chebeya : dans un pays où les pyromanes sont capitanes des pompiers et es soldats rebelles couramment nommés général, n’est-ce pas logique et naturel d’avoir un assassin comme chef de la police ? NdlR)

Au-delà de Numbi, on peut aussi remarquer que les deux personnes mises en avant, Numbi et Mukungubila, sont katangais. Le gouvernement « pas démissionnaire mais cependant en affaires courantes, encore que…. » de Matata Ponyo était, du point de vue des dosages ethnico-régionaux, considéré comme excessivement « katangais », sans doute pour récompenser cette province d’avoir en 2011 si bien bourré les urnes en faveur de JKK qu’il atteignait par endroit plus de 100% des voix.

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Dès lors, surgit l’hypothèse d’un mécontentement katangais à la perspective de perdre cette place privilégiée à l’occasion du remaniement.

Enfin, dans les commentaires qui circulent sur « l’Internet congolais », prédomine la thèse du « coup manqué monté ». Il s’agirait d’une mise en scène destinée à justifier des mesures répressives.

Bilan 2013

En fin d’année, l’on n’échappe pas à quelques artcles du type « bilan de l’année ».

L’Avenir annonce « Matata Ponyo parmi les personnalités ayant marqué l’année 2013 ».

Selon ce journal, en Rdc, le versement du salaire des fonctionnaires a été confié aux banques dans tout le pays, alors que pendant des années, des comptables dépêchés par le gouvernement partaient avec des valises pleines d’argent liquide qu’ils remettaient en mains propres. Une initiative d’Augustin Matata Ponyo Mapon, le Premier ministre, qui a engagé bien d’autres réformes, dans les secteurs de l’éducation, de l’agriculture, des transports ou encore des dépenses publiques.

Forum des As indique que l’année 2013 a été riche en production législative avec le vote de plusieurs lois. Le tabloïd souligne également que des membres du gouvernement ont été interpellés dans le cadre du contrôle parlementaire. En dépit de ce bilan jugé positif, Forum des As regrette seulement que 2013 n’a pas pu léguer à la République le budget de l’Etat pour l’exercice 2014.

L’on peut dès lors se demander pourquoi changer de gouvernement alors que tout va si bien. La réponse est toujours la même ce changement est nécessaire pour continuer à occulter la vérité à propos des élections nulles du 28/11/11. Celles-ci ont été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus¹. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.

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1 Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus.

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