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Les priorités du gouvernement Muzito

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Sommaire

Kinshasa : la fourrière pour les véhicules non en règle...P. 2

Guy-David Kabangu : «Les Congolais doivent être formés au respect du bien commun dès le bas âge»....P. 3

EPSP : syndicats divisés, les enseignants reprennent les cours en ordre dispersé...P. 4

Nord-Kivu : lassée de la guerre, la population recourt à la prière...P. 4

Les priorités du gouvernement Muzito

Le journal-école est né

Le «Journal du Citoyen» (JDC) est de retour. Supplément indépendant d’informations électorales lancé le 30 septembre 2005, il s’est mué dès août 2007 en support d’éducation civique. Aujourd’hui, après environ deux mois de transition, il réapparaît sous une nouvelle formule, celle d’un «journal-école» dont la mission demeure l’éducation citoyenne.

Destiné à accompagner la population dans le processus de démocratisation pour l’avènement d’un Etat de droit, ce journal parle de droits et devoirs des citoyens, tout en mettant un accent particulier sur la promotion de la femme. Le tout en français, mais dans un langage clair, concis et sans polémique.

Les sujets que nous traitons aspirent à façonner la conscience et le comportement civique. Cet ancrage à la vie pratique permet de prendre en compte les nécessités, les désirs et les soucis de la population dans une société où la bonne gouvernance et la participation citoyenne devront occuper une place de choix.

Hebdomadaire, il sera diffusé en ligne et sur photocopie à travers le pays. Il sera également à la disposition des journaux qui accepteront de l’encarter gratuitement dans leurs éditions. Si, dans l’ancienne formule du JDC, tous les articles étaient rédigés par des journalistes professionnels, le «journal-école»

offre l’opportunité aux étudiants en journalisme d’exercer leurs plumes. Il s’agit particulièrement des étudiants finalistes de deuxième cycle à l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (IFASIC), nouvelle tutelle du JDC après la Haute Autorité des Médias.

Financé par DFID-FCI (Coopération franco-britannique), par l’entremise de l’ONG Institut Panos Paris, ce journal est totalement indépendant et défend le pluralisme des idées, tout en respectant les règles déontologiques journalistiques nationales et internationales.

La Direction du JDC

Billet

Nommé Premier ministre le 10 oc- tobre – en remplacement d’Antoine Gizenga qui avait démissionné le 25 septembre 2008 – Adolphe Muzito a été investi le 2 novembre dernier par l’Assemblée nationale. A l’issue du vote, 294 députés ont dit oui au dis- cours-programme du nouveau chef du gouvernement, 67 se sont opposés et 7 se sont abstenus sur les 368 dé- putés présents. Ramener la paix dans le Kivu reste la priorité des priorités du nouveau Premier ministre.

I

ssu du Parti Lumumbiste Unifié (PALU) comme son prédécesseur, Adolphe Muzito était, avant sa nomination à la tête du gouvernement, ministre du Bud- get dans l’équipe sortante. Agé de 51 ans et licencié en Economie de l’Univer- sité de Kinshasa, le nouveau locataire de l’Hôtel du gouvernement a longtemps travaillé comme Inspecteur des finances.

Sa notice biographique renseigne qu’il a également travaillé à la Cimenterie Na- tionale (CINAT) et comme conseiller au ministère du Budget et à l’Hôtel de ville de Kinshasa.

Dans son discours-programme de- vant les députés nationaux, Adolphe Muzito a résumé les priorités de son gouvernement. Il s’agit, selon lui, de la refondation de l’Etat, ainsi que de la con- solidation de la paix et de l’unité natio- nale.

La reconstruction du pays, à travers la consolidation de la stabilité macro-éco- nomique et la mise en œuvre des Cinq chantiers de la République, est aussi un objectif prioritaire. Le chef du gouverne- ment s’attend également à améliorer les conditions sociales des Congolais en fa- cilitant l’accès aux services sociaux de base.

Pour réussir dans sa mission, Adol- phe Muzito mise sur la bonne gouver- nance. Convaincu que les priorités de son équipe sont interdépendantes et complémentaires, il estime que «le mieux être social des populations dépend de la stabilité et de la relance économique qui conditionnent l’œuvre de réalisation des infrastructures de base».

Résoudre l’équation du Kivu Toutefois, souligne-t-il, «sans la paix et la sécurité, il est impossible de mettre en oeuvre le programme de reconstruc- tion, de redressement économique et social». C’est pour cette raison que la guerre qui prévaut dans le Nord-Kivu le préoccupe.

Le chef de l’Exécutif national propo- se, dès lors, un plan de sortie de crise en trois points. Il s’attend d’abord à négocier un cessez-le-feu et à stabiliser les diffé- rents fronts dans le Nord-Kivu. Ensuite, prendre des mesures urgentes d’ordre sécuritaire et militaire afin de supprimer des prétextes à toute intervention mili- taire d’origine étrangère dans le Kivu. Il

compte, enfin, mettre en place une force combattante conjointe entre les Forces Armées de la RDC (FARDC), la Mission des Nations unies au Congo (Monuc) et des forces supplémentaires pour neutra- liser toutes les forces négatives réfrac- taires à la paix dans la région.

S’agissant du volet diplomatique, le gouvernement congolais a entamé, selon le Premier ministre, le processus de nor- malisation des relations avec le Rwanda pour encourager le bon voisinage.

Un budget de 6 milliards de dollars en 2011

Sur le plan économique, le gouver- nement Muzito a pris l’engagement de relancer l’intégration économique régio- nale pour ouvrir un espace qui favorise la circulation des personnes et des biens dans la sous-région. Il envisage de pren- dre des dispositions avec la commu- nauté internationale pour empêcher le commerce des ressources naturelles exportées illicitement par des bandes armées,en vue de favoriser l’exploitation mutuellement bénéfique des ressources situées dans l’espace commun : le gaz du lac Kivu; le pétrole du lac Albert...

«Le gouvernement compte, d’après Adolphe Muzito, améliorer la capacité de mobilisation des recettes et atteindre un budget d’environ 6 milliards de dollars en ressources propres en 2011. Le produit intérieur brut devra s’établir à 28 milliards de USD contre 11 milliards en 2008, 10 milliards de USD en 2007 et 8 milliards de USD en 2006», a promis le Premier ministre, avant d’indiquer que «le gou- vernement compte améliorer la capacité de mobilisation des recettes et atteindre un budget d’environ 6 milliards de dollars en ressources propres en 2011».

Dans son adresse à la Nation, le 9 octobre 2008, le président Joseph Kabila a fixé des priorités à la nouvelle équipe:

«J’attends de ce gouvernement qu’en priorité, il mette fin aux poches résiduel- les d’insécurité à l’est du pays et réta- blisse l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national».

Sur le plan social, le président congo- lais veut voir l’Exécutif national «apporter des réponses appropriées aux attentes de la population, en termes d’améliora- tion des conditions salariales et de vie, et produire sur le terrain des résultats concrets, mesurables en nombre de bor- nes fontaines, de micro centrales élec- triques, de nouvelles écoles, d’hôpitaux et de kilomètres de routes construites et mises en service».

Ce n’est pas tout. Le locataire du Palais de la Nation exhorte le Premier ministre à «poursuivre et faire aboutir les réformes engagées dans plusieurs domaines vitaux et exécuter, avec suc- cès, le programme économique convenu avec les partenaires au développement de la RDC». Le gouvernement doit éga- lement se pencher sur les réformes con- cernant les secteurs de la sécurité, de la justice, du portefeuille de l’Etat, des mi- nes et des hydrocarbures. Pour Joseph Kabila, la nouvelle équipe est un «gou- vernement de mission» dont le «temps sera compté».

Des réactions

Réagissant à la déclaration du Pre- mier ministre selon laquelle il suivrait les orientations faites par le chef de l’Etat, le député Gilbert Kiakwama, président du groupe parlementaire des Chrétiens Dé- mocrates (CD), est formel : «On n’a pas besoin d’un Premier ministre suiveur».

Dans une déclaration politique pu- bliée le 3 novembre 2008, le secrétaire général du Mouvement de Libération du Congo (MLC), François Muamba, quali- fie, pour sa part, le programme présenté par Adolphe Muzito de «document cons- titué d’un assemblage d’idées non qua- lifiées».

A la tête d’un gouvernement dit «des missions», Adolphe Muzito a la lourde charge de répondre aux attentes d’une population essoufflée.

Nana LISOMA BASUA

JDC Journal-école n°01 - Semaine du 10 au 16 novembre 2008

La composition du gouvernement

Premier ministre : Adolphe Muzito Vice-Premiers ministres

- Besoins sociaux de base : Mobutu Nzanga - Reconstruction : Emile Bongeli Yeikelo - Sécurité et Défense : Mutombo Bakafua Ministres

- Intérieur et Sécurité : Célestin Mbuyu - Défense nationale et Anciens combattants : Charles Mwando Simba

- Décentralisation et Administration du territoire : Antipas Mbusa Nyamuisi - Affaires étrangères : Thambwe Mwamba - Coopération internationale et régionale : Raymond Tshibanda

- Relations avec le Parlement : Adolphe Lumanu

- Justice : Luzolo Bambi Lessa

- Communication et Médias : Lambert Mende - Travaux publics et Infrastructures : Pierre Lumbi Okongo

- Agriculture : Norbert Basengezi Katintima - Développement rural : Mme Safi Adili

- Plan : Olivier Kamitatu Etsu - Finances : Athanase Matenda - Budget : Michel Lokola Elemba - Economie et Commerce : Philippe Futa - Portefeuille : Mme Jeannine Mabunda - Transports et Voies de communication : Mathieu Mpita

- Industrie : Simon Mboso

- PME : Claude Basibue Nyamugabo - Mines : Martin Kabwelulu

- Energie : Laurent Muzangisa Mutalamu - Hydrocarbures : René Isekemanga - Postes, Téléphones et Télécommunications : Mme Louise Munga

- Affaires foncières : Kisimba Ngoyi Maj - Urbanisme et Habitat :

Mme Générose Lushiku - Santé publique : Augustin Mupipi - Fonction publique : Michel Botoro - EPSP : Maker Mwangu Famba - ESU : Léonard Mashako Mamba - Recherche scientifique : Joseph Lititiyo - Emploi, Travail et Prévoyance sociale : Ferdinand Kambere

- Femme et Famille : Mme Marie Ange Lukiana

- Affaires sociales et humanitaires : Barthélemy Botswali Lengomo - Droits humains : Upio Kakura

- Environnement, Conservation de la Nature et Tourimse : José Endundo Bononge - Culture et Arts : Esdras Kambale - Jeunesse et Sports : Patrick Sulubika Vice-ministres

- Intérieur : Zéphyrin Mungongo - Défense et Anciens combattants : Oscar Masamba Mantemo - Affaires étrangères : Ignace Gata - Congolais de l’étranger : Mme Colette Tshomba - Justice : Musonda Kalusando - TPI : Gervais Kimonyo - Finances: César Lubamba

- Budget: Alain Lubamba wa Lubamba - Agriculture : Kibibi Kamanzi

- Mines: Victor Kasongo Shomari - Hydrocarbures: Gustave Beya Siku - ESU: Bokele Djema

- EPSP: Arthur Sedea

- Développement rural : Willy Mubobo

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JDC Journal-école n°01 - Semaine du 10 au 16 octobre 2008

Journal du Citoyen

Qui perçoit l’impôt ? L’administration fiscale est chargée de la perception des impôts pour le compte du Trésor. En RDC, cette administration est représen- tée par des régies financières : la Direc- tion Générale des Impôts (DGI), l’Of- fice des Douanes et Accises (OFIDA), la Direction Générale des Recettes Ad- ministratives, Judiciaires, Domaniales et des Participations (DGRAD).

Dans la classification, il existe des impôts perçus par le gouvernement central et ceux perçus par les entités territoriales décentralisées et les provin- ces. A ce sujet, l’article 204 de la Cons- titution, en son alinéa 16 énumère «les matières qui sont de la compétence exclusive des provinces» : les impôts, les taxes et les droits provinciaux et lo- caux, notamment l’impôt foncier, l’impôt sur les revenus locatifs et l’impôt sur les véhicules automoteurs.

L’impôt sur les véhicules et la taxe spéciale de circulation routière (TSCR), l’équivalent du péage pour toutes les routes urbaines, sont matérialisés par une vignette. Le paiement de ce droit légal est régi par la loi. Il s’effectue par l’achat de la vignette fiscale. C’est à cette exercice que les Kinois se livrent actuellement. Ces impôts sont dus au même moment. Les entreprises des transports publics supportent la moitié du taux de la taxe pour les véhicules affectés au transport publics des per- sonnes.

Ce chapitre sur le civisme fiscal est loin de se clôturer. Car, après la pro- mulgation de la loi sur la décentralisa- tion, les Congolais seront soumis au paiement de l’impôt foncier (pour tous les propriétaires des parcelles), appelé jadis «Mpako ya mabele». Il y a aussi l’impôt sur les revenus locatifs (IRL) que beaucoup de Congolais en géné- ral et les Kinois en particulier n’ont pas connu.

Genèse

La culture fiscale a une longue his- toire. L’impôt ne date pas d’aujourd’hui.

Sa naissance est liée à une certaine La Constitution de la RDC stipu-

le en son article 174 qu’«il ne peut être établi d’impôt que par la loi. La contribution aux charges publiques constitue un devoir pour toute per- sonne vivant en RDC ». Cette dispo- sition constitutionnelle trouve son fondement dans le décret-loi du 10 octobre 1969.

E

n RDC, l’impôt est toujours payable en argent et selon les facultés con- tributives. Il s’agit d’un prélèvement que l’Etat opère sur les ressources des parti- culiers afin de subvenir aux charges pu- bliques. Selon Onézime Kukatula, spé- cialiste en économie, l’impôt «désigne les versements obligatoires que font les agents économiques entre autres sur les ménages et les entreprises au profit du budget de l’Etat et des collectivités locales». Il n’est pas remboursable, sauf en cas d’erreur matérielle. Il n’y a non plus aucune proportion, ni rela- tion directe entre les avantages reçus et l’impôt. Par contre, la taxe est le prix payé en contrepartie du service précis et déterminé qui lui est rendu par la col- lectivité publique avec un caractère non obligatoire. Les deux notions ont, toute- fois, quelques points de convergence.

Impôt et taxe sont des prélèvements pécuniaires opérés sur les individus pour le besoin d’intérêt public, perçus par voie de contrainte et établis par la loi. Ils ont un caractère unilatéral.

Catégories d’impôts

Le système fiscal congolais retient principalement deux catégories d’im- pôts. L’impôt direct et indirect. L’impôt direct est celui qui frappe directement le bien ou le revenu du contribuable ou encore sa fortune. Il s’agit notamment de l’impôt foncier, les taxes sur les véhi- cules, les impôts sur la succession.

Par contre, l’impôt indirect est établi sur les biens de consommation ou sur les services rendus. Le droit de douane, l’impôt sur le chiffre d’affaires à l’inté- rieur tout comme à l’importation… figu- rent dans cette catégorie.

Payer l’impôt est un devoir civique

Focus

forme de sociétés étatiques. Le texte le plus ancien traitant de l’impôt est situé au troisième millénaire avant Jésus- Christ, à l’époque sumérienne; brillante

La fourrière pour les véhicules non en règle

Après plusieurs ultimatums lan- cés aux automobilistes de la ca- pitale pour l’achat des vignettes 2005-2006 et de l’assurance, l’Hôtel de ville de Kinshasa – à travers la Direction Générale des Recettes de Kinshasa (DGRK) - et la Société Nationale d’Assurances (SONAS) sont passés à l’offensive le 6 octo- bre 2008.

L

a décision de traquer les chauf- feurs réfractaires avait été prise à l’issue de la réunion de concertation de la Commission paritaire SONAS- DGRK deux jours auparavant. Pour donner un caractère contraignant à l’opération, le Directeur général de la DGRK, Magloire Kabemba, et l’Admi- nistrateur Directeur Technique de la SONAS, Toussaint Mika, sont descen- dus sur terrain non seulement pour se rendre compte de l’effectivité du bouclage lancé par le gouvernement provincial, mais aussi et surtout pour convaincre les chauffeurs indécis.

Tôt le matin, les éléments de la Police Militaire (PM), de la Police spé- ciale de roulage (PSR), les agents de la SONAS et de la DGRK étaient visi- bles à travers la ville. Ils avaient pris d’assaut tous les grands artères et carrefours de Kinshasa à partir de 4 h.

Envahis chaque matin par des Kinois, certains carrefours tels la Place Pas- cal, Sainte Thérèse, Super Lemba, Victoire, Rond-Point Ngaba… étaient déserts.

Pour ne pas tomber dans les filets de la police, la plupart de propriétai- res des véhicules non en règle ont préféré garer leurs engins roulant à la maison. Se croyant plus malins que l’autorité urbaine, plusieurs Kinois se sont présentés tôt aux arrêts de bus.

Malheureusement pour eux, le bou- clage avait commencé pendant qu’ils dormaient encore.

Pas d’embouteillages La réduction du nombre des véhi- cules en circulation a eu comme con- séquence la disparition des embou- teillages sur les grandes artères de la ville de Kinshasa. «Maintenant, on comprend que la plupart de véhicules qui créent des embouteillages dans la capitale n’ont pas des documents en règle», a constaté Jean Mulumba, fonctionnaire de l’Etat, malgré les deux heures passées à l’arrêt BKTF, à Pascal (commune de Kimbanseke), pour attendre un bus.

La satisfaction était également per- ceptible de la part de certains chauf- feurs. «Cette opération devait être déclenchée depuis longtemps afin de mettre hors d’état de nuire les chauf- feurs qui créent inutilement des em- bouteillages et qui ne s’acquittent pas de leur devoir civique», s’est réjoui Léonard Longangu, 52 ans, chauffeur de taxi, habitué à desservir le tronçon Victoire- Royal-Batetela-Inter.

Le bouclage instauré par l’Hôtel de ville avait pour finalité de faire payer des amendes aux chauffeurs non en règle. Ainsi, la Commission paritaire a aménagé deux fourrières où devai- ent être garés les véhicules saisis. La première est installée à la Foire Inter- nationale de Kinshasa (FIKIN) et la seconde aux croisements des avenus Nyangwe et Libération (ex-24 Novem-

bre), à coté du camp militaire Kokolo, dans la commune de Bandalungwa.

Les propriétaires des véhicules saisis sont obligés de déposer à la fourrière

Espace genre

tous les documents de bord, notam- ment le certificat d’immatriculation et le permis de conduire, ainsi que la clé de contact.

Au troisième jour de l’opération, une vingtaine de véhicules étaient mis en fourrière au niveau du Camp Kokolo. Directeur de l’audit urbain de la SONAS et gestionnaire de ladite fourrière, Hubert Kalombo Boanga, justifie le nombre réduit de véhicu- les par le fait que certains chauffeurs continuent à désobéir. «Ils échappent au contrôle de la police, a-t-il indiqué.

Mais l’opération s’effectuera pendant 45 jours, et ils finiront par être arrê- tés».

Près d’un mois après, la traque continue à Kinshasa. Les élements de la Police Militaire ont renforcé le con- trôle. Désormais, ils sont visibles dans les rues de la capitale jusqu’à minuit.

Pour faire pression sur les chauffeurs réfractaires, la SONAS a même fait recours à l’usage des sabots pour immobiliser sur place les véhiculés apprehendés avant qu’ils ne soient acheminés à la fourrière. Selon les contrôleurs de la SONAS commis à cette tâche, la plupart de chauffeurs ont fini par payer la vignette et l’as- surance.

Hubert Kalombo a, par ailleurs, ex- pliqué que les véhicules appréhendés sont récupérés après le paiement de la police d’assurance, de la vignette et d’un droit de dépôt fixé en fonction du nombre de jours passés à la fourrière.

Guy ELONGO

A l’affiche

2

civilisation qui servit de point de départ à l’empire romain.

Jean-René TSHIAMA et Alidha NZUZI

L

e chef de l’Etat, Joseph Kabila, a procédé, le 24 septembre 2008, à la nomination de nouveaux dirigeants des districts, villes, territoires et communes. Sur les 661 nominations, 578 postes sont confiés aux hommes et 83 aux femmes, soit une pro- portion de 87,5% contre 12,5%.

Réagissant à cette nouvelle configuration de la territoriale, les organisations non gouvernementales de promotion féminine déplorent la sous-représentativité de la femme. Pour la plate-forme Cause commune, qui compte sept réseaux et 23 asso- ciations féminines, le quota de 12,5% accordé à la femme ne respecte pas le principe de parité consacré dans l’article 14 de la Constitution. D’après cet article, «la femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provincia- les et locales».

Secrétaire générale de Cause commune, Jeanine Gabrielle Ngungu note tou- tefois une légère amélioration dans la représentativité de la femme par rapport à la territoriale sortante. Elle déplore cependant «la violation de la Constitution», estimant que «c’est l’Etat qui est appelé à garantir la mise en oeuvre de la parité homme- femme dans les institutions.»

Jeanine Gabrielle Ngungu est convaincue que la femme a toujours été victime de la discrimination. «La problématique de la participation de la femme à la prise de décision est une question sur laquelle nous devons focaliser notre attention. Nous ne pouvons pas comprendre que les femmes, qui sont si visibles au niveau de la communauté, n’arrivent pas aussi nombreuses au niveau de la gestion des entités», souligne-t-elle

Selon la Secrétaire générale de Cause commune, les femmes ne devraient pas se contenter de nominations décidées principalement par les hommes. Raison pour laquelle elle les invite à se mobiliser en vue de faire élire le plus de femmes possibles aux prochaines élections locales. «Cela dépendra, d’après elle, de la façon dont les femmes qui viennent d’être nommées auront géré la chose publique pendant cette période».

Président de la Ligue nationale pour les élections libres et transparentes (Linelit), Jérôme Bonso estime que le quota réservé aux femmes relève de la compétence de l’Exécutif et surtout de la hiérarchie qui a procédé à cette nomination. «Mais, fait-il remarquer, cela n’exclut pas la tenue des élections locales telles que prévues par la Constitution».

«Nous nous trouvons dans un contexte des partis politiques qui mandatent des candidatures, explique Jérôme Bonso. La loi ne prévoit pas un quota réservé aux femmes dans les regroupements politiques. Qu’elles se positionnent donc et créent des partis, car la femme doit se battre. Même si son quota est reconnu au niveau de la Constitution, elle doit continuer à lutter, à fournir un effort pour se positionner en fonction de la méritocratie».

Le président de la Linelit exhorte, dès lors, les femmes à ne pas continuer à brandir le concept genre pour obtenir des postes politiques; mais plutôt à se faire remarquer par le travail, l’engagement et la compétence. Bybysh LUBUYA

Parité dans la territoriale : pari perdu

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JDC Journal-école n°01 - Semaine du 10 au 16 octobre 2008

Journal du Citoyen

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e chef de l’Etat, Joseph Kabila, a procédé, le 24 septembre 2008, à la nomination de nouveaux dirigeants des districts, villes, territoires et communes. Sur les 661 nominations, 578 postes sont confiés aux hommes et 83 aux femmes, soit une pro- portion de 87,5% contre 12,5%.

Réagissant à cette nouvelle configuration de la territoriale, les organisations non gouvernementales de promotion féminine déplorent la sous-représentativité de la femme. Pour la plate-forme Cause commune, qui compte sept réseaux et 23 asso- ciations féminines, le quota de 12,5% accordé à la femme ne respecte pas le principe de parité consacré dans l’article 14 de la Constitution. D’après cet article, «la femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provincia- les et locales».

Secrétaire générale de Cause commune, Jeanine Gabrielle Ngungu note tou- tefois une légère amélioration dans la représentativité de la femme par rapport à la territoriale sortante. Elle déplore cependant «la violation de la Constitution», estimant que «c’est l’Etat qui est appelé à garantir la mise en oeuvre de la parité homme- femme dans les institutions.»

Jeanine Gabrielle Ngungu est convaincue que la femme a toujours été victime de la discrimination. «La problématique de la participation de la femme à la prise de décision est une question sur laquelle nous devons focaliser notre attention. Nous ne pouvons pas comprendre que les femmes, qui sont si visibles au niveau de la communauté, n’arrivent pas aussi nombreuses au niveau de la gestion des entités», souligne-t-elle

Selon la Secrétaire générale de Cause commune, les femmes ne devraient pas se contenter de nominations décidées principalement par les hommes. Raison pour laquelle elle les invite à se mobiliser en vue de faire élire le plus de femmes possibles aux prochaines élections locales. «Cela dépendra, d’après elle, de la façon dont les femmes qui viennent d’être nommées auront géré la chose publique pendant cette période».

Président de la Ligue nationale pour les élections libres et transparentes (Linelit), Jérôme Bonso estime que le quota réservé aux femmes relève de la compétence de l’Exécutif et surtout de la hiérarchie qui a procédé à cette nomination. «Mais, fait-il remarquer, cela n’exclut pas la tenue des élections locales telles que prévues par la Constitution».

«Nous nous trouvons dans un contexte des partis politiques qui mandatent des candidatures, explique Jérôme Bonso. La loi ne prévoit pas un quota réservé aux femmes dans les regroupements politiques. Qu’elles se positionnent donc et créent des partis, car la femme doit se battre. Même si son quota est reconnu au niveau de la Constitution, elle doit continuer à lutter, à fournir un effort pour se positionner en fonction de la méritocratie».

Le président de la Linelit exhorte, dès lors, les femmes à ne pas continuer à brandir le concept genre pour obtenir des postes politiques; mais plutôt à se faire remarquer par le travail, l’engagement et la compétence. Bybysh LUBUYA

ces bus, il y a une ligne de conduite à suivre : avant d’y accéder, les clients s’alignent selon l’ordre d’arrivée et, à l’intérieur, aucun passager ne se met debout. Curieusement, ces bus ne sont pas acceptés dans certai- nes communes de la capitale. Pen- dant que l’autorité urbaine cherche à donner une certaine dignité à ses administrés en leur offrant des condi- tions de voyage dignes comme sous d’autres cieux, certains Kinois croient que l’Hôtel de ville en fait de trop.

Que préconisez-vous pour que les notions élémentaires d’éducation civique soient mieux assimilées par le citoyen congolais ?

J’estime que ces notions doivent être enseignées à tous les niveaux.

Que faire pour éviter des grèves répétitives ?

Guy-David Kabangu : «Les Congolais doivent être formés au respect du bien commun dès le bas âge»

Coordinateur urbain des éco- les conventionnées des Eglises de Réveil du Congo (ERC), le pasteur Guy-David Kabangu Mateba con- sidère la famille, l’école et l’Eglise comme des principaux foyers où doit s’apprendre l’éducation civi- que, nécessaire pour le dévelop- pement du pays.

Depuis quand existe la Coordina- tion des écoles des Eglises de ré- veil ?

En République Démocratique du Congo, les Eglises de réveil ont ob- tenu leur autorisation de fonctionne- ment ainsi que leur personnalité juri- dique depuis 2003. C’est précisément le 23 mai 2008 qu’a été installée la Coordination des écoles convention- nées des ERC. Pour le moment, j’as- sure la coordination de cette structure au niveau de la ville de Kinshasa.

Quelle est, selon vous, la place de l’éducation civique dans les écoles que vous dirigez ?

L’éducation civique occupe une place importante dans nos program- mes d’enseignement. Comme l’Eglise est toujours placée au milieu du villa- ge, je crois que, pour l’avenir de notre pays, l’éducation civique doit être au centre de toute formation. Malheu- reusement, il faut reconnaître que, dans notre pays, nous accusons un certain retard de ce côté-là. Le com- portement affiché par les Congolais, quel que niveau qu’ils soient, montre qu’il y a un déficit en matière d’éduca- tion civique. Je crois qu’un comporte-

ment civique n’a rien à voir avec des titres académiques qu’on peut porter.

Sinon, la RDC, qui compte beaucoup d’intellectuels, serait championne du monde en matière d’éducation civi- que. L’Etat a encore beaucoup d’ef- forts à fournir dans ce domaine. Les Congolais doivent donc être morali- sés, formés dès le bas âge au respect du bien public.

Que reprochez-vous concrètement à vos compatriotes ?

Je vais répondre à cette question par un exemple. Depuis quelques mois, l’Hôtel de ville de Kinshasa a mis en circulation des bus qui exploi- tent la ligne Lemba-centre-ville. Dans

Micro baladeur

Libre expression

A coeur ouvert

«Les dirigeants congolais doivent prendre leurs responsabilités»

Je constate qu’à chaque fois qu’il y a grève, le gouvernement ne dit rien, ne fait rien. C’est le cas aujourd’hui avec les personnels médicaux de l’hôpital général de référence de Kinshasa, des Cliniques universi- taires de Kinshasa et d’autres hô-

Thérèse Mamona, 35 ans, vendeuse, Lemba

pitaux du pays. Malgré le nombre des morts répertoriés chaque jour, les autorités congolaises ne bou- gent pas. Pour pousser le gouver- nement à payer les enseignants, les élèves sont obligés de descendre dans la rue. En dépit de cette mar- che de protestation des élèves, le gouvernement est resté silencieux.

Du côté du Parlement, les députés ont d’abord pensé à leurs jeeps.

Eux ont droit à l’argent et non les professeurs qui les ont formés. Les dirigeants congolais doivent prendre leurs responsabilités pour éviter des morts inutiles et des années blan- ches à nos enfants 

«Le président de la République doit s’impliquer»

Le président de la République doit s’impliquer afin de décanter la situation. Ainsi, les enseignants, les infirmiers et tous les autres grévistes pourront reprendre le travail. Si les écoles restent fermées, c’est l’ave- nir du pays qui est hypothéqué. Car les gouvernants rappellent chaque jour que la jeunesse est l’espoir de demain. En plus, si les hôpitaux ne fonctionnent pas, la population ne sera pas soignée. Or, la RDC a be- soin d’une population saine et forte pour sa reconstruction 

Junior Lutondo, 25 ans, cireur, Mont Ngafula

«Les agents de l’Etat doivent être régulièrement payés»

Élisée Mokambilwa, 20 ans, vendeuse, Ngaliema

Patrice Kabemba, 34 ans, pasteur, Matete La République Démocratique

du Congo connaît depuis trois décennies des grèves cycliques dans l’administration publique ainsi que dans les secteurs de la santé et de l’enseignement.

D’aucuns se demandent à quand la fin de cette cessation répétée du travail. Réactions des Kinois.

Il faut établir un dialogue, par exemple, entre les enseignants et le gouvernement. Les enseignants, les médecins, les infirmiers et les autres agents de l’Etat doivent être régu- lièrement payés, étant donné que le

gouvernement leur avait promis le ba- rème dit de Mbudi depuis 2004 

«L’Etat congolais doit éviter de faire la sourde oreille»

Avant de déclencher une grève, il y a toute une procédure préliminaire.

Si les gens suspendent le travail, cela signifie que toutes les voies ont été épuisées. Bien plus, les grévistes ont toujours un cahier des charges qu’ils soumettent à leur employeur. Dans le cas d’espèce, l’Etat est l’employeur de tous ces grévistes. C’est à lui de trouver des solutions à toutes ces re- vendications. Aujourd’hui, l’Etat con- golais donne l’impression de ne pas se préoccuper de la situation sociale de ses agents et fonctionnaires. Il doit plutôt agir en responsable. Il ne faut plus qu’il fasse la sourde oreille com- me d’habitude 

Propos recueillis à Kinshasa par Mariette NGELEKWA Mais, je pense particulièrement à trois foyers. D’abord, à la famille qui est définie comme la cellule de base de toute société. Ensuite, à l’école qui est le fondement de toute éducation et de toute formation. Enfin, je pense à l’église qui est considérée comme le lieu par excellence où chacun de nous reçoit une éducation morale. Ces trois foyers d’éducation et de formation sont complémentaires. Un enfant qui a raté son éducation en famille peut se rattraper à l’école, et celui qui a raté les deux premiers foyers peut être récupéré dans son église.

Quelle lecture faites-vous des grè- ves répétitives des enseignants à travers la République ?

Le droit d’aller en grève est re- connue par la Constitution, même si cela engendre des perturbations dans la formation des enfants. Pour éviter des grèves à répétition, j’estime que chaque partie doit s’assumer, qu’il s’agisse des enseignants ou des gou- vernants. En clair, le dialogue ne doit pas être rompu entre les deux camps.

Les Congolais devraient se rappeler que, pour organiser des élections, nous sommes passés par plusieurs négociations (Lusaka, Addis-Abeba, Gaborone, Sun City, Libreville). L’Etat, l’employeur des enseignants, a l’obli- gation de tout mettre en œuvre pour payer ses employés. Sinon, l’adage selon lequel «le Congo de demain sera fait de la jeunesse d’aujourd’hui»

n’aura aucune signification, parce que des grèves répétitives peuvent pous- ser beaucoup d’enfants dans la rue.

Propos recueillis par Robert LOFOSO Le pasteur Guy-David Kabangu exhorte ses compatriotes à accorder une place

de choix à l’éducation citoyenne pour le redressement de la société.

(Photo JDC)

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JDC Journal-école n°01 - Semaine du 10 au 16 octobre 2008

Journal du Citoyen

F

atigués des guerres à répétition, les habitants du Nord-Kivu, à l’Est de la RDC, prient et manifestent pour ramener la paix. Mais sur le terrain, rien n’arrête le mouvement rebelle de Laurent Nkunda, qui continue d’avancer.

Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, a connu le 7 octobre une énième journée chômée-payée. Administration, transport public, commerce, écoles…, tout était fermé, excepté les églises qui n’ont pas eu assez de place pour accueillir la foule de gens venue prier pour le retour de la paix dans la province. «Si mon peuple s’humilie, s’il prie, s’il cherche ma face et revient de ses mauvaises voies, je l’écouterai, je pardonnerai son péché et je guérirai son pays», pouvait-on lire sur les dépliants distribués aux milliers de fidèles qui ont assisté aux cultes et prières organisés à Goma, à la demande des autorités provinciales.

Malgré la signature de l’Acte d’en- gagement pour la paix fin janvier 2008 entre le Gouvernement de la RDC et une vingtaine de groupes armés, dont le Conseil national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, les affrontements n’ont pas cessé. Ils ont même redoublé d’intensité depuis fin août après que le CNDP ait décidé de se désengager de cet Acte, provoquant le déplacement de plus d’un million de personnes dans les seuls territoires de Rutshuru et de Masisi, au nord et à l’ouest de Goma.

Début octobre, peu avant de s’em- parer de l’importante base militaire de l’armée régulière (FARDC) à Ruman- gabo, à 50 km de Goma, le mouvement

Lassée de la guerre, la population recourt à la prière

En République Démocratique du Congo, les enseignants de certaines provinces refusent tou- jours d’effectuer la rentrée alors qu’ailleurs les cours ont commen- cé depuis trois mois. Cette division se retrouve au sein des syndicats qui n’arrivent pas à obtenir la haus- se de salaire demandée de longue date.

M

ercredi 30 septembre, 13 h 45.

Depuis la cour ensoleillée du Petit Collège Notre Dame du Congo à Kins- hasa, l’on aperçoit des enseignants debout devant les chambranles des portes de leurs salles de classe, les yeux rivés sur la grille bleue, l’entrée principale de l’école. D’autres, par pe- tits groupes, taillent des bavettes ça et là.

Dans les salles de classe juste dans leurs dos, les élèves jouent à se faire mal, sautant d’un pupitre à l’autre.

Cette ambiance d’école buissonnière n’est pas particulière au Petit Collège Notre Dame du Congo, un mois après la rentrée des classes. Bien d’établis- sements scolaires de la capitale en sont là. «La grève se fait sur le lieu de travail. C’est pourquoi nous venons, même si nous n’enseignons pas», ré- pond un des enseignants.

Pour espérer se faire entendre du gouvernement resté, selon eux, sourd à leurs exigences, les syndicats ont appelé à une grande marche le 3 oc- tobre à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des ensei- gnants. Un mémorandum reprenant leurs principales revendications de- vrait être remis à l’Unesco, terminus de la marche. Ce sont les mêmes re- vendications, qui reviennent à chaque rentrée de classe depuis plus de cinq ans : uniformisation et correction du barème salarial entre Kinshasa et les provinces, un budget plus conséquent

en faveur des enseignants, suppres- sion effective de la prise en charge des enseignants par les parents.

«Nous voulons aller jusqu’à l’ouver- ture des négociations sincères entre l’employeur et les syndicats porteurs des revendications des enseignants», confie Alphonse Kapata, secrétaire provincial adjoint du Syndicat national des enseignants des écoles catholi- ques (Synecat).

Syndicats divisés…rentrée à plusieurs vitesses Mais, les syndicats opposent peu de poids face au gouvernement qui réussit souvent à les diviser en débau- chant parfois certains responsables.

Fin septembre, le président dissident du Synecat, a été promu commissai- re adjoint du district du Kwilu, dans la province du Bandundu.

L’appel à la grève n’est donc pas suivi partout de la même manière.

Résultat : la rentrée scolaire ne s’est pas faite partout au même moment.

Un mois après la date officielle de la reprise des cours le 1er septem- bre, une sérieuse hypothèque pèse sur l’année scolaire 2008-2009, que certains souhaiteraient voir, malgré tout, sauvée. Comme l’explique Ely- sée Muhindo, enseignante à l’Institut

EPSP : syndicats divisés, les enseignants reprennent les cours en ordre dispersé

Himbi II, à Goma (Nord-Kivu), la seule école conventionnée protestante à avoir ouvert ses portes à la date pré- vue. «Il n’est pas question de sacrifier l’éducation de nos enfants», soutient- elle.

Au Sud-Kivu, le gouvernement provincial en est encore à appeler les enseignants à reprendre le chemin de l’école. «Nous demandons à l’Exécu- tif provincial de dire à quel niveau sont bloqués les salaires des enseignants pour les mois de mars et avril, avant d’entrevoir un quelconque dialogue sur la reprise des cours», lui a répon- du Roger Matabaro, le secrétaire pro- vincial du Syndicat des Enseignants du Congo (Syeco) au Sud-Kivu.

Sauver l’année scolaire A Lubumbashi, au sud-est de la RDC, en revanche, les enseignants et les syndicalistes locaux, mus par les promesses du gouvernement, sont déjà rentrés. «Dans notre école, nous avons décidé de commencer parce que nous ne comptons pas trop sur des personnes qui négligent un secteur si important qu’est l’ensei- gnement», explique Malaj Kabamba, directeur des études d’une école de Lubumbashi. Kabamba fait payer les frais d’appoint «avec quoi nos écoles

ont toujours fonctionné».

A Matadi, chef-lieu du Bas-Congo, les écoles catholiques sont accusées d’avoir fait échec au mot d’ordre de la grève. «Il ne fallait plus que l’on tombe dans la situation de l’année scolaire passée où Kinshasa qui nous avait demandé d’observer la grève ne l’a plus elle-même observée», se dé- fend Josué Nkuti, préfet des études de l’Institut Mgr Lubaki.

Dans l’arrière-pays cependant comme dans le territoire de Luozi, à 235 km de Matadi, les enseignants ne transigent pas. «Malgré les multi- ples réunions que j’ai eues avec les syndicalistes, ils ne veulent toujours pas enseigner», se plaint Germain Kapula, administrateur du territoire de Luozi. «Sans l’uniformisation des salaires, nous n’enseignerons pas», tranche Nestor Nsiala, enseignant à l’institut Kimfuzi.

Pour sauver l’année scolaire, l’ar- chevêque de Kinshasa, Mgr Monsen- gwo Pasinya, qui a autorité sur les écoles catholiques, a pris une circu- laire fin septembre fixant les montants à payer «au titre de contribution aux frais de fonctionnement de l’école».

A la maternelle, le taux est fixé à 75 dollars, au primaire 65, au secon- daire général 85 et à l’enseignement secondaire technique 95. Loin de contenter les parents d’élèves, la cir- culaire de l’archevêque fâche. Car, rappellent-ils, «Mgr Monsengwo, à l’époque président de la Conférence épiscopale nationale du Congo, avait appelé l’Etat à mettre fin à la prise en charge des enseignants par les pa- rents d’élèves…»

C’est cet appel là que relayent encore aujourd’hui les syndicats des enseignants qui refusent de continuer de se serrer la ceinture.

Eliane TSHILOBO, Désiré TANKUY, Alphonse NEKWA,Taylor TOEKA,

Thaddée HYAWE-HINYI Correspondants InterCongo media

Pigistes (provinces)

Correspondants de Syfia/InterCongo média et de Panos Paris

Dessin Patou BOMENGA Lay-out et mise en page

ASIMBA BATHY Diffusion Jean KIALA Fabrice RUGAMIKA rebelle qui exige, cette fois, des nouvel-

les négociations directes avec Kinshasa, a appelé les Congolais à «une guerre de libération totale du pays afin de renver- ser le pouvoir installé à Kinshasa». Mais, lassée de la guerre, la population qui en a déjà payé un lourd tribut, se tourne, dé- sormais vers la prière.

Il faut revenir à la raison

«Dieu est le commandant suprême, qu’il intervienne pour neutraliser l’enne- mi», a exhorté un des officiants du jour à la centaine de fidèles réunis dans l’église évangélique CBCA (Communauté bap- tiste au centre de l’Afrique) de Goma. A Beni et Butembo, deux importantes vil- les du Nord-Kivu, les habitants se sont aussi rassemblés pour prier ce même 7 octobre. Les rues de ces grands centres commerciaux étaient désertes, le com- merce et autres activités étant restés fer- més du matin au soir.

A Beni, le stade municipal de 5.000 places était noir de monde : catholiques, musulmans, protestants…ont participé au culte œcuménique pour la paix. «Nous devons implorer Dieu afin d’amener les deux parties à la raison. Sinon, nous risquons de fuir comme lors des précé- dentes rébellions de 1998», a confessé Ignace Katembo, un des participants à ce culte. «L’arme lourde, c’est la prière, il faut revenir à la raison et arrêter de ver- ser le sang de la population», a exhorté pour sa part Robert Ngongi, lun prêtre catholique.

A Butembo, ville de 700.000 habi- tants, la cathédrale Marie Mère de Dieu a réuni un millier de fidèles qui n’avait

qu’un seul slogan : la fin de la guerre à Masisi et Rutshuru et le retour de la paix.

«Si l’Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. Si l’Eter- nel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain», a rappelé Katshuva Terya Awite, représentant de l’autorité urbaine.

Pour lui, la «guerre que connaît le Nord- Kivu peut être considérée comme une punition de Dieu, à cause de multiples conflits inutiles».

Colère de la société civile Une semaine avant l’organisation des cultes, la société civile a multiplié des journées ville-morte et des marches de protestation à travers les principales agglomérations du Nord-Kivu et dans d’autres provinces de la RDC. «Nous avons voulu montrer à la communauté nationale et internationale que les Con- golais sont fatigués de la guerre», ont expliqué les organisateurs à Goma.

Coordonnateur de la société civile, Fabri- ce Maghulu demande plus d’action des pouvoirs publics. «Il n’est pas tolérable de voir les gens mourir ou errer dans la nature sans que les autorités agissent», proteste-t-il avec vigueur.

Pour le représentant des Eglises de réveil au Nord-Kivu, «la guerre ne résou- dra pas le problème que traverse le peu- ple de Dieu. Seule la crainte de l’Eternel par les belligérants peut nous amener dans le royaume de Dieu». Un appel que les hommes de Nkunda ne veulent pas du tout entendre.

Patient NDOOLE, Kennedy WEMA, Jacques KIKUMI Correspondants Inter Congomedia

Nord-Kivu

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