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CONSTAT D’UNION DU CONGO SUR L’ÉTAT DE LA NATION ET LES PERSPECTIVES SOCIALES, ÉCONOMIQUES AINSI QUE POLITIQUES, À L’OCCASION DU 49

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Congolaises, Congolais,

Chers Compatriotes, Chers Amis,

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la communauté internationale – en particulier les Nations Unies et les États Unis d’Amérique –, ayant profité de l’affaiblissement de l’Europe, précipita le processus de décolo- nisation. Dans la foulée, l’Association des Bakongo (Abako), premier parti politique créé en République Démocratique du Congo, remporta en 1957 les élections municipales à Léopoldville. Alors que la Belgique, puis- sance colonisatrice, envisageait une décolonisation sur 30 ans, elle fut obligée de décoloniser en urgence à cause de violentes émeutes survenues les 4 et 5 janvier 1959 à Léopoldville. Le spectre d’un conflit armé ayant ensan- glanté l’Algérie à partir de 1954 conduisit le gouvernement Eyskens à anticiper le processus.

Ainsi, le 30 juin 1960, le Congo belge accéda à l’indépendance sous l’appellation de République Démocratique du Congo. Joseph Kasa-Vubu en fut le président et Patrice Lumumbu le Premier ministre. La Belgique accepta- t-elle l’idée d’une indépendance politique dans l’optique de garder la mainmise sur l’économie congolaise ? En tout cas, le but de la manœuvre consista à préserver ses intérêts et non à assurer la viabilité de son ancienne colo- nie. Il fallait donc soutenir des dirigeants qui lui étaient favorables. Mais, cela n’est pas une excuse valable pour nous, Congolais, de nous dédouaner de notre part de responsabilité. De plus, nous aurions dû, pen- dant 49 ans, nous comporter comme les premiers gardiens de nos propres intérêts.

Rappelons néanmoins que, pour un bon nombre de nos compatriotes, notre indépendance n’a jamais été acquise le 30 juin 1960. Dans leur esprit, cette date, dont le bilan doit être fait chaque année, a seulement marqué de manière symbolique le début d’un long combat pour la liberté totale.

De toute manière, l’avènement du 30 juin 1960 fut le résultat d’une lutte quotidienne menée par nos aînés, une lutte ardente et idéaliste, une démarche active grâce à laquelle quelques dignes fils du Congo excellèrent dans la bravoure en ayant accepté de verser leur sang, de risquer leur vie dans le seul espoir de bâtir les fondations qui serviraient de socle à un État meilleur et plus éclairé. Ce fut donc un combat noble et juste, une lutte indispen- sable pour mettre fin aux humiliations imposées par la force aux Congolais et Congolais. Ayons à l’esprit que cette lutte n’est jamais terminée, dans la mesure où l’Histoire est dans certaines circonstances un perpé- tuel recommencement. La seule façon de rendre hommage à nos vaillants martyrs, c’est de rendre le Congo autonome. Ainsi avons-nous l’obligation de redresser le front que certains essaient par tous les moyens de faire courber, et de relever habillement les défis à venir.

Quarante-neuf ans après cet événement, quel bilan peut-on tirer ? Indéniablement, un aperçu à la fois historique et politique nous permettra de tracer le sillon pouvant servir de feuille de route, de ligne directrice pour le Congo du XXIesiècle.

Depuis le 30 juin 1960, le contexte politique en République Démocratique du Congo est caractérisé par l’insta - bilité chronique, la faiblesse de ses institutions étatiques et de sa culture politique, ainsi que l’ingérence exté - rieure. Quatre périodes caractérisent, grosso modo, l’histoire du Congo post-colonial.

La première, allant du 30 juin 1960 à la prise de pouvoir par le général Joseph-Désiré Mobutu, le 24 novembre 1965, a été marquée par une forte instabilité due tant aux ingérences extérieures qu’aux faiblesses de la jeune classe politique congolaise mal préparée, divisée, manipulable. Ainsi la sécession katangaise, l’élimination phy- sique du Premier ministre Patrice Lumumba, les mouvements autonomistes et la constitution des « provincet- tes », la rébellion muleliste et la division du pays ont-ils constitué les épisodes politiques les plus marquants de cette période.

CONSTAT D’UNION DU CONGO

SUR L’ÉTAT DE LA NATION ET LES PERSPECTIVES SOCIALES, ÉCONOMIQUES AINSI QUE POLITIQUES,

À L’OCCASION DU 49

ÈME

ANNIVERSAIRE DE L’INDÉPENDANCE

DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE

DU CONGO

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La prise du pouvoir par Joseph-Désiré Mobutu a fait place à une nouvelle ère, caractérisée par une stabilité rela- tive, s’étant surtout reposée sur la répression. Un pouvoir central fort a muselé toute expression politique. Dès la fin des années 1970, la détérioration accélérée des structures étatiques et l’effondrement des finances publi- ques ont fini par affaiblir le régime mobutiste. Une corruption galopante et une généralisation des phénomènes de népotisme n’ont fait qu’aggraver cet état de déliquescence.

Il a fallu cependant attendre 1990 pour que, dans un climat de fin de guerre froide, sous la pression conjuguée de la rue et de la communauté internationale, le Zaïre entrât dans une nouvelle période, en s’ouvrant au multi- partisme. Le processus de transition démocratique s’est malheureusement enlisé dans la voie d’un consensus improbable et sans issue, ayant ainsi hypothéqué la mise en place de nouvelles institutions crédibles et la recons- truction du pays sur des bases saines. La lente agonie du régime mobutiste a été surtout caractérisée par les pil- lages de 1991 et de 1993, ainsi que par la montée des tensions et conflits interethniques, principalement au Katanga et au Kivu. La classe politique zaïroise n’est jamais parvenue à s’entendre en vue de l’intérêt supérieur de la Nation.

Autre tournant des années 1990, la conditionnalité de l’aide, ayant renvoyé avec force à un renouveau politique, tenta vainement, à une époque où le discours sur la bonne gouvernance s’affirmait davantage, de peser de manière positive sur le processus en cours. D’aucuns constatent aujourd’hui que le régime mobutiste fut acca - blant, car l’action publique ne s’était guère souciée des préoccupations de la population. Le peuple congolais fut donc la victime du paradoxe zaïrois – l’effondrement par pans entiers de l’appareil d’État ayant débouché sur une conflagration majeure, aux conséquences humaines, sociales et économiques néfastes.

Congolaises, Congolais,

Chers Compatriotes, Chers Amis,

Avec la guerre dite de « libération », orchestrée grâce à la complicité des banyamulenge dans l’Est de notre pays en septembre 1996, sous la direction d’une coalition de pays frontaliers, on assisterait à la fin de l’État zaïrois un an plus tard, la base armée du régime mobutiste s’étant effondré sans presque combattre. L’espoir suscité par l’installation de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir est néanmoins très vite déçu en l’absence d’ouverture politi - que et de recherche d’un consensus minimum sur l’État à reconstruire. Incohérence et inconsistance des politi - ques, concentration, ethnicisation et personnalisation du pouvoir ont fini par provoquer en très peu de temps mécontentements et dissensions.

La brouille avec les alliés de circonstance – internes, mais surtout externes – le Rwanda et l’Ouganda principa- lement, a conduit à l’éclatement de la deuxième guerre le 2 août 1998. Ces deux pays ont mis en place et sou- tenu le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), présidé à l’époque par Ernest Wamba dia Wamba.

Ainsi ont-ils poussé le RCD, composé d’anciens membres de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) et de nombreux banyamulenge, à s’attaquer au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila.

Heureusement pour le peuple congolais, l’impasse politique a fini par occasionner le morcellement de cette structure, dont les principales composantes étaient : le RCD-Goma d’Émile Ilunga, qui s’est transformé par la suite en RDC-Mouvement de Libération sous la direction de Mbusa Nyamuisi ; le RCD-Authentique (RCD-A) ; le RCD-Congo, faction du RCD-Goma dirigée par Kin-Kiey Mulumba, qui a fait sécession en juin 2002 ; le RCD-National (RCD-N), groupe rebelle appuyé par l’Ouganda et dirigé par Roger Lumbala et Sisakio, qui s’est séparé du RCD-K/ML pour devenir l’allié du Mouvement de la Libération du Congo (MLC) ; le RCD-Originel (RCD-O) ; le RCD courant rénovateur de Mathieu Kazadi Nanshabalowa et autres James Mwewa Lunda…

Est-il que l’intervention de l’Angola et du Zimbabwe a réussi à sauver le nouveau régime de Laurent-Désiré Kabila. Alors que la guerre s’est enlisée, le pays complètement divisé, les massacres et les destructions des habi- tations ont occasionné des déplacements massifs de populations civiles. Sous la pression de la communauté inter- nationale, un accord de cessez-le-feu est cependant signé à Lusaka en juillet et août 1999 ; il s’est reposé sur trois piliers :

– la cessation des hostilités et la mise en place de procédures de désengagement des forces armées étrangères ; – la neutralisation des groupes armés opérant en République Démocratique du Congo (soldats des anciennes Forces Armées Rwandaises et miliciens interahamwe, rebelles burundais, ougandais et angolais) ;

– la tenue d’un dialogue intercongolais.

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La communauté internationale a appuyé ce processus sur les plans diplomatique et financier. Le déploiement d’une force onusienne, en l’occurrence la Mission des Nations Unies pour le Congo (MONUC), reste de nos jours la contribution onusienne la plus importante et la plus visible en matière de maintien de la paix. Cette force avait pour mission d’assurer le contrôle du cessez-le-feu, la supervision du désarmement volontaire des combat- tants, en particulier des forces négatives, et le retrait des forces étrangères. Le retrait des forces en présence, à 15 km de part et d’autre des lignes de front, a pu être obtenu par la Monuc, ayant ainsi permis un déploiement accéléré de ses forces. La tâche la plus difficile pour cette force onusienne restait le rétablissement de la paix, son maintien ayant été quasiment acté par les différents protagonistes.

Mais la mise en œuvre des Accords de Lusaka s’est avérée d’emblée difficile. Peu de progrès ont été réalisés au début de l’année 2001. Suite à l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila en janvier 2001 et à l’arrivée au pouvoir de Joseph Kabila Kabange, une opportunité s’est enfin offerte pour sortir le pays de la guerre et s’enga- ger dans une voie de retour à la stabilité structurelle.

Au cours de l’année 2002, on a constaté une volonté de réconciliation nationale, timide et fragile mais néanmoins réelle, dans la mise en œuvre des Accords de Lusaka. Plus particulièrement, la conclusion des Accords de Pretoria en juillet 2002 et de Luanda en août 2002 – entre d’une part la République Démocratique du Congo et le Rwanda et, d’autre part, entre la République Démocratique du Congo et l’Ouganda – a constitué une étape importante dans la recherche de la paix.

Au terme de ces deux accords, le Rwanda et l’Ouganda se sont engagés à retirer leurs troupes du sol congolais.

En échange, la République Démocratique du Congo devait arrêter tout soutien aux groupes armés qualifiés de forces négatives. Le Rwanda a « apparemment » rempli ses obligations, conformément au Mécanisme de Vérification mis en place par l’Accord de Pretoria. L’Ouganda, en revanche, a maintenu une présence militaire en Ituri où la situation était toujours jugée très préoccupante sur les plans militaire et humanitaire. La République Démocratique du Congo, si elle a montré certains gestes positifs, a été mise en cause pour son soutien aux grou- pes armés présents dans l’Est de son territoire.

Le renforcement des effectifs de la Monuc et son déploiement progressif dans l’Est du Congo devaient permet- tre un meilleur contrôle de l’application effective de ces deux accords. Par sa résolution 1445 du 3 décembre 2002, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a en effet décidé de porter son effectif total à hauteur de 8 700 membres. Notons que la question du désarmement des combattants, tel qu’elle a été prévue par le mandat de la Monuc, est néanmoins restée très complexe et délicate. Outre la difficulté d’opérer sur le principe d’un mandat restrictif, c’est-à-dire le désarmement volontaire, s’est ajoutée celle d’articuler les multiples initiatives en cours pour la mise en œuvre des étapes liées à la démobilisation, au rapatriement, à la réinstallation et à la réintégra- tion des groupes armés par les différentes agences concernées.

À propos du volet politique des Accords de Lusaka, le dialogue inter-congolais a connu des avancées réelles mar- quées par les étapes de Gaborone, d’Addis-Abeba et de Bruxelles qui ont débouché sur l’organisation de la ses- sion plénière dudit dialogue. Celle-ci s’est tenue à Sun City, en Afrique du Sud, du 26 février au 19 avril 2002, mais elle n’a pas abouti à un accord inclusif. Un accord partiel entre le gouvernement et le MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo a toutefois enclenché une dynamique qui s’est poursuivie à Pretoria sous l’égide du représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, l’ancien Premier ministre sénégalais Moustapha Niasse, et avec le soutien actif de l’Afrique du Sud et son président, Thabo Mbeki. Le 17 décembre 2002, un accord inclusif a pu être dégagé. Cependant, la question de l’intégration dans l’armée congolaise et celle de la sécurisation de Kinshasa devaient encore faire l’objet d’un règlement séparé. Jusqu’à l’obtention d’un consensus à cet égard et la concrétisation des engagements pris par les différentes parties signataires, la prudence est restée de mise quant à la mise en œuvre effective d’une transition inclusive en République Démocratique du Congo.

En avril 2003, un accord entre les différentes parties est finalement signé. De fait, un gouvernement de transi- tion est formé, ayant instauré le partage des pouvoirs entre Joseph Kabila et ses opposants dans l’attente des élec- tions à maintes reprises reportées, mais elles se sont enfin déroulées entre juillet et octobre 2006 grâce à une large implication de la communauté internationale. Les Nations Unies, dans le cadre de la Monuc, ont déployé plus de 18 000 soldats et policiers principalement au Kivu et en Ituri pour un budget de près de 1 milliard de dollars par an. Ce fut la plus importante mission de maintien de la paix des Nations Unies dans le monde, comme cela l’a été souligné supra, à la fois en terme d’effectif et de budget. L’Union européenne a aussi envoyé en urgence en 2003 la force Artémis dans l’Ituri, et en 2006 la mission de l’Eufor, 1 000 hommes à Kinshasa pour préparer les élections. L’Union européenne a également été le premier contribuable étranger, s’agissant du budget électo-

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ral du Congo. Cette élection a été remportée par Joseph Kabila avec la majorité des voix dans 8 des 11 provin- ces du pays.

Plus tard, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), mouvement rebelle dirigé par Laurent Nkundabatware Mihigo, créé en juin 2006, s’illustrerait dans le Kivu par des massacres et violences sexuelles à l’encontre des femmes et des enfants. L’arrestation de Nkundabatware au Rwanda, en janvier 2009, a poussé ses hommes à réintégrer les FARDC et d’autres institutions de la République, à l’initiative de Bosco Ntaganda – qui plus est poursuivi par la Cour Pénale Internationale pour enrôlement d’enfants.

Force est de constater que, aujourd’hui, l’unité nationale est toujours fragile. De plus, certaines régions de l’Est du Congo sont toujours sous l’influence des groupes rebelles comme les forces d’autodéfense du Katanga, les rebelles ougandais de la LRA dans la province orientale, les FDLR rwandais et les milices maï-maï au Kivu. Face à ces mouvements, l’armée congolaise est mal organisée. Notons que les éléments des FARDC qui combattent ces temps-ci les FDLR sont constitués en majorité des transfuges du CNDP : à savoir des Tutsis. De fait, si on ne fait pas très attention, on risque de générer sur le sol congolais un conflit entre la minorité d’origine nilotique et la majorité d’origine bantoue. Ainsi le problème ethnique rwando-rwandais serait transposé au Congo.

Congolaises, Congolais,

Chers Compatriotes, Chers Amis,

Un autre défi à relever, outre celui relatif à l’unité nationale, c’est celui de l’équilibre financier entre les provinces et le gouvernement central. La Constitution de décembre 2005 a prévu un redécoupage des 11 pro- vinces existantes en 26 entités. Ces nouvelles provinces devraient gérer 40 % du revenu national. La province du Kasaï attendait beaucoup de cette décentralisation pour tirer profit des revenus du diamant. Pareil pour la pro- vince du Congo central, une région relativement stable qui attire les investissements étrangers grâce à son poten- tiel hydroélectrique et son pétrole. Mais certaines provinces plus enclavées ont moins à gagner de cette décen- tralisation à cause de leur pauvreté en ressources naturelles.

À ce défi, il faut ajouter les problèmes ayant trait à la pauvreté, la santé, l’éducation… Rappelons que les conséquences socio-économiques du conflit sont catastrophiques : au moins 6 millions de pertes en vie humaine, plusieurs millions de personnes déplacées, des milliers de femmes et de jeunes filles victimes des violences sexuelles, plus de 75 000 personnes en armes dont au moins 15 000 enfants soldats depuis 1996. On constate éga- lement une nette régression du revenu, et bien qu’une grande partie de l’économie congolaise soit non-moné- taire, le PNUD a estimé cette régression à 0,20 USD par habitant et par jour : soit 78 USD par an.

La paupérisation généralisée, marquée par des taux de chômage records dans les villes, par l’inadaptation ou le non-paiement des salaires et par l’atrophie de l’ensemble des revenus du travail, se traduit par d’énormes diffi- cultés pour la majorité des familles à s’assurer une alimentation minimale. La diminution de la production agri- cole, liée à l’insécurité et aux difficultés d’écoulement des produits principalement du fait du gel de la naviga- tion fluviale à cause de la guerre et du mauvais état des infrastructures routières, contribue à cette insécurité ali- mentaire des villes ainsi qu’à à l’appauvrissement et à l’isolement des campagnes. La malnutrition des enfants de 0 à 5 ans est ainsi en forte augmentation. Pour cette catégorie, elle a un taux de prévalence de 13 %, soit envi- ron 1 350 000 enfants.

Le tableau sanitaire de la République Démocratique du Congo est tout aussi sombre avec une mortalité mater- nelle croissante qui est passée de 500 décès pour 100 000 naissances à 3 000 décès pour 100 000 naissances, soit une mortalité infantile de 150 °/oo. À cela s’ajoute une recrudescence du paludisme, du VIH/SIDA, de la tuberculose…

Les carences dans le domaine de la santé sont vécues au quotidien. Les hôpitaux du secteur public sont souvent dépourvus d’équipements et de médicaments pour les soins nécessaires. La situation est tellement catastrophi- que que l’on s’expose à des phénomènes très marqués de criminalisation : la multiplication sauvage d’officines privées de soins échappant à tout contrôle du ministère concerné, la rétention des malades en otage et des biens en gage, le refus des soins aux indigents, le recours à l’automédication ou à des médecines traditionnelles peu orthodoxes…

Et l’école dans tout cela ? En principe, le minimum que les citoyens sont en droit d’attendre de l’État est bien l’accès gratuit à l’éducation de base. Or, sous l’effet de la crise économique qui remonte aux années 1970, occa-

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sionnée par la crise pétrolière et la zaïrianisation des entreprises, l’école primaire n’a fait que régresser. Loin d’avoir atteint l’objectif 80 qui prônait une scolarisation totale des enfants congolais pour 1980, le Congo a vu péricliter son enseignement primaire, par une baisse de qualité et de quantité, parmi les plus graves de l’Afrique subsaharienne.

Les années 1980, au contraire de l’objectif qui leur était assigné, ont été marquées par une perte qualitative de l’éducation de base, due pour l’essentiel à une raréfaction des moyens d’enseignement et à l’inadéquation de la formation des maîtres. Depuis 1990, cette baisse sensible de la qualité, qui hypothèque tout l’édifice scolaire du pays, va de pair avec un recul quantitatif, lequel a fait baisser le taux de fréquentation scolaire en dessous de 50 %. Depuis l’effondrement économique du pays, l’enseignement primaire est quasi intégralement à charge des parents, dont les revenus se trouvent déjà fortement affaiblis par la crise économique. La rémunération des enseignants, l’uniforme, les cahiers et les manuels grèvent lourdement le budget des ménages. S’ajoutant aux dépenses de santé, les frais scolaires des enfants finissent par consommer la totalité des maigres budgets fami- liaux. Il s’ensuit une désaffection pour l’école formelle, une fuite dans les sectes et leurs enseignements qui, dans les villes, constituent l’alternative à la misère.

Partout aussi, l’accès aux autres services publics tels que l’eau potable, l’électricité, l’assainissement, le trans- port, sont en constante régression. L’accès au logement est lui-même de plus en plus précaire.

L’unité familiale, ainsi fragilisée, est menacée d’éclatement. Il s’y installe une inversion réelle des valeurs, mar- quée par le travail des enfants, la prostitution – y compris des enfants –, l’exacerbation des phénomènes tels que les enfants des rues, la sorcellerie, la mendicité, la petite et la grande délinquance.

Bien que cette aggravation de la pauvreté soit généralisée, de nombreuses parties du territoire, enclavées et/ou insécurisées, connaissent des situations encore plus dramatiques. Les populations déplacées, dont certaines en mouvement constant, y sont particulièrement vulnérables.

L’inégalité des situations et des droits entre les femmes et les hommes en République Démocratique du Congo est devenue la règle, et elle tient tant à l’emprise des traditions qu’à l’inadéquation et au non-respect des lois en vigueur. Le recours à la coutume est en effet largement prépondérant. Quelques chiffres d’un sondage réalisé en 1999, pour le ministère des Affaires sociales avec l’appui de l’UNICEF, sont à cet égard significatifs :

– 62 % des femmes sont mariées selon la coutume ; 25 % ont contracté un mariage civil, le choix du conjoint par les parents ou d’autres membres de la famille s’élève à 32 %, l’obligation du mariage avec un apparenté à 16 %, la dissolution du mariage imposée par la famille à 22 %, ou choisie par le mari à 53 %, ou encore le mariage polygamique ;

– 76 % des femmes recourent uniquement à la coutume en cas de décès du conjoint, 7 % au seul droit écrit ; – 47 % des femmes recourent uniquement à la coutume en cas de conflits fonciers ou parcellaires et 25 % au seul droit écrit ;

– 44 % des femmes recourent uniquement à la coutume en cas de coups et blessures, tandis que 34 % au seul droit écrit ;

– 69 % des femmes recourent uniquement à la coutume en cas d’héritage, contre 13 % au seul droit écrit.

Le code de la famille de 1987, tout comme les coutumes, institue l’autorité et la domination de l’homme sur la femme dans le ménage. Ils consacrent ainsi l’incapacité juridique de la femme mariée. Elle ne peut donc signer un contrat, ouvrir un compte en banque, voyager, acquérir un bien, sans l’autorisation de son mari. La pratique de l’autorisation maritale expresse avant la signature d’un contrat de travail est souvent exigée par l’employeur.

4 % seulement des femmes mariées ont le droit de gérer seules leurs biens, et 10 % leurs revenus. En milieu rural, la femme assure 75 % de la production agricole, 60 % de la commercialisation, sans disposer en propre du revenu généré qui revient de droit à son mari. Ces inégalités ont une répercussion directe sur la situation socio-écono- mique des femmes.

44 % des femmes sont sans revenu, contre 22 % des hommes.

Les filles sont dans la plupart des cas défavorisées dans le processus de sélection des enfants pouvant bénéficier de la scolarisation, processus auquel sont contraints les parents congolais. On assiste aussi à un taux élevé d’abandon des études lié aux grossesses et aux mariages précoces. La proportion de femmes et jeunes filles, vic- times de violences sexuelles, est importante et ce phénomène est aggravé par la situation de guerre. La prostitu- tion, y compris de très jeunes filles, l’est également.

Les femmes ne sont le plus souvent que symboliquement représentées, tant dans les institutions étatiques que dans les partis politiques ou les organes représentatifs de la société civile. Elles sont également quasi- absentes de toutes les instances d’élaboration des programmes économiques et de développement.

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Congolaises, Congolais,

Chers Compatriotes, Chers Amis,

Le peuple congolais, de l’avènement de Joseph-Désiré Mobutu à la présidence de Joseph Kabila, a tou- jours été victime de la violation du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs – exécutif, législatif et judiciaire –, dispositif constitutionnel indispensable à toute démocratie qui se respecte. En effet, les menaces de mort ne cessent de violer l’alinéa 2 de l’article 21 du Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale qui stipule qu’« [...] en cas de faute grave ou d’incompétence constatée par la plénière dans l’exercice de ses fonctions, un membre du bureau peut être relevé par celle-ci suivant une procédure contradictoire » ; elles vio- lent aussi les articles 26 et 29 dudit Règlement Intérieur relatifs à la démission d’un membre du Bureau et à la durée du mandat au cours de la législature. Le peuple congolais paie les frais du gangstérisme politique, du che- vauchement et de l’empiétement dans la conduite des affaires publiques, rappelant ainsi la dictature outrancière hier encore combattue par ceux-là même qui sont aujourd’hui au pouvoir.

Les récentes violations flagrantes, fréquentes et intentionnelles de la Constitution, notamment dans ses articles 213 et 214, ont transformé le chef de l’État en homme-organe dans le seul but d’honorer des accords contractés en secret au détriment du peuple congolais. En foulant aux pieds la Constitution de la République Démocratique du Congo telle qu’approuvée par le peuple souverain lors du référendum constitution- nel de décembre 2005 – spécialement les dispositions des articles 16, 52, 64, 65, 66, 100, 111, 112, 113, 114, 115, 116,117 et 165 –, le président Joseph Kabila a mis à mal la cohésion nationale et porté un coup fatal aux combats en vue de la libération et de l’émancipation du peuple congolais. Ainsi a-t-il contribué à l’anéantisse- ment de tous les efforts fournis depuis 49 ans d’accession de la République Démocratique du Congo à la souve- raineté internationale, durant lesquels le pays a été astreint à 42 ans d’un système politique dictatorial – plus pré- cisément de 1965 à 2006 –, à 15 ans de transition politique, à savoir de 1990 à 2005, à 7 ans des conflits armés internationalisés ayant occasionné plus de 6 millions des morts parmi les populations civiles et sans défense de 1996 à 2003, à 3 ans de la gestion consensuelle du pays et à la privatisation de la vie publique nationale par des seigneurs des guerres pourtant présumés auteurs des crimes imprescriptibles perpétrés en République Démocratique du Congo de 2003 à 2006 et à 10 ans de la présence sur notre territoire de la plus grande, la plus importante et la plus budgétivore mission de maintien de la paix des Nations Unies de 1999 à 2009.

Cet acte grave, de la part de la magistrature suprême, ne doit en aucun cas laisser indifférents les parle- mentaires, indépendamment de leurs appartenances politiques, ni le peuple congolais qui doit assumer sa responsabilité par le truchement des pacifiques manifestations publiques sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger, contre les manœuvres politiciennes de nature à hypothéquer notre avenir.

Quant à l’opposition politique, qui a recueilli les voix de plus d’un tiers de l’électorat en 2006, elle n’a pas été à la hauteur dans l’instauration d’une véritable démocratie au Congo, gage de la stabilité du pays sur le long terme. Sa dernière volonté à jouer son rôle a été compromise en raison du recours répété à la force contre ses partisans, du départ en exil de Jean-Pierre Bemba Gombo, le principal adversaire du président Kabila lors des dernières élections, et de l’immobilisme de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba. De par son inertie, l’opposition a cautionné les menaces qui pesaient sur le pluralisme politique.

La multitude de partis politiques, de la majorité présidentielle comme de l’opposition, prouve que le mal congolais tire ses racines dans l’immaturité politique. Face à l’incompétence politique, les solutions ne peuvent être que d’ordre politique.

Pourtant, dans l’euphorie de son élection en 2006, le président Joseph Kabila a déclaré : « Avec l’accord de vous tous, j’annonce [...] la fin de la recréation afin que le peuple puisse se consacrer entièrement au travail, et ce dans la paix et la tranquillité ». Ainsi a-t-il annoncé les cinq chantiers devant couronner son mandat présiden- tiel : infrastructure, emploi, éducation, santé, eau et électricité. Qu’est-il advenu de ce programme ?

En tout cas, dans le but de mieux asseoir son pouvoir, Joseph Kabila a profité de sa victoire électorale afin d’éli- miner définitivement de l’échiquier politique le MLC par la neutralisation du sénateur Jean-Pierre Bemba. Il a donc lui-même fragilisé la cohésion nationale, en ayant renforcé sans s’en rendre compte la scission encore pré- sente dans l’esprit des Congolais entre l’Est et l’Ouest qui avait reflété les résultats de l’élection présidentielle de 2006.

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Sous la présidence de Joseph Kabila, constate-t-on, de nombreuses villes de taille moyenne restent privées d’eau et d’électricité. En zone rurale, 24 % seulement de la population ont accès à l’eau potable. Quant aux infrastructures de transport, il est dans un état de délabrement. Juste un exemple parmi tant d’autres, sur la nationale 2 devant relier Kindu à Kinshasa, les véhicules ne circulent plus. Le chemin de fer est toujours non exploité, enclavant ainsi la ville de Kindu où les marchandises de base ne peuvent être acheminées que par le transport aérien. Pour rejoindre l’autre rive du fleuve, les automobilistes sont obligés d’apporter le carburant nécessaire, à savoir 40 litres, pour la traversée.

Le secteur scolaire manque de moyens pour dispenser un enseignement digne de l’éducation nationale. Pour ce qui est de la paix, on assiste à une insécurité grandissante, le gouvernement étant incapable d’impulser des ini- tiatives idoines pour stabiliser le pays. Pis encore, face à cette insécurité, la justice reste inexistante. S’agissant de la décentralisation, l’État ne rétrocède pas forcément les 40 % de recettes de province, révélant de fait l’inef- ficacité du système central qui prive les gouvernorats de moyens financiers.

Le nœud du problème qu’il faudra dénouer n’est pas tant l’échec patent de la présidence de Joseph Kabila Kabange, mais la compréhension des fondements de la violence en République Démocratique du Congo.

Comment se fait-il que depuis le 30 juin 1960, le Congo a sans arrêt été gouverné par un jeu d’instabilité ? Instabilité qui est organisée soit par le gouvernement central, soit par les autres acteurs. Au-delà de la difficulté du leadership congolais à gouverner le pays, reconnaissons d’emblée la complexité dans la gestion d’un pays en proie à trois dynamiques différentes. Le Katanga et le Kasaï sont attirés par le Sud et l’Afrique australe, notam- ment par le biais des échanges commerciaux avec la Zambie et l’Afrique du Sud, alors que le Maniema et la pro- vince orientale se retournent vers les civilisations sahariennes. Le Bas-Congo et l’Équateur s’intéressent davan- tage à l’Ouest. Au milieu existe une forêt dense à l’intérieur de laquelle la vie est très difficile. L’appartenance à une communauté nationale existe seulement sous l’aspect théorique, mais non dans les échanges quotidiens.

Dans ces conditions, on ne peut impulser une dynamique unitaire qu’en développant les moyens de communi- cation et les réseaux routiers.

La violence en République Démocratique du Congo représente donc une force politique, une variable d’ajustement pour conserver le pouvoir – l’appartenance ethnique étant souvent utilisée en guise de mani- pulation au détriment d’un projet politique. Si en 1994, Kinshasa n’a pas été en mesure de prendre une décision commune sur l’accueil des réfugiés rwandais dans le territoire zaïrois, cette absence de vision commune se reproduit dans l’état-major des FARDC qui souffre de l’inexistence du commandement ver- tical : d’où le désaccord dans la stratégie ayant été adoptée pour faire efficacement face aux éléments armés du CNDP.

En réalité, trois raisons expliquent l’incapacité dans laquelle se trouve la République Démocratique du Congo à prendre en main, de manière autonome, son destin.

Primo, l’absence de vision commune des leaders congolais affaiblit l’autorité de l’État.

Secundo, tant que le problème des FDLR ne sera pas réglé, le président rwandais, Paul Kagame, trouvera toujours un prétexte pour évoquer la menace qui pèse sur son pays à partir du territoire congolais. Raison pour laquelle l’armée rwandaise n’a pas fini le travail qu’elle était censée faire lors de l’opération « Umoja wetu » menée conjointement avec les forces armées congolaises entre janvier et février 2009 au Nord-Kivu.

Tertio, les différents petits conflits ethniques à travers le pays finiront, si on ne les règle pas en urgence, par être exploités par des pays voisins dans l’espoir de fragiliser davantage la République Démocratique du Congo.

Cet aspect ternaire a toujours été au cœur de la gestion du pays qui, pendant très longtemps, s’est reposé sur trois piliers : le parti unique, en l’occurrence le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), l’armée et l’Église.

Or, aujourd’hui, l’armée s’est sabordée ; le parti unique a fait long feu et seule l’Église reste l’acteur important capable d’irriguer l’ensemble du corps social et du système éducatif. Il est donc illogique que les fonctions rele- vant normalement de l’État soient assumées par la seule Église. Il est donc impérativement nécessaire de faire du Congo un État laïc à part entière, aussi bien en droit que dans les faits, la laïcité ne devant nullement être une idéologie, ni synonyme de sectarisme ou de fermeture, mais un cadre institutionnel. Nous devons avoir à l’esprit que la croyance est une affaire individuelle et non étatique.

La sécurisation du pays ne relève pas de la compétence de l’Église, surtout dans un pays où le chef de l’État est l’émanation de l’armée. Si le président Joseph Kabila aime réellement l’armée, depuis 2001 qu’il est au pouvoir, il aurait sans l’ombre d’un doute créé ne serait-ce que deux brigades – composée de 1 500 hom- mes chacune – pour protéger la frontière de l’Est, juste celle avec le Rwanda. Flagrante incohérence ! Une

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chose est certaine, le Chef d’État ne tient pas à reconstruire l’armée congolaise. C’est là que le bât blesse.

Voilà pourquoi la Monuc, laquelle est en réalité victime de l’irresponsabilité de la classe dirigeante congolaise, est une partie de la solution et non le problème. 18 000 hommes sur un pays dont la superficie est de 2 345 000 km2, c’est insuffisant par rapport à une armée rwandaise de 70 000 soldats bien entraînés. En guise de comparaison, il a fallu 45 000 soldats bien équipés, l’élite des superpuissances, pour rétablir la paix dans un mou- choir de poche comme le Kosovo. En plus de cela, comme il l’a été souligné précédemment, le mandat de la Monuc, qui consiste à aider les FARDC, n’est pas du tout bien défini. Même si le chapitre VII de la charte des Nations Unies permet aux Casques bleus de recourir à la force, comment une force onusienne peut-elle épauler une armée nationale si celle-ci n’est pas en mesure de remplir convenablement sa mission ? Sans conteste, les conséquences de la guerre à l’Est de la République Démocratique du Congo de 1996 à nos jours sont la destruction du lien social et la haine entre les populations rwandophones et le reste de la popu- lation congolaise.

Congolaises, Congolais,

Chers Compatriotes, Chers Amis,

La tenue d’élections de 2006 n’a pas été suivie de construction des infrastructures de transport, ni de consolidation des fonctions étatiques dans l’ensemble du territoire nationale, ni de limitation des phéno- mènes de corruption, ni de cohésion nationale, ni de souveraineté politique. Au contraire, elle a privilégié l’amnistie des anciens chefs de guerre au lieu de les faire condamner par un tribunal interne ou par une juridiction internationale. On réalise combien le retour à la paix et à la stabilité structurelle en République Démocratique du Congo et, plus largement dans la région des Grands Lacs, sera un processus de longue haleine.

Néanmoins, un désengagement ne pourrait conduire qu’à de nouvelles catastrophes aux conséquences incalcu- lables pour l’avenir du Congo, de la sous-région et, dans le contexte de la mondialisation, pour toute la commu- nauté internationale. Ainsi est-il nécessaire et urgent d’encourager l’émergence d’un nouveau régime à Kinshasa, susceptible d’impulser une autre dynamique et de faire renaître l’espoir dont ont tant besoin les populations de la sous-région.

Au-delà des aspects politiques, un peuple ne sera jamais libre tant qu’il n’a pas mené sa propre révolu- tion. En effet, pour devenir autonome, le peuple congolais doit à tout prix concevoir une révolution à la fois iden- titaire, culturelle et économique. Mais pour que cette révolution réussisse, il doit commencer par trouver son Bonaparte.

Si l’on se pense sur l’Histoire de l’Humanité, on s’aperçoit vite que les grands bouleversements salutaires ont été l’œuvre d’hommes et de femmes avaient la faculté de voir plus haut et plus loin. Des visionnaires – tel un Nzinga Kuvu, Charles de Gaulle, Mohandas Karamchand Gandhi, Mao Tsé-tung, Hô Chi Minh, Simon Kimbangu, Patrice Émery Lumumba, Nelson Mandela, Barack Hussein Obama… – qui, par leur étoffe excep- tionnelle et par leur conscience politique, ont catalysé les volontés et entraîné les énergies favorables à un sur- saut national et tracent le chemin du futur. Cette race d’hommes et de femmes réunit les conditions favorables au renouveau national.

Notre pays a plus que jamais besoin d’un leader qui incarnera une espérance, un chef dont le souffle don- nera à nos compatriotes l’irrésistible envie de se mettre en mouvement ; un meneur d’hommes clairvoyant qui permettra au nouveau régime congolais de relever les immenses défis, internes et externes, qui ont tou- jours hypothéqué l’avenir de notre pays. Pour cela, Union du Congo demande au peuple congolais, en tant que Souverain, de lui offrir l’opportunité de mettre en place son projet,

Sur les plans éducatif et sanitaire, ainsi que du bien-être :

– de faire des propositions sur une école en mesure d’assurer l’égalité réelle des réussites ;

– d’instaurer, pour des filières techniques ou agricoles, un système alterné alliant cours théoriques dans l’établis- sement scolaire et stages pratiques en entreprise ;

– de fournir un effort conséquent de rattrapage pour l’école et de recourir aux technologies éducatives ;

– de promouvoir la diversité des initiatives et des pédagogies, en réécrivant, par exemple, les manuels d’histoire, de civisme, de littérature et de philosophie ;

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– de développer une véritable éducation à l’écologie dans la formation initiale des jeunes ; – de permettre le droit à une deuxième chance et à la formation tout au long de la vie ;

– de rendre obligatoire, donc universelle, la prise en charge du risque maladie afin d’instaurer l’égalité dans l’ac- cès des soins et de faire de l’hôpital public le cœur de notre système de santé ;

– de donner la priorité, dans le système de santé publique, aux actions de prévention ; – de rendre obligatoire l’accès à l’eau potable ;

– de banaliser l’accès à l’électricité.

Sur le plan environnemental et technologique :

– d’investir de manière considérable en matière de recherche, d’innovation et d’enseignement supérieur sur le développement durable ;

– de fournir un effort massif d’éducation aux technologies numériques, tout en ayant en amont réglé le problème d’accès à l’électricité ;

– de mettre au service du développement durable des technologies numériques ; – de sauvegarder notre patrimoine naturel.

Sur le plan de la communication et des infrastructures routières :

– de construire de grands axes routiers afin de relier entre elles, dans un premier temps, toutes les villes impor- tantes du pays et d’entretenir régulièrement les routes nationales ;

– d’inciter les exécutifs de provinces à utiliser leurs recettes fiscales pour la construction des routes provinciales et communales ;

– de réinstaller le service postal à travers toutes les villes du pays et de développer les services téléphoniques ; – de redynamiser les réseaux fluvial et ferroviaire ;

– de doter le pays d’une flotte aérienne performante, afin de desservir toutes les grandes villes et d’entreprendre de grands travaux de réfection des aéroports.

Sur le plan de l’emploi :

– d’initier une politique efficace en matière de création d’emploi, afin de combattre efficacement la pauvreté ; – de faciliter l’émergence d’un patronat, auprès de qui l’État prélèvera, sans pour autant l’asphyxier, des taxes fiscales ;

– d’encourager l’émergence de petites et moyennes entreprises, notamment dans le secteur informel ;

– de favoriser la présence syndicale dans toute entreprise, publique ou privée, à partir d’un nombre de salariés à définir ;

– de sanctionner les entreprises, publiques ou privées, qui ne rémunéreront pas leur personnel, tout travail devant mériter salaire.

Sur le plan socio-économique :

– de doper la croissance économique en vue de l’amélioration des conditions de vie des Congolais, de la lutte contre la pauvreté, de la cohésion sociale et de la bonne gouvernance, ainsi que du développement économique des pays de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) ;

– de faire de l’agriculture l'une des priorités nationales ;

– de construire des logements sociaux pour atténuer la surpopulation des logements parentaux ; – d’impulser une vraie politique familiale autour de la petite enfance ;

– de consolider les solidarités intergénérationnelles ;

– de mettre en place un vrai projet pour la jeunesse, relatif à la formation, à l’insertion et à l’émancipation ; – de proposer un nouveau projet culturel à travers l’éducation à la culture, la valorisation des arts et cultures populaires… ;

– de mettre un terme à la criminalisation de l’économie congolaise, en commençant par rétablir l’exploitation légale de nos ressources naturelles ;

– de mettre en place une politique qui consistera à produire et à partager les richesses au moyen de la relance du pouvoir d’achat – une nécessité économique et une priorité sociale –, et à une politique entrepreunariale en matière d’investissement, d’emploi durable et de valorisation du travail ;

– de rendre performant notre appareil productif grâce à la recherche, l’éducation et la formation ; – d’introduire de la rigueur dans la gestion de la chose publique ;

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– de régler définitivement les problèmes ayant trait à l’état-civil afin de mener à bien des réformes sociales (sécu- rité sociale), scolaires (gratuité de l’école) et fiscales (obligation de payer les impôts et autres charges fiscales au Trésor Public) ;

– d’initier une vraie réforme fiscale pour sortir le Congo de la situation catastrophique que les précédents régi- mes lui ont léguée et que l’actuel gouvernement ne parvient pas à maîtriser ;

– de résoudre durablement, sur la base d’un discours et d’une politique de vérité et de justice sociale, la question du financement des retraites ;

– de conjuguer la lutte contre l’urgence sociale et écologique, grâce à la réorientation de la fiscalité.

Sur les plans institutionnel et administratif :

– de rétablir la présence étatique sur l’ensemble du territoire national ;

– d’encourager les solidarités entre provinces, pour permettre le développement des provinces pauvres en res- sources naturelles et aussi inciter les zones rurales à contribuer au développement du pays ;

– de mieux harmoniser les rapports entre le gouvernement central et les gouvernorats de provinces ;

– de veiller à ce que chaque province dispose d’une ressource principale compatible avec la nature de ses com- pétences, pour limiter les écarts de richesse entre les différents territoires par une péréquation forte ;

– de mettre en place une autre politique de la Ville pour une urbanisation cohérente ;

– de transformer les FARDC et la police nationale en des institutions républicaines, l’objectif étant d’enrayer l’insécurité et de mieux garantir la défense de la Nation ;

– de réintégrer dans l’armée congolaise tous les éléments des Forces Armées Zaïroises (FAZ) ayant quitté le pays lors de la prise de pouvoir par l’AFDL ;

– d’instaurer un service militaire obligatoire pour les Congolais du sexe masculin âgés de 18 à 30 ans, sauf pour ceux qui ont une charge parentale ;

– de faire respecter scrupuleusement, dans la pratique, la séparation des pouvoirs exécutif, parlementaire et judiciaire ;

– de garantir la cohésion nationale grâce à la réhabilitation de l’État : d’où l’obligation de penser autrement les services d’état-civil, de procéder à un vrai recensement de la population sur la base des villages et groupes socio- logiques existant depuis le 30 juin 1960 – et non du simple enrôlement vaille que vaille de toutes les personnes qui se présentent – et d’instaurer une carte d’identité fiable en ayant recours aux nouvelles technologies comme la biométrie ;

– de repenser profondément le problème d’ordre social et professionnel au sein de l’administration et d’amélio- ration les conditions techniques et professionnelles devant concourir à son bon fonctionnement ;

– d’assurer la présence des services judiciaires dans tout le territoire national, pour que les populations puissent bénéficier des juridictions compétentes en cas de conflits, et de rendre les prestations judiciaires accessibles aux justiciables ;

– d’encourager la justice transitionnelle susceptible de s’atteler aux problèmes des crimes commis pendant et après la guerre, en amont de toutes modalités pour la réconciliation intercommunautaire ;

– d’initier les réformes favorables à la mise en place d’un organe d’audit indépendant qui aura en charge l’enre- gistrement des plaintes pour violation des droits humains, dans le cadre de l’élaboration des plans d’action glo- baux pour la paix dans l’Est du Congo, en collaboration étroite avec la Monuc.

Sur le plan démocratique :

– de démocratiser nos institutions, en réformant la Constitution ; – de doter les partis politiques d’un statut constitutionnel ;

– de conscientiser, par l’exemple et la bonne pratique de la chose publique, la classe politique, car le Congo a réellement besoin des partis politiques dynamiques et perspicaces ;

– de promouvoir et de défendre la laïcité républicaine, pour permettre à l’État non seulement d’assurer ses pré- rogatives abandonnées à la seule Église, mais aussi de privilégier l’émancipation des individus et de garantir la paix civile ainsi que la fraternité entre tous les Congolais quelles que soient leurs croyances ou leurs origines ; – de proposer aux Congolaises et aux Congolais un nouveau contrat de gouvernement pour la vitalité de la démo- cratie, l’efficacité de l’action publique et la refondation du pacte républicain ;

– de faire émerger une nouvelle politique de proximité adaptée aux phénomènes de la délinquance ;

– d’approfondir la démocratie politique, en instaurant la IVe République pour une réforme profonde de la République, car il est plus que jamais indispensable de conforter les acteurs sociaux, de permettre aux citoyens

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d’être écoutés et actifs, et de doter les élus du peuple d’un véritable statut ;

– d’accorder le droit de vote et d’éligibilité aux Congolaises et Congolais de la diaspora aux élections présiden- tielle et législatives, ainsi y aura-t-il des députés de la diaspora et qu’aucun citoyen congolais jouissant légale- ment de ses droits civiques ne pourra être empêché de poser sa candidature, conformément au code électoral qui sera toiletté pour la circonstance, à la magistrature suprême ;

– de donner un nouveau souffle à la démocratie sociale, en repensant notamment les rapports entre les syndicats, le patronat et le gouvernement ;

– de consolider le pluralisme médiatique et d’assurer la liberté d’expression.

Sur le plan sécuritaire :

– de faire appliquer les lois de la République et les exigences de la justice sociale sur l’ensemble du territoire national ;

– de renforcer une police communale et de la doter des moyens nécessaires à sa mission ;

– de renforcer les moyens du service public de la justice pour établir un système judiciaire solide ; – de punir tous les actes délictueux et criminels.

Sur le plan des droits et libertés :

– de défendre les libertés fondamentales face à l’offensive sécuritaire, l’objectif étant de privilégier une société de prévention et de justice plutôt qu’une société d’ordre ;

– de lutter contre toutes les formes d’exclusions et de discriminations ;

– de rendre effectif l’égalité hommes-femmes dans la gestion de la chose publique et dans la représentativité politique.

Sur le plan de l’évolution des mentalités :

– de combattre de manière efficace la corruption, la finalité étant de faire prendre conscience à la masse de l’im- portance de la chose publique dans le développement d’un pays ;

– d’allier fermeté et justice, en vue des sanctions liées à tout manquement aux principes républicains ; – d’affirmer le civisme nécessaire au vivre ensemble ;

– d’incarner la responsabilité dans la gestion de l’État, en préconisant de gérer sérieusement les comptes publics ; – de permettre l’expression de la société civile ;

– de porter une vraie réforme de l’État ;

– de reconnaître la double nationalité, afin de réintégrer dans la nationalité congolaise les originaires du Congo qui l’ont perdue du fait de l’acquisition d’une autre nationalité ;

– de reconnaître aux femmes les mêmes droits que les hommes au regard du code familial et du droit coutumier, l’objectif étant de les rendre juridiquement et coutumièrement responsables dans tous les domaines de la vie quotidienne.

Sur le plan régional :

– d’œuvrer pour une Afrique centrale forte, en prenant des initiatives favorables, à court terme, à l’Union moné- taire et, à long terme, à la construction d’une Union économique ;

– de développer une diplomatie performante en vue de la paix dans la région des Grands Lacs ;

– de sécuriser, stabiliser et développer la région des Grands Lacs, la finalité étant les dialogues inter-rwandais et inter-ougandais ;

– de mettre en œuvre des instruments de régulation économique ainsi qu’environnementale au plan régional et de relancer des projets concrets ;

– de renforcer les alliances avec les pays de la SADC et ceux de la CEMAC.

Sur le plan international :

– de guider notre politique étrangère par des valeurs et l’intérêt du peuple congolais en prenant en compte les réalités géopolitiques ;

– de mener une politique cohérente et efficace en direction des institutions internationales, pour mieux renégo- cier nos dettes et s’accorder avec nos différents partenaires sur une coopération ultérieure bénéfique aux intérêts des Congolaises et Congolais.

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Congolaises, Congolais,

Chers Compatriotes, Chers Amis,

« Aller à l’idéal et comprendre le réel », enseignait le socialiste français Jean Jaurès. Une autre manière de conce- voir la politique est indispensable pour le salut de notre pays. Il faut donc de l’innovation dans la gestion du Congo du troisième millénaire. Raison pour laquelle Union du Congo s’emploie à éveiller les consciences de nos compatriotes, à faire évoluer leurs mentalités. Notre souhait, c’est de réinventer la manière de faire de la politique ; c’est également de rendre possible une alternative crédible afin de faire émerger un projet de société d’avant-garde fort, humaniste et fraternel.

Le quatrième président de la VeRépublique française, François Mitterrand, ne cessait de répéter que « la vraie responsabilité politique oblige à prendre en compte les problèmes de société tels qu’ils se posent et se transfor - ment, [qu’elle] oblige aussi à rappeler à tous que rien n’est jamais donné, qu’une vie se construit à chaque ins - tant, que l’effort est la loi ». C’est parce que nous – les hommes et les femmes de bonne volonté qui animent Union du Congo – sommes portés par un idéal de progrès, de justice sociale, d’épanouissement de la personne humaine que nous voulons apporter des réformes axées sur la défense des plus faibles, des réformes innova - trices sur le plan économique, soucieuses du bien-être du peuple congolais et initiatrices d’un monde plus juste et en paix. Alors, agissons ensemble dès maintenant pour retrouver, enfin, notre dignité longtemps bafouée.

Ainsi célébrerons-nous dans la joie, l’année prochaine, le 50èmeanniversaire de la reconnaissance internationale du Congo ; mieux, l’autonomie de notre pays. Quoi qu’il arrive, le véritable élan libérateur ne doit pas s’es- souffler et ne s’essoufflera pas. De plus, la chaîne des générations, s’agissant de la défense de grandes cau- ses congolaises, n’est pas près de se rompre.

Vive la République Démocratique du Congo ! Vive à jamais le peuple congolais autonome !

Vive les Congolaises et Congolais solidaires et unis dans leur amour pour la Patrie ! Le Bureau d’Union du Congo

Fait à Paris, le 3 juillet 2009

Union du Congo

S i t e : http://unionducongo-rdc.org – Blog : http://unionducongo.blogspot.com E - m a i l : contact@unionducongo-rdc.org ou unionducongo@gmail.com

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