DECLARATION FINALE
Nous, participants à l’Atelier provincial sur la redéfinition des stratégies d’action et rôle de la Société civile dans le contexte de démocratie post-électorale, réunis à Bukavu du 06 au 11 mai 2007, à l’initiative de la synergie CENADEP KIVU – CEDAC – RADHOSKI - RATECO.
Attentifs au programme du gouvernement de la IIIe République dans ses grandes orientations et options politiques, économiques et sociales, ses objectifs et actions retenus ;
Attentifs aux cinq chantiers prioritaires définis par le Président de la République, (les infrastructures, l’emploi, l’éducation, eau - électricité et la santé) et au fait que les cinq chantiers constituent le programme du gouvernement dans un ensemble qui s’articule autour des cinq axes qui sont : a) la consolidation de la paix et de la nation, b) la construction de l’Etat et la restauration de son autorité, c) la relance de l’économie, d) la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales, e) la restauration de la famille et des valeurs morales ;
Convaincus que l’égalité, la justice sociale et la solidarité sont des gages de la démocratie ;
Réitérant notre adhésion au principe républicain selon lequel le peuple est la seule source de légitimité et du pouvoir ;
Réitérant notre souci de voir la bonne gouvernance être effective à travers les axes essentiels que sont la restauration de l’indépendance du pouvoir judiciaire, le respect des droits et des libertés des citoyens ;
Mobilisés pour la lutte contre l’impunité, la corruption, les détournements des deniers publics, la fraude fiscale et la mégestion des entreprises publiques, l’instauration de la transparence et de l’éthique dans la gestion des affaires publiques, l’assainissement des procédures de passation des marchés publics, le partage équitable des richesses de la province ;
Convaincus que l’humanisme est la valeur fondamentale qui met l’homme au centre de l’action politique et restaure la dignité du congolais ;
Convaincus de la nécessité d’une bonne décentralisation et de l’exercice de la bonne gouvernance ;
Soucieux d’améliorer l’état des lieux du Sud-Kivu caractérisé par les éléments significatifs notables qui sont:
a) Du point de vue Politique, administrative et judiciaire
- Disfonctionnement de l’administration et logique des composantes au niveau local, problématique des territoires et collectivités (Minembwe dans Fizi, Bunyakiri et Buzi dans Kalehe)
- Disfonctionnement de l’appareil judiciaire
- Relation conflictuelle entre l’organe délibérant et l’exécutif provincial - Problématique des partis politiques (Faible capacité, faible organisation) - La manipulation et le fait de tribaliser les divergences politiques qui
handicapent notre souci de cohabitation pacifique ; b) Du point de vue Economie et finances
- Baisse de la production agricole, pastorale et de la pêche
- Tracasseries et multiplicité des taxes, taxes illégales, extorsion et faux en écriture aux frontières et à l’intérieur (fausse déclaration des marchandises et plus de 17 services aux frontières)
- Budget insuffisant pour faire face aux dépenses publiques - Détournement du denier public
- Distribution inégale/non équitable des revenus - Dollarisation de l’économie
- Exploitation illégale/illicite des ressources minières
- Dégradation/destruction de l’industrie locale (Sucrerie de Kiliba, Cotonnière, Sominki,…)
- Faible production de l’énergie électrique et de l’eau en qualité et en quantité
- Dégradation des routes - Fraude aux frontières - Blanchiment d’argent
- Des problèmes fonciers créant des paysans sans terre, une spoliation des terres et des constructions anarchiques en ville, les impôts fonciers non payés
c) Du point de vue Socio cultuelle
- Non paiement des fonctionnaires et autres agents de l’Etat et des enseignants
- Insuffisance et destruction des infrastructures sociales - Délabrement des bâtiments publics
- Conditions déplorables de scolarisation des enfants - Phénomène "enfants de la rue" et enfants issus de viol - culture des anti-valeurs, de la paresse et du gain facile - Non assistance à certains retournés, rapatries et déplacés
- Accès difficile et inégal à l’information en ville et dans les villages
- Problématique de la prise en charge de l’enseignement primaire par l’Etat
- Faible représentativité de la femme dans les instances de prise des décisions
- Analphabétisme de la population - Tribalisme pour accéder à l’emploi
- Accès difficile aux soins de santé primaires et spécialisés.
- Mendicité des vieillards, enfants, handicapés et autres indigents à Bukavu et dans les cités
- Encadrement insuffisant de la jeunesse
d) Environnement et ressources naturelles
- Pillage et exploitation illégale des ressources naturelles par les étrangers
- Destruction de l’écosystème
- Mosaïque du manioc et perturbations climatiques e) Du point de vue Défense et sécurité
- Présence des milices étrangères - Démobilisés de l’armée non encadrés
- Présence (liberté de mouvement) des insurgés et groupes armés
f) Du point de vue Relations régionales extérieures
- La communauté économique des pays des grands lacs (CEPGL)
- La Conférence internationale pour la paix dans la région des grands lacs (CIPGL)
- Tracasseries frontalières au Rwanda et en RDC à l’égard des congolais dont les cartes d’enrôlement n’ont pas été délivrées au Sud Kivu
- Mouvement migratoire non contrôlé aux frontières et instabilité socio- politique
Forts des rôles que la Société civile a joué jusqu’aujourd’hui qui ont été de: a) servir de contre-poids au pouvoir, b) canaliser les aspirations de la population, c) avoir été visionnaire, d) avoir servi de cadre de formation et de renforcement des capacités à travers ses membres ;
Mus par la nécessité de matérialiser le programme du gouvernement par a) la réhabilitation des routes de desserte agricole, de l’aéroport de Kavumu et du port de Kalundu et de Bukavu, b) la réhabilitation du réseau électrique et hydraulique en bonne qualité et par sa fourniture régulière, c) l’accès aux soins de santé, d) la prise en charge de l’éducation et e) la création des emplois rémunérés.
Ayant constaté les faiblesses de la Société civile qui se caractérisent par : a) la crise de leadership découlant du rôle de relais des attentes de la population, b) la tendance à la manipulation politicienne, c) le fait d’être la caisse de résonance des politiciens, d) le faible impact à la base vis-à-vis du rôle de formateur de nos populations, e) la récupération négative politicienne des actions de la Société civile, fruit de son rôle de visionnaire, f) l’insuffisance dans le système d’alerte rapide;
RECOMMANDONS
1. La décentralisation du pouvoir du bureau de coordination de la Société civile du Sud-Kivu à l’avantage des coordinations thématiques (les composantes) afin de les professionnaliser ;
2. De travailler en synergie et d’améliorer la communication avec les noyaux territoriaux ;
3. De consolider les acquis de la paix et de la convivialité au Sud-Kivu ;
4. La convocation par l’autorité provinciale, d’une conférence sur la reconstruction du Sud-Kivu ;
DECIDONS
1. De continuer à jouer notre rôle de contre poids au pouvoir;
2. De continuer à jouer le rôle de porte-parole des sans voix en cas de dérapage des élus et à faire le monitoring des actions politiques en fonction des programmes arrêtés et à la lumière des textes légaux ;
3. De collaborer avec les institutions démocratiques à travers des contacts sur des questions d’actualités en nous appuyant sur le cahier de charge ;
Les participants
