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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le vendredi 10 octobre 2014

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Moyen Orient Moyen Orient Moyen Orient Moyen Orient

Les étranges histoires de l’étrange lucarne Les étranges histoires de l’étrange lucarneLes étranges histoires de l’étrange lucarne

Les étranges histoires de l’étrange lucarne ………… page page page page 1111 Afrique

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L’Observatoire panafricain L’Observatoire panafricain

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Moyen Orient Moyen Orient Moyen Orient Moyen Orient

Les étranges histoires de l’étrange lucarne

Par Guy De Boeck

J’avoue être rêveur devant l’étrange manière dont la télévision belge « couvre » - c’est peut-être en effet le mot qui convient – les événements du Moyen Orient. Récapitulons !

1° tableau : « Assad – le –Tyran contre les Combattants de la Liberté »

Au début de l’affaire syrienne, il y avait dans l’info à laquelle nous avions droit un scénario qui donnait une impression de « déjà vu ». Un tyran abominable (Un méchant, qu’on vous dit, mais alors un abominable, vraiment très, très méchant…) opprimait son peuple, se fichait complètement des droits de l’homme et même de la vie de ses sujets. Les contestataires se faisaient massacrer par tous le moyens à sa disposition. Bref, « il était en train de massacrer son propre peuple ». Le téléspectateur avait ainsi l’occasion de reconnaître le texte déjà utilisé à propos de Kadhafi et de deviner quel était le sort promis à Bachar el Assad.

Mais heureusement – toujours comme en Libye – l’on pouvait compter sur l’arrivée de Zorro ou de la fameuse cavalerie qui arrive toujours à temps. Les Combattants de la Liberté – dénomination assez vague qui désigne ceux des gars brandissant des fusils à l’écran le téléspectateur doit applaudir – allaient régler son compte au tyran. Vite fait. Et avec les applaudissements de tous les bons démocrates défenseurs des droits de l’homme.

2° tableau : « Nos gamins chez les Terroristes !!! »

Après quelques semaines de JT avec force explosions et massacres accompagnés de commentaires accusateurs à charge de « l’affreux tyran », éclata le bombe médiatique n° 2. Il y avait des Belges qui combattaient en Syrie… Et de jeunes Belges. Encore un peu, et l’on parlerait d’enfants-soldats ! A noter, toutefois, qu’ils combattaient du côté des « Combattants de la Liberté » et non, Dieu merci, du côté du grand méchant dictateur. Ouf !

Stop !

Vous n’avez rien compris, demeuréss que vous êtes. L’information, c’est comme les mollets : pour que ce soit sain, il faut que cela soit souple. Allez, on vous explique, pour ne pas vous laisser mourir idiots.

Nos malheureux enfants, ces chers petits, ne sont pas devenus de fiers Combattants de la Liberté, ils ont été recrutés par une Organisation Terroriste proche d’Al-Qaida. Tout cela passe par les organisations qui font en Belgique du prosélytisme musulman fondamentaliste et

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abusent de la naïveté d’adolescents sincères et déboussolés (Ah ! La crise, c’est dur pour tout le monde, ma bonne dame !)

3° tableau « Rêver un impossible rêve… »

Eh bien, oui ! Je l’avoue : à ce moment là, je me suis pris à rêver. Bien entendu, c’était absurde, irréaliste, incohérent… impossible, en un mot, comme le rêve de Don Quichotte.

J’ai rêvé, donc, que je voyais apparaître sur l’écran une brochette de directeurs de chaînes TV en compagnie d’un quarteron de patrons de presse et de rédac’chefs de divers médias. Ils portaient le cilice du repentir, avaient couvert leurs têtes des cendres de la contrition et versaient des larmes de regret en se frappant la poitrine.

« Cher public, disaient-ils en sanglotant, nous vous demandons pardon. Depuis des mois, nous vous avons prêché la Croisade – enfin, plutôt la Guerre Sainte, le Djihad - , contre le régime syrien, sans en examiner les conséquences . Avec nos yeux sans cesse braqués sur l’audimat et notre esprit encombré du rendement des espaces publicitaires, nous avons perdu de vue que dans notre public, il y avait aussi des jeunes d’un peu moins de 20 ans, l’âge de tous les idéalismes et de tous les courages. Nous avons perdu de vue que notre société ne leur offre aucune perspective exaltante pour leur avenir. Nous avons perdu de vue qu’un homme ou une femme qui désespère du temps présent se réfugie volontiers dans l’éternité, dans la religion. Nous avons oublié le zèle du néophyte, si courant chez les nouveaux convertis et qui peut les conduire à désirer le martyre. Alors que nous matraquions notre public à tour de bras en faveur de la Guerre Sainte, nous ne nous sommes pas rappelé qu’autrefois des jeunes sont partis marcher sous d’autres drapeaux dans d’autres guerres étrangères, au nom d’idéaux vrais ou faux. Comment connaîtraient-ils la différence, désinformés comme ils le sont par nos soins ?

« Cher public, pardonnez-nous car nous ne savions pas ce que nous faisions ! Nous avons tout fait pour qu’ils partent, mais nous nous en repentons… »

C’est alors que mon réveil a sonné Dommage ! Cela devenait vachement intéressant.

4° tableau « Croisade contre l’intégrisme »

Ne soyez donc pas inquiets... Ce n’était qu’un rêve, et le monde a continué à tourner comme devant. Non seulement « ils » (« Ils » : le directeurs de chaînes TV, patrons de presse et rédac’chefs de divers médias) ne se sont pas excusés, mais « ils » ont fait mieux.

« Ils » ont pris un virage sur l’aile avec tant d’élégance, tant de souplesse, tant d’habileté dans le non-dit et tant de subtilité dans la suggestion qu’ils ont presque réussi à dissimuler qu’en fort peu de temps, ils ont changé de camp ! Il est vrai que la plupart des

« chers téléspectateurs » ingurgitent le JT en même temps que la soupe, que les images de canonnade dans le désert ou de blessures plus ou moins horribles se ressemblent toutes. Il est donc probable que bien des « chers téléspectateurs » ont l’impression que depuis le début des

« événements de Syrie », on leur montre la même chose et que c’est la même histoire qui continue. C’est d’ailleurs la même pour les Syriens, mais on souligne fort peu qu’entre le 1° et le 4° tableau, les anges et les démons ont échangé leurs places.

La raison – au moins la plus apparente, car la politique peut fort bien être à triple ou quadruple fond – semble être qu’au conglomérat de chefs de bandes assez informe qualifiés au départ de « Combattants de la Liberté » ou d’« Opposition syrienne armée », qui se référait à « la démocratie » sans trop préciser ce qu’elle entendait par là, s’est substitué au fil des combats l’Etat Islamique (EI), une organisation armée djihadiste venue d’Irak, qui a proclamé le 29 juin 2014 le rétablissement du califat sur les territoires irakiens et syriens qu'elle

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contrôle et qui, comme son vocabulaire l’indique1, est d’un fondamentalisme beaucoup plus dur.

Cette « nouvelle donne » a conféré, aux yeux de l’Occident américano-otanien, des couleurs presque sympathiques à Assad-le-Tyran. Sans le dire, l’Occident a revu ses alliances, les renversant à 180° ! La chose a filtré, mais à peine, dans les infos de la RTBF où un soir et une seule fois, le commentaire, qui concernait les frappes des Etats-Unis, a fait état d’informations échangées « entre les Etats-Unis et le gouvernement syrien ». Or, le gouvernement syrien, c’est toujours Bachar el-Assad.

En principe, en démocratie, quand on retourne sa veste, surtout dans une guerre, on fournit quelques explications, non ?

Nous n’en avons pas eu une seule. Hier, Assad était « évidemment » un dictateur adversaire acharné de la démocratie. Aujourd’hui, l’EI est « évidemment » une organisation terroriste. Point.

1 Le mot « califat » est une référence importante. Contrairement au mot « sultan » qui appartient au domaine purement politique, le calife exerce un pouvoir à la fois politique et religieux, d’où le titre de « Commandeur des Croyants » que nous connaissons surtout par les « contes des 1001 nuits ».

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Afrique Afrique Afrique Afrique

L’Observatoire panafricain des droits culturels en chantier

Par Jean- Pierre Nkutu2

Le dessinateur et coordonnateur national du programme Artwatch Africa/ RDC, Jason Kibiswa était face aux médias le lundi 29 septembre 2014 à la Halle de la Gombe. Au menu : la restitution de l’atelier organisé à Kinshasa par Artwatch Africa le mois passé ( 22 au 24 septembre 2014) à l’intention d’une vingtaine d’artistes kinois. Kash Tembo, Hallain Paluku… présents à cet atelier ont complété Kibiswa.

En sa qualité de numéro un du Collectif Lamuka, le dessinateur cité ci-haut a également retracé à l’intention des médias l’historique et les raisons qui l’ont poussé lui et ses collègues à créer cette asbl.

Artwatch Africa est un programme issu du réseau panafricain dénommé Arterial Network. Il a vu le jour au Sénégal en 2007 et rassemble un grand nombre d’organisations artistiques, d’activistes culturels et d’artistes engagés dans le secteur culturel. Arterial Network présent jusqu’ici dans 15 pays africains a été mis sur pied pour susciter l’éclosion de nouveaux marchés et circuits de distribution des biens et services culturels africains. Et permettre aux artistes africains d’exposer leurs créations et de générer des revenus grâce à leurs productions. Le projet Artwatch Africa est conçu à la manière de l’Observatoire panafricain des droits culturels et artistiques. Cet observatoire va collaborer avec des structures déjà existantes au niveau des pays. Il sera une banque de données censée recueillir des informations liées aux violations des droits des artistes africains dans leurs pays respectifs. Diana Ranarohetra, numéro un panafricain d’Africawatch, assistée de Mabelle Nforchu, venue du Cameroun, a présidé cet atelier axé sur la problématique des droits culturels. Echanger sur ce problème des droits culturels et amener les participants à s’approprier cette question a été l’objectif principal de cette rencontre qui est la suite logique d’une rencontre analogue qui s’est tenue à Zanzibar. Les échanges ont été centrés surtout sur

2 Article repris au quotidien kinois Le Phare.

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les concepts des droits culturels et artistiques. Et ceci en référence aux conventions, traités nationaux et internationaux.

On est au début d’une très belle longue aventure, a indiqué Kibiswa. Les participants ont convenu de créer un cadre permanent de concertation.

Kash Tembo a dit plus loin que pendant des lustres, il a travaillé dans des associations.

Cela n’est pas une mauvaise chose, mais l’artiste doit aussi apprendre à évoluer en solo. La participation à l’atelier d’Africawatch est une bonne chose car il permet à l’artiste de savoir s’y prendre pour revendiquer ses droits. Ceci dans la mesure où en RDC les pouvoirs publics n’accompagnent pas souvent les artistes dans la résolution de leurs problèmes. En outre, la RDC est le pays africain à posséder le taux le plus élevé en ce qui concerne les créateurs des œuvres de l’esprit. Hallain Paluku a dit avoir eu une expérience intéressante en prenant part à cet atelier.

Cela lui a permis de parfaire ses connaissances sur le concept de propriété

intellectuelle. Les artistes devraient quitter l’informel et formaliser leur manière de travailler, a-t-il ajouté

Parlant du Collectif Lamuka qui va s’intéresser beaucoup plus aux arts visuels, Kibiswa a révélé que la mise sur pied de cette organisation est la résultante du constat selon lequel la jeunesse ne se prend pas très au sérieux.

« Lamuka » qui signifie aussi telema, sala, «lèves-toi et travailles » est une sorte d’interpellation à l’intention de la jeunesse qui représente plus de 50% de la population congolaise.

« Lamuka » compte organiser des animations dans les écoles, faire des expositions, promouvoir l’art congolais au niveau national et africain….

La « compagnie des conteurs et griots

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Rwanda

Controverse à propos d’un documentaire de la BBC

La BBC défend fermement son documentaire contre toute accusation de négationnisme.

Par Guy De Boeck

La chaîne britannique BBC a diffusé le 1er octobre 2014 un programme intitulé Rwanda’s untold story, L’histoire du Rwanda jamais contée, impliquant le président Paul Kagame dans une série de crimes : attentat contre l'avion du président Habyarimana en 1994, massacres au Congo et assassinats politiques de dissidents. Un documentaire critiqué par l'association de rescapés Ibuka, mais salué par plusieurs partis d'opposition et organisations de la société civile en exil. Les détracteurs du régime rwandais estiment que ce film permet l'ouverture d'un dialogue sur l'histoire du Rwanda.

« La communauté rwandaise en Angleterre, représentée dans ses différentes composantes, partis politiques, associations de rescapés, militants des droits de l'homme, remercie la BBC pour avoir ouvert le débat sur ce qui s'est passé durant le génocide et dans les vingt ans qui ont suivi.» C'est ce qu'on peut lire sur le site de l'organisation Global Campaign for Rwandan Human Rights (GCRHR), dirigé par le militant René Mugenzi, l'un des trois Rwandais en exil qui, en 2011, a reçu la visite de Scotland Yard. La célèbre police londonienne lui avait annoncé, et l'avait confirmé par écrit, que sa vie et celles de deux autres militants rwandais étaient menacés par leur gouvernement. Ces accusations avaient été démenties par l'ambassadeur du Rwanda en Grande-Bretagne. A l'époque, Londres était resté silencieux.

Il ne faut surtout pas hausser les épaules, en pensant « Avec quoi viennent-ils, ceux- là ? Tout le monde sait cela ! ». L’opinion publique des pays anglo-saxons est beaucoup moins bien informée sur ces questions qu’on ne l’est en pays francophone. Il y a à cela de multiples raisons. La Grande-Bretagne a agrandi son « Commonwealth » avec l’adhésion du Rwanda. Elle serait bien marrie si le nouveau membre devait s’avérer une brebis galeuse. Aux USA, Kagame est toujours « our kind of guy » et, même si son blason a tendance à se ternir, les liens privilégiés de son pays avec celui de l’Oncle Sam n’ont jamais été fondamentalement remis en cause. Les opposants rwandais sont, dans ce monde-là des isolés qui crient dans le désert. Ils le sont surtout par comparaison avec les usagers de la langue française, parce que le

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pays où Kagame a fait le plus de victimes, la RDC, est francophone, que depuis la guerre civile rwandaise de 90/94, le torchon brûle entre Paris et Kigali qui se lancent mutuellement des accusations, tous faits qui assurent au Rwanda une certaine place dans les médias francophones, et surtout laissent place à la discussion ou même à la polémique.

Les accusations d'assassinats politiques

Après la diffusion du 1er octobre, plusieurs partis d'oppositions et organisations de la société civile, parmi lesquels l'organisation de René Mugenzi, ont décidé à l'image d'Ibuka d'écrire à la chaîne britannique.

Parmi les signataires de cette lettre ouverte, le Congrès national du Rwanda (RNC) de Patrick Karegeya, l'ancien chef des renseignements rwandais retrouvé assassiné dans un hôtel en Afrique du Sud le 1er janvier dernier. Cet assassinat d'une des figures de l'opposition en exil avait suscité la préoccupation d'abord des Etats-Unis, puis de la Grande-Bretagne et d'organisations des droits de l'homme qui y ont vu une possible motivation politique.

Le général Kayumba Nyamwasa, une autre figure de ce parti - le RNC - accusé par le Rwanda d'être une organisation, est l'un des personnages du documentaire. Il a été condamné par Kigali à vingt-quatre ans de prison pour « troubles à l’ordre public, atteinte à la sécurité de l’Etat, injures et diffamation, sectarisme et association de malfaiteurs ».

Lui-même a été victime de trois tentatives d'assassinat en Afrique du Sud. Trois Rwandais et un Tanzanien ont été condamné pour l'une de ces tentatives, celle de 2010, qualifié par la cour de crime politique, d'un complot d'un groupe émanant du Rwanda.

En mars 2014, la dernière tentative a entraîné l'expulsion par Pretoria de quatre diplomates, trois Rwandais et Burundais. Le ministre des Affaires étrangères du Rwanda a accusé l'Afrique du Sud d'abriter des terroristes responsables d'attaques à la grenade contre les civils dans le pays.

L'attentat contre l'avion d'Habyarimana

Dans le documentaire de la BBC, comme il y a un an sur les antennes de RFI, Kayumba Nyamwasa accuse Paul Kagame, à l'époque chef rebelle, d'avoir abattu l'avion du président Habyarimana le 6 avril 1994. Pour seule preuve, l'ancien chef des renseignements militaires de la rébellion FPR dit qu'il était en position de savoir.

« L'enquête du juge français Marc Trévidic n'est même pas mentionnée dans ce documentaire », s'énerve un officiel rwandais sur Twitter. Le magistrat français avait ordonné une expertise balistique qui, sans exclure la piste du Front patriotique rwandais (FPR), place le point d'origine des missiles dans les environs du camp de la garde présidentielle. Ce qui a relancé la thèse d'extrémistes hutus. Depuis 2012, l'Etat rwandais, partie civile, tente d'obtenir un non-lieu dans cette affaire.

Le prédécesseur du juge Marc Trévidic, Jean-Louis Bruguière, avait lancé des mandats d'arrêt contre neuf proches de Paul Kagame, dont le général Kayumba Nyamwasa. Cet ancien proche du chef de l'Etat rwandais a récemment envoyé une lettre à la justice française demandant son audition. Pretoria, jusque-là sourd aux demandes de la justice française, avait finalement dit en septembre dernier « examiner la requête du juge français d'entendre Kayumba Nyamwasa » sur le sol sud-africain.

Les massacres au Congo

Parmi les autres signataires de cette lettre des détracteurs du régime rwandais à la BBC, figurent les Forces démocratiques unifiées (FDU) de Victoire Ingabire, l'opposante

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emprisonnée au Rwanda suite à une condamnation pour négationnisme et conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre. La présidente des FDU dénonçait entre autres les massacres de Hutus imputés à l'Armée patriotique rwandaise (APR) du président Paul Kagame.

Victoire Ingabire fait aussi partie des personnages de ce documentaire de la BBC qui insiste sur les massacres survenus au Congo, à travers le témoignage d'une femme, une rescapée de ces tueries. Ces massacres ont été documentés depuis de nombreuses années, notamment par l'ONU. Rwanda, l'histoire passée sous silence a été diffusé le jour anniversaire, le 1er octobre, de la publication du rapport Mapping, une enquête réalisée par le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme et publiée en 2010. L'OHCHR, basée à Genève, demandait des poursuites pour mettre fin à l'impunité. Quatre ans après, il n'y a aucune poursuite, ni pour les crimes imputés à l'armée rwandaise, ni pour ceux des autres armées ou groupes armés congolais ou étrangers.

Ce qui gêne un militant des droits de l'homme rwandais aujourd'hui en exil, c'est que le général Kayumba Nyamwasa ait sous-entendu que ces massacres aient été des initiatives individuelles, des actes de vengeance isolés. « C'est bien d'avoir reconnu que des crimes étaient commis, mais il ment. Le nombre de morts, la nature des massacres, le fait d'avoir cherché à dissimuler les corps montre que c'était plus que ça », assure-t-il, insistant sur la nécessité pour les anciens du régime de dire toute la vérité.

Le TPIR ferme ses portes

Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) fermera ses portes en décembre prochain sans avoir instruit aucun des crimes de guerre ou violations des droits de l'homme dont est soupçonné le FPR de Paul Kagame, notamment l'attentat contre l'avion du président Habyarimana.

C'est sur cette piste que travaillait le TPIR, selon l'un des anciens responsables des enquêtes de ce tribunal interrogé de ce documentaire de la BBC. Notamment, sur la foi du témoignage d'un autre ancien proche de Paul Kagame, lui aussi condamné au Rwanda, l'ancien ambassadeur à Washington Théogène Rudasingwa, aujourd'hui coordinateur du RNC, la journaliste Jane Corbin accuse les Etats-Unis d'avoir protégé le chef de l'Etat rwandais.

« C'est une manipulation politique », crient les proches du régime sur Twitter. Et pourtant, cette version des faits est confirmée par Carla Del Ponte. L'ancienne procureure du TPIR raconte comment elle a été écartée par l'ONU et les Etats-Unis - rongés par la culpabilité de ne pas être intervenu en 1994 pour empêcher le génocide - et n'a pas pu poursuivre les enquêtes concernant les crimes de guerre dont est soupçonné le FPR. Ce témoignage avait été projeté au Sénat français en avril dernier lors d'un colloque qualifié par la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, de négationniste.

Les réactions à Kigali

La lettre des détracteurs de Paul Kagame répondait à une autre lettre, celle d'Ibuka qui regroupe des associations de rescapés. Cette organisation proche du gouvernement accuse la BBC d'avoir fait un documentaire révisionniste et de ne pas avoir donné la parole aux rescapés.

Révisionniste pour avoir laissé deux chercheurs américains affirmer que durant le génocide, 200 000 Tutsis seulement et 800 000 Hutus sont morts. Le génocide de 1994 a fait un million de morts selon Kigali, 800 000 parmi les Tutsis et les Hutus modérés selon les Nations unies. Les Américains Christian Davenport et Allan C. Stam disent avoir enquêté au Rwanda et avoir tiré ces chiffres d'après des calculs statistiques. Ils affirment également que

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les massacres étaient globalement terminés dans la plupart des régions du pays avant l'arrivée de la rébellion de Paul Kagame.

Sur le site Open Democracy, Andrew Wallis, auteur d'un livre intitulé Silence complice : l'histoire passée sous silence de la France dans le génocide rwandais, accuse la BBC d'avoir choisi deux chercheurs peu crédibles et d'avoir ignoré les travaux d'autres plus connus comme Alison Des Forges de Human Rights Watch (HRW) ou le français Gérard Prunier. Pour ce qui est des autres points abordés par le documentaire, l'auteur de cet article estime simplement que la BBC n'a fait parler que des détracteurs de longue date du président Kagame.

L'ambassadeur du Rwanda en Grande-Bretagne a parlé sur les ondes de la BBC d'un documentaire « biaisé ». D'autres officiels rwandais insistent, eux aussi, sur Twitter sur le fait que seuls des opposants sont interrogés. La journaliste de la BBC, Jane Corbin, dit dans son commentaire avoir sollicité, en vain, des réactions de toutes les personnes mises en cause par ce documentaire et notamment le président rwandais Paul Kagame et l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair accusé de le défendre malgré des violations des droits de l'homme documentées.

La BBC mise en cause

La BBC réfute que son documentaire soit négationniste. Selon l'un de ses porte-parole, la chaîne britannique a reçu la lettre d'Ibuka et y répondra en temps voulu. « Tout le long du documentaire, les auteurs disent que toute personne qui remet en cause l'histoire officielle est accusée d'être négationniste », s'amuse le militant rwandais des droits de l'homme en exil.

Dans un message adressé à la radio pro-gouvernementale Contact FM, la BBC a souligné les multiples références dans son documentaire au génocide de 1994 et rappelé que le directeur du mémorial du génocide de Murambi, un rescapé, était interviewé. « Le film examine des preuves de chercheurs respectés et fait état de témoignages qui mettent en question l'histoire communément acceptée sur ce qui s'est passé avant et après 1994 et en particulier le rôle du FPR et de Paul Kagame », a expliqué l'une des porte-paroles de la chaîne britannique à la radio rwandaise ajoutant que pour la BBC, ce documentaire est une

« contribution précieuse à l'histoire tragique de ce pays, de la région et de la gestion des affaires politiques au Rwanda ces 20 dernières années ».

« C'est quand même un film événement pour une chaîne de télévision qui n'avait que très peu abordé ce genre de sujets auparavant », explique, quant à lui, le spécialiste du Rwanda, André Guichaoua. Cette année, la BBC avait tout de même diffusé, en mars 2014, un reportage deGabriel Gatehouse dans son programme Newsnight, qui, lui aussi, avait fait parlé de lui. Il revenait sur l'assassinat de l'opposant rwandais Patrick Karegeya et les tentatives d'assassinat contre son compatriote, Kayumba Nyamwasa.

A la sortie en avril dernier du documentaire de la BBC, Un homme bon au Rwanda, évoquant la vie et l'action du capitaine sénégalais Mbaye Diagne, le professeur André Guichaoua s'était insurgé : « Les auteurs de ce documentaire avaient explicitement choisi de ne pas mentionner le communiqué de la Minuar attribuant au FPR la mort du casque bleu », a-t-il déclaré, dénonçant une réécriture de l'histoire. Le capitaine Diagne avait été tué alors qu'il se trouvait sur un poste de contrôle des FAR, les Forces armées rwandaises de 1994.

Dans un échange d'emails avec le chercheur français, Mark Doyle, l'auteur d'Un homme bon au Rwanda, s'était défendu en affirmant que ce n'était pas délibéré, qu'il avait préféré se concentrer sur la bravoure du casque bleu. Lors des dernières commémorations, l'ONU avait décidé de faire de Mbaye Diagne, un héros des Nations unies sur initiative de l'actuel gouvernement rwandais.

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L'épouse du casque bleu sénégalais, Yacine Mar Diop, avait récemment dénoncé sur RFI le fait que l'ONU ne l'avait pas assisté au cours des vingt dernières années. Elle était présente à Kigali lors des dernières commémorations du génocide. « La BBC semble avoir voulu rééquilibrer son approche, commente encore André Guichaoua, mais n'a pas forcément échappé à d'autres approximations ou contre-vérités, surtout en ce qui concerne le bilan du génocide. »

Voilà exactement le fond de la question : la BBC a voulu rééquilibrer un débat dans lequel, jusque là, le régime Kagame avait un avantage prépondérant. Et ce rééquilibrage fait d’autant moins plaisir à Kagame et consorts que non seulement la BBC a un important public dans le Royaume Uni, mais qu’elle est réputée pour la qualité de sa production documentaire, qui est fréquemment récompensée lors des festivals et largement diffusée en version doublée ou sous-titrée, même dans les pays autres qu’anglophone.

On comprend donc aisément que ledit documentaire n’ait pas fait plaisir à Kagame.

Mais est-ce là une raison pour traiter les gens de « négationnistes ».

Dérapage sémantique

Tout le problème est que des termes comme « génocidaire » ou « négationniste » n’ont plus, au Rwanda, le sens de « personne qui a commis, prôné ou approuvé des actes de génocide » et de « personne qui nie que les tueries considérées comme un génocide aient eu lieu », mais « toute personne qui remet en cause l'histoire officielle ».

Ce qui est recherché par le pouvoir rwandais, c’est la stigmatisation comme génocidaire ou négationniste de toute personne qui émet des critiques à l’égard, non seulement de la version officielle du « génocide », mais aussi de ce qu’en langage académique on appellerait certaines « thèses annexes ».

Exemples :

On ne peut réellement parler de négationnisme que lorsque l’on prétend que les massacres n’ont pas eu lieu, que, suivant la formule célèbre de Faurisson « A Auschwitz, on n’a gazé que les poux ». Il n’y a aucune raison de considérer comme négationnisme des questionnements ou enquêtes sur des questions comme :

- les conditions exigibles pour qu’il y ait génocide3, c'est-à-dire « homicide collectif volontaire avec préméditation visant à faire disparaître un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel » sont-elles réunies ?

- y a-t-il eu UN génocide planifié pour l’ensemble du pays ? Ou y en aurait-il plusieurs ? Et dans ce dernier cas, sont-ils l’œuvre de groupes différents, voire antagonistes ?

- comment justifier l’appellation « génocide des Tutsi », quand on a successivement parlé de massacre d’un million de Tutsi (ce qui aurait signifié une extermination à plus de 100%), de massacre de 800.000 Tutsi et Hutu « modérés » et enfin, plus récemment, de 200.000 Tutsi et 800.000 Hutu, ce qui aurait eu pour effet de nommer « génocide des Tutsi » un massacre où les Tutsi auraient été minoritaires ?

3La sérénité devrait être toujours de rigueur quand on parle de génocide, car il s’agit de la définition d’un crime.

C’est donc un mot qui implique condamnation et punition. De ce fait, il doit toujours être employé dans un sens précis, avec une définition dont on ne saurait s’écarter si peu que ce soit. (Ceci bien entendu lorsqu’on entend donner au mot son sens propre. Dans le langage courant, de tels mots sont souvent utilisés dans un sens figuré et élargi, comme lorsqu’on traite un chauffard, responsable d’un accident mortel d’assassin. On n’entend nullement dire par là qu’il a tué volontairement et avec préméditation !)

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Tous ces questionnements, parfaitement légitimes pour qui essaye tout simplement de reconstituer les faits sont, pour Kigali, du « négationnisme ».

Cela devient encore plus absurde quand on en vient aux « thèses annexes ». Car ce serait aussi « génocidaire » et « négationniste » de constater que :

- l’avion d’Habyarimana A PU être abattu par le FPR. Pour aller plus loin, il faudrait une enquête qui est interdite par… les autorité de Kigali.

- indéniablement, des opposants rwandais ont été assassinés.

- le FPR peut être à bon droit SOUPÇONNE de certaines atrocités. Pour aller plus loin, il faudrait une enquête qui est interdite par… les autorité de Kigali.

- un rapport de l’ONU établit que des massacres ont été perpétrées par l’armée rwandaise en RDC, dont l’ampleur dépasse celle du « génocide ».

Et ce ne sont là que des exemples.

Le Président rwandais Paul Kagame

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Poésie Poésie Poésie Poésie

Un homme ordinaire…

A la maison, il a deux TV, un PC, Sono, congélateur, et machine à laver,

Brosse à dents (électrique) et aussi un mixeur, Console de jeu, magnéto et un aspirateur.

Il n’a pas honte, il est un homme très ordinaire…

Il est pur, innocent, il est né comme ça.

Il est né comme ça parce qu’il est né ici

Et qu’un homme ordinaire fait comme on fait ici…

Né ici. Ici, on naît dans la sécurité,

Ici, on mange. Ici, on peut même s’empiffrer, Faire le difficile, et on peut même se plaindre…

Ça ne servira à rien, donc pourquoi se retreindre ? Il peut se plaindre du temps, de la soirée TV, De l’odeur que répand la poissonnerie d’à côté, Du menu du jour servi au mess de l’entreprise

(Oubliez le mot « cantine », car il n’est plus de mise !

Les repas viennent, maintenant, d’une société de « cattering ») Du bruit, du manque de crèches, du manque de parking, Evidemment, du coût exagéré de la vie

Des heures si peu pratiques où ferme la pharmacie…

S’il ne lui suffit pas de pousser sa complainte Il pourra même aller jusqu’à déposer plainte : Harcèlement au travail (sexuel, ça fait mieux…), Trouble de sa propriété,… (Attention, c’est sérieux !) Agression sonore… par les jeunes et les voisins, Pour les aéroports… les ministres en ont besoin…

Le soir, loisirs : il peut apprendre la musique, Faire du cheval, du théâtre, ou de l’aérobic, Collectionner monnaies, papillons, éphémères…

Tourner de la poterie, ou lire, ou ne rien faire…

Il y a tant de façons de rester cultivé…

C’est un homme informé ! Il aime la TV.

Il lui faut 35 chaînes, car il zappe tout le temps Et regarde bien sûr deux chaînes en même temps, Chate sur son Pentium 4, avec de belles nénettes.

Par SMS sexy, il drague comme une bête…

Et aime se rincer l’œil en reluquant l’Internet A son anniversaire, il a eu plein de gadgets Il a bu comme un trou… Il est tombé bourré, S’est réveillé malade, forcé de constater

Que, pendant qu’il cuvait sa bière et son bordeaux, Son pitbull a bouffé les câbles du Nintendo…

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RDCongo RDCongo RDCongo RDCongo

Makalamizdat

« Oui, mais quelle espèce de science ? demanda sarcastiquement Mustapha Menier. Vous n’avez pas reçu de culture scientifique. de sorte que vous ne pouvez en juger. Moi, j’étais assez bon physicien, de mon temps. Trop bon. suffisamment bon pour me rendre compte que toute notre science est tout simplement un livre de cuisine, avec une orthodoxie de l’art culinaire que personnc n’a le droit dc mettre en doute. et une liste de recettes auxquelles il ne faut rien ajouter, sauf par permission spéciale du premicr Chef. C’est moi le premier Chef, à présent. Mais il fut un temps où j’étais un jeune marmiton plein de curiosité. Je me mis à faire un peu de cuisine à ma manière. De la cuisine hétérodoxe, de la cuisine illicite. Un peu de science véritable, en somme. Il se tut.

Qu’arriva-t-il ? demanda Helmholtz Watson.

L’Administrateur soupira.

A peu de chose près ce qui va vous arriver, à vous autres jeunes gens. J’ai été sur le point d’être envoyé dans une île.

Ces paroles galvanisèrent Bernard, chez qui elles suscitèrent une activité violente et déplacée.

M’envoyer dans une île, moi? Il se mit debout d’un bond, traversa la pièce en courant, et se campa en gesticulant devant l’Administrateur. Vous ne pouvez pas m’y envoyer, moi. Je n’ai rien fait. Ce sont les autres. Je jure que ce sont les autres. Il désigua d’un doigt accusateur Helmholtz et le Sauvage. Oh! je vous en prie, ne m’envoyez pas en Islande. Je promets de faire ce que j’ai à faire. Accordez-moi encore une chance dc réussir. Je vous en prie, donnez moi encorc une chance, Les larmes commencèrent à couler. C’est leur faute, je vous le dis, sanglota-t-il, Et pas en Islande. Oh ! je vous en prie, Votre Forderie, je vous en prie... Et dans un paroxysme de basse humilité, il se jeta à genoux devant l’Administrateur. Mustapha Menier tenta de le faire relever; mas Bernard persista dans son agenonillement, le flot de paroles se déversa inépuisablement. En fin de compte, l’Administrateur fut obligé de sonner pour appeler son quatièrne secrétaire.

………

On dirait qu’on va l’égorger, dit l’Administrateur, comme la porte se refermait. Tandis que, s’il avait le moindre bon sens, ii comprendrait que sa punition est en réalité une récompense. on l’envoie dans une île. C’est- à-dire qu’on l’envoie dans un lieu oû il frayera avec la société la plus intéressante d’hommes et de femmes se puisse trouver nulle part au monde. Tous les gens qui, pour une raison ou une autre, ont trop individuellement pris conscience de leur moi pour pouvoir s’adapter à la vie en commun, tous les gens que ne satisfait pas l’orthodoxie, qui ont des idées indépendantes bien à eux, tous ceux, en un mot, qui sont quelqu’un, C’est tout juste si je ne vous envie pas, Mr. Watson » (Aldous HUXLEY Brave new world

Au temps où l’on parlait beaucoup des « dissidents » soviétiques, le mot « samizdat » était très à la mode. Ce néologisme russe voulait dire « édité tout seul », bien entendu dans des conditions plus ou moins clandestines. Ayant l’intention de publier des textes venus des prisons, en particulier du célèbre CPRK de Makala, il nous a semblé que le nom de

« Makalizdat » (soit « édité à Makala »), bien qu’issu d’un étrange métissage slavo-bantou, conviendrait tout à fait pour désigner cette rubrique.

Et, si cette rubrique s’ouvre sur une citation d’un ouvrage de science-fiction qui ne date pas d’hier, ce n’est pas non plus l’effet du hasard. C’est pour rappeler une vérité maintes fois constatée. Dans un régime totalitaire imposant une « pensée unique », les prisons deviennent naturellement les derniers refuges de la liberté de penser. Puisque l’on enferme en un même lieu tous les gens que ne satisfait pas l’orthodoxie, qui ont des idées indépendantes bien à eux, tous ceux, en un mot, qui sont quelqu’un, cette situation ne peut manquer faire de

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la prison un lieu extrêmement intéressant à fréquenter, très instructif, en quelque sorte une Université d’un nouveau genre.

L' «Université de Makala » ? Pourquoi ? Parce que Makala est devenu un haut-lieu de résistance à l'arbitraire ! Parce qu'on y découvre une grande concentration d'esprits forts, courageux et déterminés ! Parce que s'y retrouvent, tôt ou tard, tous ceux qui résistent à l'arbitraire et s'opposent à la dictature des sorciers, des « services » et des crapuleux ! Parce que ces résistants sont aussi des citoyens qui réfléchissent à l'avenir du pays ! Et, sans doute aussi, parce que Makala est un des seuls lieux publics de la République du Lotoko où on puisse encore penser librement sans courir le risque d'être embastillé !

Cela recoupe la réflexion et la démarche d’un ami, qui a ”, en cours de rédaction un ouvrage de “fiction dont le titre est : « Sorciers, “services” et crapuleux ». Cet ouvrage en gestation, dont tu as peut-être déjà entendu parler, raconte les tribulations de Mopoie et de Bangazegino4 à l'Université de Makala ?

Ces deux irréductibles, ces deux X, résistants à l'arbitraire parmi tant d'autres personnes embastillées pour leurs opinions politiques mais dont le cas me parait particulièrement exemplaire (complot monté par les « services », arrestation et détention illégales, jugements iniques rendu par des juges aux ordres, instruits par des "gens d'en-haut"

ou, peut-être même, par la “haute hiérarchie”), il a choisi de les appeler Mopoie et Bangazegino :

- Mopoie, alias « le Recteur », le « théoricien », le défenseur intransigeant des droits de l'homme et d'un Etat de droit réellement démocratique et respecteux des lois tant nationales qu'internationales et

- Bangazegino, le réfractaire à l'injustice et le résistant obstiné, appelé aussi « Cimendef » ou

« le fier Sicambre » parce qu'il a toujours refusé de se soumettre et de courber la tête.

Mopoie et Bangazegino ont en commun de regarder l'adversaire en face, de ne jamais le quitter jamais des yeux, de le défier, de montrer les dents, de rendre les coups et de ne jamais lâcher prise.

Bangazegino est un « Cimendef » mais aussi un optimiste obstiné : accrocheur et batailleur, certes, mais toujours disposé à voir le bon côté des choses et de la vie... ne baissant jamais sa garde, ne courbant jamais la tête, ne se soumettant jamais, certes, mais ne perdant jamais son sens de l'humour.

Mopoie, pour sa part, prône une transformation radicale de la société lotokolaise et entend promouvoir, dans la paix, la justice et le travail, grâce à l'action conforme à la devise du pays d'un gouvernement légitime, un projet de société différent, inspiré notamment par la pensée

4 On aurait, certes, pu les appeler Ferré X et Albert X ou encore Férix et Albérix, ce qui aurait constitué une référence trop explicite à deux autres irréductibles que tout le monde connaît : Astérix et Obélix , les Gaulois d'Uderzo et Goscinny. J’ai préféré les appeler Mopoie et Bangazegino en hommage à deux résistants lotokolais d’une autre époque (parmi des centaines d'autres) qui se sont opposés, avec courage et détermination, à la conquête, à l'occupation et au pillage des terres, des champs, des troupeaux, des rivières, du sous-sol et des forêts des 22 villages de la chefferie Zune, à l'asservissement de leurs habitants et à la destruction de leur culture. Les chefs Sasa, Mopoie et Bangazegino, ont, en effet, à leur époque, tenté de mettre le peuple des Avungala à l'abri de l'exploitation coloniale en s'opposant à l'installation des agents de l'Etat Indépendant du Congo dans leur chefferie (D'après Félix-Amand Fufulafu, « Exercice du pouvoir traditionnel à l'épreuve de la légitimité : cas de la dynastie Vungala dans la chefferie Zune en territoire de Poko », Université de l'Uélé - Licence en Sciences politiques et Administratives 2010. D'après une autre source - M. Coosemans. in Bibliographie coloniale belge, T.II, 1951, n°718 - Mopoie Bangezegino est une seule et même personne : un chef zande né vers 1845, fils de Mopoie, alias Mofio, cousin de Sasa et petit-fils de Nunga . Cette autre version, passablement différente de la première, autorise toutes les confusions... et brouille encore davantage les cartes, préservant ainsi l'anonymat de mes deux héros, les mettant à l'abri d'une nouvelle crapulerie... qui, peut-être, ne sont qu'une seule et même personne: le peuple résistant du Lotoko dans son ensemble)

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politique de Patrice Lumumba et fondé, particulièrement, sur l' Etat de droit, le respect des droits de l'homme et une amélioration réelle des conditions d'existence de l'ensemble de la population.

Mopoie et Bangazegino rêvent d'un pays « différent »...

Le texte qui suit a donc été écrit à Makala et, il n’y a pas de raisons d’en faire un mystère puisqu’il l’a signé, il est écrit parFirmin YANGAMBI LIBOTE.

L’affaire à la suite de laquelle MM Yangambi, Kikunda et Olangi sont toujours pensionnaires à Makala est l’archétype des poursuite pour des « projets d’attentats » faisant appel à ces armes terribles que sont les vidanges de Primus et les pétoires rouillées hors d’usage dont la cheville ouvrière est le général Tim Mukunto Kiyana.

Tim Mukunto Kiyana est officier du Ministère Public à l’Auditorat Général, le Premier avocat général des Forces armées, conseiller au Conseil national de sécurité (CNS), et préside la Commission mixte sécuritaire. Il représente le ministère public et préside toutes les commissions d’enquêtes sur les dossiers sensibles. A plusieurs reprises, les défenseurs des droits de l’homme5 et des membres du barreau ont dénoncé le manque d’impartialité et d’indépendance des juridictions militaires et visé particulièrement ce général. De mauvaises langues prétendent même que Mukunto veillerait personnellement à ce que ces trois-là (Yangambi, Kikunda et Olangi) ne puissent en aucun cas être amnistiés, graciés ou libérés.

Ah ! Les gens sont méchants.

Ce Général Mukunto a aussi reçu la charge de représenter le ministère public dans le procès consécutif à l’assassinat du Gal Mamadou Ndala, procès dont la péripétie la plus remarquable a été la mort subite et in tempore suspectissimo du principal témoin de la mort de Mamadou Ndala avant qu’il ait pu terminer sa déposition qu n’en était qu’à son début. Quoi qu’il en soit, la simple décence et le souci de la dignité de l’Etat devraient exiger que l’on ne confie pas la charge de représenter le Ministère public à des individus aussi patibulaires.

5 Le 11 septembre 2014, très récemment donc, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), été informé de sources fiables du harcèlement judiciaire et du risque d’arrestation visant l’avocat Me Peter Ngomo Milambo, connu pour son engagement dans des dossiers sensibles, notamment la défense des opposants politiques, et défenseurs des droits de l’Homme (notamment dans le cadre de l’affaire Chebeya / Bazana) et sa lutte pour l’indépendance du pouvoir judiciaire en RDC.

Selon les informations reçues, le 28 août 2014, lors d’une audience dans laquelle il défendait un client face au général Tim Mukunto Kiyana qui représentait le ministère public, ce dernier l’aurait menacé de l’arrêter et lui aurait glissé « tu as du courage d’être venu à l’audience ». Faut-il en conclure que le chauffeur de Ndala a eu également « trop de courage d’être venu à l’audience » ?

(17)

FONDATION PAIX SUR TERRE / R.D.CONGO

MEMRE DU RESEAU AFRICAIN DE LUTTE CONTRE LA PROLIFERATION DES ARMES LEGERES ET DE PETIT CALIBRE « RAFAL »

61 bis, Avenue Kinshasa, Commune Makiso, Kisangani / R.D.C E-mail : alternativedusalut@gmail.com

Http : www.reseau-rafal.org/node/150

POINT DE VUE : CYCLE DES CONFLITS ARMES EN AFRIQUE SUB- SAHARIENNE : QUELLE DOCTRINE DE DEFNESE ?

Le Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique s’est tenu à Paris le 6 et le 7 Décembre 2013. Les travaux ont notamment porté sur l’idée d’une force d’action rapide en cas d’atteinte graves aux droits humains pouvant constituer un outil efficace pour la prévention des conflits armés.

A cette occasion, la France s’est engagée à soutenir les efforts de l’Union Africaine pour parvenir à une pleine capacité opérationnelle de la force africaine avec une capacité de réponse aux Crises (CARIC) à l’horizon 2015. Le second Sommet Etats-Unis d’Amérique – Afrique tenu à Washington s’est également penché sur cette question.

Le projet de la mise en place d’un système collectif africaine de maintien de la paix et de la sécurité sur le continent est pertinent et nécessaire.

Toutefois, il n’est pas logique qu’un Etat compte déjà sur un système de défense collective avant même de se doter par ses ressources et sa volonté politique propres d’un dispositif de défense national. Les partenaires internationaux de l’Afrique devraient éviter d’offrir l’occasion trop facile aux régimes africains d’esquiver les devoirs de leurs Etats, à savoir assurer à chaque armée nationale la réelle capacité de remplir la mission essentielle de défense du territoire de son Etat.

En principe, le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique subsaharienne doit être, en premier lieu, assuré par chaque armée africaine, à l’intérieur du territoire de son Etat et à ses frontières internationales.

A cette fin, chaque Etat africain est contraient de procéder soit à une profonde réforme soit à la création tout court d’une armée moderne et républicaine en abordant notamment trois question majeurs :

- La question de la philosophie de la défense nationale ;

- La question du plan général de défense militaire du territoire ;

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- La question de la professionnalisation de la formation des troupes et les renseignements.

1. De la philosophie de défense nationale.

La défense d’un Etat est un attribut de sa souveraineté. La mission de la défense nationale relève en premier lieu de l’armée de l’Etat et les interventions militaires temporaires des Nations-Unies, de l’Union africaine et des sous-régions avec l’appui éventuel d’autres armées étrangères doivent relever de l’exception.

Or, la réalité présente montre clairement que la plupart des Etats africains sont incapables de maintenir la paix et la sécurité sur leurs territoires respectifs. Ainsi, des missions de paix des Nations-Unies ou de l’Union africaine et des interventions des armées étrangères, généralement les troupes françaises, exécutent la mission de défense qui incombe logiquement aux armées nationales africaines.

La norme est que chaque Etat africain détermine les facteurs de base et les variables prépondérants autour desquels doivent s’articuler les différentes opérations de la défense de son territoire, en prenant en compte son cotexte géostratégiques et sa situation géopolitique.

Plusieurs Etats de l’Afrique au sud du Sahara connaissent un phénomène récurent des conflits armés internes et parfois internationalisées

par la présence des éléments armés étrangers appartenant tantôt à des groupes armés réguliers d’autres Etats tantôt à des groupes armés transnationaux. Les visées hégémoniques les Etats voisins, l’exploitation illicite des ressources, les déficits de gouvernance et de justice sociale, l’activisme religieux des groupes de plus en plus violents et terroristes, les désaminations ethniques… sont autant des facteurs qui expliquent cet état désastreux de la paix et de la sécurité en Afrique au grand préjudice de la promotion des droits humains et du développement économique et social.

Et, quel que soit la cause évoquée, une constante demeure la faible capacité de l’Etat africaine à assurer le maintien de la paix et de la sécurité des personnes à l’intérieur de son territoire et à ses frontières internationales par la dissuasion armée et le cas échéant, par l’usage de la force face aux menaces internes et ou externes.

La philosophie de la défense nationale est donc l’idée

de la manière dont l’Etat convois son organisation militaire, sa tactique,

ses opérations et ses renseignements en vue d’identifier et d’évaluer les

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risques de menace à la fois pour la prévention des conflits et pour l’anéantissement de la menace, le cas échéant à l’aide de sa propre capacité opérationnelle.

A défaut d’une philosophie matricielle propre à chaque Etat, la défense militaire du territoire relèvera toujours d’un bricolage qui expose les populations au cycle infernal actuel des violences des conflits armés, avec leurs cocktails des crises humanitaires et des violations massives des droits de la personne, particulièrement la femme et l’enfant.

2. Du plan général de la défense du territoire national.

La philosophie de la défense doit être traduite notamment sur le plan stratégique et opérationnel par une cartographie minutieuse du terrain national.

La cartographie divise ainsi le territoire de l’Etat en zones militaires. En fonction de l’éventualité et de la réalité des menaces, il convient de procéder à une classification des zones opérationnelles et surveillance.

L’intérêt de cette cartographie est de classer ces zones par ordre d’importance des menaces, en vue d’un déploiement, sinon, d’un positionnement conséquent des troupes en effectif suffisant et pour une dotation en logistique qui assure la facilité et l’efficacité des manœuvres en cas de combats. L’organisation des renseignements militaires font partie intégrante de cette conséquence de la classification des zones.

Il est par exemple indispensable pour le Mali que la zone de GAO soit placée au top niveau défense, comme l’Est de la République Démocratique du Congo ou encore le Nord Nigéria qui se sont révélés depuis plusieurs années

des ventres mous dans la défense de leurs territoires, à cause de la permanence de la menace des groupes armés et – ou terroristes. D’ailleurs

toutes les zones frontalières problématiques rentrent dans cette même catégorie.

Les Etats africains doivent mettre en œuvre avec l’appui d’experts internationaux un format de défense du territoire national de manière à assurer le maintien de la paix et de la sécurité et prévenir les conflits périmètre par périmètre. C’est la norme de la poule-mère.

La défense nationale doit être territorialement déconcentrée à

l’opposé des plans actuels qui se contentent pour la plupart de la défense des

Capitales et de certaines Villes simplement pour des raisons de protection du

régime et des intérêts économiques. Le citoyen, particulièrement la femme et

l’enfant, reste quasiment sans défense à la merci des groupes armés de tous

bords. Il faut parvenir à considérer que lorsqu’une région du territoire nationale

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n’est pas dotée de troupes suffisantes avec une logistique conséquente, la défense nationale n’est point assurée. En somme, c’est la combinaison des opérations et des manœuvres de défense de toutes les zones du territoire national, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest en passant par le Centre qui constitue la défense nationale du territoire.

Il est en fait évident qu’une défense sérieuse du territoire national oblige soit un positionnement géographique des forces armées sur l’ensemble du territoire national, soit un cantonnement rationnel qui permet aux forces armées d’intervenir, de manière rapide, sur le terrain où la menace s’est déclarée. Il est aujourd’hui notoire, dans le cas du Nigéria par exemple, que les troupes mettent des semaines entières avant de rejoindre le terrain des combats.

L’addition est connue. Des milliers des personnes sans défense sont entretemps massacrées et enlevées pour servir d’esclaves.

La défense militaire du territoire national doit être prise au sérieux par chaque Etat Africain. Les ressources budgétaires propres doivent y être affectées en équilibre, avec l’ensemble du budget de l’Etat. Dans ce domaine précis, la communauté internationale a toujours répondu favorablement, compte tenu de la globalisation des menaces terroristes et de l’importance accordée à la sécurité des populations civiles, aux demandes de financement.

Cette nouvelle vision de la défense nationale est à la portée de chaque Etat Africain. Plusieurs simulations du plan général de défense nationale sont possibles. En fait, une répartition intelligente de la superficie de l’Etat en circonscriptions militaires et sécuritaires intégrées est un facteur indispensable à une défense plus aisée du territoire national.

3. De la formation des troupes et de la professionnalisation des services des renseignements.

Les Etats africains doivent progressivement réformer ou former chacun une nouvelle armée sur des bases techniques, stratégiques et éthiques modernes.

Déjà, la question de l’armement doit être prise au sérieux dans

l’économie de la nouvelle armée. Un Etat digne doit disposer d’un matériel

terrestre, maritime, naval et aérien adéquat pour toutes les opérations sur

terre et sur mer ou fleuve et dans les airs. Les Etats africains accusent un

retard énorme sur ce plan. Certains Etats ne disposent ni d’hélicoptères de

combat, ni d’avions de transport, moins encore d’avions de chasse ou

de bombardiers. Or, des opérations militaires sans couverture aérienne

appartiennent à une époque longtemps révolue. Il sied de noter que certains

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groupes armés opérant en Afrique possèdent désormais une supériorité en armement face aux armées régulières.

Les expériences douloureuses des conflits armés à répétition sur le continent qui imposent d’innombrables souffrances aux populations civiles et posent par leur nature, des problèmes structurels du développement confirment l’urgence et la nécessité de la constitution des armées nationales puissantes, disciplinées et républicaines.

Aussi, les Etats africains doivent former des unités aptes dans le respect des standards internationaux. Les armées africaines doivent être dotées de capacités rapides d’actions et des réactions, avec une puissance de feu foudroyante.

Les anciennes colonies africaines disposent en cette matière des formidables précédents des armées coloniales, telles la Force Publique Congolaise ou les régiments des artilleurs maliens, sénégalais, centrafricains et autres qui étaient pratiquement en leur temps des armées modernes. Avec une formation militaire adéquate et forgée dans la discipline, les armées coloniales ont obtenu des résultats militaires qui entrent dans les annales de l’histoire des guerres du vingtième siècle, spécialement la première et la seconde guerre mondiale. La participation des Africains aux combats a contribué à la victoire sur les puissances de l’axe. Les troupes nègres étaient pratiquement sur tous les fronts en Europe, en Asie, en Afrique. Même le mémorable débarquement de Normandie en France a connu la participation tout au moins indirecte des Africains.

Cet épisode des armées africaines peut servir aujourd’hui aux Etats Africains de précédent dans leurs politiques de formation des armées nationales modernes.

Les armées africaines connaissent également un problème

d’amateurisme des renseignements qui privent l’Etat des moyens de prévention des conflits et rendent les opérations sur le terrain trop

approximatives, faute de renseignements stratégiques qui s’avèrent le cœur de la défense.

Un Etat dont les services de renseignements militaires se trompent

de mission, en se cramponnant à la fonction de police politique pour la traque

des opinions dissidentes au régime en place dilapident les énergies

indispensables au travail de la détection des menaces, de leur identification

et de leur évaluation aux fins de mettre en place le dispositif sécuritaire

et opérationnel apte, soit à dissuader l’ennemi, soit à le détruire, selon le cas.

(22)

De nombreuses académies spécialisées existent à travers le monde et la coopération internationale, bilatérale ou multilatérale, ne refuserait pas de pourvoir aux Etats africains qui en font la demande, l’avantage de ces connaissances, surtout dans le contexte géostratégique et sécuritaire international du moment.

Après la prise de la ville de Goma par le groupe armé dit M23 qui avait sévi pendant près de deux ans dans cette Province, l’Etat-Major Général des Forces Armées de la République Démocratique du Congo avait organisé du 04 au 06 février 2013, une session de séminaire sur la réforme de l’Armée Congolaise. Ce séminaire qui avait réuni 113 officiers supérieurs et généraux

issus de toutes les régions militaires du pays, des commandements des Etats-majors des Forces responsables à la fois des opérations et des

renseignements a porté sur l’analyse des contre-performances de l’armée congolaise lors des opérations dans la Région Est.

Le rapport synthèse de ce séminaire pose clairement le problème

fondamental de formation, de logistique et de renseignements. En fait, il stigmatise la planification insuffisante des opérations militaires, l’insuffisance

ou le manque de planification à tous les niveaux, à savoir stratégique, opérationnel et tactique, le manque d’ordre d’opérations claires, la pratique systématique des ordres vitaux, le manque de briefings et débriefings ou souvent trop tardifs, l’absence de relève…

Somme toute, le statut social du militaire doit être valorisé, eu égard à l’importance de sa mission. Des hommes et des femmes qui défendent l’intégrité du territoire de l’Etat au péril de leurs vies méritent un traitement social conséquent. La détermination des troupes est un variable cardinal dans l’exécution de leur devoir sur le terrain opérationnel. Le budget de l’Etat doit accorder à la rémunération des militaires une place de premier plan. Même formées et dotées d’une puissance de feu adéquate, les troupes affamées qui doivent mendier le pain quotidien y compris au front constituent elles-mêmes une menace grave contre la mission du maintien de la paix et de la sécurité.

En définitive, le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique

noire pose donc la question que chaque Etat se dote d’abord d’une capacité

autonome et efficace de défense militaire de son territoire. Il convient de remplir

au préalable cette condition pour s’assurer que le système collectif de défense à

l’échelle du continent s’avère performent. Sans nul doute, toute doctrine de

défense du Continent qui escamoterait cette base fondamentale relèverait d’une

politique de défense hasardeuse.

(23)

Note réalisée par l’Etude

Me Firmin YANGAMBI LIBOTE.

Referenties

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