COMMUNIQUE DE PRESSE 006/RDC/VSV/CD/2008
REPRESSION D’UNE MARCHE PACIFIQUE PAR LA POLICE, RECUL DE LA DEMOCRATIE EN RDCONGO
La Voix des Sans-Voix pour les droits de l’homme (VSV) exprime sa vive indignation et vigoureuse protestation consécutivement à la répression de la marche pacifique organisée mercredi 30 janvier 2008 par « les compagnons d’Etienne Tshisekedi », une structure informelle de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social « UDPS ».
La marche a principalement pour objectif, la dénonciation de la vie chère et la misère noire au Congo Kinshasa, imposées par les institutions en place.
Comme itinéraire, la marche pacifique devait partir de la Place des Artistes au Rond-Point Victoire jusqu’à l’Hôtel de ville de Kinshasa.
Auparavant, les organisateurs de la marche ont pris soin d’en informer l’autorité, compétente, en l’occurrence, le Gouverneur de la ville de Kinshasa, à travers une lettre datée du 10 janvier 2008 référencée CET/001/PDT/08, dont copie pour information réservée au ministre d’Etat chargé de l’intérieur, décentralisation et sécurité ainsi qu’à l’inspecteur provincial de la police de la ville de Kinshasa.
Le secrétariat du cabinet du gouverneur de la ville de Kinshasa et celui du cabinet du ministère de l’intérieur ont accusé réception de ladite lettre le 11 janvier 2008 soit 19 (dix-neuf) jours avant la tenue effective de la manifestation, et ce, pour des raisons d’encadrement et non d’autorisation.
Dans la journée du 30 janvier 2008, il est observé tôt dans la matinée un déploiement impressionnant du dispositif policier dans les endroits stratégiques de la ville de Kinshasa, notamment Rond-Point Victoire, Rond-Point des Huileries, croisement de l’avenue Université et boulevard Nsendwe, Rond-point Ngaba…
Peu avant le démarrage de la marche pacifique, monsieur Raoul Nsolwa Maye, président des « Compagnons d’Etienne Tshisekedi » en compagnie de ses autres camarades de lutte se livrent dans les parages du Rond-point Victoire à la sensibilisation de la population qu’ils invitent à se débarrasser de la peur et à participer massivement à la manifestation pacifique.
Sur ces entrefaites, intervient l’interpellation de M. Raoûl Nsolwa Muye par Général Oleko, inspecteur provincial de la Police de Kinshasa qui demande au précité de lui présenter l’autorisation de la marche.
M. Raoûl Nsolwa lui présente la lettre d’information susévoquée et insiste avec conviction que la loi recommande d’en informer l’autorité et non de solliciter
l’autorisation. …/…
Le général prend le document et l’empoche sans le lire. Il s’en suit une chaude discussion et le général aurait élever le ton en qualifiant « Raoûl Nsolwa de
« têtu et soulard » avant de se retirer furieusement.
Dans ces circonstances, les manifestants commencent la marche en se dirigeant vers le bureau communal de Kalamu et c’est là qu’un camion de la police et des jeeps bloquent tout passage en guise d’obstruction de la manifestation.
Des policiers munis d’armes et matraques s’avancent vers des manifestants qui se replient vers la Place des Artistes où le général Oleko réagirait cette fois en ordonnant aux policiers de les disperser.
Il est déploré des brimades et arrestations des dizaines des manifestants.
Le président des « compagnons d’Etienne Tshisekedi » M. Raoûl Solwa Muye s’est retrouvé déchaussé avec chemise déchirée dans un camion de la police en compagnie de 11 (onze) manifestants. Ils recouvrent la liberté le même jour vers 15 heures aux environs de l’Institutt Supérieur des Techniques Appliquées (ISTA) dans la commune de Barumbu, après que des policiers les aient piétinés en leur administrant des coups de botte et fait sillonner toute la ville.
Avant de leur libérer, les policiers lâchent ces mots : « nous comprenons le bien- fondé de votre combat mais la hiérarchie nous demande de vous arrêter ».
Dépossédés de leurs souliers et effets personnels, les victimes se rendent à Molière TV par une jeep disponibilisée par monsieur Gabriel Mokia, opérateur politique avant de se rendre également au Congo Web TV pour interview.
Parmi les personnes arrêtées et détenues, il convient de signaler, entre autres, messieurs Kelly, Naguy Ntumba (libéré vers 17h00 le 31 janvier 2008 par le commissariat de police Kalamu), Reagan Tangani, Kanku, Edo, Aimé…
Quant aux personnes arrêtées et libérées le même jour, il s’agit de :
Raoûl Nsolwa Muye, Pepe Lokaso, Michel Kalala, Théodore Katende, Christophe Kakese, Jean-Robert Nongeye, Jean-Robert Maya, Héritier Ilunga, Papy Kabala, Donat Kamwanga, Passy Mutombo, Elysée Kakusa, Nadine Tshibola, Amine Muye, Ade Kasomoyo.
Eu égard à ce qui précède, la VSV réitère vigoureusement ses protestations contre la répression d’une marche pacifique en violation de l’article 26 de la constitution garantissant la liberté de manifestants sur les voies publiques ou en plein air.
Kinshasa, le 31 janvier 2008.
LA VOIX DES SANS-VOIX POUR LES DROITS DE L’HOMME (VSV)
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