• No results found

DOSSIER Année 2012, n° 4

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Share "DOSSIER Année 2012, n° 4"

Copied!
7
0
0

Bezig met laden.... (Bekijk nu de volledige tekst)

Hele tekst

(1)

Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le jeudi 15 mars 2012

Année 2012, n° 4

DOSSIER

Un article honnêtement piraté du Nouvel Observateur

Tant que c’est encore Tant que c’est encore Tant que c’est encore Tant que c’est encore

possible…

possible…

possible…

possible…

(2)
(3)
(4)
(5)

Plus on apprend, plus on ne sait rien…

Les Français sont les rois de la comédie d’espionnage. Et, dans ce domaine, la série d’enquêtes, contre-enquêtes, instructions, devoirs complémentaires, etc… auxquels on s’est livré dans l’Hexagone depuis la mort d’Habyarimana est une superproduction qui fait la pige à « Les Barbouzes » et autres chefs d’œuvres du genre…

Bien que les frères Lumière aient été français, cette étrange comédie policière et judiciaire illustre magnifiquement combien le mot « lumière » est équivoque. « La lumière », c’est ce qui permet à la vérité de se manifester, mais aussi ce qui permet les effets d’éclairage, le flou, permet de faire prendre des vessies pour des lanternes.

En l’occurrence, il s’agit d’obtenir d’une Justice, rétive malgré sa subordination (au Pays des Droits de l’Homme, la Justice n’est as un Pouvoir, mais une Administration !), qu’elle découvre une La Vérité… c'est-à-dire plus platement une version des faits qui, tout en étant étayée sur des témoignages ou des constatations, mette à l’abri des affirmations qui pourraient jeter un froid entre Paris et Kigali. Malgré de prudents conditionnels, il faut donc à toute force éviter d’utiliser des phrases comme

Le FPR de Kagame pourrait avoir commis l’attentat.

Les Français pourraient avoir commis l’attentat.

L’intervention militaire française pourrait avoir contribué à prolonger les massacres.

Les massacres ne pourraient ne pas avoir été « un génocide de 800.000 Tutsis ».

Bien entendu, il faut néanmoins arriver à ne pas prononcer ces phrases interdites en cherchant la vérité « avec la plus grande liberté d’esprit » et « avec le seul souci de la justice ». Mais, tout en évitant les terrains minés, il faut produire un discours qui ait quelque apparence d’expliquer de façon cohérente les événements d’avril 1994. Les efforts seuls de l’enquêteur consciencieux doivent lui mettre sous la main… exactement la vérité qui correspond aux besoins de l’Elysée. Avec cette circonstance aggravante que comme le locataire de ce bâtiment change de temps à autre, ses desiderata ne sont pas forcément les mêmes que ceux de son prédécesseur. Cela ressemble un peu à une version beaucoup plus alambiquée de ce jeu qui consiste à répondre à des questions sans jamais dire « oui », « non », « blanc » ou « noir ».

Ce jeu de société explique, par exemple la « découverte » de plusieurs « boîtes noires de l’avion d’Habyarimana » dont on ne s’expliquait ni la disparition en 1994, ni la réapparition des années plus tard. Elles re-disparaissaient d’ailleurs ensuite avec la même facilité déconcertante, mais avaient, en attendant, permis de réorienter l’enquête. Ou ne devrait-on pas dire : de la désorienter ?… Il en va de même pour les témoins qui apparaissent, font trois petits tours, disparaissent, meurent, se rétractent, reviennent sur leur rétractation… Parmi ces témoins, les Rwandais ont la plupart du temps plus qu’une bricole sur les cornes, les Français sont des militaires, des diplomates ou des gens des « services » qui louvoient sans cesse entre le « secret défense » et le demi-confidence bloquée par le « devoir de réserve » et le reste constitue une belle galerie d’aventuriers internationaux assez patibulaires.

Toute cette cuisine est nécessaire pace qu’en l’occurrence la justice française n’a pas pour mission de chercher la vérité ou d’arriver à trouver des coupables, mais de servir une politique. Celle-ci, on la connaît : gagner l’amitié du Rwanda, c'est-à-dire de Paul Kagame, pour bénéficier de celle de Washington. Et, dans ce but, arriver à donner des événements une version (présentée comme le résultat objectif d’une enquête) suffisamment « Kagame friendly » pour agréer à Kigali. Cela se heurte à une série d’évidences de première grandeur, impossibles à contourner.

(6)

- L’opération de l’armée française appartenait à une catégorie spéciale que l’on pourrait appeler « l’humanitaire mitigé ». Très courantes au milieu du siècle passé, de telles opérations sauvaient effectivement quelques personnes (c’était donc « humanitaire », donc

« neutre ») et, pour ce faire devait infliger aux « rebelles » une telle défaite qu’ils ne s’en relevaient pas (véritable but de l’opération).

- Les FAR, le FPR et l’armée française auraient tous trois été en position de lancer le missile fatal. Quand on est plusieurs à pouvoir tirer, rien ne dit que c’est le tireur le mieux placé qui fera mouche. Les raisonnements basés sur les emplacements respectifs occupés sur e terrain par les suspects sont donc de peu de conséquences. Par contre, un fait pèse lourd : le modèle de missile utilisé, de fabrication soviétique, ne fait partie de l’équipement « standard » que d’ue armée de la région ; celle de l’Ouganda, d’où venaient les FPR qui de plus savaent donc s’en servir.

- Les massacres de 1994 posent un problème irritant, mais non résolu. Arriver en n temps aussi court à trouver et à massacrer autant de personnes postule, surtout si l’on avance la thèse qu’il n’y a eu qu’un « génocide » bien programmé, et non plusieurs, suppose une organisation centrale, un « cerveau ». On lui a donc supposé une existence et même un nom : l’Akazu. Mais on n’en a pas le moindre début de preuve, pas le moindre indice matériel1. Pour plaire à Kagame, et être admis par le Rwanda comme un interlocuteur crédible et bie intentionné, il faut contourner les deux derniers faits. Sans quoi l’on est « marqué par l’idéologie génocidaire ». Pour plaire à l’Elysée, le caractère plutôt ambigu des interventions françaises doit être masqué et leur caractère purement humanitaire haut brandi. Sans quoi///

on ne dira peut-être pas que vous traînez dans la boue l’honneur de l’armée française et crachez sur le drapeau tricolore, mais on vous le laissera nettement entendre…

Tenant compte de tout cela, on admettra qu’il devient singulièrement difficile d’écrire un rapport, voire même un simple article, qui en tienne compte, prenne tous les tournants de la manière prescrite et arrive à conforter en tous points la « vérité officielle ».

Quand on doit écrire de la sorte, on succombe souvent à la tentation d’en faire trop. Monsieur Boltansky y a succombé avec enthousiasme et volupté, semble-t-il, au point d’être « plus catholique que les pape ».

Non seulement il multiplie les allusions au « génocide » et aux massacres, mais ne mentionne jamais comme victimes que « les Tutsi ». Alors que la vérité officielle rwandaise prend tout de même la précaution d’utiliser, par souci de vraisemblance, l’expression consacrée

« 800.000 Tutsi et Hutu modérés »2.

De même, dans un élan dramatique, il nous tortille le calendrier : "L'extermination de près de 800.00 Tutsi, la guerre et, finalement, la victoire du FPR". Alors que les choses se sont passées dans l’ordre inverse : la guerre durait depuis des années. Elle avait été interrompue par une trêve que le FPR a rompue, puis l’attentat a eu lieu et les massacres ont commencé.

Enfin, on a soin de nous préciser que le capitaine Barril a eu les contacts les plus étroits avec Madame Habyarimana et avec l’Akazu… Il aurait donc été le seul extralucide à avoir des contacts avec cette entité fantôme.

1 Et, par là même, on n’a rien pour établir la préméditation, qui est indispensable pour qu’il y ait génocide.

2 En quoi il torpille lui-même son « génocide » puisque si le massacre a concerné non une ethnie, mais tous les sympathisants du FPR, les Tutsis étant supposés l’être d’office, les Hutu seulement s’ils penchaient vers des positions conciliantes, on est devant un « massacre de l’opposition », non devant un génocide. Bien plus, le

« génocide politique » avait figuré dans l’ancien texte de l‘ONU définissant ce crime et a été retiré du texte actuellement en vigueur. Il ne s’agit donc pas d’un oubli, mais d’une restriction volontaire. Que l’on approuve ou non cette restriction, on est là en droit pénal et l’interprétation restrictive est de rigueur.

(7)

La conclusion doit être lue entre les lignes. On a été très déçu que les rapport du juge Trévidic ait si peu réussi à ébranler les rapports antérieurs du juge Bruguières. Mais la Fance est décidée à continuer à œuvrer dans le sens voulu par Kigali, et à imposer une « vérité officielle » conforme aux intérêts des deux pays. Que ne ferait-o, pas pour un ami come Paul Kagame ?

C’est le cas de dire que mieux vaut être seul qu’en mauvaise compagnie.

Guy De Boeck

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

L’idée, elle, est bien là: l’abonné aux chaussettes recevra trois paires pour 29 euros par trimestre. Les riches opteront pour cinq paires à 49,90

«On souhaitait créer un bon endroit pour l’insertion des sourds, un lieu de vie ouvert sur les autres, mieux qu’un atelier.» Initiative originale, le café Signes permet aux

physique, langues… quelle que soit la matière, tout pourrait être intéressant s’il y avait en face le prof idéal. C’est loin d’être toujours le cas. Alors, c’est quoi,

Depuis plusieurs années, à la douce saison, un couple de cigognes a l’habitude de s’installer sur un poteau EDF. es ornithologues 6) du Marais du Vigueirat, en Provence, ont fait de

Quand on s’intéresse à la rémunération de chacune des activités, on se rend compte que les PFNL en général et le rotin en particulier ne peuvent pas faire des merveilles

• s’appuyer nécessairement sur les résultats des travaux scientifiques pour orienter les actions comme par exemple cela a été le cas de Ap- propriate Technology International ou

Si par exemple, on énonçait des suppositions du genre «...les PFNL peuvent consti- tuer une alternative aux activités de déforestation ou réduire de façon dras- tique le rythme

Annexe 1 – Principaux PFNL commercialisés au Sud-Cameroun 365 Appellation (s) usuelles(s)/populaire(s) piquet pour construction* poisson/silures*+ poissons/tilapias*+ autres