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15/06/13/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

Il est encore abondamment question de la prestation de serment des nouveaux membres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et donc des élections. A la suite d’erreurs grossières dans la dernière « charrette » de nominations de magistrats, le CSM ( Conseil Supérieur de la Magistrature) se trouve sérieusement remis en cause. Pour des raisons techniques, nous devons une fois de plus recourir au PDF, ce pourquoi nous présentons nos excuses à ceux de ns visiteurs à qui cela occasionnera des problèmes.

CENI

La Prospérité titre « Chronogramme des prochaines élections, CENI : Malumalu face aux multiples équations ! » .

Malumalu et ses douze colistiers ont juré de ne jamais trahir la nation congolaise. Ils ont promis également de ne jamais trahir les secrets des délibérations et des votes, même après la cessation de leurs fonctions. Puis, enfin, ils se sont engagés à ne briguer aucun mandat électif aux échéances en cours, même s’ils ne font plus partie de la CENI. Ils l’ont dit et répété, le vendredi 14 juin dernier, devant la Cour Suprême de Justice, lors de la cérémonie solennelle de prestation de serment.

Les treize membres de la CENI New Look entrent ainsi officiellement en fonction. Avec, à leur tête, Muholongu Malumalu Apollinaire, prêtre de son état, qui retrouve, quelques années seulement après, le strapontin de cette institution d’appui à la démocratie dont il présida à la destinée des opérations, en 2006.

Après tout, les membres étant confirmés, place maintenant et rapidement aux choses sérieuses. (Il faut rappeler que les élections du 28/11/11 ont été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. NdlR)

Justice / Affaire Yangambi

CongoForum publie le texte de la note de plaidoirie additionnelle rédigée par le Bâtonnier Ntoto Aley, après vérification minutieuse des pièces du dossier au greffe de la Cour Suprême de Justice. Cette note a été également réservée au Ministre de la Justice, au PGR et au Premier Président de la Cour Suprême de Justice en personne. Lire à http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=1&newsid=194300&Actualiteit=

selected.

C'est un peu du volapük juridique... Ensubstance : l'on a tricoté ensemble plusieurs dossiers, dont un seul concerne réellement Yangambi et consort mais est en réalité...

vide. Pire encore: pour le remplir quand même, il y a eu substitution de pièces, faux et usage de faux ! Un cirque ou une mascarade dont le général Mukuntu (contre lequel Eric Kikunda – et pour cause - a porté plainte) tire les ficelles...

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Ce qui est intéressant, c’est la “révolte” des bâtonniers (actuels ou honoraires) qui se lèvent et s’indignent ! On la comprend mieux lorsque l’on prend connaissance des

« bizarreries » (le mot est faible) qui entachent la dernière fournée de nominations dans le corps des magistrats.

Justice / Nominations

Congonews, repris par Direct.cd, titre « Quand le président Kabila nomme un magistrat révoqué et un autre retraité »

Le premier président de la Cour suprême de justice, Kitoko Kimpele et le procureur général de la République, Flory Kabange ont couvert Joseph Kabila de ridicule dans les dernières promotions des magistrats. Ils ont soumis à sa signature la nomination d’un magistrat révoqué et d’un autre retraité.

Le révoqué s’appelle Mwanga Mukidi et porte le matricule D001077. Il avait été radié en 2009, selon les archives du Palais de la justice alors qu’il prestait comme juge de grande instance. Cette année là, plus de 160 magistrats avaient été révoqués sur l’ensemble des juridictions de la RD-Congo. Il est promu juge permanent au tribunal de commerce.

L’autre cas est tout ce qu’il y a d’insolite puisque l’intéressé, Mposhi Samba, s’était déjà reconverti au barreau après sa retraite de sa fonction d’avocat général au Parquet général de la Gombe. On ne sait trop par quel miracle, il se retrouve, dans le décret de Joseph Kabila, nommé premier président à la Cour d’appel.

“C’est au PGR et au premier président de la Cour suprême de justice d’en répondre. Ce sont les deux qui président le Conseil supérieur de la magistrature”, pointe du doigt un magistrat. D’autres impairs de même nature sont épinglés dans un communiqué de presse de l’Intersyndicale des magistrats. Il y est fait état de la “regalisation” de la magistrature pour le clientélisme de Kitoko Kimpele en faveur de ses corregionnaires du Maniema. Ils sont les plus nombreux parmi les magistrats promus ou les plus promus sans mérite.

(Pour lire intégralement le communiqué de presse de l’Intersyndicale des magistrats, voir http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=2&newsid=194301&Actualiteit=

selected NdlR)

L’Intersyndicale des Magistrats a analysé la série d’ordonnances d’organisation judiciaire relatives à la carrière des magistrats civils de la RDC signées par JKK, en date du 1er juin 2013. L’analyse a consisté à vérifier si lesdites ordonnances reflètent le travail élaboré par la session ordinaire de l’assemblée Générale du Conseil supérieur de la Magistrature au sein duquel siègent beaucoup de ses membres en sus du fait que tous les syndicats de la magistrature y avaient été admis au titre d’observateurs, sans voix délibérative, à l’instar de représentants des institutions de la République ainsi que de ceux de certains organismes internationaux et partenaires étrangers dont l’USAID/ProJustice lequel a apporté son concours technique et financier. Toutes les résolutions du Conseil ont été analysées et spécialement celles présentées par la commission de la carrière des Magistrats quant à l’octroi des promotions aux Magistrats. L’étude a été enrichie par les différentes réactions des Magistrats qui se sentent désorientés quant à la sécurité de leur carrière, en dépit de la mise en place d’un Conseil Supérieur de la magistrature, parmi les plus indépendantes de la planète et composé des seuls magistrats, selon le voeu du constituant de 2006 ainsi que du législateur qui reconnaît aux Magistrats le pouvoir de s’entre nommer. Il découle de l’ensemble des éléments d’enquête que le CSM, temple du respect du statut des Magistrat, de l’évolution de sa carrière selon les critères objectifs de compétence, de rendement, de diligence, de dévouement, d’intégrité, d’indépendance, d’impartialité et temple de la discipline des Magistrats, a réalisé un travail en inadéquation avec le voeu du constituant et les attentes des consommateurs de la justice au point de se demander si sa configuration actuelle doit demeurer car les manipulations de ses résolutions se situent aux antipodes de la vision prônée par le chef de l’Etat. En effet, les critères relevés ci-haut ont été supplantés par la parenté, l’ethnie, la tribu, le

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népotisme, le clientélisme, la camaraderie lesquels éléments subjectifs ont vidé de leur substance et pertinence les dispositions statutaires. Tout en se réservant le droit de remettre au Président de la République de nombreux cas flagrants illustrant la fraude, l’intersyndicale demande la suspension de l’exécution desdites ordonnances à défaut de leur retrait ou leur renvoi à l’Assemblée Générale extraordinaire du CSM autrement composée; la mise en place d’une commission d’enquête indépendante avec notamment pour mission de déceler le tripatouillage des travaux du CSM, la révision de la Constitution pour ne plus laisser le CSM aux seuls Magistrats et le remettre sous l’autorité du Président de la République qui s’explique par son rôle d’arbitre et de Garant du bon fonctionnement des institutions. D’ores et déjà, l’intersyndicale suspend sa participation au CSM pour ne pas cautionner l’arbitraire et la fraude et ne pas se complaire dans une bonne conscience alors que cet organe, clef de voûte de l’autorité judiciaire et garant de son indépendance, a perdu ses repères et est réduit à un instrument docile d’un seul homme malgré ses apparences éléphantesques.

Divers

Le Potentiel titre « Frayeur sur la forte militarisation du Nord-Equateur ».

D’après lui, pas de foyers de tension officiellement en ébullition à l’Equateur, mais pourtant la province, particulièrement ses territoires du Nord, est fortement militarisée.

Des troupes étrangères s’y amassent. Un « nouveau Kivu » serait en gestation au nord du pays, affirme ce journal. Jeudi dernier lors de la plénière à l’Assemblée nationale, le député José Makila, élu de Gemena, a soulevé le problème, exigeant des explications du ministre de l’Intérieur. Ce journal se pose alors la question de savoir ce que cachent ces intenses rotations d’avions militaires transportant des troupes, des armes et des munitions et interpelle le ministre de l’intérieur Richard Muyej.

Le Guide titre à la Une « Scandale de faux médicaments en Rdc : l’Occ et la Dgda interpellés ».

Selon l’Organisation mondiale des douanes, citée par RFI, les saisies les plus importantes en volume ont été faites notamment au Congo-Kinshasa et au Togo. L’Office congolais de contrôle (Occ), censé représenter l’œil du pays et l’Office congolais de Douanes et Accises ‘DGda) qui gère la doaune en Rdc méritent ainsi d’être interpellés.

Car, explique le journal, une bonne partie des 550 millions de doses ses médicaments illicites de ces produits potentiellement dangereux voire mortels venant de l’Asie de l’Est, du Sud et du Moyen-Orient étaient déjà entrés en Rdc.

Presse et documents internationaux

L’abbé Malu Malu revient à la Commission électorale indépendante Colette Braeckman – Le Soir – 09 06 13

L’abbé Malu Malu revient à la tête de la Commission électorale indépendante Après un suspense de 45 jours, l’Assemblée nationale congolaise a décidé de nommer l’abbé Apollinaire Malu Malu à la tête de la nouvelle Commission électorale nationale indépendante. La majorité présidentielle qui soutenait sa candidature a rappelé que l’abbé, originaire de Beni Butembo, avait déjà en 2006 organisé les élections présidentielle et législatives après avoir présidé la CENI de 2003 à 20011 et que ce scrutin, la première consultation démocratique depuis des décennies, fortement soutenu par la communauté internationale, avait été considéré comme un succès.

L’abbé Malu Malu remplace, à un poste très convoité, le pasteur Mulunda Ngoy, qui avait organisé les élections de 2011 dans des conditions beaucoup plus hasardeuses : il n’avait pas bénéficié des mêmes soutiens internationaux et, pour respecter les délais prescrits, avait du recourir à la solidarité de pays africains (Afrique du Sud, Angola et même Togo) et surtout il avait du financer les opérations en puisant dans les ressources congolaises.

Peu soutenue par l’étranger à cause du changement de constitution qui avait instauré

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une élection présidentielle à un tour, l’organisation du scrutin fut violemment critiquée par l’opposition et même par des élus de la majorité qui dénoncèrent le désordre et surtout de nombreuses tricheries. Les irrégularités furent également soulignées par les missions d’observation internationales mais finalement, suivant le verdict de Didier Reynders, chacun jugea que ces dernières ne «mettaient pas en cause l’ordre d’arrivée des candidats à l’élection présidentielle. » Il n’empêche que fraudes, irrégularités et désordres, amplement dénoncés dans le pays et à l’étranger, finirent par éroder la légitimité du président Kabila et provoquèrent l’éviction du pasteur Mulunda, désigné comme victime expiatoire.

La tâche qui incombera à l’abbé Malu Malu sera lourde : il devra, pour les élections de 2016, faire oublier le discrédit qui avait frappé le scrutin de 2011. Il devra aussi réussir plusieurs chantiers : organiser des élections locales, toujours différées mais qui représentent la base de la pyramide démocratique et remettre à jour le fichier électoral grossi de millions de nouveaux électeurs. Mais surtout, au-delà de la technique, qu’il maîtrise parfaitement, l’ancien recteur de l’université du Graben à Butembo devra restaurer la confiance des électeurs et reconquérir le soutien de la communauté internationale.

Ce qui n’est pas gagné. En effet, l’abbé Malu Malu de 2013 peut être crédité de la même compétence qu’en 2006, mais entre-temps, l’arbitre jadis considéré comme neutre s’est considérablement rapproché du président Kabila, qui l’a, entre autres missions sensibles, envoyé à Kampala où il a mené les négociations avec le mouvement rebelle, le M23.

Homme de confiance du chef de l’Etat, l’abbé Malu Malu est déjà soupçonné par l’opposition d’avoir un « agenda caché », à savoir ouvrir la voie pour un troisième mandat du chef de l’Etat, ce qui impliquerait une nouvelle modification de la constitution.

CENI : le come-back de l'abbé Malu Malu, le choix de l'"expérience" ? Trésor Kibangula, envoyé spécial à Kinshasa - AFP – 09 06 13

L'abbé Apollinaire Malu Malu a été désigné président de la Commission électorale nationale indépendante de RDC, le 7 juin. Une nomination diversement appréciée au sein

de la classe politique congolaise.

Sans surprise, l'abbé Apollinaire Malu Malu a été confirmé, le 7 juin, président de la nouvelle Commission électorale nationale indépendante (Ceni), en République démocratique du Congo (RDC). Depuis quelques semaines, les rumeurs persistantes prédisaient déjà le retour de celui qui avait organisé les premières élections générales en 2006. Un come-back diversement apprécié au sein de la classe politique congolaise.

Même si les membres de l'opposition auront leur place dans la nouvelle configuration du bureau de la Ceni – un rapporteur (UDPS) et un questeur adjoint (MLC) notamment -, les voix se lèvent déjà pour critiquer la désignation de l'ecclésiastique. « C'est une preuve supplémentaire de l'inexistence de la volonté politique de Joseph Kabila. Sinon, comment comprendre ce choix porté sur l'abbé Malu Malu, qui a été désavoué même par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) », tempête Valentin Mubake, conseiller d'Etienne Tshisekedi, candidat malheureux à la dernière présidentielle.

Mi-mai, devant les rumeurs folles du retour de l'abbé Malu Malu à la Ceni, la CENCO avait rappelé « une disposition commune des évêques sur la présence des ecclésiastiques (prêtres, religieux, frères, sœurs…) dans l’organe chargé d’organiser les élections », leur interdisant de prendre part à la Ceni, sans dérogation exceptionnelle d'un supérieur.

MaluMalu l'a-t-il obtenue ? L'intéressé dit « ne vouloir pas aller dans la précipitation ». « Une réunion des évêques est prévue bientôt et on n'en saura plus dans les jours qui suivent », a-t-il confié à Jeune Afrique.

Pour la Majorité présidentielle (MP), la désignation de l'abbé Malu Malu a été faite de « manière libre et démocratique par les organes religieux » auxquelles la loi électorale a donné le droit de choisir le président de la Ceni. « La MP n'a rien à voir dans ce choix », tient à souligner Séraphin Lusanga, le porte-parole de la plateforme politique au pouvoir.

« Notre seule satisfaction, c'est de voir à la tête de la Ceni un homme qui a de l'expérience. Avec des circonstances largement atténuantes en 2006 – la RDC organisait

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ses premières élections générales -, l'abbé Malu Malu a organisé des scrutins avec moins de dégâts que ceux de 2011 », argue-t-il. Et d'ajouter : « Tirant les leçons de dernières élections, la société civile a donc évité de choisir de nouveau un novice et a préféré faire le choix d'un homme qui maîtrise déjà le processus électoral. »

Président de European centre for electoral support, enseignant à l'École de formation électorale en Afrique centrale et membre du Conseil consultatif électoral de la SADC (Communauté économique d'Afrique australe), l'abbé Malu Malu n'attend plus que l’entérinement de son choix, « dans les tous prochains jours », par la Cour suprême de justice pour reprendre les rênes de l'organe électoral de la RDC. « C'est en ce moment là que je vais m'imprégner véritablement des tâches qui m'attendent », a-t-il avancé, confiant.

Le même article a été publié dans Jeune Afrique (08/06/13)

RDC: la princesse Caroline de Monaco assiste à un concert à Kinshasa AFP (08/06/13)

La princesse Caroline de Monaco a présidé vendredi soir le spectacle du festival du Printemps des arts de Monaco, décentralisé à Kinshasa à l'initiative d'une banque locale. Devant un millier de personnes la princesse de Monaco, accompagnée de son fils, de sa belle-fille et de gardes du corps agressifs, a assisté à une représentation de l'orchestre kimbanguiste accompagné par le quatuor à cordes "Monoï Kops" de Monaco.

Cette représentation faisait suite à une prestation de l'orchestre symphonique de l'église Kimbanguiste de la République démocratique du Congo en avril dernier à Monte Carlo.

Cet orchestre est issu de l'église kimbanguiste, un culte chrétien qui rassemble 10 millions de fidèles en RDC, pays de 68 millions d'habitants.

En ouverture, des ballets locaux, avec des jupes en raphia, des bassins ondulants et des poitrines opulentes avaient tenté de capter l'attention des spectateurs réunis dans le

"théatre de verdure" où James Brown s'était produit en 1974 devant le président Joseph Mobutu. Puis, au milieu des sonneries de télephone, des conversations et des mouvements de foule, l'orchestre et les membres du quatuor, très appliqués, ont tenté de faire entendre un concerto de St Saens.

Jean-Pascal Labille au Rwanda: un terrain miné Colette Braeckman – Le Soir - 11/06/2013

Au Rwanda, Jean-Pascal Labille traversera un champ de mines

Familier du Congo, où il a de la famille, le ministre des Entreprises publiques et de la Coopération Jean-Pascal Labille va découvrir le Rwanda à l’occasion d’une première visite, du 11 au 13 juin. Une visite importante, à plusieurs égards. Tout d’abord parce que la Belgique est le troisième bailleur de fonds du Rwanda et qu’en 2011 encore, la coopération a été renforcée à raison d’une nouvelle enveloppe de 160 millions d’euros destinés à trois secteurs prioritaires, la santé, la décentralisation et l’énergie.

A la différence d’autres pays donateurs, la Belgique n’accorde pas d’aide budgétaire mais affecte directement ses fonds à des projets de développement. Cette approche explique pourquoi, à la différence d’autres partenaires, Bruxelles n’a pas réduit son aide au Rwanda l’an dernier et n’a pas adopté de sanctions concrètes à la suite des rapports de l’ONU faisant état du soutien que Kigali aurait apporté aux rebelles tutsis congolais. Le ministre Labille compte donc se rendre sur le terrain et visiter plusieurs projets liés à la santé et à la décentralisation dans la province du Nord et à Kigali.

Cependant, au-delà de ses aspects techniques, cette visite sera hautement politique. En effet, les relations entre Kigali et Bruxelles se sont fortement dégradées ces derniers mois, qu’il s’agisse de questions administratives ou de divergences politiques et le

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ministre de la Coopération s’avancera sur un champ de mines.

Des questions mineures en apparence mais hautement symboliques, séparent les deux pays : les Belges, qui doivent attendre 21 jours pour qu’un visa leur soit accordé, estiment être gratifiés d’un « traitement de défaveur ». Du côté rwandais, on a longtemps estimé injuste que les comptes de l’ambassade du Rwanda à Bruxelles aient été bloqués, la même mesure étant infligée aux comptes de l’ambassade de Belgique à Kigali. Ces deux questions viennent cependant d’être résolues.

Par ailleurs Kigali est choqué par le fait que des manifestants, plusieurs fois par semaine, soient autorisés à déployer des banderoles et à manifester devant l’ambassade du Rwanda à Woluwe Saint Pierre.

Le climat entre les deux pays, déjà assez froid du côté rwandais, est devenu polaire après l’arrivée de Didier Reynders aux Affaires étrangères. Dans ses propos publics cependant, le ministre s’est montré prudent, se contentant de déclarer, à propos de la situation à l’Est du Congo, que « si le Rwanda ne faisait pas partie du problème il pouvait faire partie de la solution » et rappelant que la Belgique n’envisageait pas de sanction concrète, à l’inverse d’autres « amis » de Kigali comme les Etats Unis ou la Grande Bretagne.

Cependant plusieurs prises de position du ministre ont choqué les Rwandais, très sourcilleux lorsqu’il s’agît de l’ancienne puissance coloniale : le crédit donné au rapport des experts de l’ONU démontrant le soutien apporté par le Rwanda aux rebelles du M23, le fait que les Affaires étrangères aient déconseillé à une mission économique de l’AWEX (agence wallonne à l’exportation) de se rendre au Rwanda après un séjour au Burundi.

Mais surtout, l’abstention belge lors du vote sur l’admission du Rwanda comme membre non permanent du Conseil de sécurité a été vécue à Kigali comme un camouflet et lorsqu’à l’occasion d’une séance de travail à New York consacrée aux pays des Grands Lacs Didier Reynders a pris la parole, le président Kagame a quitté la salle au milieu du discours ! A Addis Abeba cependant, en marge de l’anniversaire de l’Union africaine, les deux hommes ont eu l’occasion de se parler à nouveau.

Autrement dit, lors de ses entretiens bilatéraux avec la ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo et le Ministre de l’économie et des Finances Claver Gatete Jean- Pascal Labille ne manquera pas de sujets de conversation. Il sera aussi question de l’Est du Congo, le ministre considérant, tout comme Reynders d’ailleurs, que le Rwanda est un acteur majeur pour la stabilisation de la région. Autrement dit qu’il pourrait contribuer à une solution durable…

Le champ de mines sur lequel s’avancera Labille n’est pas seulement belgo-rwandais, il est aussi belgo-belge. En effet, pour que cette mission puisse avoir lieu et être préparée dans un climat de concertation, il a fallu vaincre les réticences initiales de Didier Reynders et déjouer les manœuvres de ceux qui rêvaient déjà d’enfoncer un coin dans la sacro sainte solidarité gouvernementale.

Congo: l’abbé Malu Malu est de retour

Marie-France Cros – La Libre - 11/06/2013

L’abbé catholique Apollinaire Malu Malu a été désigné vendredi soir par l’Assemblée nationale congolaise pour présider la nouvelle Commission électorale nationale indépendante (Ceni). La mesure crée déjà la polémique à Kinshasa sur, précisément,

l’indépendance de l’homme, donc de l’organe.

En décembre 2012, l’Assemblée nationale avait adopté une réforme de la Ceni pour éloigner les foudres de la communauté internationale après les élections présidentielle et

législative de novembre 2011, jugées "non crédibles" par les observateurs internationaux. Elle avait été promulguée fin avril par le chef de l’Etat.

Ce texte élargit la composition de la Ceni, dorénavant dotée d’une assemblée plénière de treize membres, à la société civile. Celle-ci y compte trois membres, au côté de six

membres de la majorité présidentielle et quatre de l’opposition.

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Un religieux, pour la confiance

Le président de la Ceni doit être issu de la société civile. Il fallait donc choisir entre le délégué des Eglises, celui des organisations de femmes ou celui des associations d’éducation civique et électorale. "Mais, en réalité, chacun pensait que ce serait quelqu’un des Églises parce qu’elles ont un peu plus la confiance des gens que le reste de la société civile qui, comme la société congolaise, est divisée entre proches du pouvoir et proches de l’opposition", nous explique un observateur à Kinshasa.

L’Eglise catholique avait un candidat, le professeur Léon Botolo - proche du cardinal Monsengwo - et avait dit clairement qu’elle ne voulait plus qu’un de ses ecclésiastiques dirige la Ceni. Les confessions religieuses ont cependant choisi l’abbé Malu Malu, par sept voix pour et une voix contre - celle de l’Eglise catholique.

Car l’abbé est controversé - même s’il l’est infiniment moins que son prédécesseur, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, fondateur d’une église "du réveil", considéré comme la cheville ouvrière de la fraude électorale de 2011 en faveur de son parent, le président Joseph Kabila. L’opposition fait valoir que Malu Malu est "quasiment de la majorité présidentielle", pour avoir été "expert au Service présidentiel d’études stratégiques" en 2003 et l’avoir caché lors de son premier passage à la tête de la Commission électorale indépendante - alors pas encore nationale -, la CEI, qui présida aux scrutins de 2005-06.

Elle souligne l’appui de la majorité présidentielle en faveur de l’abbé. À qui elle reproche aussi d’avoir présidé à des scrutins gagnés par Kabila.

La majorité présidentielle, elle, fait valoir l’expérience et la crédibilité de l’abbé, les élections de 2006 ayant été jugées crédibles par la communauté internationale, même si l’abbé Malu Malu n’avait jamais organisé les scrutins locaux programmés.

Un abbé très politique

Apollinaire Malu Malu est un abbé très politique. Même s’il avait déclaré, en 2009, qu’il ne voulait pas présider la Ceni alors à mettre sur pied (la CEI restera de facto en fonction - illégalement - jusqu’en 2010), il a du mal à se cantonner à ses activités pastorales et professorales. Depuis janvier, il est ainsi coordonnateur de l’équipe gouvernementale de négociation avec la rébellion du M23, au Nord-Kivu - où rien n’avance. La négociation avait été promise par la communauté internationale aux rebelles en échange de leur retrait de Goma, qu’ils avaient prise en novembre 2012.

Rwanda : le "Cadre de l'espoir" peut-il faire une différence en RDC ?

Albert Rudatsimburwa directeur de Contact FM, au Rwanda - Jeune Afrique – 11 06 13

Signé par la RDC et dix autres pays, attesté par trois organismes régionaux africains ainsi que par les Nations unies, l'Accord cadre d’Addis-Abeba est le document conceptuel à partir duquel l'Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations unies (SGNU), Mary Robinson, ancienne présidente de la République d’Irlande, a été chargée de proposer une feuille de route ainsi que d’en assurer le suivi.

L’accord en question met en évidence le besoin urgent d'accélérer les réformes en RDC, en coopération renforcée avec les pays clés de la région des Grands Lacs, en particulier le Congo, le Rwanda et l'Ouganda.

Y aurait-il enfin du nouveau sous le soleil ? Pour commencer, avec cet accord on part d’une perspective plus large, mettant l'accent sur le dialogue politique, la bonne gouvernance et la coopération régionale ; ce qui est pour le moins rafraîchissant.

Deuxièmement, le point de vue lucide qui fait du développement économique - stimulé par un financement d’un milliard de dollars, proposé par la Banque mondiale - une priorité cruciale pour soutenir la coopération entre les signataires, révèle un état d'esprit constructif : la volonté de se soucier du sort des populations touchées s’affirme enfin contre le désir inassouvissable de marquer quelques misérables points sur l’échiquier politique.

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La mission dirigée par Robinson, dont la personnalité réfléchie et expérimentée apporte une dimension supplémentaire à cette initiative, pourrait donc symboliser un nouveau départ après une longue liste d'échecs internationaux dans la région des Grands Lacs.

Laissant de côté toute stigmatisation stérile et en rebaptisant l’Accord cadre de la paix, de la sécurité et de la coopération en « Cadre de l’espoir », l’ex-numéro un Irlandaise montre aussi son choix délibéré d'aborder ce problème en regardant vers l'avenir.

Je m’inquiète cependant beaucoup pour la mission qu’est la sienne. En effet, alors qu’il m’était permis de croire qu’elle avait rassemblé autour d’elle une solide équipe d'analystes et d’experts internationaux pour soutenir les efforts de paix, une recherche rapide m’a prouvé le contraire. Selon des sources fiables, un ajout de dernière minute est venu se greffer à l'équipe Robinson, en la personne de Frederico Borello, dont la mission sera d’agir en tant que conseiller de l'Envoyée spéciale. Mon inquiétude n’a cessé d’augmenter quand j'ai découvert qu'il était l'enquêteur principal pour l’infâme « Rapport Mapping sur la RDC » (2010), largement discrédité pour ses récits trompeurs et affirmations radicales, y compris avec l'utilisation absurde du terme « génocide » contre les Hutus réfugiés dans l'est du Congo.

Et les vues enflammées de l'activiste ont eu un certain succès eu ces dernières années.

En 2011, à titre d’exemple, Borello a contribué - avec tout le gratin des militants anti- Rwanda - la « Hate Rwanda Ltd » comme un auteur les a surnommés, - à la rédaction de l’ouvrage, discrédité lui aussi, « Remaking Rwanda ». Il y utilise, comme à son habitude lorsqu’il s’agit des problèmes de la RDC, son prisme « il-faut-punir-le-Rwanda », en écrivant : « si la communauté internationale avait mis plus de pression sur le Rwanda plus tôt, elle aurait dissuadé son soutien ultérieur aux milices tels que le CNDP » (voir la critique de « Remaking Rwanda »).

Plus récemment, en Avril 2013, Frederico Borello, avec l'aide de ses nombreux liens dans le réseau anti-Rwanda, a trouvé audience auprès du Congrès américain. Son témoignage y a étayé, encore une fois, l’idée selon laquelle le Rwanda est la cause principale de l'instabilité en RDC. On y trouve de grandes déclarations comme : « L'élimination de l'influence déstabilisante du Rwanda : une condition nécessaire à la résolution des causes profondes du conflit ».

Un célèbre proverbe rwandais dit qu’une pierre cachée, lorsqu’elle est démasquée, ne peut plus nuire à la houe ; tel est donc le but de cette tribune : attirer l'attention sur l'influence négative que certains acteurs tendancieux, de manière abusive, pourraient avoir dans une situation où les enjeux sont si élevés qu’ils dépassent tout entendement.

Entre les appels désagréables à légitimer les FDLR génocidaires et l'influence négative « d’experts » activistes et militants, la mission de l'Envoyée spéciale des Nations unies ne sera pas facile. Pourtant, sa contribution à la stabilité durable dans la région des Grands Lacs est absolument nécessaire. C'est une occasion unique qui ne doit pas être manquée. Mary Robinson devra démontrer toute son indépendance de caractère et ses qualités de leadership qui lui sont propres afin que le « Cadre de l’Espoir » ait une chance de réussite et puisse ainsi faire la différence.

Song Donsheng : « Nous sommes dans une position de collaboration, pas de domination »

Jeune Afrique - 10/06/13

Incontournable sur le continent avec 50 000 salariés dans 30 pays africains, le géant chinois Sinohydro n'y relâche pas ses efforts. Entretien avec son président, Song

Donsheng.

Mi-mai, à Paris. Song Dongsheng, 51 ans, président du géant chinois du BTP Sinohydro depuis à peine un an, est confiant. En lice pour la construction du complexe hydroélectrique Grand Inga (RD Congo), il est venu plaider sa cause auprès du gouvernement congolais et des bailleurs, réunis dans la capitale française autour du

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projet. Une belle occasion pour l'entreprise publique, créée en 1951 au lendemain de la révolution chinoise, de réaffirmer son intérêt pour le continent. Elle y a réalisé 2,8 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros) de chiffre d'affaires en 2012 (sur un total de 20,1 milliards de dollars) et y emploie environ 50 000 salariés dans 30 pays.

Du haut de ses trente-deux ans de maison, Song Dongsheng a aussi mis en avant l'appui apporté à son groupe par le gouvernement et les banques de l'empire du Milieu, un atout face aux consortiums concurrents, un coréo-canadien (Daewoo, Posco et SNC-Lavalin) et un espagnol (ACS Group, Eurofinsa et AEE). Il a répondu aux questions de Jeune Afrique.

Jeune Afrique : À Paris, vous avez participé aux discussions sur le financement et la construction du barrage d'Inga III, sur le fleuve Congo. Allez-vous réaliser cet ouvrage ?

Song Dongsheng : Ce projet d'Inga est un rêve pour une société comme la nôtre. Je suis venu à Paris avec la ferme intention de décrocher le rôle de principal contributeur à la construction de ce grand barrage, pour laquelle un appel d'offres est en cours. Nous formons un groupement avec deux autres sociétés, China Three Gorges Corporation et China International Water & Electric Corporation [CWEC]. Pour le moment, nous ne connaissons pas le détail des différents lots du projet, entre la construction du barrage, des générateurs de courant et de la distribution de l'électricité. Il est encore tôt pour dire exactement ce que nous allons faire sur ce chantier [qui doit démarrer en octobre 2015]

mais nous sommes confiants, nous y participerons.

Le projet de Grand Inga est-il comparable à celui des Trois-Gorges, le plus grand barrage hydroélectrique au monde, construit sur le Yangtsé en Chine ? Grand Inga [composé de sept barrages] est plus coûteux et plus grand, en taille, que le complexe hydroélectrique des Trois-Gorges, où nous avons exécuté 60 % des travaux.

Mais ce dernier était techniquement plus difficile à bâtir. Avec l'expertise que nous avons, la construction d'Inga ne nous posera pas de problème...

La RD Congo estime à 8,5 milliards de dollars le montant nécessaire à la réalisation d'Inga III. De quels appuis disposez-vous auprès des banques ? Nous avons la chance d'être soutenus par les banques publiques chinoises, en particulier China Exim Bank qui nous suit depuis longtemps sur de nombreux projets. Nous avons d'ailleurs prouvé par le passé que nous sommes capables de proposer des conditions financières particulièrement attractives. Par exemple, pour permettre à la RD Congo d'être prête à temps pour accueillir le dernier sommet de la Francophonie [en octobre 2012], nous avons pré-financé - pour plusieurs dizaines de millions de dollars - et réalisé en dix mois la nouvelle piste de l'aéroport de Kinshasa. C'est du jamais vu dans le BTP ! Quels pays visez-vous en priorité ?

En Afrique francophone, en dehors de la RD Congo, nous nous positionnons sur les projets de construction de trois ports en Mauritanie (port de pêche à Nouakchott, minéralier et pétrolier à Nouadhibou). En Côte d'Ivoire, nous bâtissons la centrale hydroélectrique de Soubré. Mais nous avons aussi d'importants projets de barrages et de routes en Algérie, au Cameroun, au Gabon et au Mali. D'ailleurs, dans ce dernier pays, où nous construisons le barrage de Félou, nous avons maintenu les cadences malgré les troubles politiques, alors que les autres groupes internationaux rapatriaient leurs équipes.

Depuis le début des années 2000, la Chine a fortement poussé ses entreprises à venir en Afrique. À tel point qu'elles dominent aujourd'hui totalement certains secteurs, comme celui des travaux publics...

Nous ne sommes pas dans une position de domination, mais de collaboration. Chez Sinohydro, nous le prouvons d'ailleurs dans le domaine des ressources humaines, où

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nous insistons beaucoup sur les transferts de compétences et la formation. Et l'intérêt chinois a été bénéfique à l'Afrique, il a même poussé des groupes - notamment européens - à y revenir, pour nous empêcher de dominer les marchés...

Justement, quels sont vos principaux concurrents sur le continent ? Des groupes comme le canadien SNC-Lavalin ?

Dans le domaine hydroélectrique, nous sommes clairement leaders, grâce à nos coûts bien inférieurs à ceux de nos concurrents occidentaux. En revanche, dans le domaine de la construction de routes et de bâtiments, nous nous heurtons notamment aux français Vinci et Bouygues, via sa filiale Colas.

Congo : Denis Sassou Nguesso, monsieur bons offices Tshitenge Lubabu – Jeune Afrique - 12/06/2013

Médiateur dans la crise centrafricaine, sollicité par ses homologues des Grands Lacs pour y débloquer la situation sécuritaire, le président congolais, Denis Sassou Nguesso,

semble avoir endossé l'habit de sage régional.

Tout le monde l'aura remarqué, la diplomatie congolaise s'est illustrée ces derniers mois en s'impliquant dans plusieurs dossiers concernant les pays de la région, en particulier celui de la Centrafrique et ceux de la République démocratique du Congo, dans ses rapports avec ses voisins rwandais et ougandais. II y a encore quelques années, c'est feu Omar Bongo Ondimba qui faisait office de « sage » vers lequel se tournaient tous ceux qui s'étaient embourbés dans des palabres sans fin. Tous les décideurs et acteurs politiques et économiques de l'Afrique centrale passaient alors par Libreville. Où l'ancien président gabonais avait la particularité, manne pétrolière aidant, d'« arroser » ses visiteurs de billets de banque. Aujourd'hui, même si ce n'est que pour quelques heures, tous passent, régulièrement, par Brazzaville. Le chef de l'État congolais, Denis Sassou Nguesso, dans les nouveaux habits de sage régional qu'il semble avoir endossés, suivrait-il la même logique qu'Omar Bongo Ondimba en son temps ? « Ce n'est pas du tout le même style, confie un habitué du sérail. Sassou veut bien contribuer à la résolution de crises compte tenu de sa longue expérience du pouvoir, mais il est loin d'être un distributeur automatique de billets. »

Désintérêt

Une « longue expérience du pouvoir » qui n'explique pas, seule, la nouvelle aura diplomatique de Denis Sassou Nguesso. Celle-ci profite en effet de l'absence affichée en ce domaine, voire du désintérêt, de certains de ses homologues régionaux, qu'il s'agisse du Camerounais Paul Biya, de l'Équato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema ou de l'Angolais José Eduardo dos Santos, qui sont de la même génération et partagent cette fameuse

« longue expérience du pouvoir ». Quant au Gabonais Ali Bongo Ondimba, ses rapports avec le numéro un congolais ne sont pas des plus cordiaux. À 54 ans, dont moins de quatre en tant que chef de l'État, il semble attiré par des horizons plus internationaux, même s'il est le président en exercice de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac). La nature ayant horreur du vide, Sassou Nguesso ne rechigne pas à se rendre utile. Aussi bien au sein de la Cemac que de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), ou de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).

Dans le dossier centrafricain, le président congolais, médiateur de la crise, partage le premier rôle avec son homologue tchadien, Idriss Déby Itno. Mais ce dernier, selon certains observateurs, pourrait s'en désengager pour se concentrer sur le conflit au Mali et les nombreux problèmes de la région sahélo-saharienne. L'importante implication de Brazzaville pour tenter de stabiliser la Centrafrique passe notamment par le général Noël Léonard Essongo, chef d'état-major particulier du président qui l'a nommé, en janvier, conseiller spécial chargé de la défense et de la sécurité, et qui est son principal représentant à Bangui. Lors de la première réunion du Groupe international de contact

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sur la République centrafricaine, organisée le 3 mai à Brazzaville, le Congo est devenu le premier contributeur du fonds de soutien à Bangui, avec 5 milliards de F CFA (7,6 millions d'euros). Enfin, Denis Sassou Nguesso a dépêché son ministre des Affaires étrangères, Basile Ikouébé, à Bujumbura, pour demander au chef de l'État burundais, Pierre Nkurunziza, de mettre quelques centaines de soldats à la disposition de la Force multinationale de l'Afrique centrale (Fomac), chargée du maintien de la paix en Centrafrique par la CEEAC. Le président congolais a par ailleurs annoncé le 27 mai, à l'issue du sommet de l'Union africaine, l'envoi de 200 hommes à Bangui en plus des 150 qui s'y trouvent déjà pour renforcer la Mission de consolidation de la paix (Micopax) en Centrafrique.

FAMILIAL

Autre pays où le rôle et l'influence de Sassou Nguesso ont pris un nouveau tour depuis quelques mois : la RD Congo. Les relations avec Kinshasa n'ont pourtant pas été simples ces dernières années. Pomme de discorde, la proximité communautaire entre le président congolais et les adversaires politiques lingalaphones des Kabila père et fils. En particulier les anciens « mobutistes » et Jean-Pierre Bemba, originaires de la province de l'Équateur (nord-ouest du pays). Vivant dans la suspicion permanente, les deux voisins ont vu leurs rapports se détériorer avec la présence au Congo-Brazzaville du chef tribal Odjani, de la milice Enyele de l'Équateur, arrêté en 2010 à Impfondo (Nord), et, surtout, du général Faustin Munene, accusé d'avoir envoyé un commando à Kinshasa pour assassiner Joseph Kabila et que son voisin de l'autre rive du fleuve a toujours refusé d'extrader. Ces tensions ont diminué depuis quelques mois après les visites de Kabila à Brazzaville et à Oyo, région natale de Sassou Nguesso, mais aussi grâce à celles de ce dernier à Kinshasa. Selon un fonctionnaire du ministère congolais des Affaires étrangères, « les querelles entre les deux pays sont d'ordre familial et ne peuvent en aucun cas nuire au bon voisinage ». Un avis qu'un diplomate kinois est loin de partager :

« Le rapprochement de ces derniers temps a été imposé par les circonstances. C'est du vernis, car ça ne vient pas du coeur. » Il n'empêche, Denis Sassou Nguesso, quand il en a l'occasion, reçoit les leaders de l'opposition de RD Congo, d'Étienne Tshisekedi à Vital Kamerhe, qui le considèrent comme un potentiel médiateur entre eux et le pouvoir.

Éphémère

En termes de médiation justement, celle qu'a menée le président congolais entre, d'un côté, la RD Congo et, de l'autre, le Rwanda et l'Ouganda, est la plus surprenante.

Personne ne s'attendait à voir Joseph Kabila, Paul Kagamé et Yoweri Museveni réunis, fin mars, à Oyo autour de leur hôte congolais. D'autant qu'au même moment se poursuivaient à Kampala les pourparlers entre la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23) et les représentants de Kinshasa. Avant ce mini-sommet d'Oyo, Sassou Nguesso et Kagamé s'étaient rendu visite.

La rencontre entre les quatre chefs d'État a-t-elle servi à quelque chose ? Selon Brazzaville, son utilité saute aux yeux. Un proche de Kabila, qui y a assisté, se montre plus réservé : « Toute initiative de rapprochement est la bienvenue, mais sa portée réelle n'est pas prouvée. Le Congo-Brazzaville se trouve trop loin du Nord-Kivu pour bien apprécier la situation. Et il n'a ni fourni de soldats à la brigade d'intervention créée par les Nations unies ni apporté de contribution financière. » Plus généralement, certains observateurs de la diplomatie congolaise relèvent aussi « le caractère parfois éphémère de certaines de ses actions, par manque de ressources humaines capables d'en assurer le suivi une fois la machine lancée, les services de la présidence et ceux des Affaires étrangères étant en outre souvent en concurrence ».

Quoi qu'il en soit, les initiatives de Sassou Nguesso sont certainement dictées par une réelle (bonne) volonté de ramener la paix et la stabilité en Afrique centrale. Une volonté qui n'exclut pas non plus que, derrière ces efforts, pointe aussi un désir d'hégémonie régionale de la part du président, au moment où son pays, porté par un taux de croissance enviable (6,4 % en 2013, selon le Fonds monétaire international), commence à montrer des signes encourageants de décollage. Des infrastructures longtemps attendues qui se concrétisent, comme la RN 1 Pointe-Noire - Dolisie - Brazzaville,

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l'arrivée de nouveaux opérateurs, sur des projets notamment miniers (lire pp. 84-86), un club de foot local qui remporte une compétition continentale... Et si le Congo se réveillait ?

Brazza-Kigali, la détente cordiale

L'un des succès de la diplomatie congolaise reste le rapprochement du pays avec le Rwanda. Depuis le début des années 1990 et après le génocide qui a provoqué l'exode de centaines de milliers de Rwandais, Kigali voyait d'un très mauvais oeil l'installation sur le sol congolais de ses ressortissants, dont des membres des ex-Forces armées rwandaises.

Certains d'entre eux ont même assuré la sécurité du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) pendant les troubles qui ont secoué le Congo au cours de la même décennie. La détente n'est intervenue, progressivement, qu'à partir du début des années 2000 et semble désormais consacrée - la compagnie Rwandair assure ainsi des liaisons plurihebdomadaires entre Kigali et Brazzaville, et le Rwanda considère la capitale congolaise comme un hub pour ses exportations en zone Cemac. Selon un proche du président congolais, le point commun entre Sassou et Kagamé serait leur « nationalisme africain, hostile aux ingérences occidentales. »

Stefaan Marysse : "L'économie de la RD Congo reste dirigée en fonction des besoins de

l'extérieur"

Trésor Kibangula, à Kinshasa – Jeune Afrique - Jeudi, 13 Juin 2013

Chercheur au Centre d’études sur la région des grands lacs de l’Université d’Anvers, Stefaan Marysse suit depuis quinze ans l’économie congolaise. Selon lui, la RD Congo a

entamé les premiers pas d’une reconstruction qui pourrait l’aider à se relever.

Le professeur belge Stefaan Marysse est chercheur dans le Centre d’études sur la région des grands lacs de l’Université d’Anvers. Il n’est pas un novice de la situation économique

et sociale en République démocratique du Congo. Depuis près de 15 ans, le chercheur belge encadre les enseignants et donne cours à l’Université de Kinshasa. La plupart de ministres congolais qui s’occupent des secteurs économiques, il les a connus « à travers

leurs recherches, plutôt que dans leurs bureaux », confie-t-il

Après son intervention au premier Forum économique international de Kinshasa, qui s’est tenu du 6 au 7 juin, Stefaan Marysse fait le point sur l’état actuel de la RD Congo dont le gouvernement est dirigé, selon ses propres mots, par les « réformateurs ». Propos recueillis à Kinshara par Trésor Kibangula

Jeune Afrique : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’évolution de la situation économique et sociale de ces deux dernières décennies en RD Congo ?

Stefaan Marysse : Le Congo ressemble à un verre, à moitié plein pour les uns, à moitié vide pour les autres. Cela dépend de l’observateur. Mais si on n’a pas vécu dans ce pays pendant les très difficiles années 1990, on ne comprendra pas combien la RD Congo est en train de changer. À mon sens, le pays a entamé les premiers pas d’une reconstruction qui pourrait l’aider à se relever. L’inflation est maîtrisée. Le pays enregistre un succès certain au niveau des indicateurs économiques qui sont désormais passés au vert. Il ne faut pas oublier que la RD Congo revient d’une situation de l’hyperinflation, du vol institutionnalisé de l’État sur sa population. Il y a eu un temps où on produisait ici la « vraie fausse monnaie ». Le gouvernement émettait des séries de billets parallèles aux billets officiels pour se procurer de l’argent. Il n’y avait plus de banque. Et pour s’acheter un poulet, il fallait se promener avec un sac d’argent.

Quel est l’apport du gouvernement Matata dans la consolidation de la situation économique ?

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L’actuel premier ministre congolais, Matata Ponyo, a consolidé les réformes appuyées par les institutions financières internationales. À côté de l’inflation qui est jugulée, le code minier a été revisité pour inclure des mesures en matière de transparence, d’appels d’offres et de droits des communautés locales, ce qui attire des nouveaux investisseurs.

Et surtout, le gouvernement de Matata a entamé des réformes assez courageuses notamment la bancarisation de la paie des fonctionnaires de l’État qui pourra ainsi mettre fin à un système opaque basé sur le paiement manuel. Le problème, c'est la Gécamines.

Des « réformes courageuses », une inflation maîtrisée, une croissance annoncée à 8,3 % en 2013, … Mais pas encore d’incidence réelle sur la réduction de la pauvreté. Comment comprendre ce paradoxe ?

C’est la faiblesse même de la structure de l’économie congolaise. Des performances enregistrées jusqu'ici concernent essentiellement des secteurs extravertis, les mines.

Beaucoup de production donc, mais trop peu d'emplois. Conséquence : cet essor énorme du secteur cuprifère et cobaltifère – la RD Congo est redevenue numéro un mondial d'exportation de cobalt – entraîne très peu de retombées sur le reste de l'économie congolaise. Et cette dernière reste très dualiste : d'un côté, le secteur informel qui fait vivre toute la population, et de l'autre, le secteur minier très intensif en capital mais qui emploie peu. Entre les deux, il n'existe presque pas d'industries qui pourraient faire en sorte que cet essor minier ait des effets en amont et en aval. On reste donc dans une économie d'enclave, dirigée en fonction des besoins de l'extérieur. C'est pourquoi les Congolais ne ressentent pas au quotidien les effets des changements en cours.

Au même moment, l'ITIE, Africa progress panel ou encore le Fonds monétaire international (FMI) continuent à dénoncer l'opacité dans la gestion des ressources naturelles...

Le problème, c'est la Gécamines. La société congolaise des mines ne produisait presque plus rien depuis près de deux décennies. Transformée en société anonyme en 2010, elle est restée tout de même le dépositaire du sous-sol congolais. Il fallait donc toujours passer par elle pour obtenir une concession minière. Ainsi, elle a signé 34 partenariats avec des entreprises privées internationales, certaines sérieuses mais d'autres assez critiquables. Elle en a tiré des dividendes qui devraient normalement être versées à l'Etat, mais ce n’a pas été le cas. Qu'est-ce qu'elles sont devenues ? C'est l'opacité totale.

Entre 2008 et 2011, la Gécamines a été donc mêlée dans toutes ces ventes d'actifs miniers opaques qui sont aujourd'hui décriées. Feu Katumba Mwanke et Dan Gertler, deux proches de la présidence de la République, ont largement contribué à la construction de ces contrats, officiellement, en faveur de la Gécamines...

Et que fait l'actuel gouvernement pour mettre fin à cette situation ?

Aujourd’hui, la RD Congo a rejoint aujourd'hui l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). Et dans son programme avec le gouvernement congolais, le FMI exige également plus de transparence dans la vente des actifs miniers. Cette pression de l'extérieur, appuyée par quelques personnes de l'intérieur qui militent pour des réformes, rend de plus en plus difficile la conclusion des contrats opaques. Cela donne raison et renforce le groupe des réformateurs dans la sphère du pouvoir congolais qui regorge encore quelques adeptes de mauvaises pratiques d’hier.

© CongoForum, le samedi 15 juin 2013

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